La récolte de la résine était une
activité largement pratiquée à Ondres pendant la deuxième
moitié du XIXème siècle et la première moitié du XXème.
Dans plusieurs familles ondraises le métier de résinier
se transmettait de père en fils. La gemme ou résine est un liquide visqueux, différent de la sève, sécrété par l'aubier de tous les conifères en réaction aux agressions extérieures : maladie, blessures par les animaux, outils tranchants. Elle sert de cicatrisant en couvrant la plaie d'une croûte blanchâtre. En avivant régulièrement cette plaie le gemmeur ou résinier entretient la sécrétion. Selon la nature des terrains (plaine ou dune) l'exploitation de la résine commençait pour les pins de 26 à 35 ans, et durait jusqu'à 60 ans au moins. La campagne durait de mars à octobre, période où l'écoulement est le plus abondant. |
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En
février les gemmeurs préparaient les
pins en raclant l'écorce sur une largeur de 25 cm et une
hauteur de 80 cm, en commençant à fleur de terre, et
sans entamer le bois. Ils creusait un crot au
pied du pin pour recueillir la résine.
A partir de mars ils pratiquaient à l'aide du hapchot la première entaille ou pique, sur une hauteur de 3 à 4 cm, puis toutes les semaines environ, ils repassaient pour faire de nouvelles incisions au dessus des précédentes. L'ensemble des piques formait la care, qui atteindrait plus de 60 cm en fin de saison. Les copeaux prélevés sur la care avec le hapchot étaient appelés gemelles et servaient d'allume-feu. Chaque année le gemmeur agrandissait la care jusqu'à une hauteur de 2,5 à 3 m. Parvenu à cette hauteur il commençait une nouvelle care autour du pin. Le même arbre pouvait ainsi comporter 4 à 5 cares. Pour résiner en hauteur il disposait d'une perche à échelon, le pitey. |
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La
récolte ou amasse était faite toute
les 5 à 6 semaines dans de grands seaux, les couartes,
que l'on vidaient dans des barriques avant de les
transporter jusqu'à l'usine avec des attelages de mules. A la fin de l'automne, le résinier récoltait la résine solidifiée sur la care : le barras. Un gemmeur pouvait exploiter dans la saison 2500 à 3000 arbres. La récolte de la résine atteignait 180 millions de litres en 1920, dont les deux tiers environ étaient exportés. |
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Après la deuxième guerre mondiale
cette exploitation a commencé à décliner, pour disparaître
dans les années 1960-1970. L'augmentation du coût de la
main d'œuvre, la concurrence étrangère (Portugal),
et l'arrivée de produits de synthèse ont largement
contribué à ce déclin. Dans les années 1950, l'utilisation
du hapchot pour entretenir la care a été remplacée par
la pulvérisation d'acide sulfurique, le pot de résine
par une poche en plastique, mais l'augmentation de
rendement qui s'en est suivie n'a pas été suffisante
pour maintenir l'activité. La résine, qui entre encore
dans la composition de nombreux produits, est
actuellement importée. |