Boussole ancienne
Carnets de voyage. Ici, les récits de nos pérégrinations.

Argentine.

Drapeau Argentine

Du 19 juillet au 5 août 2013

Parc National Los Glaciares, le glacier Perito Moreno


Depuis Puerto Natales, nous sommes donc passés en Argentine, on a profité de la proximité relative (300km) du Parc National Los Glaciares pour aller voir le fameux glacier Perito Moreno. Cette fois, la météo ne nous est pas favorable, les sommets des glaciers sont dans le brouillard, il neige et il fait frisquet, toujours avec un vent très fort.


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Le glacier Perito Moreno.

Mais cela ne suffit pas à nous décourager et on descend les passerelles pour se rapprocher du glacier. Malheureusement, comme on est en hiver avec T° négative, on ne verra pas les pans du glacier s'effondrer dans les eaux du Canal de los Témpanos et du Brazo Rico. Le spectacle du glacier de couleur bleue fluorescente qui avance de 2m par jour et qui mesure 25km de long, 4km de large et entre 30m et 60m de haut est quand même impressionnant et unique.
On s'en retourne à El Calafate pour une courte nuit, on doit prendre le bus pour Ushuaia en Terre de Feu, le bout du monde, à 3h du matin.


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La Terre de Feu, Ushuaia


C'est à 23h00, soit 20h après notre départ de Puerto Natales au Chili que nous arrivons à Ushuaia en Terre de Feu argentine, la correspondance du bus ayant un retard de 3h à Rio Gallegos. A cause du tracé des routes praticables et des frontières, nous passons trois fois dans la même journée la frontière Chili-Argentine, avec chaque fois un contrôle et les formalités entrée et sortie de chaque pays, et cela pour les 40 passagers du bus. Mon souci est la multiplication des tampons dans nos passeports, on a plus de 2 pages utilisées rien qu'avec les passages entre ces deux pays, bien que je demande à chaque fois aux fonctionnaires de serrer leur coup de tampon.


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Ushuaia, au bout du monde.

Ce n'est donc que le lendemain que nous faisons connaissance avec cette ville mythique du bout du monde, Ushuaia, qui nous a tant fait rêver à travers les émissions TV éponymes. C'est la ville la plus australe du monde, aujourd'hui un port moderne sur la rive nord du Canal de Beagle qui relie l'Océan Atlantique et l'Océan Pacifique. C'est aussi la porte d'entrée pour les expéditions dans l'Antartique. Comme ailleurs, la ville se développe grâce au tourisme et les maisons en bois traditionnelles cèdent le pas aux ensembles d'hôtels modernes. Il n'y a pas moins de 3 casinos dans la ville. Mais comme c'est la nature qui nous intéresse, on part faire une excursion en bateau sur le canal de Beagle.


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Le Canal de Beagle.

On a encore de la chance, le temps est clair et le bateau n'est pas trop secoué, il y a quand même des passagers qui ont le mal de mer et qui ne sortiront pas sur le pont. On navigue une demie journée sur le Canal de Beagle, ce qui nous permet de voir le Phare des Eclaireurs nommé ainsi en l'honneur d'explorateurs français du XIXème siècle, l'île aux oiseaux où se sont installés les cormorans et l'île des lions de mer où on peut les voir s'ébattre, se dorer au soleil ou se disputer les femelles.


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L' île des lions de mer.

Au retour, on visite l'ancienne prison-bagne dont une partie abrite le Musée des Arts et le Musée Maritime. La journée est ponctuée par un repas argentin typique, soit de la viande, de la viande et encore de la viande avec quelques papas fritas (frites)! Je sais, c'est pas raisonnable, mais c'était si bon. On part en 4X4 faire une excursion vers les lacs de l'arrière-pays.


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Panorama sur les Lagos Escondido et Fagnano.

Comme d'habitude les paysages sont magnifiques, même enneigés. La vue panoramique du Col Garibaldi sur les lacs Escondido et Fagnano est splendide. On a ainsi l'occasion de passer à la station de ski la plus australe du monde à Cerro Castor mais qui ne peut rivaliser avec nos stations européennes. Pour égayer notre journée dans la nature, le chauffeur du 4X4 Land Rover qui nous suivait trouve le moyen de faire verser son véhicule au bord du lac Fagnano, heureusement sans faire de blessés. Remettre la voiture sur roues n'a pas été une mince affaire mais menée a bien grâce au concours de tous les chauffeurs qui croisaient dans les parages, donnant un bel exemple de solidarité professionnelle.
On va remonter vers Buenos Aires. On a décidé de ne pas prendre l'avion, qui coûte même moins cher, mais de faire ce voyage en bus, soit 52h de route, pour voir le pays. On pourra ainsi dire que si les voyages forment la jeunesse et déforment les costumes, ils endurcissent aussi les "vieux".


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Buenos Aires


On a survécu à notre long voyage en bus pour arriver à Buenos Aires, la capitale, qui regroupe 12 millions d'habitants, soit presque le tiers de la population du pays. Le centre-ville historique est quadrillé par de grandes avenues qui débouchent en général sur une place dédiée à un personnage ou à un évènement historique. Buenos Aires souffre des mêmes maux inhérents aux mégapoles, pollution par les autommobiles et embouteillages. Comme dans d'autres capitales que nous avons visité, on y trouve de beaux et imposants immeubles Art-déco ou Néo-classique de la fin du XIXème et du début du XXème siècle, des parcs et un grand nombre de musées et de galeries d'art. Il y a une fréquentation importante des lieux culturels tels que théatres, cinémas, salles de concert.


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Tango à La Boca.

On a remarqué un nationalisme exacerbé à propos de la souverainté sur les îles Malouines et de la guerre qui y a eu lieu il y a plus de trente ans, peut-être entretenu pour détourner l'attention de la population des problèmes économiques et sociaux du pays. L'élection du nouveau pape argentin Francisco n'a fait que renforcer l'orgueil déjà légendaire des argentins selon leurs voisins d'Amérique du Sud. Son image ainsi que celle de l'incontournable Evita Peron est omniprésente. Le quartier bohème de La Boca avec ses maisons de couleurs vives draine les touristes vers ses boutiques de souvenirs, de mode, ses galeries d'art en plein air, ses musées et surtout ses restaurants avec terrasse où on peut apprécier des spectacles de danse de tango, marque de fabrique du quartier et de l'Argentine en général.
On va quitter Buenos Aires pour la pampa, aller dans une "estancia", un ranch dans le jargon local, voir les gauchos et la vie à la campagne.


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Chez les gauchos à San Antonio de Areco


On est à l'Estancia El Ombu à San Antonio de Areco, à une centaine de km à l'ouest de Buenos Aires. C'est l'équivalent argentin d'un ranch, autrement dit une très grosse propriété agricole où on cultive des céréales et où on élève des chevaux, des vaches et des moutons. L'Estancia Ombu est quasi autonome pour tout ce qui est nourriture, produisant la viande et les légumes nécessaires pour nourrir tout son personnel et les touristes comme nous qui viennent y passer quelques jours. L'attrait pour nous est d'y voir travailler les gauchos, version argentine des cow-boys dans leur milieu naturel.


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Pablo le gaucho.

J'ai eu ainsi l'occasion de remonter à cheval, chose que je n'avais plus faite depuis la Mongolie. Il faut dire que les chevaux d'ici sont bien plus grands que les chevaux mongols, mais Pablo et Oscar m'ont donné un cheval assez calme et docile. La promenade à cheval dans la pampa vaut le déplacement et est bien appréciée après le rythme trépident de la grande ville qu'est Buenos Aires.
Si la vie des gauchos est rendue plus facile par les moyens techniques modernes, ils restent quand même attachés à un mode de vie, des traditions et une mode vestimentaire qui datent du XIXème siècle. Ils semblent être très attachés à leur Estancia dont ils défendent le nom lors des rodéos et du grand Festival des Gauchos qui a lieu au mois de novembre. L'autre aspect intéressant de ce séjour est la qualité de la nourriture qu'on nous y a servi, celle de la viande étant hors concours.(Par décence, je ne parlerai pas de la quantité!)
Au final, cette étape à la campagne nous aura bien requinqués avant la suite de notre voyage.
En attendant, on va poursuivre notre route vers le nord en passant par la province des Misiones.


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Misiones


Posadas est une grande ville au bord du fleuve Parana qui est la frontière avec le Paraguay. C'est la capitale de la petite province de Misiones qui doit son nom aux missions autrefois fondées et administrées par les Jésuites qui évangélisaient les indiens Guaranis. Un grand pont enjambe le Rio Parana et le traffic y est seulement ralenti par les formalités de douane. Sur la route pour venir à Posadas, le paysage et le climat a changé. La pampa a été remplacée par des forêts de pins, le bois étant une des richesses de la région, et il y a de nombreuses scieries le long de la route. On voit aussi des plantations de thé et des arbustes à maté, la boisson traditionnelle des argentins mais aussi des habitants des pays voisins. Il y a toujours des troupeaux de bovins qui paissent, mais cette fois de l'herbe grasse qui pousse sur la terre rouge. Il fait 33°C avec un ciel bleu, ce qui nous fait sortir les chemisettes. La promenade sur le Paseo Costanera sur le bord du fleuve Parana est ainsi des plus agréable.


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Mission San Ignacio Mini.

Mais ce sont les ruines des anciennes missions qui captent l'intérêt des voyageurs que nous sommes et leur histoire. Les Jésuites ont fondé et dirigé une trentaine de missions pendant près de deux siècles, sur les territoires actuels de l'Argentine, du Paraguay et du Brésil. Ces entités peuplées d'indigènes Guaranis avaient acquis une autonomie et un niveau social inconnu dans le monde de l'époque. Tous les habitants étaient alphabétisés, les productions agricoles et artisanales étaient communautaires, les chefs qui détenaient le pouvoir temporel étaient élus par le peuple, l'autorité religieuse et spirituelle était l'apanage des prêtres de la Compagnie de Jésus qui géraient aussi l'économie de la communauté. Ce système de gouvernement utopique ne pouvait que porter ombrage au pouvoir royal absolutiste espagnol qui ordonna la fermeture des missions Jésuites et leur abandon en 1767. Des trois missions que nous avons visités, celle de San Ignacio Mini est la mieux conservée et restaurée, les deux autres ayant été reconquis sur la jungle qui y avait repris ses droits après l'abandon de ces missions par décret royal. Des travaux de restauration importants sont encore en cours aux missions Santa Ana et Nuestra Senora de Loreto, les trois missions ayant été inscrites au Patrimone Mondial de l'Humanité.
On va continuer notre remontée vers le nord en allant vers Puerto Iguazu et ses chutes, qui devrait être la dernière étape de notre voyage en Argentine.


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Les chutes d'Iguazu, Puerto Iguazu.


On arrive à Puerto Iguazu, petite ville frontière touristique qui ne vit que par le site des Chutes d'Iguazu. Elle se situe à la confluence du fleuve Parana qui est la frontière avec le Paraguay et de la rivière Iguazu qui est la frontière avec le Brésil. D'où l'appellation de cette région, la Région des 3 Frontières (Tiens, cela me rappelle quelque chose de chez nous, en Alsace). La ville en elle même présente peu d'intérêt, on n'y fait que passer.


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Les Chutes d'Iguazu.

Les stars incontestables du lieu, ce sont les chutes, situées à une vingtaine de km de la ville. Le site du Parc National d'Iguazu est desservi par des bus qui partent toutes les 20mn du centre-ville. Le site est superbement aménagé côté argentin, il y a un petit train qui nous emmène à 600m des premières chutes. Il y a des passerelles pour accéder au plus près de la plupart des chutes, qu'on peut voir du dessus ou du dessous en empruntant le chemin qui conduit au niveau inférieur. Il faut dire que la vue d'ensemble est saisissante, mais ce n'est rien à côté de la vue de la plus grande des chutes, la Garganta Del Diablo. Le spectacle est tout simplement magnifique, on ne fait même pas attention aux embruns, si ce n'est qu'il faut protéger et sécher l'appareil photo. Même le grondement des trombes d'eau participe au spectacle son et lumière d'autant qu'on a la chance de voir le ciel s'éclaircir et le soleil briller ce qui nous gratifie d'un bel arc en ciel sur le front des chutes. On ne sent pas la fatigue ni le fait d'être mouillés, on est sec après la remontée. En traversant une partie du Parc par un sentier à travers la jungle, on peut encore voir des coatis et des oiseaux, heureusement les jaguars (si, si, il y en a) sont à la sieste.
En conclusion bassement matérialiste, je peux confirmer que la réputation de la viande de boeuf argentine n'est pas surfaite. On a rarement mangé d'aussi bons et gros pavés qu'ici, rapport qualité/quantité/prix hors concours. Les steacks ou filets servis chez nous feraient figure d'échantillons ou d'amuse-gueule.
Ceci met un terme à notre voyage en Argentine, demain nous passons au Brésil, et nous commencerons par la visite du Iguaçu National Park, les chutes côté brésilien.


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A suivre dans les carnets Brésil