Le mystérieux assassinat de Suzanne Furimond
Un personnage complexe
Par contre, le grand sac à main de Suzanne Furimond, en cuir verni noir, à anses tressées avec pour motif un SF argentés n'est pas retrouvé. Selon sa mère, il contenait tous ses papiers d'identité, ses cartes d'alimentation, les clefs de son appartement à Nice, au "Thé de la Reine", ses bijoux (les trois belles bagues, dont une très grosse sertie de 20 brillants), 70 000 francs en liquide et des reçus de dépôts bancaires pour 1 million 400 mille francs, placés à son nom et à celui de sa mère. Ainsi, en ce 11 mars au soir, Suzanne Furimond pouvait disposer virtuellement d'un million neuf cent vingt mille francs. Des journeaux bien renseignés iront jusqu'à avancer que la disparue disposait ce jour-là de 8 millions de francs et d'une très importante quantité de pièces d'or.
Entendue le même jour 18 mars au cours d'un interrogatoire approfondi de personnalité concernant sa fille Suzanne, madame veuve Furimond née Conil, 70 ans, sans profession, demeurant à Mazan, villa Montfleury, confirme que sa fille avait rendez-vous chez elle à Avignon, le 11 mars, jour présumé de sa disparition, avec monsieur Carto, camionneur, pour lui faire payer 180 000 francs qu'il lui devait de la vente d'un camion. Elle précise que les 450 000 francs trouvés dans le sac de voyage de sa fille étaient destinés à l'acquisition d'une villa, que c'est elle qui a récupéré cet argent ainsi que tous les papiers concernant le commerce de Nice (inventaire, acte de propriété etc…). Il paraît étrange que le voleur qui a emporté le sac à main ait négligé 450 000 francs en liquide.
Suzanne Furimond s'était mariée en 1923 avec monsieur Louis R., transporteur, 12, rue d'Annanelle à Avignon. Ils avaient divorcé après quelques années pour cause de mésentente conjugale. Après son divorce, elle ne s'était pas remariée et personne ne lui connaissait d'ami attitré. Pourtant, le 30 mai 1947, elle a donné le jour, très discrètement, à Avignon, dans la clinique du docteur Grouillet, à une fille prénommée Marie-Martine. Pour le commissaire, ceci explique que Suzanne Furimond, très secrète, voire hermétique sur sa vie privée et ses affaires, ait choisi d'aller vivre à Mazan. Le père de Marie-Martine est inconnu même de madame Furimond mère.
Cette femme ne connaît donc pas le nom du père de sa petite fille qui est élevée chez elle à Mazan, depuis le 24 décembre 1947, jour où sa fille est venue habiter avec elle. Elle sait seulement que le père de l'enfant travaillerait à "Air-France". On supposera plus tard qu'il pourrait s'agir d'un ingénieur en aéronautique vivant à Aix-en-Provence. Et il se confirmera que Suzanne Furimond, femme très libre et indépendante, multipliait les brèves aventures. Dès la naissance de sa fille, elle a aussi cessé toute activité et rompu toute relation avec son ex-époux.
Suzanne était bien la propriétaire du très chic bar-restaurant-américain "Le thé de la Reine", 1, place de la Lanterne, à Nice. Le gérant en était monsieur Portel qui devait être remplacé le 16 mars par un autre gérant dont elle ne sait pas le nom. Ce nouveau gérant attendait Suzanne à Nice le vendredi 12 mars, au train de midi. Ils devaient se rendre ensemble chez le notaire, Me Martin, à Nice.
Un établissement très chic et réputé