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LES CINQ ROUES
(2009) Opéra Multimédia: danse hop-hop, chant, musique électronique, vidéo, lumière, son

Production déléguée La Clef des Chants/Région Nord-Pas de Calais
Coproduction: Initiatives d’Artistes en Danses Urbaines (Parc de la Villette, Fondation de France, avec le soutien de La Caisse des Dépots et de l’Acsé), Culture Commune/Scène nationale du bassin minier du Pas-de-Calais, Palais du Littoral/Ville de Grande-Synthe.
Avec le soutien de: La Condition Publique de Roubaix et de La Tulipe Association Culturelle de L’Espace Gérard Philipe de Wasquehal.

Direction artistique, musique, livret: Thanh-Son Pierre NGUYEN
Mise en scène: Jean-Charles DI-ZAZZO, Thierry DUIRAT-ELIA
Chorégraphies: Ludovic TRONCHÉ
Participations aux chorégraphies: Jean-Charles DI-ZAZZO, Thierry DUIRAT-ELIA
Création Vidéo, réalisation du DVD: Bénédicte ALLOING
Costumes: Julie Z
Création lumière, régie: François COUTURIER
Régie Son: Jérémy SCHERPEREEL


avec
Héléna CILLI: Flûtes
Karine GODEFROY: chant, flûte
Thanh-Son Pierre NGUYEN: sabre japonais
Ludovic TRONCHÉ: danseur


Création le 21 novembre 2009 à La Condition publique à Roubaix (durée env 70 mn)
21/11/2009 20h30 La Condition Publique Roubaix
22/01/2010 14h30 Palais du Littoral à Grande Synthe tél: 03 28 24 49 00
22,23 /01/2010 20h30 Palais du Littoral à Grande Synthe
26/01/2010 10h et 20h: Espace Roland Huguet à Montigny en Gohelle (Culture Commune) tél: 03 21 14 25 55
29/01/2010 20h30 Espace Culturel Gérard Philippe à Wasquehal tél: 03 20 01 08 20
5/02/2010 20h30:Espace Agora à Santes(festival Deci Dela) tél: 03 20 07 75 14


"Rien n'arrive, personne n'arrive" se plaint Estragon. Cette réplique rappellerait à tout "japonisant" la célèbre maxime de Claudel: " le drame c'est quelque chose qui arrive, le Nô, c'est quelqu'un qui arrive."...
Takahaski Yasunari / Cahiers Renaud Barrault n°102

Dans le Nô, rien n'arrive car le Nô se passe lorsque toute action est terminée, parfois des siècles après. Ne reste alors que la substance qui a traversé de multiples existences, un rêve, des fantômes dont la mort alourdit les gestes. J'aime à penser que nous sommes des “êtres humains“ et non des “faire humains“. Ainsi, dans le Nô, de même que dans le sabre, il faut “être“ et non “faire“. C'est ce que j'ai voulu exprimer, et c'est aussi pour moi le sens profond de l'ouvrage de Musashi.

Comme dans le Nô, Les Cinq Roues est un théâtre de fantômes où les personnages errent dans leur solitudes. Solitudes faites de désirs et de culpabilités. S'agit-il d'un rêve où finalement on ne sait jamais ce qui est vrai et ce qui est fantasmé? Il n'y a plus d'action mais n'en reste que la trace fugace, que la poésie. Pour moi la poésie naît d'un geste, d'un regard, d'une phrase musicale, d'une pensée en vidéo, d'un déplacement. Ce ne sont ni le dispositif scénique, ni des effets spectaculaires de scénographie mais les interprètes qui peuvent amener ces moments magiques par la justesse et l'intensité, à la limite de la rupture, de chaque geste et de chaque intentions.

La création Des Cinq Roues est un travail collectif qui a suscité la naissance d'un univers impossible à décrire par des mots. La mise en scène et les éclairages, ne sont là que pour permettre ces moments de grâces. J'ai souhaité dès le départ, que la pièce soit, plus qu'un spectacle narratif, une sorte d'installation plastique où les corps feraient partie d'un dispositif visuel et sonore. Il s'agissait là de faire apparaître des éclats poétiques plus que du spectaculaires. Si les personnages, au fil de la pièce communiquent de moins en moins, c'est qu'ils s'unissent dans un même être par leur souffrance individuelle. Ils sont en fait les différentes parties d'un même être fait de souffrance. Souffrance dans laquelle chaque interprète et chaque spectateur pourraient se reconnaitre.

Les Cinq Roues qui pourrait être un voyage initiatique, est aussi une esthétique de la lenteur, bien que celle-ci soit ici extrêmement relative. Le spectacle fut interprété différemment par chaque spectateur. Il serait vide d'un sens imposé. C'est bien sûr ce que nous voulions. Chacun peut s'y projeter pour finalement se reconnaitre. Mais n'est ce pas le but de chaque œuvre, que de permettre à chacun d'y trouver l'espace de sa propre pensée?
Les Cinq Roues est un spectacle où la musique est un personnage, une source de vie. Elle fut créée en premier et conditionne avec la poésie des textes, la réalisation du spectacle. Les Cinq Roues est un théâtre musical qui est autant à entendre qu'à voir. Dans notre monde déjà saturé d'images, paradoxalement (puisqu'il y a de la vidéo) il n'était pas dans mon objectif de rajouter de nouvelles images. Mais par la poésie, la musique et les sons, j'ai donné à chaque corps un espace pour s'y placer ou plutôt pour y placer ses énergies. Énergies ô combien puissantes des corps se consacrant à la danse, au chant, à la musique, au sabre.

Pour terminer, les moyens que j'ai voulu utiliser, à savoir le mélange des différents modes de narration, sont indispensables à l'idée que nos pensées ne sont peut être que des rêves intemporels et que rien n'est réel car vide d'existence séparée. L'instant présent s'il est rêvé et non vécu pleinement, est fait des différents modes de narrations et de perceptions de notre vie et de notre environnement. Musashi dans son ouvrage incite le pratiquant de sabre à vivre pleinement l'instant présent, l'esprit vide de toute pensée. C'est l'enseignement des arts martiaux.