ROBERT MARTY
Université de Perpignan
 
PHÉNOMÉNOLOGIE DU TOUT ET DES PARTIES
 

Etant donnée une unité d'éléments U on peut toujours lui associer une totalité (définition 4) et une talité (définition 6). La figure 13 dans laquelle deux seulement des éléments de et leur relation sont représentés représente les deux diagrammes propositionnels correspondants réunis en un seul.


Figure 13: Totalité et talité d'une unité d'éléments

Nous avons déjà associé talité et Priméité parce que pour Peirce cette dernière est «ce dont l'être est simplement en soi» et qu'il la définit comme essentiellement monadique c'est-à-dire capable tout au plus de se lier avec elle-même; l'effet qui en résulte écrit-il n'a pas de parties et pour lui la qualité en elle-même est décomposable et sui generis [CP,1425]. La talité d'une unité d'éléments est donc la représentation formelle de sa priméité.

La Secondéité est le mode d'être de ce qui est tel qu'il est par rapport à un second, mais sans considération d'un troisième quel qu'il soit [CP, 8-327]. C'est précisément le cas des éléments d'une unité dont l'être dans cette unité est réductible aux relations qu'ils entretiennent avec les autres éléments, ces relations étant représentées par des prédicats dyadiques. Une unité d'éléments c'est donc la structure formelle d'un fait concernant des existants, c'est-à-dire la représentation formelle de la Secondéité.

La Tiercéité selon Peirce est le mode d'être de ce qui est tel qu'il est en mettant en relation réciproque des choses existantes (des secondans). La totalité d'une unité d'éléments répond bien à la définition peircienne de la Tiercéité puisqu'elle met en relation tous les éléments de qui s'y retrouvent incorporés avec leurs relations, réalisant ainsi une «liaison de liaisons» au sens d'Edgar Morin. La totalité est la structure formelle de cette liaison de liaisons, c'est-à-dire la représentation formelle de la Tiercéité. L'opération de totalisation, du point de vue phénoménologique, c'est la présence à l'esprit du tout présupposant celle de ses parties constitutives avec leur relations lequel présuppose lui- même une qualité sui generis. On retrouve de la sorte les présuppositions logiques qui hiérarchisent les catégories phanéroscopiques puisque le phénomène ou phaneron c'est la totalité collective de tout ce qui, de quelque manière et en quelque sens que ce soit, est présent à l'esprit, sans considérer aucunement si cela correspond à quelque chose de réel ou non. [CP, 1-284]

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