De 1500 à 1789

Après la perte de sa souveraineté, Marseille accouche de deux partis qui s'opposent violemment. Cette agitation cesse dès lors que le roi Louis XII, pour les besoins des guerres d'Italie, fait construire dans la ville une fonderie de canons. Les armateurs marseillais arment des navires, et rapidement de riches prises parviennent au port. En 1511, une flotte provençale attaque la flotte anglaise aux environs de Brest, la défait, et tue l'amiral Howard.
Le 22 janvier 1516, François Ier est reçu avec fastes par la ville. C'est sans doute à ce moment là qu'il décide de construire les forts de Notre Dame de la Garde et du château d'If. Ces deux constructions allaient être réalisées en 1524. Cette année là les troupes de Charles Quint lancent un assaut contre la ville, sans succés.
En 1536 la guerre recommence, et Charles Quint marche à nouveau sur Marseille après s'être fait couronné roi d'Arles à Aix en provence. Il est reçu par l'artillerie et, menaçant d'être coupé de l'Italie par une armée Française, il lève le camp.
En 1543, la ville reçoit grandiosement l'amiral Barberousse, l'allié Turc de François Ier. A la suite de cette réception, les galères Turques et Marseillaises vont attaquer et prendre Nice. Les guerres de religion voient Marseille rester catholique. Aucun réformé n'est admis dans ses murs. A la mort du duc d'Anjou, Henri de Navarre, le protestant, devient l'héritier du trône.
Marseille entre alors dans la Ligue et en devient une place forte.
Lorsqu'à la mort de Henri III, Henri de Navarre est effectivement appelé à régner, Marseille se refuse à reconnaître le "roi hérétique" et se met aux ordres du frère du duc de Guise le chef de la Ligue.
C'est à ce moment qu'entre en scène
Charles de Casaulx.

 

Ligueur patenté, il ravitaille la ville, crée une cour de Justice pour éviter aux marseillais d'être jugés à Aix et instaure à Marseille une véritable dictature. En 1593 le roi abjure la foi protestante mais Casaulx s'obstine. Marseille reste le dernier bastion de la Ligue. Casaulx refuse de recevoir les émissaires du roi et propose au roi d'Espagne de lui livrer Marseille.
Le 17 février 1596 il est assassiné par un de ses lieutenants Pierre de Libertat.
Pierre de Libertat (statue du parc Borely)

 

Le même jour, les troupes du duc de Guise entrent à Marseille. Les Espagnols en sont pour leurs frais qui arrivent quelques jours plus tard dans la rade, pour prendre pied dans le port...
Henri IV envoie alors à Marseille un homme de confiance : Guillaume du Vair.
Ce personnage, un évêque humaniste magistrat et homme politique créa la Chambre de Commerce de Marseille. C'était le 5 avril 1599.
Au début du XVIIème siècle, le maître de Marseille se nomme Cosme de Valbelle. Il arme à ses frais dix vaisseaux pendant la guerre de Trente Ans et les met au sevice du roi. Il meurt au commandement de sa flotte le 1er septembre 1638.
C'est son cousin Antoine de Valbelle qui lui succède avec l'appui de Richelieu. A la mort de ce dernier, le gouverneur de Provence, le comte d'Alais essaie de chasser Valbelle. Celui ci ne se laisse pas faire, déclenche des émeutes et la ville, une fois encore, entre en rébellion.
Le gouverneur de Provence décide alors d'attaquer Marseille. Mal lui en prend, la ville lui ferme les portes, ses partisans sont emprisonnés. Le comte d'Alais est finalement rappelé à Paris en 1650.
Valbelle meurt en 1655. Le nouveau gouverneur de provence fait nommer de nouveaux consuls à Marseille. Ces derniers forcent les armateurs Marseillais à armer une galère à leur frais pour le fils du gouverneur...
L'orage éclate à nouveau! Un cousin des Valbelle, Gaspard de Glandevès-Niozelles prend la tête de la rébellion. Il attaque l'hôtel de ville. Les troupes du gouverneur le lui reprenne, la population se soulève, les barricades fleurissent. Le gouverneur Mercoeur lève alors une véritable armée et la dirige sur Marseille. Dans le même temps, le commandant des galères de Toulon reçoit l'ordre de bloquer le port.
Les belligérants concluent une trêve. Louis XIV ordonne de renvoyer les élections mais Niozelles passant outre, fait procéder à celles-ci le 28 octobre 1658 et installe ses partisans à l'hôtel de Ville...Le roi annule les élections et convoque Niozelles et ses partisans le 6 janvier 1659. Quelques jours plus tard, un attentat a lieu contre le président d'Oppède à Aix. Niozelles reçoit les coupables et leur offre l'hospitalité. Le roi le convoque à nouveau mais, crime de lèse majesté, son message est déchiré. Le 28 octobre 1659, de nouvelles élections nomment comme consuls les amis de Niozelles.
C'en est trop pour le roi qui fait mettre Niozelles en état d'arrestation. Mais les consuls, acquis à Niozelles, refusent de transmettre l'ordre, aucun huissier n'accepte de lui signifier l'arrêt.
Louis XIV bloque marseille et décide de châtier la ville rebelle. Le 21 janvier 1660, il désarme les Marseillais par ordonnance royale et fait construire le fort St Nicolas pour surveiller la ville.



Le 2 mars le roi arrive en personne à Marseille. Dédaignant les portes de la ville, il fait son entrée symboliquement par une brèche ouverte dans le rempart...
Le système d'élection, particulier à Marseille, était supprimé le 5 mars. Marseille comme plusieurs siècles auparavant était vaincue et soumise. Le 8 mars, Louis XIV quitte les lieux en laissant derrière lui une garnison de 3500 soldats.
Quelques années après, c'est le fort St Jean qui est édifié. Les deux forts qui semblent garder la ville avaient également des canons braqués sur elle.


La ville devait pourtant, une fois encore, profiter de ce revers.
Le roi décide de faire de Marseille une cité moderne. En 1669 Colbert accorde à la ville le monopole du commerce avec le Levant et soutient l'industrie locale. Parallèlement, un plan d'agrandissement de la ville est mis en place de façon rigoureuse et méthodique. La ville allait prendre une toute autre dimension...
Louis XIV
Mais le sort allait encore frapper. En 1720, la peste s'abat sur la ville. Les derniers cas sont signalés en avril 1722 mais la ville comptait déjà 38000 victimes. Plus de la moitié de la population avait disparu dans cette tragédie.
La période qui suit est une période faste. Vite sur pied, forte de sa restructuration, la ville entame une période favorable, sa prospérité est retrouvée. Savonneries, bonneteries, verreries, raffineries de sucre, faïences, l'élan est général. En 1783, le traité de Versailles fouette le commerce Marseillais de plus belle. Mais nous sommes à la veille de la Révolution. Fidèle à elle même, la ville se prépare à entrer dans d'autres tourmentes.