Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
Née à Douai en 1786, elle devient chanteuse puis comédienne et
elle épouse en 1817 un certain Valmore, acteur dont elle fera
passer le nom à la postérité.
Sa poésie, simple mais d'une sincérité aussi émouvante que
naturelle, a été appréciée des romantiques comme des
symbolistes. Verlaine lut ses poèmes sur le conseil de Rimbaud,
Saite Beuve dit d'elle: "Elle a chanté comme l'oiseau
chante".
On trouvera une biographie et une bibliographie détaillées, ainsi que de nombreux poèmes sur le site
"bibliotheca Augustana"
(ce site regroupe de nombreuses et intéressantes ressources sur la littérature internationale).
La couronne effeuillée
J'irai, j'irai porter ma couronne effeuillée
Au jardin de mon père oùrevit toute fleur;
J'y répandrai longtemps mon âme agenouillée:
Mon père a des secrets pour vaincre la douleur.
J'irai, j'irai lui dire, au moins avec mes larmes:
"Regardez, j'ai souffert..." Il me regardera,
Et sous mes jours changés, sous mes pâleurs sans charmes,
Parce qu'il est mon père, il me reconnaîtra.
Il me dira: "C'est donc vous, chère âme désolée;
La terre manque-t-elle à vos pas égarés?
Chère âme, je suis Dieu: ne soyez plus troublée;
Voici votre maison, voici mon coeur, entrez!"
O clémence! ô douceur! ô saint refuge! ô Père!
Votre enfant qui pleurait, vous l'avez entendu!
Je vous obtiens déjà, puisque je vous espère
Et que vous possédez tout ce que j'ai perdu.
Vous ne rejetez pas la fleur qui n'est plus belle;
Ce crime de la terre au ciel est pardonné.
Vous ne maudirez pas votre enfant infidèle,
Non d'avoir rien vendu, mais d'avoir tout donné.
D'autres, comptés parmi les six poèmes en patois (Picard douaisien) qu'elle écrivit: