PIF
a failli me tuer
J’ai
voulu jouer les mariolles avec mon gadget de PIF.
Une
sarbacane, c’était. Et qui lançait des capsules en
plastique blanc en forme d’obus.
PIF,
c’était pas nouveau pour moi. J’achetais cette revue
depuis pas mal de temps déjà. Les BD, je trouvais ça
correct. Et monter les gadgets, ça m’allait.
Cette
semaine-là, le gadget c’était une sarbacane. Alors moi,
après avoir ôté mon pif des pages de PIF (J’adorais
l’odeur du papier, de l’encre, comme ensuite celle des
livres ouverts…), je suis allé dans le jardin et je me
suis mis à envoyer mes capsules un peu partout : sur
les fleurs, dans les airs, sur des insectes d’acier venus
tout droit de la planète TOULT pour m’anéantir…
Ils
étaient loin d’être cons, à PIF… Du côté par où on
soufflait, ils avaient mis une petite grille de protection
pour pas qu’on avale le truc, s’il nous prenait la folle
envie d’aspirer. Alors moi, bien sûr, histoire de jouer
les petits malins, j’ai retourné la sarbacane… J’ai
soufflé un grand coup. La capsule a cogné contre la grille
du fond et puis, en toute logique, j’ai aspiré. Pour voir
ce que ça faisait.
Et
j’ai vu.
J’ai
aspiré comme un malade et j’ai avalé la capsule sans
coup férir. Ensuite, j’ai lâché la sarbacane et j’ai
commencé à mourir. Je suffoquais, avec ce truc coincé
dans la gorge. Impossible de respirer. J’ai couru voir ma
grand-mère. J’ai dit :
–
Hu… mhh… nhh…
Avec
ma grand-mère, on a couru chez une voisine – Mme Rhéby
– qui m’a fait boire de l’eau, avaler de la mie de
pain, allongé sur une table, la tête en bas, bref le grand
jeu.
C’est
finalement la mie de pain qui est venue à bout de la
capsule. J’ai tout avalé.
Sur
le moment, je n’ai sans doute pas assez remercié Mme Rhéby
de m’avoir sauvé la vie.
Quelques
jours plus tard, cette brave femme nous a amené le journal.
Dedans, on parlait de « l’Affaire PIF »… Des
dizaines de p’tits rigolos dans mon genre avaient fait
comme moi, retourné la sarbacane et aspiré ! Et
l’un d’eux, si mes souvenirs sont bons, s’en était
moins bien tiré que les autres…
Bref,
je me suis dit que, comme petit rigolo, je n’étais pas
seul sur Terre, et qu’au final je m’en tirais pas trop
mal.
Vous
allez me dire : « Et la capsule ? » Eh
bien, c’est le lendemain que je la découvris – îlot
blanchâtre, prisonnier de ce que vous savez.
Dire
que cette petite merde coincée dans la merde a failli m’étouffer !
Quoi
qu'il en soit, merci, PIF, pour tous ces souvenirs !
Retour
au sommaire : Ici
|