Analyse de la structure
analyse de la structure

1. Introduction Whale

Plan 1: Technique: Plan Fixe. Écran noir. Pas de profondeur de champs.

Narration: Apparition de la baleine au centre de l'écran noir. Une petite fille (cheveux longs, robe blanche) apparaît par la droite, marche sur le corps de la baleine afin d'atteindre une porte, ornée de fioritures blanches, située au dessus de la baleine. Elle marque un temps d'arrêt devant la porte, chevelure et robe volant au vent, puis entre. La baleine la suit et entre également par la porte.

Éléments présents dans le plan: Fillette, baleine, gouttes d'eau, poissons, porte, fillette, méduses.

Interprétation:

De nombreux éléments du film ont une part autobiographique. La fillette est l'avatar de la réalisatrice selon ses propres dires. La petite fille et la baleine quitte ensemble le Monde Réel afin d'entrer dans le Monde du Rêve. La porte ainsi que la baleine sont des symboles représentant le passage, la transition, le changement. La baleine fait passer l'enfant dans le Monde du Rêve. C'est un personnage de passeur. Cette figure est assez commune dans la mythologie. On pense, par exemple, à Saint Christophe qui fait passer Jésus d'une rive à une autre.

Plan 2: La porte s'efface peu à peu

Narration: Transition entre les deux Mondes

Plan 3 : Apparition bilingue du titre en Anglais et en Coréen. Le titre Coréen se transforme en oiseaux qui s'éparpillent en de multiples directions.

Son:

0:00:05: apparition des premiers sons: Musique d'écran: sons des gouttes d'eau qui tombe sur le sol. Bruit des pas de l'enfant. Musique organique. Lorsque la fillette passe le seuil, la musique d'écran devient musique de fosse: Guitare, Tambour, musique connotée « asiatique ».

Whale

Nous proposons une forme d'analyse un peu hybride. C'est à la fois une analyse de structure, de l'image et du son. Nous y avons ajouté une partie interprétation, afin que celle ci ne soit pas déconnectée des images. Cela nous a paru la meilleure solution compte tenu de la richesse des images et des nombreuses possibilités d'interprétation. Cela évite de tomber dans l'écueil d'une analyse qui s'éloigne des images pour trouver une interprétation.

Les séquences:

0:00:00-0:00:04 noir

    Séquence 1 : 0:00:05-0:01:24 Introduction "Whale"

    Séquence 2 : 0:01:25-0:03:00 Room

    Séquence 3 : 0:03:01-0:04:15 Memory

    Séquence 4 : 1 0:04:16-0:05:01 Falling

    Séquence 5 : 0:05:02-0:06:29 Forest

    Séquence 6 : 0:06:30-0:07:28 Awake

    Séquence 7 : 0:07:29-0:07:54 Générique

0:07:55-0:08:00 noir

Memory
Memory2
Room

2. Room

Plan 4: Technique: Plan Fixe frontal, fermeture en fondu, apparition du titre: ROOM

Plan 5: Technique: Plan Fixe frontal; Iris mouvante.

Narration: Apparition d'un oiseau. A son contact, l'enfant sous cloche devient visible. Se servant de sa cloche comme d'un moyen de se mouvoir dans l'espace, elle se déplace dans la pièce, entourée d'un halo lumineux. Ce faisant, elle dévoile petit à petit les éléments qui constituent sa chambre. Puis, elle chute. La cloche reste au sol. La lumière s'éteint.

Éléments présents: Globe terrestre, Robe vivante, Chaussures, Chaise sur laquelle est posée un cadeau, Cactus.

Interprétation:
La réalisatrice a désigné cette chambre comme étant la sienne. C’est une chambre, mais en même temps c’est le corps de la baleine La reproduction de la Tour Eiffel est un clin d'œil. Ici, le personnage se fait sujet de l'image en même qu'il en est le guide. L'iris n'est pas sans rappeller (dans le principe et dans la forme) l'œil de judas sur les portes d'entrée d’appartement. Cela introduit une dimension – ou au moins l'idée - du voyeurisme (toujours plus ou moins présente au cinéma).Cette idée est confortée par la nature de la pièce que l'on observe. La chambre est le lieu où l'on dort, où l'on est seul (ou pas), où l'on rêve: C'est le lieu de l'Intime et du Personnel par excellence. Ici, le spectateur voit son voyeurisme maitrisé par le dispositif d'iris qui ne laisse voir que ce que le personnage (et donc la réalisatrice) ne veut bien laisser voir.

Son:

Alternance entre musique de fosse et musique d'écran. Une musique de fosse plutôt douce (piano, guitare, clochette). La musique d'écran quant a elle souligne les éléments importants de la narration: sons signalant l'apparition puis la disparition de la lumière, le contact de l'enfant avec le globe; le son des mouvements d'ailes des oiseaux est également présent.

Girafes

 

 

 

 

 

 

 

 

Plan 6: Technique: Plan Fixe frontal.

Narration: apparition par la droite et par la gauche de deux girafes qui se rejoignent et qui s'embrassent. Leurs corps se transforment alors en gouttes d'eau qui tombent sur le sol.

L'enfant reste au sol dans sa cloche...

Son:

Musique de fosse: Guitare, Piano

Musique d'écran: son des gouttes qui tombent au sol

Plan 7: Technique: Plan Fixe.

Narration: La lumière revient sur la cloche. De nouveaux éléments apparaissent: une télévision allumée qui ne capte aucune chaine, une reproduction de la Tour Eiffel. Enfin, un renard blanc apparaît par le haut du cadre. Il regarde l'enfant qui ne le voit pas, s'approche d'elle puis touche la cloche avec son museau dans un geste très doux. Tout à coup, la cloche s'évanouit et la fillette atterrit sur son dos. Avec la bise, il y a les deux mondes [réel (fillette) et rêve (renard)] qui se mélangent. Ils disparaissent tous deux dans l'eau.

Plan 8: Technique: Plan Fixe. Apparition du titre en blanc sur fond noir fermeture en fondu

Plan 9 : Technique: Plan Fixe. Plan Large.

Narration: Le plan se divise en trois temps et trois parties. Dans un premier temps apparaissent, sur un clavier de piano, des animaux aquatiques. Des poissons apparaissent comme tenus par une main hors cadre. Ils ne se déplacent pas librement, ils sont tenus par quelqu'un d'autre.

Puis apparaissent les animaux terrestres sous la forme des girafes. Enfin, des silhouettes humanoïdes comme prisonnières dans des sphères qui apparaissent et disparaissent très rapidement comme si elles se téléportaient. Durant tout ce temps, le renard, chevauché par l'enfant tente d'avancer mais sont comme immobilisés; ils font du sur-place, quelque chose d'invisible les empêche de poursuivre leur route. Finalement, le renard se métamorphose en fleur et par conséquent, l'enfant tombe au sol...

Son:

Musique de fosse: Bruits d'ambiance « Forêt »

Musique d'écran: Les poissons en se déplaçant provoquent un son froid et mécanique qui fait songer au bruit d'un bateau à moteur qui avance sur l'eau. Les « téléportations » sont également sonorisées.

Interprétation :

On peut se risquer à une analyse freudienne de cette situation. Premièrement, la réunion du monde terrestre et aquatique peut être vue comme une réminiscence des jours vécu par un humain en formation dans le ventre de sa mère; C'est en effet le seul moment de l'existence humaine où nous pouvons vivre, nous animaux terrestres, dans un univers aquatique. Cette cohabitation est donc un fantasme archaïque et à peine conscient.

Par ailleurs, Freud dans l'Interprétation des rêves évoque le cas, très commun, de patients qui se rêvent être à la base d'un escalier (ou plus simplement d'un espace qui leur demande une ascension, une progression de leurs corps vers l'avant) et qui bien que commandant à leur volonté, à leur corps par le biais de leur cerveau, d'avancer restent immobiles sur place, sans progression possible. D'après Freud, l'inconscient formulerait à travers ce rêve la nécessité pour le rêveur de prendre conscience de son désir. Il lui signifie de ne pas se mettre de barrière, de ne pas refouler ce dont il a envie sous peine de ne plus pouvoir évoluer, avancer.

Pour Mi-Young Baek, les êtres enfermés dans les sphères sont les êtres qui hantent notre mémoire. Ils ne sont pas là mais ne disparaissent pas vraiment, pas totalement, pas dans l'Absolu en tous cas.

Plan 10 Plan Fixe. Apparition du titre blanc sur fond noir fermeture en fondu.

Plan 11 Plan Fixe

Narration: L'enfant tombe du haut vers le bas de l'écran qui se divise en plusieurs bandeaux verticaux. Elle chute, chute, chute, de différentes façons, dans différents espaces...la chute est longue et lente. L'espace semble infini. Mais bientôt la baleine arrive et la récupère sur son dos.

Son:

Musique de fosse: Bruitage très sombre

Musique d'écran: Son du corps de la fillette qui tombe, son du déplacement de la baleine.

Interprétation:

Le Temps, l'Espace et la traversée qu'en fait l'Humain. Cette séquence fait penser aux réflexions de Bergson sur le temps mécanique en opposition au temps ressenti, vécu. La coexistence de plusieurs temporalités en même temps que différentes spatialités interroge le Réel. Dans la réalité, et dans les images fidèles à la réalité, nous ne pouvons voir qu'un seul Temps pris dans un seul Espace. Cette séquence défie cette loi et en tire donc une portée poétique singulière. C'est une image particulièrement conceptuelle. La chute a dans nos sociétés occidentales une connotation particulièrement péjorative. C'est un symbole fort et le terme est d'ailleurs polysémique. Dans le sens commun, nous chutons quand notre corps tombe au sol. C'est à dire que de façon involontaire (un obstacle, un trou), nous rompons avec la bipédie qui est notre particularisme. Nous ne dirigeons plus notre action, notre volonté n'a pas d'effet, nous tombons. C'est un évènement que nous vivons passivement, sans contrôle sur la situation et c'est en ça que la chute est désagréable. Par ailleurs, lorsque nous tombons c'est dans le Vide, le non matérialité, dans ce qui n'est pas. Dans cette séquence, on peut parler d'un travail sur le Vide et le Plein. Les formes pleines sont celles des personnages: la baleine et l'enfant. Le vide c'est le noir qui les entoure. Cette forme étonnante de l'image divisée en bandeaux met particulièrement en valeur cette opposition. La répétition du motif (rendue plus visible et visuelle encore par le contraste Noir/Blanc) souligne le Plein traversant le Vide. On peut également penser la chute comme le surgissement de l'Inattendu, l'Imprévisible.

Forest2
Forest3

5. Forest

Plan 12 Technique: Plan Fixe. Apparition du titre en blanc sur fond noir fermeture en fondu.

Plan 13-14 Technique: Plan fixe. Écran dans l’écran.

Narration: La baleine s'approche. Son ventre est devenu forêt. La fillette évolue dans cette végétation guidée par une sphère lumineuse. Petit à petit, l'enfant disparaît.

Son:

Musique d'écran: souffle du vent, chants d'oiseaux, son de l'eau traversée par la baleine.

Image:

Plan 15 Technique: Plan fixe. Plan Large.

Narration: La fillette touche la baleine devenue grise. Immédiatement une sorte de bras sort de la baleine pour traverser l'enfant en son milieu avant de se subdiviser en une multitude de bras diaphanes et tentaculaire.

Son:

Musique de fosse: son très doux, a peine présent qui se change brutalement en une note extrêmement grave lorsque le bras surgit.

Musique d'écran: son du mouvement de l'eau, cri de la baleine.

Interprétation: Cette séquence vient confirmer une idée présente depuis le début de film. La baleine et l'enfant sont, dans le Monde du Rêve, le même personnage. Sous deux corps et deux natures radicalement différentes, il s'agit du même personnage.

Dans le plan 1, une fois que l'Enfant est entré en elle, la baleine a franchi la porte du Monde du Rêve. La première porte ne menait pas au monde des rêves mais à l'intérieur de la baleine. Elle est donc la Passeuse. Elle a porté l'Enfant d'un Monde à un autre comme St Christophe a porté Jésus d'une rive à une autre.

Awake

Plan 16 Technique: Plan Fixe Apparition du titre EN NOIR SUR FOND BLANC. Fermeture en fondu sur une image blanche.

Plan17 Technique: Plan moyen Jeu Flou/Net

Narration: L'Enfant se tient immobile, de dos, derrière les branches d'un arbre...

Plan 18 Technique: Plan fixe GP sur le visage de la fillette. Girafes et poissons entrent dans sa tête

Plan 19 Technique: Plan fixe, Pm:

Narration: L'Enfant se tient immobile, de dos, derrière les branches d'un arbre...

Plan 20 Technique: Plan fixe, GP.

Narration: Oiseaux, Poissons et Renard entre dans la tête de la petite fille.

Plan 21 Technique: Plan fixe, GP (comme p.17 et p.19)

Narration: La fillette adresse un regard au spectateur.

Plan 22 Technique : Plan fixe, GP.

Narration: Le retour des méduses dans l'Enfant.

Plan 23 Technique: Plan Fixe GP.

Narration: La fillette ouvre les yeux

Plan 24 plan fixe Pm.

Narration: La fillette ouvre les yeux

Son:

Musique de fosse: musique « asiatique ». Changement à la fin du plan 24.

Musique d'écran: chants d'oiseau; son de mouvements d'eau.

Le plan 25 nous semble ne pas s'intégrer tout à fait à la 6e séquence. L'Espace n'est plus le même, l'échelle de plan a radicalement changé. Nous l'appelons donc le Plan Conclusif (quoique le terme soit un peu barbare...)


Plan Conclusif

Technique: Plan fixe frontal. Plan large, voire très large. Grande profondeur de champs.

Narration: La Baleine et l'Enfant se font face puis d'un mouvement la baleine s'en va.

L'Enfant reste seule.

AWAKE (Suite)


Interprétation: Cette séquence montre le réveil de la fillette. Le changement d'échelle indique que la Réalité a repris le pas sur le Rêve. Désormais, comme dans la réalité, l'enfant est plus grand que le renard. Toutes ces créatures retournent dans l'inconscient du personnage. Toute? Non! La baleine semble saluer l'enfant avant de balayer l'écran de son corps. La couleur et la texture particulière de ce plan fait corps avec l'écran. Cela fait songer à un écran de télévision qui ne reçoit plus de signal et qui est d'un gris -blanc-noir irrégulier. On peut interpréter ce plan dans ce sens: c'est une métaphore de l'arrêt de la transmission du rêve par l'enfant vers le spectateur.

Awake3

 

 

 

 

 

 

Le passage du plan 24 au plan 25 est très visible. La transition est assurée par une sorte de fondu très rapide, brutal.

La musique est monté en contrepoint de l'image, elle a vocation à appuyer, souligner le changement d'image. Elle nous signifie également, à travers le contraste mélodie reposante/ note grave diffuse, un changement d'ordre dramaturgique. La note grave est presque angoissante surtout associé a cette image. La représentation de l'Espace dans ce plan est très particulière: l'enfant touche le sol, elle est terrestre tandis que la baleine, devenue noire, se tient immobile dans ce que l'on ne saurait qualifier d'air ou d'eau. On ne saurait pas plus définir la distance qui les sépare. En partant, l'image de la Baleine éclipse l'image de l'Enfant pendant un moment. Cela suggère encore des questions sur l'identité de ces deux personnages. Les deux personnages se séparent donc. Cette séparation signifie la fin du Rêve. Chacun des personnages retourne dans son monde d'origine. Rien n'indique que la séparation est définitive.

Image:

Plan 26 Technique: Plan fixe. Plan large

Narration: Les ornements organiques qui entouraient la porte du rêve se rétractent. Le Monde du Rêve redevient inaccessible.

Plan 27 Technique: Plan fixe. Plan Large.

Narration: Un petit poisson blanc-gris tente d'entrer dans une porte blanche qui vient d'apparaitre mais il n'y parvient pas. Le seuil n'est plus franchissable.

Plan 28 Technique: Plan fixe. Écran noir

Son:

Musique de fosse: Quelques notes de piano et de guitare au moment où le poisson essaie de passer par la porte. Répétition de la musique d'introduction. La musique est encore présente après l'interruption des images.

Musique d'écran: sonorisation du poisson.

Image:

Plan 29: Génerique

07:48: Fin des images.

07:53: Fin du son.

Interprétation: Ce petit poisson est le seul, hormis la baleine qui jouit d'un statut particulier, à ne pas réussir à rentrer dans la tête de la jeune fille. C'est un petit élément qui n'a pas été rappelé à la Conscience. On peut supposer que la fillette s'en souviendra, que cela lui rappellera son rêve. Elle pourra probablement grâce à lui raconter cette histoire. The Whale est l'histoire de ce rêve.

Maria Eplinius, Klara Coudrais.

6. Awake

Awake2
Forest
Falling

4. Falling

Falling2

3. Memory