|
Le sursaut avant le saut |
18/05/2002 : 00:30
|
|
J'ai toute la journée pour me mettre à mon poste
de travail et pourtant je ne commence mon exercice quotidien que
très tard dans la nuit. Est-ce à dire que la nuit
apporte, en plus du conseil, l'inspiration ? Même pas sûr.
La vérité c'est que vu l'heure, il m'est impossible
de remettre à plus tard les travaux sous peine de finir
comme Dracula, sauf que je ne dors pas dans un cercueil et qu'à
priori le soleil ne me cause pas trop de problèmes grâce
aux écrans totaux et autres oings huileux très en
vogue pendant les non-éclipses totales. Alors inspiration
ou pas, j'écris.
L'inspiration ne se contrôle pas. Je ne sais pas pourquoi
elle est là et très souvent je ne me rends pas compte
de sa présence tant que je n'ai pas essayé de l'écouter.
Et pour l'écouter il m'est nécessaire de m'arrêter
de penser aux choses concrètes.
A minuit je ne pense plus à ce que j'ai à faire
ni à ce que j'ai envie de faire. Parce qu'à minuit
la journée est finie et que normalement les honnêtes
gens sont déjà passés dans le monde de l'inconscient.
Et je suis quelqu'un d'honnête.
Du coup je suis obligé d'être productif sous peine
de passer une nuit blanche des plus sombres dans la prison de
mon éveil. Alors il faut y aller. Coûte que coûte.
L'inspiration pourrait-elle être stimulée par l'obligation
?
Je ne sais pas vraiment. Moi si je dis tout cela, c'est surtout
pour pouvoir aller me coucher plus tôt. Enfin, disons moins
tard.
|
La précision relative |
16/05/2002 : 18:30
|
|
Même quand tout est organisé pour que tout le monde
puisse s'y retrouver facilement vous avez toujours, à la
dernière minute, une personne qui vient mettre son grain
de sable dans cette mécanique pourtant si bien huilée.
Et à partir de là, c'est du n'importe quoi car chacun
y va alors de son couplet : 'Ah oui mais si on change ça
alors du coup j'ai telle contrainte donc il faudrait aussi changer
cela'. Et ainsi de suite. Au final, tout est modifié et
plus rien n'est clair. Et je n'aime pas quand les choses ne sont
pas claires.
Si je m'énerve un peu contre ce mécanisme qui m'amène
à penser que l'homme et la femme ne savent jamais ce qu'ils
veulent, c'est justement parce que ce soir, à priori, tout
était clair. Un rendez-vous entre amis à Paris avec
une adresse, une heure précise et la palanquée de
digicodes incontournables sans lesquels il n'est même pas
envisageable de s'aventurer dans cette galère.
Tout était parfait jusqu'à 15 heures où là,
profitant lâchement de mon absence, tout le monde y a été
de sa nouvelle proposition, tant sur le lieu que sur l'heure ou
que sur la liste des conviés.
Résultat : après une vingtaine de mails sur le sujet,
je sais seulement que le rassemblement doit normalement toujours
avoir lieu aujourd'hui. Pour le reste c'est un peu plus flou.
En gros cela se passera je ne sais pas bien où mais assurément
dans un pub entre Mabillon et Saint-Sulpice (il ne doit pas y
en avoir 36 !) avec je ne sais pas qui et tout cela dans une tranche
horaire allant de 20 heures à 22 heures 30.
Ça c'est de la précision.
|
Sur les dents |
16/05/2002 : 00:50
|
|
Parmi les inventions de la civilisation moderne la brosse à
dents électrique n'est pas la plus inutile de toutes. Au
Panthéon de l'hygiène bucco-dentaire cet objet devrait
même figurer à la première place, celle normalement
réservée aux élites couronnées.
Car je dis que celui qui ne s'est jamais brossé les dents
avec l'outil susmentionné ne s'est jamais brossé
les dents.
Si aujourd'hui je me lance dans la publicité, sachez que
néanmoins celle-ci est totalement gratuite et désintéressée.
C'est juste mon expérience en la matière qui me
pousse à élaborer ce simple constat.
Auparavant, lorsque pauvre manuel j'utilisais une version non
électrisée, ma fougue m'amenait bien souvent sur
une pente savonneuse où les dérapages créaient
en moi des problèmes qui globalement passaient en quinze
jours si je ne faisais rien ou en deux semaines si des produits
du style Pyralvex (autrement appelé produit de substitution
pour la torture à domicile) venaient créer un peu
d'effervescence dans le milieu en question.
Maintenant cette époque est révolue. Grâce
au progrès.
Seulement, des fois, il faudrait pouvoir arrêter le progrès.
C'est la réflexion que je me suis faite après l'utilisation
de ma nouvelle brosse à dents électrique pourvue
d'un timer qui au bout de deux minutes indique qu'il est possible
de passer au rinçage. A priori, je me suis dit que cette
invention allait m'aider à dépasser mes propres
limites et me donner l'assurance que le rituel quotidien est parfaitement
maîtrisé et efficace. Cela s'appelle de la technologie
moderne au service de la santé.
Magnifique. En théorie.
Parce qu'en vérité je me rends compte que mon temps
de brossage d'avant, dont je ne connaissais pas la durée,
était très largement supérieur aux cent vingt
secondes préconisées par la norme en vigueur chez
les industriels du timer embarqué sur brosses à
dents. Ce qui fait qu'actuellement je suis en train de mener une
course contre la montre pour finir l'exercice au moment où
sonne le glas. Le seul point positif est que l'accélération
de la manoeuvre me permet de dégager un peu plus de temps
libre, de l'ordre d'une minute par jour. Et que faire de tout
ce temps supplémentaire qui m'est offert ? Euh... disons
que je pense que je vais très certainement le dépenser
chez mon dentiste.
|
Le cheval de course |
14/05/2002 : 23:45
|
|
Pour une fois la course de formule 1 qui s'est déroulée
ce dimanche a été plus animée que les précédentes
et ceci pour des raisons totalement extra sportives. C'est d'ailleurs
pour cela que je vais pouvoir en parler parce que pour tout vous
dire, à l'heure de l'événement je tentais
avec toute la famille de sprinter dans les allées du zoo
d'Amnéville afin d'arriver dans les temps pour l'exhibition
des ours blancs de l'antarctique qui sévissent de plus
en plus en Lorraine.
Mais laissons les ours là où ils sont et revenons
plutôt à nos moutons.
La course, dominée par les deux Ferrari, semblait promise
à Barrichello devant son coéquipier Schumacher.
Seulement, à quelques tours de la fin, la direction de
l'écurie italienne donna l'ordre au brésilien de
laisser passer l'allemand afin que ce dernier, qui de fait devenait
premier, empoche le plus de points possibles dans le but d'accroître
son avance dans la course au titre. Cette décision fut
accueillie à l'arrivée par les spectateurs, supporters,
journalistes et patrons des autres équipes par des critiques
acerbes, prétextant tous que la logique sportive n'était
plus respectée et qu'il n'y avait plus aucune morale dans
ce sport à la con (ça c'est plus moi qui le dis).
Alors là, je me gausse.
Depuis quand la morale peut-elle coexister avec les intérêts
financiers exorbitants, que ce soit dans le sport ou dans d'autres
domaines ?
Il faut comprendre que Ferrari, ce n'est pas des philanthropes
et la marque au cheval cabré compte bien amortir ses frais
fixes et roulants. C'est une véritable entreprise que diable
!
Peut-être. Mais grâce à qui ? Eh bien grâce
aux spectateurs, aux téléspectateurs et autres passionnés
de la voiture de course qui sont les clients de cette multinationale
qui s'exporte aux quatre coins de la planète pour toujours
revenir à son point de départ, et ceci plusieurs
fois à chaque grand prix. Et une entreprise qui finit par
se moquer un peu trop souvent de ses clients risque de les perdre
un jour ou l'autre.
La morale pourrait-elle être tout compte fait l'allier de
la pérennité, de la rentabilité et du gain
?
Décidément, que de contradictions complémentaires
en ce bas-monde...
|
Le direct différé |
13/05/2002 : 22:50
|
|
Décidément, les mauvaises habitudes ne se perdent
pas plus que les bonnes. Les serveurs FTP et autres machines de
Wanadoo sont tellement en rade en ce moment que non seulement
je ne sais pas si j'arriverai à télécharger
ma chronique mais en plus je ne sais pas si celle-ci sera accessible
par les communs des mortels et autres immortels qui sévissent
encore par tous les temps. Je sais que je ratisse large mais que
voulez-vous, les temps sont durs et pas seulement pour les fournisseurs
d'accès france-télécommisés.
Parce que le monde parfait qui devrait me permettre de publier
ma prose quotidienne et vous donner accès à la MMPP
pour la lire n'est apparemment pas à l'ordre du jour.
Remarquez, si vous êtes en train de lire ces quelques phrases
c'est que tout est rentré dans l'ordre.
La seule conséquence de toute cette affaire est qu'au pire
l'article n'est accessible qu'en léger différé.
Ou en léger direct.
|
L'irréalité prévisionnelle |
12/05/2002 : 23:40
|
|
Avec tous les jours de congés dont dispose à présent
chaque salarié, méritant ou non, je trouve que les
prévisions en matière de circulation sont de moins
en moins précises. A la limite, je dirais que les extrapolations
météorologiques commencent même à avoir
un degré de fiabilité un peu plus élevé.
Cependant ne vous méprenez pas : cette situation n'est
pas due à l'amélioration des techniques divinatoires
des accrocs des anticyclones, de la dépression ou de la
masse d'air un peu trop chaude en provenance du Sahara, mais plutôt
à l'obscurantisme grandissant concernant la localisation
des bouchons, des ralentissements et autres voies de circulation
à la limite de la saturation.
Les 35 heures ont mis Bison Futé dans de beaux draps.
Qui peut maintenant savoir ce qu'il va se passer sur les routes
? Entre ceux qui rallongent leur week-end et ceux qui raccourcissent
leur semaine de travail, qui peut encore prétendre donner
un avis judicieux sur la question ? Bon, pour ce qui est d'avoir
un avis, je ne me fais pas de soucis : tout le monde en a au moins
un, voire même deux. C'est plus l'aspect éclairé
de celui-ci qui me semble impossible de pouvoir affirmer à
priori, vu qu'à posteriori on sait toujours à quoi
s'en tenir.
Remarquez, je dis cela mais au moins à Paris la RTT a simplifié
les choses. Personne ne peut plus se tromper. Ben oui. Avant tout
était potentiellement envisageable, surtout au niveau du
pire. Maintenant tout est beaucoup plus limpide : il y a des bouchons
tout le temps et sur toutes les routes.
Moi je vous le dis, ce n'est plus très compliqué
de faire le futé en Ile-de-France !
|
Le non problème existentiel |
11/05/2002 : 23:55
|
|
Heureusement que la radio existe parce que sinon certains propos
ne pourraient pas être tenus et par la même occasion
pas entendus. Et ce serait dommage. J'en ai encore eu la preuve
aujourd'hui lorsqu'aux environs de midi une station fort réputée
se mit à diffuser une de ses émissions phares, une
de celles dont la spécialité est de recueillir les
plaintes de malheureux qui ont des soucis avec leur automobile.
Après l'énoncé de chaque situation par le
plaignant, un spécialiste de la négociation et du
traitement de litiges a l'honneur de prodiguer ses conseils afin
de rassurer le conducteur floué, de lui donner la conduite
à tenir et de répondre à son appel de détresse.
Je vous dirai que je n'ai pas été surpris par le
fait d'entendre des gens se plaindre tant l'acte, républicain
s'il en est, me semble appartenir à notre patrimoine national.
A la limite je me dis que tant qu'il existe des mécontents
qui peuvent s'exprimer, c'est que tout va bien, ou du moins pas
plus mal.
Par contre ce qui m'a franchement étonné fut la
nature d'un des appels. La personne en question possédait
un véhicule dont le moteur a la fâcheuse réputation
de tomber en rade pour de multiples raisons et ceci assez rapidement
après l'achat. Or, ce pauvre monsieur n'avait pas encore
eu le moindre problème alors qu'il frisait les 178 000
kilomètres au compteur. Du coup, il était inquiet.
Inquiet de ne pas avoir de problème.
Vous m'excuserez mais je trouve que certains de nos contemporains
ont vraiment le don de se compliquer l'existence. Parce que si
le gars veut juste être inquiet, eh bien je pense qu'il
a le droit de l'être sans avoir à chercher des raisons
plus ou moins tordues afin de se justifier. Après tout,
la liberté d'être inquiet est une liberté
comme une autre, non ?
|
Le desserrement de l'étau |
10/05/2002 : 12:05
|
|
Après cette journée passée la tête
dans les nuages il est grand temps de revenir à des préoccupations
plus terre à terre. En plus, il faut se méfier de
ces élans verticaux qui nous emmènent au-delà
du réel. Plus on monte haut et plus la chute est rude.
Et si par malheur il n'y avait rien de solide à l'endroit
on nous étions auparavant, la retombée s'apparentera
sans doute à de la spéléologie de bas étages.
Non, décidément la bonne conduite est toujours entre
les deux extrêmes : entre le fond et la surface, entre le
négatif exacerbé et le positif pur, entre le dilettantisme
et la dynamite.
Mais comment se repérer quand on n'a jamais côtoyé
ces deux bornes ?
Et ces deux repères ne sont-ils pas mouvants dans le temps
?
Et ne croit-on pas de temps en temps, à tort, que notre
situation ne pourrait pas être ni meilleure, ni pire ?
Le seul frein que je connaisse pour ne pas essayer d'aller au-delà
de ses propres limites est la peur de l'inconnu et la sécurité
procurée par le quotidien même si on en aspire à
un autre.
Si ces questions et ces problèmes se posent à moi
aujourd'hui, c'est que je ne connais toujours pas mes limites
et que mes deux bornes ne sont pas encore suffisamment éloignées
l'une de l'autre pour pouvoir séjourner, ne serait-ce qu'un
jour, dans cet espace qui est le mien.
|
Haut, bas : mode d'emploi |
09/05/2002 : 22:00
|
|
Avez vous profité du jour de l'ascension pour prendre
de la hauteur, pour voir les choses sous un angle différent,
pour prendre du recul sur ce qui fait votre quotidien ? J'espère
en tout cas que vous n'attendez pas que le calendrier vous y incite
pour vous plonger en vous-mêmes et vous découvrir.
Cependant si ce n'est pas le cas c'est que vous devez avoir de
bonnes raisons. Après tout, chacun mène sa barque
comme il l'entend, à son rythme et dans la direction qu'il
a choisie. Comme globalement la vie n'est pas une course il ne
doit donc pas y avoir d'itinéraire plus judicieux qu'un
autre.
Quoique.
En ce qui me concerne, mon ascension personnelle s'est arrêtée
il y a bien longtemps et j'avoue que de culminer aujourd'hui à
ma propre hauteur me suffit amplement. En effet, au-delà
je suis irrémédiablement frappé de vertiges
et il m'est trop difficile de garder les pieds sur terre. Et puis
l'essentiel n'est-il pas d'arriver à stopper sa propre
élévation pour pouvoir enfin prendre sa place de
façon horizontale, au milieu de ses contemporains ? Et
puis monter, d'accord, mais jusqu'où ? A un moment donné,
il faut bien se décider à sortir de cet isolement
puisque dans notre ascenseur il n'y a de place pour personne d'autre
que nous.
Voyager n'a de sens que si un jour ou l'autre on s'arrête
quelque part pour enfin poser ses bagages et construire, ou détruire,
ce qui doit l'être.
|
Le mauvais démiurge |
08/05/2002 : 22:55
|
|
" Parfois on pense qu'il vaut mieux se réaliser que
se laisser aller, parfois on pense le contraire.
Et on a entièrement raison dans les deux cas. "
E.M. Cioran
|
La faille temporelle comblée |
07/05/2002 : 23:55
|
|
J'ai un scoop : la couleur existait déjà en 1963.
Si, j'en ai eu confirmation ce soir avec la diffusion de films
multicolores tournés pendant la seconde guerre mondiale.
C'est tout à fait étrange de voir ces images qui
semblent du fait de leur nature inhabituelle beaucoup plus proches
de nous que celles en noir et blanc. Eh oui, car je dois bien
reconnaître que les films bicolores me font plus penser
à l'une des oeuvres de George Méliès qu'à
Final Fantasy dans laquelle la féerie chromatique sublime
de manière saisissante la virtualité des personnages.
Bon d'accord je m'enflamme un peu et je reconnais que c'est un
tort, d'autant plus que tout cela ne reste que des suppositions
suppositoires du fait que je n'ai pas vu le film en question.
Par contre, les images d'archives diffusées ce soir, je
les ai vues. Et je trouve que la couleur m'a rapproché
de l'événement, ce qui je l'avoue est assez étrange
comme sensation. C'est comme si je m'étais imaginé
que la guerre en France faisait partie d'un passé relativement
proche mais tout de même assez éloigné pour
que je n'en perçoive pas la proximité physiquement
parlant. Comme si les années passées entre la fin
de la guerre et ma naissance avaient créées un gouffre
temporel impossible à combler qui fait que tout cela m'a
toujours semblé beaucoup trop éloigné pour
m'impliquer d'une manière ou d'une autre.
Alors qu'en fait j'ai déjà vécu plus d'années
que le temps qui s'est écoulé entre le début
de la guerre et ma naissance.
Etrange sensation.
|
Le dégoût des couleurs |
06/05/2002 : 17:00
|
|
Il arrive à certaines personnes d'avoir une fois dans
leur vie un éclair de génie ou une idée révolutionnaire
qui les propulsent au sommet de la gloire et de la fortune. Mais
à contrario toutes les idées ne sont pas forcément
bonnes et quelques unes d'entre elles peuvent même avoir
des effets désastreux.
Hier soir, au hasard de mes pérégrinations télévisuelles
je suis tombé sur une diffusion du film 'Cent mille dollars
au soleil' avec Belmondo, Ventura et tout le toutim. La version
présentée était celle colorisée puisque
comme chacun le sait la couleur n'existait pas encore en 1963.
D'habitude la supercherie ne se voit pas trop et on croirait être
en présence d'une version originale tournée en polychromie.
Mais là, non.
Et pour expliquer qu'on puisse en voir de toutes les couleurs
à une heure de grande vision, je m'en vais vous formuler
mon hypothèse.
Un jour, dans une petite entreprise au bord du dépôt
de bilan, un brainstorming fut organisé afin d'essayer
de trouver une idée novatrice qui permettrait de relancer
l'activité, ou même une autre, avec pour objectif
de se faire plein de tunes. Comme d'habitude dans ce genre de
réunion personne ne se bride et tout le monde peut et doit
y aller de sa proposition farfelue. Normalement tout se passe
plus ou moins bien mais toujours dans le respect de la raison
économique.
Mais là, non.
Parce que dans cette société j'imagine que quelqu'un
a dû émettre une remarque du style 'Au fait, on a
des caisses entières de feutres dans la réserve.
Si on ne veut pas qu'ils dépérissent, on pourrait
peut-être se lancer dans le coloriage de films anciens ?'.
Bon, c'est vrai qu'à la base, le concept peut paraître
séduisant. Parce que le bicolore au XXIème siècle,
c'est, convenons-en, à la limite du mauvais goût.
Soit. Mais le problème, c'est que les stylos en question,
c'étaient plutôt des Stabylo Boss aux couleurs plus
explosives les unes que les autres. Normalement c'est fait pour
repérer dans un texte un truc important à dix mètres
de distance les yeux fermés, donc il vaut mieux que ça
tranche. Eh bien je confirme, ça tranchait pas mal dans
'Cent mille dollars au soleil'. Un simple aperçu de la
couleur de la chemise de Belmondo (bleue perforante), de la peau
des acteurs (rose phosphorescent même en plein jour) ou
du camion (rouge purulent sanguinaire) a suffit à me donner
mal aux yeux au point d'envier les cyclopes et autres nés
céciteux. En plus, les couleurs débordaient presque
des personnages et des objets. Il faut dire aussi que la pointe
d'un Stabylo, c'est beaucoup trop large pour pouvoir être
précis sur un négatif. Ben oui. J'aimerais vous
y voir !
Heureusement qu'il ne leur restait pas des caisses pleines de
cutters, Dieu seul sait quelles idées ils auraient pu avoir
!
Tout ça pour dire que des fois c'est bien d'avoir des idées
mais que des fois c'est encore mieux de ne pas en avoir.
|
La pratique en pratique |
05/05/2002 : 23:00
|
|
Au moins ce coup-ci il n'y a pas eu de demi-mesure. Pas de surprise
potentielle au niveau du vainqueur qui aurait pu nous amener à
rester scotché devant la télévision jusqu'à
pas d'heure, un whisky à la main en attendant l'affinage
et la consolidation des résultats.
Nous n'avons pas de nouveau président mais au vu de la
situation dans laquelle nous nous trouvions et pour la défense
des convictions démocratiques qui sont les miennes, je
trouve que c'est une excellente chose. Il faut savoir se réjouir
de ce que nous apporte le présent.
Cependant, une fois le résultat proclamé il ne servait
pas à grand chose de continuer à regarder la suite
du programme sauf pour entendre une fois de plus tous les politiciens
et journalistes se complaire dans des discours et questions aussi
amorphes que stériles.
De belles phrases mille fois entendues qui ne me disent rien.
Des constats, des invectives et des reproches réciproques
qui ne m'intéressent pas.
Des promesses et des engagements auxquels je voudrais bien croire,
ne serait-ce qu'une fois.
Le temps est à l'action. Si cette fois-ci la classe politique
toute entière ne s'en est pas rendue compte, c'est à
désespérer.
|
La descente acquise |
04/05/2002 : 23:50
|
|
Trente cinq ans qu'on n'avait pas vu ça. Trente cinq ans
qu'on n'avait pas demandé à voir ça. Eh bien
ça y est, c'est fait, après trente cinq ans de présence
parmi l'élite, le football club de Metz descend en seconde
division.
Je sais que les non passionnés de ce sport ne peuvent pas
comprendre la déception engendrée par un tel constat.
Cependant, aussi affligeante soit-elle et aussi futile qu'elle
puisse paraître, c'est moche et mal la nouvelle de la soirée.
Il faut dire aussi que les belles années du club n'ont
pas été mises à profit pour constituer un
effectif permettant de tenir la route dans la durée. La
vente de très bons joueurs, qui a rapporté pourtant
des sommes colossales, a servi à agrandir les tribunes.
Du coup, on a maintenant un stade d'une capacité d'environ
30000 personnes. Pour voir quoi ?
Un Metz-Lorient dont le résultat de ce soir ne donne pas
vraiment envie d'y retourner ? Comme le dit Olivier, un ami également
supporter du FC Metz : voir les merlus de Lorient contre les tanches
du FC Metz, on en salive d'avance.
Un Metz-Gueugnon, histoire de se forger la réputation de
vivre en dessous de ses moyens ?
Un Metz-Wasquehal dont la simple évocation me donne une
vague idée du calvaire qu'il va falloir endurer pendant
au moins une saison ?
Un club de foot c'est comme une entreprise. Si l'argent n'est
pas investi de façon judicieuse afin de rénover
sans cesse ses structures pour être le plus performant possible
à moyen ou long terme, c'est peine perdue.
Descendre en D2, c'est comme un dépôt de bilan.
Et les supporters, actionnaires de ce système, ne toucheront
pas leurs dividendes. En effet ils n'auront plus la joie et le
plaisir de voir leur club jouer et gagner (ou pas) contre les
leaders du marché.
Rien n'est jamais acquis, on y revient toujours.
|
Rallumer le feu |
03/05/2002 : 23:55
|
|
Cela fait maintenant une bonne vingtaine de minutes que je cherche
l'inspiration sans toutefois la trouver. Il faut dire que le fait
de ne pas avoir la moindre idée de sa localisation ne facilite
pas les opérations de secours. Alors du coup, environ toutes
les trois minutes, je me lance dans une tentative de diversion
pour d'une part penser à autre chose qu'à rien et
d'autre part espérer qu'au retour de chacune de mes escapades
je vais avoir une illumination du feu de Dieu autrement appelée
'le feu sacré'. Mais le mécréant que je suis
n'aura visiblement pas son quart d'heure de lucidité. Je
vais rester dans l'aveuglement le plus total, la tête dans
le sac et avec l'obligation d'avancer à tâtons dans
ma chronique qui me parait tellement obscure qu'elle semble ne
pas avoir de fin.
Cependant, sachez que je ne suis pas dupe. Je sais que ma tactique
est claire, elle crève même les yeux : une fois de
plus je me contente d'aligner une série de mots ayant tous
une connotation similaire en feignant (fainéant ?) de ne
pas voir ce qu'il se passe. Je le sais, il n'est pas nécessaire
d'être une lumière pour s'en apercevoir. Mais d'un
autre coté, je dois progresser afin de pouvoir embrayer
sur la suite du programme de la soirée qui va se finir
par l'extinction complet des feux et le respect du couvre-feu
jusqu'à demain matin.
En tout cas, ces essais destinés à rallumer la flamme
qui éclaire ma lanterne créatrice m'ont permis de
vérifier que ma télé est débranchée,
que ma carte de crédit est dans mon portefeuille et que
ma porte blindée multi-points est fermée parce qu'ouverte,
forcément, elle va marcher beaucoup moins bien.
Bref, une chronique ampoulée mais riche en enseignements,
non ?
|
La chronique panique |
02/05/2002 : 23:55
|
|
Il est 23h48, ce qui fait qu'en théorie je ne dispose
plus que de 12 minutes pour commencer, développer et achever
cette chronique. Pourquoi tant de précipitation aujourd'hui
alors que le fait de boucler ma prose journalière sur le
coup de minuit passé ou même d'une heure du matin
n'a jamais semblé être un frein à mon expression
? Eh bien justement, au lieu de me freiner, ce challenge, aussi
futile soit-il, prouve deux choses.
La première que la pratique peut coller à la théorie,
pourvu qu'on veuille bien se donner la peine de faire un petit
effort.
La seconde que la qualité d'une chose n'est pas forcément
liée au temps qu'on y a consacré pour son élaboration.
Ce qui est fait rapidement peut permettre d'aller plus facilement
et surtout plus vite à l'essentiel. Et c'est le plus important.
Comprenne qui pourra.
|
La chronique conventionnelle |
01/05/2002 : 23:35
|
|
Normalement la presse ne parait pas en ce jour de fête.
Ce qui ne veut pas dire que tous les rédacteurs en chef,
journalistes et autres pigistes ne travaillent pas. Bien au contraire
car quand sont rédigés les articles qui paraîtront
demain ? Eh bien aujourd'hui, ce qui fait que j'imagine que le
jour de repos de toute la profession a dû être pris
hier. Je ne sais pas si c'est effectivement le cas mais je trouve
qu'une fois de plus il n'y a pas de logique. Ben non. Si chacun
se met à choisir son jour de la fête du travail,
on ne risque pas d'y arriver.
D'arriver à quoi ? Mais à faire en sorte qu'un certain
nombre de conventions collectives soient respectées, tout
simplement.
Vous savez, ces conventions qui n'ont pas d'autres buts que de
nous faire croire que la vérité absolue existe et
qu'elle est irréfutable.
Le genre de conventions qui nous disent que deux et deux font
quatre et qu'il y a soixante minutes dans une heure sauf pendant
les changements d'heure d'hiver et d'été où
là c'est plutôt soit zéro soit cent vingt.
Le genre de conventions, de règles et de lois qui nous
permettent de vivre tous ensemble dans un système qui semble
être logique et sensé.
Si maintenant n'importe qui peut remettre en cause ces conventions,
en commençant par l'organisation du calendrier qui jusqu'à
présent semblait donner entière satisfaction à
tout le monde et en particulier aux vendeurs de muguet, eh bien
moi je vous préviens : c'est la porte ouverte à
toutes les fenêtres. Vous voilà prévenus.
|
Faites du travail |
30/04/2002 : 23:30
|
|
Demain c'est la fête du travail. Et pour fêter cela,
que fait-on ? On ne travaille pas. Il faudra m'expliquer où
se trouve la logique dans cette affaire parce que personnellement
je n'en vois aucune. Si encore la tendance actuelle suivait l'actualité
économique et sociale, je me ferais une raison en me disant
qu'il est possible d'être incohérent de façon
logique. Mais même pas. Pourtant, vu qu'on travaille de
moins en moins, on pourrait penser que le nombre de jours de congés
pour fêter l'événement devrait augmenter dans
des proportions au moins équivalentes. Et pourtant il n'en
est rien. Remarquez, il est déjà tellement difficile
de réussir à caser des jours de travail au milieu
de tous ces congés obligatoires que la maxime de Maxwell
se pose une fois de plus : est-ce la peine d'en rajouter ?
Enfin, moi je dis ça, c'est plutôt pour vous parce
que dans mon cas personnel j'ai résolu le problème
il y a quasiment un an. Je ne dirais pas que ma démission
avait cet objectif mais je ne cache pas que ma situation devenait
de plus en plus préoccupante car entre les jours de congés
normaux, les jours d'ancienneté, les jours de RTT et les
heures supplémentaires validées (heureusement elles
ne l'étaient pas toutes) à récupérer
cela devenait invivable, limite intravaillable. Du coup, avec
le solde de tout compte qui convertit les jours en euros c'est
bel et bien l'équivalent de 88 jours de congés qui
se sont retrouvés sur mon compte en banque. Comme quoi,
le temps c'est de l'argent y compris pendant les vacances.
Au moins, ma situation actuelle a le mérite d'être
beaucoup plus claire : maintenant c'est la fête du travail
tous les jours chez moi.
|
Totally bilingual |
29/04/2002 : 23:45
|
|
Comme pour mon boulot de dans trois semaines il est vivement
conseillé d'être bilingue en anglais, je suis actuellement
en train de tenter de perfectionner ma compréhension auditive
du phénomène shakespearien. Pour cela je dois reconnaître
que de disposer de Canal+ en numérique est un atout de
toute première main. En effet, il est possible, à
n'importe quel moment de la diffusion d'un film de choisir la
version de la bande son : originale ou française. Bien
que cette possibilité n'a que peu d'intérêt
pour les productions hexagonales, celle-ci prend néanmoins
toute son importance lors des passages surabondants d'avatars
hollywoodiens.
Ce soir, ayant décidé qu'il me fallait aller au-delà
de mes barrières linguistiques actuelles, j'avais décidé
de regarder un film en VO non sous-titré. Bref, l'apocalypse
dans toute sa démesure, une soirée à prendre
conscience du chemin qu'il me reste à faire, une version
illustrée de l'infiniment grand. Eh bien contre toutes
attentes, je suis surpris d'avoir réussi à comprendre
le film et son histoire. D'accord, je n'ai pas capté l'ensemble
des échanges verbaux, beaucoup trop nombreux à mon
humble avis, mais les mots clés que je réussissais
à décoder en clair m'ont permis de suivre l'intrigue
sans grande difficulté. Cependant, cela ne veut rien dire.
Non. Car je sais par expérience que même en coupant
le son, j'arrive très souvent à suivre un film en
étant capable d'en reconstituer le scénario, ou,
au pire, d'en recréer un qui tienne parfaitement la route
grâce à mon imaginaire débordant d'explications
plus ou moins irrationnelles.
Du coup, je ne sais pas si je comprends suffisamment l'anglais
pour saisir ce qu'il se passe ou bien si mon niveau est mauvais
mais que le simple fait de voir les images et éventuellement
de saisir au vol quelques mots par-ci par-là me suffisent
à reconstituer le fil de l'histoire qui en général
n'est pas des plus complexes.
Pour une auto-évaluation un peu plus représentative
de la réalité il me faudrait fermer les yeux pour
ne pas subir l'influence perfide des images. Mais bon, d'un autre
côté je ne pense pas que dans mon aventureuse vie
professionnelle de moins en moins futuriste je sois amené
à dialoguer avec des anglophones les yeux bandés.
Ben non, j'espère pas.
Je veux bien repousser mes limites mais il s'agirait quand même
de ne pas dépasser les bornes.
|
Le ticket onirique |
28/04/2002 : 23:00
|
|
Avant je regardais tous les grands prix de formule 1. Enfin,
disons que l'intention y était car il m'arrivait bien souvent
de m'endormir avant la fin de la course, voire même quelquefois
peu après son début.
Que voulez-vous, le dimanche, suite à un repas trop riche
en graisses et en substances liquides toutes plus licites les
unes que les autres, l'effort à fournir pour translater
mon poids, effort m'amenant à encaisser un G comme ça
d'un coup, du salon vers le canapé aboutit inexorablement
à la limite de la perte de connaissance. Ensuite la transformation
d'énergie motivationnelle, qu'il va falloir puiser dans
mes réserves, en activité physique des plus intenses
puisqu'elle doit me permettre de garder les yeux ouverts pendant
le tour de chauffe achève le cycle d'éveil à
l'instant précis où celui de la digestion débute.
Après le temps fait son affaire : la ronde des chauffeurs
et le tumulte lancinant des moteurs produisent leurs effets, tour
après tour, ravitaillement après ravitaillement,
publicités après publicités. Le spectateur
que je suis finit dans un des compartiments du train du sommeil
qui justement passait par là. Un train pour lequel le ticket
d'entrée consiste à sortir du quotidien qu'est l'éveil.
Un train qui ne dessert aucune station mais qui roule plein pot
pour explorer mon imaginaire inconscient au rythme effréné
du temps qui n'existe plus.
Du coup, au réveil, il m'est à chaque fois impossible
de raccrocher les wagons. Impossible de dire qui a gagné
ou pas.
Aujourd'hui je ne regarde plus que le départ : comme seuls
les cartons sont intéressants en F1, c'est vraiment le
moment à ne pas rater.
Après, je préfère vaquer à des occupations
qui tiennent un peu plus la route.
|
L'alchimie de l'obstiné |
27/04/2002 : 18:00
|
|
Je suis en phase de persistance non rétinienne, du genre
de celle qui ne me donne pas l'impression de voir des 206 à
tous bouts de champs en plus de tous les coins de rues.
Le genre de persistance frisant l'obsession permanente qui décoiffe
un peu plus chaque jour, au même titre qu'une courte escapade
au volant d'une Visa.
Mon visa temporaire m'a amené en zone de transit jusqu'à
ce que les portes de l'espace que je n'ai encore jamais visité
s'ouvrent enfin sous la pression que j'exerce sans relâche
depuis presque trois ans.
Quelle est la date limite de validité de ce sésame
? Je n'en sais rien car cela dépend principalement d'une
chose que je ne maîtrise qu'en partie : ma perception de
la réalité. Car si la réalité existe,
ce qui reste à prouver dans l'absolu, quels filtres vais-je
utiliser à mon insu pour m'en faire une représentation
qui guidera mes pensées, mes actes et mes émotions
?
"La carte n'est pas le territoire" : cette simple phrase
résume à elle seule l'effort que je fournis chaque
jour pour enfin réussir à me réaliser.
J'élabore la carte qui me convient tout en prenant en compte
dans cette construction l'environnement dans lequel j'évolue,
environnement que je ne peux et ne veux pas contrôler.
Une subtile alchimie entre le rêve et la réalité,
pour que le premier puisse devenir le second.
|
|
|