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Il faut |
17/09/2002 : 23:30
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Il faut que j'écrive une chronique ce soir. Du genre de
celle qui plaît au plus grand nombre. Certes, je n'ai pas
de statistiques sur le sujet et je ne sais pas exactement quels
ingrédients je dois utiliser ni en quelles quantités.
Mais cela ne fait rien : il faut que j'écrive une chronique
ce soir. Une qui tient tout le monde en haleine jusqu'à
ce que la conclusion que personne n'attendait, y compris moi,
arrive au terminus de mes délires.
Il faut.
Faut-il ?
A dire vrai je ne crois pas. Il faut mourir. Ça c'est du
concret, du sûr, du solide sur lequel il est pourtant impossible
de bâtir.
Tout le reste est optionnel.
Mais alors comment faire son choix si tout est potentiellement
accessible ? Il est vrai que la société dans laquelle
nous vivons restreint notre champ de vision en nous imposant de
suivre des règles, des coutumes, des habitudes, et ceci
pour le bien de tous. Car ce qui est bon pour la société
est bon pour l'Homme. Et pas inversement.
Faut voir.
Le fait de vivre en communauté induit des effets de bords
qui empêchent de se recentrer sur l'essentiel. Le coté
pratique est que cela permet de rejeter la faute aux autres, au
système, bref, de se déculpabiliser de notre propre
incapacité à nous identifier en tant qu'individu.
A moins que cette inaptitude soit un besoin que nous recherchons
à satisfaire. Chercher la satisfaction pour ensuite se
plaindre ? Connaissant la nature humaine, logique dans son illogicité,
l'hypothèse me parait séduisante.
En attendant, la conclusion de cette chronique est proche. Tellement
proche que je viens de la dépasser.
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Etre, ou ne pas être à la page |
15/09/2002 : 22:15
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'Quand on a rien à dire, on ferait mieux de se taire !'.
Bof, faut voir. Si je m'étais fixé cette ligne de
conduite aussi directive que subjective, je pense que la MMPP
serait restée souvent sans voix, muette et sans parole.
J'aurais rendu une copie blanche plus d'une fois et à dire
vrai, je n'aurais peut-être pas commencé cette aventure
faute de point de départ, de matière première
ou d'objectif planifié. Je le reconnais et le revendique
: ici tout est sans finalité, sans point de départ
précis et le cheminement entre ces deux points qui n'existent
pas se fait avec seulement des mots désordonnés
dont certains ont fini par fuir le dictionnaire, à moins
qu'ils n'aient jamais pu l'intégrer faute d'orthographe
reconnue.
En plus, qu'est-ce que le Rien ? Déjà que l'exercice
consistant à définir ce qui EST n'a pas de corrigé
type, chacun définissant ses propres équations en
y intégrant ses données personnelles, j'aime autant
vous prévenir que celui qui tend à démontrer
la présence du Rien (à ne surtout pas confondre
avec l'absence de tout) me parait relever d'une quête sans
fin qui mène inexorablement au néant.
Et puis ne dit-on pas que l'appétit vient en mangeant ?
Comment peut on savoir qu'on a rien à dire si justement
on ne dit rien ? En se lançant dans l'expression, le Rien
ne va t'il pas céder sous le poids des idées et
de la pensée dont la progression souvent incontrôlable,
voire totalement immaîtrisable pour certains dont je tairai
le nom pour éviter le plagiat, nous révèle
des contrées inexplorées dont la seule évocation
prouve bien qu'il y a quelque chose là-dessous ou derrière
tout ça ?
Rassurez-vous, ce n'est rien. Rien d'autre qu'une chronique de
plus dans un livre dont je tourne les pages au fur et à
mesure du temps qui passe. Un livre étrange puisque chaque
jour, c'est la dernière page que je tourne.
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Le changement à l'identique |
15/09/2002 : 00:40
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La technique n'aura pas le dernier mot. Tout en conservant sa
limpidité légendaire que vous appréciez tant
(comme personne ne dit le contraire, j'extrapole, je diverge,
bref, j'arrive à cette évidente conclusion), la
MMPP a adopté depuis aujourd'hui les dernières trouvailles
en matière de technologies informatiques appliquées.
Enfin, disons mes dernières trouvailles puisqu'en l'occurrence
je n'avais jamais cherché avant. Bon d'accord, pour être
plus précis ce n'est pas moi qui ai trouvé la solution
du problème qui n'en est plus un, c'est un professionnel
de la profession qui me l'a donnée. Mais mon rôle
secondaire fut toutefois primordial car c'est moi qui lui ai posé
la question. Et sans question, il n'y aurait pas eu de réponse.
Acceptant la réalité comme un élément
immuable, ce problème s'était transformé
dès le début en fait, ce qui excluait la possibilité
d'envisager l'existence d'une quelconque solution. Mais la synergie
entre le monde du travail et celui du non-travail a parfaitement
fonctionné. Et dans le sens contraire à d'habitude,
voie mensuellement empruntée par voie bancaire interposée.
Du coup la vérité a changé. Elle est toujours
la vérité bien qu'étant autre. Etrange renversement
de point de vue qui ne change pas les positions.
Mais qu'est-ce que je raconte ? Quelle est donc cette nouveauté
miraculeuse qui brille par son apparente absence ?
C'est là toute la force du côté obscur qu'on
ne peut pas détecter. Le truc qui est là mais qu'on
ne voit pas. La chose indispensable que personne n'arrive à
identifier mais qui remplit son office pour produire son effet.
Ses effets.
Ok, peut-être pas les primaires, beaucoup trop évidents
pour être visibles. Mais les secondaires, ceux qui ne sont
pas présents sur la notice, qu'on découvre soi-même
et qui prouvent que rien n'est identique à quelque chose.
Oui, plutôt ceux-là.
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Le mauvais sens |
11/09/2002 : 23:00
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Celui qui a inventé la notation polonaise inversée
devait être un sacré tordu. Déjà en
respectant l'ordre naturel des choses j'aurais tendance à
dire que le polonais doit être plus facile à parler
qu'à comprendre. Mais si en plus on s'amuse à mettre
les choses sens dessus dessous, je crois que ce n'est pas la peine
de persévérer dans l'opération.
Bien sûr comme je ne peux parler que de ce que je connais
(ah bon ?), mon expérience en la matière se réduit
aux multiplications, soustractions et autres malversations comptables
qu'une calculatrice utilisant la notation en question peut largement
aider à résoudre, voire même à inventer.
Néanmoins certains trouvent cela super : 'C'est plus proche
de la machine !' Et alors ? C'est bien ça d'être
près de la machine ? Moi je ne veux pas être près
de quoi que ce soit, je veux le résultat exact de mon calcul.
Alors excusez-moi mais une machine dans laquelle on rentre d'abord
tous les chiffres d'un coup pour ensuite leur appliquer une tripotée
de signes plus ou moins distinctifs, quelquefois divisés,
je ne peux décemment pas lui faire confiance. Parce que
l'opérateur (moi en l'occurrence) finit toujours au bout
de quelques opérandes par ne plus savoir où il en
est dans cette débauche de positivisme ou de négativisme
effrénée seulement tempérée par la
capacité maximale de la pile.
C'est comme les anglais, il faut toujours qu'il y en ait un qui
ait envie de ne pas faire comme les autres, histoire d'entraîner
dans son sillage ceux que la nouveauté impressionne et
ceci quel que soit l'intérêt de l'invention. Le genre
de gars qui aiment ce que les autres n'aiment pas et qui n'aiment
plus ce qui devient trop aimé par les autres. Bref, ceux
qui ne savent ce qu'ils veulent qu'en voulant l'inverse de ce
que veulent les autres.
Ben voilà, pas la peine de chercher plus loin la genèse
de cette manie de tout vouloir inverser, y compris le polonais
qui a fini par y perdre son latin.
Et le bon sens dans tout ça ?
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Y'a quelqu'un ? |
09/09/2002 : 23:00
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L'avis de la Poste que j'attendais depuis maintenant plus d'un
mois est enfin arrivé à bon port. Je ne sais pas
qui est responsable de ce retard mais néanmoins une chose
est sûre : c'est bien le client qui paye, et en avance qui
plus est. De cette façon l'ensemble se fond dans une moyenne,
toujours au bénéfice du doute et du commerçant.
Internet vous simplifie la vie ! Certes, sauf que si au départ
vous aviez une vie pas compliquée, l'équation s'inverse
et la toile s'occupe de votre cas. En l'occurrence du mien. Que
voulez-vous, avec mon téléphone portable qui ne
possède plus qu'une autonomie de 15 minutes, je ne pouvais
pas faire autrement que d'en commander un autre via le site de
mon fournisseur. Une commande faite en deux temps trois mouvements
dont un pour un petit coup de fil optionnel afin de décrocher
un renseignement complémentaire, acte dérisoire
avant le saut à pieds joints dans la piscine sans fond
des méandres administratifs. Après tout s'est emballé
très vite. Sauf hélas mon téléphone,
perdu corps et âme (comprendre : batterie et carte SIM)
excepté pour celui qui a mis la main dessus (comprendre
: l'oreille). Bref, entre Bouygues, la Poste et mon Sagem actuel
avec fil, sinon tout s'arrête avant qu'un correspondant
ne décroche à l'autre bout, je me suis égaré
dans le triangle des bermudes où même le couple émetteur-récepteur
s'est perdu de vue à la simple évocation de mon
cas. Tout cela pour m'entendre dire au bout de neuf appels et
de dix minutes d'attente à chaque fois que 'Oui monsieur,
votre téléphone s'est perdu, nous vous en envoyons
un autre aujourd'hui'. Une information de dernière main
car après avoir fait mon enquête (simple comme un
coup de fil) je le savais déjà depuis quinze jours.
Et eux aussi puisque je le leur avais dit. Mais les procédures
sont les procédures. Une enquête chez Bouygues, c'est
10 jours, quel que soit le résultat. Et pis c'est tout.
Et un prélèvement pour payer un téléphone
c'est à la commande que ça se passe. Et pis c'est
tout.
J'ai bon espoir que le problème soit maintenant résolu
et que dès que j'aurai pu passer à la Poste tout
sera réglé (conceptuellement parlant puisque financièrement
l'affaire est dans le sac. Le leur). Il faut juste que j'arrive
à trouver un créneau avant que d'autres procéduriers
ne renvoient le tout à l'expéditeur pour dépassement
du délai de garde. Là ce serait le grand chelem
!
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Le tabagisme mobile |
05/09/2002 : 23:40
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Depuis quelques jours je m'énerve systématiquement
à chaque fois qu'une personne allume une cigarette juste
devant moi lorsque je marche dans la rue derrière elle,
position inconfortable qui fait que du coup je me ramasse toute
la fumée en pleine gueule, situation que les plus polis
que moi nomment pompeusement 'le tabagisme passif'.
Je ne sais pas pourquoi je me réveille seulement maintenant
alors que, mon trajet n'ayant pas changé et la vie étant
toujours ce qu'elle est, j'imagine avoir connu exactement les
mêmes désagréments par le passé sans
pourtant jamais m'en plaindre.
C'est vrai ça aussi.
Seulement voilà, depuis que j'ai pris conscience du phénomène,
au cours d'une journée où les nuages se disputaient
l'occupation des cieux avec la couleur bleue dont on ne sait toujours
pas (entre parenthèses) d'où elle provient exactement,
eh bien depuis ce moment je constate que cela m'arrive au moins
cinq fois par jour, ce qui représente en clair l'équivalent
d'un peu plus d'un paquet par semaine. Eh oui, quand même.
Ceci dit, lorsque la scène se déroule dans un endroit
où il est possible de doubler son prochain, qui en l'occurrence
me précède, je mets rapidement le paquet et m'en
sors généralement à bon compte à coups
de dépassements par la droite. Mais lorsque cela se passe
sur un trottoir exiguë empêchant toute manoeuvre de
dédoublement de la personnalité en question, c'est
la file indienne assurée. Dans ce cas il me reste la technique
de l'apnée prolongée par immersion totale dans l'air
intérieur, technique éprouvée qui remplit
son office à défaut des poumons jusqu'à ce
que ne tenant plus je me remette, sous le coup d'une inspiration
que certains appellent aussi le coup de génie, à
respirer au moment précis où le nuage de fumée
arrive à mon niveau.
Il existe aussi une dernière technique qui demande de la
pratique sans l'être et qui consiste à synchroniser
ses appels d'air avec le rythme de taffage du blaireau tabaphile
(ce n'est pas le Petit Robert qui m'aurait aidé sur ce
coup là). Parce qu'en y regardant de plus près,
il faut reconnaître que la scène ressemble beaucoup
aux conversations à distance qu'entretenaient les indiens
à l'époque où les SMS n'existaient pas encore.
J'imagine qu'il doit encore rester quelque chose de tous ces gestes
ancestraux partis en fumée et je crois que par conséquent
le rituel du dépendant consiste ni plus ni moins à
émettre un message de détresse disparaissant en
fumée aussitôt après avoir été
émis. Je ne sais pas si le réseau risque d'être
saturé mais en ce qui concerne mes récepteurs, la
limite est atteinte.
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La dictionnarisation adversitaire |
03/09/2002 : 21:00
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La dernière mouture du Petit Robert vient de sortir avec
à l'intérieur toutes les nouveautés en matière
d'aberrations linguistiques. Cela fait maintenant des décennies
que le combat mené par cet édifice référentiel
avec l'autre éditeur de bons mots, j'ai nommé le
Larousse, se poursuit à coups phrases acérées,
de citations antiques réactualisées et de termes
racoleurs qui viennent de la rue et qui doivent faire vendre par
la même occasion. Et tout cela pour quoi ? Pour avoir le
dernier mot ? Allons donc, le profitarisme dirige toute cette
campagne d'annexion et de maîtrise des idiomes. Faire de
la tune avec des mots. N'est-ce pas là un jeu qui en vaut
la peine ? D'ailleurs, le dico n'est-il pas un concentré
de tout ce qui a pu être écrit depuis l'invention
de l'expression scripturale par Clairefontaine, acte auto-salvateur
lui ayant permis de pouvoir vendre son papier dont il ne savait
pas quoi faire jusque là ?
J'ai abandonné cette course contre la montre avant même
de m'y engager. Je reste fidèle à mon Larousse de
1979 et quant au reste je me débrouille tout seul, cherchant
à imager mon langage par des créations qui ne passeront
jamais à la postérité de l'impression. Le
langage est quelque chose d'instinctif qui sert à symboliser
un concept ou une chose. L'essentiel est donc de réussir
à faire passer le message le plus fidèlement possible.
Alors peu importe ce qui est autorisé ou ce qui ne l'est
pas. Je n'aime pas l'idée que les mots ne puissent provenir
que d'un recueil exhaustif conçu par d'autres, telle une
prison de laquelle nous ne pouvons pas nous échapper.
Moi je dis qu'il nous manque des mots. En tout cas il m'en manque.
Je suis sûr qu'il y a des tas de choses qu'on ne dit jamais
parce qu'on ne peut tout simplement pas les dire, faute de moyens.
Grâce à nos facultés d'adaptation nous avons
réussi à nous restreindre verbalement pour nous
cantonner à quelques 40000 mots avec lesquels nous devons
étiqueter l'ensemble de nos réalités et de
nos rêves, les transformant et les dénaturant sans
respecter leur caractère indescriptible.
J'en arrive à croire que les mots sont l'ennemi de l'expression.
C'est dire. Et écrit.
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Le temps de ne rien dire |
02/09/2002 : 23:54
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C'est bien beau de ne pas rater la fin du mois d'août,
mais lorsqu'il s'agit d'enchaîner avec le début du
mois suivant qui (une fois de plus le temps qui passe est d'une
prévisibilité affligeante) se trouve être
septembre, force est de constater qu'il n'y a plus grand monde
sur la MMPP. Eh oui, il faudra s'y habituer : les mois chauds
et beaux sont finis. Il faut dire que les jours défilent
si vite qu'on ne les avait même pas vus passer !
De toute façon, peu importe ces détails techniques
qui en réalité n'embêtent que ceux qui sont
en vacances et qui, ne voulant pas passer pour des loosers de
première, déclareront à tous leurs collègues
déjà affairés que oui, eux ils ont eu un
superbe soleil. Moi je vous le dis, si j'additionne tous les microclimats
dont la France s'est pourvue cette année, fertile à
la limite de l'impossible, j'en conclue que la macro-mouise n'est
qu'une vue de l'esprit seulement partagée par les masses
laborieuses. Un genre d'hallucination collective qui ne frappe
que ceux qui abusent du travail, fournisseur numéro un
de l'opium du peuple depuis que la perspective du paradis ne fait
plus rêver personne.
Mais comme je le disais, peu importe car cela ne change rien à
tout le reste. Or c'est bien le reste qui est important, pas le
fait de savoir s'il faisait beau à Tataouine vers le début
de la fin du mois d'août. Parce que ça, il faut reconnaître
que tout le monde s'en fout. Ben oui. Sauf peut être les
tataouinés et les tataouinettes.
D'un autre côté, cela fait des sujets de conversations
faciles qui ne prêtent pas à conséquences,
qui n'engagent personne et qui remplissent à merveille
leur rôle de bouche-trou noir lorsque les blancs commencent
à prendre la parole.
Le rôle du temps, qu'il soit beau ou mauvais, est de nous
protéger de ce qui est devenu insoutenable en pleine ère
de la communication, de l'indicible acte qui consiste tout simplement
à se taire.
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A contresens |
31/08/2002 : 23:58
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Je ne voulais absolument pas rater la dernière chronique
du mois d'août. Ah non ! Parce que cet événement
ne se produit qu'une seule fois par an. Eh oui. L'éclipse
totale de mise à jour de la MMPP n'est pas encore à
l'ordre de la nuit. J'y veille personnellement, surpris par l'invraisemblance
de ce qui m'entoure qui me parait encore plus irréel qu'une
journée d'été ensoleillée. Car ce
qui était ne sera plus : il ne faut pas chercher plus loin
notre situation actuelle où la pluie se dispute à
l'orage nos tentatives d'esquive, protégés par l'appendice
qui transforme notre bras en arme défensive, j'ai nommé
le parapluie, futile sauveur contre le fin crachin qui, j'en parierais
mes idées saugrenues, passe entre les mailles du filet
à l'image d'une journée de pêche perdue dans
l'océan de l'imprévisible.
D'accord, mais qu'est-ce que que tout cela veut dire ?
Qu'il ne faut plus rien attendre des noms ronflants que nous livre
le calendrier, qu'il ne faut plus se laisser berner par les arts
divinatoires de la prévision météorologique
qui ne trouve son sens que dans le besoin de croyances du peuple.
Oui, les choses existent parce que certains y croient. Il n'est
pas nécessaire de chercher plus loin les fondements même
de ce qui fait notre quotidien.
Les mécréants ne sont que des aveugles volontaires
qui refusent de voir et de reconnaître la vérité
qui leur est proposée. Au lieu de céder à
la facilité ils s'aident eux-mêmes, tentant de trouver
leur voie parmi cet enchevêtrement de routes assez déroutant.
La seule différence est que ne possédant pas de
cartes qui fixent de limites, celui qui ne croit en rien peut
aller n'importe où, plus loin ou nulle part, au grès
de sa volonté, de son pouvoir et de ses doutes.
Seul et perdu dans le référentiel communément
reconnu. Libre et entier dans le mien.
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Sur les nerfs |
28/08/2002 : 23:30
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Quand j'y pense je me dis qu'il y a plein de trucs pour lesquels
je pourrais m'énerver si je voulais. Des petites choses
qui me font perdre du temps et de la patience à force d'essayer
de les régler bien qu'elles ne soient pas de mon fait.
Enervant je vous dis.
D'un autre côté, ce sont des points tellement peu
importants que cela ne vaut vraiment pas le coup de s'emporter.
Quoique. Parce que s'il faut attendre que les événements
s'emballent au delà du raisonnable pour réagir,
où cela va t'il me mener ? Car où se situe la frontière
à ne pas franchir qui sépare la zone de zénitude
de celle du rentre dedans ? En réalité son positionnement
doit dépendre des jours, ce qui prouve bien que cela n'a
pas de sens car si tout était logique il n'y aurait plus
à réfléchir, nous appliquerions la procédure
adéquate sans nous poser la question du passage à
l'acte. Seulement où serait la surprise ? Si chacun d'entre
nous adopte le même référentiel, cela revient
à dire que soit tout le monde est d'accord sur tout, ce
qui risque de nous lasser au point de nous énerver puisque
je trouve que bien souvent l'intérêt naît de
la divergence, soit personne n'est d'accord sur rien ce qui fait
qu'on se retrouve dans le même système répétitif
qui finit par générer une certaine lassitude pourtant
peu compatible avec un effort soutenu au niveau de la véhémence
du désaccord.
La conclusion à laquelle j'arrive est donc qu'il vaut mieux
s'énerver quand on en a envie, et surtout si les autres
restent calmes. C'est ainsi que nous sommes les plus efficaces,
quand il y a toujours quelqu'un qui pète les plombs. Et
si ce n'est jamais le même c'est encore mieux. Alors ne
laissez pas passer votre tour : c'est pour le bien de tous.
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Quoi de neuf docteur ? |
26/08/2002 : 23:56
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Il faut toujours respecter les consignes car si elles existent
c'est qu'il doit y avoir une raison que l'arrogance ignore.
Prenez par exemple le métro : il est de notoriété
publique que lorsque le signal sonore annonce la fermeture des
portes toute entrée est interdite. Je ne l'invente pas
cette consigne : elle est affichée dans toutes les rames.
Elle est même explicitement annoncée par un autocollant
mettant en scène un lapin vêtu d'une salopette jaune
qui se fait pincer les doigts entre les portes automatiques, guillotines
des temps modernes s'il en est. 'Tu fais gaffe à tes doigts
sinon tu risques de te faire pincer très fort' : tel est
en substance le message, ou à peu de chose près,
véhiculé à longueur de rames à tous
les voyageurs qui auraient envie de se faire la main, histoire
de tester leur doigté.
Mais pourquoi un lapin en salopette jaune ? Remarquez je me demande
ce qu'un lapin pourrait porter d'autre. Un jean Levi's sans couture
qui vous fait tourner la tête ? Non, non, il faut être
honnête, la salopette jaune ça pose un lapin, ça
crédibilise le discours sans effrayer les enfants. Ça
informe en douceur, ça instruit en amusant.
Il est bien là le problème : tant qu'on ne nous
montrera pas la vérité ces campagnes de prévention
n'auront jamais d'effets secondaires, les premiers étant
de se marrer. Il faut voir de visu un vrai serrage pour comprendre
la portée de cette bonne parole proférée
par un grignoteur en accoutrement couleur luzerne. Parce qu'un
lapin qui se fait coincer la mimine dans une porte, c'est peut-être
poétique, mais ça ne risque pas d'arriver. A la
rigueur à la sortie d'une soirée arrosée
on peut quelquefois apercevoir un éléphant rose
s'asseoir sur le strapontin qui nous fait face, mais ça
ne va pas plus loin.
Non, ce qu'il faut c'est une campagne grandeur nature avec des
vrais humains, à la limite en salopettes jaunes. Une démonstration
comme celle à laquelle j'ai assisté cet après-midi.
Avec tous les indices présents dans cette chronique vous
savez déjà que cela se passait dans le métro
et que la sonnerie de fermeture avait retenti depuis fort longtemps
(d'ailleurs le lapin, sentant le coup fourré, s'était
déjà fait la malle) quand une bonne femme, jouant
sûrement à passe-murailles pendant ses heures perdues
sans jamais gagner, tenta une entrée à un moment
où même les plus téméraires remettent
au lendemain ce que de toute façon ils n'auraient pas pu
faire aujourd'hui. Bref, voilà l'andouille en question
coincée entre les portes, une moitié à l'intérieur
et l'autre moitié à l'extérieur de la rame,
poussant des cris d'orfraie en attendant que quelqu'un débloque
la situation en plus de sa personne. Moi comme je regardais, je
ne pouvais rien faire. En plus je pense que la meilleure tactique
était d'attendre parce que dans l'opération il aurait
bien pu y avoir 50% de pertes, et ceci quel que soit le côté
où on se plaçait. Et puis si c'est pour se faire
couillonner comme le lapin en salopette jaune, non merci. Elle
n'a qu'à respecter les consignes la greluche, ça
lui apprendra. Et puis au pire elle n'a eu qu'à attendre
le prochain arrêt. Pour se changer. Et mettre une salopette
jaune.
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La chronique fleuve |
24/08/2002 : 23:55
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La concentration est un acte d'abstraction ultime, une mise entre
parenthèses de l'environnement permettant une réécriture
mentale de la réalité. C'est quelque part une volonté
délibérée de refaire l'histoire, sa propre
histoire. Je trouve assez fascinant qu'il soit possible d'orienter
ses propres pensées dans une direction consciemment choisie.
C'est un peu comme si on détournait un cours d'eau momentanément
de son parcours pour le faire cheminer le long d'autres contrées.
Et dès que cette déviation n'a plus de sens ou que
l'effort la permettant n'est plus présent, tout reprend
sa place et les anciens canaux sont à nouveau empruntés.
Alors, à quoi cela sert-il ?
Quelle est l'utilité de cette démarche éphémère
qui finit toujours par céder sa place à la même
routine faite d'habitudes, bonnes ou mauvaises ?
J'ai l'impression que tout cela suit une logique implacable :
le quotidien n'est supportable que si de temps en temps on en
sort.
Les vacances après le travail.
Le sommeil après l'éveil.
La mort après la vie.
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La procédure au long cours |
21/08/2002 : 22:30
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L'honnêteté ne coûte rien. Je dirais même
que de nos jours ce serait plutôt le contraire.
Tenez, un exemple : au mois de mai dernier j'ai reçu un
remboursement de ma mutuelle. Une somme symbolique sur laquelle
je ne comptais pas puisqu'en l'occurrence celle que j'appelle
ma mutuelle appartenait sûrement à l'époque
à quelqu'un d'autre car j'avais déjà quitté
ma société depuis une bonne année. Enfin,
ma société...
Bref, n'aimant pas profiter des largesses erronées d'une
bureaucratie qui ne croit que ce qu'elle voit, j'avais appelé
ces philanthropes d'un jour pour leur signaler l'erreur. Déjà
je fis face à l'incrédulité de mon interlocutrice
qui n'avait jamais dû réceptionner une plainte de
cette nature et qui finit par me confirmer, après vérification,
que non, c'était normal puisque je travaillais encore dans
cette firme. C'était écrit sur son écran
d'ordinateur donc le doute n'était pas permis puisque,
comme chacun le sait, depuis le boom des nouvelles technologies
la vérité ne sort plus de la bouche des enfants
mais des disques durs. 'Non madame, j'ai quitté cette boite
le 31 mai 2001' 'Et ils sont au courant ?'. C'était bien
la peine d'organiser un pot de départ avec 120 invités,
un discours et un cadeau pour qu'au final personne ne soit informé
de l'embrouille. En plus, même si le doute était
permis il y avait des signes qui ne trompaient pas : un compte
courant qui se vidait de l'intérieur sans voir l'apport
de liquidités salariales. Au moins le service paie avait
eu vent de l'affaire. C'est sûr.
Ayant réussi à convaincre la greluche de l'état
de ma situation et de l'erreur, elle me dit alors que mon dossier
serait traité et que je serai rayé des listes au
bout d'une procédure dont on m'en dirait des nouvelles.
Proposant de lui envoyer un chèque du montant du litige
(apparemment uniquement un litige de moi envers moi-même)
dans la foulée, elle me rétorqua que j'allais recevoir
un avis qui me le demanderait et que je ne devais rien poster
d'ici là sous peine de foutre un beau bordel dans leur
compta.
Soit.
Aujourd'hui, recevant enfin un courrier de cette mutuelle, je
me suis dis qu'enfin le dossier avait suivi son cours jusqu'à
son terme et qu'on me réclamait les 30 euros objet de cette
chronique.
Que nenni.
En fait, c'est juste pour m'envoyer la feuille de choux trimestrielle
de l'organisme en question. Celle destinée aux affiliés...
Moi, je veux bien être honnête, mais si ça
ne coûte rien et qu'en plus cela rapporte, quel est l'intérêt
?
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La démarche de progrès enfin appliquée |
18/08/2002 : 19:00
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Le concept de réalité ne fait qu'évoluer
au fur et à mesure de l'avancement des techniques qui s'adaptent
pour faciliter notre quotidien, pour qu'il ne soit plus une corvée
et que nous puissions enfin nous concentrer sur l'essentiel. Mais
qu'est-ce que l'essentiel ? Encore une abstraction propre à
chacun que les publicitaires, médias et autres vendeurs
à la noix cherchent à uniformiser pour leur plus
grand bien.
Alors quand enfin quelqu'un se décide à faire quelque
chose pour vous, peu importe que cela ne soit qu'une avancée
personnelle. De toute façon le progrès universel
n'est-il pas qu'un fantôme moribond qui ne sort même
plus de chez lui tellement il a peur de lui même ? Hein,
c'est pas une bonne question ça ?
Bon, pour faire dans le concret je vais prendre un exemple précis
qui me concerne de très près, au moins une fois
par jour, voire même deux fois dans les mauvais : se faire
à manger. Le voilà le vrai problème du célibataire
moderne qui cherche à survivre en milieu urbain. Il faut
arrêter de raconter des conneries sur le sujet car seuls
ceux qui y ont goûté savent ce que représente
cette corvée qui n'a pas d'autre intérêt que
d'enrichir le complexe alimentaro-industriel. Heureusement, ce
dernier est à l'écoute du marché et là
où il y a de la tune à se faire il y a des solutions
innovantes.
Prenons par exemple les plats tous faits dont la dernière
touche d'originalité de la part du consommateur consiste
à réchauffer le paquet au micro-ondes. Eh bien avant
on avait droit aux sachets qu'il fallait essayer de découper
après le passage au four pour profiter de son investissement.
Combien de brûlures, combien d'énervement et de repas
gâchés par ce manque de praticité ? Ils auraient
pu faire un package 'repas + Urgo' parce que pour le coup il n'était
pas que dans l'air.
Préhistorique je vous dis. Rompu à la manoeuvre
j'avais abandonné depuis fort longtemps ce genre d'amusement
et préférais largement découper les sachets
froids, verser le tout dans une assiette et ensuite seulement
passer à l'étape du réchauffage. Plus pratique.
Sauf qu'il faut savoir qu'il existe dans la nature des aliments
qui ne se démoulent qu'à chaud. Si. Je prends un
exemple sorti tout droit de mon frigo : les 'Fricadelles de porc,
sauce à la tomate et au basilic, purée de pommes
de terre à la crème' (je n'invente pas c'est écrit
dessus). Pour remettre dans le droit chemin les gourmands alléchés,
je dirai qu'en langage clair le plat se compose de deux vagues
simili-boulettes d'origine incontrôlée se battant
en duel dans un liquide rougeâtre pendant qu'un zeste de
purée qui n'a pas dû voir une pomme de terre depuis
l'annexion de la frite par Mac Cain dans les années 80
tente d'échapper à la noyade par un phénomène
de sustentation appliqué aux matières non magnétiques.
Eh bien je vous assure qu'il est impossible de sortir la purée
à froid du sachet. Et que l'expulsion de la boulette au
jus relève de la peinture abstraite appliquée aux
vêtements et aux murs de cuisine.
Pitoyable.
C'est alors que survint la barquette micro-ondable, merveille
de technologie qui évite toute manipulation délicate
et tout risque d'énervement par brûlure ou noyade.
Une invention qui figure au Panthéon de la vie facile et
dont les inventeurs mériteraient le titre de bienfaiteurs
du célibat. Allez donc faire un tour dans votre hyper si
vous ne me croyiez pas, vous me remercierez.
Parce que ce qu'il y a dans l'assiette, il faut dire la vérité,
n'est pas important. L'essentiel est juste de pouvoir y accéder
facilement. Peu importe l'ivresse pourvu qu'on ait le flacon.
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L'éclairage courant |
17/08/2002 : 23:59
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Les moments d'absence sont de plus en plus présents. Je
m'arrête sans arrêt dans ma littérature, guidé
par la seule volonté de ne faire que ce que je veux et
quand je le veux.
Mouais.
En attendant, quelques jours de répit ne m'ont absolument
pas donné plus de matière première pour cet
exercice quotidien que je n'en possédais avant. C'est un
peu comme l'électricité, une substance qui ne se
stocke pas et c'est seulement quand on s'en sert qu'elle arrive,
toute prête à électriser les foules qui reviennent
du bain et qui se connectent pour prendre la température.
Alors là je dis attention ! Il ne s'agirait pas de nous
faire une Claude François avec toutes ces histoires d'EDF
et d'eau. Ne vous prenez pas pour des lumières et laissez
les professionnels, qui vous en doivent plus (ce sont eux qui
le disent), vous l'amener. Certes, le doute est permis quant à
l'heure du passage, mais avouez que tant que ce n'est pas un agent
du gaz qui vient distribuer le surplus, vous ne devriez pas sentir
la différence.
Je m'égare.
Les chroniques, ce sont comme les rencontres de football : il
faut les prendre les unes après les autres et ne pas se
prendre la tête, sauf si c'est pour en coller une dans la
lucarne pendant les arrêts de jeu, parce que là,
ça vaut le cou. Le cou qui se situe en dessous de la tête
qui se situe en dessous de la barre transversale. Vous me suivez
?
J'avais l'alternative de continuer mon éternisation (en
opposition à l'hivernation qui en fait se prononce hibernation
à cause du rhume attrapé, à moins que ce
ne soit lui qui nous attrape) pendant au moins une bonne journée
mais j'ai préféré vérifier que les
circuits étaient encore alimentés.
Tout est sous tension. Je ne fais pas encore d'étincelles
mais un peu de patience, la MMPP ne s'est pas faite en un jour.
Quoique.
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Le jour sans fin |
13/08/2002 : 22:10
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Tout va bien. Le temps passe et je retrouve chaque jour les éléments
familiers de mon univers. Chaque matin, en me dirigeant vers la
gare je traverse le centre commercial piétonnier au sein
duquel tant d'aventures me sont arrivées et je continue
à croiser certains des interprètes, acteurs involontaires
d'une scène de ma vie quotidienne :
- les pigeons qui ne savent toujours pas où ils vont, passant
leur temps à buller, mais dont le chemin croise inexorablement
le mien,
- les missionnaires en chemises blanches qui traquent le pigeon
pour le convertir en mouton,
- les décapitées cautérisées de la
veille qui peuvent tout juste enfiler un pull ras du cou, ce qui
en cette période temporellement tourmentée est un
peu limite,
- le gus qui passe le Karcher avec son surgénérateur
de bruits qui ne doit pas manquer de couvrir le barouf des camions
de livraisons qui empêcheraient sûrement le voisinage
de faire la grasse matinée s'il pouvait les entendre,
- les sondeurs qui tentent inlassablement de détourner
les passants de leur démarche commerciale dans le but de
mesurer l'abîme sans fond de la logique humaine,
- la fraîcheur du matin qui me fait regretter de me baser
sur des informations invérifiables à l'avance, comme
quoi, comme dit mon père, 'La prévision est un art
difficile, surtout quand elle concerne l'avenir'. C'est que ça
pense dans la famille, ça c'est moi qui vous le dis.
En réalité j'ai l'impression de ne plus être
très loin du jour sans fin qui se répète
inlassablement chaque matin.
Je dois garder l'oeil ouvert et l'esprit clair. Me rendre compte
que chaque jour est unique et qu'un de passé, c'est un
de moins. Ou un de plus suivant le côté où
je me trouve.
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A en perdre la boule |
12/08/2002 : 22:50
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Ce matin la météo s'est encore plantée.
Elle nous avait promis que le soleil pointerait ses dards en fin
de matinée. Résultat : à 22 heures et des
brouettes je les attends encore ces fameux rayons désertés
toute la journée. La boutique est restée fermée.
Elle ne fait pas le pont, elle fait le viaduc. Le soleil n'a pas
passé l'hiver, personne n'ose nous le dire mais c'est pourtant
ce qui est arrivé. D'ailleurs, au rayon des abonnés
absents on est toujours à la recherche des têtes
des mannequins de femmes qui posent dans les magasins de fringues.
Des dizaines de mutilées. Que dis-je, des centaines ! La
société de consommation est impitoyable avec la
réduction des cous. Un de ses jours un marchand de postiches
va nous étaler toute cette panoplie de têtes sans
corps, on y va tout droit. Mais cela prendra du temps car à
notre époque la tête de femme ne semble pas être
vendeuse. Pourtant on achète bien sur un coup de tête.
Quel est le rapport ? Je vous le demande.
Un jour ou l'autre la mode qui n'a ni queue ni tête prendra
le dessus et envahira nos rues. Et les mannequins étêtés
seront à la tête de ce mouvement de rébellion.
Quel est le message qui se cache derrière cette vision
stratégique appliquée aux dernières techniques
de vente ? Que cherche t'on à nous dire ?
Qu'au royaume des aveugles nous sommes les rois ?
Que ce qui ne se voit pas ne sert à rien ?
Qu'il n'y a rien à comprendre mais qu'il y avait une chronique
à écrire ?
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Le second souffle |
11/08/2002 : 22:40
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J'imagine que le second souffle vient juste après la fin
du premier.
Jusque là rien à dire : la logique est implacable,
le séquencement des moins imprévisibles et le tout
ne manque pas d'air.
Parfait. Ça déménage à la manière
d'El Nino, mélange les cartes, redistribue les atouts et
relance la partie.
Sauf que cette fois je n'ai pas besoin d'allumer la radio pour
avoir vent des dernières nouvelles sur le sujet.
Car je suis aux premières loges.
Mais quand sait-on qu'il est temps d'attaquer la réserve
pour se donner un nouvel élan ? Au début je pensais
que ce changement de rythme me serait donné de façon
évidente et que l'instant de la transition serait on ne
peut plus clair.
Je pensais que je saurais, un point c'est tout. Eh bien c'est
une erreur car ce que j'attends ne viendra pas.
Tout se fait dans la continuité la plus totale, sans à-coup,
jusqu'à ce que la respiration devienne plus difficile,
jusqu'à ce que le manque se fasse sentir.
Il est là le moment clé, celui que j'attends encore
alors qu'il est arrivé depuis belle lurette. A force de
regarder dans une direction précise en espérant
sa venue, je n'ai pas regardé ailleurs.
Le signe ne vient pas de l'extérieur.
Mais de l'intérieur.
Il est là.
Visible et invisible.
Proche et lointain.
Rassurant et terrifiant.
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L'apologie du sans fond |
07/08/2002 : 22:40
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En chaque Homme réside un inconnu qui ne se connaît
pas forcément lui-même.
Oui, je sais que l'heure n'est pas à la philosophie de
bas étage mais je ne peux m'empêcher de me faire
cette réflexion à chaque fois que les choses sensées
être immobiles bougent.
Allez, j'arrête pour ce soir car mon propos est largement
autosuffisant.
A chacun d'y puiser ce qu'il veut.
Pour ma part c'est un puits sans fond dans lequel je m'abreuve
chaque jour.
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Un goût de paradis |
06/08/2002 : 23:00
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Personne n'est à l'abri de se faire avoir par les apparences
un jour ou l'autre. Et même les oiseaux n'échappent
pas à cette banale constatation tout juste bonne à
alimenter les gazettes en mal de sensations.
J'en veux pour preuve la scène à laquelle j'ai assistée
ce matin et dont les uniques acteurs furent des moineaux que la
faim avait sûrement poussé à sortir de leur
tanière, encore que le terme me semble plus approprié
pour l'ours. Mais bien qu'à notre époque postglaciaire
il ne faut plus s'étonner de rien, la version polaire n'était
pas de sortie aujourd'hui, ce qui fait que j'ai dû me contenter
de quatre malheureux volatiles en quête de pitance.
Alors que je passais près du troupeau en question, je vis
un des convives picorer dans ce qui devait représenter
à ses yeux un met des plus fins et qui au final se révéla
n'être qu'un résidu de chewing gum à la chlorophylle.
Le malheureux objet de sa convoitise s'est alors collé
à son bec et il n'arrivait plus à s'en dépêtrer,
agitant la tête de droite à gauche pour tenter de
l'éjecter ou de se le foutre sur le dos, appliquant vraisemblablement
une technique connue de lui seul. Ses congénères,
le voyant se débattre avec ce qui semblait être une
proie encore vivante de belle facture, se mirent du coup et du
bec à l'aider ou, deuxième hypothèse, essayèrent
de lui voler son Hollywood. A dire vrai je n'ai pas réussi
à identifier plus précisément le but de la
manoeuvre tant les deux possibilités restent encore plausibles
à l'instant où j'écris cette chronique. Car
en moins de deux (deux quoi ? Vous ne saurez jamais et moi non
plus) ils étaient tous liés les uns aux autres par
des bouts de pâtes collantes, tissant une toile visible
dont on ne s'échappe apparemment pas. J'imagine qu'à
l'heure qu'il est ils doivent encore y être, jusqu'à
ce que... ben... en fait j'ai beau réfléchir je
ne vois pas vraiment de solution à leur problème.
Tiens, je leur dirai demain si je les croise, ça leur fera
sûrement plaisir.
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Missionnaire en chemise blanche |
05/08/2002 : 23:15
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Les mormons fleurissent dans la ville comme les valises dans
les couloirs du métro. Chaque année amène
son lot de missionnaires qui cherchent à convertir leurs
prochains, c'est-à-dire vous et moi. Ils sont facilement
reconnaissables : qu'il pleuve ou qu'il fasse beau ils portent
toujours une chemise blanche avec une cravate noire et un badge
doré sur lequel est inscrit, sûrement au cas où
ils l'oublieraient, leur nom.
La première fois, en 1993, je me suis laissé porter
par la curiosité. Après tout, si quelqu'un pouvait
m'expliquer simplement ce que signifiait croire en Dieu alors
que cela a toujours été un mystère pour moi
malgré mon cursus pourtant exemplaire en la matière
(par ma foi je le confirme), ma journée aurait été
des plus rentables. Cependant, comme je devais sentir le client
pas vraiment facile, ils s'y étaient mis à deux
pour essayer de mieux me cerner et de me diffuser la bonne parole
en stéréo. Je me souviens qu'ils avaient commencé
en disant quelque chose du style 'Bonjour, nous sommes Steve et
Marc. Nous venons du Canada et nous croyions en Dieu.' Moi, histoire
de déconner et de mettre de l'ambiance je leur avais juste
répondu : 'Bonjour et ben pas moi'. Une discussion de sourds
s'était alors engagée pendant au moins une bonne
demie-heure. Bien qu'ils parlaient français et que je le
pratiquais à l'époque depuis plusieurs décades,
je dois dire que ce fut une discussion de bien entendants, certes,
mais aussi et avant tout de mal compris. C'est assez marrant de
discuter avec quelqu'un sans qu'à aucun moment il n'y ait
d'intersection entre ce qu'on vous dit et ce que vous dites. J'avais
l'impression d'être dans la cinquième dimension,
celle dont on n'ose même pas faire de film tellement elle
rend fou rien que de ne pas y penser.
Maintenant, comme j'ai l'oeil je les repère facilement
ce qui me permet de les éviter. Ce n'est pas que j'ai peur
d'eux, bien au contraire. Mais voilà environ dix ans qu'ils
m'ont donné le livre des Mormons pour me récompenser
de je ne sais pas encore trop quoi, et comme je ne l'ai pas lu
cela risquerait de les vexer. Et à quoi cela servirait-il
que je les vexe ? A rien, alors si je peux aider mon prochain
en l'évitant, autant l'éviter.
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