L'homme-tapir
Je suis un homme-tapir
Avec une trompe de tamanoir
Et j'avale des jours
Des couleurs, des parfums
Ma trompe sécrète une colle
Qui colle les mots entre eux
Et ça marche !
C'est une colle inédite
La formule en est :
x-sixtaï-nïne
J'ai
un nom très étrange
Que je garde pour moi
Une seule de ses syllabes
Pourrait vous rendre fou
C'est
la nuit que je sors
Avec ou sans la lune
C'est la nuit que ma trompe
Se souvient des histoires
Que
les hommes écrivirent
Mais qu'ils ont oublié
Voilà des nuits, des siècles
Et des poussières
Il
y a ça et puis rien
Et ma trompe les aspire
Je
digère des images
Assis contre un grand arbre
Les hiboux viennent me voir
Et me tiennent compagnie
Ma
trompe que le vent berce
Est comme un peuplier
Elle sanglote en silence
Elle oublie le passé
J'ai
des types à mes trousses
Et qui veulent m'étudier
Alors j'suis en cavale
De pays en contrées
Je
suis seul, seul
Je suis l'homme-tapir
(vers 1988-1989)
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« Dans
les rues de la ville, il y a l'homme-tapir »
(Illustration
de l'auteur - 1988)