Des
premières formes de protection sociale. .. Les premières
formes de protection sociale sont des créations ouvrières, fondées
sur des valeurs de solidarité à partir des « risques du métier »,
afin de garantir un minimum de ressources aux familles concernés. Ainsi compte-t-on
en 1826 à Paris, 244 chutes d' échafaudages dont 72 sont mortelles. Les risques, ce
sont aussi, la perte d'emploi (déjà à l'époque) et les maladies,
dont beaucoup sont professionnelles. Dans ces cas, rien ne remplace le
salaire non perçu. Par ailleurs, même si l'espérance de vie est moins élevée, ceux qui arrivent à la vieillesse sont dans une situation redoutable, souvent invalides, sans revenus. |
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...aux
caisses de secours mutuel... Les mutuelles (dont
certaines existent depuis 1760 comme celle des menuisiers en meubles),
jouent le rôle de couverture des risques. Elles sont issues de
certaines professions, non généralisées, ignorant les plus nécessiteux
et proposant une couverture différente d'un secteur à l'autre. La mutualité
habituera les travailleurs à discuter de leurs intérêts communs, elle
va les conduire à se concerter, se rassembler pour résister. Ces premiers pas
vers la solidarité vont de pair avec les balbutiements du syndicalisme
qui sort de la clandestinité et donnera naissance à la Cgt en 1895. Le patronat va
s'intéresser à ce processus, pour tenter de le contrôler, le limiter,
et l'utiliser. Ce sera la naissance des oeuvres sociales patronales. |
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...aux
assurances sociales jusqu'en 1939... La loi du 5 avril
1910 institue un régime d ' assurance obligatoire pour les salariés du
commerce et de l' indus- trie en matière de vieillesse, mais son
application fut très limitée. Les lois de 1928 et
1930 instituent pour les salariés ayant un contrat de travail, une
assurance pour les risques maladie, maternité, invalidité, vieillesse
et décès, ainsi qu'un régime spécial pour les agriculteurs. Nées au 19"
siècle, influencées par le patronat chrétien, les allocations
familiales s'appliquent dans les secteurs de la fonction publique dès
1860. Elles seront généralisées en 1932 avec un financement assuré
par des versements patronaux, puis confortées en 1938 où leur montant
est fixé par référence à un salaire moyen départemental. A la veille de la
seconde guerre mondiale, la France dispose dans les textes, d'un système
d'assurances sociales, mais il est non obligatoire et ne concerne pas
tout le monde. C'est un système
assurantiel, ce qui n'est pas étranger à la déroute que connaîtront
les retraites. La guerre remet en question ce système même imparfait. |
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… à
la naissance de la Sécurité sociale en 1945 … Les organisations
syndicales existantes alors, la Cgt et ! la Cftc, participent à l'élaboration
du programme du Conseil national de la Résistance qui vise à associer
l'ensemble de la Nation aux affaires publiques pour bâtir une
authentique République sociale et démocratique. Il comprend un plan
complet de sécurité sociale destiné à débarrasser les travailleurs
de l'incertitude des lendemains. Au sortir de la
guerre, la situation sanitaire de la population est très critique et
les équipements de santé sont sinistrés, dans un pays ravagé par les
années de guerre. Cela explique
l'impact dans la population de la mise en place de cette Sécurité
sociale. Les ordonnances du
4 octobre 1945 seront mises en application par le ministre communiste du
Travail Ambroise Croizat, ancien Président de la commission du Travail et des Affaires sociales de l'Assemblée
nationale, Secrétaire général
de la fédération Cgt des Métaux, avec le concours de Pierre Laroque,
conseiller d'Etat, directeur général des Assurances sociales au ministère
du Travail. Elles aboutiront à la loi dite de généralisation de la Sécurité
sociale adoptée le 22 mai 1946. Ces textes jettent
le socle d'une protection sociale universelle, obligatoire et solidaire,
puisque l'on cotise à hauteur de ses moyens pour en bénéficier à
hauteur de ses besoins. Même si les régimes
particuliers et spéciaux perdurent, la mise en place de la Sécurité
sociale fonde les bases d'un régime unique de haut niveau face à la
multitude de caisses existant à l'époque. L'entreprise participe à son financement et l'administration des caisses de Sécurité sociale revient pour l' essentiel aux travailleurs dont les représentants, désignés puis élus, occupent les trois quarts des sièges contre un quart pour ceux du patronat. |
Dès l'origine, des
différences, voire divergences, verront le jour entre organisations,
certaines momentanées, d'autres plus durables:
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...une
conquête forgée au rythme des luttes et des rapports de force L 'histoire des
grandes heures de la Sécurité sociale se confond très étroitement
avec celle de la A
l'inverse, tous les coups portés contre notre système de protection
sociale, contre son fonctionnement démocratique, s'inscrivent comme
autant d'atteintes au droit au bien-être, à la santé, à la
vie. Les
élections des administrateurs en 1947, 1950, 1955, 1962 et 1983 ont constitué
des moments importants dans la vie sociale et syndicale de notre pays,
des temps forts de débats, d'information, de sensibilisation sur les
enjeux de l'organisme, avec un fort pourcentage de participation aux
scrutins montrant l'attachement des assurés à la Sécurité
sociale. Malgré
les multiples manœuvres, ces consultations ont confirmé un fait
permanent dans l'histoire de l'institution, de 1947 à nos jours: les travailleurs et allocataires
ont toujours placé en tête de leurs suffrages la Cgt comme
l'organisation la plus apte à défendre leurs intérêts ! Ce
constat nous conforte dans nos droits à revendiquer notre
place et nos responsabilités dans la gestion des organismes de la Sécurité
sociale. |
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Le
régime se met en place et va évoluer de façon positive jusqu'aux années
1970, avec des améliorations importantes, mais aussi des remises en cause. 1947
premières
attaques, à l'occasion de l'éviction des ministres communistes du
gouvernement. 1949
blocage du
plafond des cotisations, diminution des prestations, remboursements affaiblis 1953
le
gouvernement Laniel veut retarder jusqu'à 70 ans l'âge du départ à la
retraite des fonctionnaires, des agents des services publics. La riposte sans précédent
des intéressés, 4 millions de grévistes en plein mois d'août, l'oblige à
reculer. 1959
majoration
du ticket modérateur, installation d'une franchise, suppression du
remboursement des frais de cure, la réaction des salariés oblige le
gouvernement à reculer sur la franchise et les frais de cure. 1967
par voie
d'ordonnance, le gouvernement porte une des attaques les plus importantes contre
la Sécurité sociale. Il éclate le régime en trois caisses nationales
(assurance maladie, allocations familiales, assurance vieillesse), supprime les
élections, introduit le paritarisme, augmente le ticket modérateur, mais
recule sur la mise en place d'une franchise. Par cette réforme, la Cgt se voit
écarter de tous les postes de responsabilités au sein des organismes, alors
qu'elle demeure et de loin la première organisation syndicale du pays. |
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1971
la loi
Boulin de réforme des retraites fait progresser fortement le taux plein de
retraite, mais n'abaisse pas l'âge de départ à 60 ans. Ce droit n'est gagné
que dix ans plus tard au travers des ordonnances de 1982. 1983
les élections
sont rétablies et la Cgt, qui recueille 28,7 % des suffrages, est évincée de
toutes responsabilités. Au terme I de leur mandat de six ans, les
administrateurs sont reconduits d'année en année ! sans organisation d'élections. 1987
le plan Séguin
provoque de grandes luttes dans
le pays, à l'image du million de manifestants à Paris à l'appel de la Cgt et
quarante autres organisations. 1988
le projet
Chotard est mis en échec. |
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1991-1994
cette période
marque le début de mise en oeuvre de
politiques comptables dans le domaine de la santé et l'instauration de la CSG
(Cotisation sociale généralisée). De I nombreuses propositions sont faites
par les milieux économiques pour pousser à la capitalisation en matière de
retraite. 1993
les mesures
Veil- Balladur programment l'abaissement du niveau des retraites. 1995
le plan Juppé
aggrave la gestion comptable en matière de santé et de sécurité sociale; il
supprime les élections des administrateurs et remet en place le paritarisme. Ce
plan provoque des grèves massives dans nombre de secteurs. Le gouvernement est
contraint de reculer sur la mise en cause du régime de retraite de la SNCF 2001
les représentants
du Medef et de la CGPME quittent les Conseils d'administration des organismes de
la Sécurité sociale. 2003
la réforme
Fillon des retraites amplifie la régression. 2004
réforme
Douste Blazy de l'assurance maladie. Le Medef et la CGPME réintègrent les
Conseils après cette réforme. |