Si le nord de la France et la Belgique comptent nombre beffrois, celui de Douai est sans aucun doute le plus majestueux même si sa récente restauration lui donne un air un peu trop neuf et clinquant pour le coeur des vieux douaisiens.
Une gravure du beffroi de Douai
(image jpeg 25K)
tel qu'il devait se présenter au début du XXè siècle.
La construction du beffroi de Douai a été entreprise en
1380, sur l'emplacement d'une précedente tour en bois, afin de
servir de tour de guêt. Un bâtiment également de style
gothique fut errigé sur le côté ouest de la tour ainsi qu'une
chapelle sur le flan sud. L'ensemble fut terminé en 1475 et un
carillon fut installé dès 1391 dans le beffroi et rythme depuis
la vie des douaisiens.
Au XIXè siècle, d'important travaux de restauration furent
entrepris et un nouveau bâtiment, identique à celui du XVè
siècle lui fut ajouté à l'est afin de donner à l'hôtel de
ville son actuel aspect symétrique. Ce nouvel édifice comporte
notamment une salle des fête de style second empire. A cette
occasion, la structure du beffroi, initialement construit en
grès des Flandres, comme les fameux pavés du Nord, fut
renforcée de l'intérieur par une forte épaisseur de briques et
les édifices du XVè siècles furent restaurés selon la mode du
XIXè siècle... On orna donc la salle gothique qui sert
aujourd'hui encore aux réunions du conseil municipal d'une
fresque monumentale représentant les échevins et les drappiers
de Douai accueillant le roi de France, la salle voisine, dite des
mariages, fut décorée de boiseries du XVIIIè siècles et de
mobilier de même époque aujourd'hui passablement défraichis.
La chapelle, quant à elle, disparut. Son choeur fut remplacé
par un escalier monumental et elle devint un hall d'honneur dans
lequel on peut lire la trop longue liste des victimes
douaisiennes des deux guerres mondiales, laquelle liste témoigne
indiscutablement de la boucherie militaire que fut la première
et de l'horreur des bombardements anglo américains de 1944 qui
firent de nombreuses victimes civiles, en particulier lorsqu'un
cinéma qui servait d'abri fut anéanti par les bombes lachées
sans précision fort loin de leur objectif!
Mais le beffroi échappa miraculeusement aux bombardement, grâce
sans doute au marmouset de grès rose qui orne l'ancienne salle
de garde de son premier étage, preuve s'il en fallait que
l'Afrique n'a pas le monopole de la magie efficace.
La ville de Douai paya néanmoins un lourd tribut à l'occupant
allemand dès 1917 puisque ce dernier s'empara des cloches du
carillon pour les fondre en canons. Elle furent remplacées en
1924 par la société Wauthy de Douai mais en 1953 la ville, afin
de lui donner un meilleur son, les remplaça par des cloches de
la fonderie Paccard à Annecy-le-vieux et installa en 1954 47
cloches qui complètent les deux plus grosses datant de 1471
(fonderie MOER), endommagées en 1917 mais restaurées par la
maison Wauthy en 1924: "Joyeuse", un LA de 5500 kg et
"La disnée", un Do de 2400 kg. La plus lourde des
cloches de 1954, "La Nouvelle Victoire", un RE, ne
pèse que 1600 kg. Le carillon fut enfin complété en 1974, à
l'occasion du congrès mondial des carillonneurs et comporte
maintenant 62 cloches s'étendant sur 5 octaves. Il est doté
d'un mécanisme qui lui permet de sonner chaque quart d'heure une
mélodie mais possède aussi un clavier qui permet des concerts
chaque samedi de 10h45 à 11h45 ansi que chaque jour férié à
11h30 et les lundi soir à 21h en juillet et aout. Maître
Jacques Lannoy est, depuis 1965, le 34è carillonneur de Douai et
anime l'école nationale de carillon.
Le beffroi de Douai a inspiré des artistes. De passage dans la ville en 1837, Victor Hugo en fit un croquis que l'on peut admirer en visitant son domicile de la place des Vosges à Paris et ne put empêcher son habituel lyrisme de s'exprimer dans une lettre à son épouse. Quant à Corot, c'est en 1871 qu'il peignit son beffroi de Douai, conservé actuellement au Louvre, et dont d'innombrables reproductions ornent les logis douaisiens. On peut d'ailleurs remarquer sur ce tableau que le sommet du beffroi, restauré dix ans plus tôt offrait alors un aspect quelque peu clinquant semblable à celui que l'on peut observer aujourd'hui.
Ecoutez le carillon!
Un disque a été édité par l'ARPAC (Association Régionale de Promotion de l'Art Campanaire, 42 rue Jules Roch 59310 ORCHIES Tél: (+33)320648061 Fax (+33)320648422). Vous pouvez en télécharger un extrait au format Real Audio (364K). Le Real Player peut être librement téléchargé depuis le site de Real.
Le morceau proposé est "Opéra de quat'sous 'Mac the knife'" de Kurt Weill. Arrangement et interprétation de Gilles Lerouge, qui est l'un des maîtres carillonneurs formés à l'ecole nationale de carillon de Douai.
Pour des raisons d'encombrement, c'est à dire pour rester compatible avec une lecture sur internet, le fichier proposé est en son mono. Pour apprécier réellement le son du carillon, le mieux est de vous procurer le disque duquel il est extrait qui est disponible à Douai (Office du Tourisme et disquaires) ou lors des déplacements du carillon ambulant de Douai Région Nord/Pas de Calais, ou encore auprès de l'ARPAC. Il comporte 9 pièces exécutées sur ce carillon ambulant par Jacques Lannoy, le maître carillonneur de Douai et 7 pièces sur le carillon du Beffroi.
Deux autres extraits (en format mp3) sont disponibles sur le site de l'ARPAC: