De 1789 au Second Empire

Mirabeau

La révolution française commence à agiter Marseille en la personne de Mirabeau. Le 16 mars, Mirabeau arrive dans la ville qui lui réserve un accueil triomphal. Il harangue les foules et, à la veille des Etats Généraux, l'opinion populaire est toute acquise à la cause. Un dénommé Etienne Chompré, instituteur de son état, attise les braises en provoquant le pillage de la demeure du directeur des fermes communales. Cette flambée de violence provoque la fuite du maire, le marquis de Gaillard. La ville se dote alors d'un conseil des trois ordres et d'une milice citoyenne. Une commission est créée, chargée d'enquêter sur les abus de l'administration.

Des troupes emmenées par le lieutenant général en provence, le comte de Caraman, se présentent aux portes de la ville. En vertu d'une vieille prérogative, le comte est contraint d'entrer seul en ville. Il ramène avec lui le marquis de Gaillard. L'ancien conseil municipal est rétabli, la milice citoyenne remplaçée par les "habits bleus", une garde bourgeoise.Le 18 juillet, la nouvelle arrive à Marseille. La Bastille est prise, Necker est renvoyé.Alors l'émeute se propage dans la ville. On assiste à des scènes de pillage et on relève les morts.

Necker

Cette effervescence est cultivée de loin par Mirabeau, et sur place Etienne Chompré se charge d'attiser les braises. Des personnages comme Mouraille et Barbaroux commencent à entrer sous le feu des projecteurs de la révolution. Ils allaient devenir le parti des patriotes.
On rétablit alors le conseil des trois ordres. La garde est licenciée. Un conseil municipal provisoire déclare, que la ville renonce à toutes ses prérogatives si chèrement défendues tout au long des siècles précédents. Au début de 1790, les élections municipales sont organisées à Marseille portant au pouvoir Etienne Martin candidat des "amis de la révolution".
Le 11 avril, à la rue Thubaneau, dans le Jeu de Paume, se crée "La Société patriotique de Amis de la Constitution" qui devait plus tard devenir le club des Jacobins. C'est au cours d'un banquet organisé par ce Club que la "Marseillaise" allait être interprétée pour la première fois à Marseille.(au n°11 de la rue et non pas au n°25 comme l'indique la plaque commémorative!) Au cours de ce même mois, les forts de Notre Dame, St Jean et St Nicolas sont attaqués et pris par les gardes nationaux.
Le 22 décembre 1789, les départements se mettent en place. Marseille aurait souhaité être un département à part entière, au lieu de cela elle devra se contenter de n'être qu'un chef lieu de district...le chef lieu se trouvant à Aix.
Après la mort de Mirabeau en avril et l'arrestation du roi à Varennes en juin 1791, des élections envoient à l'assemblée législative des députés issus du fameux club de la rue Thubaneau. Mouraille également membre de ce club est installé à la mairie, remplaçant Etienne Martin jugé trop modéré. En février 1792, le régiment royal d'Aix en Provence est désarmé par la garde nationale de Marseille. La confusion règne sur la ville, des gens sont pendus, les meurtres de rue sont fréquents et les coupables jouissent de la plus parfaite impunité.
Le 2 juillet, un bataillon de cinq cents volontaires se met en marche pour la capitale. A pied, tirant avec eux deux canons, des chariots et un caisson d'artillerie, le bataillon arrive à Paris le 29 juillet. Il participe le 10 août à la prise des Tuileries et reviendra à Marseille le 20 octobre.
L'abolition de la royauté déchaine les enthousiasmes et le club de la rue Thubaneau réclame la mort du roi. Quand Louis XVI est décapité le 21 janvier 1793, un bataillon de Marseillais participe à l'encadrement de l'échafaud.
La famine couve, le commerce est au point mort, les Anglais croisent en Méditerranée et les luttes de pouvoir reprennent de plus belle. Marseille choisit le camp des Girondins. Elle entre en révolte contre la Convention. Son bataillon de fédérés est battu par l'armée de la Convention à Cadenet. Sentant leur cause perdue, les Marseillais favorisent le débarquement des Anglais à Toulon. La Convention décide alors de faire plier Marseille. Elle envoie des troupes commandées par Carteaux. Ce dernier entre dans la ville le 25 août 1793. Un tribunal révolutionnaire est aménagé au Palais de Justice alors situé devant l'église des Accoules. On y retrouve l'instituteur Chompré comme greffier...
Une guillotine est installée sur le plan St Michel. Le représentant de la Convention se nomme Albitte mais, jugeant qu'il ne frappait pas assez la bourgeoisie du commerce Marseillais, Danton le remplace par Barras et Fréron.
Danton Barras Robespierre
Avec eux, de sinistre mémoire, s'instaure la véritable Terreur. Une procédure simplifiée permet d'exécuter un individu sans acte d'accusation. Pour aller plus vite, la guillotine est rapprochée au bas de la Canebière, et tous les grands négociants finissent sur l'échafaud. Dans une fureur d'anéantissement, la convention démolit les bâtiments qui ont un jour ou l'autre abrité des sections Girondines, et comme si cela ne suffisait pas encore, les représentants de la Convention décident que Marseille s'appellerait désormais la "Ville sans nom". Cette répression devenant tellement grotesque et extravagante, Paris envoya à Marseille un autre de ses députés, Maignet. Mais ce dernier, loin de calmer ses compères, les surpassa en férocité.
Le 9 Thermidor de l'An II (27 juillet 1794) Robespierre tombe. La contre révolution qui s'ensuit n' a rien à envier à la précédente. Des bandes prenant le nom de "Compagnons du Soleil" se forment et exercent à leur tour des représailles sanglantes. Sous le Directoire, Marseille voit revenir Fréron. Celui-ci tourne sa veste, devient Thermidorien et envisage même un instant de pouvoir épouser Pauline Bonaparte...Y'en a vraiment qui n'ont peur de rien! ;o)
Le coup d'état du Directoire en 1797 provoque une nouvelle vague de Terreur.

Bonaparte

Bonaparte par son coup d'état du 18 brumaire de l'An VIII (9 octobre 1799) met fin à la révolution. Ces dix années ont mis le pays, et Marseille avec lui, à genou.
Cela continue sous l'Empire. Le port bloqué par les Anglais ne connait plus d'activité. La guerre ruine la ville et la plonge dans un désastre sans précédent. Marseille, ayant toutes les raisons de haïr l'Empire, accueille avec enthousiasme l'avènement de Louis XVIII en 1814. Un bataillon essaie même de couper la route à Napoléon dans les Alpes, sans succés. Mais l'aventure Napoléon se termine bientôt à Waterloo.

Une période de Terreur blanche s'ouvre alors mais elle apparait comme relativement modérée en rapport de ce qui pouvait se passer ailleurs.
Le 16 septembre 1814, une loi est votée en faveur de la ville qui retrouve son statut de ville franche accordé un siècle et demi plus tôt par Colbert.
Le destin maritime de la ville pouvait continuer de s'accomplir. Vingt quatre années de révolution et de guerres ont réduit à néant le trafic maritime. Pourtant une fois encore, la ville va reprendre le dessus. Obligée de développer une industrie locale pour faire face au blocus continental pendant la guerre, la ville va en tirer de formidables bénéfices.
C'est sous la Restauration que Charles X fait à la ville un cadeau splendide en décidant qu'elle serait désormais le débouché de l'Afrique du Nord. Un nouvel âge d'or pouvait commencer.
Le passage à la Monarchie de Juillet ne laissera pas trop de traces. La ville renoue avec la prospérité grâce à son port qui connait une activité exceptionnelle.
Le règne de Louis Philippe donne à Marseille des administrateurs remarquables. En 1837 la ville généralise l'éclairage au gaz, l'année d'après c'est le canal de la Durance que l'on commence à percer. Le port s'agrandit en 1844, la gare et le chemin de fer sont construits. La révolution de 1848 prend tout le monde par surprise. Des soulèvements ont lieu, des barricades apparaissent sous l'impulsion des républicains mais le scrutin qui devait porter Louis Napoléon au pouvoir fut particulièrement boudé par les Marseillais qui ne lui apportèrent que 17015 voix...
Le Second Empire a donné à la ville la physionomie que nous lui connaissons aujourd'hui. C'est une époque de travaux gigantesques et de prospérité retrouvée. La Préfecture, la Bourse, le Palais Longchamp, la Cathédrale, la rue de la République, Notre Dame de la Garde, le Palais du Pharo, la Bibliothèque, tout ces bâtiments sont construits durant cette période. Dans le même temps, le chemin de fer draine à Marseille des richesses venant de l'intérieur du territoire. Ces richesses trouvent des débouchés dans la colonisation de l'Algérie. C'est également l'époque du canal de Suez, de la marine à vapeur qui augmentent encore le potentiel commercial de la ville.
Le Second Empire est une période faste pour Marseille, mais ce n'est pas pour autant que la ville apprécie le régime...