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MICHEL MOHR'S
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Les chroniques du 05/08/02 au 17/09/02 sont ici.
 


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Petit mot dans le livre d'or
Email à Michel Mohr
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Il faut
17/09/2002 : 23:30

Il faut que j'écrive une chronique ce soir. Du genre de celle qui plaît au plus grand nombre. Certes, je n'ai pas de statistiques sur le sujet et je ne sais pas exactement quels ingrédients je dois utiliser ni en quelles quantités. Mais cela ne fait rien : il faut que j'écrive une chronique ce soir. Une qui tient tout le monde en haleine jusqu'à ce que la conclusion que personne n'attendait, y compris moi, arrive au terminus de mes délires.
Il faut.
Faut-il ?
A dire vrai je ne crois pas. Il faut mourir. Ça c'est du concret, du sûr, du solide sur lequel il est pourtant impossible de bâtir.
Tout le reste est optionnel.
Mais alors comment faire son choix si tout est potentiellement accessible ? Il est vrai que la société dans laquelle nous vivons restreint notre champ de vision en nous imposant de suivre des règles, des coutumes, des habitudes, et ceci pour le bien de tous. Car ce qui est bon pour la société est bon pour l'Homme. Et pas inversement.
Faut voir.
Le fait de vivre en communauté induit des effets de bords qui empêchent de se recentrer sur l'essentiel. Le coté pratique est que cela permet de rejeter la faute aux autres, au système, bref, de se déculpabiliser de notre propre incapacité à nous identifier en tant qu'individu. A moins que cette inaptitude soit un besoin que nous recherchons à satisfaire. Chercher la satisfaction pour ensuite se plaindre ? Connaissant la nature humaine, logique dans son illogicité, l'hypothèse me parait séduisante.
En attendant, la conclusion de cette chronique est proche. Tellement proche que je viens de la dépasser.

 

Etre, ou ne pas être à la page
15/09/2002 : 22:15

'Quand on a rien à dire, on ferait mieux de se taire !'.
Bof, faut voir. Si je m'étais fixé cette ligne de conduite aussi directive que subjective, je pense que la MMPP serait restée souvent sans voix, muette et sans parole. J'aurais rendu une copie blanche plus d'une fois et à dire vrai, je n'aurais peut-être pas commencé cette aventure faute de point de départ, de matière première ou d'objectif planifié. Je le reconnais et le revendique : ici tout est sans finalité, sans point de départ précis et le cheminement entre ces deux points qui n'existent pas se fait avec seulement des mots désordonnés dont certains ont fini par fuir le dictionnaire, à moins qu'ils n'aient jamais pu l'intégrer faute d'orthographe reconnue.
En plus, qu'est-ce que le Rien ? Déjà que l'exercice consistant à définir ce qui EST n'a pas de corrigé type, chacun définissant ses propres équations en y intégrant ses données personnelles, j'aime autant vous prévenir que celui qui tend à démontrer la présence du Rien (à ne surtout pas confondre avec l'absence de tout) me parait relever d'une quête sans fin qui mène inexorablement au néant.
Et puis ne dit-on pas que l'appétit vient en mangeant ? Comment peut on savoir qu'on a rien à dire si justement on ne dit rien ? En se lançant dans l'expression, le Rien ne va t'il pas céder sous le poids des idées et de la pensée dont la progression souvent incontrôlable, voire totalement immaîtrisable pour certains dont je tairai le nom pour éviter le plagiat, nous révèle des contrées inexplorées dont la seule évocation prouve bien qu'il y a quelque chose là-dessous ou derrière tout ça ?
Rassurez-vous, ce n'est rien. Rien d'autre qu'une chronique de plus dans un livre dont je tourne les pages au fur et à mesure du temps qui passe. Un livre étrange puisque chaque jour, c'est la dernière page que je tourne.

 

Le changement à l'identique
15/09/2002 : 00:40

La technique n'aura pas le dernier mot. Tout en conservant sa limpidité légendaire que vous appréciez tant (comme personne ne dit le contraire, j'extrapole, je diverge, bref, j'arrive à cette évidente conclusion), la MMPP a adopté depuis aujourd'hui les dernières trouvailles en matière de technologies informatiques appliquées. Enfin, disons mes dernières trouvailles puisqu'en l'occurrence je n'avais jamais cherché avant. Bon d'accord, pour être plus précis ce n'est pas moi qui ai trouvé la solution du problème qui n'en est plus un, c'est un professionnel de la profession qui me l'a donnée. Mais mon rôle secondaire fut toutefois primordial car c'est moi qui lui ai posé la question. Et sans question, il n'y aurait pas eu de réponse.
Acceptant la réalité comme un élément immuable, ce problème s'était transformé dès le début en fait, ce qui excluait la possibilité d'envisager l'existence d'une quelconque solution. Mais la synergie entre le monde du travail et celui du non-travail a parfaitement fonctionné. Et dans le sens contraire à d'habitude, voie mensuellement empruntée par voie bancaire interposée. Du coup la vérité a changé. Elle est toujours la vérité bien qu'étant autre. Etrange renversement de point de vue qui ne change pas les positions.
Mais qu'est-ce que je raconte ? Quelle est donc cette nouveauté miraculeuse qui brille par son apparente absence ?
C'est là toute la force du côté obscur qu'on ne peut pas détecter. Le truc qui est là mais qu'on ne voit pas. La chose indispensable que personne n'arrive à identifier mais qui remplit son office pour produire son effet. Ses effets.
Ok, peut-être pas les primaires, beaucoup trop évidents pour être visibles. Mais les secondaires, ceux qui ne sont pas présents sur la notice, qu'on découvre soi-même et qui prouvent que rien n'est identique à quelque chose.
Oui, plutôt ceux-là.

 

Le mauvais sens
11/09/2002 : 23:00

Celui qui a inventé la notation polonaise inversée devait être un sacré tordu. Déjà en respectant l'ordre naturel des choses j'aurais tendance à dire que le polonais doit être plus facile à parler qu'à comprendre. Mais si en plus on s'amuse à mettre les choses sens dessus dessous, je crois que ce n'est pas la peine de persévérer dans l'opération.
Bien sûr comme je ne peux parler que de ce que je connais (ah bon ?), mon expérience en la matière se réduit aux multiplications, soustractions et autres malversations comptables qu'une calculatrice utilisant la notation en question peut largement aider à résoudre, voire même à inventer. Néanmoins certains trouvent cela super : 'C'est plus proche de la machine !' Et alors ? C'est bien ça d'être près de la machine ? Moi je ne veux pas être près de quoi que ce soit, je veux le résultat exact de mon calcul. Alors excusez-moi mais une machine dans laquelle on rentre d'abord tous les chiffres d'un coup pour ensuite leur appliquer une tripotée de signes plus ou moins distinctifs, quelquefois divisés, je ne peux décemment pas lui faire confiance. Parce que l'opérateur (moi en l'occurrence) finit toujours au bout de quelques opérandes par ne plus savoir où il en est dans cette débauche de positivisme ou de négativisme effrénée seulement tempérée par la capacité maximale de la pile.
C'est comme les anglais, il faut toujours qu'il y en ait un qui ait envie de ne pas faire comme les autres, histoire d'entraîner dans son sillage ceux que la nouveauté impressionne et ceci quel que soit l'intérêt de l'invention. Le genre de gars qui aiment ce que les autres n'aiment pas et qui n'aiment plus ce qui devient trop aimé par les autres. Bref, ceux qui ne savent ce qu'ils veulent qu'en voulant l'inverse de ce que veulent les autres.
Ben voilà, pas la peine de chercher plus loin la genèse de cette manie de tout vouloir inverser, y compris le polonais qui a fini par y perdre son latin.
Et le bon sens dans tout ça ?

 

Y'a quelqu'un ?
09/09/2002 : 23:00

L'avis de la Poste que j'attendais depuis maintenant plus d'un mois est enfin arrivé à bon port. Je ne sais pas qui est responsable de ce retard mais néanmoins une chose est sûre : c'est bien le client qui paye, et en avance qui plus est. De cette façon l'ensemble se fond dans une moyenne, toujours au bénéfice du doute et du commerçant.
Internet vous simplifie la vie ! Certes, sauf que si au départ vous aviez une vie pas compliquée, l'équation s'inverse et la toile s'occupe de votre cas. En l'occurrence du mien. Que voulez-vous, avec mon téléphone portable qui ne possède plus qu'une autonomie de 15 minutes, je ne pouvais pas faire autrement que d'en commander un autre via le site de mon fournisseur. Une commande faite en deux temps trois mouvements dont un pour un petit coup de fil optionnel afin de décrocher un renseignement complémentaire, acte dérisoire avant le saut à pieds joints dans la piscine sans fond des méandres administratifs. Après tout s'est emballé très vite. Sauf hélas mon téléphone, perdu corps et âme (comprendre : batterie et carte SIM) excepté pour celui qui a mis la main dessus (comprendre : l'oreille). Bref, entre Bouygues, la Poste et mon Sagem actuel avec fil, sinon tout s'arrête avant qu'un correspondant ne décroche à l'autre bout, je me suis égaré dans le triangle des bermudes où même le couple émetteur-récepteur s'est perdu de vue à la simple évocation de mon cas. Tout cela pour m'entendre dire au bout de neuf appels et de dix minutes d'attente à chaque fois que 'Oui monsieur, votre téléphone s'est perdu, nous vous en envoyons un autre aujourd'hui'. Une information de dernière main car après avoir fait mon enquête (simple comme un coup de fil) je le savais déjà depuis quinze jours. Et eux aussi puisque je le leur avais dit. Mais les procédures sont les procédures. Une enquête chez Bouygues, c'est 10 jours, quel que soit le résultat. Et pis c'est tout. Et un prélèvement pour payer un téléphone c'est à la commande que ça se passe. Et pis c'est tout.
J'ai bon espoir que le problème soit maintenant résolu et que dès que j'aurai pu passer à la Poste tout sera réglé (conceptuellement parlant puisque financièrement l'affaire est dans le sac. Le leur). Il faut juste que j'arrive à trouver un créneau avant que d'autres procéduriers ne renvoient le tout à l'expéditeur pour dépassement du délai de garde. Là ce serait le grand chelem !

 

Le tabagisme mobile
05/09/2002 : 23:40

Depuis quelques jours je m'énerve systématiquement à chaque fois qu'une personne allume une cigarette juste devant moi lorsque je marche dans la rue derrière elle, position inconfortable qui fait que du coup je me ramasse toute la fumée en pleine gueule, situation que les plus polis que moi nomment pompeusement 'le tabagisme passif'.
Je ne sais pas pourquoi je me réveille seulement maintenant alors que, mon trajet n'ayant pas changé et la vie étant toujours ce qu'elle est, j'imagine avoir connu exactement les mêmes désagréments par le passé sans pourtant jamais m'en plaindre.
C'est vrai ça aussi.
Seulement voilà, depuis que j'ai pris conscience du phénomène, au cours d'une journée où les nuages se disputaient l'occupation des cieux avec la couleur bleue dont on ne sait toujours pas (entre parenthèses) d'où elle provient exactement, eh bien depuis ce moment je constate que cela m'arrive au moins cinq fois par jour, ce qui représente en clair l'équivalent d'un peu plus d'un paquet par semaine. Eh oui, quand même.
Ceci dit, lorsque la scène se déroule dans un endroit où il est possible de doubler son prochain, qui en l'occurrence me précède, je mets rapidement le paquet et m'en sors généralement à bon compte à coups de dépassements par la droite. Mais lorsque cela se passe sur un trottoir exiguë empêchant toute manoeuvre de dédoublement de la personnalité en question, c'est la file indienne assurée. Dans ce cas il me reste la technique de l'apnée prolongée par immersion totale dans l'air intérieur, technique éprouvée qui remplit son office à défaut des poumons jusqu'à ce que ne tenant plus je me remette, sous le coup d'une inspiration que certains appellent aussi le coup de génie, à respirer au moment précis où le nuage de fumée arrive à mon niveau.
Il existe aussi une dernière technique qui demande de la pratique sans l'être et qui consiste à synchroniser ses appels d'air avec le rythme de taffage du blaireau tabaphile (ce n'est pas le Petit Robert qui m'aurait aidé sur ce coup là). Parce qu'en y regardant de plus près, il faut reconnaître que la scène ressemble beaucoup aux conversations à distance qu'entretenaient les indiens à l'époque où les SMS n'existaient pas encore.
J'imagine qu'il doit encore rester quelque chose de tous ces gestes ancestraux partis en fumée et je crois que par conséquent le rituel du dépendant consiste ni plus ni moins à émettre un message de détresse disparaissant en fumée aussitôt après avoir été émis. Je ne sais pas si le réseau risque d'être saturé mais en ce qui concerne mes récepteurs, la limite est atteinte.

 

La dictionnarisation adversitaire
03/09/2002 : 21:00

La dernière mouture du Petit Robert vient de sortir avec à l'intérieur toutes les nouveautés en matière d'aberrations linguistiques. Cela fait maintenant des décennies que le combat mené par cet édifice référentiel avec l'autre éditeur de bons mots, j'ai nommé le Larousse, se poursuit à coups phrases acérées, de citations antiques réactualisées et de termes racoleurs qui viennent de la rue et qui doivent faire vendre par la même occasion. Et tout cela pour quoi ? Pour avoir le dernier mot ? Allons donc, le profitarisme dirige toute cette campagne d'annexion et de maîtrise des idiomes. Faire de la tune avec des mots. N'est-ce pas là un jeu qui en vaut la peine ? D'ailleurs, le dico n'est-il pas un concentré de tout ce qui a pu être écrit depuis l'invention de l'expression scripturale par Clairefontaine, acte auto-salvateur lui ayant permis de pouvoir vendre son papier dont il ne savait pas quoi faire jusque là ?
J'ai abandonné cette course contre la montre avant même de m'y engager. Je reste fidèle à mon Larousse de 1979 et quant au reste je me débrouille tout seul, cherchant à imager mon langage par des créations qui ne passeront jamais à la postérité de l'impression. Le langage est quelque chose d'instinctif qui sert à symboliser un concept ou une chose. L'essentiel est donc de réussir à faire passer le message le plus fidèlement possible. Alors peu importe ce qui est autorisé ou ce qui ne l'est pas. Je n'aime pas l'idée que les mots ne puissent provenir que d'un recueil exhaustif conçu par d'autres, telle une prison de laquelle nous ne pouvons pas nous échapper.
Moi je dis qu'il nous manque des mots. En tout cas il m'en manque. Je suis sûr qu'il y a des tas de choses qu'on ne dit jamais parce qu'on ne peut tout simplement pas les dire, faute de moyens. Grâce à nos facultés d'adaptation nous avons réussi à nous restreindre verbalement pour nous cantonner à quelques 40000 mots avec lesquels nous devons étiqueter l'ensemble de nos réalités et de nos rêves, les transformant et les dénaturant sans respecter leur caractère indescriptible.
J'en arrive à croire que les mots sont l'ennemi de l'expression. C'est dire. Et écrit.

 

Le temps de ne rien dire
02/09/2002 : 23:54

C'est bien beau de ne pas rater la fin du mois d'août, mais lorsqu'il s'agit d'enchaîner avec le début du mois suivant qui (une fois de plus le temps qui passe est d'une prévisibilité affligeante) se trouve être septembre, force est de constater qu'il n'y a plus grand monde sur la MMPP. Eh oui, il faudra s'y habituer : les mois chauds et beaux sont finis. Il faut dire que les jours défilent si vite qu'on ne les avait même pas vus passer !
De toute façon, peu importe ces détails techniques qui en réalité n'embêtent que ceux qui sont en vacances et qui, ne voulant pas passer pour des loosers de première, déclareront à tous leurs collègues déjà affairés que oui, eux ils ont eu un superbe soleil. Moi je vous le dis, si j'additionne tous les microclimats dont la France s'est pourvue cette année, fertile à la limite de l'impossible, j'en conclue que la macro-mouise n'est qu'une vue de l'esprit seulement partagée par les masses laborieuses. Un genre d'hallucination collective qui ne frappe que ceux qui abusent du travail, fournisseur numéro un de l'opium du peuple depuis que la perspective du paradis ne fait plus rêver personne.
Mais comme je le disais, peu importe car cela ne change rien à tout le reste. Or c'est bien le reste qui est important, pas le fait de savoir s'il faisait beau à Tataouine vers le début de la fin du mois d'août. Parce que ça, il faut reconnaître que tout le monde s'en fout. Ben oui. Sauf peut être les tataouinés et les tataouinettes.
D'un autre côté, cela fait des sujets de conversations faciles qui ne prêtent pas à conséquences, qui n'engagent personne et qui remplissent à merveille leur rôle de bouche-trou noir lorsque les blancs commencent à prendre la parole.
Le rôle du temps, qu'il soit beau ou mauvais, est de nous protéger de ce qui est devenu insoutenable en pleine ère de la communication, de l'indicible acte qui consiste tout simplement à se taire.

 

A contresens
31/08/2002 : 23:58

Je ne voulais absolument pas rater la dernière chronique du mois d'août. Ah non ! Parce que cet événement ne se produit qu'une seule fois par an. Eh oui. L'éclipse totale de mise à jour de la MMPP n'est pas encore à l'ordre de la nuit. J'y veille personnellement, surpris par l'invraisemblance de ce qui m'entoure qui me parait encore plus irréel qu'une journée d'été ensoleillée. Car ce qui était ne sera plus : il ne faut pas chercher plus loin notre situation actuelle où la pluie se dispute à l'orage nos tentatives d'esquive, protégés par l'appendice qui transforme notre bras en arme défensive, j'ai nommé le parapluie, futile sauveur contre le fin crachin qui, j'en parierais mes idées saugrenues, passe entre les mailles du filet à l'image d'une journée de pêche perdue dans l'océan de l'imprévisible.
D'accord, mais qu'est-ce que que tout cela veut dire ?
Qu'il ne faut plus rien attendre des noms ronflants que nous livre le calendrier, qu'il ne faut plus se laisser berner par les arts divinatoires de la prévision météorologique qui ne trouve son sens que dans le besoin de croyances du peuple. Oui, les choses existent parce que certains y croient. Il n'est pas nécessaire de chercher plus loin les fondements même de ce qui fait notre quotidien.
Les mécréants ne sont que des aveugles volontaires qui refusent de voir et de reconnaître la vérité qui leur est proposée. Au lieu de céder à la facilité ils s'aident eux-mêmes, tentant de trouver leur voie parmi cet enchevêtrement de routes assez déroutant. La seule différence est que ne possédant pas de cartes qui fixent de limites, celui qui ne croit en rien peut aller n'importe où, plus loin ou nulle part, au grès de sa volonté, de son pouvoir et de ses doutes.
Seul et perdu dans le référentiel communément reconnu. Libre et entier dans le mien.

 

Sur les nerfs
28/08/2002 : 23:30

Quand j'y pense je me dis qu'il y a plein de trucs pour lesquels je pourrais m'énerver si je voulais. Des petites choses qui me font perdre du temps et de la patience à force d'essayer de les régler bien qu'elles ne soient pas de mon fait.
Enervant je vous dis.
D'un autre côté, ce sont des points tellement peu importants que cela ne vaut vraiment pas le coup de s'emporter.
Quoique. Parce que s'il faut attendre que les événements s'emballent au delà du raisonnable pour réagir, où cela va t'il me mener ? Car où se situe la frontière à ne pas franchir qui sépare la zone de zénitude de celle du rentre dedans ? En réalité son positionnement doit dépendre des jours, ce qui prouve bien que cela n'a pas de sens car si tout était logique il n'y aurait plus à réfléchir, nous appliquerions la procédure adéquate sans nous poser la question du passage à l'acte. Seulement où serait la surprise ? Si chacun d'entre nous adopte le même référentiel, cela revient à dire que soit tout le monde est d'accord sur tout, ce qui risque de nous lasser au point de nous énerver puisque je trouve que bien souvent l'intérêt naît de la divergence, soit personne n'est d'accord sur rien ce qui fait qu'on se retrouve dans le même système répétitif qui finit par générer une certaine lassitude pourtant peu compatible avec un effort soutenu au niveau de la véhémence du désaccord.
La conclusion à laquelle j'arrive est donc qu'il vaut mieux s'énerver quand on en a envie, et surtout si les autres restent calmes. C'est ainsi que nous sommes les plus efficaces, quand il y a toujours quelqu'un qui pète les plombs. Et si ce n'est jamais le même c'est encore mieux. Alors ne laissez pas passer votre tour : c'est pour le bien de tous.

 

Quoi de neuf docteur ?
26/08/2002 : 23:56

Il faut toujours respecter les consignes car si elles existent c'est qu'il doit y avoir une raison que l'arrogance ignore.
Prenez par exemple le métro : il est de notoriété publique que lorsque le signal sonore annonce la fermeture des portes toute entrée est interdite. Je ne l'invente pas cette consigne : elle est affichée dans toutes les rames. Elle est même explicitement annoncée par un autocollant mettant en scène un lapin vêtu d'une salopette jaune qui se fait pincer les doigts entre les portes automatiques, guillotines des temps modernes s'il en est. 'Tu fais gaffe à tes doigts sinon tu risques de te faire pincer très fort' : tel est en substance le message, ou à peu de chose près, véhiculé à longueur de rames à tous les voyageurs qui auraient envie de se faire la main, histoire de tester leur doigté.
Mais pourquoi un lapin en salopette jaune ? Remarquez je me demande ce qu'un lapin pourrait porter d'autre. Un jean Levi's sans couture qui vous fait tourner la tête ? Non, non, il faut être honnête, la salopette jaune ça pose un lapin, ça crédibilise le discours sans effrayer les enfants. Ça informe en douceur, ça instruit en amusant.
Il est bien là le problème : tant qu'on ne nous montrera pas la vérité ces campagnes de prévention n'auront jamais d'effets secondaires, les premiers étant de se marrer. Il faut voir de visu un vrai serrage pour comprendre la portée de cette bonne parole proférée par un grignoteur en accoutrement couleur luzerne. Parce qu'un lapin qui se fait coincer la mimine dans une porte, c'est peut-être poétique, mais ça ne risque pas d'arriver. A la rigueur à la sortie d'une soirée arrosée on peut quelquefois apercevoir un éléphant rose s'asseoir sur le strapontin qui nous fait face, mais ça ne va pas plus loin.
Non, ce qu'il faut c'est une campagne grandeur nature avec des vrais humains, à la limite en salopettes jaunes. Une démonstration comme celle à laquelle j'ai assisté cet après-midi. Avec tous les indices présents dans cette chronique vous savez déjà que cela se passait dans le métro et que la sonnerie de fermeture avait retenti depuis fort longtemps (d'ailleurs le lapin, sentant le coup fourré, s'était déjà fait la malle) quand une bonne femme, jouant sûrement à passe-murailles pendant ses heures perdues sans jamais gagner, tenta une entrée à un moment où même les plus téméraires remettent au lendemain ce que de toute façon ils n'auraient pas pu faire aujourd'hui. Bref, voilà l'andouille en question coincée entre les portes, une moitié à l'intérieur et l'autre moitié à l'extérieur de la rame, poussant des cris d'orfraie en attendant que quelqu'un débloque la situation en plus de sa personne. Moi comme je regardais, je ne pouvais rien faire. En plus je pense que la meilleure tactique était d'attendre parce que dans l'opération il aurait bien pu y avoir 50% de pertes, et ceci quel que soit le côté où on se plaçait. Et puis si c'est pour se faire couillonner comme le lapin en salopette jaune, non merci. Elle n'a qu'à respecter les consignes la greluche, ça lui apprendra. Et puis au pire elle n'a eu qu'à attendre le prochain arrêt. Pour se changer. Et mettre une salopette jaune.

 

La chronique fleuve
24/08/2002 : 23:55

La concentration est un acte d'abstraction ultime, une mise entre parenthèses de l'environnement permettant une réécriture mentale de la réalité. C'est quelque part une volonté délibérée de refaire l'histoire, sa propre histoire. Je trouve assez fascinant qu'il soit possible d'orienter ses propres pensées dans une direction consciemment choisie. C'est un peu comme si on détournait un cours d'eau momentanément de son parcours pour le faire cheminer le long d'autres contrées. Et dès que cette déviation n'a plus de sens ou que l'effort la permettant n'est plus présent, tout reprend sa place et les anciens canaux sont à nouveau empruntés.
Alors, à quoi cela sert-il ?
Quelle est l'utilité de cette démarche éphémère qui finit toujours par céder sa place à la même routine faite d'habitudes, bonnes ou mauvaises ?
J'ai l'impression que tout cela suit une logique implacable : le quotidien n'est supportable que si de temps en temps on en sort.
Les vacances après le travail.
Le sommeil après l'éveil.
La mort après la vie.

 

La procédure au long cours
21/08/2002 : 22:30

L'honnêteté ne coûte rien. Je dirais même que de nos jours ce serait plutôt le contraire.
Tenez, un exemple : au mois de mai dernier j'ai reçu un remboursement de ma mutuelle. Une somme symbolique sur laquelle je ne comptais pas puisqu'en l'occurrence celle que j'appelle ma mutuelle appartenait sûrement à l'époque à quelqu'un d'autre car j'avais déjà quitté ma société depuis une bonne année. Enfin, ma société...
Bref, n'aimant pas profiter des largesses erronées d'une bureaucratie qui ne croit que ce qu'elle voit, j'avais appelé ces philanthropes d'un jour pour leur signaler l'erreur. Déjà je fis face à l'incrédulité de mon interlocutrice qui n'avait jamais dû réceptionner une plainte de cette nature et qui finit par me confirmer, après vérification, que non, c'était normal puisque je travaillais encore dans cette firme. C'était écrit sur son écran d'ordinateur donc le doute n'était pas permis puisque, comme chacun le sait, depuis le boom des nouvelles technologies la vérité ne sort plus de la bouche des enfants mais des disques durs. 'Non madame, j'ai quitté cette boite le 31 mai 2001' 'Et ils sont au courant ?'. C'était bien la peine d'organiser un pot de départ avec 120 invités, un discours et un cadeau pour qu'au final personne ne soit informé de l'embrouille. En plus, même si le doute était permis il y avait des signes qui ne trompaient pas : un compte courant qui se vidait de l'intérieur sans voir l'apport de liquidités salariales. Au moins le service paie avait eu vent de l'affaire. C'est sûr.
Ayant réussi à convaincre la greluche de l'état de ma situation et de l'erreur, elle me dit alors que mon dossier serait traité et que je serai rayé des listes au bout d'une procédure dont on m'en dirait des nouvelles. Proposant de lui envoyer un chèque du montant du litige (apparemment uniquement un litige de moi envers moi-même) dans la foulée, elle me rétorqua que j'allais recevoir un avis qui me le demanderait et que je ne devais rien poster d'ici là sous peine de foutre un beau bordel dans leur compta.
Soit.
Aujourd'hui, recevant enfin un courrier de cette mutuelle, je me suis dis qu'enfin le dossier avait suivi son cours jusqu'à son terme et qu'on me réclamait les 30 euros objet de cette chronique.
Que nenni.
En fait, c'est juste pour m'envoyer la feuille de choux trimestrielle de l'organisme en question. Celle destinée aux affiliés...
Moi, je veux bien être honnête, mais si ça ne coûte rien et qu'en plus cela rapporte, quel est l'intérêt ?

 

La démarche de progrès enfin appliquée
18/08/2002 : 19:00

Le concept de réalité ne fait qu'évoluer au fur et à mesure de l'avancement des techniques qui s'adaptent pour faciliter notre quotidien, pour qu'il ne soit plus une corvée et que nous puissions enfin nous concentrer sur l'essentiel. Mais qu'est-ce que l'essentiel ? Encore une abstraction propre à chacun que les publicitaires, médias et autres vendeurs à la noix cherchent à uniformiser pour leur plus grand bien.
Alors quand enfin quelqu'un se décide à faire quelque chose pour vous, peu importe que cela ne soit qu'une avancée personnelle. De toute façon le progrès universel n'est-il pas qu'un fantôme moribond qui ne sort même plus de chez lui tellement il a peur de lui même ? Hein, c'est pas une bonne question ça ?
Bon, pour faire dans le concret je vais prendre un exemple précis qui me concerne de très près, au moins une fois par jour, voire même deux fois dans les mauvais : se faire à manger. Le voilà le vrai problème du célibataire moderne qui cherche à survivre en milieu urbain. Il faut arrêter de raconter des conneries sur le sujet car seuls ceux qui y ont goûté savent ce que représente cette corvée qui n'a pas d'autre intérêt que d'enrichir le complexe alimentaro-industriel. Heureusement, ce dernier est à l'écoute du marché et là où il y a de la tune à se faire il y a des solutions innovantes.
Prenons par exemple les plats tous faits dont la dernière touche d'originalité de la part du consommateur consiste à réchauffer le paquet au micro-ondes. Eh bien avant on avait droit aux sachets qu'il fallait essayer de découper après le passage au four pour profiter de son investissement. Combien de brûlures, combien d'énervement et de repas gâchés par ce manque de praticité ? Ils auraient pu faire un package 'repas + Urgo' parce que pour le coup il n'était pas que dans l'air.
Préhistorique je vous dis. Rompu à la manoeuvre j'avais abandonné depuis fort longtemps ce genre d'amusement et préférais largement découper les sachets froids, verser le tout dans une assiette et ensuite seulement passer à l'étape du réchauffage. Plus pratique. Sauf qu'il faut savoir qu'il existe dans la nature des aliments qui ne se démoulent qu'à chaud. Si. Je prends un exemple sorti tout droit de mon frigo : les 'Fricadelles de porc, sauce à la tomate et au basilic, purée de pommes de terre à la crème' (je n'invente pas c'est écrit dessus). Pour remettre dans le droit chemin les gourmands alléchés, je dirai qu'en langage clair le plat se compose de deux vagues simili-boulettes d'origine incontrôlée se battant en duel dans un liquide rougeâtre pendant qu'un zeste de purée qui n'a pas dû voir une pomme de terre depuis l'annexion de la frite par Mac Cain dans les années 80 tente d'échapper à la noyade par un phénomène de sustentation appliqué aux matières non magnétiques. Eh bien je vous assure qu'il est impossible de sortir la purée à froid du sachet. Et que l'expulsion de la boulette au jus relève de la peinture abstraite appliquée aux vêtements et aux murs de cuisine.
Pitoyable.
C'est alors que survint la barquette micro-ondable, merveille de technologie qui évite toute manipulation délicate et tout risque d'énervement par brûlure ou noyade. Une invention qui figure au Panthéon de la vie facile et dont les inventeurs mériteraient le titre de bienfaiteurs du célibat. Allez donc faire un tour dans votre hyper si vous ne me croyiez pas, vous me remercierez.
Parce que ce qu'il y a dans l'assiette, il faut dire la vérité, n'est pas important. L'essentiel est juste de pouvoir y accéder facilement. Peu importe l'ivresse pourvu qu'on ait le flacon.

 

L'éclairage courant
17/08/2002 : 23:59

Les moments d'absence sont de plus en plus présents. Je m'arrête sans arrêt dans ma littérature, guidé par la seule volonté de ne faire que ce que je veux et quand je le veux.
Mouais.
En attendant, quelques jours de répit ne m'ont absolument pas donné plus de matière première pour cet exercice quotidien que je n'en possédais avant. C'est un peu comme l'électricité, une substance qui ne se stocke pas et c'est seulement quand on s'en sert qu'elle arrive, toute prête à électriser les foules qui reviennent du bain et qui se connectent pour prendre la température. Alors là je dis attention ! Il ne s'agirait pas de nous faire une Claude François avec toutes ces histoires d'EDF et d'eau. Ne vous prenez pas pour des lumières et laissez les professionnels, qui vous en doivent plus (ce sont eux qui le disent), vous l'amener. Certes, le doute est permis quant à l'heure du passage, mais avouez que tant que ce n'est pas un agent du gaz qui vient distribuer le surplus, vous ne devriez pas sentir la différence.
Je m'égare.
Les chroniques, ce sont comme les rencontres de football : il faut les prendre les unes après les autres et ne pas se prendre la tête, sauf si c'est pour en coller une dans la lucarne pendant les arrêts de jeu, parce que là, ça vaut le cou. Le cou qui se situe en dessous de la tête qui se situe en dessous de la barre transversale. Vous me suivez ?
J'avais l'alternative de continuer mon éternisation (en opposition à l'hivernation qui en fait se prononce hibernation à cause du rhume attrapé, à moins que ce ne soit lui qui nous attrape) pendant au moins une bonne journée mais j'ai préféré vérifier que les circuits étaient encore alimentés.
Tout est sous tension. Je ne fais pas encore d'étincelles mais un peu de patience, la MMPP ne s'est pas faite en un jour. Quoique.

 

Le jour sans fin
13/08/2002 : 22:10

Tout va bien. Le temps passe et je retrouve chaque jour les éléments familiers de mon univers. Chaque matin, en me dirigeant vers la gare je traverse le centre commercial piétonnier au sein duquel tant d'aventures me sont arrivées et je continue à croiser certains des interprètes, acteurs involontaires d'une scène de ma vie quotidienne :
- les pigeons qui ne savent toujours pas où ils vont, passant leur temps à buller, mais dont le chemin croise inexorablement le mien,
- les missionnaires en chemises blanches qui traquent le pigeon pour le convertir en mouton,
- les décapitées cautérisées de la veille qui peuvent tout juste enfiler un pull ras du cou, ce qui en cette période temporellement tourmentée est un peu limite,
- le gus qui passe le Karcher avec son surgénérateur de bruits qui ne doit pas manquer de couvrir le barouf des camions de livraisons qui empêcheraient sûrement le voisinage de faire la grasse matinée s'il pouvait les entendre,
- les sondeurs qui tentent inlassablement de détourner les passants de leur démarche commerciale dans le but de mesurer l'abîme sans fond de la logique humaine,
- la fraîcheur du matin qui me fait regretter de me baser sur des informations invérifiables à l'avance, comme quoi, comme dit mon père, 'La prévision est un art difficile, surtout quand elle concerne l'avenir'. C'est que ça pense dans la famille, ça c'est moi qui vous le dis.
En réalité j'ai l'impression de ne plus être très loin du jour sans fin qui se répète inlassablement chaque matin.
Je dois garder l'oeil ouvert et l'esprit clair. Me rendre compte que chaque jour est unique et qu'un de passé, c'est un de moins. Ou un de plus suivant le côté où je me trouve.

 

A en perdre la boule
12/08/2002 : 22:50

Ce matin la météo s'est encore plantée. Elle nous avait promis que le soleil pointerait ses dards en fin de matinée. Résultat : à 22 heures et des brouettes je les attends encore ces fameux rayons désertés toute la journée. La boutique est restée fermée. Elle ne fait pas le pont, elle fait le viaduc. Le soleil n'a pas passé l'hiver, personne n'ose nous le dire mais c'est pourtant ce qui est arrivé. D'ailleurs, au rayon des abonnés absents on est toujours à la recherche des têtes des mannequins de femmes qui posent dans les magasins de fringues. Des dizaines de mutilées. Que dis-je, des centaines ! La société de consommation est impitoyable avec la réduction des cous. Un de ses jours un marchand de postiches va nous étaler toute cette panoplie de têtes sans corps, on y va tout droit. Mais cela prendra du temps car à notre époque la tête de femme ne semble pas être vendeuse. Pourtant on achète bien sur un coup de tête. Quel est le rapport ? Je vous le demande.
Un jour ou l'autre la mode qui n'a ni queue ni tête prendra le dessus et envahira nos rues. Et les mannequins étêtés seront à la tête de ce mouvement de rébellion.
Quel est le message qui se cache derrière cette vision stratégique appliquée aux dernières techniques de vente ? Que cherche t'on à nous dire ?
Qu'au royaume des aveugles nous sommes les rois ?
Que ce qui ne se voit pas ne sert à rien ?
Qu'il n'y a rien à comprendre mais qu'il y avait une chronique à écrire ?

 

Le second souffle
11/08/2002 : 22:40

J'imagine que le second souffle vient juste après la fin du premier.
Jusque là rien à dire : la logique est implacable, le séquencement des moins imprévisibles et le tout ne manque pas d'air.
Parfait. Ça déménage à la manière d'El Nino, mélange les cartes, redistribue les atouts et relance la partie.
Sauf que cette fois je n'ai pas besoin d'allumer la radio pour avoir vent des dernières nouvelles sur le sujet.
Car je suis aux premières loges.
Mais quand sait-on qu'il est temps d'attaquer la réserve pour se donner un nouvel élan ? Au début je pensais que ce changement de rythme me serait donné de façon évidente et que l'instant de la transition serait on ne peut plus clair.
Je pensais que je saurais, un point c'est tout. Eh bien c'est une erreur car ce que j'attends ne viendra pas.
Tout se fait dans la continuité la plus totale, sans à-coup, jusqu'à ce que la respiration devienne plus difficile, jusqu'à ce que le manque se fasse sentir.
Il est là le moment clé, celui que j'attends encore alors qu'il est arrivé depuis belle lurette. A force de regarder dans une direction précise en espérant sa venue, je n'ai pas regardé ailleurs.
Le signe ne vient pas de l'extérieur.
Mais de l'intérieur.
Il est là.
Visible et invisible.
Proche et lointain.
Rassurant et terrifiant.

 

L'apologie du sans fond
07/08/2002 : 22:40

En chaque Homme réside un inconnu qui ne se connaît pas forcément lui-même.
Oui, je sais que l'heure n'est pas à la philosophie de bas étage mais je ne peux m'empêcher de me faire cette réflexion à chaque fois que les choses sensées être immobiles bougent.
Allez, j'arrête pour ce soir car mon propos est largement autosuffisant.
A chacun d'y puiser ce qu'il veut.
Pour ma part c'est un puits sans fond dans lequel je m'abreuve chaque jour.

 

Un goût de paradis
06/08/2002 : 23:00

Personne n'est à l'abri de se faire avoir par les apparences un jour ou l'autre. Et même les oiseaux n'échappent pas à cette banale constatation tout juste bonne à alimenter les gazettes en mal de sensations.
J'en veux pour preuve la scène à laquelle j'ai assistée ce matin et dont les uniques acteurs furent des moineaux que la faim avait sûrement poussé à sortir de leur tanière, encore que le terme me semble plus approprié pour l'ours. Mais bien qu'à notre époque postglaciaire il ne faut plus s'étonner de rien, la version polaire n'était pas de sortie aujourd'hui, ce qui fait que j'ai dû me contenter de quatre malheureux volatiles en quête de pitance.
Alors que je passais près du troupeau en question, je vis un des convives picorer dans ce qui devait représenter à ses yeux un met des plus fins et qui au final se révéla n'être qu'un résidu de chewing gum à la chlorophylle. Le malheureux objet de sa convoitise s'est alors collé à son bec et il n'arrivait plus à s'en dépêtrer, agitant la tête de droite à gauche pour tenter de l'éjecter ou de se le foutre sur le dos, appliquant vraisemblablement une technique connue de lui seul. Ses congénères, le voyant se débattre avec ce qui semblait être une proie encore vivante de belle facture, se mirent du coup et du bec à l'aider ou, deuxième hypothèse, essayèrent de lui voler son Hollywood. A dire vrai je n'ai pas réussi à identifier plus précisément le but de la manoeuvre tant les deux possibilités restent encore plausibles à l'instant où j'écris cette chronique. Car en moins de deux (deux quoi ? Vous ne saurez jamais et moi non plus) ils étaient tous liés les uns aux autres par des bouts de pâtes collantes, tissant une toile visible dont on ne s'échappe apparemment pas. J'imagine qu'à l'heure qu'il est ils doivent encore y être, jusqu'à ce que... ben... en fait j'ai beau réfléchir je ne vois pas vraiment de solution à leur problème. Tiens, je leur dirai demain si je les croise, ça leur fera sûrement plaisir.

 

Missionnaire en chemise blanche
05/08/2002 : 23:15

Les mormons fleurissent dans la ville comme les valises dans les couloirs du métro. Chaque année amène son lot de missionnaires qui cherchent à convertir leurs prochains, c'est-à-dire vous et moi. Ils sont facilement reconnaissables : qu'il pleuve ou qu'il fasse beau ils portent toujours une chemise blanche avec une cravate noire et un badge doré sur lequel est inscrit, sûrement au cas où ils l'oublieraient, leur nom.
La première fois, en 1993, je me suis laissé porter par la curiosité. Après tout, si quelqu'un pouvait m'expliquer simplement ce que signifiait croire en Dieu alors que cela a toujours été un mystère pour moi malgré mon cursus pourtant exemplaire en la matière (par ma foi je le confirme), ma journée aurait été des plus rentables. Cependant, comme je devais sentir le client pas vraiment facile, ils s'y étaient mis à deux pour essayer de mieux me cerner et de me diffuser la bonne parole en stéréo. Je me souviens qu'ils avaient commencé en disant quelque chose du style 'Bonjour, nous sommes Steve et Marc. Nous venons du Canada et nous croyions en Dieu.' Moi, histoire de déconner et de mettre de l'ambiance je leur avais juste répondu : 'Bonjour et ben pas moi'. Une discussion de sourds s'était alors engagée pendant au moins une bonne demie-heure. Bien qu'ils parlaient français et que je le pratiquais à l'époque depuis plusieurs décades, je dois dire que ce fut une discussion de bien entendants, certes, mais aussi et avant tout de mal compris. C'est assez marrant de discuter avec quelqu'un sans qu'à aucun moment il n'y ait d'intersection entre ce qu'on vous dit et ce que vous dites. J'avais l'impression d'être dans la cinquième dimension, celle dont on n'ose même pas faire de film tellement elle rend fou rien que de ne pas y penser.
Maintenant, comme j'ai l'oeil je les repère facilement ce qui me permet de les éviter. Ce n'est pas que j'ai peur d'eux, bien au contraire. Mais voilà environ dix ans qu'ils m'ont donné le livre des Mormons pour me récompenser de je ne sais pas encore trop quoi, et comme je ne l'ai pas lu cela risquerait de les vexer. Et à quoi cela servirait-il que je les vexe ? A rien, alors si je peux aider mon prochain en l'évitant, autant l'éviter.