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MICHEL MOHR'S
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Petit mot dans le livre d'or
Email à Michel Mohr
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Delta S
21/10/2004 : 20:30

Les années folles furent ce qu'elles furent. Et n'ont duré qu'un temps. Sauf pour quelques vaches récalcitrantes qui finirent inévitablement par s'identifier au monde dans lequel elles sont roulées chaque jour dans la farine, animale s'il en est, alors que d'autres sont traitées comme des bêtes de somme. Faites le compte, il n'est pas bon.
Tant pis pour elles.
Car moi pendant ce temps là je m'évertuais, sans le vouloir mais tout en le pouvant, je m'acharnais sans retenue à ne rien faire, spécialité sans grande valeur ajoutée mais qui contribue sans y paraître à conserver le déséquilibre entropique de l'univers sans lequel tout ne serait que stagnation et replis sur soi.
Le replis sur soi.
Avec mes presque deux mètres j'aurais pourtant pu m'adonner à cet exercice. Me replier disons de vingt centimètres. Ou de seulement dix, histoire d'en garder sous le pied, gauche si possible. Juste pour conserver la mesure et sortir grandi du don de soi par tranches de décimètres interposées.
Bref, je disais donc avant de commencer... euh.... ben rien. Et justement ce phénomène d'accumulation de grands riens, récompensé en définitive par une absence de tout, ce qui n'est pas rien, a fini aujourd'hui par s'inverser.

Mon interaction avec le monde extérieur a commencé.
Je me vide de mes riens.
Je les rends au centuple.

A croire qu'un rien m'occupe.

 

Moi de septembre
24/09/2004 : 22:45

Je suis encore vivant. Oui, cela ne fait aucun doute, même si la lettre morte a pulvérisé tous les records de tirage au cours de ce mois de septembre.
Je continue moi aussi à passer sur ces pages de façon régulière, à l'affût de la nouveauté, soucieux du non-dit, toujours à l'écoute de mon prochain délire.
Et là je réalise qu'il n'y a rien à attendre de personne d'autre que moi.

Qu'est ce que j'attends de moi ?

 

De quoi de qu'est-ce ?
31/08/2004 : 19:30

J'ai beau essayer, je n'arrive pas à me souvenir.
De quoi ?
Eh bien justement, c'est là qu'est tout le problème parce que je n'en ai pas la moindre idée. Même en remuant les neurones du fond qui baignent dans la partie la plus vaseuse d'une mémoire de plus en plus limitée en taille par le volume grandissant de mon inconscient collectif (il partage en effet les lieux avec son homologue un peu plus con que lui), je dois reconnaître que presque rien ne me revient en tête. Cependant comme le rien pèse un poids à peu près équivalent à ce qu'il est, il finit tout de même par remonter à la surface dans ce magma fait de trois fois rien qui le porte au sommet du négligeable. Tout juste de quoi me rappeler de choses qui ne me servent à rien. Soit dit en passant, c'est d'ailleurs le seul intérêt de l'oubli : nous permettre de nous concentrer sur l'essentiel en mettant à l'écart les éléments perturbateurs qui viendraient mettre leurs grains de sable dans cette mécanique de précision parfaitement huilée qui sent le graillon quand le soleil est au zénith, réservation conseillée à 50 euros la place assise, boissons en sus et parasols en vente dans les travées. A ce tarif là, préférez une bonne exposition ou un spectacle son et lumières qui vous laisseront marqués à vie sans aucune application de Biafine.
Bon Dieu, mais qu'est-ce que c'est que cette chronique ?
Je ne sais même plus où je voulais en venir, si tant est que je venais à l'origine de quelque part.
Euhhh... non, là, franchement, je ne me souviens pas. Ah ben justement ! C'était ça le sujet !

 

Au bout
30/08/2004 : 19:20

Aujourd'hui j'ai envie d'être noir.
Je tiens tout de suite à calmer ceux qui penseraient que j'irais jusqu'à pousser la chansonnette façon gospel, à postuler pour les Jackson Six ou à vous promettre le retour de l'être aimé en 48 heures chrono satisfait ou remboursé. Non, ce n'est pas ce que vous pensez, aussi affreux cela puisse t'il être au niveau de la coiffure.
Car je ne parle pas de cet aspect pigmentaire externe mais de tous les autres qui peuvent caractériser de façon interne un être voué aux forces obscures qui infectent jour après jour le peu de vie qui semble animer un corps pourtant voué à l'inaction éternelle.
Ben oui, faut être lucide.

J'ai envie d'être noir.

Histoire de voir si j'ai une limite à ce que je serais capable de ressentir, de penser et de dire.
Histoire de voir si jusqu'à présent tout le reste n'était qu'un prélude à une aube encore bien plus sombre.
Histoire de voir si au fond tout cela n'occupe pas l'intégralité de la place disponible.

Histoire d'aller au bout de nulle part, au bout de moi-même.

Oui, aujourd'hui j'ai envie d'être noir.

 

La nature est en marche
15/08/2004 : 16:25

Au retour d'une promenade en forêt de deux heures en plein soleil, on n'est plus vraiment le même. Surtout si on est parti sans eau ni électricité. Et sans un quelconque complément énergétique à base de calories qu'on regroupe par kilos entiers dans des barres qui font le poids.
Et afin de profiter pleinement de l'effet oxygénatoire de ce type de sortie j'applique une méthode bien à moi que j'ai cependant piquée dans "Le pèlerin de Compostelle" de Paulo Coelho. Un livre qui, c'est sûr, est délirant à tous points de vue si on n'est pas croyant et qui est je ne sais pas comment si on l'est, vu que ce n'est pas mon cas. Parce qu'il faut bien être clair sur les sujets fondamentaux afin que les moutons que nous sommes cessent de se perdre dans la jungle de la vie ou de se faire tondre par les requins qui nous entourent déguisés pour l'occasion en loups, je ne suis pas dupe. C'est que je ne suis pas sorti de la bergerie hier, même si je m'en moque comme de ma première moutonnerie dans le cas présent.
Bref, soit on est croyant, soit on est sûr. De ne pas l'être. Il n'y a pas d'autres alternatives. Enfin, je crois...
Pour revenir au sujet du jour, qui fut en vérité celui de la veille, je disais donc que cet exercice me permet à chaque fois de sortir de mes pensées corrosives tout en me connectant avec l'extérieur, profitant plein pot de la forêt illimitée version haut débit. Il consiste tout simplement à diviser volontairement la vitesse de sa marche. Disons par deux. Ou par trois et demie, ça doit marcher aussi, mais moins vite. Forcément. Et en fait au bout de quelques minutes vous constaterez qu'il est impossible de rester à l'intérieur de soi, que vous êtes obligatoirement obligés (c'est dire !) de regarder autour de vous, de voir les arbres s'étendre, les brins d'herbes pousser et les crottes de chien fleurir.
Rapidement le cycle des pensées internes se brise et s'arrête.
Vous êtes connectés avec la nature.
On va vous faire aimer l'an 2004 !

 

Ah ! où t'es ?
09/08/2004 : 17:55

Mais... depuis combien de temps ce site n'a pas fait l'objet d'une mise à jour digne de ce nom, avec plein de récits spirituels, limite spiritueux, dans lesquels le second degré côtoie sans jamais l'effleurer le bon goût qui caractérise si bien mon style aussi décalé que flamboyant ?
Hein ? Jamais ?
Ah bon ?
Non mais je vois que cela fait maintenant quasiment trois semaines (à 23% prêts) que je n'écris pas. Alors que lisez vous ? Comment occupez vous ces quelques minutes supplémentaires que je ne vous prends pas ?
Bon Dieu mais dites le moi !°
Que Diable, mais dites le moi !°
En fait je fais ce que je veux, ou ce que je peux dans certains cas, et tout le monde s'en moque ? En gros vous ne dites rien. Vous attendiez sans doute que je me remette à l'oeuvre comme on attendait jadis le retour du Roi dans la vallée de la Maurienne (la Moria ? Ah bon ? Vous êtes sûr ?), le glaive en moins et le tranchant des phrases assassines en plus.
Belle mentalité. Je ne vous félicite pas. Encore heureux que ce soient les vacances parce que sinon je vous aurais remis dans le droit chemin, ô combien tortueux s'il en est, du quotidien fait de pas perdus et de pain pressé, à moins que ce ne soit l'inverse, je ne sais plus.
J'ai tant de choses à vous raconter que je ne sais pas par quoi commencer : il y a par exemple la tentative d'homicide sur ma modeste personne par l'entremise d'un glaçon plus très frais, le paradoxe du sommeil vécu dans ses phases les moins profondes ou bien encore l'apparition de la douche écossaise dans ma salle de bains, un tissu d'âneries dont on ne pourrait même pas faire un kilt.
Eh oui, je ne sais pas.
Par contre ce que je sais c'est que j'ai complètement oublié la suite de la chronique précédente faite de... "révélation beaucoup plus profonde et pleine de sens, basée sur les fondamentaux de l'humanité". Mince, ça avait l'air bien.
Mais je ne me souviens plus de rien. Comme quoi la notion d'important change avec le temps. D'ailleurs, il va pleuvoir.

______________________________
° : Hatez vous de rayer la mention inutile

 

Bip... bip... bip...
23/07/2004 : 01:15

Ce midi, alors qu'avec deux collègues nous devisions autour d'un jus de tomate de l'influence de la salinité marine sur la cécité du cormoran, je me suis rendu compte d'une chose qui ne m'était jamais apparue lorsque le même exercice tourne autour d'une bière, aussi fraîche soit-elle.
Je ne sais pas si c'est l'influence de la tomate mais après trois jours de cure, j'avoue que les effets secondaires sont hallucinants. Sans compter l'effet primaire qui consiste à se faire chambrer par les participants à la cène, tous adeptes de la boisson spirituelle brassée par des moines en sandales maniant la pagaie comme d'autres la carotte.
Mais chacun son chemin et chacun son verre. Et les microbes seront bien gardés.
Le premier jour, le débat tourna autour de la tomate en tant que telle. Comme quoi les sujets de discussion coulent de source. Pour moi la tomate est un légume et pour mon acolyte quotidien, légumineux s'il en est, c'est un fruit.
D'où débat, arguments et objections votre honneur.
On a fait deux heures là dessus, à délirer sur 25 centilitres de liquide. Je sais, il nous en faut peu. Mais ils ne les font pas en 50. Alors on s'adapte. En plus on n'a même pas eu la réponse. D'ailleurs je vais à l'instant consulter la Bible en la matière, à savoir le catalogue Pampryl, collection printemps/été.
Ben merde, c'est un fruit.
Ce n'est pas grave, j'appellerai la rousse demain pour lui signaler l'erreur d'impression.
Le deuxième jour, je ne sais même plus de quoi nous avons parlé. Je sais juste qu'à un moment je me suis exclamé, afin de justifier la situation burlesque à laquelle nous étions arrivés:
"Jésus a dit: pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font".
J'aime cette phrase, elle s'applique à tout. Car personne ne sait ce qu'il fait. Ben oui. Et quand on sait ça, ça le fait.
Mais le troisième jour fut celui de la révélation beaucoup plus profonde et pleine de sens, basée sur les fondamentaux de l'humanité. Et si vous voulez en savoir plus vu que moins ce ne sera pas possible, il faudra revenir plus tard parce qu'à cette heure-ci, il n'y a plus personne au numéro que vous avez demandé.

 

Bis repetita
11/07/2004 : 21:55

Il m'arrive de temps en temps de plonger dans les archives de la MMPP, afin peut-être de me persuader que je suis marrant ou bien encore complètement à l'ouest, l'un n'excluant apparemment pas l'autre. Bon, en réalité c'est plutôt lorsque je n'ai rien de mieux à faire que je me transforme en rat de bibliothèque accompagné d'une seule souris m'indiquant le chemin dans ce labyrinthe pourtant dépourvu de sortie. Un voyage dans le temps, sans poussière ni papier jauni.
Eh bien figurez-vous que j'ai écrit quasiment la même chronique à 18 mois d'intervalles, empruntant à deux reprises une phrase de Cioran, tout en prenant soin de la lui rendre à chaque fois puisqu'en l'occurrence César n'y est pour rien.
J'en veux pour preuve les chroniques du 01/06/2002 et du 02/12/2003.
Cela devait arriver. A force d'écrire les choses comme elles viennent, il suffit qu'elles reviennent une fois pour que la trilogie soit aux deux tiers achevée. Encore que. Quand je pense à l'intégrale de Cioran, non nominé dans la catégorie meilleur espoir, intégrale qui fait 1820 pages d'environ 41 lignes de 13 mots, je me dis que la chance que j'ai de sélectionner par deux fois la même citation de 16 mots équivaut à peu près à la probabilité qu'à une personne de gagner au loto alors qu'elle ne joue pas.
Le hasard fait bien les choses. Mais une fois seulement. A moins qu'il n'y soit pour rien. Auquel cas j'ai maintenant l'air de m'auto-plagier par philosophe interposé, profitant du relâchement du lecteur assoupi au coin du feu ce qui, je vous préviens, est de nature à endommager votre matériel informatique, lecteur inclus.
Vous allez finir par croire que je n'ai pas de mémoire. Que je ne sais plus ce que je dis.
Eh bien vous auriez dû commencer par cela. J'ai fini par faire une boulette. Et j'en ai d'ailleurs probablement faite d'autres. Il est même possible à l'heure où je vous parle que deux chroniques portent le même titre. C'est ainsi. Si je tourne en rond à propos d'un sujet donné avec une période révolutionnaire plus ou moins longue, il s'en suit alors que les mêmes causes provoquent les mêmes effets. Mais ces derniers ne sont pas garantis pièces et main-d'oeuvre pendant plus de 24 heures.
La seule chose qui évolue inexorablement au cours de mes écrits reste la date. A moins que je ne me retrouve prisonnier dans un jour sans fin. Comme par exemple pendant le jour de la marmotte. Ou plutôt pendant le jour du blaireau en ce qui me concerne...

 

Délires caniculaires
29/06/2004 : 22:40

Imaginons que suite à une exposition beaucoup trop prolongée sans avis médical aux rayons du soleil la lumière m'apparaisse.
Imaginons alors que l'insolation concomitante à cet acte d'auto combustion spontané me fasse délirer jusqu'à ce que la raison prenne enfin le dessous.
Imaginons.
Ben j'ai beau imaginer je ne vois pas grand chose. Je devine à la limite que tout cela risque de se finir dans un bain de Biafine. Et je ne suis pas sûr que ce ne sera pas la peine d'en faire des tartines. Je suppose également qu'une bonne hydromélatation, version ô combien céréalière de l'hydratation à base d'eau, m'aidera à recouvrir de mousse l'ensemble de mes facultés intellectuelles et physiques.
Mais à part cela ?
A part cela, peut-être serais-je frappé par l'idée saugrenue de croire que tout est possible à partir du moment où le "tout" est clair et non à l'égout, mais avec un parasol sinon je suis bon pour devoir biafiner les deux côtés de mon encas médical, rapport aux tartines susmentionnées.
Croire que tout est possible. Il suffirait donc que je me mette à énumérer le tout sans rien oublier pour ensuite faire mon marché comme d'autres se font cuisiner au soleil histoire de justifier leur temps de repos et de prouver aux masses encore plus laborieuses que de coutume que oui, les vacances c'était super, à l'exception du coté dardé (et j'en connais un rayon) rougeoyant tirant sur le bleu sanguinolent à l'heure du repas qui ne manque pas de marquer les esprits et d'échauffer la chair (le bleu, pas le repas). Moins de 18 ans passez votre chemin.
Ce moment de pure poésie éthérée mis à part, je disais donc... je disais quoi au fait... ah oui, que tout est possible à condition d'y croire. Euh... non, ce n'était pas exactement cela.

A présent me voilà sujet à l'interlocation la plus profonde, plongeant dans un abîme de perplexitude sans fond.

"Croire que tout est possible"
ou
"Tout est possible à condition d'y croire" ?

Telle n'était pas la question.

 

La tentative de simplification
28/06/2004 : 22:50

A chaque fois que j'y pense j'arrive toujours à la même conclusion : les gens sont bizarres. Et pour être encore plus précis, je peux même vous l'annoncer tout de go : ils le sont tous.
A croire que je suis le seul à ne pas l'être, ce qui en soit est relativement bizarre comme conclusion.
Je pourrais tenter d'étayer mon point de vue en puisant moultes exemples précis tirés de la vie quotidienne ou hebdomadaire de mes contemporains, amis ou apparentés.
Mais j'ai passé l'âge de devoir me justifier. Et en plus cela m'arrange.
La démonstration s'appuie juste sur mon postulat de base : vous êtes tous bizarres.
Je ne comprends pas ce qui vous motive, je ne comprends pas pourquoi ce qui semble si important pour vous n'a pas de sens pour moi, je ne comprends pas pourquoi les blagues de télé Z en font rires certains, je ne comprends pas pourquoi tout cela m'est incompréhensible.
Bref, je ne comprends toujours pas.
Il y a trop d'inconnues pour moi dans ces équations que vous semblez pourtant résoudre les yeux fermés, au risque de vous en mordre les doigts un jour ou l'autre et pendant la nuit en particulier.
Décidément je crois qu'il existe trop de points communs dans votre façon d'agir pour que cela ne soit qu'un simple fait du hasard. Trop de similitudes ne peuvent pas être le fruit de mon imagination. Je constate. Dans les grandes lignes. Et même si je ne lis pas encore entre celles-ci, je ne peux que me rendre à l'évidence : je ne comprends rien.
Oui, je sais, une fois de plus je cède à la tentation de simplifier à l'extrême ce que je n'arrive pas à démêler. Cela me donne pendant une courte période l'impression d'avoir trouver des repères et de saisir la situation aussi facilement que la balle au bond. James Bond. Qui du coup jouera à autre chose. Il n'a cas jouer au Docteur. No ?
En résumé, je comprends bien que je ne comprends rien.
Toujours ça de compris.

 

La lettre à Elise
20/06/2004 : 16:40

Dans la série des aberrations en tout genre qui viennent frapper à la porte de l'incompréhension, je constate qu'en France nous ne manquons pas de répondant.

Vous allez certainement me dire que je ne vois encore que le mauvais coté des choses, que mon esprit est toujours aussi mal tourné et que je continue à me focaliser sur le grain de sable alors que la plage tout entière est devant moi.
Certes, et alors ?
Sans cela serais-je ce que je crois ne pas être ?
Ce que je crois ne pas être... Définition de l'infini par opposition au néant, infini lui aussi.
Sans cela serais-je encore du côté de la force ?
Elle est si obscure que je ne la vois même pas.
Sans cela seriez-vous en train de me lire au lieu de continuer à vaquer à d'autres occupations vous apportant sans doute votre lot de banalités, de joies et de déceptions, sans compter votre pain quotidien vu que celui de la veille est tout au plus perdu en ce jour long comme un jour sans pain ?
Là, c'est à vous de voir.

Bref, je disais donc que dans notre magnifique hexagone le non-sens s'était fait une place au soleil. Et au firmament du mois de Juin, c'est en ce qui me concerne France Telecom qui remporte la palme du festival de l'absurdité, catégorie apparemment dépourvue d'écran total. Il n'y a pas tellement de jours comparé à ceux qui passent depuis maintenant plus de 35 ans, je reçus un mail d'Elise de France Telecom qui me fit une proposition du genre de celle qu'on peut très bien refuser. Elise - qui visiblement se tape tous les mails d'information destinés à la clientèle. Sûrement une employée aux nerfs d'acier cadencée à 4 Ghz- Elise me proposait donc d'échanger mes factures papier par des factures électroniques grâce à un système des plus perfectionnés mêlant les technologies de pointe au foutage de gueule organisé. Et pour me prouver que la générosité est de ce bas-monde, 2 heures de communication me seraient gracieusement offertes si j'acceptais cette évolution vers la sauvegarde de la planète et des forêts en particulier puisqu'en l'occurrence on se moque bien de l'être humain dans tout cela.
Subitement touché par la grâce, je souscrivis en ligne à la proposition.
Et voilà que je reçois peu de temps après dans ma boite aux lettres un courrier me rappelant que ma souscription a bien été enregistrée et que je pouvais dès à présent profiter de mon crédit de 2 heures, crédit qui à lui seul me garantit de ne plus payer de communications jusqu'à la fin de ma vie, aussi longue et inutile soit-elle.
Seulement voilà. Ce courrier n'est pas un mail mais une bonne vieille missive en papier transmise par un coursier chevauchant un destrier jaune équipé Shimano 106.
Et du coup c'est France Telecom qui déraille.
Pourquoi m'adresser un courrier papier me confirmant que je recevrai tout par mail au lieu de m'en envoyer un direct, du gauche ou du droit, je ne suis pas difficile ?
Sans compter le cadeau dont je peux profiter à tout moment entre le 07 juin 2004 et le ... 07 juin 2004.
Il n'y a pas à dire. Ce sont eux les Rois du créneau horaire !

 

Sustine et abstine
12/06/2004 : 00:45

A force d'accumuler tous les mots que je ne dis pas, il ne faut pas s'étonner qu'à un moment ou à un autre cela finisse par sortir. Dans un ordre aléatoire. Dans un ordre dispersé. Mais c'est sans doute dans l'ordre des choses.
Comme quoi tout vient à point à qui sait attendre. "Tout vient à point à qui sait attendre". A tous les coups un adage pondu par un cuistot spécialisé dans le steak frites et qui, pour se détendre, débite dans le meilleur morceau des tranches de vie tout juste bonnes à être imprimées dans les pages roses du petit Larousse. Les fameux feuillets que je vous conseille de chercher juste après une bonne petite zythum bien fraîche et juste avant de vous lancer à la recherche du temps perdu, histoire d'en passer encore un peu plus du côté du passé.
Ah ça, il n'y a pas à dire, les locutions latines (et non pas "l'élocution latine" puisque je vous rappelle que c'est une langue morte) ça avait de la gueule. Et de la grande qui plus est.
Afin d'illustrer mon propos et de vous donner un avant-goût de langue morte qui passera ensuite à l'arrière, je vais vous prouver que le parlé latin pourrait avantageusement remplacer nos longues phrases pleines de mots qui n'en finissent pas de se succéder au rythme lancinant des conjonctions et autres artifices de liaisons tentant de souffler la parole au silence qui au niveau de l'écrit n'a pas sa place et se vengera un jour en poussant un cri muet sans fin comme d'autres poussent le bouchon un peu trop loin du plus près.
Oui, je suis pour l'économie des mots et je n'ai pas peur de le dire quitte à payer un lourd tribut aux paroliers, dialoguistes et autres romanciers en tout genre. C'est du temps de gagné pour tout le monde. Comme cela on peut en dire encore plus dans une journée. Cela augmente notre productivité verbale. Et être productif c'est à la mode, contrairement au latin qui ne se parle plus que le Dimanche dans des endroits rappelant le temps des cathédrales et le moment de la quête.
Je m'égare.
Je disais donc que j'allais vous exempler (j'essaye également de faire court en français) quelques traductions issues du langage courant comme on en cause de par chez nous:
- "Je vais aller lui en toucher deux mots à la Gare de l'Est" : "Alea jacta est",
- "Je ne sais pas ce qu'elle a ma montre aujourd'hui. Elle avance pas" : "Festina lente",
- "Mon NEC a plusieurs bus étanches" : "Nec pluribus impar".
Alors, ça me paraît clair non ? Pas la peine d'en faire toute une histoire.
Par contre une chronique, à la rigueur.

 

Occupation
02/06/2004 : 22:40

"
- Que faites-vous du matin au soir ?
- Je me subis.
"
E.M. Cioran

 

Le temps de rien
23/05/2004 : 19:15

Je constate comme vous que la seconde chronique de Mai s'est faite attendre presque au-delà de la fin du moi. Je dois d'ailleurs vous avouer qu'elle a failli rester à l'état de lettre morte avant même de passer par la phase de conception, assistée par ordinateur comme tout bon produit qui se respecte, cherchant à mêler précision et sens de l'esthétique dans une synergie compatible avec tous les navigateurs internet qui se repèrent parmi les balises comme d'autres se perdent en balisant.
Pourtant ce n'est pas le temps qui me manque en ce 'un jour sur deux en moyenne' joli mois de Mai. Ni l'argent puisqu'en l'occurrence celui-ci n'a rien à faire dans l'histoire, précision tout à fait troublante puisque le simple fait de l'évoquer semble indiquer le contraire.
Non, tous les matins des jours ouvrables c'est la même rengaine. Car contrairement au jour ouvré où le choix n'est pas de mise, le jour ouvrable reste une proposition. On l'ouvre ou on ne l'ouvre pas. Sa potentialité permet sûrement aux optimistes calendaires ou aux coeurs vaillants de croire que l'avenir leur appartient, que le présent en est un ou encore que la vie est comme une boite de chocolats, analogie qui prend sans doute tout son sens pour les versions alcoolisées promesses d'un oubli salvateur amnésiquement parlant.
Pour ma part, chaque matin où j'ai le pouvoir, j'exerce mon autorité comme Saint-Louis au pied de son chêne sauf que moi je m'appelle Michel et que je fais ça au pied du lit.
C'est sûrement ça le progrès.
Sur le coup de 8 heures je m'éveille et à chaque fois je me dis qu'il serait bien de me lever et de profiter du temps libre qui pourtant m'enchaîne au quotidien.
Me lever, d'accord, mais pour quoi faire ?
Je vous le dis il n'y a plus rien à faire. Non pas que tout a déjà été fait, puisque je vous rappelle que tout ce qui est à faire sera de toute façon à refaire un jour ou l'autre.
Je vous le dis il n'y a rien à faire. Je préfère encore rester dans les bras de Morphée tant qu'elle veut bien de moi. Mais apparemment elle aussi a un seuil de tolérance puisque me voilà à nouveau en train de végéter dans le temps, cherchant à le tuer dans un combat perdu d'avance puisque je vous rappelle que c'est aussi son but qu'il finira par marquer de son emprise et non du gauche.
Heureusement, le temps joue pour lui-même. C'est la loi de la nature qui ainsi prend son sens dans sa propre fin.
Alors voici donc une chronique de plus à mettre au bénéfice d'un état des plus stables et des plus profonds qui soient.
Un état stationnaire qui préfigure une fin de règne imminente.
Mais qui sera assez fou pour prendre le pouvoir ?

 

La faim du fin
09/05/2004 : 22:00

Il existe des phénomènes étranges. Du genre de ceux qui sont à la mode et qu'on nous ressert à tout bout de champ sur les ondes, dans la presse ou sur le câble et ceci jusqu'à l'excès ou l'overdose.
Prenez par exemple le pitbull. Bon ben le pitbull, autant que je me souvienne, il y a une époque où il devait bien en croquer une demi-douzaine par semaine du mouflet, du facteur ou du jeune de banlieue. Tout journal indigne de ce nom nous apportait notre lot de mordus quotidiens. Même moi j'avais peur du pitbull, c'est vous dire ! D'un autre côté ce n'est pas un exploit puisque je l'avoue, que dis-je, je le revendique : je hais les chiens. Quels qu'ils soient. Cette dernière précision, ô combien mordante, n'a pour objectif que d'annihiler toute jalousie entre les races qui pourrait générer un jour ou l'autre une quelconque animosité tournée vers ma personne ou mon mollet.
Toujours est-il que j'avais peur du pitbull, alors que pour être honnête je n'en ai quasiment jamais croisé. Et puis ils se reconnaissent très facilement : ils portent des muselières. Ce qui fait que les chiens les plus dangereux sont aussi les plus inoffensifs. Va comprendre !
Bref, et maintenant où qu'il est le pitbull ? On ne nous en parle plus. Que dois-je en déduire ?
Qu'il y a d'autres priorités à griller sur le feu de l'actualité ?
Sûrement. Et en ce moment j'ai beau essayer de l'éviter, le nouveau phénomène de masse concerne apparemment les personnes qui ont un problème de poids. Ceux qui se trouvent trop gros, ceux qui le sont et ceux qui souhaiteraient maigrir.
Même moi je finis par me croire concerné tant ces reportages débordent de surabondance adipeuse servie avec excès jusqu'à la nausée télévisuelle sur les plateaux d'une n-ième émission garantie 100% voyeurisme, service compris.
La télé réalité est cruelle et m'apporte également sa part de vérité qui n'a fait de moi qu'une bouchée. Le constat est aussi lourd de conséquence qu'une cause perdue d'avance : je ne suis pas assez gros.

 

Je ne manque pas d'air
27/04/2004 : 22:30

Je viens de trouver la solution à tous mes problèmes. Une solution tout en un qui me permettra de remonter la pente sans être ralenti à la moindre cote.
Je vais tout simplement arrêter de respirer pendant 48 heures.
Histoire de recoller les morceaux. Histoire qu'ils se remettent ensemble après tous ces moments de déchirements passés à se séparer.
Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt ?
Respirer : une activité cyclique qui ne me sert qu'à brasser du vent et dont le dérèglement chronique m'amène bien trop souvent à un manque d'inspiration. Et comme je ne peux pas me souffler dans les bronches pour me regonfler à bloc, je me sens beaucoup trop souvent contracté pulmonairement parlant. Une fois sur deux pour être précis.
Eh bien maintenant c'est fini. Désormais je vais mettre tout cela entre parenthèses. Le vent de la révolte vient de se lever et mes alvéoles n'ont qu'à bien se tenir aux branches de mes arbres bronchiques car elles ne sont pas prêtes de goûter à nouveau au vent du large et à la brise matinale. Je vais les mettre à la diète, les anaérobifier.
Je sais, je me rends compte que ces 48 heures vont être longues. Eh bien alors disons deux jours, quelle différence cela fait-il ? Je ne suis plus à cela près. Et puis j'ai confiance en mes capacités pulmonaires. Le premier quart d'heure sera sans doute crucial et déterminant pour l'atteinte de l'objectif, mais une fois franchie cette première étape, j'y crois à fond.
Je suis pour les méthodes douces, sans médicaments et sans aide, aussi respiratoire soit-elle. Un peu de volonté et beaucoup de retenu, c'est tout ce dont j'ai besoin.

 

La genèse qui a déchiré
20/04/2004 : 22:50

A défaut d'être royale, j'en conviens, la suite de mes idées va vous être à nouveau dévoilée, petit à petit, maux après maux. Je vais continuer à vous informer du passé qui s'éloigne de plus en plus de notre présent puisque voici la troisième chronique concernant la journée du Samedi 17.
Pour laisser le temps aux lecteurs peu assidus tentés de faire l'impasse sur les deux derniers récits épistolairement représentatifs (j'aime apprendre aux gens des mots qui n'existent pas mais dont la signification intuitive justifie à elle seule leur utilisation), je m'en vais vous faire un résumé de la situation passée.
En gros je me trouvais devant une instance de la faculté de médecine qui de sa place m'asséna (prenez à droite au niveau de la Promenade des anglais. C'est une 'Nice place' comme ils disent): "Vous me devez 20 euros".
Pour un résumé plus détaillé, merci de vous référer aux épisodes précédents. Sinon je ne vais jamais réussir à me sortir de ce cabinet médical à la rose (ça change de la noix et cela me parait plus dans l'air du temps pour un cabinet).
20 euros ? Soit. Moi je veux bien. Mais j'ai quoi pour ce prix là ?
Si ce n'est pas au minimum les prémices d'une crise cardiaque pulmonaire, un début de décollage de cotes flottantes ou une faim de loup qui me dévore l'estomac, moi je n'achète pas.
Chez le médecin c'est comme chez le garagiste. Je demande toujours à comprendre quel est le problème, même si celui-ci est censé être résolu.
Et pis c'est qui le client ? C'est qui qui paie dans cette affaire ? Je ne suis pas qu'un sacré numéro de sécurité sociale. Je suis aussi un homme libre de douter, d'être inquiet et surtout libre de ne pas me faire enfumer la santé, même par ceux qui sont censés détenir la vérité qui vient du blues. Ou de l'hippocrate, je ne sais plus.
Moi : 'Alors j'ai quoi ?'
Elle : 'Tenez, voici l'ordonnance : antibiotiques, corticoïdes et sirop antitussif'
Moi : 'Ce n'est pas ma question. Qu'est-ce que j'ai physiquement parlant ?'
Là elle m'a regardé comme une conne. Mais je crois qu'elle n'a pas besoin d'entraînement pour cela, c'est sûrement naturel. Limite un don. Apparemment je devais être le premier patient de sa carrière à lui jeter la première pierre dans l'océan d'incompréhension mutuel se trouvant bien au-delà de deux fois le tarif conventionné de la sécurité sociale.
Elle : '...'
Moi : 'Oui, j'ai quoi ? Un déchirement musculaire ?'
Elle : 'Ben oui'.
Moi : 'Et une trachéite allant jusqu'au fond de la tranchée ?'
Elle : 'Ben oui'.
Moi : 'Et c'est parce que je tousse depuis deux semaines que tout cela est arrivé ?'
Elle : 'Ben oui'.
Moi (si j'avais eu la présence d'esprit et l'absence de douleurs) : 'Parfait. Vous me devez 20 euros'...

 

Les répliques qui déchirent
19/04/2004 : 20:25

Je ne comprends pas comment le médecin chez qui je suis allé gère son agenda.
Les consultations commencent à 9 heures et j'avais rendez-vous à 9h15. A partir de 8 heures j'errais donc verticalement d'une pièce à l'autre de mon appartement sans jamais m'asseoir sous peine de ne plus pouvoir me relever et de louper le créneau salvateur devant déboucher sur la délivrance d'une ordonnance, acte vitalement sponsorisé par la sécu.
Eh bien pourtant j'aurais pu. Parce qu'en étant le deuxième souffrant de la journée à se faire soigner, j'ai, calendrier au mur, poireauté jusqu'à 10 heures dans la salle d'attente. La salle d'attente ? La salle d'énervement oui !
J'ai beau être patient, il y a des limites.
Enfin bon, je dis ça mais je n'avais de toute façon pas le choix. Ni du médecin, ni de l'heure, ni de la punition. Et puis je n'avais pas envie de crever chez moi un samedi 17 avril alors que j'avais déjà payé mon abonnement Canal + jusqu'à l'échéance du mois courant. Un samedi 30, je ne dis pas, cela aurait mérité réflexion. Mais pour un 17 non, y'a pas à tortiller.
Bref, à peine entré dans le cabinet pour me faire soulager, l'autochtone des lieux, authentique diplômée de la faculté de médecine de Paris par l'entremise d'une invraisemblable ordonnance parue sans doute au journal officiel un premier avril d'une année quelconque, cette adepte de la méthode Vidal (édition deluxe 'sassoon wash and go') disais-je, se mit à faire un premier constat, avant même que je lui dise quoi que ce soit de ma condition inhumaine.
Les frontières entre la médiumnité, la médiocrité et la médecine sont apparemment très minces et la réunification de tous les états membres n'est plus très loin. Contrairement aux membres de mon état qui menaçaient de faire sécession sous l'effet des coups de poignards thoraciques que mes mouvements décochaient.
Elle me dit donc : 'Mon Dieu. Que vous êtes grand !'.
Malgré toutes ces années passées au top, car tout petit déjà j'étais le plus grand, je ne comprends toujours pas le besoin que les gens ont de m'exprimer leur infériorité quand ils se retrouvent face à moi.
Est-ce que le fait de rencontrer un être supérieur, scientifiquement parlant j'entends, les rapproche de l'inaccessible étoile dont Jacques Brel faisant ses choux (de Bruxelles) gras dans les années noires et blanches ?
Doutaient ils donc tant que cela de l'existence d'un être suprêmement élevé vers les sommets, et ceci malgré tous les témoignages d'époque ?
Par tous les Saints, je ne sais pas. Par contre je ne m'abaisse généralement pas à relever une pareille révélation. Quand je suis en forme je sermonne un 'Je vous en prie, pas de ça entre nous : appelez-moi simplement monsieur Mohr'. J'ai beau en avoir plus que les autres je sais rester humble en laissant mes contemporains émerveillés profiter de mon aura !
Mais là je n'étais pas en forme. Donc je n'ai rien dit. De toute façon il n'y a rien à dire. Je suis grand et pis c'est tout. On aurait même pu m'appeler Michel Le grand. Mais c'était déjà pris. De toute façon, le piano et la chansonnette, c'est pas mon truc.
Après avoir raconté mon histoire d'empalement pulmonaire, le médecin se mit à taper sur son ordinateur, ne prononçant pas un mot pour décrire mes maux.
Mais ô silence, il aurait mieux valu que tu durasses (comme disait Marguerite) car la sentence me mit KO debout, ce qui dans ma position m'arrangeait bien puisque je vous rappelle, en heures creuses si possible, que je n'aurais pas pu me relever d'un KO couché ou même accroupi.
Car cette conne m'annonça sans délicatesse ni précaution : 'Vous me devez 20 euros'.