Dieu ? Non

A propos de l’offensive mondiale contre l’athéisme et le matérialisme

 

 

 

Il s’agit, bien sûr, principalement, de George W. Bush et de son complice objectif Ousamma Ben Laden, car ce sont les plus dangereux, les plus bruyants et les plus puissants animateurs de cette ligue internationale des cléricaux qui a entrepris de « libérer le monde de l’athéisme et du matérialisme ». Mais il s’agit aussi de ces nouveaux fascistes qui ont érigé le crétinisme et l’ignorance en règle de vie et tentent de l’imposer par la répétition et la force.

 

On les voit beaucoup en ce moment, à la télévision dans les reportages sur l’Amérique profonde, et dans les rues d’Europe et d’ailleurs, distribuant des prospectus qui invitent à des séances de gospel et de prédication, tentant de contrebalancer l’influence des islamistes entrés dans les structures de soutien scolaire et social.

 

Les uns et les autres dénoncent le matérialisme, sans savoir de quoi ils parlent. Il s’agit pour eux du luxe, des plaisirs de consommation, et du sexe. Ils roulent en grosses voitures, se gavent de bière et de pizzas et ignorent tout de l’amour. Ils n’ont jamais lu une ligne d’Epicure. Celui-ci revendiquait non pas le droit de ne pas croire dans les dieux, mais le devoir de les laisser tranquilles entre eux.

 

Oui, qu’ils nous fichent la paix avec Dieu ! « Dieu ? », a écrit Albert Jacquard. J’ai, bien sûr de la sympathie et du respect pour le doute humien exprimé par ce point d’interrogation, et je le partage en grande partie. Il y a évidemment plusieurs sens que l’on peut attribuer au mot « Dieu », surtout au singulier. Il peut s’agir d’un principe d’unité de l’univers, d’une image représentant l’ensemble des consciences morales des hommes, d’une cause permanente et organisatrice de tout ce qui se produit ici-bas, d’une volonté bonne qui veille sur nous et notre avenir, d’un Père universel qui nous indique où est notre devoir, d’une assurance de bonheur futur et de réconfort pour l’après de cette vallée de larmes, etc. A chacune de ces significations, évidemment, des réponses différentes aux doutes humiens.

 

Les meilleurs des « hommes du Livre » nous ont légué les idées d’une égale dignité des hommes et de l’universalité de la loi ainsi que de sa prévalence sur le caprice. Ils ont jeté les bases de l’individualisme qui fait de l’homme un animal politique et non pas simplement grégaire. Grand merci pour cela, que leurs émules d’aujourd’hui nous reprochent et combattent avec haine. C’est maintenant le pire du Livre qui est exhumé par les artisans du réveil et du retour aux sources : le peuple élu, le chef chargé de sauver le monde en le purifiant par le feu et le sang, l’expiation des fautes par les châtiments policiers, la négation de l’histoire et des connaissances, la   force glorifiée, la réflexion bannie. Leur Dieu-Allah demande l’obéissance. Il proclame, comme Mussolini jadis, que tous ceux qui ne sont pas avec lui sont contre lui.

 

« Croire et obéir d’abord, comprendre ensuite », voila ce qu’Il réclame. Voila pourquoi je Lui réponds « Non ».

 

 

Octobre 2004

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