Radio Toulouse.2

Radio Toulouse

En 1928, après des années où elle était « tolérée », Radio Toulouse est officiellement inscrite sur la liste des stations privées autorisées.

En 1930, devant la nécessité croissante d’augmenter la portée de l’émetteur, Trémoulet et Kierzkowski achètent le château d’Enjaux à Saint-Agnan, à 32 km de Toulouse et 10 km de Lavaur (Tarn). Sans attendre l’autorisation des PTT, qui ne devrait pas venir car la loi interdit aux stations privées de modifier leurs installations techniques, ils commencent l’aménagement. Mais cette même année, le nouveau ministre des PTT décide que les PTT ne pourront plus s’opposer à la location de câbles, facilitant ainsi les diffusions d’événements en direct.

En 1931, la station de Radio-Agen, détruite par des inondations, va entrer dans le giron de la Radiophonie du Midi. En fin de soirée, Radio Toulouse diffuse une demi-heure à destination de l’Angleterre, où les stations privées sont interdites.


En 1933, l’émetteur et les studios de Balma sont ravagés par un incendie. Cette fois il faut absolument obtenir l’autorisation d’utiliser l’émetteur de Saint-Agnan. L’administration finit par accepter, après de longs atermoiements. La puissance de l’émetteur passe à 60 kW en 1934, Radio Toulouse est une des stations les plus importantes de France et elle est captée dans plusieurs pays européens et en Afrique du Nord.

En 1935, Jacques Trémoulet, qui songe à préserver son empire radiophonique, signe par l’intermédiaire d’un industriel local un accord avec la Principauté d’Andorre pour la création d’une radio : Radio Andorre. En effet, la législation sur les radios privées est toujours précaire et susceptible à tout moment d’être remise en cause. C’est la raison pour laquelle il avait déjà tenté, sans succès, de créer Radio-Luxembourg. Néanmoins, Radio Toulouse continue sur sa lancée et sur son succès.


En 1936, le groupe de Jacques Trémoulet s’étend avec une régie publicitaire, Radio Information, qui a son siège à Paris et qui gère la publicité de nombreuses stations de radio françaises. Radio Toulouse s’installe dans de nouveaux locaux à l’angle des allées Jean-Jaurès et du boulevard Carnot. En 1937 Trémoulet tente même de faire des essais de télévision, là encore barrés par un veto absolu des PTT.

La station de Radio Andorre est lancée en 1939, mais ses émissions d'informations s’arrêtent rapidement pour cause de guerre car Jacques Trémoulet préfère rester neutre.

La période de guerre

À la déclaration de guerre, de nombreux employés de Radio Toulouse sont mobilisés, les émissions sponsorisées sont suspendues. Après l’invasion allemande, la station n’est plus qu’un relais de la radio de Vichy. Puis le 5 juillet 1940 les stations privées de la zone libre sont autorisées à reprendre leurs émissions, l’information étant limitée aux bulletins officiels. Jacques Trémoulet est en bons termes avec Pierre Laval (qui l'a aidé à acquérir Radio Lyon), il obtient la levée de la réquisition des stations de radio. Elles peuvent reprendre leurs émissions, en contrepartie de 60 heures par mois concédées à la radio nationale. Un commissaire du gouvernement peut exercer la censure sur les émissions.

Radio Toulouse est chargée par la Fédération des Postes privés, dont Jacques Trémoulet a pris la présidence, de réaliser une émission diffusée par toutes les stations en service. L’activité de Radio Toulouse est donc intense. Comme toutes les radios, elle doit diffuser le « Radio Journal de France », émanation de Vichy. Jean Roy annonce systématiquement, avant et après, que ce bulletin d’information n’est pas une production de Radio Toulouse. D’autre part, à partir de juin 1941, une émission de propagande vichyssoise, « Radio Révolution », est obligatoirement programmée. Jacques Trémoulet déploie toutes ses ressources pour que le public ne fasse pas le lien avec Radio Toulouse, notamment en la diffusant sur une fréquence différente. L’émission s’arrête en avril 1942.

En novembre 1942, les Allemands arrivent à Toulouse mais Jacques Trémoulet a obtenu que les émissions continuent. Radio Toulouse diffuse beaucoup de musique, y compris du jazz et de la musique tzigane et africaine, interdits ailleurs. Le baryton Pierre Nougaro, père de Claude, est fréquemment présent sur les ondes. Léon Kierzkowski, suspecté d’être juif (ce qu’il n’est pas) a quitté Toulouse.

En 1943, l’arrêt de Radio Révolution permet à Jacques Trémoulet de créer, sur son second émetteur, une Radio Toulouse II qui, vu la faible puissance de l’émetteur, ne sera qu'une radio locale.

En 1944, lors de la libération de Toulouse, c’est Charles Mouly, engagé comme speaker sur Radio Toulouse II et par ailleurs membre d’un réseau de Résistance, qui prend le micro pour annoncer la nouvelle, avec les mots « Ici Radio Toulouse libre ! » La majorité du personnel a quitté les lieux, et les Allemands ont dynamité l’émetteur principal de Saint-Agnan. Radio Toulouse Libre fonctionne pendant une dizaine de jours, animé par Charles Mouly qui introduit pour la première fois ses personnages fétiches, Catinou et Jacouti, où le comédien Dominique interprète Catinou.


Jacques Trémoulet a gagné l’Andorre, puis l’Espagne et la Suisse. Radio Toulouse, malgré sa prudence, est considérée comme collaborationniste pour avoir diffusé les émissions de Vichy.

Poursuivi pour « intelligence avec l’ennemi », Jacques Trémoulet est condamné à mort par contumace en 1946, puis acquitté en 1949.

Radio Toulouse a cessé d’exister. Un certain nombre de ses employés poursuivront leur carrière chez la concurrente Toulouse-Pyrénées à laquelle les locaux seront attribués pendant un courte période de l'immédiat après-guerre.