Uchiwa Gaiden

Chapitre 4 : Uzumaki & Uchiwa
Après presque 4 jours entiers passés à courir à travers plaines et forêts, le trio Uchiwa envoyé au pays du Fer pour le Tournoi Ogame était enfin arrivé à destination. Si leurs sacs à dos contenaient des quantités généreuses de rations alimentaires, celles-ci n'étaient pas très goûteuses, et la course ayant été éreintante, leurs muscles et leurs estomacs les tourmentaient sérieusement.
- Bon sang, je ne vous crierai pas dessus si vous réclamez de passer à une auberge avant de nous présenter à la demeure des Inigariun puissant clan de ninjas vivant dans le Nord du monde, principalement au pays du Fer, et dont la capitale est Nuzuki. Ils sont les arbitres du Tournoi Ogame et les propriétaires et gardiens de la grande île-tortue., grogna Sasuke en se massant les cuisses.
- A mon avis, vous pensez plus aux serveuses qu'à la bouffe, lâcha Madara, acide.
Sasuke le foudroya du regard.
- Et alors ? Je suis un homme, moi.
- Qu'est-ce que ça sous-entend ? demanda Madara, commençant à s'énerver à son tour.
- Tu veux vraiment le savoir ? répondit Sasuke, avec un sourire vicieux s'ébauchant.
- Absolument ! jeta Madara du tac au tac.
- Bah, j'ai rien à te dire, tu découvriras toi-même quand il sera temps. En attendant, ne brûles pas les étapes, petit puceau.
De rouge, Madara vira au blanc presque immédiatement. Ses yeux s'exorbitèrent au fur et à mesure que l'information arrivait à son cerveau, était décortiquée et analysée. Apparemment, même si les hommes prétendent se ficher de l'autre sexe et tout ce qui y a trait, ils n'apprécient pas les blagues et autres réparties touchant à ce point sensible. Madara ne faisait pas exception semble-t-il.
- Vous avez pas bientôt fini, dit Izuna avec irritation, voyant que Madara ouvrait la bouche d'un air furieux.
Madara se ravisa, mais ses yeux en disaient long sur ce qu'il pensait intérieurement. Sasuke se détourna en rigolant, bien qu'il savait que tôt ou tard il aurait droit à l'éruption de son cadet. Ça ne ratait jamais avec Madara.
- Bon, trouvons une auberge, mangeons et on verra le reste plus tard, décida Sasuke.
Izuna et Madara malgré sa colère approuvèrent vigoureusement de la tête. Ils n'eurent pas à chercher très longtemps du reste, car à peine une centaine de mètre de là sur la route, une auberge assez grande semblait les attendre. Elle dégageait dans l'air environnant une bonne odeur de cuisine, et les ventres des Uchiwas se délectèrent bruyamment du festin proche.
L'intérieur était plutôt grand, accueillant et très propre. Les clients étaient rares, il n'y avait guère qu'un duo de marchands assis à une table du fond, une famille de deux parents et trois enfants manifestement en voyage assis près de l'entrée et un groupe de vagabonds relativement peu recommandables assis dans le coin opposé à celui des marchands, et qui festoyaient de Saké vin de riz titrant à 13° généralement, originaire et typique du Japon, où il y est extrêmement apprécié. Le saké se prépare uniquement dans des ateliers où tout objet en métal est banni, de même que les chaussures, afin d'obtenir un environnement à la salubrité exemplaire. et de ramensinsulte japonaise, qui peut se traduire par « idiot », ou même plus fortement par « crétin ». Spécifique à Naruto en général à en croire Sakura. bruyamment et vulgairement. Sasuke mena ses deux jeunes élèves vers une table située au milieu de la salle. Ils s'assirent plutôt lourdement, poussant des grognements de satisfaction après leur course harassante de plusieurs jours sans la moindre pause. Quelques instants passèrent, et Sasuke s'apprêta à héler le patron, lorsque celui-ci, qui était occupé à laver des verres derrière le comptoir, remit son torchon à sa ceinture, et vint vers eux avec un sourire.
- Bonjour messieurs, que désirez-vous ?
- Tout d'abord un bon repas chaud, des ramens, des crustacés, des légumes marinés et du saké s'il vous plait. Ah, et avez-vous deux chambres pour une nuit ?
- Bien sur, je suis loin d'être vide alors vous ne pourrez pas avoir trois chambres, mais j'ai quant même un minimum de place pour vous accueillir. Votre repas sera prêt dans quelques minutes, désirez-vous d'abord le saké et les ramens ?
- Ma foi oui, merci, répondit Sasuke avec gratitude.
L'aubergiste se détourna en souriant, et se dirigea d'un pas rapide vers la cuisine.
Sasuke soupira.
- Nous avons bien de la chance d'être partis aussi vite, sinon nous n'aurions pas une telle chère et deux chambres pour nous.
- Pourquoi donc ? demanda Izuna.
- Et bien le Tournoi Ogame est un grand évènement, qui va attirer quantité de curieux, sans compter les seigneurs féodaux et autres marchands.
- Je croyais que ce n'était qu'une sorte d'examen, dit Madara.
- Pour toi, oui. Mais pour les daimyos, les marchands, les riches propriétaires terriens, enfin bref pour tous les clients potentiels, c'est une excellente occasion de voir un peu ce que la nouvelle génération a dans le ventre, et déterminer les meilleurs. et par conséquent les ninjas et clans les plus demandés. C'est une occasion unique de briller pour les petits clans, voila pourquoi le Tournoi a eu autant de succès dans le passé. En temps de guerre, un petit clan de quelques membres, c'est-à-dire maximum une quinzaine de combattants en tout, n'a aucune chance ou presque de se démarquer face à un grand clan, comme le notre par exemple. Il a toutes les chances de se faire détruire. Pourtant, des petits clans peuvent aussi donner naissance à des talents exceptionnels, des ninjas qui ont le potentiel pour devenir des célébrités, et entrés dans l'histoire. Dans le Tournoi Ogame, c'est du one one, donc la puissance des clans n'entrent que très très peu en ligne de compte, tu comprend ?
- C'est tout le prestige des Uchiwas que je porte également sur mes épaules alors ? demanda Madara, les sourcils froncés.
- Pas à ce point. Dans le cas d'un petit clan pas très connus, oui. Mais pour nous, dont les forces vives comptent environ un millier de combattants, notre réputation de puissance est suffisamment bien établie. Même si tu étais battu et éjecté dès le début du Tournoi, il faudrait aussi quelques défaites militaires cuisantes pour voir le nombre de commandes chuter de manière inquiétante. Aller, ne t'inquiètes pas, tu as le potentiel et la force pour remporter le Tournoi de toute façon je pense. Mais ne te reposes jamais sur tes lauriers, et ne sous-estimes jamais l'adversaire, même s'il n'a montré que des techniques faibles auparavant, ou qu'il ne fait que la moitié de ta taille.
- Je ne risque pas de faire une telle erreur, rétorqua Madara, je ne lai jamais fais, je n'ai pas pris cette habitude, et c'est parce que j'ai été à bonne école.
Sasuke sourit, tandis qu'Izuna éclatait d'un rire goguenard.
- Hein, qu'est-ce que t'as encore, baka* !? cracha Madara à son frère, les yeux lançant des éclairs.
- « Je ne sous-estimerai jamais un adversaire », pfff, c'est exactement ce que tu fais avec moi depuis ma naissance, aniki.
- Dans ton cas, par rapport à ce que je pense de ta force, j'ai plutôt l'impression d'avoir tendance à te surestimer, moucheron.
Les deux frères se chamaillèrent violemment, d'autant plus que la faim leur portait sur les nerfs et les énervait encore plus. Sasuke lui se contenta de soupirer d'un air blasé, tant ces disputes fraternelles lui étaient familières depuis le temps.
Quelques minutes plus tard, alors qu'ils dégustaient leurs délicieux bols de ramens au porc, la porte d'entrée de l'auberge s'ouvrit, laissant le passage à toute une troupe d'individus vêtus d'habits de voyage amples et longs, et à la chevelure rouge vif, tirant sur l'orange pour certains. Sasuke se crispa légèrement, ou du moins ce qui chez lui ressemblait à de la crispation chez un humain ordinaire. Il se concentrait simplement, se tenant prêt à passer à l'action en une fraction de seconde, car les nouveaux venus ne seraient sans doute pas ravis de voir à quelques mètres d'eux, dans la même salle, plusieurs Uchiwas. En effet, si les cheveux rouges vif étaient extrêmement rares normalement, ils étaient le signe distinctif d'un clan bien particulier, un clan originaire d'une petite île pas très loin de la façade Ouest de l'océan : le pays des Tourbillons, abritant le village d'Uzushio peuplé entre autre par le clan Uzumaki. Fidèles alliés des Senjus, avec qui ils sont apparentés, les Uzumakis n'ont que rarement livrés de guerre avec le clan Uchiwa, et parfois avec un de ses alliés, mais chacun de ses affrontements fut d'une extrême violence. C'est souvent ce qu'il se passe lorsque deux clans d'élite se retrouvent face à face sur un champ de bataille, surtout si ces clans possèdent des atouts très particuliers et mortels : une maîtrise redoutable de violents jutsus Katon et le Sharingan pour les Uchiwas, et un répertoire de techniques de sceaux sans équivalent pour les Uzumakis. Or, un sceau ne sert pas qu'à réaliser des invocations, les applications développées par les Uzumakis étaient extraordinairement diverses, et fort bien adaptables à la guerre. Pour sa part, Sasuke n'avait jamais encore affronté de ninja appartenant à ce clan, mais il en connaissait certains de réputation, surtout Uzushio, le chef actuel du clan, si célèbre et si versé dans l'art de son clan qu'on l'avait rebaptisé du nom de son village. On racontait même que dans la coalition des Senjus, seul Kakashi Hatake, le champion d'Ishimara chef du clan Senju, ferait jeu égal avec lui en combat singulier. Bien évidemment, ni Madara ni Izuna n'avaient davantage affrontés ce clan. Sasuke grogna légèrement de mécontentement, il aurait préféré voyager discrètement, car même si leurs habits n'arboraient pas l'Eventail du clan, son visage était trop connus pour que des ninjas de premier plan ne le reconnaissent pas. Y en avait-il dans ce groupe d'Uzumakis ? Oui, il sentait une certaine aura chez au moins deux d'entre eux, ce qui voulait dire en plus que c'était le groupe de participants au Tournoi Ogame.
Madara lui était très loin de ce genre de sombre réflexion. Il observait avec grand intérêt ce groupe de ninjas, car jusqu'à présent il n'avait guère eu l'occasion de fréquenter « l'ennemi », c'est-à-dire les shinobis de l'Alliance de la Feuille Vertenom donné à la coalition commandée par le clan Senju de la Forêt. Plus d'informations prochainement. nommée ainsi en l'honneur de la forêt où s'étaient installés les Senjus. Alors il détaillait avec attention les Uzumakis et leurs cheveux rouges. Ils étaient au nombre de six, 4 hommes et 2 femmes. Les hommes étaient tous adultes sauf un, qui devait être un peu plus âgé que Madara, avec 14 ans environ. Les adultes étaient grands, musclés, et tenaient des lances de combat de diverses formes. Le jeune garçon lui ne portait pas d'armes apparentes autres que ses shurikens et ses kunais contenus par son sac attaché à la cuisse droite. Il balayait partout avec ses yeux d'un bleu ciel étonnant, mais l'air un peu méfiant. Son regard s'arrêta un moment sur Madara, le détaillant et l'inspectant, sans doute pour déterminer qui il était et s'il présentait une quelconque menace. Manifestement il n'en décela aucune car il détourna le regard sans insister au bout de quelques secondes. Les deux filles étaient du même âge que Madara, ou très peu s'en fallait, et semblaient jumelles, du moins fausses jumelles. L'une avait un visage ni laid ni beau mais transpirant d'intelligence, et mesurait quelques centimètres de plus que sa sour, qui malgré l'air de famille était elle d'une beauté stupéfiante. Son nez et sa bouche étaient délicatement dessinés, comme ciselés, tandis que sa coiffure mêlait deux chignons à une grande cascade de cheveux rouges dans le dos. Elle était vêtue comme sa sour d'une robe de kunoichi typique de l'Est. Elles ne semblaient pas armées, mais il était courant que les femmes de l'Est soient instruites dans des techniques taijutsu certes peu impressionnantes, mais d'une grande finesse d'exécution et d'une efficacité redoutable sur les organes et les articulations les plus fragiles du corps humain. Il fallait rajouter aussi pour les femmes d'Uzushio la maîtrise des sceaux et du genjutsu, car celles-ci ont généralement un meilleur contrôle inné de leur chakra, primordial dans l'utilisation du genjutsu, entre autre.
La jeune fille Uzumaki tourna son regard dans la direction des Uchiwas, et Madara accrocha son regard, la capturant et la forçant à le regarder. Il lut de l'étonnement dans les yeux de la jeune fille, quand elle s'aperçut qu'elle pouvait très difficilement se dégager, puis de la frustration qui aboutit à une franche colère au bout de quelques secondes. Peu désireux à priori de contrarier trop rapidement une telle beauté, Madara détourna les yeux, en espérant qu'elle croirait que c'était elle qui l'avait forcé à la libérer, et qu'ainsi elle se calmerait. Mais quand deux minutes plus tard il risqua un regard en biais dans sa direction, elle arborait encore un très léger pli de contrariété sur son front orné d'un petit tatouage en forme de losange, gros comme un ongle à peine.
Madara rit sous cape, en prenant bien garde de pas se faire repérer. Il se prit pour un grand expert en la matière jusqu'à ce Sasuke ouvre la bouche :
- A l'avenir abstiens-toi, lui lance-t-il avec une certaine irritation.
Madara essaye de jouer l'étonné.
- M'abstenir de quoi ?
Sasuke le regarda cette fois-ci avec fureur.
- Ne joues pas à ça avec moi, et ne me prend plus jamais pour un imbécile, prévint-il. Tu peux coucher avec n'importe laquelle des servantes d'Uchiwagakure ou d'une des cités que nous contrôlons, jouer avec pratiquement n'importe quelle cuisinière, paysanne, ou autre représentante de la gent féminine campagnarde ou même citadine, mais certainement pas avec des kunoichi de clans ennemis, surtout des clans Senjus et Uzumakis, tu m'a bien compris ?
- Oh c'est bon, je n'ai pas non plus joué, j'ai juste tâté la terre.
- J'en ai rien à foutre, le coupa Sasuke abruptement. Et pour ta gouverne, la fille que tu viens de « tâter » comme tu dis est l'une des deux filles du grand Uzushio Uzumaki, le chef actuel de leur clan. Et je te prie de croire que si ça parvient à ces oreilles, il vient en personne pour t'arracher les yeux et ce que tu as entre les jambes (Madara et Izuna firent la grimace). Comme je suis le seul qui pourrait te sauver dans un tel cas, et que je suis non seulement ton professeur mais aussi un ninja de ton clan, je serais obligé de m'interposer, du coup, il est probable que certains de ses hommes s'en mêlent, et si nous sommes tués ou blessés, ce sera au tour de ton père. Entraînant par là-même tout le clan dans la guerre. Et tout ça pour une gamine effarouchée.
- C'est un bon morceau quant mê. commença Izuna avant qu'un seul regard de Sasuke ne le coupe, et le fasse se réfugier dans la consommation de ses ramens sans un mot de plus.
Entre temps le groupe des Uzumakis s'était avancé et installé au comptoir de l'auberge, et le patron s'empressa de prendre leur commande. Ils ne regardèrent plus une seule fois les Uchiwas, bien que Sasuke était certain, d'après la raideur des trois adultes, qu'au moins eux trois savaient parfaitement qui il était, et par conséquent, avaient une assez bonne idée de qui pouvaient être les deux garçons qui l'accompagnait.
« Heureusement que nous sommes dans l'ère des Trois Géants, se dit Sasuke. Ils n'oseront rien tenter tant que moi je serais là, et Hatake ou Uzushio non. »
Il soupira, et décida de se détendre. Il se cala plus confortablement sur sa chaise, croisa les jambes sous la table, et les bras derrière sa tête, ses doigts emmêlés.
Jusqu'à la fin du repas des Uzumakis il n'y eût aucun problème.
Mais ce fut au moment de commander les chambres que les nuages noircirent et s'amoncelèrent. Un des trois Uzumakis, un homme d'une trentaine d'années aux muscles proéminents, appela d'un signe du bras l'aubergiste, et lui dit quelque chose qui le fit pâlir en quelques secondes. Sa réponse sembla décontenancé l'Uzumaki, qui serra les poings et troubla encore davantage le malheureux homme par sa réponse. L'Uzumaki se rassit, et l'aubergiste se dirigea, les jambes légèrement tremblotantes, vers le trio Uchiwa.
Sasuke, qui n'avait jamais vraiment cessé de surveiller les ninjas aux cheveux rouges, avait flairé que les choses n'iraient pas toutes seules dès que l'aubergiste s'était troublé. Comme à de nombreuses reprises ce soir-là décidément, il soupira.
L'aubergiste s'adressa à lui en transpirant presque de peur et d'inquiétude.
- Je suis dé. désolé, cher. client, mais ce monsieur que vous voyez là-bas vient de me commander deux chambres. Je lui ai bien dit qu'il n'y en avait qu'une de disponible, mais quand il a sut que l'une des deux était pour vous, bien que vous n'ayez pas encore payé, il a exigé d'avoir les deux.
- Je vois, commenta placidement Sasuke.
- Que.
- Ne vous inquiétez pas, le coupa Sasuke d'une voix rassurante. Je ne vais pas le tuer, du moins s'il insiste pas trop, et je ferais en sorte que ça soit dehors. Votre établissement n'en pâtira pas.
L'aubergiste ne put même pas répondre, car il ne sut même pas quoi dire. Remercier ? Ou pas ? Les mots et les émotions se confondaient dans sa tête, et l'empêchaient de se montrer plus loquace.
- Pfff, et moi je dois pas draguer ? ricana Madara.
- Pfff, le singea Sasuke. Moi c'est un cas de force majeure, et peut-être que ça va se régler à l'amiable.
- Tu parles, il va insister, tu vas te fâcher, il va criser, t'expédier par terre avec un bon coup de boule et tu vas le fumer en une fraction de seconde. Je connais le scénario par cour.
- ... mouai je me fais pas d'illusions non plus.
Sasuke se dirigea d'un pas aussi agacé que blasé vers le groupe ennemi. Les trois Uzumakis se retournèrent et se levèrent en même temps dès qu'ils le virent marcher dans leur direction.
Ils le toisèrent avec toute l'autorité et la force qu'ils pouvaient mettre dans leurs regards. Sasuke lui se contenta d'un regard désabusé et quelque peu endormi.
- Nous pourrions peut-être zappé la phase des politesses et trancher directement dans le vif, proposa Sasuke.
- Tu veux déjà mourir ? lui demanda le plus grand des trois, celui qui avait interpellé l'aubergiste.
- Je ne voyais pas les choses sous cet angle, et pour être franc je ne pensais pas tirer tout de suite mon sabre. Si j'avais voulu commencer par là, vous seriez déjà au paradis des Uzumakis.
Le plus grand et le deuxième plus grand firent un pas en avant, rouges de colère. Mais le plus petit les retint par la manche. Les deux filles et le jeune garçon eux ne bougèrent pas d'un poil et se contentèrent de regarder avec une légère inquiétude les évènements.
- Nous savons tous les deux ce qui pourrait résulter d'un affrontement trop violent entre nous, dit le plus petit en s'adressant directement à Sasuke. Pardonnez l'impulsivité de mes compagnons, et trouvons une solution plus élégante pour l'instant.
- Très bien, c'est aussi ce que je pensais. Mais qu'une chose soit bien claire : si je les épargne aujourd'hui à cause de l'actualité récente, je reviendrais tôt ou tard prendre la tête de ces deux idiots.
- Lorsque l'heure sera venue, cette dispute sera réglée dans le sang et à la loyale, approuva l'Uzumaki. Mais pour l'heure, la solution est fort simple : nos filles prendront une chambre, et nous dormiront tous ici, en bas. Cela vous convient-il, Uchiwa ?
- J'ai appris à dormir n'importe où et quand depuis mon enfance, alors je m'en fiche, répondit Sasuke en se détournant de son interlocuteur.
Il s'éloigna et rejoignit Madara et Izuna.
La nuit promettais d'être mémorable.
Finalement elle ne le fut en rien, ou plutôt, la seule chose mémorable fut le fait que les Uzumakis s'endorment tous comme des pierres, comme si les Uchiwas ne présentaient strictement aucun danger pour eux. Sasuke se tourna vers un mur avec un sourire amusé, et ferma les yeux à son tour, mais Madara resta éveillé longtemps, pesant et repesant les évènements et les informations de la journée.
Il se demanda longuement s'il serait capable de tuer la jolie Uzumaki s'il en recevait l'ordre ou qu'ils se retrouvaient face à face sur un champ de bataille. Il fut incapable de se décider, jusqu'à ce que le coin de sa conscience qui appartenait aux Uchiwas n'interviennent violemment, bataillant pour emporter la décision finale de n'épargner aucuns ennemis du clan, quelque soit son identité. Mais le coin conscience Madara luttait également pour l'inciter à se fier à ses propres envies également, et à ne pas se priver trop vite des bonnes choses que le destin pouvait placer sur sa route.
« En somme, les choses sont fort simples, conclut Madara, j'ai deux choix, soit je décide de me vouer corps et âme à mon père et mon clan, soit je décide de creuser entièrement mon propre chemin, en compagnie de Mito ceci dit. Quoique, les choses seraient encore plus simple s'il existait une Mito Uchiwa en définitive. ».
Le lendemain, Madara s'éveilla très tôt, sûrement 2 ou 3h à peine après s'être endormi au terme de réflexions aussi tortueuses que bourdonnantes dans son crâne. Il s'étira sommairement, gêné un peu par les draps, et bailla longuement. A travers les larmes qui formaient un filtre translucide brouillant sa vue, il aperçut furtivement Sasuke qui semblait venir de l'étage, ce qui lui sembla étrange, car il n'y avait que des chambres à coucher en haut. Madara n'eut pas le loisir d'y réfléchir cependant, car son senpaï lui fit signe de se dépêcher de se préparer pour partir.
Sur la route, Madara attendit presque une heure avant de se risquer à questionner son aîné. Sasuke n'arborait pas un air sombre ou préoccupé, et Madara s'en sentait plutôt encouragé à poser la question qui lui brûlait les lèvres.
- Sasuke-senpaï, est-ce que je peux vous demander quelque chose ?
Sasuke le regarda d'un regard oblique, avec des yeux qui trahissait un profond débat intérieur.
- Je suis sûr de savoir de quoi tu veux me parler, répondit-il finalement.
- Ah ?
- Oui, tu veux sans doute savoir où j'ai été cette nuit.
Madara tendit l'oreille, le cour battant. Il ne suspectait pas autant de mystères au départ. Izuna lui fut encore moins discret, et se rapprocha carrément en dévisageant presque avec avidité leur aîné.
- Normalement je ne devrais pas en parler à des ninjas aussi jeunes que vous, mais bon, vous êtes à la fois les fils du chef de clan et ses héritiers, et je vous connais maintenant parfaitement. alors voyons, par où commencer ?
- Peut-être juste avant l'aube ? suggéra Madara.
- Non, je vais débuter par le début, c'est à la fois plus logique et presque indispensable pour la bonne compréhension des évènements. Je n'ai pas vraiment dormis cette nuit, je me suis juste reposé les yeux pendant une petite heure, le temps que tout le monde soit endormis ou comme Madara, trop vaseux pour remarquer quoi que ce soit. Puis j'ai rejoins dehors Ashirazi, le petit Uzumaki que vous avez vu hier.
Cette nouvelle estomaqua les deux frères Uchiwas, et Madara ouvrait la bouche pour s'exclamer quand Sasuke l'arrêta d'un geste pour l'enjoindre à ne pas l'interrompre.
- Notre conversation doit rester extrêmement secrète, vous ne devez même pas en discuter entre vous tant que vous n'êtes pas en ma présence ou celle de votre père, et ne pas y faire la moindre allusion, peu importe l'endroit, c'est clair ?
Les deux frères jurèrent, et attendirent silencieusement et avec une forte impatience la suite des révélations de Sasuke.
- Il se trouve simplement que nous sommes dans une ère du clan Uchiwa, expliqua Sasuke. L'histoire s'est jusqu'à aujourd'hui pratiquement toujours divisée en période de domination Senju ou Uchiwa qui se succèdent. Le clan Senju de la Forêt est vu comme le plus puissant de l'histoire, mais c'est inexact. Il est plus précis de dire qu'ils ont le plus d'années au final de domination à leur actif, en grande partie grâce à l'Ère de la Forêt, une période que l'on a surnommée ainsi à cause de la domination Senju. En général, chaque clan prend l'ascendant sur l'autre au bout d'une petite vingtaine d'années, mais cette fois là, et pour une unique fois dans l'histoire, un seul clan domina le monde pendant presque deux siècles.
Madara sursauta. Les Senjus étaient donc si puissants !?
- Je peux comprendre ton trouble, rit Sasuke, mais l'Ère de la Forêt a prit fin il y a 652 ans exactement, à l'issue de la bataille des Pruniers Argentés, la pire défaite que le clan Senju ait jamais essuyé. Notre clan domina pendant une cinquantaine d'années. Mais j'arrête ici, je n'ai ni le temps ni l'envie de vous raconter dans le détail l'histoire politique de nos deux clans et de notre monde.
Izuna parut presque déçu, mais Sasuke n'en tient pas plus compte que Madara.
- Nous sommes donc dans une ère où notre clan domine clairement, ce qui veut dire que nous devons essayer d'écraser les Senjus une bonne fois pour toute.
- C'est possible ? demanda Izuna.
- Oui, mais ça demande beaucoup, beaucoup de prudence et de doigté. Bien que la majorité des clans de ninjas de ce monde soient regroupés sous notre bannière ou celle des Senjus, il en reste une quantité suffisante pour inverser la vapeur dans un sens ou un autre. C'est d'ailleurs le premier paramètre de changement de domination dans le passé, des clans qui trahissent en passant à l'ennemi, ou simplement décident de se ranger aux côtés des neutres, ou encore des neutres qui décident de rejoindre un camp. Ce qui est intéressant, c'est qu'actuellement notre alliance est non seulement très solide, mais en plus nous n'avons pas vraiment besoin d'eux pour survivre, nous pouvons pratiquement vaincre à nous seuls le bloc Senju.
- Qu'attend Père alors ? demanda Izuna.
- Parce que les clans neutres risqueraient de s'en mêler, non ? tenta Madara.
- Exact, confirma Sasuke. Bien des clans dans ce monde tiennent à l'heure actuelle à leur neutralité, car elle leur apporte une grande liberté d'action et de mouvement.
- Pourquoi ? Comment ?
- Tout simplement parce que la présence de deux blocs les forcent à mettre en place des zones tampons, des sortes de no man's land pour éviter les guerres incessantes, et du coup, ce sont des régions où ces clans neutres, du moins la grande majorité d'entre eux, peuvent bâtir leurs propres alliances, leurs commerces. Ce sont leurs jardins secrets. Et pour ces mêmes raisons, nous sommes persuadé qu'une entrée en guerre brutale du clan Uchiwa provoquerait un élan de soutien massif envers le clan Senju, pour qu'il survive et que la situation n'évolue pas vers un monde unipolaire.
- Et s'ils nous rejoignaient ?
- Non, ce n'est pas comme ça que la situation peut évoluer. Les clans neutres vont essayer de sauver le clan Senju, pour qu'il puisse se reconstruire, et continuer de s'opposer à nous. Sauvegardant par là même les zones tampons, car un seul puissant pouvoir mondial rend très, très difficile, presque impossible, le maintien de telles zones.
- Quel est le lien avec Ashirazi ? s'étonna Madara.
- Il existe au sein du village d'Uzushio certains ninjas qui craignent le futur proche, à cause de la faiblesse du clan Senju, incapable de garantir leur protection. Sans leur alliance, les Senjus n'existeraient plus depuis une dizaine d'années au moins et ils le savent. Ashirazi est un de leurs leaders, un des shinobis qui souhaitent désormais traiter plutôt avec nous qu'avec les Senjus. Après tout, les relations entre Uzushio et l'Alliance de la Feuille Verte n'ont pas toujours étaient radieuses, car trop souvent la Feuille a voulu contrôler directement et totalement le village des Remous, ce qui évidemment n'a pas plut à tout le monde.
- Alors tu essayes de créer un réseau d'espions au cour même de l'ennemi ?
- Oui, mais c'est extrêmement délicat, comme tout ce qui touche à l'espionnage. Les soupçons ne doivent pas être éveillés, car alors nous pourrions perdre des éléments précieux. Ashirazi est un de ceux là, voila pourquoi je n'ai tué personne hier soir, j'aurais soit privé notre réseau d'un élément très efficace, soit grillé sa couverture.
- Mais Ashirazi n'était pas en haut cette nuit, observa Madara.
- Bien vu. J'étais à ce moment-là avec ta promise.
Madara sursauta.
- Hein, quoi !?
Sasuke rit en voyant le trouble de son cadet.
- Je parle de Mito bien sur ! C'est vrai qu'elle est délicieuse. Mais je n'étais pas en haut pour lui faire la cour, je voulais vraiment voir si elle pouvait être recruter comme Ashirazi me l'assurait.
- Mito, une espionne ?
- Eh, tu crois qu'elle n'est qu'une kunoichi d'opérette ? Elle vient d'un clan hautement qualifié dans un domaine de ninjutsu puissant et reconnu, et elle a un vrai talent.
- Cool, ça veut dire que je pourrais l'accrocher à mon tableau de chasse.
- Pfff, t'as encore même pas connu la moindre fille, et tu parles de tableau de chasse ? se moqua Sasuke.
Madara vira comme la veille au cramoisi, et s'apprêta comme la veille aussi à répliquer, quand Izuna le coupa encore dans son élan d'un solide coup de coude dans les côtes.
- Mais oui, tu pourras essayer de t'instruire avec elle quand nous aurons réussi notre coup, d'abord en faire une alliée, et ensuite remporter la victoire finale et totale.
- Et merde, Madara va me battre sur ce terrain, se lamenta Izuna.
- De quoi tu parles ? s'étonna Sasuke.
- J'ai aucune chance de trouver une fille équivalente moi.
- Quand on voit ton physique et ton talent, c'est clair, renchérit Madara, perfide.
- Oula, ça chambre sec là, commenta Sasuke, qui cette fois semblait s'amuser de la fureur des deux frères.
- Nannimot japonais exprimant l'étonnement, l'incompréhension. Equivalent français : Quoi ? Qu'est-ce que ? !? Et tu l'a vu ta tête ? En plus, rien ne dit qu'elle succombera à ton charme !
- Bah si bien sur qu'elle va succomber, puisque comme tu le reconnais toi-même, j'ai du charme, conclut Madara sur un ton d'évidence, comme s'il s'adressait à un idiot.
Izuna s'apprêtait à sauter sur son frère, quand Sasuke s'exclama :
- Eh les deux frères ennemis, regardez on est arrivés !
Madara et Izuna se détournèrent, et aperçurent au loin, au bout de la route, une ville assez éloignée encore. Nuzuki semblait être une grande cité, au moins 20 000 habitants au minimum, là où Uchiwagakure, pourtant considéré comme un des plus vaste espace urbain au monde, comptait à peine 6 000 âmes. Le pays du Fer cultivait depuis toujours ou presque une extrême neutralité, et une grande indépendance grâce à sa propre armée, composée presque exclusivement de samouraïs, soutenu par quelques poignées de ninjas indépendants et autres guerriers « bâtards » mêlant arts martiaux divers et ninjutsu. La cité était également un port de commerce puissant et prospère, grâce à ses bonnes relations avec la plupart des îles de l'océan, surtout avec l'archipel constituant le pays de l'Eau. Des dizaines de bateaux étaient amarrés à quai, attendant d'être chargés ou déchargés par les cohortes de marins et de dockers.
La ville s'étendait sur trois niveaux. Le premier était formé du port et des bâtiments de stockage des denrées ainsi que par les marchés aux poissons et produits de la mer. Le second regroupait la majorité des habitations et des commerces, tandis que le troisième niveau lui abritait la demeure du gouverneur de la ville, protégée par les casernes où les forces de défense de la cité s'entraînaient et résidaient.
La ville était le chef lieu d'un puissant clan, le troisième en terme de poids militaire au monde, les Inigari. Mais ce clan se tenait en marge de la plupart des affrontements entre ninjas, et surtout du duel ancestral entre Senju et Uchiwa.
La grande tortue du Tournoi Ogame étant une espèce marine, les Inigari s'étaient installés dans un port, et en avaient fait leur capitale. La tortue était caché dans une crique proche de la ville, facile à défendre contre les envahisseurs. Bien que peu de clans aient osés s'en prendre à eux, car les Uchiwas et Senjus eux-mêmes avaient souvent défendu ce clan précieux pour l'équilibre du monde. Ils ont presque toujours eu besoin d'un arbitre puissant et impartial pour la gestion du Tournoi Ogame.
Madara s'emplit les narines de l'air marin, frai et salé, qui était une expérience totalement nouvelle pour lui. Il n'avait jamais eu l'occasion d'aller vivre en bord de mer, il n'avait connut qu'Uchiwagakure et quelques autres villages cachés dans les montagnes au pays de la Terre, mais jamais un milieu marin. Il contemplait avec un réel intérêt l'agitation de l'océan, le roulement des vagues, le ballet des mouettes et les rochers semblant être grignoté par l'appétit aquatique. Les embruns le réjouissait, et lui semblaient de bon augure pour la suite, du moment que le Tournoi se déroulait dans cet environnement. Il dût se forcer à s'arracher au spectacle de l'océan pour rejoindre son petit frère et son professeur, qui attendaient qu'il finisse de se gaver visuellement pour aller se présenter à la demeure des Inigari.
Sasuke comprenait la fascination de Madara. Lui-même à l'époque avait passé presque une demi-journée hypnotisé par les vagues semblant danser entre ciel et terre. C'était la première fois également qu'il voyait une chose telle que l'océan, et cela n'avait rien à voir avec les jutsus Suiton, même ceux des plus puissants des maîtres en la matière. La mer possédait une majesté que jamais l'Homme, même les ninjas, ne pourrait égaler. On se sentait bien petit, futile et inutile face à une telle merveille. Tout comme Madara, il avait eu la chance de voir ce que la mer avait de plus extraordinaire comme paysage la toute première fois qu'il avait posé les yeux sur une étendue liquide océanique. Un souvenir qui resterait gravé dans sa mémoire pour le reste de sa vie.
Quelque part dans son dos, une silhouette l'interpella bruyamment. Sasuke tourna la tête en direction de l'inconnu.
Kirishikey