Le disque 78 tours

Le disque 78 tours est un disque phonographique d'un diamètre de 25 ou 30 cm le plus souvent, généralement couvert de gomme-laque noire, qui tourne à environ 78 tours par minute, dont chaque face peut contenir un enregistrement d'au plus 3 ou 5 minutes environ, respectivement. Il a été le principal support de diffusion de la musique enregistrée de la première moitié du XXe siècle.

Des gramophones mécaniques, dont certains modèles populaires ont été produits jusque dans les années 1950, permettaient de jouer ces disques. Pour la clientèle ayant l'électricité, des modèles à moteur électrique alimentés par le secteur ont été rapidement disponibles, qui sont à l'origine de la fixation de la vitesse à 78 tours par minute. Dans le courant des années 1920, peu après l'introduction de la triode, des cellules de lecture amplifiées électroniquement permettent d'augmenter le volume sonore et tout en réduisant l'usure tant des aiguilles que des disques.

Le disque microsillon a progressivement remplacé le 78 tours de 1948 à 1958 environ.

Histoire

Concurrence entre cylindre et disque

photo : Emile Berliner

Emile Berliner avec son gramophone à enregistrer.

En 1887, Emile Berliner, savant allemand installé aux États-Unis, invente le gramophone, qui enregistre le son sur un disque plat. Il a pour avantage, par rapport au phonographe de Thomas Edison, enregistrant sur cylindre (le terme phonographe finira par désigner le gramophone), de pouvoir se reproduire facilement par pressage et de se ranger dans un plus petit espace.

Phono-valise HMV-102 des années 1930, avec un disque 78 tours

Emile Berliner avec son gramophone à enregistrer

Les deux formats, cylindre et disque, coexistent au début des années 1900 avec un volume de ventes comparable d’autant plus que, pendant les premières années, Berliner n’a vendu que des appareils simplifiés, avec des enregistrements sommaires. Il publie en 1894 son premier catalogue de disques musicaux en enregistrant des chanteurs connus et fonde en 1898 sa société de production d'enregistrements musicaux, la Berliner Gramophone, dont la branche allemande de Hanovre, sera à l'origine de la compagnie Deutsche Grammophon.

Pendant ce temps, l'effort de la société de Thomas Edison, qui détenait le brevet initial du cylindre, conçu parallèlement par Charles Cros, se dirige principalement sur l'éclairage électrique. Charles Sumner Tainter améliore le procédé pour en faire un dictaphone, qui restera dominant sur ce marché jusqu'à l'enregistrement magnétique; mais la diffusion d'enregistrements musicaux se fait sur disque. Les cylindres enregistrent au plus deux minutes ; les disques 12 pouces de Gramophone introduits en 1903, trois minutes et demie. En 1908, Columbia Records commence à produire des disques double faces, appelés « Columbia Double disc records ». Dès cette année, les avantages du disque sont perçus comme décisifs

Essor de la musique enregistrée

photo : Jukebox Wurlitzer

Vers 1938, un juxebox Wurlitzer contenant 12 disques 78 tours.

Fondée en 1901, la Victor Talking Machine Company, fabrique disques et appareils (Victrola). Elle élimine aux États-Unis la Berliner Gramophone (future PolyGram). Avant 1910, l'industrie produit plusieurs millions de disques par an. Les disques de gramophone enregistrés sont en vente en France dès le début du XXe siècle. On offre aussi un disque avec la voix de l'acquéreur, à réaliser à l'atelier. Un catalogue de disques de musique est disponible dès 1903.

Vers 1938, un juxebox Wurlitzer contenant 12 disques 78 tours.

La Première Guerre mondiale interrompt le développement de l'industrie phonographique, sauf aux États-Unis où elle prospère. En 1918, l'expiration du brevet que détenait Berliner sur son disque à gravure latérale, permet à de nombreux concurrents de commencer à produire des disques, assurant à ceux-ci un avantage commercial décisif sur les cylindres, dont la vente baisse progressivement jusqu’à l’arrêt total de la production en 1929.

Le Scientific American décrit dès 1921 un dispositif mécanique pour changer les disques ainsi que les aiguilles automatiquement et permettre ainsi l'écoute en continu d'œuvres longues. Victor en exploite un sur le modèle électrique Victor Orthophonic Victrola, capable de jouer une douzaine de disques.

 En Angleterre, la firme Garrard (en) en propose un modèle en 1938.

Le Scientific American décrit dès 1921 un dispositif mécanique pour changer les disques ainsi que les aiguilles automatiquement et permettre ainsi l'écoute en continu d'œuvres longues. Victor en exploite un sur le modèle électrique Victor Orthophonic Victrola, capable de jouer une douzaine de disques. En Angleterre, la firme Garrard (en) en propose un modèle en 1938.

Dès 1927 apparaissent les premiers juke-box de la compagnie Automated Musical Instrument aux États-Unis. Ces machines, contenant une dizaine de disques, contribuent à un marché soutenu du disque pendant la grande dépression, avec jusqu'à 300 000 machines en 1939, représentant environ 30 millions de disques par an. Ils étaient installés dans les cafés, les salles de billard, les magasins, les restaurants bon marché, les relais routiers… Ils sont à partir de 1935 très importants dans le développement d'une culture musicale, notamment de la musique hillbilly et de la musique country.

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