Entrée du Sanctuaire  >> Jeux de Rôles  >>  Maléfices 90 (partie 6)

…septième partie…

 

…La mort d’Hodar fut une victoire et l’occasion pour nos membres de profiter d’un repos bien mérité. Le calme revint un temps au Club et ce fut bénéfique pour tout le monde. Mais vous connaissez le dicton : après le calme vient la tempête…

La première bourrasque se fit sentir lorsque le Prince Villon de Paris, Seigneur de l’Arcabald… c’est ainsi que se nomme la Communauté Vampire, se présenta au Club sous une fausse identité. Cette mascarade avait pour but d’attirer notre attention sur la présence à Paris de trois jeunes femelles vampires sous la coupe de Lestat.

-         Lestat… vous parlez du même Lestat que dans le roman d’Anne Rice ?

Oui, c’est bien de ce Lestat là dont il s’agit. Cessez de croire naïvement que tous les écrivains trouvent leur inspiration dans l’imaginaire. D’autant qu’il en fut de même pour le Dracula de Bram Stocker. Mais revenons-en au Prince. La méfiance, et surtout une regrettable mésentente, poussa Monsieur Jensen et Baldwin à tuer le Prince. Une monumentale erreur qui pouvait nous attirer les foudres de l’Arcabald. Alain Philibert et moi nous attendions aux pires représailles, mais au lieu de cela, un second vampire se présenta aux portes du Club. Il s’agissait d’une femme que j’ai bien connu du temps où elle était mortelle. Une femme qui autrefois était membre du Club Pythagore… en 1906.

-         1906 !… Mais… vous parlez de… cette femme qui…

Oui. Sally Crooks. En 1906, le Comte Dracula avait fait d’elle sa compagne. Et en 1923, le Clan eut raison du Comte et l’Arcabald confia alors la régence les Maisons des pays d’Europe de l’Est à Sally.

-         Maisons ?

C’est ainsi que l’Arcabald nomme les familles de vampires à travers le monde. La présence de Sally Crooks si loin de chez elle, en 1990, n’avait rien de fortuite. Cela nous prouvait à quel point l’Arcabald était déterminé à se faire entendre. Sally savait que nous écouterions ce qu’elle avait à dire. Elle savait que je l’écouterais et c’est ce que j’ai fait. Elle nous parla de Lestat et d’un certain Thibaut d’Aussigny, un vampire emprisonné depuis des siècles. Lestat projetait de libérer Thibaut d’Aussigny afin de s’en servir contre le Prince Villon. Il est certain que la mort imprévue de Villon changeait quelque peu la donne, mais cela, Lestat l’ignorait et le fait est qu'il y avait bien trois jeunes vampires femelles dans Paris en attendant de passer à l’action. Monsieur Flattery avait d’ailleurs fait la connaissance de l’une d’entre elles quelques heures plus tôt dans les  rues de la capitale.

-         Pourquoi était-il emprisonné ce Thibaut d’Auss… ?

Thibaut d’Aussigny ! Cela remonte au XVème siècle. Le Prince vampire de Paris d’alors venait de passer de mort à trépas et comme il est de coutume dans toute société hiérarchisée, un nouveau Seigneur devait être nommé à sa place. François Villon était plus que pressenti pour ce titre et alors que l’Arcabald s’apprêtait à le nommer Seigneur de Paris, Lestat et Thibaut d’Aussigny tentèrent un « coup d’état » contre Villon. Mais ce fut un échec et une fois nommé, le Prince Villon fut déterminé à punir ceux qui avaient tenté de l’éliminer. Le crime commis par Lestat et d’Aussigny était de taille car l’Arcabald dit qu’il est interdit à un vampire d’attenter à la vie d’un autre vampire. Villon obtint sans difficulté le droit d’exercer sa vengeance afin de faire ses preuves mais surtout de s’assurer la fidélité, la confiance et le respect des siens. Il donna la chasse aux vampires renégats. Mais Lestat eut aucun remord à trahir son complice afin de couvrir sa propre fuite abandonnant Thibaut d’Aussigny à son triste sort. Et pendant que Lestat quittait sereinement l’Europe, Thibault fut condamné à la pire des sentences que l’on puisse infliger à un non-mort : le Sommeil Eternel. Ce châtiment consiste à emmurer pendant des siècles un vampire durant sa phase de sommeil. Une pratique qui, par la suite, fut totalement proscrite par l’Arcabald pour des raisons évidentes.

-         Euh… Pas si évidentes que ça, je le crains.

(sourire) Le Sommeil Eternel prolonge la phase de repos d’un vampire et le condamne ainsi à une sorte de semi-éveil. Il dort tout en étant parfaitement conscient de l’endroit où il se trouve, de ce qui lui arrive. Et  comme les mortels, un vampire qui ne se nourrit pas finit par mourir. Pour un vampire condamné au Sommeil Eternel, la faim devient torture mais la mort ne vient jamais.

Imaginez que je vous emmure vivant avec une réserve d’air, d’eau et de nourriture suffisante pour survivre durant plusieurs mois avec aucune chance que vous puissiez être libéré. Qu’adviendrait-il de vous ?

-         Je deviendrais fou.

Et vous avez raison. Quelques mois dans ces conditions rendraient n’importe quel mortel complètement fou. Et même pour un vampire, ce genre de solitude finit par être traumatisante. Quelques mois seulement. Mais dans le cas de Thibault d’Aussigny, nous parlons de plusieurs siècles. Imaginez quels pourraient en être les effets sur une créature de la nuit ?

En plus de cette faim grandissante et jamais assouvie, la folie s’installe lentement. Un vampire est déjà dangereux en soit. Mais un vampire fou et affamé depuis des siècles…

-         Oui, je crois que je comprends…

Lestat, vampire prudent et très malin, avait préféré confier à trois jeunes femelles fraîchement vampirisées le soin de retrouver et de réveiller Thibault d’Aussigny. Rien de plus sensé lorsqu’on pense qu’une grande partie de cette rage qui habitait Thibaut était sans aucun doute destinée à Lestat. Ces trois vampires femelles devinrent l’objet d’un débat éthique et moral au sein du Club. Je crois me souvenir que Monsieur Baldwin et Jensen voulaient les exterminer tandis que Mademoiselle Korsakova et Monsieur Flattery souhaitaient les épargner, les considérant comme de pauvres victimes innocentes.

-         Et vous dans tout ça ? Quelle a été votre position ?

Ma longue expérience m’a appris que les « pauvres victimes » ne le sont malheureusement plus dès qu’elles se sont métamorphosées en vampire. Elles deviennent alors des créatures de la nuit à l’instinct de survie sans aucune morale et n’ayant plus aucune notion de ce qui fait le Bien. Pour moi, elles devaient être tuées.

-         Et c’est ce qui s’est passé ?

Non ! Une loi ancestrale s’est fait entendre : la solidarité féminine. Le dernier mot revint à Sally Crooks qui, devant tant d’indécision, proposa simplement d’accueillir les trois femelles vampires au sein de l’Arcabald. Ce que ces dernières acceptèrent, bien évidemment. Cette menace étant alors écartée, une course contre la montre s’est engagée entre le Club et Lestat. Un Lestat qui, s’il souhaitait mener à terme ses projets, devrait le faire seul.

Avec la collaboration des trois femelles vampires, le tombeau de Thibault d’Aussigny ne fut pas difficile à trouver. Son sépulcre était dissimulé dans la Sainte-Chapelle, près de la Préfecture de Police de Paris. Les membres du Club s’y rendirent et le vieux vampire se réveilla. L’affrontement fut inévitable mais fort heureusement, Thibault eut ce que l’on pourrait qualifier « un réveil difficile ». Cela tourna à notre avantage. Mais Lestat ne tarda pas à montrer son nez. Et ce qu’il fit ne m’a guère étonné.

Son discours révéla qu’il était non seulement au courant de nos actions, mais également de la visite de la Comtesse Dracula au Club Pythagore. Il nous affirma que Sally avait passé un marché avec un étrange « nain » déguisé en fou du Roi, afin de retrouver le Quatrième Cavalier qui serait caché dans une grotte, quelque part dans les Alpes.

-         Comment ça « un nain ». Le Meneur ? N’était-il pas censé être mort ?

Si. Il l’était. Mais le Pouvoir que possédait Monsieur Jensen ne l’était pas, lui. Et c’est bien là qu’était le danger. Depuis la mort d’Hodar, Monsieur Jensen avait la sensation que quelque chose se passait en lui. Cela restait plutôt vague, mais c’était comme si quelque chose, ou quelqu’un, tentait d’agir à travers lui, contre sa volonté. D’ailleurs, Thomas expliqua qu’il n’avait pas réellement maîtrisé le coup fatal qu’il assena au Prince Villon. Monsieur Jensen ressentait le besoin d’avoir des réponses. Rien de plus légitime. Et nous étions du même avis. Après tout, nous devions nous assurer que Monsieur Jensen ne se retournerait pas contre nous un jour ou l’autre, sous l’emprise de telle ou telle entité. Les membres du Club se sont donc rendus auprès de la seule personne possédant les réponses à toutes les questions existantes de cet univers : le Gardien de la Connaissance. La simple volonté de Thomas suffit pour rendre possible le voyage de toute l’équipe vers Gan. Et ce séjour fut riche en découvertes, à plus d’un titre.

Tout d’abord, Monsieur Jensen apprit que le Pouvoir Absolu était non seulement toujours en lui, mais qu'il grandissait au fur et à mesure qu'il l'utilisait, de telle sorte qu’au final, Monsieur Jensen serait transformé en la seule chose qui puisse parfaitement maîtriser le Pouvoir : un Gantys. Mais ça n’était pas tout. Il semblait que les craintes de Thomas étaient fondées. Quelqu’un profitait de sa faiblesse de contrôle du Pouvoir pour l’utiliser à travers lui. Quelqu’un dont l’identité nous fut révélée par le Gardien : Karlack !

Son emprise n’était certes pas totale, mais on ne pouvait prendre de risque. Et Monsieur Jensen ne le souhaitait pas non plus. Alors il demanda à être débarrasser du Pouvoir Absolue. La requête fut adressée au Grand Conseil Gantys qui accepta. Pour se faire, Thomas devrait entrer à nouveau dans le Cristal Nature, comme il l’avait fait pour en être investi.

Pendant ce « rituel » qui devait prendre un certain temps, les autres membres de l’équipe devaient se mettre tout de suite en quête du Quatrième Cavalier.

Est-ce que le village de Mosdilion vous dit quelque chose, mon ami ?

-         A vrai dire non…

C’est une bonne chose. Cela prouve qu’il ne reste aucune trace des évènements qui s’y sont déroulés. Mosdilion est un petit village situé dans une sombre vallée reculée des Alpes. C’est dans l’une des grottes de la région que la Chose se trouvait.

-         Mais d’où vient cet objet ? Et qu’est-ce qu’il faisait dans un coin aussi paumé de France ?

(sourire) Je me suis posé les mêmes questions et puisque la priorité du Club a toujours été de savoir à qui ou à quoi nous avions affaire, nous fîmes des recherches qui nous révélèrent une histoire très ancienne. Une légende remontant à la nuit des temps.…