C'est à Moutrot, un petit village de Meurthe-et-Moselle, à une dizaine de kilomètres au sud de Toul, que demeure l'artiste. Par une petite porte situèe à l'arrière de la maison, on entre dans son atelier. pas très grand, très clair, décoré de quelques peintures, trois tables rudimentaires, c'est ici qu'Odile Mélinette laisse libre cours à sa passion: l'aquarelle.
Exemple type de l'autodidacte qui a réussi, Odile a découvert la peinture par hasard, à 32 ans. Depuis, elle n'a jamais arrêté.
Issue d'une famille ouvrière, Odile fait l'école normale et devient institutrice. Mais son rêve, c'est de créer de ses mains: elle voudrait être professeur de travail manuel. Alors elle crée; "utile" tout d'abord: des vêtements, du tricot. Pour pouvoir s'adonner à sa passion, elle travaille à mi-temps; elle touche à un peu tous les domaines de l'artisanat.... et puis un jour, elle découvre le dessin. Révélation. la passion est là; elle essaye tout: le crayon, le fusain, l'encre de chine, la peinture à l'huile en associant pendant un an l'aquarelle... Nouvelle révélation. C'est cette technique qui lui convient, "parceque c'est un nouveau défi à chaque fois, car l'aquarelle nous mène où elle veut. C'est ce qui en fait la difficulté et en même temps l'attrait".
Au début des années quatre-vingt-dix, Odile décide de quitter l'Education nationale pour se consacrer à sa passion. Elle sollicite un congé de mobilité qui lui permet de se former en vue d'un départ de la fonction publique. Pour obtenir ce congé, il faut un projet; Odile en a un: animer des ateliers d'arts plastiques pour les enfants.

Pendant un an, elle effectue une formation artistique très variée englobant la sculpture, la gravure et la peinture. Et puis, elle se lance: elle abandonne son statut rassurant de fonctionnaire pour celui plus précaire de salarié d'une MJC et d'artiste indépendant. C'était il y a 10 ans.Depuis, Odile fait le bonheur de nombreux enfants et adultes du Toulois qui fréquentent ses ateliers.
Perfectionniste, elle-même ne cesse de progresser et elle est maintenant reconnue comme une aquarelliste de niveau international. Pour preuve, sa sélection parmi les 130 exposants (sur 700 candidatures) pour le très prisé salon de l'aquarelle de Belgique, qui aura lieu à Namur au mois d'avril prochain. Pour cette occasion, Odile a réalisé une série de marines dans laquelle elle a particulièrement travaillé sur l'étude des reflets sur l'eau: magnifique !

A titre personnel, Odile ne réalise plus que des aquarelles mais elle eefectue régulièrement des stages pour apprendre d'autre technique comme la grvure ou la peinture japonaise. "Pas pour en faire, mais pour connaître".
Dans le choix de ses sujets, Odile est très éclectique; "j'ai des périodes" affirme-t-elle. Mais dans sa production tout tourne autour de la nature: elle aime la campagne et surtout peindre en extérieur. Elle voyage aussi beaucoup et ramène de magnifiques carnets qui lui permettent de donner une image instantanée des beautés naturelles rencontrées lors de ses périples.
Odile est aussi une femme qui aime les défis. Ainsi, en 1999, elle réalise un prjet qui germe depuis plusieurs années: peindre une aquarelle par jour, pendant un an ! Dans le secret le plus total, elle entame son oeuvre le 1er janvier, en Egypte. Pendant 365 jours, elle va débuter chque jour une nouvelle peinture allant du croquis à l'aquarelle plus structurée qui demande plusieurs jours de travail. Tous les sujets sont abordés: la reproduction d'une carte de voeux reçue de l'étranger, un oiseau qui passe dans le neige, les paysages lorrains, les images de voyages et tant d'autres. "C'était une expérience extraordinaire. Fatigante mais passionnante, avec une petite frustration pendant un an de ne pas pouvoir faire de très grand sujets." Bien sûr, il y a eu des moments de doute, l'envie de tout arrêter. Mais Odile tient bon et le 31 décembre 1999 son pari est gagné. "J'aime ces grands projets, car à coté, le reste parît sans importance. Même quand on ne peint pas, on y pense, on essaye des techniques, des sujets nouveaux et les progès sont énormes ! On ose plus. C'est comme un exercice imposé chque jour. Il y a, bien sûr, du bon et du moins bon et à l'exposition qui a suivi, il a fallu tout montrer !"
L'année précédente, Odile avait déjà effectué un parcours similaire, mais beaucop moins ambitieux, en réalisant chaque mois l'aquarelle d'un bouquet de fleurs de saison (voir galerie des 4 saisons).
L'avenir ? Dans un an, Odile va arrêter les animations régulières d'atelier à la MJC, "pour pouvoir peindre plus et participer à des salons nationaux ou internationaux"µ. Mais pour ne pas perdre le contact avec ses "élèves", elle continuera d'organiser ponctuellement des stages à thèmes, des week-ends, ou des semaines d'initiation à sa technique préférée.
Ensuite, Odile veut monter une exposition à thème, dans deux ans peut-être', sur les paysages d'Afrique. "J'ai envie de couleurs chaudes".
D'autres réalisations suivront certainement car, visiblement, Odile Mélinette reste une artiste peintre avec des projets plein la tête.

Texte de Jean-Robert Gorce
Revue "Dessins et peinture" n°6 du avruilembre 187