Villeurbanne : Cantines, les parents d'élèves
mettent la pression
La délibération votée
lors du dernier conseil municipal - qui met en place un seuil
de revenus maximum pour inscrire son enfant à la cantine
scolaire - a créé un tollé chez les associations
de parents d'élèves. Une demande d'annulation a
été envoyée à la Préfecture.
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La délibération portant sur le nouveau règlement
intérieur des cantines scolaires, votée lors du
dernier conseil municipal, le 26 mars (lire notre édition
du 27 mars), n'a pas manqué de soulever la controverse.
C'est surtout la décision d'instaurer un revenu maximum
qui a interpellé les parents d'élèves. En
clair, quand un restaurant scolaire ne sera plus à même
d'accueillir des enfants, parce que complet, les dossiers de parents
gagnant mensuellement plus de 4 000 E seront placés sur
liste d'attente. La réaction des parents, via la FCPE,
ne s'est pas faite attendre.
Le vent de la fronde - et ce n'est pas une surprise - a commencé
à souffler dans les écoles où les cantines
sont les plus chargées. C'est le cas notamment à
l'école Croix-Luizet, où l'association de parents
d'élèves est l'une des plus virulentes. Cette riposte
s'est effectuée en deux temps : d'une part un courrier
adressé au maire qui conteste « la validité
juridique de cette décision contraire au principe d'égalité
d'accès au service public », ensuite par une autre
lettre envoyée à la Préfecture afin d'attirer
l'attention des services de l'Etat sur cette décision,
« et le cas échéant solliciter [son] intervention
pour que cette délibération ne puisse être
appliquée ».
Parallèlement, la coordination de la FCPE villeurbannaise
est également intervenue auprès des mêmes
interlocuteurs, pour demander l'annulation de cette délibération
« discriminatoire non seulement entre les enfants, mais
aussi entre les écoles de Villeurbanne », et remettant
en cause « la mixité sociale dans les écoles
et l'égalité entre les enfants dans un service public
».
Application à la rentrée
« En fait, comme les effectifs augmentent dans certaines
écoles et que les restaurants ne sont plus en mesure d'accueillir
tous les enfants, ils (les élus, ndlr) cherchent des solutions
pour limiter l'accès. Mais celle-ci n'est pas la bonne
», affirme Véronique Migeot, une représentante
des parents d'élèves de Croix-Luizet. Plus que le
plafond fixé, c'est le principe qui chagrine. « Cette
mesure est injuste, car globalement, les effectifs en primaire
sur la ville ne bougent pas : seules certaines cantines sont concernées
par ce sureffectif », reprend Véronique Migeot.
Du côté de la coordination des parents, Valérie
Piloni n'est pas moins sévère, regrettant que «
ni le maire, ni son adjoint à l'éducation n'aient
communiqué sur cette délibération avant son
vote », qu'elle qualifie de « palier discriminatoire
qui incitera les parents ayant de l'argent à aller dans
le privé ».
Pourtant, l'unanimité n'est pas de mise. Certains représentants
de conseils de parents d'élèves, sous couvert d'anonymat
toutefois, expliquent volontiers que « tout le monde n'est
pas contre cette mesure si elle demeure conjoncturelle et ne devient
pas pérenne. Mais parallèlement, il est important
qu'il y ait un débat sur le devenir des restaurants scolaires
». Un débat que la municipalité a promis (lire
ci-contre). Et en attendant, elle appliquera son nouveau règlement
dès la rentrée prochaine, sauf si la Préfecture
le juge illégal.
DAVID BLANCHARD