Le mystérieux assassinat de Suzanne Furimond






Beaucoup d'or



Samedi 20 mars, déclaration de monsieur Grégoire Alibert, 48 ans, commerçant, demeurant à pont d'Avignon, villa Mont-Fleury : il connaissait Suzanne Furimond qui était une amie de sa femme. La dernière fois qu'elle est venue chez eux, c'était fin janvier 1948, à l'époque de l'échange des billets de 5 000 francs. La conversation lui permit de deviner que madame Furimond était très embarrassée de posséder une importante quantité de ces billets. Elle lui en a proposé. Il a refusé. Elle avait ajouté qu'elle voulait acheter de l'or. Sur un papier qu'on lui présente il admet reconnaître l'écriture de son épouse et s'en explique.

Début 1946, Suzanne Furimond leur a rendu visite. Elle leur a demandé de lui prêter 500 000 francs en garantie de quoi elle leur remettrait des bijoux et des pièces d'or dont des Livres Sterling et des Napoléons. Ils ont accepté. Trois semaines ou un mois plus tard, madame Furimond a restitué les 500 000 francs et récupéré ses valeurs. Selon elle, l'argent prêté devait servir à l'achat d'un hôtel à Nice. Une autre fois, elle leur a dit posséder des pièces d'or turques. Monsieur Alibert déclare ne lui avoir jamais indiqué le nom d'une personne susceptible de lui acheter ou de lui vendre de l'or. De sont côté, elle était très réservée.

Il sait qu'elle fréquentait il y a quatre ou cinq ans un certain Félix Jourdan. Il pense qu'elle avait cessé toute relation avec lui. Les déclarations de madame Alibert sont identiques à celles de son mari.

Mardi 23 mars 1948, déclaration de monsieur Portale Léon, 38 ans, mécanicien demeurant 5, rue Grenier à Villeneuve-lès-Avignon. Il a connu Suzanne Furimond en mai 1947 ; il est resté à son service jusqu'au 21 juin 1947. En octobre 1947, il avait encore travaillé deux semaines pour elle, à la réparation de ses deux camions qui étaient mis en vente. Dans la semaine avant qu'elle disparaisse, il lui avait dit vouloir récupérer des meubles entreposés dans un de ses garages et elle lui donna son accord.

Donc, le samedi 13 mars, vers 11 heures 30, il s'est rendu chez elle avec une camionnette. Il a sonné. Personne n'a répondu. Il a pris ses meubles qu'il a transportés chez lui et n'a plus revu madame Furimond. Il dit qu'elle recevait beaucoup de monde chez elle, hommes d'affaires et autres, inconnus de lui. Elle était très méfiante et avait toujours chez elle un revolver chargé de calibre 6,35 mm à crosse de nacre et canon chromé qu'elle lui a montré plusieurs fois. Le 16 décembre 1946, la disparue a déclaré à la police un cambriolage de son appartement au cours duquel cette arme lui a été volée.

Selon Monsieur Portale, elle avait toujours beaucoup d'argent sur elle, jamais moins de 10 000 francs. Le soir, il lui arrivait de recevoir des personnes avec qui elle discutait dans la salle à manger : des hommes, aussi bien que des femmes.