Camille Tissot   

Dès l’année 1896, alors que les travaux de Lodge et de Marconi concernant la TSF sont encore très peu connus, Tissot reprend les théories de Hertz et les expériences d'Édouard Branly et d'Alexandre Popov pour poursuivre, sur le « Borda », des recherches parallèles et indépendantes. Il construit lui-même son matériel de TSF avec l’aide d’Édouard Branly et du constructeur Eugène Ducretet pour qui il mettra au point des appareils.

Le 3 août 1898, en présence du ministre de la Marine, il établit la première liaison radio opérationnelle française en mer : 1 800 mètres entre le « Borda » et le sémaphore du parc aux Ducs à Brest. Convaincu, le ministre prescrit le 6 août au port de Brest, de financer à Tissot l’achat de matériel pour lui permettre de poursuivre ses essais.

En 1898 également, il établit le contact radio entre l’île d’Ouessant et le phare de Trézien sur le continent, créant, de fait, la première station de TSF qui ait été installée en France. Cette station deviendra Ouessant TSF, indicatif FFU (station Française Fixe de Ushant), active jusqu’en 1943 puis déplacée au Conquet après la guerre.

Avec ces appareils, Camille Tissot monte en 1899 une grande campagne d’essais et assure des communications par ondes hertziennes, d’abord entre différents points de la rade de Brest et l’église Saint-Martin, puis jusqu’à l’île Vierge (Plouguerneau) et le Stiff (Ouessant).

En 1899, Tissot publie au bulletin des travaux des officiers un rapport d’un intérêt historique remarquable, dans lequel il décrit ses travaux et expériences à travers la rade de Brest. Il émet des réserves, à plusieurs reprises, sur la qualité de certains travaux de Marconi. À l‘époque de l’écriture de ce rapport, la TSF en tant que moyen opérationnel de communication n’a même pas 18 mois.

En 1902 : depuis le phare du Stiff, la station radiotélégraphique à cohéreur a une portée de 80 kilomètres

En 1900, Tissot équipe la Marine nationale de ses premiers appareils de TSF.

En 1902 : depuis le phare du Stiff, essais par Camille Tissot de la station Ouessant TSF avec un récepteur radio à cohéreur et un émetteur à arc par Bobine de Ruhmkorff. Cette station à une portée radiotélégraphiques de 80 kilomètres avec une flotte de 14 navires en mer et avec Brest.

Dès 1904 : la station Ouessant TSF avec l'Indicatif (radio) FFU (depuis le Stiff), effectue des liaisons radiotélégraphiques sur la longueur d'onde des 600 mètres avec une flotte de 80 paquebots.

À partir de 1905, Tissot fait des études très approfondies sur la détection des signaux radio. Les archives de Tissot et ses cahiers d’expériences laissent penser qu’il est celui qui a poussé le plus loin les essais dans ce domaine en France. C'est à la suite de ces travaux que Maurice Jeance et Victor Colin améliorent durant plusieurs années l'émetteur des ondes radio. Ils emploient le moyen exposé en 1892 par Elihu Thomson, c’est-à-dire l’arc électrique et utilisent l'émetteur à arc, dit Arc de Poulsen dû à l'inventeur danois éponyme Valdemar Poulsen en 1903.

En 1907, à la suite de ces essais, Tissot démontre la possibilité d’utiliser la TSF pour transmettre un signal horaire et régler les chronomètres des navires en mer.

Il saisit le 22 janvier 1908, le Bureau des longitudes d’une proposition de création du service journalier d’émission de ces signaux depuis la tour Eiffel. Ce bureau procède à l’installation de ce service à partir du 23 mai 1910. Ce système sera ensuite étendu à la transmission des longitudes.

En 1907, Tissot conçoit, avec F. Pellin, un récepteur à galène sans réglage fastidieux pour recevoir ces signaux à bord des navires de commerce.

En 1911, son expertise technique est demandée par un comité d’industriels français mené par E. Girardeau, durant la série de procès qui opposent Marconi et l’industrie Française de la TSF : la Société Française Radioélectrique et la Compagnie Générale Radioélectrique. À l'occasion de ces procès, Tissot et Ferrié chercheront notamment à démontrer certaines failles du brevet 77777 de Marconi, mais aussi l'antériorité d'expériences de certains savants français, comme Eugène Ducretet.

Marconi gagne le procès en première instance contre la SFR et la CGR, mais cette décision de justice qui donnait le droit à Marconi de demander le remplacement du matériel français par du matériel de la Wireless Company, ne sera jamais appliquée en France, puisqu'en 1914, Marconi se voit débouté définitivement de sa demande.

Durant la guerre, Tissot fait plusieurs séjours à Bizerte, pour équiper en radio des cargos charbonniers utilisés par l’armée, et travaille en même temps sur l’écoute des bruits rayonnés par les sous-marins dans la mer.

Le capitaine de frégate Tissot meurt brutalement en octobre 1917, de maladie.

Déclaré mort pour la France par le président Raymond Poincaré, il repose au carré militaire du cimetière d’Arcachon. Il était officier de la Légion d’honneur, et officier de l’Instruction publique.



Autres publications

Plusieurs publications et ouvrages décrivent les travaux de Camille Tissot :

C'est à Camille Tissot que revient le mérite des premières réalisations qui furent faites dans notre marine, et son nom doit être placé à côté de ceux du général Ferrié et d'André Blondel, ainsi que de celui de René Mesny, plus tard venu dans les mêmes recherches, dans la liste des savants français qui ont créé la TSF en France sa mort prématurée a été une très grande perte pour notre pays et pour la science. Eugène Giboin.

M. Tissot ne s’est pas contenté de faire, au sujet des phénomènes mis en cause dans la TSF, des études systématiques qui sont de beaucoup les plus complètes qui aient été faites touchant cette intéressante application des ondes électriques : il a encore doté nos escadres de tout un matériel des mieux étudiés qui leur a permis peu à peu, et cela dès 1898, d’accroître la portée des communications. Aujourd’hui en 1909 tous les navires de guerre munis des


dispositifs étudiés par M. Tissot peuvent communiquer à 300 km. En 1906, le cuirassé « Bruix » a pu même communiquer avec Port Vendres, à une distance de 500 km.

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