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Le sens de l'histoire |
02/11/2003 : 17:20
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Je m'aperçois que moins je chronique et plus il est difficile
de m'adonner à ce jeu d'écritures.
A moins que ce ne soit le contraire.
Mais après tout, pourquoi chercher une raison à
cela alors que rien ni personne ne me demande de le faire ?
La tentation est grande de chercher une explication rationnelle
et logique, afin de comprendre, d'apprendre et de progresser.
Comme si tout ce que nous faisons devait avoir un sens.
Peut-être qu'au fond tout en a un.
Ou que rien n'en a.
Et peut-être qu'encore plus au fond, il n'y a aucune différence
entre ces deux possibilités.
Il y a bien un sens commun qui tout en justifiant des tas de choses
ne fait que nous contraindre un peu plus à un mode externe
de pensée et d'action. Il est si rassurant de s'appuyer
sur des certitudes partagées par tous. Rien n'est laissé
au hasard, au doute, au questionnement.
Hélas, ou heureusement, le bon sens n'existe pas. C'est
pour cela qu'il peut se partager et que chacun peut s'y raccrocher
faute de pouvoir s'en passer.
Alors une chronique de plus ou de moins, quelle importance cela
a-t-il ?
Une question en apparence subsidiaire.
En apparence. Trompeuse.
Cette question est primordiale. Elle est le sens même de
la voie que je suis. Le reflet de ce vers quoi je vais.
Une chronique de moins c'est important. Une chronique de plus
c'est essentiel.
Pourquoi ?
Je ne sais pas pourquoi mais je le sais.
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La banque à qui payer |
20/10/2003 : 21:35
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Dans la série de ceux qui me cherchent mais qui préféreraient
que je ne les trouve pas, j'ai repéré ces derniers
temps toute une organisation en marche dans le sens du foutage
de gueule, exercice bénéfique pour ceux qui le pratiquent
et maléfique dans le cas contraire.
M'adonnant comme chaque début de mois à un exercice
d'auto-contemplation de relevé de compte, je me suis aperçu
que la ponction, autrefois appelée saignée, était
encore de vigueur. Et cette vigueur, qui au bout du compte commence
à friser l'audace, m'a frappé de plein fouet, me
menaçant par là-même de chavirement bancaire
dans les eaux troubles du déficit.
Comme il suffit de ne pas se cacher pour ne pas avoir à
être découvert, voilà qu'au gré des
aléas opérationnels ma banque se met à taper
dans la caisse, en l'occurrence la mienne, afin de noyer encore
un peu plus son bénéfice sous des vagues de liquidités.
Un nouveau poste, appelé pompeusement "frais de gestion",
leur permet de tirer avantage de tous mes débits et crédits.
Le bénéfice du doute n'est plus permis.
Parce que dit autrement, figurez-vous qu'à partir de dorénavant
si j'ai le malheur de faire un chèque, de retirer du liquide
ou de payer quelque chose avec mes sous, eh bien il me faudra
payer. Si ce n'est pas honteux !
Et encore, si les règles avaient été clairement
présentées avant application (ou même après
d'ailleurs), j'aurais pu, je sais pas moi, m'énerver une
bonne fois pour toutes.
Au lieu de cela je suis parti pour le grand chelem. A force d'être
hors de moi je vais finir par devenir un expert de la sortie du
corps astral, opération que j'appelle également
la désincarcération corporelle.
Tout cela pour m'annoncer que si je ne veux pas payer, je ne dois
rien dépenser.
Eh ben. Voilà une leçon de vie qui, à défaut
d'être gratuite, ne vaut pas grand chose.
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Erratum |
13/10/2003 : 20:50
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Depuis quelques temps j'ai l'impression que les éléments
se liguent contre moi.
Serait-ce un petit côté parano agrémenté
d'un zeste de sixième sens qui me pousserait à la
formulation de ce constat ?
Ça se pourrait. Par contre ce dont je suis sûr c'est
que, depuis quelques jours, de multiples confirmations du phénomène
s'ajoutent à une liste de preuves des plus accablantes.
Afin de faire toute la lumière sur cette ténébreuse
affaire, je m'en vais vous narrer la résurrection d'un
problème qui s'est auto-exhumé la semaine dernière
alors que je croyais lui avoir réglé son compte
depuis le 6 septembre. A cette époque, souvenez-vous, je
faisais rectifier une fausse facture basée sur un relevé
de compteur mettant à jour une improbable mais néanmoins
calculable surconsommation de gaz.
Figurez-vous qu'en consultant le relevé de compte que gère
ma banque afin de m'informer mensuellement de leurs dernières
malversations, je m'aperçus que le montant effectivement
prélevé correspondait à celui de la facture
avant correction de l'erreur. Donc erroné. Sauf que dans
le cas précis j'avoue ne plus vraiment faire la différence
entre un prélèvement erroné et un qui ne
le serait pas. Bref, la confusion régnant dans les débits
bancaires et de gaz, je me suis tapé de nouveau 5 minutes
de Vivaldi avant de retomber sur un blaireau (maintenant c'est
prouvé) qui me confirma qu'il ne comprenait pourquoi le
nécessaire n'avait pas été fait. Ce en quoi
je lui répondis que j'étais vraiment confus puisque
je n'avais pas moi-même la réponse à cette
question.
Bon, maintenant qu'on me dit que mon cas est traité, je
devrais être rassuré non ?
Eh bien non. La politesse étant décidément
l'ennemie de l'honnêteté, j'ai comme qui dirait un
doute concernant le traitement de mon dossier qui pourrait fort
bien finir broyer contre le mur des facturations, opération
à mettre au crédit d'un organisme publiquement financé
par des intérêts privés. En l'occurrence les
miens.
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La forfaiture forfaitaire |
07/10/2003 : 22:05
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Chez France Telecom ils ont vraiment tout compris de la gestion
du client dans un contexte concurrentiel. Possédant un
mobile qui couvre de façon forfaitaire l'ensemble de mes
appels toutes destinations confondues, je me suis dit qu'il était
un peu dommage de payer un abonnement plein pot pour un téléphone
fixe qui me sert uniquement à recevoir des appels. Me rappelant
qu'à l'époque où je ne téléphonais
jamais il existait une formule permettant de diminuer le coût
de l'abonnement tout en augmentant celui des communications, je
me suis empressé de taper le 14. Enfin disons qu'il m'a
fallu tout d'abord trouver le numéro actuellement en vigueur,
celui-ci ayant changé pour je ne sais quelle raison obscure
depuis la dernière fois que je le fis. Maintenant pour
trouver du répondant au bout de la ligne il faut plutôt
viser au niveau des touches un truc du style 3014. Ou pas.
D'ailleurs, pour m'écarter du sujet afin de pouvoir ensuite
y revenir sans détour, je me demande à présent
quels sont les nouveaux numéros des SAMU, pompiers et autres
policiers. Avec tous les changements intervenus depuis que la
numérotation est passée à 10 chiffres, j'avoue
avoir perdu le fil en même temps que les téléphones.
D'un autre côté si ne pas connaître le numéro
des urgences peut m'éviter d'avoir à le faire, je
préfère encore largement rester dans l'ignorance.
Le seul problème est que je sais que je ne sais pas. Alors
peut-on encore dans ce cas parler d'ignorance ? La question est
posée.
Bref, ayant réussi à joindre la préposée
au service clientèle je lui ai demandé si ce fameux
abonnement réduit était toujours proposé.
Et là, ne se démontant pas pour si peu, elle m'informa
que 'non, depuis qu'il y a la concurrence nous ne faisons plus
cette formule, on perdrait trop d'argent'. Ah. D'accord.
En attendant que la concurrence soit équitable et que France
Telecom ne soit plus obligé d'être dans la boucle
locale, il me suffit donc de payer.
Remarquez, c'est bien le seul inconvénient d'un abonnement.
Et de tout le reste.
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Le victorieux constat d'échec |
04/10/2003 : 16:50
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Il y a des jours où je vais bien. Si je le dis ce n'est
pas pour vous faire peur ou vous impressionner mais tout simplement
parce que l'occasion fait le larron. Et comme cette semaine était
celle du proverbe, j'en profite à fond, car qui sait de
quoi demain sera fait ?
Personnellement je passe mon tour puisque je ne connais même
pas le menu du jour qui, je le sens, sort de l'ordinaire.
Pourquoi cet état second qui prend le dessus et m'amène
à un aveu d'impuissance face aux forces occultes qui semblent
m'avoir abandonné aujourd'hui ?
Je ne suis pas sûr que la réponse m'appartienne.
Je comprends de moins en moins ce ballottage entre deux états
qui me paraissent à la fois si contradictoires mais temporellement
si proches.
Ce n'est pas facile d'accepter que je vais bien, même si
cela ne dure jamais très longtemps. Il est difficile pour
un esprit cartésien comme le mien de ne pas savoir ce qui
me fait passer d'un état à un autre. J'ai l'impression
de n'y être pour rien. Je ne maîtrise pas ce qui arrive.
Je constate.
Je constate que je ne fais qu'un avec moi-même.
Que je suis unifié.
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La tête dans le foin |
28/09/2003 : 15:15
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"Autant chercher une aiguille dans une botte de foin".
Lorsque je réfléchis à cette alternative
je ne peux pas m'empêcher d'en conclure que le temps qui
passe modifie cruellement toutes nos références
culturelles et proverbiques.
Prenons le cas ou l'objectif réel de ce conseil est effectivement
de retrouver cette fameuse aiguille.
Déjà il faut présupposer que quelqu'un l'ait
perdue. Or je m'imagine mal qu'une couturière, ou même
une brodeuse (prenons les extrêmes pour être certains
de couvrir tous les cas) ait envie de s'adonner à son occupation
favorite assise sur une botte de foin. D'une part parce qu'une
botte de foin ne traîne jamais dans un salon mais plutôt
dans un hangar mal éclairé ou dans un champ en plein
cagnard, et d'autre part parce qu'au niveau confort on fait largement
mieux avec les fauteuils anti-stress électriques ou autres
chaises Lorraine pourtant fort dépourvues en matière
d'agréabilité.
Mais supposons.
Eh bien moi j'imagine bien, afin de diminuer le temps de recherche
tout en ne perdant pas de vue l'objectif initial, quelques solutions
des plus pointues que je m'en vais vous présenter.
La première consiste à foutre le feu à la
fameuse botte en question, ce qui restreint de façon drastique
le volume de recherche qui passe de trois dimensions à
seulement deux.
J'en vois déjà qui murmurent que le second objectif,
inavoué jusqu'à présent mais néanmoins
implicite, ne sera pas atteint puisqu'il consiste à conserver
intact le foin afin qu'il puisse remplir son office en plus de
la grange.
Soit.
Dans ce cas-là je préconise alors de vous munir
d'un aimant tout con équipé de deux pôles
dont l'un attire ce que l'autre repousse. De toute façon
vous ne pouvez pas vous tromper puisqu'il n'en existe pas d'autres
modèles. Eparpillez alors la botte sur le sol à
l'aide de gants, précaution importante puisque je vous
rappelle qu'il y a une épingle qui se cache à l'intérieur.
Eh oui, faut suivre. Puis passez l'aimant au-dessus. Si au bout
d'un passage vous n'avez rien récupéré, c'est
que vous avez utilisé le mauvais côté de la
force. Retournez alors l'aimant et refaite un passage.
Eh bien, je serais fort étonné qu'au bout de cinq
minutes cette malheureuse épingle ne soit pas retrouvée
intacte. Pas la peine d'en faire tout un foin.
En plus il est possible de gagner encore environ une minute en
combinant mes deux propositions, à savoir : foutez le feu
puis passez l'aimant.
Personnellement je ne vois pas où le problème.
Je dirai même qu'afin d'en finir au plus vite avec les tracas
de la vie quotidienne, je préférerais largement
les remplacer par cette activité de recherche d'épingle.
Le gain de temps et d'énergie serait appréciable.
Parce qu'avouez que ce n'est pas la mer à boire. Mais ça
c'est une autre histoire...
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Syndrome Michel de la Toux |
22/09/2003 : 22:00
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J'ai bien fait de me lancer dans l'écriture.
Parce que ce je dois reconnaître qu'il n'est pas trop compliqué
d'exploiter ma mine à ciel ouvert de laquelle je peux ramener
des tas de conneries sans avoir à donner un seul coup de
pelle. Et quand le coeur ne me dit plus rien je peux à
loisir, et avec une profonde facilité, aller donner un
coup de pioche dans les galeries les plus profondes, celles menacées
par le coup de grisou qui ne frappe jamais faute d'étincelle.
Et puis aussi surtout parce qu'aujourd'hui, usant du véhicule
scriptural, personne ne peut s'apercevoir que je suis atteint
d'un mal fort répandu en ce moment, surtout au niveau de
la gorge. J'en suis au stade où mes réactions me
font penser à celles d'un malade atteint du syndrome Gilles
de la Tourette. Je ne sais pas si vous en avez déjà
entendu parler mais je vais vous en dire deux mots sous le couvert
du mutisme vocal. Les personnes atteintes de ce mal ont en fait
des tics comportementaux au cours desquels ils se mettent à
tenir des propos orduriers de façon subite, à un
rythme en permanence aléatoire et cela bien évidemment
sans pouvoir contrôler le phénomène qu'elles
sont devenues. Le plus hallucinant est la bordée d'injures
résultante qui démarre sans allumage et qui fout
le feu aux relations sociales. Je ne sais pas si c'est l'inconscient
qui s'exprime dans ces moments là, mais si c'est le cas
c'est que nous n'avons pas un bon fond.
Bref, je disais donc que c'est exactement la même chose
pour moi sauf qu'au lieu de tenir des propos incohérents
(ce n'est pas dans mes habitudes) je me mets subitement et sans
signe précurseur à tousser en rafales sèches
de deux ou trois coups, histoire de céder à cette
contrainte physique que je ne vois pas venir.
Par contre je l'entends arriver...
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Récursivité |
18/09/2003 : 23:25
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"
Se méfier des penseurs dont l'esprit ne fonctionne qu'à
partir d'une citation.
"
E.M. Cioran
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Les murs du son |
15/09/2003 : 19:45
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C'est sûr qu'un jour ou l'autre les flics vont débarquer
chez moi.
Sûr.
Parce que le même jour, environ dix minutes plus tôt,
un de mes voisins les aura appelé en leur précisant
qu'ils ont entendu des bruits de combat au revolver venant de
chez moi. Voire même des attaques à la hache, à
la masse d'armes ou encore à l'obus de mortier. Et quand
tout cela se déroule dans un appartement possédant
à priori une hauteur de plafond (ou une profondeur de plancher)
de 2m50, il est clair que les effets de bord d'une telle performance
peuvent inquiéter. Surtout si le voisin en question n'a
aucun répondant, du genre instrument permettant de faire
étalage de toute sa puissance, quitte à devenir
sourd jusqu'au rez-de-chaussée inclus.
Un truc du style 6*100 watts qui vous propulse à la moindre
incartade dans l'autre pièce, ce qui peut devenir rapidement
gênant pour ceux qui logent dans un studio.
Mais est-ce de ma faute si avec Matrix les douilles tombent sur
mon parquet, si des hélicoptères pètent les
vitres du salon et si le métro passe dans la chambre des
non-invités, à savoir la mienne ?
Est-ce ma faute si dans Gladiator on s'en paie souvent une bonne
tranche dans ma cuisine avec au menu plutôt plus d'épée
que moins ?
Est-ce ma faute ?
Oui, totalement. Car si toute cette violence au service de la
bonne cause, celle des sourds et malentendants, ne m'intéressait
pas j'aurais probablement succombé à la tentation,
celle de l'île ou du Bigdil. Le genre d'émission
qu'il faut absolument regarder jusqu'à la fin afin de pouvoir
légitimement affirmer que c'est vraiment trop con.
Alors les flics, je les attends.
Par contre je ne suis pas sûr de les entendre sonner...
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L'excès de correction |
06/09/2003 : 11:40
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Afin d'en finir une bonne fois pour toutes avec cet état
gazeux qui, je vous le rappelle, s'apprêtait à me
sublimer mon compte en banque en lui faisant perdre ses liquidités,
je m'enquis de la meilleure manière de remettre les compteurs
à zéro. Ce qu'il y a de bien avec EDF-GDF c'est
qu'ils ont eu la lumineuse idée de mettre les numéros
de téléphone des dépannages, renseignements
et réclamations sur la facture. Et tout cela joignable
24h/24.
24h/24 ?
Quel est donc le sens de cette permanence ?
Je comprends que dans les cas extrêmes il soit nécessaire
que pouvoir les contacter à n'importe quelle heure. Par
exemple si un usager décide, sur le coup de trois heures
du matin, de se faire sauter le caisson en plus de sa baraque
afin d'en finir avec la chute de l'immobilier, je conçois
qu'une panne de gaz rende l'appel au service de dépannage
plus qu'urgent. C'est qu'il serait dommage de remettre au lendemain
les bonnes résolutions du soir.
Mais un cas comme le mien ne peut-il pas attendre les heures ouvrées
?
Eh bien non. Du coup j'ai appelé illico presto pour vérifier
si en plus de la lumière il y a effectivement quelqu'un
au bout du fil.
En fait ils sont plusieurs. Mais pas simultanément. La
première personne vous annonce le temps d'attente estimé
avant de pouvoir joindre un conseiller. Leur modèle d'estimation
ayant le même niveau de fiabilité que leur méthode
de relevé de compteurs, j'attendis quatre minutes au lieu
des deux annoncées.
Soit.
La suite ne fut qu'une formalité. Une autre personne, à
priori beaucoup trop polie pour être honnête, prit
les relevés que je venais de faire comme paroles d'évangile
selon Saint Lux. Et l'erreur fut rectifiée dans la plus
grande transparence et avec le sourire, ce qui relève normalement
du domaine de l'impossible lorsqu'une réclamation est posée.
L'usager serait-il devenu un client ?
Je ne voudrais pas semer le trouble mais certains commerçants
feraient bien d'en prendre de la graine.
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Le compteur tourne |
01/09/2003 : 20:40
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Je crois qu'ils sont tous complètement allumés
chez EDF-GDF.
La confirmation du phénomène s'est faite vendredi
soir dernier. Après avoir désincarcéré
le courrier du jour d'un amas de prospectus participant outrageusement
à la déforestation amazonienne et rambolitaine (sans
doute en hommage à Rambo), je mis à jour la facture
semestrielle de la compagnie des agents du gaz qui nous doivent
plus que la lumière.
Un oeil averti en valant deux c'est donc avec l'équivalent
de quatre d'entre eux que je pris connaissance du chiffre en bas
à droite.
Ne retenant pas d'une fois sur l'autre l'ordre de grandeur du
montant à régler je fus néanmoins saisi par
l'étincelle du doute. Cela me semblait un peu beaucoup
comparativement à rien.
C'est alors que je me mis à regarder la progression de
ma consommation au fil des étés et des hivers qui
jalonnent une existence sans flamme, ce qui, vous allez le comprendre,
m'a peut-être sauvé la vie plus d'une fois au cours
de ces six derniers mois qui faillirent effectivement bien l'être.
Car quelle ne fut pas ma surprise de constater que ma consommation
de gaz au cours du terme échu équivalait à
quatre années complètes de préparations culinaires
à faible valeur ajoutée, d'eau chaude sortie du
robinet et de chauffage sans bois.
Mon sang ne fit qu'un tour pour revenir au même endroit.
La fuite était-elle au rendez-vous depuis tout ce temps
?
Mon appartement était-il donc plein de cette substance
prête à tout exploser à la moindre occasion
: un coup de sonnette de la voisine, un éclair de génie
même sans bouillir, une étincelle de lucidité
dans ce monde d'incompréhension ?
Bon d'accord, le risque était faible, voire nul.
Mais mathématiquement la probabilité était
d'une chance sur deux : soit tout allait péter, soit non.
Evacuant les lieux avec un tournevis je partis en virée
nocturne afin de relever les compteurs et de m'assurer si oui
ou non j'étais entré dans la société
de consommation par compteur interposé.
En fait, finissant sûrement une journée commencée
dans le gaz, le préposé aux relevés a bien
fait son travail. Il a effectivement relevé les factures
jusqu'à un niveau encore jamais atteint par un célibataire
en milieu urbain. Ayant confondu un 0 avec un 3, il m'affubla
du record de consommation du palier, reléguant du même
coup mes voisins au rang de petits péteux de bas étages.
Une erreur qui allait faire du bruit.
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La montée des eaux |
26/08/2003 : 23:05
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Plus rien ne sera jamais comme avant.
Dans un sens cela m'arrange plutôt puisque je ne suis pas
vraiment demandeur d'une continuité temporelle à
laquelle l'éternité toute entière ne saurait
échapper. A la limite si j'avais le choix je préférerais
même que la rupture soit à l'ordre du jour.
Et justement, j'ai le choix.
Alors qu'est-ce que je fais pour que ce soit différent
?
Me voilà au bout de ces quelques lignes arrivé à
la contradiction flagrante que ma façon de vivre ne parvient
pas à prendre en défaut.
Je vis dans un No man's land, pris entre deux eaux, à l'abri
de tous les courants dangereux mais exposé aux effets de
bords qui me font faire du surplace tout en me secouant méchamment.
Choisis ton camp.
Quel camp ?
Changer pour changer n'a pas de sens. Vouloir m'éloigner
d'une chose a pour seul effet de focaliser un peu plus mon attention
sur celle-ci et de renforcer le lien qui m'attache à elle.
Regarder ailleurs et se fixer un but, voilà sûrement
la meilleure solution. Ne pas quitter le négatif mais aller
vers le positif. Faire le plus avec le moins. Pas sans.
Seulement je suis en manque d'indicateurs internes qui permettraient
de me guider sur le chemin du changement.
J'ai des certitudes sur ce que je ne suis pas.
Je n'en ai pas sur ce que je suis.
Et je continue à me focaliser sur mes certitudes. Parce
qu'une certitude c'est toujours rassurant.
Me voilà bien rassuré.
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L'état des lieux |
21/08/2003 : 21:50
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J'ai enfin terminé de manger tous les plats cuisinés
périmés qui fleurissaient dans mon frigo, conséquence
d'une période caniculaire pendant laquelle je n'étais
pas très chaud pour utiliser le four. Inversant le fameux
adage africain qui dit que "la date de péremption
c'est pour les blancs", j'ai franchi la limite sans limites
tout en revenant à chaque fois à mon point de départ.
A savoir devant le duplex à quatre étages de chez
Faure qui a élu domicile dans la cuisine et d'où
j'ai encore dû déloger un habitant séquestré
depuis la nuit des temps dans le noir quasi permanent.
Oui je l'avoue : j'ai voyagé au-delà des interdits,
ne respectant plus les consignes d'une société de
consommation qui pousse la limite le plus près possible
de nous, histoire de nous obliger à renouveler le plus
rapidement possible le stock de vendus.
Mais je n'ai pas suivi le chemin tout tracé qui passe quotidiennement
par l'ouverture de la porte du congélo. J'ai fait tout
cela calmement, à mon rythme et en ne respectant rien.
Et maintenant le frigo est vide. J'ai mangé pour mieux
reculer et me voici à la dernière extrémité.
Je vais devoir vivre pour manger vu que l'inverse n'est plus possible
faute de combattants.
Bon, je ne dis pas qu'il ne reste pas un petit suisse ou deux
collés l'un à l'autre et complètement terrorisés
derrière l'ampoule du frigo. Soit. Mais je n'ose pas les
attaquer. Parce que comme l'année ne figure pas dans les
indications de dates de péremption, j'ai des doutes. Alors
dans le doute je vais les laisser mariner encore un ou deux ans,
comme ça je serai sûr de pouvoir les jeter.
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Noir profond |
18/08/2003 : 22:20
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Je suis comme une bouteille d'Orangina. Je cherche à secouer
la pulpe qui se trouve au fond de moi.
Pour retrouver le sédiment originel sur lequel j'ai tout
bâti.
Pour le comprendre, l'améliorer, le changer.
Je cherche à revenir à mes concepts primitifs afin
d'y détecter les erreurs et les corriger.
En vain.
Certes j'arrive à les atteindre, à les appréhender.
Une fois de plus.
Et comme à chaque fois je réalise que l'opération
n'a pas de sens. Que mes fondations sont noires, inconsistantes
et incompatibles de tout changement profond. Un changement auquel
je n'ai d'ailleurs jamais vraiment cru et que je ne me donne même
pas la peine d'entreprendre.
Je ne vis pas dans un rêve mais dans un cauchemar permanent.
Et aujourd'hui, une fois de plus, j'ouvre les yeux.
Mon rêve est mon cauchemar.
Je ne crois en rien. Ni en moi, ni aux autres, ni en ce que je
fais, ni en ce que je ferai.
Le temps n'a pas de sens et je n'en attends rien.
Je continue ainsi. C'est tout.
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Des pressions |
12/08/2003 : 23:25
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Le temps avance trop vite. Au contraire de la température
qui elle recule trop lentement. Voilà maintenant cinq jours
qu'aucune chronique n'est sortie de la fournaise de mes pensées,
elles-mêmes anesthésiées comme après
une sieste dans la neige qui finit par se transformer en repos
éternellement glacial. Cinq malheureux jours et voilà
que je me mets la pression, souhaitant fournir au plus vite à
des consommateurs sans modération ce produit si fortement
nocif qui ne respecte aucune des théories homéopathiques
et qui attend avec impatience les premiers effets de la fonte
des glaces.
D'ordinaire je ne suis pas contre un peu de pression, surtout
sur le coup de 20 heures. Et si le flocon bleu apparaît
dans le coin en haut à gauche en plein mois d'août,
défiant en cela tous les principes de Météo
France et de madame Soleil réunis, c'est que l'affaire
se présente au mieux. Surtout pour moi.
Mais là trop c'est trop.
Je suis envahi par la pression sous toutes ses formes, de la consommable
à la trop forte. Et je cède. Mon frigo peut en témoigner.
Il est la dernière entité à m'avoir vu comme
en plein jour.
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Le réchauffement de la cuisine |
07/08/2003 : 19:15
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Ne vous inquiétez pas car ce soir je vais mettre le paquet.
Par contre ce qui m'ennuie c'est que je ne sais pas trop où
le mettre. J'ai pourtant une petite idée mais je ne peux
me résoudre à l'impensable. Je suis en train de
vous parler d'une activité déjà suffisamment
pénible en temps normal (c'est le cas de le dire) et qui
consiste à me faire à manger. Par ces températures
au-delà du thermomètre, il est clair que la raison
me dicte de manger quelque chose de frais, genre une bière
ou deux agrémentées de jambon, tomates et fromage,
le tout flanqué dans une demie baguette. A part la bière
bien évidemment. Sauf si c'est une 25cl auquel cas, je
ne dis pas, l'expérience peut se tenter.
Bref, la recherche de l'équilibre permettant de conserver
la chaleur ambiante sans en perdre une miette.
Seulement à l'époque où j'ai fait mes dernières
courses, je ne savais pas que le temps allait partir en vrille,
ce qui fait que se trimballent dans mon frigo des plats frais
dont la date de péremption est dorénavant atteinte.
Or comme je ne vais pas manger un parmentier de poisson comme
un Miko, il va falloir que je le réchauffe. Au four. A
210°c. Alors j'hésite. Déjà que je me
bats toute la nuit pour perdre des degrés comme d'autres
les kilos, je me demande s'il est opportun de faire péter
le 210°c dans la cuisine. Je risque l'auto-combustion spontanée,
sans compter l'effet de serre avec Myself dans le rôle de
l'enserré. Bien sûr certains diront que je n'ai qu'à
utiliser le micro-ondes. Ouais. Je vois que tout le monde n'a
pas la fibre cuisinistique. Parce que le parmentier, excusez-moi
du peu mais il faut qu'il soit grillé dessus, sinon ce
n'est pas bon. Et avec les micro-ondes ça ne sera pas possible
car ces phénomènes invisibles sont beaucoup trop
petits pour chauffer suffisamment fort tout en cramant la couche
de fromage. C'est scientifique, personne n'y peut rien.
D'un autre côté je ne mange pas les choses parce
qu'elles sont bonnes. Alors banco pour le micro. Si ça
peut m'aider à survivre un jour de plus tout en joignant
l'utile à l'agréable...
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44.7° : c'est chaud mais c'est pas grave |
06/08/2003 : 19:35
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Nous allons tous mourir.
Bon je sais le scoop est largement éventé mais j'aime
vous rappeler la seule réalité incontournable, avec
la naissance, à laquelle nous sommes tous obligés
de nous soumettre, qu'on soit partant ou non pour cette grande
aventure sans fin. Pourquoi ce rappel à l'ordre naturel
des choses ? Pour rien. Aujourd'hui c'est cadeau et ne cherchez
pas plus loin ce qui nous pend au bout du nez.
Alors puisque telle est la vérité vraie, pourquoi
continuer à faire des projets, à rêver son
avenir et à tirer des plans sur la comète ?
Déjà il faudrait préciser l'astre en question
parce que si c'est Halley que vous visez je vous dis tout de suite
que ce n'est pas la peine de s'exciter car elle ne repassera pas
avant 2061. Et puis un plan de quoi ? Si c'est le plan de Paris
intra-muros, excusez-moi mais je ne vois pas trop l'intérêt
de la manip, à moins de vouloir se déboîter
l'épaule pour sortir le plan de la stratosphère.
Non, croyez-moi tout cela ne tient pas debout et la seule position
stable à laquelle nous tendons est celle dont on ne se
relèvera plus.
Mais est-il possible de ne pas penser à demain ? De ne
pas s'imaginer que ce dont nous rêvons est à portée
de mains et de calendrier ?
Remarquez si c'est possible je préférerais que mes
rêves ne deviennent pas réalité sinon je me
prépare des journées blanches plutôt agitées.
Alors pourquoi avoir besoin d'idéal ? Pourquoi ne suis-je
pas satisfait de ce qui est ? Et au fait, de quoi ne suis-je pas
content ? Quels sont les vrais problèmes qui me restent
à régler ? Au fond, qu'est-ce que je veux ?
Je n'en sais strictement rien mais je sens bien qu'il doit y avoir
quelque chose là-dessous.
Continuer à ignorer ce que je ne sais pas est-il un moyen
pour supporter ce que je sais ?
Quel sens tout cela a t-il donc ? Sûrement le mauvais sens.
Près de chez moi.
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43.6° le soir |
05/08/2003 : 21:40
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Du moment que les restrictions sur les liquides ne concernent
pas la boisson spirituelle de l'effort brassée par des
moines avec de grandes pagaies, je dis qu'il y a de l'espoir et
que la situation peut encore largement se dégrader.
En vérité je vous le demande : comment sait-on que
le pire est atteint ? Si elles apprenaient que demain leur quotidien
se dégradera, combien de personnes seraient heureuses de
revivre le même jour daté d'aujourd'hui afin de rester
dans la situation dont elles se plaignent peut-être ?
Bon d'accord je n'en sais rien. D'une part parce qu'appliquant
le jeune adage 'chacun sa merde' je ne me mêlerai pas de
la vie privée des autres, et d'autre part parce que comme
je viens juste de me poser la question je me retrouve tout seul
comme un con à devoir intuiter une réponse. Et si
possible avant la fin de cette chronique.
Eh bien justement on ne sait pas. Jamais. Et c'est ça qui
est dommage. Ou rassurant. Parce que moi par exemple si je savais
que demain ce sera pire, est-ce que du coup je serais plus content
aujourd'hui ? Et d'un autre coté ne pas le savoir me rend-il
maintenant plus heureux ou plus malheureux ?
Une fois de plus je ne sais pas.
Je crois que la solution est de ne pas se poser la question et
de ne pas se lancer dans des comparaisons hasardeuses qui prennent
toujours la tournure souhaitée. Il est en effet toujours
possible de faire dire n'importe quoi de tout, et inversement.
Alors... alors pourquoi ces blaireaux de la météo
persistent-ils en nous affirmant que demain sera pire ? Pourquoi
?
Est-ce que cela nous amène une impression de fraîcheur
pour ce soir ?
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42.7° le purin ! |
04/08/2003 : 19:20
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Je suis content de ne plus être en vacances. Parce que
si c'est pour larvasser au fond du canapé tout en buvant
des bières et en évitant le moindre mouvement susceptible
d'élever la température interne ou externe, sachez
que je peux très bien le faire en rentrant du boulot. Cela
me laisse encore quelques heures d'entraînement par jour
qui suffiront largement à parfaire mon beer-elbow, mal
des temps modernes s'il en est.
Et quand je pense qu'il y en a qui n'ont pas la climatisation
dans leur voiture. C'est un coup à se briser la chaîne
du froid, à auto-dégorger de l'eau toute la journée
pour finir dans le lot des invendables dont personne ne veut.
Ah non, très peu pour moi ! En plus cela fait maintenant
une bonne dizaine d'années que la clim est seulement à
un franc de plus. Un franc. De nos jours qu'est-ce qu'on peut
avoir d'autre pour un franc ? Ben rien. Il n'y a que la clim.
Alors pourquoi ? Pourquoi ?
Quant à ceux qui rabâchent sans cesse pour expliquer
l'inexplicable qu'il n'y a plus de saisons, je les prierai d'aller
faire un petit tour dehors pour vérifier le phénomène
et pour constater si en ce moment c'est plutôt l'hiver ou
pas. Même les yeux fermés je suis sûr que l'erreur
est impossible.
Les thermomètres vont finir par exploser, signant de leur
sang la bonne nouvelle d'un été triomphant des aléas
économiques, du dossier des retraites qui va de l'avant
et de la couche d'apprêt qu'il faut mettre avant sous peine
de grande déconvenue en matière chromatique.
Oui, c'est l'été et il fait chaud.
Et alors ?
C'est fait pour, non ?
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La coupe révolutionnaire |
26/07/2003 : 23:35
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Il faut de temps en temps prendre du recul par rapport aux événements.
Cela permet d'en tirer de riches enseignements sur la nature humaine
et ses dérivés.
De plus lorsque l'action se déroule dans un monde parallèle,
qui en réalité et malgré tout ce qu'on peut
entendre sur le sujet ne se trouve qu'à 40 kilomètres
de Paris, le temps d'incubation dépasse largement le mois
révolu.
Cependant tout finit par converger un jour ou l'autre. Et dans
le cas présent c'est plutôt un jour comme aujourd'hui.
Alors même que j'allais une fois de plus laisser ma page
immaculée de noir sécher dans les ténèbres
environnantes, voilà que je reçois un mail des acteurs
principaux de cette soirée dont je commençais à
douter de l'existence réelle tant les faits associés
furent propres à décontenancer un banlieusard avec
un nom aussi commun que le mien. Et dans ce message électronique,
respectant en cela une coutume devenue familière depuis
l'invention de la MMPP, mes amis me demandent où se trouve
la chronique afférente à l'événement
en question, à savoir leur mariage. Et tout me revient
en mémoire, plus clairement qu'une journée sans
éclipse.
Pour commencer il faut que je vous dise que j'étais invité.
Je ne sais pas par quel miracle je me suis retrouvé là,
avec mon forfait intégral 'église+cocktail+dîner'
en poche, mais ce dont je suis sûr c'est que je ne suis
pas passé par les mêmes épreuves de sélection
que les autres convives. Apparemment pour pouvoir assister au
casting il fallait au bas mot un patronyme possédant au
moins deux particules. Obligé. Et plus il y en a et moins
ça gène. Et moins il y a de gène aussi, en
particulier chez les vieux de la noblesse (ou assimilé)
qui chassaient le toast comme le célibataire la belette (et je
ne dis pas ça pour moi). Une leçon de savoir vivre appliquée
à la quête de la nourriture non spirituelle.
Et puis aussi un lointain cousin qui tenta d'expliquer son lien
de parenté avec la mariée en sciant l'arbre généalogique
dans lequel il était visiblement assis. En résumé
son vice aïeul avait épousé une De La Haute au 18ième siècle
tout en réussissant à garder la tête sur les épaules, épreuve
reine des temps anciens au cours de laquelle une palanquée
de fêlés, partis bille en tête, réussirent
à toucher le fond du panier sans les mains. Et la mariée
de s'exclamer un tonitruant 'Ah oui !' dont je ne sais encore
s'il était le signe d'une révélation ou juste
une marque de politesse.
C'est aussi lors de cette soirée qu'une personne m'a dit
que j'écrivais super bien alors qu'elle ne m'avait jamais
lu et qu'une autre ne se souvenait de moi que comme celui qui
a un site alors que c'était la cinquième fois que
je la voyais. D'ailleurs vous n'avez qu'à lire la chronique
du 29/06/2003 si vous ne me croyez pas.
Des tranches de vie qui ne font pas partie de mon pain quotidien
mais qui sont aussi nourrissantes sur la nature humaine qu'un
épisode de la Quatrième Dimension, la couleur en
plus.
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