Le mystérieux assassinat de Suzanne Furimond






Des témoignages contradictoires



Madame Henriette Parnet, 44 ans, une voisine directe habitant boulevard Limbert, déclare que madame Furimond exerçait la profession de transporteur, qu'elle a cessé toute activité il y a quelques temps et a vendu son matériel. Qu'hébergée par sa mère à Mazan, elle venait assez souvent visiter son appartement d'Avignon. Le jeudi 11 mars, de 21 heures à 23 heures, la lumière extérieure de la maison est restée allumée. Elle en déduit que sa voisine était chez elle. Mais elle ne l'a pas vue. Elle dit que ce soir-là son chien a aboyé assez longtemps, entre 19 heures et 21 heures, ce qui était fréquent quand sa voisine avait de la visite.

Elle en déduit que Suzanne Furimond recevait quelqu'un chez elle ce soir-là, au moins jusque vers 23 heures. Mais elle n'a vu personne, ni rien remarqué d'anormal. Le lendemain matin, à son réveil, la lumière était éteinte. Elle précise qu'elle n'a pas vu madame Furimond le samedi 13 mars. Si la disparue était venue ce jour-là, elle aurait ouvert ses volets comme d'habitude. Mais ils sont restés fermés. Elle ne connaît pas les relations de sa voisine, mais bien sûr, elle recevait du monde. Elle n'a pas relevé une présence plus assidue que d'autres.

A quoi s'ajoute la déclaration de madame Marie-Louise Querel, 45 ans, une autre voisine. Elle dit que madame Furimond n'habitait plus chez elle de façon régulière depuis 3 mois environ. Elle l'a aperçue le samedi 13 mars vers 18 heures 30. Elle était à bicyclette et se dirigeait vers la route de Lyon. Elle portait un manteau gris clair tacheté, des socquettes et des souliers jaunes bas, à semelle de crêpe. Elle était nue tête, comme d'habitude. Elle ne l'a pas vu revenir. Elle est affirmative. C'est bien le samedi 13 mars et non le jeudi 11 mars qu'elle l'a vue passer ainsi à bicyclette. Cette dame recevait de nombreuses visites pour son travail. Son mari confirme ses dires. Il ajoute qu'elle portait une robe jaunâtre.

Ces témoignages ainsi que d'autres sont tellement contradictoires qu'à ce stade de l'enquête, il n'est pas possible de se faire une idée du jour où Suzanne Furimond a vraiment disparu. Les voisins qui déclarent l'avoir vue le samedi 13 mars 1948 sont très affirmatifs. Mais sa voisine immédiate madame Valone, dont l'appartement est conjoint à celui de la disparue, ne l'a ni vue ni entendue ce samedi-là. Les enquêteurs estiment finalement probable sa disparition dans la soirée du jeudi 11 mars, après 20 heures.

Le 18 mars, monsieur Sache, serrurier à Avignon a été réquisitionné pour ouvrir portes et serrures des meubles chez la disparue. Le commissaire Henin perquisitionne en présence de madame Furimond mère, de madame Daude Augusta, sœur de Suzanne et de son neveu monsieur Jean Daude âgé de 25 ans, gendre de monsieur Malachian, bijoutier, rue Thiers à Avignon, chez qui il est employé.

Il n'est constaté aucune trace d'effraction, ni de lutte. Monsieur Jean Daude déclare que lors de la première visite des lieux, le dimanche 14 mars, la famille a récupéré le sac de voyage de sa tante. Ce sac contenait la somme de 450 000 francs et divers papiers. Le commissaire saisit 7 lettres reçues par la disparue, six papiers divers et 2 photos, le tout découvert dans un meuble, ainsi qu'au rez-de-chaussée, dans un cendrier du vestibule, deux mégots dont l'un provenant d'une cigarette roulée, sûrement fumée par un homme. Ce mégot est fortement humecté de salive.