Qu'est-ce qu'un phanéron (ou phénomène) ?

Phanéron est synonyme de phénomène : c'est ce qui est présent à un esprit, ici et maintenant, qu'il s'agisse de quelque chose de réel ou non.

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Phanéron est synonyme de phénomène : c'est ce qui est présent à un esprit, ici et maintenant, qu'il s'agisse de quelque chose de réel ou non.

On peut identifier sans réserve les termes phanéron et phénomène ce dernier étant pris dans son sens le plus ordinaire de contenu d'une conscience quelconque. Par exemple dans le manuscrit 908, Peirce écrit :

"Je propose d'utiliser le mot Phanéron comme un nom propre pour dénoter le contenu total d'une conscience (...) la somme de tout ce que nous avons à l'esprit, de quelque manière que ce soit, sans regarder sa valeur cognitive. Ceci est assez vague : mais c'est volontaire, je soulignerai seulement que je ne limite pas la référence à un état de conscience instantané ; car la clause 'de quelque manière que ce soit' comprend la mémoire et toute cognition habituelle."

Dans ce même manuscrit Peirce donne l'exemple suivant assorti de commentaires qui préfigurent ce que sera l'analyse du phanéron :

"Ainsi, une vache considérée distraitement peut éventuellement être un élément du phanéron ; mais qu'elle le soit ou non, il est certain qu'elle peut être analysée logiquement en de nombreuses parties de genres différents qui n'y sont pas comme des constituants du phanéron, puisqu'elles n'étaient pas dans l'esprit de la même manière que la vache, ni d'aucune des façons dont on pourrait dire de la vache -comme apparence dans le phanéron- qu'elle est formée de ces parties [...], les divisions les plus importantes sont des divisions selon la forme, et non selon les qualités de la matière..."

Que veut dire Peirce dans cet exemple précis ? Simplement que ce qu'une analyse courante appellerait parties de la vache (par exemple la tête, le corps, les membres, la queue...) n'est pas pertinent pour l'analyse logique du phénomène. Car une tête de vache par exemple dès qu'elle est, comme totalité collective présente à l'esprit, occupant la totalité de la conscience est justiciable de sa propre analyse, laquelle à son tour ne saurait être en oreilles, yeux, mufle, etc... Ce qui importe dans l'analyse du phanéron "vache" ce sont les formes de relation qui constituent la vache à partir de l'ensemble des sensations que sa perception produit (des qualités de sentiment, "qualités of feeling"). Ces formes de relation sont d'une extrême complexité, même dans cet exemple prosaïque ; ce sont par exemple la position relative des yeux vis à vis du mufle, des oreilles vis à vis du crâne, etc... Maintenant l'oeil lui même a sa propre forme de relations ; le cercle de l'iris, celui de la pupille délimitant des zones de couleurs dans une certaine configuration. La pupille elle même est justiciable d'une analyse semblable et ainsi de suite. Finalement on voit bien que la limite inférieure de cette analyse est un ensemble de sensations brutes, unes et sans parties, inanalysables, produites par l'effet des rayons lumineux issus de la vache sur nos sens. Alors la forme du phanéron "vache" apparaît comme un arrangement configuré extrêmement complexe de telles sensations. Dans ce cas précis cet arrangement est de nature topologique et descriptible par un réseau de relations formelles qui seul peut faire l'objet d'une description, donc d'un savoir car les sensations "basiques" peuvent seulement être éprouvées et rien de plus. On voit que l'analyse phanéroscopique sera celle de la constitution formelle de cette totalité collective qu'est le phanéron ; en aucun cas elle ne sera une énumération de parties mises côte à côte. On n'analyse pas logiquement un réveil en exposant les pièces qui le constituent mais en recherchant le schéma de son montage. L'analyse phanéroscopique ne fait pas autre chose.

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