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MICHEL MOHR'S
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Les chroniques du 27/04/02 au 18/05/02 sont ici.
 


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Petit mot dans le livre d'or
Email à Michel Mohr
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Le sursaut avant le saut
18/05/2002 : 00:30

J'ai toute la journée pour me mettre à mon poste de travail et pourtant je ne commence mon exercice quotidien que très tard dans la nuit. Est-ce à dire que la nuit apporte, en plus du conseil, l'inspiration ? Même pas sûr. La vérité c'est que vu l'heure, il m'est impossible de remettre à plus tard les travaux sous peine de finir comme Dracula, sauf que je ne dors pas dans un cercueil et qu'à priori le soleil ne me cause pas trop de problèmes grâce aux écrans totaux et autres oings huileux très en vogue pendant les non-éclipses totales. Alors inspiration ou pas, j'écris.
L'inspiration ne se contrôle pas. Je ne sais pas pourquoi elle est là et très souvent je ne me rends pas compte de sa présence tant que je n'ai pas essayé de l'écouter. Et pour l'écouter il m'est nécessaire de m'arrêter de penser aux choses concrètes.
A minuit je ne pense plus à ce que j'ai à faire ni à ce que j'ai envie de faire. Parce qu'à minuit la journée est finie et que normalement les honnêtes gens sont déjà passés dans le monde de l'inconscient. Et je suis quelqu'un d'honnête.
Du coup je suis obligé d'être productif sous peine de passer une nuit blanche des plus sombres dans la prison de mon éveil. Alors il faut y aller. Coûte que coûte.
L'inspiration pourrait-elle être stimulée par l'obligation ?
Je ne sais pas vraiment. Moi si je dis tout cela, c'est surtout pour pouvoir aller me coucher plus tôt. Enfin, disons moins tard.

 

La précision relative
16/05/2002 : 18:30

Même quand tout est organisé pour que tout le monde puisse s'y retrouver facilement vous avez toujours, à la dernière minute, une personne qui vient mettre son grain de sable dans cette mécanique pourtant si bien huilée. Et à partir de là, c'est du n'importe quoi car chacun y va alors de son couplet : 'Ah oui mais si on change ça alors du coup j'ai telle contrainte donc il faudrait aussi changer cela'. Et ainsi de suite. Au final, tout est modifié et plus rien n'est clair. Et je n'aime pas quand les choses ne sont pas claires.
Si je m'énerve un peu contre ce mécanisme qui m'amène à penser que l'homme et la femme ne savent jamais ce qu'ils veulent, c'est justement parce que ce soir, à priori, tout était clair. Un rendez-vous entre amis à Paris avec une adresse, une heure précise et la palanquée de digicodes incontournables sans lesquels il n'est même pas envisageable de s'aventurer dans cette galère.
Tout était parfait jusqu'à 15 heures où là, profitant lâchement de mon absence, tout le monde y a été de sa nouvelle proposition, tant sur le lieu que sur l'heure ou que sur la liste des conviés.
Résultat : après une vingtaine de mails sur le sujet, je sais seulement que le rassemblement doit normalement toujours avoir lieu aujourd'hui. Pour le reste c'est un peu plus flou. En gros cela se passera je ne sais pas bien où mais assurément dans un pub entre Mabillon et Saint-Sulpice (il ne doit pas y en avoir 36 !) avec je ne sais pas qui et tout cela dans une tranche horaire allant de 20 heures à 22 heures 30.
Ça c'est de la précision.

 

Sur les dents
16/05/2002 : 00:50

Parmi les inventions de la civilisation moderne la brosse à dents électrique n'est pas la plus inutile de toutes. Au Panthéon de l'hygiène bucco-dentaire cet objet devrait même figurer à la première place, celle normalement réservée aux élites couronnées.
Car je dis que celui qui ne s'est jamais brossé les dents avec l'outil susmentionné ne s'est jamais brossé les dents.
Si aujourd'hui je me lance dans la publicité, sachez que néanmoins celle-ci est totalement gratuite et désintéressée. C'est juste mon expérience en la matière qui me pousse à élaborer ce simple constat.
Auparavant, lorsque pauvre manuel j'utilisais une version non électrisée, ma fougue m'amenait bien souvent sur une pente savonneuse où les dérapages créaient en moi des problèmes qui globalement passaient en quinze jours si je ne faisais rien ou en deux semaines si des produits du style Pyralvex (autrement appelé produit de substitution pour la torture à domicile) venaient créer un peu d'effervescence dans le milieu en question.
Maintenant cette époque est révolue. Grâce au progrès.
Seulement, des fois, il faudrait pouvoir arrêter le progrès. C'est la réflexion que je me suis faite après l'utilisation de ma nouvelle brosse à dents électrique pourvue d'un timer qui au bout de deux minutes indique qu'il est possible de passer au rinçage. A priori, je me suis dit que cette invention allait m'aider à dépasser mes propres limites et me donner l'assurance que le rituel quotidien est parfaitement maîtrisé et efficace. Cela s'appelle de la technologie moderne au service de la santé.
Magnifique. En théorie.
Parce qu'en vérité je me rends compte que mon temps de brossage d'avant, dont je ne connaissais pas la durée, était très largement supérieur aux cent vingt secondes préconisées par la norme en vigueur chez les industriels du timer embarqué sur brosses à dents. Ce qui fait qu'actuellement je suis en train de mener une course contre la montre pour finir l'exercice au moment où sonne le glas. Le seul point positif est que l'accélération de la manoeuvre me permet de dégager un peu plus de temps libre, de l'ordre d'une minute par jour. Et que faire de tout ce temps supplémentaire qui m'est offert ? Euh... disons que je pense que je vais très certainement le dépenser chez mon dentiste.

 

Le cheval de course
14/05/2002 : 23:45

Pour une fois la course de formule 1 qui s'est déroulée ce dimanche a été plus animée que les précédentes et ceci pour des raisons totalement extra sportives. C'est d'ailleurs pour cela que je vais pouvoir en parler parce que pour tout vous dire, à l'heure de l'événement je tentais avec toute la famille de sprinter dans les allées du zoo d'Amnéville afin d'arriver dans les temps pour l'exhibition des ours blancs de l'antarctique qui sévissent de plus en plus en Lorraine.
Mais laissons les ours là où ils sont et revenons plutôt à nos moutons.
La course, dominée par les deux Ferrari, semblait promise à Barrichello devant son coéquipier Schumacher. Seulement, à quelques tours de la fin, la direction de l'écurie italienne donna l'ordre au brésilien de laisser passer l'allemand afin que ce dernier, qui de fait devenait premier, empoche le plus de points possibles dans le but d'accroître son avance dans la course au titre. Cette décision fut accueillie à l'arrivée par les spectateurs, supporters, journalistes et patrons des autres équipes par des critiques acerbes, prétextant tous que la logique sportive n'était plus respectée et qu'il n'y avait plus aucune morale dans ce sport à la con (ça c'est plus moi qui le dis).
Alors là, je me gausse.
Depuis quand la morale peut-elle coexister avec les intérêts financiers exorbitants, que ce soit dans le sport ou dans d'autres domaines ?
Il faut comprendre que Ferrari, ce n'est pas des philanthropes et la marque au cheval cabré compte bien amortir ses frais fixes et roulants. C'est une véritable entreprise que diable !
Peut-être. Mais grâce à qui ? Eh bien grâce aux spectateurs, aux téléspectateurs et autres passionnés de la voiture de course qui sont les clients de cette multinationale qui s'exporte aux quatre coins de la planète pour toujours revenir à son point de départ, et ceci plusieurs fois à chaque grand prix. Et une entreprise qui finit par se moquer un peu trop souvent de ses clients risque de les perdre un jour ou l'autre.
La morale pourrait-elle être tout compte fait l'allier de la pérennité, de la rentabilité et du gain ?
Décidément, que de contradictions complémentaires en ce bas-monde...

 

Le direct différé
13/05/2002 : 22:50

Décidément, les mauvaises habitudes ne se perdent pas plus que les bonnes. Les serveurs FTP et autres machines de Wanadoo sont tellement en rade en ce moment que non seulement je ne sais pas si j'arriverai à télécharger ma chronique mais en plus je ne sais pas si celle-ci sera accessible par les communs des mortels et autres immortels qui sévissent encore par tous les temps. Je sais que je ratisse large mais que voulez-vous, les temps sont durs et pas seulement pour les fournisseurs d'accès france-télécommisés.
Parce que le monde parfait qui devrait me permettre de publier ma prose quotidienne et vous donner accès à la MMPP pour la lire n'est apparemment pas à l'ordre du jour.
Remarquez, si vous êtes en train de lire ces quelques phrases c'est que tout est rentré dans l'ordre.
La seule conséquence de toute cette affaire est qu'au pire l'article n'est accessible qu'en léger différé. Ou en léger direct.

 

L'irréalité prévisionnelle
12/05/2002 : 23:40

Avec tous les jours de congés dont dispose à présent chaque salarié, méritant ou non, je trouve que les prévisions en matière de circulation sont de moins en moins précises. A la limite, je dirais que les extrapolations météorologiques commencent même à avoir un degré de fiabilité un peu plus élevé. Cependant ne vous méprenez pas : cette situation n'est pas due à l'amélioration des techniques divinatoires des accrocs des anticyclones, de la dépression ou de la masse d'air un peu trop chaude en provenance du Sahara, mais plutôt à l'obscurantisme grandissant concernant la localisation des bouchons, des ralentissements et autres voies de circulation à la limite de la saturation.
Les 35 heures ont mis Bison Futé dans de beaux draps.
Qui peut maintenant savoir ce qu'il va se passer sur les routes ? Entre ceux qui rallongent leur week-end et ceux qui raccourcissent leur semaine de travail, qui peut encore prétendre donner un avis judicieux sur la question ? Bon, pour ce qui est d'avoir un avis, je ne me fais pas de soucis : tout le monde en a au moins un, voire même deux. C'est plus l'aspect éclairé de celui-ci qui me semble impossible de pouvoir affirmer à priori, vu qu'à posteriori on sait toujours à quoi s'en tenir.
Remarquez, je dis cela mais au moins à Paris la RTT a simplifié les choses. Personne ne peut plus se tromper. Ben oui. Avant tout était potentiellement envisageable, surtout au niveau du pire. Maintenant tout est beaucoup plus limpide : il y a des bouchons tout le temps et sur toutes les routes.
Moi je vous le dis, ce n'est plus très compliqué de faire le futé en Ile-de-France !

 

Le non problème existentiel
11/05/2002 : 23:55

Heureusement que la radio existe parce que sinon certains propos ne pourraient pas être tenus et par la même occasion pas entendus. Et ce serait dommage. J'en ai encore eu la preuve aujourd'hui lorsqu'aux environs de midi une station fort réputée se mit à diffuser une de ses émissions phares, une de celles dont la spécialité est de recueillir les plaintes de malheureux qui ont des soucis avec leur automobile. Après l'énoncé de chaque situation par le plaignant, un spécialiste de la négociation et du traitement de litiges a l'honneur de prodiguer ses conseils afin de rassurer le conducteur floué, de lui donner la conduite à tenir et de répondre à son appel de détresse.
Je vous dirai que je n'ai pas été surpris par le fait d'entendre des gens se plaindre tant l'acte, républicain s'il en est, me semble appartenir à notre patrimoine national. A la limite je me dis que tant qu'il existe des mécontents qui peuvent s'exprimer, c'est que tout va bien, ou du moins pas plus mal.
Par contre ce qui m'a franchement étonné fut la nature d'un des appels. La personne en question possédait un véhicule dont le moteur a la fâcheuse réputation de tomber en rade pour de multiples raisons et ceci assez rapidement après l'achat. Or, ce pauvre monsieur n'avait pas encore eu le moindre problème alors qu'il frisait les 178 000 kilomètres au compteur. Du coup, il était inquiet. Inquiet de ne pas avoir de problème.
Vous m'excuserez mais je trouve que certains de nos contemporains ont vraiment le don de se compliquer l'existence. Parce que si le gars veut juste être inquiet, eh bien je pense qu'il a le droit de l'être sans avoir à chercher des raisons plus ou moins tordues afin de se justifier. Après tout, la liberté d'être inquiet est une liberté comme une autre, non ?

 

Le desserrement de l'étau
10/05/2002 : 12:05

Après cette journée passée la tête dans les nuages il est grand temps de revenir à des préoccupations plus terre à terre. En plus, il faut se méfier de ces élans verticaux qui nous emmènent au-delà du réel. Plus on monte haut et plus la chute est rude. Et si par malheur il n'y avait rien de solide à l'endroit on nous étions auparavant, la retombée s'apparentera sans doute à de la spéléologie de bas étages.
Non, décidément la bonne conduite est toujours entre les deux extrêmes : entre le fond et la surface, entre le négatif exacerbé et le positif pur, entre le dilettantisme et la dynamite.
Mais comment se repérer quand on n'a jamais côtoyé ces deux bornes ?
Et ces deux repères ne sont-ils pas mouvants dans le temps ?
Et ne croit-on pas de temps en temps, à tort, que notre situation ne pourrait pas être ni meilleure, ni pire ?
Le seul frein que je connaisse pour ne pas essayer d'aller au-delà de ses propres limites est la peur de l'inconnu et la sécurité procurée par le quotidien même si on en aspire à un autre.
Si ces questions et ces problèmes se posent à moi aujourd'hui, c'est que je ne connais toujours pas mes limites et que mes deux bornes ne sont pas encore suffisamment éloignées l'une de l'autre pour pouvoir séjourner, ne serait-ce qu'un jour, dans cet espace qui est le mien.

 

Haut, bas : mode d'emploi
09/05/2002 : 22:00

Avez vous profité du jour de l'ascension pour prendre de la hauteur, pour voir les choses sous un angle différent, pour prendre du recul sur ce qui fait votre quotidien ? J'espère en tout cas que vous n'attendez pas que le calendrier vous y incite pour vous plonger en vous-mêmes et vous découvrir. Cependant si ce n'est pas le cas c'est que vous devez avoir de bonnes raisons. Après tout, chacun mène sa barque comme il l'entend, à son rythme et dans la direction qu'il a choisie. Comme globalement la vie n'est pas une course il ne doit donc pas y avoir d'itinéraire plus judicieux qu'un autre.
Quoique.
En ce qui me concerne, mon ascension personnelle s'est arrêtée il y a bien longtemps et j'avoue que de culminer aujourd'hui à ma propre hauteur me suffit amplement. En effet, au-delà je suis irrémédiablement frappé de vertiges et il m'est trop difficile de garder les pieds sur terre. Et puis l'essentiel n'est-il pas d'arriver à stopper sa propre élévation pour pouvoir enfin prendre sa place de façon horizontale, au milieu de ses contemporains ? Et puis monter, d'accord, mais jusqu'où ? A un moment donné, il faut bien se décider à sortir de cet isolement puisque dans notre ascenseur il n'y a de place pour personne d'autre que nous.
Voyager n'a de sens que si un jour ou l'autre on s'arrête quelque part pour enfin poser ses bagages et construire, ou détruire, ce qui doit l'être.

 

Le mauvais démiurge
08/05/2002 : 22:55

" Parfois on pense qu'il vaut mieux se réaliser que se laisser aller, parfois on pense le contraire.
Et on a entièrement raison dans les deux cas. "
E.M. Cioran

 

La faille temporelle comblée
07/05/2002 : 23:55

J'ai un scoop : la couleur existait déjà en 1963. Si, j'en ai eu confirmation ce soir avec la diffusion de films multicolores tournés pendant la seconde guerre mondiale. C'est tout à fait étrange de voir ces images qui semblent du fait de leur nature inhabituelle beaucoup plus proches de nous que celles en noir et blanc. Eh oui, car je dois bien reconnaître que les films bicolores me font plus penser à l'une des oeuvres de George Méliès qu'à Final Fantasy dans laquelle la féerie chromatique sublime de manière saisissante la virtualité des personnages. Bon d'accord je m'enflamme un peu et je reconnais que c'est un tort, d'autant plus que tout cela ne reste que des suppositions suppositoires du fait que je n'ai pas vu le film en question.
Par contre, les images d'archives diffusées ce soir, je les ai vues. Et je trouve que la couleur m'a rapproché de l'événement, ce qui je l'avoue est assez étrange comme sensation. C'est comme si je m'étais imaginé que la guerre en France faisait partie d'un passé relativement proche mais tout de même assez éloigné pour que je n'en perçoive pas la proximité physiquement parlant. Comme si les années passées entre la fin de la guerre et ma naissance avaient créées un gouffre temporel impossible à combler qui fait que tout cela m'a toujours semblé beaucoup trop éloigné pour m'impliquer d'une manière ou d'une autre.
Alors qu'en fait j'ai déjà vécu plus d'années que le temps qui s'est écoulé entre le début de la guerre et ma naissance.
Etrange sensation.

 

Le dégoût des couleurs
06/05/2002 : 17:00

Il arrive à certaines personnes d'avoir une fois dans leur vie un éclair de génie ou une idée révolutionnaire qui les propulsent au sommet de la gloire et de la fortune. Mais à contrario toutes les idées ne sont pas forcément bonnes et quelques unes d'entre elles peuvent même avoir des effets désastreux.
Hier soir, au hasard de mes pérégrinations télévisuelles je suis tombé sur une diffusion du film 'Cent mille dollars au soleil' avec Belmondo, Ventura et tout le toutim. La version présentée était celle colorisée puisque comme chacun le sait la couleur n'existait pas encore en 1963. D'habitude la supercherie ne se voit pas trop et on croirait être en présence d'une version originale tournée en polychromie.
Mais là, non.
Et pour expliquer qu'on puisse en voir de toutes les couleurs à une heure de grande vision, je m'en vais vous formuler mon hypothèse.
Un jour, dans une petite entreprise au bord du dépôt de bilan, un brainstorming fut organisé afin d'essayer de trouver une idée novatrice qui permettrait de relancer l'activité, ou même une autre, avec pour objectif de se faire plein de tunes. Comme d'habitude dans ce genre de réunion personne ne se bride et tout le monde peut et doit y aller de sa proposition farfelue. Normalement tout se passe plus ou moins bien mais toujours dans le respect de la raison économique.
Mais là, non.
Parce que dans cette société j'imagine que quelqu'un a dû émettre une remarque du style 'Au fait, on a des caisses entières de feutres dans la réserve. Si on ne veut pas qu'ils dépérissent, on pourrait peut-être se lancer dans le coloriage de films anciens ?'. Bon, c'est vrai qu'à la base, le concept peut paraître séduisant. Parce que le bicolore au XXIème siècle, c'est, convenons-en, à la limite du mauvais goût. Soit. Mais le problème, c'est que les stylos en question, c'étaient plutôt des Stabylo Boss aux couleurs plus explosives les unes que les autres. Normalement c'est fait pour repérer dans un texte un truc important à dix mètres de distance les yeux fermés, donc il vaut mieux que ça tranche. Eh bien je confirme, ça tranchait pas mal dans 'Cent mille dollars au soleil'. Un simple aperçu de la couleur de la chemise de Belmondo (bleue perforante), de la peau des acteurs (rose phosphorescent même en plein jour) ou du camion (rouge purulent sanguinaire) a suffit à me donner mal aux yeux au point d'envier les cyclopes et autres nés céciteux. En plus, les couleurs débordaient presque des personnages et des objets. Il faut dire aussi que la pointe d'un Stabylo, c'est beaucoup trop large pour pouvoir être précis sur un négatif. Ben oui. J'aimerais vous y voir !
Heureusement qu'il ne leur restait pas des caisses pleines de cutters, Dieu seul sait quelles idées ils auraient pu avoir !
Tout ça pour dire que des fois c'est bien d'avoir des idées mais que des fois c'est encore mieux de ne pas en avoir.

 

La pratique en pratique
05/05/2002 : 23:00

Au moins ce coup-ci il n'y a pas eu de demi-mesure. Pas de surprise potentielle au niveau du vainqueur qui aurait pu nous amener à rester scotché devant la télévision jusqu'à pas d'heure, un whisky à la main en attendant l'affinage et la consolidation des résultats.
Nous n'avons pas de nouveau président mais au vu de la situation dans laquelle nous nous trouvions et pour la défense des convictions démocratiques qui sont les miennes, je trouve que c'est une excellente chose. Il faut savoir se réjouir de ce que nous apporte le présent.
Cependant, une fois le résultat proclamé il ne servait pas à grand chose de continuer à regarder la suite du programme sauf pour entendre une fois de plus tous les politiciens et journalistes se complaire dans des discours et questions aussi amorphes que stériles.
De belles phrases mille fois entendues qui ne me disent rien.
Des constats, des invectives et des reproches réciproques qui ne m'intéressent pas.
Des promesses et des engagements auxquels je voudrais bien croire, ne serait-ce qu'une fois.
Le temps est à l'action. Si cette fois-ci la classe politique toute entière ne s'en est pas rendue compte, c'est à désespérer.

 

La descente acquise
04/05/2002 : 23:50

Trente cinq ans qu'on n'avait pas vu ça. Trente cinq ans qu'on n'avait pas demandé à voir ça. Eh bien ça y est, c'est fait, après trente cinq ans de présence parmi l'élite, le football club de Metz descend en seconde division.
Je sais que les non passionnés de ce sport ne peuvent pas comprendre la déception engendrée par un tel constat. Cependant, aussi affligeante soit-elle et aussi futile qu'elle puisse paraître, c'est moche et mal la nouvelle de la soirée.
Il faut dire aussi que les belles années du club n'ont pas été mises à profit pour constituer un effectif permettant de tenir la route dans la durée. La vente de très bons joueurs, qui a rapporté pourtant des sommes colossales, a servi à agrandir les tribunes. Du coup, on a maintenant un stade d'une capacité d'environ 30000 personnes. Pour voir quoi ?
Un Metz-Lorient dont le résultat de ce soir ne donne pas vraiment envie d'y retourner ? Comme le dit Olivier, un ami également supporter du FC Metz : voir les merlus de Lorient contre les tanches du FC Metz, on en salive d'avance.
Un Metz-Gueugnon, histoire de se forger la réputation de vivre en dessous de ses moyens ?
Un Metz-Wasquehal dont la simple évocation me donne une vague idée du calvaire qu'il va falloir endurer pendant au moins une saison ?
Un club de foot c'est comme une entreprise. Si l'argent n'est pas investi de façon judicieuse afin de rénover sans cesse ses structures pour être le plus performant possible à moyen ou long terme, c'est peine perdue.
Descendre en D2, c'est comme un dépôt de bilan.
Et les supporters, actionnaires de ce système, ne toucheront pas leurs dividendes. En effet ils n'auront plus la joie et le plaisir de voir leur club jouer et gagner (ou pas) contre les leaders du marché.
Rien n'est jamais acquis, on y revient toujours.

 

Rallumer le feu
03/05/2002 : 23:55

Cela fait maintenant une bonne vingtaine de minutes que je cherche l'inspiration sans toutefois la trouver. Il faut dire que le fait de ne pas avoir la moindre idée de sa localisation ne facilite pas les opérations de secours. Alors du coup, environ toutes les trois minutes, je me lance dans une tentative de diversion pour d'une part penser à autre chose qu'à rien et d'autre part espérer qu'au retour de chacune de mes escapades je vais avoir une illumination du feu de Dieu autrement appelée 'le feu sacré'. Mais le mécréant que je suis n'aura visiblement pas son quart d'heure de lucidité. Je vais rester dans l'aveuglement le plus total, la tête dans le sac et avec l'obligation d'avancer à tâtons dans ma chronique qui me parait tellement obscure qu'elle semble ne pas avoir de fin.
Cependant, sachez que je ne suis pas dupe. Je sais que ma tactique est claire, elle crève même les yeux : une fois de plus je me contente d'aligner une série de mots ayant tous une connotation similaire en feignant (fainéant ?) de ne pas voir ce qu'il se passe. Je le sais, il n'est pas nécessaire d'être une lumière pour s'en apercevoir. Mais d'un autre coté, je dois progresser afin de pouvoir embrayer sur la suite du programme de la soirée qui va se finir par l'extinction complet des feux et le respect du couvre-feu jusqu'à demain matin.
En tout cas, ces essais destinés à rallumer la flamme qui éclaire ma lanterne créatrice m'ont permis de vérifier que ma télé est débranchée, que ma carte de crédit est dans mon portefeuille et que ma porte blindée multi-points est fermée parce qu'ouverte, forcément, elle va marcher beaucoup moins bien.
Bref, une chronique ampoulée mais riche en enseignements, non ?

 

La chronique panique
02/05/2002 : 23:55

Il est 23h48, ce qui fait qu'en théorie je ne dispose plus que de 12 minutes pour commencer, développer et achever cette chronique. Pourquoi tant de précipitation aujourd'hui alors que le fait de boucler ma prose journalière sur le coup de minuit passé ou même d'une heure du matin n'a jamais semblé être un frein à mon expression ? Eh bien justement, au lieu de me freiner, ce challenge, aussi futile soit-il, prouve deux choses.
La première que la pratique peut coller à la théorie, pourvu qu'on veuille bien se donner la peine de faire un petit effort.
La seconde que la qualité d'une chose n'est pas forcément liée au temps qu'on y a consacré pour son élaboration. Ce qui est fait rapidement peut permettre d'aller plus facilement et surtout plus vite à l'essentiel. Et c'est le plus important.

Comprenne qui pourra.

 

La chronique conventionnelle
01/05/2002 : 23:35

Normalement la presse ne parait pas en ce jour de fête. Ce qui ne veut pas dire que tous les rédacteurs en chef, journalistes et autres pigistes ne travaillent pas. Bien au contraire car quand sont rédigés les articles qui paraîtront demain ? Eh bien aujourd'hui, ce qui fait que j'imagine que le jour de repos de toute la profession a dû être pris hier. Je ne sais pas si c'est effectivement le cas mais je trouve qu'une fois de plus il n'y a pas de logique. Ben non. Si chacun se met à choisir son jour de la fête du travail, on ne risque pas d'y arriver.
D'arriver à quoi ? Mais à faire en sorte qu'un certain nombre de conventions collectives soient respectées, tout simplement.
Vous savez, ces conventions qui n'ont pas d'autres buts que de nous faire croire que la vérité absolue existe et qu'elle est irréfutable.
Le genre de conventions qui nous disent que deux et deux font quatre et qu'il y a soixante minutes dans une heure sauf pendant les changements d'heure d'hiver et d'été où là c'est plutôt soit zéro soit cent vingt.
Le genre de conventions, de règles et de lois qui nous permettent de vivre tous ensemble dans un système qui semble être logique et sensé.
Si maintenant n'importe qui peut remettre en cause ces conventions, en commençant par l'organisation du calendrier qui jusqu'à présent semblait donner entière satisfaction à tout le monde et en particulier aux vendeurs de muguet, eh bien moi je vous préviens : c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres. Vous voilà prévenus.

 

Faites du travail
30/04/2002 : 23:30

Demain c'est la fête du travail. Et pour fêter cela, que fait-on ? On ne travaille pas. Il faudra m'expliquer où se trouve la logique dans cette affaire parce que personnellement je n'en vois aucune. Si encore la tendance actuelle suivait l'actualité économique et sociale, je me ferais une raison en me disant qu'il est possible d'être incohérent de façon logique. Mais même pas. Pourtant, vu qu'on travaille de moins en moins, on pourrait penser que le nombre de jours de congés pour fêter l'événement devrait augmenter dans des proportions au moins équivalentes. Et pourtant il n'en est rien. Remarquez, il est déjà tellement difficile de réussir à caser des jours de travail au milieu de tous ces congés obligatoires que la maxime de Maxwell se pose une fois de plus : est-ce la peine d'en rajouter ?
Enfin, moi je dis ça, c'est plutôt pour vous parce que dans mon cas personnel j'ai résolu le problème il y a quasiment un an. Je ne dirais pas que ma démission avait cet objectif mais je ne cache pas que ma situation devenait de plus en plus préoccupante car entre les jours de congés normaux, les jours d'ancienneté, les jours de RTT et les heures supplémentaires validées (heureusement elles ne l'étaient pas toutes) à récupérer cela devenait invivable, limite intravaillable. Du coup, avec le solde de tout compte qui convertit les jours en euros c'est bel et bien l'équivalent de 88 jours de congés qui se sont retrouvés sur mon compte en banque. Comme quoi, le temps c'est de l'argent y compris pendant les vacances.
Au moins, ma situation actuelle a le mérite d'être beaucoup plus claire : maintenant c'est la fête du travail tous les jours chez moi.

 

Totally bilingual
29/04/2002 : 23:45

Comme pour mon boulot de dans trois semaines il est vivement conseillé d'être bilingue en anglais, je suis actuellement en train de tenter de perfectionner ma compréhension auditive du phénomène shakespearien. Pour cela je dois reconnaître que de disposer de Canal+ en numérique est un atout de toute première main. En effet, il est possible, à n'importe quel moment de la diffusion d'un film de choisir la version de la bande son : originale ou française. Bien que cette possibilité n'a que peu d'intérêt pour les productions hexagonales, celle-ci prend néanmoins toute son importance lors des passages surabondants d'avatars hollywoodiens.
Ce soir, ayant décidé qu'il me fallait aller au-delà de mes barrières linguistiques actuelles, j'avais décidé de regarder un film en VO non sous-titré. Bref, l'apocalypse dans toute sa démesure, une soirée à prendre conscience du chemin qu'il me reste à faire, une version illustrée de l'infiniment grand. Eh bien contre toutes attentes, je suis surpris d'avoir réussi à comprendre le film et son histoire. D'accord, je n'ai pas capté l'ensemble des échanges verbaux, beaucoup trop nombreux à mon humble avis, mais les mots clés que je réussissais à décoder en clair m'ont permis de suivre l'intrigue sans grande difficulté. Cependant, cela ne veut rien dire. Non. Car je sais par expérience que même en coupant le son, j'arrive très souvent à suivre un film en étant capable d'en reconstituer le scénario, ou, au pire, d'en recréer un qui tienne parfaitement la route grâce à mon imaginaire débordant d'explications plus ou moins irrationnelles.
Du coup, je ne sais pas si je comprends suffisamment l'anglais pour saisir ce qu'il se passe ou bien si mon niveau est mauvais mais que le simple fait de voir les images et éventuellement de saisir au vol quelques mots par-ci par-là me suffisent à reconstituer le fil de l'histoire qui en général n'est pas des plus complexes.
Pour une auto-évaluation un peu plus représentative de la réalité il me faudrait fermer les yeux pour ne pas subir l'influence perfide des images. Mais bon, d'un autre côté je ne pense pas que dans mon aventureuse vie professionnelle de moins en moins futuriste je sois amené à dialoguer avec des anglophones les yeux bandés. Ben non, j'espère pas.
Je veux bien repousser mes limites mais il s'agirait quand même de ne pas dépasser les bornes.

 

Le ticket onirique
28/04/2002 : 23:00

Avant je regardais tous les grands prix de formule 1. Enfin, disons que l'intention y était car il m'arrivait bien souvent de m'endormir avant la fin de la course, voire même quelquefois peu après son début.
Que voulez-vous, le dimanche, suite à un repas trop riche en graisses et en substances liquides toutes plus licites les unes que les autres, l'effort à fournir pour translater mon poids, effort m'amenant à encaisser un G comme ça d'un coup, du salon vers le canapé aboutit inexorablement à la limite de la perte de connaissance. Ensuite la transformation d'énergie motivationnelle, qu'il va falloir puiser dans mes réserves, en activité physique des plus intenses puisqu'elle doit me permettre de garder les yeux ouverts pendant le tour de chauffe achève le cycle d'éveil à l'instant précis où celui de la digestion débute.
Après le temps fait son affaire : la ronde des chauffeurs et le tumulte lancinant des moteurs produisent leurs effets, tour après tour, ravitaillement après ravitaillement, publicités après publicités. Le spectateur que je suis finit dans un des compartiments du train du sommeil qui justement passait par là. Un train pour lequel le ticket d'entrée consiste à sortir du quotidien qu'est l'éveil. Un train qui ne dessert aucune station mais qui roule plein pot pour explorer mon imaginaire inconscient au rythme effréné du temps qui n'existe plus.
Du coup, au réveil, il m'est à chaque fois impossible de raccrocher les wagons. Impossible de dire qui a gagné ou pas.
Aujourd'hui je ne regarde plus que le départ : comme seuls les cartons sont intéressants en F1, c'est vraiment le moment à ne pas rater.
Après, je préfère vaquer à des occupations qui tiennent un peu plus la route.

 

L'alchimie de l'obstiné
27/04/2002 : 18:00

Je suis en phase de persistance non rétinienne, du genre de celle qui ne me donne pas l'impression de voir des 206 à tous bouts de champs en plus de tous les coins de rues.
Le genre de persistance frisant l'obsession permanente qui décoiffe un peu plus chaque jour, au même titre qu'une courte escapade au volant d'une Visa.
Mon visa temporaire m'a amené en zone de transit jusqu'à ce que les portes de l'espace que je n'ai encore jamais visité s'ouvrent enfin sous la pression que j'exerce sans relâche depuis presque trois ans.
Quelle est la date limite de validité de ce sésame ? Je n'en sais rien car cela dépend principalement d'une chose que je ne maîtrise qu'en partie : ma perception de la réalité. Car si la réalité existe, ce qui reste à prouver dans l'absolu, quels filtres vais-je utiliser à mon insu pour m'en faire une représentation qui guidera mes pensées, mes actes et mes émotions ?
"La carte n'est pas le territoire" : cette simple phrase résume à elle seule l'effort que je fournis chaque jour pour enfin réussir à me réaliser.
J'élabore la carte qui me convient tout en prenant en compte dans cette construction l'environnement dans lequel j'évolue, environnement que je ne peux et ne veux pas contrôler.
Une subtile alchimie entre le rêve et la réalité, pour que le premier puisse devenir le second.