Un café crème (pas de croissants ce matin). On dirait que c'est depuis ce matin, mais je ne suis pas un vrai habitué du Café Commerce. Le grand titre du Monde; emploi qualifiés: "La France manque d'étrangers." Malgré l'heure il y a peu de monde. Un couple Marocain, une jeune fille assise au bar qui fume avec un air nerveux, un jeune homme face à elle, un peu perdu, deux amies qui prennent du jus d'orange, et deux soldats en tenue de camouflage. Je suis à la même table qu'hier. Voici, les derniers jours du Café Commerce.

La première fois que je l'ai vu c'était en 2001, en traversant la Place Commerce avec une valise déjà trop lourde pour les deux semaines que j'avais prévues à Nantes. Ça fait deux ans maintenant et, ce matin, je porte seulement un petit sac noir qui contient un roman (qui est trop lourd néanmoins). Une patrouille de cinq soldats est passé juste devant le café, en prenant le même chemin que j'ai pris il y a deux ans sauf qu'ils s'arrêtent au MacDo.

Pourquoi autant de militaires ce matin? Il y avait des manœuvres en Vendée. Je crois qu'ils viennent d'envahir La Roche Sur Yon. L'été 2001 sera considéré comme l'été de 1939 si l'on continue comme ça. Mon roman, dont le premier essai était bouclé le 12.12.98 à 20h00 d'après le mot j'ai écrit sur la dernière page, vient de cet temps là, une période que tout le monde aux États-Unis croit révolutionnaire, mais je ne me souviens plus pourquoi. Il a eu avoir quelque chose à propos d'argent.

En tout cas, les terrasses devant les trois cafés de ce côté de la place ont changé. Il n'y avait même une chaise libre côté nord, où se trouvent les cafés plus fréquentés par les jeunes en sortant du cinéma (un Gaumont énorme, bien sûr). Le scène m'a fait me souvenir de Córdoba, Argentina où, en 1998, la même année où j'ai commencé mon roman, je cherchais des places dan n'importe quel café avec ma cousine Patricia à 2h00 heures sans réussir. Ça m'étonne toujours. Je me demande si le monde entier ne semble pas plus vivant si l'on ne comprend pas parfaitement la langue dans laquelle se présente.

Des petites groupes des soldats s'assemblent. Ils serrent les mains des autres et puis les mettent dans les poches. Les uniformes de n'importe quelle armée doivent avoir des poches renforcées. Il fait très frais ce matin. Je suis à cette table parce qu'elle va être au soleil dans trente minutes.

Il n'y a personne sur les terrasses des cinq cafés ici ouverts. La Bourse, Le Commerce, L'Europe. Je ne me souviens pas des autres. Le couple algérien ou marocain parle très doucement. La femme nerveuse a été remplacée par une autre plus âgée et sûre d'elle. Le jeune homme mange un croissant--évidemment il y en a--le service ici depuis j'ai commencé a'y venir a toujours été un peu manqué.

Les serveurs ici ont toujours l'air à moitié fâché. Peut être je me suis trompé sur une de ces sortes de règle <non écrite> d'avoir choisi cette table. Pas gênant en tout cas. Ils me laissent tranquille, quelque soit le temps je perds sur mon roman raté. (Il m'arrive tout à coup à l'idée que je ne veux pas de témoins quand je meurrai: j'ai quelque chose dan mes tripes depuis Juillet dernier qui ne va pas, un endroit que j'ai nommé <la grenouille>. Ça ne me fait pas mal exactement, mais ça ne me rend pas heureux non plus.

Ils ne savent pas trop quoi faire de leurs peaux, ces militaires. Dans le cahier que j'ai commencé en partant pour la France pour la première fois en 2001, j'ai noté la conversation ave le conducteur de taxi qui m'a amené à l'aéroport:Tout le monde se trompe sur l'Islam. Je vous assure que cette une religion d'amour. Où est-ce que vous vous trouvez maintenant, monsieur? J'espère que vous allez bien et vous n'avez pas arrêté de dire ce qui habite dans votre cœur.

"Ils ont "conqueré" la Vendée," j'entends. C'est pas "conquis"? Un jour, peut-être, je parlerai un Français aussi mauvais que certains Français. Et le monsieur derrière moi, "Maintenant ils se défoulent sur Nantes." Les militaires traînent sur le marche qui de à FNAC devant moi. Ils sortent leurs téléphones de leurs poches renforcées. Au centre du Commerce, en plein soleil du matin, ils pourraient être en train d'appeler n'importe qui, n'importe où. Moi, il me faut limiter ce témoignage des derniers jour du Café Commerce aux 92 pages de cet petit cahier Conquérant.

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Un café crème, 1€20