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MICHEL MOHR'S
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Les chroniques du 22/02/02 au 14/03/02 sont ici.
 


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Petit mot dans le livre d'or
Email à Michel Mohr
ICQ 21340010

 
 
     
 
L'agence sans risques
14/03/2002 : 23:59

Il faut que j'aille couper l'alimentation en eau de mon lave-linge. Si. Car je ne déconne jamais avec ça.
On n'est jamais assez prévoyant en ce qui concerne les risques. Alors vous pensez bien que rien qu'à l'idée que je puisse me réveiller dans mon biplace en pleine dérive au beau milieu du salon à quatre heures du matin, je me dis qu'il est grand temps de passer à l'action. Et couper l'eau me semble la solution idéale à ce problème d'inondation potentielle qui sévit déjà dans les bas fonds de mon esprit toujours à l'éveil en matière de détection d'hypothèses à très faible probabilité d'occurrence.
Prévenir les risques, c'est bien. Surtout lorsque le risque en vaut la peine. Mais le risque, c'est d'en oublier des graves. Du coup, face au désastre de sa naissance on ne peut que limiter la casse. Et ça c'est plutôt risquée comme situation.
Un risque, c'est un événement qui peut arriver, ou pas, et qui peut coûter plus ou moins cher si jamais il arrive. La combinaison entre sa probabilité et le montant des dégâts permet de connaître le niveau d'attention qu'il faut lui prêter. Oh, je sais, je n'invente rien : la gestion des risques devient une activité très à la mode de chez nous, et surtout dans le monde de l'entreprise. Mais la gestion des risques au quotidien, ça c'est plutôt rare. Moi j'exerce à toutes heures et sans rendez-vous. Sans relâche et de façon automatique, j'identifie toutes sortes de tuiles qui pourraient arriver et me tomber dessus. Pour ensuite me préparer à leur venue grâce à une méthode anticipative plus ou moins performante. Par exemple, faire en sorte que la probabilité d'occurrence d'un risque soit nulle est très simple : il suffit de ne pas se lancer dans l'activité qui en est à son origine...
Mais cette façon de procéder à ses limites : je perds beaucoup trop de temps à essayer d'éviter des choses qui n'arriveront de toute façon jamais. D'un autre côté, si elles n'arrivent jamais, c'est peut-être parce que je m'en occupe avant. Il est là le cercle vicieux qui tend à me conforter dans ma démarche.
Et le bilan énergétique de tout cela, quel est-il ? Je suis certain de dépenser plus à anticiper qu'à faire face à ce qui pourrait arriver. Sans compter la peur d'avoir oublié quelque chose, peur qui s'auto-alimente en permanence puisque je ne peux pas avoir conscience de mes oublis...
Je suis en négatif sur la balance des paiements.
Pour rétablir l'équilibre, je ne dois m'occuper que de l'essentiel à savoir de ce qui est inacceptable en regard du couple probabilité/dégâts. Le reste, je dois le vivre en temps réel et m'adapter. Parce qu'à force de vivre dans le futur par anticipation je finis par ne plus être dans le présent. Or seul le présent existe. Ce qui veut dire que trop souvent je n'existe pas. Ça calme non ?
En attendant, je vais tout de même couper l'alimentation de mon lave-linge. On ne sait jamais...

 

Les paroles s'envolent...
13/03/2002 : 17:00

De quoi vais-je vous parler aujourd'hui ?
Voilà une question qu'elle est bonne. Il est certain que si la MMPP avait un but clairement affiché, alors que tout le monde sait que les buts sont normalement faits pour être marqués, je n'aurais pas à me la poser une nouvelle fois. Enfin nouvelle, disons plutôt chronique puisque c'est sous cette forme que je sévis à toutes heures, excepté le matin ou alors très tôt.
Mais après tout, est-il nécessaire de s'exprimer lorsqu'on n'a rien à dire ? C'est vrai aussi, à quoi cela va t'il servir de vous tenir un discours qui n'a ni sens ni fond, si tant est que les précédents en aient un ?
J'ai besoin de m'arrêter de penser à ça parce que rien qu'à l'idée qu'il suffise qu'il n'y ait pas de fond pour l'atteindre et le toucher en dépit du bon sens, je n'arrive plus à me diriger parmi toutes ces contradictions qui forment néanmoins une logique absolument implacable qu'il ne viendrait à l'idée de personne de démentir.
Car je vous le dis : il est impossible de nier une chose et son contraire. La troisième voie n'existe pas. Alors il s'agirait d'être sérieux cinq minutes. Surtout que ce sont les dernières qui nous font comprendre le sens de toutes celles qui ont précédé. Est-ce la preuve que seule la fin justifie le début ? A voir...
D'un autre côté si on ne prenait la parole uniquement qu'en cas de plus-value concrète à apporter, il y a bien longtemps que les magasins de prothèses auditives auraient mis la clé sous la porte, mais après l'avoir fermée sinon moi je trouve ça un peu con comme procédé.
Quand plus personne ne dira rien, il n'y aura plus rien à entendre. Même les oiseaux devraient se taire, vu qu'on ne comprend pas ce qu'ils disent. Pourtant on aime bien entendre les oiseaux, sauf bien sûr les corbeaux qui viennent croasser sur mon rebord de fenêtre chez mes parents en plein milieu de la nuit tels des vautours attirés par mon corps abandonné par mon âme tourmentée qui tourmente, encore et encore...
Je suis un des leur. Je suis un oiseau. Je veux croire que vous aimez m'entendre, même si vous ne comprenez pas bien le sens de toute cette prose et même s'il n'y en a pas.
Suis-je un oiseau de mauvaise augure ? Encore une fois, c'est la fin qui le dira. Le suspens est à son comble.

 

RETIRE DES AFFAIRES - 10 mois d'expérience
12/03/2002 : 23:10

Comme je suis en train de finaliser mon CV pour la dixième fois en cinq jours, je vais profiter du fait que je suis bien chaud pour vous faire celui de ma journée :

0h-1h :
- recherche du sommeil par voie naturelle,
- tendance à l'auto-énervement pour cause de persistance de la phase d'éveil,
- abandon de soi au bout d'un certain temps nécessaire pour ne plus penser à rien de façon consciente.

1h-10h30 : participation à un voyage inorganisé au pays des rêves et autres cauchemars, le tout sans papiers.

10h30-12h00 :
- passage de l'horizontalité à la verticalité capable de donner le vertige à n'importe qui sauf à moi vu que je suis habitué,
- prise de connaissance des dernières nouvelles qui sont pourtant les premières pour moi,
- déjeuner en paix,
- lavage, rinçage et peignage en faisant attention au fil rouge de la semaine qui en réalité est bleu,
- habillage en tenue opérationnelle afin de gagner du temps dans le futur, temps qui s'avérera en fait du temps perdu,
- lavage, rinçage et pas peignage de la vaisselle des jours précédents, sous peine de devoir manger avec les doigts sous peu,
- lecture de quelques versets du grand Capital de Mars,
- démarrage du PC, traitement des mails et des messages du forum, relevé des indicateurs d'affluence sur la MMPP.

12h-13h30 :
- critique acerbe de mon CV finalisé la veille : certaines formulations ne me plaisent plus : serait-ce l'éternelle insatisfaction de l'écrivain devant son oeuvre ? Heureusement que je ne m'autorise pas à réécrire mes chroniques déjà publiées...
- repas frugal : pain provençal, yaourt et banane (je ne suis pourtant pas au régime).

13h30-14h30 :
- introspection personnelle ayant une fois de plus apporté une pièce supplémentaire dans mon puzzle qui en contient 4 milliards, puzzle dont je ne possède pas le modèle qui n'a d'ailleurs sûrement jamais existé,
- prise de la postière la main dans le sac en train de distribuer des avis de passage à la volée sans sonner chez les gens mais en leur affirmant qu'ils n'étaient pas chez eux.

14h30-19h : CVisation sans mesure qui dépasse les bornes : refonte du fond et maintient de la (grande) forme : va y avoir du sport.

19h-20h30 :
- comme ils ont tout essayé, il n'y a pas de raison d'hésiter,
- pizza surgelé à 9 francs pièce : elles sont meilleures que celles qui sont plus chères, ce qui prouve bien qu'on vit dans un monde dans lequel la logique n'existe pas. Merci Findus.

20h30-22h : finalisation du CV qui maintenant est vraiment top. Comme hier soir...

22h-23h10 : ça chronique à tout va en allant se chercher un verre d'eau toutes les dix minutes (c'est sûrement cette saloperie de pizza qui était trop salée. De toute façon, une pizza à même pas dix balles, fallait pas s'attendre à plus)

23h10... : là je ne sais pas dire. Sûrement une nouvelle relecture de mon CV (bis), histoire de lui donner l'absolution éternelle jusqu'à demain. Ou pas...

 

La sortie du Moi profond
11/03/2002 : 23:00

Depuis la trépanation de cet après-midi, je me sens plus léger, comme si ma conscience avait été soulagée d'un poids. Et puis avec les effets primaires de l'anesthésie locale, j'ai pu pendant le restant de la journée m'amuser comme un petit fou en me cognant la tête contre les murs. Je n'ai rien senti du tout. Même pas mal.
Le bilan de cette opération, capillaire s'il en est, reste le chemin, que dis-je, la route nationale qu'a dû se frayer le médecin afin d'exercer sa profession. Un bien beau métier qui met en oeuvre les techniques chirurgicales d'un autre temps (ça daterait du siècle dernier que cela ne m'étonnerait pas outre mesure), à savoir : coupe de cheveux très localisée tendance déforestation de la forêt amazonienne, piqûre sub-cranienne ou sur-lobe frontal (juste un peu devant la scissure de Rolando pour être précis), incision dans le sens de la longueur pour atteindre la bête, pression manuelle à objectif expulsatoire, lavage, rinçage et couture à domicile avec un fil bleu du plus bel effet. Ce fut alors le tour de la poignée de main et du chèque pas cadeau qui permis de conclure l'affaire qui pourtant était déjà terminée.
Le principal inconvénient, hormis la tricolorité de mes cheveux châtains / gris / bleus, reste que j'ai intérêt à bien réfléchir avant de faire une connerie pendant l'activité de peignage, sous peine de me retrouver avec un complément filaire entre les dents en plus d'une ouverture vers l'intérieur.
Bon, je sais que tout cela n'est pas passionnant mais que voulez-vous, la vie est faite de petits riens. Enfin petit, faut le dire vite parce que comme j'ai demandé à voir le morceau (c'est comme quand je vais au garage, je demande toujours à voir les pièces qui vont à la casse, histoire d'être certain de ne pas me faire arnaquer), je peux vous dire que c'est un peu le principe de l'iceberg : ce n'est pas la partie visible la plus impressionnante. Du coup, faut pas s'étonner si j'ai l'impression d'avoir le cerveau qui flotte. Il ne me reste plus qu'à trouver avec quoi je vais remplir toute cette place libre. Ben oui, vu le prix du mètre cube, ce serait dommage de ne pas trouver rapidement acquéreur...

 

Le plein de super
10/03/2002 : 23:55

Si au fond tout cela n'était pas aussi affligeant je me dirais qu'il y a des jours où décidément on peut se marrer pour pas cher. Ce soir, j'ai vu au journal télévisé que les routiers se mettaient en grève et qu'ils avaient commencé à bloquer certaines raffineries en province. Bon moi, comme je suis toujours solidaire de mon prochain et qu'en plus je suis parisien, je rigole. Pour l'instant. Mais ce qui m'a fait le plus rire là-dedans c'est que les médias, toujours soucieux d'apporter une information objective et claire en rapport avec toutes situations, réelles ou fictives, se sont empressés d'y aller de leur couplet de pénurie qui, de sources sures, est en train de se profiler à vitesse TGV. Eh bien les automobilistes, quand ils ont entendu ça, ils se sont dit 'Oula, vaut mieux faire le plein, on ne sait jamais'. Le résultat ne s'est pas fait attendre : figurez-vous que c'est déjà la pénurie dans certaines stations-service. Comme quoi les clients soucieux avaient eu le nez creux, en plus de leur réservoir vide !
Moi quand j'entends ça j'ai l'impression de rêver mais éveillé. L'expression 'Quand on veut on peut' ne peut pas trouver meilleure illustration. Il suffit de vouloir une pénurie pour la créer. Parce que si personne n'avait parlé de ces théories anticipatives de manque à rouler, il n'y aurait jamais eu de razzia chez les dealers de sans-plomb et du coup pas de pénurie non plus.
Le lien entre l'expression et la création me parait si fort que j'en viens maintenant à me demander si ce dont on ne nous parle pas existe vraiment...
Imaginez que demain, vu que ce soir ça va pas être possible, je lance une rumeur du style : 'Ecoutez les gars, de source carrément trop puissamment informée, c'est quasi certain que les brasseries Kronenbourg ne vont pas tarder à se mettre en grève dans à peu près pas trop longtemps. Du coup, pour la 16, y'aurait pénurie un de ces quatre que ça ne m'étonnerait pas...'. Eh ben vous pouvez être assurés que grève ou pas, dans deux jours pour la 16 c'est waloo (comme on dit chez moi mais qu'on n'écrit jamais) dans tous les linéaires. Bon, moi d'un autre côté je m'en moque vu qu'en matière de 16, je ne plaisante jamais avec les stocks : j'ai toujours de quoi tenir environ un mois en prévision d'éventuelles chutes de neige susceptibles d'empêcher tout ravitaillement inopiné.
A dire vrai, je suis à présent certain que les délires de Nostradamus ainsi que les prévisions horoscopiques relèvent d'une logique implacablement similaire. En effet, ne suffit-il pas de prédire la fin du monde pour que celle-ci finisse par arriver ?
Heureusement, le fait que plus personne ne lise cet auteur devrait nous permettre de disposer de quelques années supplémentaires...

 

De la simplicité en toutes choses
09/03/2002 : 20:10

J'ai trouvé une solution pour me lever plus tôt. Il suffit pour cela que je dorme moins. Cela semble peut-être évident pour vous qui évoluez toujours dans un monde rationnel plein de certitudes mais pour moi, qui ai abandonné bon nombre de mes références et repères, eh bien... bon ok, même pour moi c'est évident, je l'avoue. Et pour dormir moins, figurez-vous qu'il suffise que je me lève plus tôt. Simple non ?
Trêve de plaisanteries, je vous annonce que ce cercle vicieux je l'ai enfin brisé. Tout simplement parce que l'envie d'être éveillé est devenue plus forte que celle d'être endormi.
Il y a un temps pour tout, je vous l'avais bien dit. Un temps pour prendre la mesure, un temps pour la battre et un temps pour en changer. Ma vie n'a de sens en ce moment que dans le changement. Je perçois toute situation statique comme étant le synonyme d'un abandon. Au fond, je ne sais pas pourquoi je dis cela : peut-être parce que cet agencement de mots me semble puissamment orchestré ou peut-être parce qu'en réalité ce n'est pas loin d'être le reflet d'une certaine vérité. Etre arrêté, c'est ne plus avancer. Et la recherche de la progression, n'est-ce pas ce qui donne un sens aux choses ? Est-il possible de se complaire dans un état statique ? Je pense que oui, mais uniquement si cet état permet de se repositionner de façon plus ou moins consciente. Pour ensuite enfin redémarrer dans la direction souhaitée, en accord avec soi-même. Je ne dis pas LA bonne direction car celle-ci, je pense, ne doit pas exister. La seule direction valable est de toute façon celle qu'on a décidé de suivre et non pas celle qu'on suit sans l'avoir décidé.
Les prises de décision sont à mon avis ce qui donne un sens à ce que nous faisons. Et les choses n'ont de sens que parce que nous décidons de les faire.
Formulé ainsi tout parait si simple...

 

Quoi de neuf docteur ?
08/03/2002 : 21:40

Vous allez encore croire que je monte tout en épingle mais en réalité la question n'est pas là. La vérité est que je suis souvent confronté à des faits largement autosuffisants pour se passer d'une quelconque exagération ultérieure.
Tenez, hier je suis allé voir un médecin histoire de me faire exorciser la boite crânienne de laquelle un morceau de cervelet tente désespérément de s'extirper, sûrement avec comme idée derrière la tête de fuir la folie ambiante. Pour être clair, une fois n'est pas coutume, je vais me faire enlever la bosse des maths.
Bref, ayant rendez-vous à dix-sept heures quarante cinq, je me suis pointé à six heures moins le quart, bouleversant ainsi l'ordre établi afin de garder l'illusion de ne pas être tributaire du temps qui passe. Dans la salle d'attente, trois autres personnes patientaient, mais cela ne m'inquiéta pas outre mesure puisqu'en ce lieu officient deux médecins qui charcutent à toutes heures mais de préférence sur rendez-vous. Lorsque le premier docteur apparut à six heures moins dix, il débarqua dans la salle d'attente et lança un 'C'est à qui ?', comme s'il nous suffisait de vouloir pour pouvoir. N'étant pas les gestionnaires de son planning, j'ai trouvé la question un peu bizarre. Mais bon, comme la secrétaire s'était déjà barrée et que plus rien ne m'étonne sur cette terre, pourquoi pas. Le dialogue suivant s'engagea alors :

Une des patientes : - C'est à moi, j'ai rendez-vous à 17h15
Le médecin, sujet à un coup de barre ou de foudre, je ne sais pas dire : - Et vous êtes ?
La patiente : - Madame Couture
Le médecin, faisant semblant de chercher dans sa tête son agenda : - Ah non, ce n'est pas avec moi, vous n'êtes pas dans ma liste.

A cet instant le second médecin sortit de son cabinet.

Le premier médecin : - Tiens dis-donc, c'est madame Enflure, c'est pas une patiente à toi ?
Le second médecin : - Ah moi j'en sais rien

Là-dessus, un des gus qui attendait aussi se leva et sans rien dire entra dans le cabinet du second médecin qui le suivit et referma la porte derrière lui.

Le premier médecin, mi-planant, mi-crashé au gars à côté de moi : - Et vous, vous êtes ?
Le gars : - Monsieur Jaja, j'ai rendez-vous à 17h30
Moi, au moment où le médecin allait repartir vers ailleurs : - Et moi je suis Monsieur Mohr et j'ai rendez-vous à 17h45
Le médecin : - Ah bon ?
La patiente qui commençait à s'impatienter : - Mais j'ai rendez-vous avec vous, j'en suis sûre.
Le médecin : - Bon ben vous n'avez qu'à venir madame.

Cinq minutes plus tard, le second médecin revint dans la salle d'attente et nous demanda : 'Euh, c'est bon là, plus personne n'a rendez-vous avec moi ?', confirmant là que c'était la fin de tout et surtout de sa journée de labeur.

Lorsqu'arriva mon tour, après m'être assis en face de son bureau, le médecin me demanda :
- Oui, vous êtes ?
- Monsieur Mohr
- Bizarre, je ne vous ai pas sur dans mon agenda... ah oui, non c'est bon, ok.

En fait d'ok, il a écrit mon nom sur sa liste qui doit peut-être lui servir pour les courses mais en tout cas pas pour connaître celle de ses patients.
Moi un tel niveau d'inorganisation, ça me fait peur, surtout venant de personnes dont le métier est de savoir ce qu'ils font et surtout à qui ils le font.
Et après on dit que c'est moi qui exagère...

 

Les chaînes se déchaînent
07/03/2002 : 21:00

Ma télévision est devenue intelligente. Je ne parle pas de son contenu mais bel et bien de l'appareil, composé à priori uniquement de verre, de plastique et d'électronique. Pour tout vous dire je crois qu'elle est complètement possédée. J'aurais bien fait appel à un exorciste du PAF mais malheureusement, à en croire les pages jaunes, ce type d'activité ne suscite plus aucune vocation parmi nos contemporains que de toute façon plus rien n'étonne.
Au début, tout était normal : ma télé m'obéissait au doigt et à l'oeil. Enfin, surtout aux doigts grâce à la télécommande dont la seule évocation devrait suffire à symboliser la domination de l'homme sur la machine.
Et puis il y eu un écart de conduite plutôt surprenant : un auto-démarrage en plein milieu de la nuit noire qui me fit croire que j'étais soudainement envahi par une bande de cambrioleurs malentendants ou parlant très fort histoire de passer inaperçus parmi la foule qui, devaient ils penser, était toujours présente à trois heures du matin dans mon salon. Afin de couper court à toutes autres tentatives d'allumage n'entraînant pas de combustion bien qu'étant spontané, j'ai alors décidé de mettre le poste hors tension pendant la nuit. Ce qui pour l'instant est d'une efficacité sans failles, et ceci tant que l'extinction perdure.
Malheureusement, ma télé s'est adaptée : maintenant les phénomènes inexpliqués ont lieu lorsqu'elle est sous tension, ce qui a la fâcheuse conséquence de me mettre dans un état équivalent. A tout moment il peut se passer quelque chose. Ou pas. De façon aléatoire elle change de chaîne toute seule, au hasard. Je n'ai même plus besoin de zapper, tout est automatique. Je vous assure que c'est pénible. Ben oui, parce que si jamais le changement a lieu pendant une phase de ravitaillement ou lors d'un clignement des yeux, eh bien ce n'est pas toujours évident de s'en apercevoir. Je suis souvent resté consterné devant des scénarios complètement loufoques qui me rassuraient sur mon propre état. En fait, maintenant que j'y pense je crois que le scénario, c'était plutôt ma télé qui le construisait au gré de ses changements d'humeur et surtout de chaînes.
Ma télécommande n'est devenue qu'un simple outil consultatif avec lequel je ne donne plus qu'une vague indication de mes préférences, car en réalité, ma télé fait ce qu'elle veut et quand elle le veut. Je veux regarder Antenne2 ? Ok, elle passe sur la page télétexte de TV5. Je souhaite monter le son ? Ok, elle me change le réglage de la luminosité. J'appuie sur tous les boutons pour faire n'importe quoi ? Ah tiens, bizarre... ça marche ce coup-ci.
Maintenant, je sens qu'une troisième phase vient de débuter. Cela a commencé hier soir. Soudain, en plein milieu d'un programme qui semblait ne pas avoir de fin, elle s'est éteinte. Toute seule.
Il faut être lucide : je ne fais plus la loi chez moi. Je suis l'esclave de mon environnement.
La seule question qui reste en suspend est la suivante : combien de temps vais-je encore tenir avant de briser mes chaînes ?

 

Ça s'arrête sans arrêt
06/03/2002 : 17:50

Je ne sais pas ce qu'ils font chez Wanadoo mais en tout cas je vous le dis tout de suite : je ne les appelerai pas pour leur demander. Non, car je veux conserver mes dernières illusions. Parce que figurez-vous que je me demande s'ils savent eux-mêmes ce qu'ils sont en train de faire ou de ne pas faire. C'est un peu comme les cuisines d'un grand restaurant : il ne vaut mieux pas y jeter un coup d'oeil sinon on risque fort d'y laisser, en plus de notre vision binoculaire, notre coup de fourchette.
Il faut dire aussi que la qualité du service est loin d'être bonne chez mon fournisseur de non-accès. J'ai bien l'impression qu'en ce moment le système ne tombe pas en panne mais bel et bien en marche, ce qui est le pire qui puisse arriver puisque cela veut dire qu'ils ne savent pas pourquoi ça fonctionne. Enfin, quand ça fonctionne. Parce qu'aujourd'hui, à quatorze heures précises, le serveur FTP avait une fois de plus rendu son tablier.
Quelque part je trouve rassurant de constater que ce qui nous entoure tombe en rade de temps en temps, cela permet de se rendre compte que les machines aussi ont leurs défauts. Par contre, ce que je trouve déplorable c'est l'absence de politesse vis-à-vis du client. Et quand je dis l'absence de politesse, je pourrais très bien dire l'absence de tout. En effet, hier, j'ai envoyé un mail des plus sympathiques à l'assistance technique Wanadoo dont l'adresse figure sur la page d'accueil. 'Ecrivez nous' qu'ils disaient. Comme ça a l'air de leur faire plaisir, et vu que je cherche toujours à joindre l'utile à l'agréable, je les ai informé de mes problèmes en leur précisant les messages d'horreur que la machine me retournait (et me retourne encore) à chaque essai non transformé. Et ne voulant pas trop les brusquer à l'heure de la pré-sieste ou de la post-café, je leur ai juste demandé s'ils étaient au courant du phénomène. Pas d'ultimatum, pas d'énervement, rien de tout cela : une bafouille des plus factuelles qui frise même la correctionnelle par omission. Eh bien ces blaireaux, appellation MMPP contrôlée s'il en est, n'ont pas daigné m'envoyer une réponse, même pas une automatique, vous savez celle qui vous prévient que c'est un robot qui vous a écrit et donc que cela ne sert à rien d'insister plus longtemps.
Mais alors pourquoi autoriser les clients à contacter une assistance technique si celle-ci d'une part n'assiste à rien et d'autre part n'a pas l'air au point techniquement parlant ?
C'est tout le problème de ces grandes sociétés : quand on regarde de l'extérieur tout à l'air superbe. Mais dès qu'on entre, on s'aperçoit assez vite de l'enfer du décor...

 

Ça n'a pas de sens
06/03/2002 : 01:35

Moi qui ai de temps en temps des problèmes d'inspiration, je dois dire qu'hier j'ai eu le nez creux, détail anatomique m'ayant d'ailleurs grandement facilité le travail. J'ai senti le vent tourner et même la pluie tomber pour être plus précis. Parce qu'il faut vous dire que normalement je regarde tous les matches de football qui passent à la télé. Oh, ce n'est pas que j'en fasse collection puisque deux jours plus tard je ne me souviens jamais de qui jouait contre qui, mais disons que c'est devenu une habitude, voire même un véritable sport. Et puis ça me change des émissions politiques, des reportages racoleurs et des téléfilms rediffusés à un tel rythme que là, par contre, je me souviens de tout. Enfin, je ne devrais pas dire que cela me change puisque je ne regarde jamais ces avatars qui n'ont pas d'autres objectifs que de nous faire patienter jusqu'aux prochaines publicités. Mais comme si cela ne change pas signifie que c'est pareil alors que ce n'est pas le cas, bien au contraire, alors que dire ? Je vous le demande.
Hier soir, c'était donc Marseille-Auxerre et il pleuvait tellement qu'à moment donné j'ai cru qu'ils avaient décidé de modifier le programme en temps réel et de nous passer un match de water-polo à la place. Alors j'ai commencé à zapper : un bon vieux Flic de Beverley Hills qui n'est plus vraiment de la première jeunesse et puis, histoire de se rassurer, une rediffusion sur TV5 de 'Ça se discute' sur les peurs, les angoisses et les phobies.
Du coup le match a été arrêté et reporté à une date ultérieure et forcément ce n'est pas avant minuit trente que la chronique débute.
Voilà, maintenant vous savez tout mais vous n'avez rien appris. Pas de morale, pas de conclusion finement amenée. Aujourd'hui, je vous laisse le soin d'élaborer celle que vous voulez.
Personnellement j'ai renoncé à chercher systématiquement un sens caché en toute chose. Tout simplement parce qu'à chaque fois, je trouve...

 

Le temps de rien
04/03/2002 : 23:59

Il parait qu'il y a un temps pour tout. Je ne sais pas qui a dit cela mais je n'aime pas beaucoup cette formulation qui semble vouloir dire que c'est le temps qui décide du moment où les choses doivent être faites ou pas. Je préfère largement croire que c'est moi qui suis maître de mon temps et de ce que j'en fait. Et si le temps qui passe rend possible des choses qui ne l'étaient pas auparavant, eh bien je n'attribue jamais ce revirement de situation au simple fait que quelques heures, jours, mois ou années se soient écoulés. Je vois plutôt ça comme étant la résultante d'évolutions internes ou environnementales.
Peut-être que ce quasi-proverbe n'est destiné qu'à nous permettre de prendre notre mal en patience en nous persuadant que face à des situations difficiles il sera toujours possible de trouver une solution. Ce qui est vrai, je l'admets. Mais le temps n'est qu'un support, ce n'est pas lui qui fait les choses. Tout au plus il les rend possible telle une condition nécessaire mais absolument pas suffisante. Nécessaire parce que nous en sommes tributaires en subissant sa progression inexorable vers la fin des temps, mais pas suffisante car le temps pris de façon isolée de tout le reste n'a absolument aucun sens. Il en a un uniquement parce que nous lui en donnons un par nos pensées, nos sentiments et nos actes.
En fait, ce que j'aime croire c'est que bien que le temps passe pour tout le monde, nous sommes acteurs et non spectateurs de cette comédie que l'on nomme la vie.
Le temps est une page blanche sur laquelle personne ne nous oblige à écrire notre histoire. Mais ce n'est pas parce qu'elle est blanche que rien n'a de sens, c'est parce que nous n'y écrivons rien.

 

Faut (se) dépenser
03/03/2002 : 20:15

Le sport c'est quand même quelque chose.
A regarder à la télévision, je trouve ça plutôt marrant, encore que normalement cela ne devrait être qu'un effet passager tout au plus secondaire. Parce qu'au fond, le but du sport, ce n'est pas de se marrer. Non. Le but du sport c'est qu'on en fasse. Et là, normalement, on rigole moins, voire même plus du tout.
Il y a là un comportement qui frise le masochisme : on fait du sport parce que quand on s'arrête, on se sent mieux. Sous-entendu mieux que quand on en faisait ? D'un autre côté, faut bien trouver un avantage à se déchirer, à se claquer sans les mains ou à se décroiser des ligaments qui avaient pourtant mis tant de temps à se croiser.
Je sais, n'en jetez plus : vous allez me dire que le sport c'est la santé. Moi je dis : faut voir. Je pense que cela relève plus de la torture morale qu'autre chose : la culpabilité que chaque être ressent s'il ne fait pas ce qu'on lui a dit qu'il fallait qu'il fasse pour qu'il soit en bonne santé est exploitée par la machine à explorer les porte-monnaies. Et le pire, c'est qu'après la torture physique prend le pas : on devient drogué, complètement. Qu'il pleuve ou qu'il neige, il faut faire cette sortie sans cela on vient bouleverser un planning qui n'existe que pour être suivi. On tourne en short chez soi avant de confirmer le fait : on est devenu dingue. Et on y va, revenant une heure plus tard, trempé, gelé, fatigué mais heureux. C'est pas du masochisme ça peut-être ?
Pourtant ne croyez pas que cette chronique relève de l'apologie du non-sport. Pas du tout. Un jour je vous raconterai ma plongée de quelques mois dans le surentraînement à base de kilomètres avalés dans la vallée, de fractionnés cardiofréquencemètrisés et autres programmes à base de sucres lents pour aller plus vite.
En attendant, je vous annonce que j'ai réussi à décrocher. Et je ne me sens plus coupable de rien si je ne fais aucun sport. Parce que le sport c'est comme le reste : si on s'oblige à en faire, ça ne profite pas très longtemps. Cela doit être lié à l'envie d'en faire sinon, tôt ou tard il y a un retour de bâton dans les roues. Car tout se paye. En cash ou en nature. Et la maison ne fait pas crédit.

 

Tu m'étonnes skeleton !
02/03/2002 : 21:00


Voilà qu'il neige maintenant. Ça sert à quoi ? C'est beaucoup trop tard. Ben oui parce que le problème c'est que tout le monde voulait que ça se passe au mois de février. Résultat, ils auraient mieux fait d'attendre quinze jours de plus, c'est moi qui vous le dis. De quoi suis-je en train de parler ? Un peu de jugeote messieurs dames, je suis en train de vous causer des JO. Ben oui. Figurez-vous que s'ils avaient patienté deux semaines de plus, eh bien les JO d'hiver de Salt Lake City, ils auraient pu les faire ici. C'est que ça nous aurait fait moins loin pour y aller. Mais apparemment, ce n'est pas le côté pratique qui prime dans ce genre de décisions. Je ne sais pas quels sont les arguments qui finissent par l'emporter mais ce dont je suis sûr c'est que ce n'est pas la logique. Remarquez, comme il n'y a pas de logique dans le fait de voir des flocons tomber un 2 mars, on aurait dû l'emporter...
En plus je connais une montée qui, si on se retourne peut servir de descente. Donc c'était bon pour les compétitions de ski, bobsleigh ou skeleton. Vous connaissez le skeleton ? C'est la version suicidaire de la luge. Autant le curling on peut dire que c'est du n'importe quoi mais au moins ce n'est pas dangereux, autant le skeleton c'est du n'importe quoi aussi mais alors c'est un coup à se tuer. A mon avis, ils doivent sélectionner le nombre de candidats pour que statistiquement il y en ait au moins trois qui arrivent en bas vivants, histoire de ne pas rester avec des médailles sur les bras. Ben oui, comme elles sont déjà gravées, ce serait dommage de gâcher.
Le principe est on ne peut plus simple : un individu, vêtu d'une combinaison intégrale et d'un casque coupe-vent, tient à la main une planche à roulettes comme celles qu'on utilise des fois dans les déménagements. Il fait face à une piste verglacée (c'est beaucoup plus marrant) qui descend plutôt vers le bas. D'ailleurs, ils ne s'embêtent pas à en faire plusieurs : c'est la même pour tout le monde qu'on fasse du bobsleigh, de la luge ou pas. Bref, le gus tient donc sa planche (parce que visiblement, une planche c'est un peu comme une brosse à dents : ça ne se prête pas) et se met à piquer un sprint des familles en direction de la descente. Là, au bon moment, c'est à dire à la limite de l'adhérence mais déjà de l'autre côté, il se jette par terre la tête la première tout en n'oubliant pas de plaquer sa planche sous lui. Faut reconnaître que ça aurait été con de sa part de l'avoir trimballée jusqu'à présent pour ne jamais l'utiliser. Cependant je crois que c'est la seule raison parce que je ne vois vraiment pas à quoi elle sert par la suite. Car là tout est parti : le planchiste se tape toute la descente à l'horizontale la tête en première ligne. Ne me demandez pas comment il dirige l'ensemble : je crois qu'il ne le sait pas lui-même. Les meilleurs atteignent des vitesses de 130 kilomètres à l'heure alors que les gros blaireaux restent scotchés à 110... Il y en aurait même un qui se serait fait flashé à 150 avec dix mètres d'avance sur sa planche qui plafonnait à un petit 145.
Moi je crois que la présence de la planche a un côté technique rassurant. Mais en fait elle ne sert à rien du tout. Parce que pour se rompre les os, ça me semble un peu superflu. On ne m'enlevera pas de l'idée qu'elle gène même un peu !

 

L'arte la manière
01/03/2002 : 20:25

Je ne sais pas ce qu'ils prennent sur Arte, mais ce dont je suis sûr c'est que c'est nous qui la payons. En plus ça doit être de la bonne parce qu'on y voit des reportages qui des fois me font douter de mon état. Serait-il possible de dormir et de rêver les yeux ouverts ? Après avoir fréquenté la septième chaîne déchaînée, la question se pose d'elle-même.
Arte, c'est une chaîne dont les émissions ne peuvent pas laisser indifférent : soit on aime, soit on déteste.
Certains disent que c'est une télévision élitiste. Moi je dirais plutôt que c'est une télévision pointue. Qui ne s'adresse qu'à une poignée de personnes à la fois. Mais l'avantage, ce que ce ne sont jamais les mêmes qui se trouvent dans la poignée. Qu'est-ce qui est le mieux ? Privilégier la quantité ou la qualité ? Moi je suis comme tout le monde, ce sont les deux qui m'intéressent. Malheureusement ce n'est pas possible. Ben non parce que si on avait tout le temps de la qualité, ça finirait par devenir le niveau standard qui, par définition, ne peut pas être de qualité. Vous me suivez ? Tout ça pour dire qu'il n'y a de qualité que dans la rareté. Ce qui ne veut pas dire non plus que tout ce qui est rare est de qualité. Non, c'est juste que la rareté est une condition nécessaire mais non suffisante.
Je vais prendre un exemple tiré de ma vie réelle : en tant que passionné de musique extrême (j'en veux), je ne peux qu'être déçu par les programmes des chaînes classiques. On y voit toujours les mêmes blaireaux et greluches revenant faire cycliquement leur sempiternel tour de chant après chaque nouvelle lipo-succion ou lifting intégral. D'ailleurs ceux qui veulent mettre toutes les chances de leur côté ont tout intérêt à prendre le forfait deux en un. Eh bien sur Arte, pas de ça. Dans l'excellente émission qui s'appelait Mégamix et maintenant Tracks, j'ai vu des trucs hallucinants. L'émission est une succession de reportages de cinq minutes chacun sur des groupes en général inconnus du grand ainsi que du petit public et n'appartenant (surtout) pas à la même mouvance musicale. J'ai ainsi vu une interview de Sepultura de cinq minutes dans le métro parisien. Comme c'est un groupe brésilien, ils parlaient en portugais. Eh bien le reporter, ça ne l'a pas gêné : il a tout laissé tel quel, sans traduction ni sous-titrages. C'est pas extraordinaire ça ? Une interview d'un groupe qu'on ne voit jamais et qu'en plus on ne comprend pas ! Merci Arte, respect. Et tout ça après une formation de joueurs de pipeaux qui sévit dans les hautes plaines du Kilimandjaro et avant les tribulations d'un joueur de tronçonneuse dans les forêts canadiennes.
Trop fort.
J'ai même vu un reportage sur Morbid Angel dont le chanteur David Vincent, qui lui a forcément dû les voir puisqu'il en fait partie, tenait des propos tout droit sortis d'un film d'anticipation ayant trois siècles d'avance sur son temps. Faut dire aussi que le David Vincent, il n'a pas besoin d'être frappé par la foudre pour raconter des conneries, vu qu'il s'est fait flashé quand il était petit. C'est un peu l'Obélix du Death Metal. Et tout ça à heure de grande écoute. Hallucinant je vous dis.
Quand je vois ça à la télé, je deviens comme fou. Même si je ne comprends pas ce qui est dit, c'est du bonheur intégral, de la dynamite en boite.
Alors Arte, c'est une chaîne que je respecte. Un peu. Même si je ne comprends pas tout. D'un autre côté, je ne comprends pas plus les autres...

 

Le blues du chroniqueur
28/02/2002 : 23:30


Vingt trois heures, là faudrait que je panique
Si ce soir je veux, l'écrire cette chronique
Sans inspiration de jour comme de nuit
Le temps passe et rien pourtant je n'oublie

Bien sûr je pourrais m'y prendre à l'avance
M'investir d'avantage pour garder la cadence
Seulement les idées ne se commandent pas
Que ce soit à huit heures ou au moment du repas

Quand par malheur je vois que ça tourne à vide
J'ai tendance à trop vouloir me serrer la bride
Pourtant c'est vrai ça craint comme solution
Je suis trop mal, vu qu'en plus y'a pas de potion

Et après tout si ça ne vient pas maintenant
Faut pas insister beaucoup plus longtemps
Si j'écris c'est parce que j'en ai envie
Ça va ça vient, ça prouve que je suis en vie

 

Quatre en une
27/02/2002 : 23:00

Ce soir je dois me rendre à l'évidence : je suis sec. Les sujets de chronique qui me viennent en tête ne m'inspirent pas. Et ne m'expirent pas non plus. J'essaye de ranimer mon inspiration à coups de phrases chocs, mais rien n'y fait : c'est un jour sans.
Pour tout vous dire, j'ai déjà éclusé trois sujets, tous abandonnés en cours de route pour cause de panne de nature inspirationnelle (pourquoi qu'il n'est pas dans mon dico celui-là, hein, pourquoi ?). En général, ou pour être un peu plus précis, à chaque fois je ne sais jamais comment cela va se passer. Je m'écoute (y'a quelqu'un ?), un sujet émerge, je le lance sans retenue sur la première ligne et ensuite les pensées s'enchaînent, s'appelant les unes les autres et au final la chronique se (dé)forme dans l'allégresse et surtout dans le temps. Mais là non. Je n'ai pas fait plus de quatre lignes de chacun des trois sujets précédents, pourtant tous plus prometteurs les uns que les autres. Ben si, jugez par vous-mêmes :
1) une réflexion philosophico-humoristique de degré 8 sur l'échelle de Richter sur le (non-)sens des thèmes abordés dans la MMPP,
2) une diatribe fulgurante contre ceux qui trouvent honteuse la distribution de journaux d'information gratuits, attitude qui me donne envie de foutre le feu aux relais et autres maisons de la presse, commerces dont les représentants locaux ne figurent déjà plus vraiment dans mes petits papiers,
3) une constatation désabusée qui montre que l'excès tue l'envie, démonstration illustrée de manière virtuellement remarquable par l'exploitation du football à la télévision.
Donc vous voyez bien que ce ne sont pas les sujets qui me manquent. Non, en vérité c'est plutôt l'enchaînement dynamique des pensées, d'habitude si naturel et imprévisible, qui ne se fait pas.
Aurais-je la tête ailleurs que sur les épaules aujourd'hui ? C'est que ce n'est pas impossible parce que des fois j'ai l'impression de l'avoir perdue. Pourtant une aussi grosse tête, argumenteront certains, devrait facilement se retrouver parmi les 66 mètres carrés appartementesques (et pourquoi qu'il n'existe pas non plus celui-ci ? hein pourquoi ?) qui m'empêchent de tourner en rond. Pas si sûr ! Parce qu'entre les nuages, les étoiles et le sac, avouez que la recherche peut s'avérer plus ardue que prévue. D'un autre côté, comme tout est gratuit ici, je suis certain que personne ne s'est payé ma tête ce qui me permet d'éliminer cette piste, investigationnellement parlant (ben alors Mr Larousse, qu'est ce que tu fais ?).
Mais il ne faut pas écarter la possibilité que ce soit la bille qui ait pris la main. Bille en tête, il n'y a rien qu'on puisse faire.
Faut juste attendre !

 

Abaca Zythum
26/02/2002 : 23:30

Dans mon inventaire d'ouvrages inachevés, j'ai oublié de mentionner ceux qui me secondent au quotidien, ceux que je feuillette sans vergogne pour connaître la vérité, ceux que je consulte sans fin alors qu'ils en ont une qui de plus est la plus ordonnée qui soit. Je veux parler ici des références sans lesquelles les mots peuvent se transformer en maux, sans lesquelles il est impossible d'être plein de bon sens, à savoir : le dictionnaire ainsi que la bible grammaticale en 166 leçons, le Bescherelle.
Malgré de fréquentes consultations, je crois qu'il ne me sera jamais possible d'en voir la fin. Pour une simple et bonne raison : je ne sais plus très bien ce que j'ai déjà lu ou pas. Il faut dire aussi qu'il ne viendrait à l'idée de personne de commencer ces ouvrages par la première page et d'en lire la totalité comme un mauvais roman où on sait tout de suite qu'au final, c'est soit Zorro, soit un autre Zouave du même genre qui va finir par arriver. Il est vrai que des chutes aussi prévisibles font retomber le suspense à un niveau qui rendrait presque l'annuaire aussi palpitant que le coeur des bovins le jour de l'ouverture du salon de l'agriculture.
En plus, quand on est amené à les compulser, c'est qu'on a un problème de langue. Donc moins on en lit et mieux on se porte. Mais il existe des cas où l'évidence n'est pas un choix : nous sommes tous des ignorants qui nous ignorons.
Parce que quand mon voisin me dit dans le garage : "J'espère que votre ectopie ectoblastique ne se transformera pas en ecthyma" et que je lui réponds d'un air détaché "Oh vous savez moi, je roule au sans plomb 95, alors...", eh bien une fois rentré, je me jette sur mon Larousse pour évaluer le degré de pertinence de mon intervention...
Quant au Bescherelle, il n'est pas réservé aux 8-12 ans : je vous le conseille si jamais vous faites une jaunisse de ne pas savoir écrire le fait que vous arriviez à "joindre les deux bouts" mais ceci de façon imparfaite.
Parce qu'il faut bien admettre que les fins de mois sont quelquefois aussi prévisibles que les fins de dico. Et que les fins de chroniques.

 

Le bouillon d'apostrophes
25/02/2002 : 17:35

Je suis en train de faire le ménage.
Oh, pas avec l'aspirateur ou le balai : celui-là peut bien attendre. Je parle du ménage dans mes lectures, parce qu'avec actuellement dix livres plus ou moins commencés, je dois reconnaître que l'ensemble est de plus en plus décousu. Comment en suis-je arrivé là ? Très simple : j'ai suivi mon instinct. Et comme j'en change souvent...
Un jour je suis attiré par un livre supplanté le lendemain par un autre traitant d'un sujet différent. Et ainsi de suite. Est-ce parce que je suis déçu par l'ouvrage en question que je l'abandonne ou bien est-ce parce que le suivant me parait bien plus intéressant et donc indispensable ? Sûrement que ma conduite relève un peu des deux. Ce qui est étrange c'est que l'amas inachevé des pages reliées (je suis un peu à cours de synonymes) qui se trouve devant moi lorsque je lui fais face et derrière moi lorsque je me retourne relève plus de la collection iconoclaste que d'une progression lente et réfléchie dans ma quête de pagination. Jugez par vous-mêmes :
- trois bouquins de philosophie : Sénèque qui dit qu'on peut être heureux mais que ça ne vient pas tout seul, Cioran qui dit qu'on ne peut pas quoi qu'on fasse et Lao-Tseu dont on ne comprend pas ce qu'il dit,
- une biographie de Napoléon Bonaparte qui prouve que les meilleurs auteurs de science-fiction n'ont pas encore réussi à inventer des histoires plus ahurissantes que la réalité,
- les Chroniques de la Montagne de monsieur Vialatte, le Alain Rémond de Vulcania ou la MMPP de Clermont-Ferrand, c'est comme on veut, qui prouvent qu'il est possible de mener une carrière journalistique sans raconter de conneries,
- deux opuscules sur la Programmation Neuro-Linguistique qui me donnent l'impression que l'homme n'est qu'une machine capable de sentiments,
- un ouvrage occulte qui me donne l'impression que l'homme n'est qu'un animal doué d'intelligence, ouvrage dont la seule évocation aurait mérité en d'autres temps le bûcher, ce qui d'ailleurs n'aurait pas été possible puisque l'ouvrage date des années 1960 après le premier cri de Jésus,
- un ouvrage de développement de l'affirmation de soi qui ne me convient pas du tout vu que je n'ai pas ce problème,
- un magazine Capital qui me permet de garder le contact avec la réalité parce que ce n'est pas avec Télé-Loisirs que je risque d'y arriver.
Alors je fais le ménage. De quelle façon ? Super simple. Si. En continuant à suivre mon instinct. Et si celui-ci fait que je ne termine pas mes bouquins, c'est qu'il doit avoir ses raisons que la mienne ignore.
Mais je comprendrai plus tard. Ou pas.

 

Histoire à oublier
24/02/2002 : 22:15

"
Bon, c'est pas tout ça mais il faudrait peut-être que je rentre. Ça fait un petit moment que je marche et je commence à fatiguer. D'ailleurs où est-ce que je suis ? Bizarre : je ne reconnais pas la rue. C'est tout moi ça : je marche, je pense à autre chose et du coup je ne regarde pas où je vais. Résultat : je me suis paumé.
Quel con !
Bon. Quelle heure est-il ? Mince ! J'ai oublié ma montre ! Quelle poisse ! Ceci-dit je devrais être capable de me faire une idée en fonction de la luminosité ambiante. Voyons voir : comme il fait encore clair et qu'on est en… ben voilà que j'ai plus ma tête ! Mais quel jour est-on ? Impossible de me souvenir.
Qu'est-ce qui m'arrive ?
Reste calme. Tout ce que je sais c'est que ça fait un moment que je me balade. Bon, comme je ne reconnais pas le coin, peut-être que je suis venu jusqu'ici en voiture. Ah non, ce n'est pas ça, je n'ai pas mes clés. Je vais bien voir au bout de la rue, il y a sûrement des panneaux indicateurs. Et puis si je croise quelqu'un, je pourrais toujours lui demander. Il va me prendre pour un fou mais tant pis. Ça arrive à tout le monde de se perdre non ? C'est bizarre parce que je n'ai croisé encore personne jusqu'à présent. Enfin. Mais…il n'y a donc pas de panneaux dans cette ville. Et pas de plaques non plus pour indiquer le nom des rues.
Restons calme.
Je vais chercher le commissariat. Ils sauront me renseigner mieux que quiconque là-dedans. Ceci dit, il faudrait que je les trouve, et ça c'est pas gagné. Et puis qu'est ce que je vais bien pouvoir leur dire ? 'Bonjour monsieur, je m'appelle…' C'est pas vrai ça, comment je m'appelle ? C'est dingue ça ! Je ne me souviens même plus de mon nom. Pas de panique…voyons voir. Oui ! Je n'ai qu'à regarder mes papiers d'identité. Pour une fois qu'ils me serviront. Oh, mais… c'est pas possible ça, je n'ai plus mon portefeuille. Je l'ai tout le temps sur moi. Je ne sors jamais sans, et juste le jour où j'en ai besoin, je ne l'ai pas. Quel purin ! Bon, que dois-je faire maintenant ? Trouver de l'aide, c'est ma dernière chance.
Bizarre.
J'ai l'impression d'être déjà passé par là. J'en suis même sûr. Mais il n'y a donc personne dans cette ville ? D'ailleurs, j'ai l'impression d'être toujours dans la même rue. C'est comme si sa fin correspondait à son début. Mais c'est impossible puisqu'elle est droite.
Et puis il n'y a pas d'autres rues. Et il n'y a jamais personne. Je suis seul. Bon Dieu, ce n'est pas possible !
Me serais-je réveillé dans mon propre rêve ?
"

 

My BC is Rich
23/02/2002 : 17:00

Comme promis en d'autres temps, je vais vous conter l'histoire qui prouve que je suis aussi capable que les autres d'avoir des moments d'égarements irrationnels qui ne peuvent s'expliquer que par l'absurde, à savoir : l'achat de ma guitare, électrifiée comme c'est pas possible.
Avant, quand j'étais plus jeune (notez ici le pléonasme parfaitement inutile puisqu'évident), j'avais une tactique infaillible pour rester maître de moi-même : lorsque j'avais envie de quelque chose, ce qui n'arrivait déjà pas très souvent, il me suffisait d'attendre quelques jours pour me persuader qu'en fait je pouvais très bien me passer de l'objet en question. Je ne vous dirai rien sur les effets pervers d'une telle conduite, mais sachez seulement qu'elle fonctionnait à 99%, TVA incluse.
Sauf pour la guitare.
L'envie revenait cycliquement et ma méthode ne me donnait à chaque fois que six mois de répit à tout casser, à l'exception bien sûr de la guitare que je n'avais toujours pas. Au bout de trois ans (ah ben oui quand même), je me suis dit : 'Bon, maintenant, tu y vas et tu l'achètes'. C'était en 95. Comme Gilles, un collègue de l'époque, jouait dans un groupe et qu'il s'y connaissait bien, enfin disons mieux que moi, je lui ai demandé s'il pouvait m'accompagner au magasin, ce qu'il accepta avec son attitude si caractéristique qui lui donne un air détaché de toutes choses alors qu'en fait non.
Bref, arrivés dans le magasin, moi j'étais déjà fixé sur un modèle des plus agressifs dont le fabricant m'avait déjà cassé les oreilles plusieurs fois par groupes interposés. Une BC Rich noire. Il n'y avait même pas à discuter là-dessus, c'était réglé. Faut dire que quand je suis décidé, je n'hésite jamais. Peut-être pour ne pas laisser le temps au temps d'installer le doute en moi sur la nécessité de l'acquisition. Pour l'ampli, c'est Gilles qui me conseilla. Allez, banco pour un Peavey. Quelle puissance ? Gilles me fit alors un cours sur le lien entre la puissance et le type d'utilisation que je souhaitais en faire : animation de salle de bains, boeuf dans l'appartement ou concert géant en plein air avec 50 000 personnes. Bon, moi, faut dire que je suis plutôt du style à acheter un modèle qui ne risque pas de me brider dans l'hypothétique futur qui est le mien. Donc un 80 watts devrait à n'en pas douter faire l'affaire, ce que je confirme puisque c'est tellement puissant que je suis obligé de le mettre sur le balcon tout en jouant à l'intérieur. Portes-fenêtres fermées.
Arriva alors le vendeur :
- Oui, c'est pour quoi ?
- Je souhaite acheter une guitare et un ampli
- Vous jouez déjà ? C'est pour quel style ? Quel est votre budget ?
- Je suis débutant, c'est pour jouer du thrash et je suis plutôt arrêté sur la BC Rich que voici et l'ampli que voilà.
- Euh...ben, c'est bien.
Sur ce il se mit à brancher le tout pour égrainer le seul air de hard rock qu'il devait connaître, à savoir une intro de Metallica du Black Album. Pour tout vous dire, il aurait pu attaquer 'Bécassine c'est ma cousine' que cela n'aurait rien changé à l'affaire puisque mon choix était fait.
Quand j'y pense, je me dis que ce que j'ai pris pour un coup de folie me semble en fait n'être qu'une attitude légitime pour quelqu'un de vivant. Mais il faut dire que j'essaye de vivre depuis tellement peu de temps...

 

Paris ville des records
22/02/2002 : 23:50

Vingt deux kilomètres en une heure et demie. Pas mal non ? Et en voiture je précise. J'avoue que sur ce coup-là je suis assez content. D'une part parce que cela m'a permis de vérifier l'existence de certaines valeurs sûres et d'autre part parce que cela faisait longtemps que je n'avais pas réalisé une telle performance.
En effet je trouve qu'il est rassurant de constater qu'on peut toujours compter sur les aléas de la vie parisienne. Sauf que de nos jours, l'aléa en question, ce serait plutôt lorsqu'il n'y a pas de bouchons... Mais bon, quelque part je trouve ça bien. Si. Non pas que cela m'amuse de jouer de l'embrayage et du frein pendant une durée équivalente à l'écoute de 2 CD bien violents histoire de me calmer, mais plutôt parce qu'ainsi je me dis qu'il y a des choses qui ne bougent pas alors que moi je change et j'évolue. Car si je m'apercevais que tout avance plus vite que moi, eh bien je pense que cela me poserait un certain nombre de problèmes en matière de référentiels stables nécessaires pour me repérer dans la vie.
Quant à la performance, j'avoue bien modestement ne pas pouvoir la qualifier de record. Non, car j'ai déjà fait beaucoup mieux. Une moyenne imbattable. Le record absolu devrais-je dire ! Et tout ça sans le faire exprès. Parce que si je vous dis que j'ai déjà fait zéro kilomètre en deux heures tout en roulant, avouez que ça calme pas mal ! Et je vous assure que c'est possible : il suffit pour cela de passer deux fois au même endroit à deux heures d'intervalle. C'est con non ? Si c'est con. Surtout pour moi. En sortant du boulot, j'avais bien remarqué que ça bouchonnait. Au bout de dix minutes sans avancer, je me suis dit que j'allais prendre un autre chemin qui ne pouvait sûrement pas rouler plus mal. Donc je me suis lancé, tranquillement. Et voilà que cent mètres plus loin, ça bouchonnait aussi. Et là, déviation sur déviation : une seule route possible qu'il me fallait emprunter et qui me ramena à l'endroit même de mon changement de direction. Rien n'avait changé. Sauf l'heure... J'aurais bien laissé la voiture pour rentrer en transport en commun mais le problème c'est que dans ce genre de situation, entre les bagnoles qui chauffent et celles qui tombent en panne d'essence, eh bien il n'y a plus de place libre.
Alors quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, Paris sera toujours Paris. Le purin quoi !