1. Elinoëe : exil.

Elinoëe la demi-elfe

La petite troupe s'avance dans la forêt. Les hommes sont inquiets et scrutent les feuillages. Ils ont peur d'une embuscade des elfes, ces êtres démoniaques de la forêt, d'autant plus que les soldats escortent un prisonnier elfique, ou plutôt une prisonnière.

Celle-ci se tient prostrée au fond de sa cage. Elle a été capturée alors qu'elle s'aventurait dans un village. Elle est maintenant emmenée à la cour du prince Corn pour y être interrogée.

Georg est aussi inquiet, mais pour un autre motif. Il n'a pas été suspecté lorsqu'ils ont découvert le cadavre du commandant Mors au pied des remparts. Par prudence, comme il paraît que les sorciers du prince peuvent interroger les morts, il s'est contenté de mettre de la distance en se portant volontaire pour cette mission, ici, à la frontière des domaines du prince.

Mais depuis, il a entendu dire que les prêtres peuvent aussi ressusciter les morts, et que le prince accordait parfois cette faveur à ses meilleurs soldats. Alors c'est décidé, à la première occasion il déserte.

Soudain une volée de flèches jaillit du haut des arbres. C'est l'embuscade. Les éclaireurs n'ont rien vu. Les hommes rompent l'alignement, sortent des rangs en essayant de se protéger du mieux qu'ils peuvent avec leurs boucliers.

Georg est à côté de la cage. C'est là que se concentre l'attaque des elfes. Ils surgissent des fourrés pour tenter de délivrer la prisonnière. Georg sent sa chance passer et la saisit au vol. Il échange quelques mots avec l'elfe en cage.
- Si je te délivre, tu m’emmènes avec toi ?
- Pourquoi pas ?
Et Georg frappe par-derrière le sergent, s'empare des clefs, et ouvre la cage.
- Comment t'appelles-tu ?
- Georg, et toi ?
- Elinoëe. Courrons maintenant !

Les elfes s'aperçoivent que leur objectif est atteint. Un son de cor, et ils reculent et battent en retraite, toujours couverts d'une pluie de flèches.

Lorsque celle-ci s'arrête, il n'y a plus d'elfes en vue. Le coup de main n'a pris, en tout et pour tout, que quelques minutes. Quelques hommes se regroupent vainement pour organiser une poursuite. Mais c'est trop tard, et pourchasser des elfes dans les bois est bien trop dangereux. Ils abandonnent.

Malgré sa taille et ses grandes foulées, Georg a beaucoup de mal à suivre Elinoëe. A un moment l'elfe passe sous des branches basses. Le temps qu'il franchisse l’obstacle à son tour, et il l'a perdue de vue. Il appelle. Personne ne lui répond. Il avance alors tout droit, espérant rencontrer un chemin, lorsque des elfes surgissent tout autour de lui et l'encerclent.
- Suis-nous sans résister, humain, Tu es notre prisonnier.
- Liez-lui les mains.

Georg se laisse faire et les suit sans broncher. Une centaine de pas plus loin, ils arrivent au village. Ce sont de petites huttes de branchages, qui se camouflent parfaitement bien dans le paysage. Un humain pourrait passer tout à côté sans rien voir.

- Ils ont capturé un humain !
- Qu'il est grand, on dirait un ogre !
- Il faut le tuer, il a vu notre village.
- Avertissons le roi. Il décidera.

Le roi s'avance, en compagnie d'Elinoëe. Georg se rend compte qu'elle est un peu plus grande que la moyenne des elfes : ils mesurent environ cinq pieds de haut, et elle trois pouces de plus.

- Comment cet humain a-t-il pu pénétrer dans la forêt aussi près de notre refuge ? Qui donc l'a guidé ? s'exclame le roi.
- C'est moi, grand-père, répond Elinoëe. Il m’a aidée à m'échapper. C'est mon ami.
- Tu n'en feras jamais qu'à ta tête. Quand comprendras-tu que les humains et les elfes ne peuvent être amis ? Maintenant je suis contrarié car je dois te punir.

A cet instant intervient dame Alvina, la reine, qui plaide en faveur d'Elinoëe.
- Il faut comprendre ta petite-fille. Une part de sang humain coule en elle, et elle est encore très jeune. Elle n’a même pas quarante printemps. Mais elle s'assagira avec le temps.
- Quel malheur que ma fille se soit enamourée d'un humain, et quel malheur que l'on me rappelle sans cesse cette mésalliance !

Le roi Belnomë réfléchit. Puis, après un moment :
- J'ai trouvé ! Tu seras bannie pour... mettons quatre ans. Quatre est le chiffre des fables. Toi et ton ami serez reconduits et abandonnés à dix lieux d'ici.
- Je te donnerai des philtres magiques pour ton voyage, ajoute dame Alvina.
- Qu’importe, je ne veux plus te revoir d'ici quatre ans. Tu apprendras vite que le monde des humains est laid, et n'est pas fait pour un elfe, conclut le roi.

Georg a les yeux bandés pour qu'il ne puisse pas retrouver le village. "C'est inutile. Je suis incapable de m'orienter dans votre damnée forêt !" proteste-t-il en vain.

- Voici trois potions. La première est une potion de guérison. Tu peux t'en servir trois fois. La seconde te permet de t'échapper des situations vraiment désespérées. Tu dois la boire d'un trait. Pour la troisième, j'ai pensé à ton ami. Elle est à utiliser dans les combats contre plus forts que vous. Il faut la boire également d'un trait.
- Merci grand-mère.
- Utilise au mieux tes potions. Bonne chance.

Ils partent.

Après avoir été abandonnés en forêt, Georg et Elinoëe font plus ample connaissance.
- Que tu es grand, combien mesures-tu ?
- Cinq pieds six pouces.
- Cinq pieds six pouces ! Es-tu sûr de ne pas avoir des ancêtres ogres?
- Bien que je ne les aie jamais connus, il est inutile d'insulter mes aïeux. Mais après tout, c'est possible. Je ne me suis jamais posé la question. Et maintenant que faisons-nous ?
- Nous nous installons pour la nuit. Il faut que je réfléchisse.
- Je vais couper des branches pour faire un abri.
- Je préfère dormir à la belle étoile.
- Et moi je préfère mon confort.
- Je vais chasser en attendant.

Elinoëe prend son arc et s'éloigne. Plus tard, autour du feu, ils parlent de leurs projets.
- J'ai envie de découvrir le monde des humains. Parle m'en.
- Il y a de grands châteaux, avec de nobles et belles dames dans de somptueuses robes, et de galants gentilshommes qui leur tiennent compagnie.
- Ca me semble trop beau pour être vrai.
- Et pourtant c'est vrai. Mais il y a aussi des culs-de-basse-fosse, des maladies, et la misère.
- Et toi, dans quel monde vis-tu ?
- Je vis au jour le jour, la fange un matin, la soie un soir. Je suis un soldat, ou plutôt j'étais. Je peux mourir demain et risque ma peau tous les jours.
- Tu sembles presque blasé.
- Non. Je suis juste un peu fatigué parce que c'est le soir. J'ai moi aussi envie de découvrir le monde. Tu n'as pas à boire ? Qu'est ce que tu transportes dans ces petites fioles que tu protèges si bien ?
- Des potions que m'a données ma grand-mère. Celle-ci est une potion de guérison. Si je suis blessée, tu peux m'en faire boire. Un tiers devrait suffire.
- Et les autres ?
- Elles ne sont à utiliser qu'en cas d'absolue nécessité. Je t'en dirai peut-être plus un jour. Pour l'instant elles constituent toute ma fortune, pour les quatre ans à venir.
- Quatre ans d'exil, n'est ce pas un peu sévère comme jugement ?
- Les elfes peuvent vivre très vieux, jusqu'à mille ans et plus. Alors, pour eux, quatre ans, c'est vite passé.
- Mais tu es à moitié humaine je crois. A part tes yeux verts et tes oreilles pointues, tu ressembles à une petite femme.
- Aussi est-il possible que je ne vive pas aussi longtemps. Je l'ignore. Mais je parie que j'ai déjà plus du double de ton âge.
- Tu paries bien. Je n'ai que dix-neuf ans. Mais qu'as-tu fait durant toutes ces années ?
- J'ai ri, j'ai dansé, j'ai chanté. Je parle six langues, et j'ai même appris un peu de magie.
- Que faisais-tu quand on t'a capturée ?
- Je voulais juste voler du ruban chez un humain.

Ils conversent ainsi tout le soir, puis Georg va se coucher tandis qu'Elinoëe monte la première garde. La nuit est calme. Elle en profite pour fouiller les affaires de son compagnon. Elle ne découvre qu'une poignée de pièces d'argent et de cuivre, qu'elle remet soigneusement à sa place. Enfin elle tire Georg de son sommeil pour la seconde garde, et se couche à son tour.

Elle est réveillée par les rayons du soleil. Pas de trace de Georg !

Nous avons un beau lapin pour le petit déjeuner, déclare-t-il en revenant enfin après quelques minutes. Il était juste parti relever les collets posés la veille. J'ai eu beaucoup de mal à résister à la curiosité d'essayer tes potions, avoue-t-il. Et ce matin, quels sont tes projets ?
- J’y ai réfléchi cette nuit, et je me suis souvenue d'une histoire que l'on raconte au village. Un jour Foloë, un elfe un peu fantasque, a voulu défier en combat singulier le troll O'Meg. Comme Foloë est un excellent guerrier, il découpe O'Meg en petits morceaux. Epuisé tout de même après cet effort, il s'endort sur place. Mais il a oublié que les Foloë. Comment peut-on se débarrasser d'un troll ?
- Par exemple en le brûlant.
- C'est très ingénieux. Mais où veux-tu en venir avec cette histoire ?
- Je me souviens que Foloë avait une épée magique. Elle est probablement restée sur place. Je compte aller la récupérer.
- Holà, je ne me sens pas de taille à affronter un troll !
- Il suffira de profiter de son absence pour explorer sa tanière.
- Si c'est aussi facile, pourquoi personne n'y a pensé auparavant ?
- Parce que les elfes sont farouchement individualistes. Il faut une forte menace, comme les hommes du prince Corn, pour les rassembler. Or dans mon plan il faut être deux. J'ai besoin de toi pour faire le guet.
- Une dernière question, où est mon intérêt dans tout ça ?
- Le plaisir de l'aventure ? hasarde-t-elle.
- Bien répondu, s'exclame-t-il en riant. Allons-y !.

Ils progressent dans la forêt. Elinoëe avance en silence, prudente. Georg la suit à une dizaine de pas.

Il est équipé de son habituelle armure, faite de bandes de métal cousues sur une armature de cuir et une cotte de maille. Il porte son épée dans la main gauche, car il est gaucher, et une dague dans la main droite. Il néglige ainsi le bouclier qu'il porte fixé sur son dos.

Elinoëe ne porte pas d'armure : cela risquerait de perturber sa magie. Mais elle peut compter sur un charme de bouclier magique qu'elle a appris.

Arrivée à proximité d'un groupe de rochers, elle fait signe à son compagnon de l'attendre. Quelques minutes se passent, puis elle revient.

- Cela a l'air vide. Suis-moi, je vais examiner de plus près. Préviens-moi si O'Meg fait son apparition.

Il s'agit d'une caverne. L'endroit dégage une forte odeur. Elinoëe utilise l'infra-vision, un don hérité de sa lignée elfique, et qui lui permet de "voir" les différentes sources de chaleur dans l'obscurité.

Elle constate que l'entrée de la caverne fait un coude, qui semble donner sur une plus vaste grotte. Elle n'entend toujours rien. Elle avance alors sans faire de bruit…

Arrivée au coude, dans la pénombre, elle ne distingue toujours pas de créature à sang chaud, mais uniquement des formes floues. Elle allume sa lanterne…

A l'extérieur, Georg s'impatiente. Il attend un quart d'heure, une demi-heure, bientôt trois-quarts d'heure! Excédé, il rentre à son tour dans la caverne.
- Que fais-tu donc ?
- Je cherche. Tu devais faire le guet !

C'est une vaste salle dans laquelle règne une épouvantable odeur. Il y a trois coffres ouverts remplis de nourriture, une paillasse dans un angle, un amoncellement de détritus divers, des restes de repas, dont des crânes de petites créatures humanoïdes. Elinoëe est accroupie près d'un tas de fourrures grossières.
- As-tu trouvé l'épée ?
- Non, je n'ai pas fini. Retourne donc dehors !

A cet instant ils entendent un grognement ressemblant vaguement à un langage articulé. C'est le troll qui rentre, avec une carcasse d'animal, un chevreuil, sur son épaule.
- Bois ça, vite. Fais-moi confiance! crie Elinoëe en tendant à Georg la troisième potion de sa grand-mère.

Il a juste le temps de la boire. Le troll se débarrasse de son fardeau et fonce sur lui. Pendant ce temps Elinoëe active son charme de bouclier magique.

O'Meg frappe des dents et des griffes, mais il ne happe que le vide. Georg attaque à son tour, mais la peau du monstre est trop dure pour être entamée.

Georg est blessé.

Elinoëe parvient, à la faveur de la pénombre, à se glisser par-derrière, et enfonce son épée dans l'échine du troll.

Mais celui-ci vit encore, et se retourne contre ce nouvel agresseur. Malgré son bouclier magique, Elinoëe est cruellement griffée et s'évanouit.

Le guerrier profite alors de ce que le troll lui tourne le dos pour frapper à son tour.

Le monstre s'écroule enfin.

Georg s'occupe d'Elinoëe. Elle est entre la vie et la mort et a perdu beaucoup de sang. Il lui fait boire une partie de la potion de guérison qu'elle lui avait montrée. Ses blessures se referment et se cicatrisent.

Mais que se passe-t-il ? O'Meg a bougé. Georg se souvient alors qu'Elinoëe lui a parlé du pouvoir de régénération des trolls. Le guerrier le tue de nouveau d'un coup d'épée, le frappe encore plusieurs fois par sécurité, puis tire son cadavre à l'extérieur. Là, il fait un grand feu avec du bois mort cueilli alentours.

Pendant ce temps Elinoëe reprend ses esprits. Elle est encore sous le choc et remue avec peine. Une fois que les reste de O’Meg sont convenablement calcinés, Georg revient la voir. La potion a eu un effet miraculeux : hormis sa veste déchirée par endroits, il n'y a plus de traces des cicatrices.

- Fouillons cette grotte maintenant, décide la demi-elfe.

Ils remuent et trient avec soin les détritus. O'Meg avait apparemment accumulé pêle-mêle les effets de ses victimes. Il y a là des vêtements tâchés de sang, des sacs déchirés et pourris, des armes rouillées et un bouclier défoncé.

Ils trouvent une grosse gemme : un beau rubis, trésor au milieu des immondices, ainsi qu'une petite pierre de jade et un bracelet en or. Il y a aussi une dague et une hache en bon état.

- Ton histoire doit être une légende, ou alors Foloë n'a jamais eu d'épée magique.
- J'en ai bien peur.
- J'y pense, puisque tu es magicienne, ne peux-tu voir s'il n'y a pas d'objets magiques là dedans ?
- Je ne connais malheureusement pas le sortilège permettant de le faire.
- Dans le doute, je prends la dague et la hache comme souvenir. Je te laisse le bracelet. Que faisons-nous du rubis ?
- Il est juste que je le garde en dédommagement de la potion que je t'ai donnée. A propos, quels furent ces effets?
- Formidable. J'ai senti mon sang bouillonner d'une vigueur héroïque. Ma peur a disparu. Les coups me faisaient à peine reculer. Depuis, bien que j'aie retrouvé mon état normal, je ne ressens toujours pas mes blessures. Mais je te rappelle que cette potion m'a permis de te sauver la vie. Nous sommes donc quittes. Je te propose d'aller jusqu'à une ville, de vendre le rubis, et de partager la somme.
- Il nous faut aller assez loin pour être hors de portée du prince.
- Alors il nous faut aller très loin.

Ils décident donc de surseoir au partage du trésor, et marchent en direction de l'ouest, vers la frontière du monde connu.

La nuit venue, durant son tour de garde, Elinoëe examine de plus près ses trouvailles, celles qu'elle a faites lorsque Georg était encore à l'extérieur de la grotte : une petite tourmaline sans grande valeur, car avec un défaut, et surtout une fiole très mystérieuse. Son contenu est un liquide transparent, sans odeur particulière, à la fois volatil et visqueux. Elle en verse une goutte par terre. Rien ne se passe. Elle décide de remettre ses investigations à plus tard.

Quant au bracelet, sans en être sûre, elle pense qu'il s'agit d'un bijou de protection, d'après la pureté du métal et la sobriété des motifs.

Chemin faisant, ils prennent le temps de comparer leurs techniques à l'épée. Georg apprend des rudiments de l'escrime si redoutée des elfes. Elinoëe en profite pour éprouver la protection magique de son bracelet.

Ils voyagent ainsi une semaine sans être inquiétés, et arrivent dans un village.

Là ils sont accueillis à bras ouverts par les habitants. Peut-être les aideront-ils à se débarrasser d'un ogre qui hante depuis peu la région ?

Nos deux héros rejettent d'abord l'offre de cent pièces d'or qui leur est faite : ils veulent aller à la ville pour vendre leur rubis. Les villageois se résolvent alors à faire appel aux troupes du prince Corn, bien que ce type d'appel au secours s'accompagne souvent, d'après d'autres échos, d'installation à demeure d'étrangers, et de nouvelles taxes.

Apprenant leur décision, Elinoëe change d'avis. Il lui reste maintenant à convaincre Georg. Mais celui-ci ne veut rien entendre. Il se moque de l'avenir de ces gens et du prince Corn. La magicienne utilise alors un charme magique sur lui. Elle récite l'antique formule. Georg a l'air surpris. D'interminables secondes s'écoulent.
- Que dis-tu ?
- J’appelle la protection des dieux. Pour la dernière fois, es-tu prêt à me suivre ?
- C’est bon. Mon plus cher désir est d'aller où tu iras.
C'est réussi. Georg est sous le charme.

Ils étudient les lieux où l'ogre est apparu. Ce monstre est rapide et rusé. Il a déjà enlevé quelques adolescents. Les villageois n'osent plus sortir seuls.

Elinoëe, avec la complicité d'un enfant, lui tend un piège : le gamin joue le soir, apparemment isolé, dans un champ en bordure de forêt, tandis que la demi-elfe et le grand guerrier, cachés, montent la garde.

Le troisième jour, le piège fonctionne. L'ogre apparaît. Il s'avance dans le champ, armé d'une grande hache de pierre.

Elinoëe vise l'ogre avec son arc, tandis que Georg attaque. Elle l'atteint une fois. L'enfant s'échappe. Le guerrier charge.

La magicienne active son bouclier magique au moment où le monstre et l'humain s'affrontent, puis elle intervient avec son épée en tournant autour de l'ogre.

A deux ils en viennent facilement à bout. Georg a juste été un peu blessé à l'épaule.

Mais voici que surgit un deuxième ogre. Il s'agit de l'ogresse. Folle de rage du fait de la perte de son compagnon, elle frappe la demi-elfe par-derrière. Georg reste seul face à cette furie.

Il combat de toutes ses forces. L'ogresse est blessée et fuit.

Il s'inquiète tout de suite de la santé d'Elinoëe. Elle respire encore. Il utilise encore une fois la potion de guérison. Elle revient à elle. Les villageois, munis de torches et de piques, accourent à la rescousse.
- Ils étaient deux, dit Georg. Voici pourquoi vous les voyez en plusieurs endroits à la fois.
- Ils ont capturé deux des nôtres. Pouvez-vous faire quelque chose pour les délivrer ? demandent les paysans.
- Je vais tâcher de poursuivre l'ogresse. Il faut organiser une battue. Qui m'accompagne ?
Les villageois, enthousiasmés par la récente victoire, sont tous volontaires.
- Je pars en éclaireur. Elinoëe, es-tu suffisamment rétablie pour me suivre ?
- Je vais essayer.

Georg se saisit d'une torche, et court vers la forêt dans la direction prise par l'ogresse tandis que les villageois forment une ligne pour inspecter méthodiquement tous les fourrés. Elinoëe parvient à repérer les brisées de leur adversaire. La piste est marquée de sang. Après une heure de course folle dans la nuit, ils arrivent à l'entrée d'un petit vallon dans les bois. Le guerrier passe devant.

- Attention !

L'ogresse s'est embusquée pour surprendre ses poursuivants. Mais Elinoëe l'aperçoit suffisamment à temps pour mettre Georg en garde. Après un bref combat, Il vient finalement à bout de la créature en la coupant presque en deux de son épée.

La poursuite est finie.

Elinoëe et Georg décident d'explorer le vallon sans attendre les villageois. Ils découvrent la tanière des ogres, une hutte faite de rondins, construite autour d'un pilier central.

A l'intérieur, enchaîné au pilier, il y a un des humains capturés, choqué mais vivant. Son compagnon a eu moins de chance. Il a été décapité pour être mangé. Détail horrible : ses membres sont suspendus à des crocs fixés à la charpente.

La demi-elfe est un peu écœurée par ce spectacle. Mais Georg a déjà vu des lendemains de champ de bataille. Il délivre le prisonnier, puis entreprend la fouille minutieuse de la tanière.

Le mobilier est composé d'un lit et de quelques coffres. Ils découvrent un petit trésor de pièces d'argent, un lapis-lazuli, un collier de jade et de corail, et un bracelet d'ivoire. Il y a aussi six fioles, dont une vide.
- Apparemment les ogres aiment les bijoux précieux. Mais je m'interroge sur la présence et l'origine des fioles. Leur contenu est-il magique ? demande Georg.
- L'une d'elle a été bue récemment. Il s'agissait d'une potion de guérison d'après le peu qu'il en reste. Je reconnais la substance. Une autre est identique à celle que je t'ai donnée contre O'Meg. J'ignore tout des autres, mais elles sont sans doute également magiques.
- Cela fait peut-être partie d'un trésor que les ogres ont découvert, ou bien ce type de potion est monnaie courante pour eux. Après tout, nous ne connaissons pratiquement rien des contrées d'où ils viennent.

Puis les villageois arrivent. Ils retournent tous au village fêter la victoire.

Elinoëe et Georg y restent encore trois jours pour se remettre totalement d'aplomb, puis repartent vers la ville la plus proche pour monnayer leur trésor et faire identifier leurs potions par un alchimiste.

Ils voyagent en redoublant de précautions, puis arrivent à quelques lieues de la ville après huit jours de marche.
- Ce serait un comble de se faire tuer maintenant que nous sommes si près, et avec un tel trésor, dit Georg.

Coïncidence, à cet instant ils sont attaqués par huit bandits. Ceux-ci sont armés de façon hétéroclite. Ils ont des épées et des hallebardes, et même une arbalète. Ils sont vêtus d'armures légères de cuir et de cottes de mailles. Certains utilisent des boucliers. Le chef de la bande possède un cheval.
- La bourse ou la vie ?
- C'est un peu conventionnel comme demande ! réplique Georg.

Elinoëe et lui réagissent rapidement. Ils évitent un carreau d'arbalète. La demi-elfe a juste le temps d'invoquer son bouclier magique.

Ils combattent dos à dos, en se protégeant l'un, l'autre. Ils sont encerclés par six des voleurs. Leur chef reste en retrait ainsi que l'arbalétrier qui recharge son arme.

Georg met en pratique les leçons d'escrime d'Elinoëe. Il fend le casque et la tête d'un adversaire, plonge sa dague dans le ventre d'un second à travers le cuir, mais ne peut éviter l'épée du troisième qui le touche au flanc. Qu'importe, malgré sa douleur, il continue le combat !

Pendant ce temps Elinoëe pare tous les assauts. Elle parvient même à blesser un des ses ennemis.

Les brigands hésitent. Leur chef s'avance alors. Mais grâce à un audacieux mouvement, Georg réussit à le désarçonner et à le tuer.

C'est la débandade, les bandits survivants s'enfuient. La demi-elfe, saisissant son arc, atteint l'arbalétrier d'une flèche avant qu'il ne disparaisse dans les bois.

Nos deux héros sont vainqueurs. La magicienne n'a aucune blessure, celle du guerrier n'est qu'une légère entaille après examen.

La fouille des cadavres ne révèle rien de bien intéressant, seulement quelques pièces d'argent et de cuivre. Ces voleurs n'étaient décidément pas doués.

Georg et Elinoëe repartent vers la ville.

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