Qu'est-ce qu'un narrateur pour la sémiotique peircienne ?

Qui parle ? C'est-à-dire quel est l'interprète de la réalité, du monde et des individus, ainsi que de leurs rapports ? Mais aussi qui voit ? qui sait ? sont les questions que se posent les théoriciens du roman, en terme d'omniscience ou de subjectivité. En tout état de cause, le narrateur n'est pas l'auteur, comme le texte n'est pas la réalité. On peut le considérer comme l'instance interprétante déléguée dans le texte par le producteur-énonciateur tandis que le personnage (parfois plusieurs) en serait l'interprète. Dans le cas où il n'est pas un personnage, il est présupposé ou fictif.

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Pour en savoir plus:


1. Intérêt de cette notion.
- Elle permet de regrouper celui qui parle (actant de la communication) avec celui qui sait (actant cognitif).

- Elle permet de synthétiser les notions greimassiennes situées sur ce paradigme.

- Elle permet de recadrer la notion d'omniscience -attachée à l'auteur- car si l'auteur, producteur-énonciateur, est évidemment toujours omniscient, elle fait en revanche la différence entre le narrateur omniscient et le narrateur subjectif.

2. Catégorisation du narrateur et de son interprète.

- Elle est présentée dans le tableau ci-aprés et appelle la remarque suivante : considérer le narrateur comme l'interprétant du monde et des individus, le poser aussi comme omniscient ou subjectif, c'est postuler le rapport de l'oeuvre au monde, c'est renvoyer à une conception nouvelle du personnage, c'est donc prêter à l'écrivain une idéologie et une intention

3. L'interprétant ultime.
C'est ce niveau d'interprétation qui prend en compte en définitive la remarque ci-dessus. L'interprétant ultime, selon Peirce, consiste en un changement d'habitude et il rend compte de l'effet produit sur l'esprit du lecteur (ou de l'auditeur), en tant qu'il tente d'influencer sa vision du monde à l'aide de ces "égos-expérimentaux" que sont les personnages selon Kundera.

4. Les niveaux d'interprétation :

Ils sont présentés dans le tableau ci-dessous. La double entrée permet de rendre compte à la fois de la réponse à qui parle ? et aux questions qui voit ? qui sait ?

Voici quelques exemples qui illustrent ce tableau :

Colonne 1 : Romans réalistes, contes moraux et philosophiques, romans d'aventure et de science fiction. "crédibi- Récits Des

Colonne 2 : Romans, contes et nouvelles où l'auteur utilise, par exemple, la double narration en "je" qui tend à crédibiliser l'histoire (Contes de Maupassant) ou à créer avec unrécit en "je" parallèlement avec unrécit en "il", l'émotion qui fait défaut dans la narration objective.

Colonne 3 : Souvenirs, souvenirs d'enfance.

Colonne 4 : Les romans de Stendhal, les romans de la modernité et les romans contemporains où la situation énonciative se complexifie souvent (le "je" peut représenter successivement l'un ou l'autre des personnages en alternance avec un récit en "il" plus distancié).

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