Boussole ancienne
Carnets de voyage. Ici, les récits de nos pérégrinations.

Namibie.

Drapeau Namibie

Du 27 décembre 2013 au 16 janvier 2014

Windhoek


C'est après un trajet assez éprouvant étalé sur deux jours, passant par Zurich et Johannesbourg que nous arrivons enfin à Windhoek, capitale de la Namibie. C'est une "petite ville" de 300000 habitants, soit environ 15% de la population totale du pays. La Namibie, grande comme presque deux fois la France, est avec 2 100 000 habitants, un des pays à la densité de population parmi la plus faible du monde. Elle fut une colonie allemande jusqu'à la fin de la 1ère Guerre Mondiale, et cela se retrouve dans l'architecture des anciennes maisons et bâtiments du centre-ville.


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L'église luthérienne de Windhoek.

On peut s'y promener sans connaître les bains de foule des autres capitales que nous avons vues jusqu'ici, et y rouler en voiture sans être bloqué dans des embouteillages sans fin. La ville est très étendue, il y a des quartiers résidentiels de petites maisons basses avec jardin comme dans des villages outre-Rhin. Ces lotissements coquets sont habités par les minorités blanche et métis, la majorité des noirs ayant leurs quartiers dans les townships à la périphérie de la ville. On a vite fait le tour et on ne s'y arrête que pour pour prendre possession de notre véhicule 4x4 et régler les formalités avec le loueur de voiture et l'agence qui nous a préparé le circuit que nous allons faire durant les deux prochaines semaines.


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Etosha National Park


On se met en route vers Etosha National Park. Il me faut un temps d'adaptation à la conduite à gauche, ce n'est pas que sur la route que cela change, le volant et les commandes sont aussi inversées. Je dois avoir le pare-brise le plus propre à force de déclencher les essuie-glaces à la place des clignotants. Quelques grincements aussi dans la boîte de vitesse avec la poignée à gauche, je me rends compte que je ne suis pas ambidextre de nature. Mais on arrive quand même à destination sans anicroches. C'est le lendemain matin que nous entrons dans le Parc National d'Etosha, un des plus beaux parcs d'Afrique Australe rivalisant avec le Parc Kruger d'Afrique du Sud et celui de Serengeti en Tanzanie.


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Etosha National Park.

On loge dans un lodge super bien équipé et aménagé mais hélas, sans internet. Je vais donc avoir du retard dans la mise à jour du site. Le dîner est un "braai", qui est une institution en Namibie, l'équivalent de notre BBQ. D'ailleurs je crois qu'on aura du braai tous les jours...Les steaks sont tendres, on apprend que c'est du koudou, une espèce d'antilope, apparemment non protégée... Bien sûr le parc se visite en voiture, interdiction d'en descendre. Il y a des pistes tracées pour voir les animaux dans leur milieu naturel, où l'on se rend compte que comme les humains, chaque espèce a son territoire délimité par l'habitude. Le meilleur moment pour l'observervation étant le matin en cette période chaude, nous sommes en été ici, lorsque les animaux se rendent aux points d'eau pour boire. En sillonnant les pistes du Parc toute la journée, nous avons vu des koudous, des antilopes, des zèbres, des girafes, des gnous, des hyènes mais pas de lion, d'éléphant ou de rhino. Comme dit Chantal, on n'est pas dans un Zoo, ici les animaux sont libres d'aller et de venir, c'est nous qui sommes en cage. Dommage que le roi lion n'ait pas voulu qu'on lui rende hommage. On a même fait un safari très matinal, partis à 5h30 avec un guide, mais on est restés bredouilles de grands fauves. On a bien vu de loin deux "cheetahs", des guépards à l'affût, mais il est difficile de les voir sur la photo, même en agrandissant. C'est là que je regrette de ne pas avoir un téléobjectif plus puissant que mon 18-200mm. On va prendre les pistes et tracer vers le nord, à la frontière angolaise.


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Kunene River, le Kaokoland, pays des Himbas.


C'est après une journée de pistes plus ou moins bonnes que l'on arrive à destination, un lodge situé au bord de la Kunene River qui fait frontière avec l'Angola. C'est vraiment au milieu de nulle part, rien à moins de 70km, dernière station d'essence à 200km; il vaut mieux surveiller sa jauge de réservoir. Les paysages du Kaokoland sont magnifiques. C'est une région d'une beauté sauvage, de plaines arides où ne poussent que quelques arbustes, de moyennes montagnes qui sont teintées de couleurs rougeâtres et ocre, d'amas de roches qui semblent avoir été posés là par des mains de géants, de rivières éphémères et la piste interminable, en montagnes russes à l'infini.


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Les Chutes d'Epupa.

On arrive enfin à Epupa, sur la rivière Kunene. Les Chutes d'Epupa offrent un spectacle superbe même si elles sont modestes en comparaison de ce que nous avons connu. En grimpant sur les hauteurs au-dessus de la petite ville, en fait quelques maisons autour d'un magasin en dur et du poste de police, on embrasse du regard l'ensemble des chutes de la rivière Kunene qui tombent d'une quarantaine de mètres côté angolais et côté namibien. La véritable beauté de ce paysage tient de ce mariage de l'eau, de la terre et du soleil, renouvelé à chaque instant. On y reste jusqu'au coucher du soleil avant de regagner notre lodge pour le dîner du Réveillon de Nouvel An.
Nous sommes ici en pays Himba, un sous-groupe Herero, des pasteurs semi-nomades aux coutumes et traditions millénaires qui vivent en quasi autarcie sur ces terres qui pour nous semblent inhospitalières.


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Au village Himba d'Otjomazeva.

On visite un de ces villages Himba, Otjomazeva, où vivent une trentaine de personnes dans une dizaine de huttes en torchis. Au village il n'y a que les femmes et les enfants avec le troupeau de chèvres, les hommes étant partis plus loin à la recherche de terres avec de l'herbe pour faire paître les vaches, le bétail étant la richesse de la communauté. Par coquetterie, les femmes Himba s'enduisent tout le corps et les cheveux d'une pâte faite avec un pigment ocre et de la graisse de vache. Elles portent des bijoux de cuir, de perles et de cuivre et on peut dire qu'elles sont belles, avec une certaine majesté. Ce qui frappe le visiteur occidental comme nous, c'est la simplicité voire la rusticité de ces villageois qui semblent vivre hors du temps en plein XXIème siècle. D'ailleurs les Himbas ne connaissent pas de calendrier, la plupart ne sachant pas l'année de leur naissance donc leur âge.


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Hoanib River, le Damaraland


On reprend les pistes vers le sud, cap sur une autre région namibienne, le Damaraland. Ce ne sont que de vastes étendues rocailleuses coupées par les rubans poussiéreux de sable ou de cailloux des pistes, qui offrent aux voyageurs que nous sommes quelques mirages géologiques. L'horizon est souligné de lointaines montagnes qui, évanescentes dans les brumes de chaleur, prennent des teintes irréelles. En cours de route, on peut apercevoir des zèbres, des oryx, des antilopes, des girafes.


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Dans la famille éléphant, le père.

Mais c'est au cours d'un safari (photo) dans le lit d'une rivière asséchée des Montagnes Noires que l'on voit nos premiers éléphants en liberté. Ce sont d'abord de jeunes éléphants occupés à déjeuner de feuilles d'acacias, puis le père est arrivé, sûrement pour surveiller sa progéniture. Il est splendide, c'est un éléphant du désert, un peu moins grand que l'éléphant de la savane mais plus endurant, il peut rester plusieurs jours sans boire. Il nous a toisé et s'est fait menaçant, le guide nous a sagement fait battre en retraite en marche arrière. A Twyfelfontein, on a vu des gravures rupestres vieilles de 2000 ans sur des pans de roches.


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Swakopmund, Cape Cross et le Namib Naukluft Park.


On longe la côte de l'Océan Atlantique vers le sud sur une piste en sel et on s'arrête à Cape Cross près de Walvis Bay. Il y a là une importante colonie d'otarie à fourrure, on y a recensé plus de 100000 têtes. On les sent avant de les voir, c'est dire! Mais c'est amusant de les voir s'ébattre et se prélasser sur les roches au soleil. On se demande comment les petits retrouvent leur mère dans cette foule.
On arrive enfin à Swakopmund qui est le Deauville namibien à la sauce germanique. Tout ici nous rappelle nos voisins d'outre-Rhin, l'architecture, les noms de rues, les enseignes des magasins, des restaurants et des hôtels. On y trouve du pain et de la charcuterie, des pâtisseries et même des fromages, des denrées typiquement allemandes. C'est une ville très agréable à visiter mais on voit que la population blanche vit ici avec un statut nettement au-dessus de celui de la classe moyenne.


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La Hohenzollern Haus.

On prend une journée pour explorer le Namib Naukluft Park. Le paysage lunaire de la bien-nommée Vallée de la Lune mérite qu'on s'y arrête mais la vedette de l'endroit est la fleur welwitschia qu'on ne trouve qu'en Namibie. Elle peut vivre 2000 ans et plus, c'est pourquoi les namibiens l'appellent le fossile vivant. On est étonné que dans ce désert aride il y ait tant de manifestations de la vie, des plantes et des animaux survivent dans cet environnement si désolé. Il n'a pas plu dans cette région depuis trois ans et la saison des pluies qui devait commencer en janvier n'est pas au rendez-vous. Si nous sommes satifaits d'un ciel toujours bleu, les éleveurs sont inquiets pour leur cheptel et attendent en espérant la pluie.


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Le désert du Namib, Sossusvlei


On continue sur les pistes du désert du Namib, les paysages sont toujours fantastiques. C'est le changement de la nature des sols et des roches, des couleurs et des formes qui sont extraordinaires. On croise des oryx et des springboks qui détalent à notre approche, des chacals qui ne nous prêtent même pas attention. On parcourt des dizaines de kilomètres sans voir âme qui vive, il n'y a plus de villages, seulement des lodges ici et là pour les touristes, disséminés dans la nature. Au hameau Solitaire qui porte bien son nom, on se régale d'un apfelstrudel d'un boulanger-pâtissier maître des lieux et d'un café au bar attenant qui pourrait s'appeler Bagdad Café. C'est une halte quasi obligée pour ceux qui passent par là.


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La dune 45.

Mais c'est le lendemain matin, très tôt pour être à l'heure de l'ouverture du parc, que nous faisons route vers les dunes de Sossusvlei. Et là, c'est l'enchantement, et je pèse mes mots! Les dunes défilent de chaque côté de la route, et c'est un kaleidoscope de couleurs rougeâtres, ocres et jaunes du plus bel effet, le tout sous un ciel bleu. Ne reculant devant aucun sacrifice, on fait l'ascension de la mythique Dune 45 achevée vers 8h, avant que la chaleur ne soit trop intense. Pour faire bonne mesure, après un parcours épique en mode 4x4 que je pratique pour la première fois pour aller voir la Dune Big Daddy, on fait une randonnée de plus de 2 km pour aller voir la Hidden Vlei et la Dune Pétrifiée. Une vlei est un ancien lac asséché dont le fond est couvert de sédiments durs comme du béton. Inutile de dire que nous étions seuls pour cette ballade et que nous savourâmes ces moments de complète solitude à leur juste valeur.
On a un peu plus d'un jour de piste et de route pour revenir à Windhoek, on va retourner près d'Etosha Park pour voir les lions, enfin j'espère.


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Safari dans la Réserve d'Ongava et retour à Etosha


On repasse à Windhoek en passant par la petite partie namibienne du désert du Kalahari. Cette fois bien décidé à voir enfin des lions, quitte à les tirer par la queue, on va se prendre un séjour dans une réserve privée avec "game drive" (safari photo avec guide) organisé. En remontant vers la Réserve d'Ongava qui jouxte le Parc National d'Etosha, on fait un détour pour visiter le CCF, la Cheetah Conservation Fundation qui a pour but la sauvegarde des guépards menacés d'extinction à cause de la réduction et de la fragmentation (clôtures) de leur territoire de chasse et de la diminution de leur proies potentielles dues à l'exploitation humaine des terres agricoles et à l'élevage du bétail.


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Guépard à la Cheetah Conservation Fundation d'Otjiwarongo.


La Fondation fait un remarquable travail de sensibilisation et de formation auprès des fermiers éleveurs de bétail pour qu'ils ne chassent pas les guépards comme des prédateurs. La Fondation dirigée par une américaine dévouée à la cause de ces félins, recueille les guépards orphelins qui n'ont pas pu apprendre à chasser par leur mère et qui ne pourraient pas survivre en liberté dans un environnement sauvage. C'est vrai que ces animaux gracieux et racés, les mammifères les plus rapides de la planète, sont vraiment beaux et méritent le détour pour les voir.
On arrive dans la superbe Réserve d'Ongava, bien résolu à voir enfin les "Big five", terme anglais qui dans le langage des chasseurs de safari africain d'autrefois désignait le lion, l'éléphant, le rhinocéros, le léopard et le buffle.
La persévérance, ou l'obstination, c'est selon, paye. Dès le premier "game drive", on a pu approcher des lions et des rhinocéros. Le Roi Lion n'a même pas daigné nous gratifier d'un regard, on était pourtant à 5m de lui. En fait, les lions sont plutôt des rois fainéants, la plupart de ceux qu'on a vu étaient couchés, sauf lorsqu'ils se rendaient au point d'eau pour boire. Les lionnes sont beaucoup plus nerveuses et actives et sur leur garde.


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Le Roi Lion.


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L'éléphant d'Afrique.


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Le rhinocéros.


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Le léopard.


Au cours des "game drive" des jours suivants, dont un dans le Parc National d'Etosha où on a eu plus de chance que lors de notre premier passage, on a pu compléter notre album photo. On a quatre des "Big Five", le buffle fait défaut, il n'y en a pas en Namibie. Mais le léopard est très rare et n'est qu'exceptionnellement pris en photo, là aussi le facteur chance et l'expérience et la bonne volonté du guide de la Réserve d'Okonjima étaient prépondérants. Mais le plus impressionnant aura été la "game drive" qui nous aura permis de trouver les éléphants à l'autre bout de la Réserve. Plus grands que les éléphants du désert que nous avons vu précédemment, ils ne sont pas faciles à approcher et le guide a gardé une bonne distance entre eux et nous. Il y a plus d'accidents avec les éléphants qu'avec les lions, et il y a quinze jours il y en a eu un mortel au Parc Kruger. Voilà qui n'est pas pour rassurer Chantal, mais nous avons déjà retenu un séjour dans ce Parc Kruger d'Afrique du Sud pour clore notre tour du monde avant de rentrer chez nous. On va encore voir les animaux dans leur habitat naturel et je compte bien remplir la case vide des "Big Five"
On va retourner à Windhoek et prendre l'avion pour Johannesbourg. La Namibie est un pays superbe pour ses paysages et sa faune sauvage qu'elle s'applique à mettre en valeur tout en la préservant. Le tourisme est en passe de devenir la principale richesse dans le pays, les richesses du sous-sol partant à l'étranger, la Namibie n'ayant pas la technologie et les installations industrielles pour les exploiter.


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A suivre dans les carnets Afrique du Sud