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MICHEL MOHR'S
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Les chroniques du 26/07/2003 au 02/11/03 sont ici.
 


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Petit mot dans le livre d'or
Email à Michel Mohr
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Le sens de l'histoire
02/11/2003 : 17:20

Je m'aperçois que moins je chronique et plus il est difficile de m'adonner à ce jeu d'écritures.
A moins que ce ne soit le contraire.
Mais après tout, pourquoi chercher une raison à cela alors que rien ni personne ne me demande de le faire ?
La tentation est grande de chercher une explication rationnelle et logique, afin de comprendre, d'apprendre et de progresser.
Comme si tout ce que nous faisons devait avoir un sens.
Peut-être qu'au fond tout en a un.
Ou que rien n'en a.
Et peut-être qu'encore plus au fond, il n'y a aucune différence entre ces deux possibilités.
Il y a bien un sens commun qui tout en justifiant des tas de choses ne fait que nous contraindre un peu plus à un mode externe de pensée et d'action. Il est si rassurant de s'appuyer sur des certitudes partagées par tous. Rien n'est laissé au hasard, au doute, au questionnement.
Hélas, ou heureusement, le bon sens n'existe pas. C'est pour cela qu'il peut se partager et que chacun peut s'y raccrocher faute de pouvoir s'en passer.
Alors une chronique de plus ou de moins, quelle importance cela a-t-il ?
Une question en apparence subsidiaire.
En apparence. Trompeuse.
Cette question est primordiale. Elle est le sens même de la voie que je suis. Le reflet de ce vers quoi je vais.
Une chronique de moins c'est important. Une chronique de plus c'est essentiel.
Pourquoi ?
Je ne sais pas pourquoi mais je le sais.

 

La banque à qui payer
20/10/2003 : 21:35

Dans la série de ceux qui me cherchent mais qui préféreraient que je ne les trouve pas, j'ai repéré ces derniers temps toute une organisation en marche dans le sens du foutage de gueule, exercice bénéfique pour ceux qui le pratiquent et maléfique dans le cas contraire.
M'adonnant comme chaque début de mois à un exercice d'auto-contemplation de relevé de compte, je me suis aperçu que la ponction, autrefois appelée saignée, était encore de vigueur. Et cette vigueur, qui au bout du compte commence à friser l'audace, m'a frappé de plein fouet, me menaçant par là-même de chavirement bancaire dans les eaux troubles du déficit.
Comme il suffit de ne pas se cacher pour ne pas avoir à être découvert, voilà qu'au gré des aléas opérationnels ma banque se met à taper dans la caisse, en l'occurrence la mienne, afin de noyer encore un peu plus son bénéfice sous des vagues de liquidités. Un nouveau poste, appelé pompeusement "frais de gestion", leur permet de tirer avantage de tous mes débits et crédits.
Le bénéfice du doute n'est plus permis.
Parce que dit autrement, figurez-vous qu'à partir de dorénavant si j'ai le malheur de faire un chèque, de retirer du liquide ou de payer quelque chose avec mes sous, eh bien il me faudra payer. Si ce n'est pas honteux !
Et encore, si les règles avaient été clairement présentées avant application (ou même après d'ailleurs), j'aurais pu, je sais pas moi, m'énerver une bonne fois pour toutes.
Au lieu de cela je suis parti pour le grand chelem. A force d'être hors de moi je vais finir par devenir un expert de la sortie du corps astral, opération que j'appelle également la désincarcération corporelle.
Tout cela pour m'annoncer que si je ne veux pas payer, je ne dois rien dépenser.
Eh ben. Voilà une leçon de vie qui, à défaut d'être gratuite, ne vaut pas grand chose.

 

Erratum
13/10/2003 : 20:50

Depuis quelques temps j'ai l'impression que les éléments se liguent contre moi.
Serait-ce un petit côté parano agrémenté d'un zeste de sixième sens qui me pousserait à la formulation de ce constat ?
Ça se pourrait. Par contre ce dont je suis sûr c'est que, depuis quelques jours, de multiples confirmations du phénomène s'ajoutent à une liste de preuves des plus accablantes.
Afin de faire toute la lumière sur cette ténébreuse affaire, je m'en vais vous narrer la résurrection d'un problème qui s'est auto-exhumé la semaine dernière alors que je croyais lui avoir réglé son compte depuis le 6 septembre. A cette époque, souvenez-vous, je faisais rectifier une fausse facture basée sur un relevé de compteur mettant à jour une improbable mais néanmoins calculable surconsommation de gaz.
Figurez-vous qu'en consultant le relevé de compte que gère ma banque afin de m'informer mensuellement de leurs dernières malversations, je m'aperçus que le montant effectivement prélevé correspondait à celui de la facture avant correction de l'erreur. Donc erroné. Sauf que dans le cas précis j'avoue ne plus vraiment faire la différence entre un prélèvement erroné et un qui ne le serait pas. Bref, la confusion régnant dans les débits bancaires et de gaz, je me suis tapé de nouveau 5 minutes de Vivaldi avant de retomber sur un blaireau (maintenant c'est prouvé) qui me confirma qu'il ne comprenait pourquoi le nécessaire n'avait pas été fait. Ce en quoi je lui répondis que j'étais vraiment confus puisque je n'avais pas moi-même la réponse à cette question.
Bon, maintenant qu'on me dit que mon cas est traité, je devrais être rassuré non ?
Eh bien non. La politesse étant décidément l'ennemie de l'honnêteté, j'ai comme qui dirait un doute concernant le traitement de mon dossier qui pourrait fort bien finir broyer contre le mur des facturations, opération à mettre au crédit d'un organisme publiquement financé par des intérêts privés. En l'occurrence les miens.

 

La forfaiture forfaitaire
07/10/2003 : 22:05

Chez France Telecom ils ont vraiment tout compris de la gestion du client dans un contexte concurrentiel. Possédant un mobile qui couvre de façon forfaitaire l'ensemble de mes appels toutes destinations confondues, je me suis dit qu'il était un peu dommage de payer un abonnement plein pot pour un téléphone fixe qui me sert uniquement à recevoir des appels. Me rappelant qu'à l'époque où je ne téléphonais jamais il existait une formule permettant de diminuer le coût de l'abonnement tout en augmentant celui des communications, je me suis empressé de taper le 14. Enfin disons qu'il m'a fallu tout d'abord trouver le numéro actuellement en vigueur, celui-ci ayant changé pour je ne sais quelle raison obscure depuis la dernière fois que je le fis. Maintenant pour trouver du répondant au bout de la ligne il faut plutôt viser au niveau des touches un truc du style 3014. Ou pas.
D'ailleurs, pour m'écarter du sujet afin de pouvoir ensuite y revenir sans détour, je me demande à présent quels sont les nouveaux numéros des SAMU, pompiers et autres policiers. Avec tous les changements intervenus depuis que la numérotation est passée à 10 chiffres, j'avoue avoir perdu le fil en même temps que les téléphones. D'un autre côté si ne pas connaître le numéro des urgences peut m'éviter d'avoir à le faire, je préfère encore largement rester dans l'ignorance.
Le seul problème est que je sais que je ne sais pas. Alors peut-on encore dans ce cas parler d'ignorance ? La question est posée.
Bref, ayant réussi à joindre la préposée au service clientèle je lui ai demandé si ce fameux abonnement réduit était toujours proposé. Et là, ne se démontant pas pour si peu, elle m'informa que 'non, depuis qu'il y a la concurrence nous ne faisons plus cette formule, on perdrait trop d'argent'. Ah. D'accord.
En attendant que la concurrence soit équitable et que France Telecom ne soit plus obligé d'être dans la boucle locale, il me suffit donc de payer.
Remarquez, c'est bien le seul inconvénient d'un abonnement. Et de tout le reste.

 

Le victorieux constat d'échec
04/10/2003 : 16:50

Il y a des jours où je vais bien. Si je le dis ce n'est pas pour vous faire peur ou vous impressionner mais tout simplement parce que l'occasion fait le larron. Et comme cette semaine était celle du proverbe, j'en profite à fond, car qui sait de quoi demain sera fait ?
Personnellement je passe mon tour puisque je ne connais même pas le menu du jour qui, je le sens, sort de l'ordinaire.
Pourquoi cet état second qui prend le dessus et m'amène à un aveu d'impuissance face aux forces occultes qui semblent m'avoir abandonné aujourd'hui ?
Je ne suis pas sûr que la réponse m'appartienne. Je comprends de moins en moins ce ballottage entre deux états qui me paraissent à la fois si contradictoires mais temporellement si proches.
Ce n'est pas facile d'accepter que je vais bien, même si cela ne dure jamais très longtemps. Il est difficile pour un esprit cartésien comme le mien de ne pas savoir ce qui me fait passer d'un état à un autre. J'ai l'impression de n'y être pour rien. Je ne maîtrise pas ce qui arrive.
Je constate.
Je constate que je ne fais qu'un avec moi-même.
Que je suis unifié.

 

La tête dans le foin
28/09/2003 : 15:15

"Autant chercher une aiguille dans une botte de foin".
Lorsque je réfléchis à cette alternative je ne peux pas m'empêcher d'en conclure que le temps qui passe modifie cruellement toutes nos références culturelles et proverbiques.
Prenons le cas ou l'objectif réel de ce conseil est effectivement de retrouver cette fameuse aiguille.
Déjà il faut présupposer que quelqu'un l'ait perdue. Or je m'imagine mal qu'une couturière, ou même une brodeuse (prenons les extrêmes pour être certains de couvrir tous les cas) ait envie de s'adonner à son occupation favorite assise sur une botte de foin. D'une part parce qu'une botte de foin ne traîne jamais dans un salon mais plutôt dans un hangar mal éclairé ou dans un champ en plein cagnard, et d'autre part parce qu'au niveau confort on fait largement mieux avec les fauteuils anti-stress électriques ou autres chaises Lorraine pourtant fort dépourvues en matière d'agréabilité.
Mais supposons.
Eh bien moi j'imagine bien, afin de diminuer le temps de recherche tout en ne perdant pas de vue l'objectif initial, quelques solutions des plus pointues que je m'en vais vous présenter.
La première consiste à foutre le feu à la fameuse botte en question, ce qui restreint de façon drastique le volume de recherche qui passe de trois dimensions à seulement deux.
J'en vois déjà qui murmurent que le second objectif, inavoué jusqu'à présent mais néanmoins implicite, ne sera pas atteint puisqu'il consiste à conserver intact le foin afin qu'il puisse remplir son office en plus de la grange.
Soit.
Dans ce cas-là je préconise alors de vous munir d'un aimant tout con équipé de deux pôles dont l'un attire ce que l'autre repousse. De toute façon vous ne pouvez pas vous tromper puisqu'il n'en existe pas d'autres modèles. Eparpillez alors la botte sur le sol à l'aide de gants, précaution importante puisque je vous rappelle qu'il y a une épingle qui se cache à l'intérieur. Eh oui, faut suivre. Puis passez l'aimant au-dessus. Si au bout d'un passage vous n'avez rien récupéré, c'est que vous avez utilisé le mauvais côté de la force. Retournez alors l'aimant et refaite un passage.
Eh bien, je serais fort étonné qu'au bout de cinq minutes cette malheureuse épingle ne soit pas retrouvée intacte. Pas la peine d'en faire tout un foin.
En plus il est possible de gagner encore environ une minute en combinant mes deux propositions, à savoir : foutez le feu puis passez l'aimant.
Personnellement je ne vois pas où le problème.
Je dirai même qu'afin d'en finir au plus vite avec les tracas de la vie quotidienne, je préférerais largement les remplacer par cette activité de recherche d'épingle.
Le gain de temps et d'énergie serait appréciable.
Parce qu'avouez que ce n'est pas la mer à boire. Mais ça c'est une autre histoire...

 

Syndrome Michel de la Toux
22/09/2003 : 22:00

J'ai bien fait de me lancer dans l'écriture.
Parce que ce je dois reconnaître qu'il n'est pas trop compliqué d'exploiter ma mine à ciel ouvert de laquelle je peux ramener des tas de conneries sans avoir à donner un seul coup de pelle. Et quand le coeur ne me dit plus rien je peux à loisir, et avec une profonde facilité, aller donner un coup de pioche dans les galeries les plus profondes, celles menacées par le coup de grisou qui ne frappe jamais faute d'étincelle.
Et puis aussi surtout parce qu'aujourd'hui, usant du véhicule scriptural, personne ne peut s'apercevoir que je suis atteint d'un mal fort répandu en ce moment, surtout au niveau de la gorge. J'en suis au stade où mes réactions me font penser à celles d'un malade atteint du syndrome Gilles de la Tourette. Je ne sais pas si vous en avez déjà entendu parler mais je vais vous en dire deux mots sous le couvert du mutisme vocal. Les personnes atteintes de ce mal ont en fait des tics comportementaux au cours desquels ils se mettent à tenir des propos orduriers de façon subite, à un rythme en permanence aléatoire et cela bien évidemment sans pouvoir contrôler le phénomène qu'elles sont devenues. Le plus hallucinant est la bordée d'injures résultante qui démarre sans allumage et qui fout le feu aux relations sociales. Je ne sais pas si c'est l'inconscient qui s'exprime dans ces moments là, mais si c'est le cas c'est que nous n'avons pas un bon fond.
Bref, je disais donc que c'est exactement la même chose pour moi sauf qu'au lieu de tenir des propos incohérents (ce n'est pas dans mes habitudes) je me mets subitement et sans signe précurseur à tousser en rafales sèches de deux ou trois coups, histoire de céder à cette contrainte physique que je ne vois pas venir.
Par contre je l'entends arriver...

 

Récursivité
18/09/2003 : 23:25

"
Se méfier des penseurs dont l'esprit ne fonctionne qu'à partir d'une citation.
"
E.M. Cioran

 

Les murs du son
15/09/2003 : 19:45

C'est sûr qu'un jour ou l'autre les flics vont débarquer chez moi.
Sûr.
Parce que le même jour, environ dix minutes plus tôt, un de mes voisins les aura appelé en leur précisant qu'ils ont entendu des bruits de combat au revolver venant de chez moi. Voire même des attaques à la hache, à la masse d'armes ou encore à l'obus de mortier. Et quand tout cela se déroule dans un appartement possédant à priori une hauteur de plafond (ou une profondeur de plancher) de 2m50, il est clair que les effets de bord d'une telle performance peuvent inquiéter. Surtout si le voisin en question n'a aucun répondant, du genre instrument permettant de faire étalage de toute sa puissance, quitte à devenir sourd jusqu'au rez-de-chaussée inclus.
Un truc du style 6*100 watts qui vous propulse à la moindre incartade dans l'autre pièce, ce qui peut devenir rapidement gênant pour ceux qui logent dans un studio.
Mais est-ce de ma faute si avec Matrix les douilles tombent sur mon parquet, si des hélicoptères pètent les vitres du salon et si le métro passe dans la chambre des non-invités, à savoir la mienne ?
Est-ce ma faute si dans Gladiator on s'en paie souvent une bonne tranche dans ma cuisine avec au menu plutôt plus d'épée que moins ?
Est-ce ma faute ?
Oui, totalement. Car si toute cette violence au service de la bonne cause, celle des sourds et malentendants, ne m'intéressait pas j'aurais probablement succombé à la tentation, celle de l'île ou du Bigdil. Le genre d'émission qu'il faut absolument regarder jusqu'à la fin afin de pouvoir légitimement affirmer que c'est vraiment trop con.
Alors les flics, je les attends.
Par contre je ne suis pas sûr de les entendre sonner...

 

L'excès de correction
06/09/2003 : 11:40

Afin d'en finir une bonne fois pour toutes avec cet état gazeux qui, je vous le rappelle, s'apprêtait à me sublimer mon compte en banque en lui faisant perdre ses liquidités, je m'enquis de la meilleure manière de remettre les compteurs à zéro. Ce qu'il y a de bien avec EDF-GDF c'est qu'ils ont eu la lumineuse idée de mettre les numéros de téléphone des dépannages, renseignements et réclamations sur la facture. Et tout cela joignable 24h/24.
24h/24 ?
Quel est donc le sens de cette permanence ?
Je comprends que dans les cas extrêmes il soit nécessaire que pouvoir les contacter à n'importe quelle heure. Par exemple si un usager décide, sur le coup de trois heures du matin, de se faire sauter le caisson en plus de sa baraque afin d'en finir avec la chute de l'immobilier, je conçois qu'une panne de gaz rende l'appel au service de dépannage plus qu'urgent. C'est qu'il serait dommage de remettre au lendemain les bonnes résolutions du soir.
Mais un cas comme le mien ne peut-il pas attendre les heures ouvrées ?
Eh bien non. Du coup j'ai appelé illico presto pour vérifier si en plus de la lumière il y a effectivement quelqu'un au bout du fil.
En fait ils sont plusieurs. Mais pas simultanément. La première personne vous annonce le temps d'attente estimé avant de pouvoir joindre un conseiller. Leur modèle d'estimation ayant le même niveau de fiabilité que leur méthode de relevé de compteurs, j'attendis quatre minutes au lieu des deux annoncées.
Soit.
La suite ne fut qu'une formalité. Une autre personne, à priori beaucoup trop polie pour être honnête, prit les relevés que je venais de faire comme paroles d'évangile selon Saint Lux. Et l'erreur fut rectifiée dans la plus grande transparence et avec le sourire, ce qui relève normalement du domaine de l'impossible lorsqu'une réclamation est posée.
L'usager serait-il devenu un client ?
Je ne voudrais pas semer le trouble mais certains commerçants feraient bien d'en prendre de la graine.

 

Le compteur tourne
01/09/2003 : 20:40

Je crois qu'ils sont tous complètement allumés chez EDF-GDF.
La confirmation du phénomène s'est faite vendredi soir dernier. Après avoir désincarcéré le courrier du jour d'un amas de prospectus participant outrageusement à la déforestation amazonienne et rambolitaine (sans doute en hommage à Rambo), je mis à jour la facture semestrielle de la compagnie des agents du gaz qui nous doivent plus que la lumière.
Un oeil averti en valant deux c'est donc avec l'équivalent de quatre d'entre eux que je pris connaissance du chiffre en bas à droite.
Ne retenant pas d'une fois sur l'autre l'ordre de grandeur du montant à régler je fus néanmoins saisi par l'étincelle du doute. Cela me semblait un peu beaucoup comparativement à rien.
C'est alors que je me mis à regarder la progression de ma consommation au fil des étés et des hivers qui jalonnent une existence sans flamme, ce qui, vous allez le comprendre, m'a peut-être sauvé la vie plus d'une fois au cours de ces six derniers mois qui faillirent effectivement bien l'être. Car quelle ne fut pas ma surprise de constater que ma consommation de gaz au cours du terme échu équivalait à quatre années complètes de préparations culinaires à faible valeur ajoutée, d'eau chaude sortie du robinet et de chauffage sans bois.
Mon sang ne fit qu'un tour pour revenir au même endroit.
La fuite était-elle au rendez-vous depuis tout ce temps ?
Mon appartement était-il donc plein de cette substance prête à tout exploser à la moindre occasion : un coup de sonnette de la voisine, un éclair de génie même sans bouillir, une étincelle de lucidité dans ce monde d'incompréhension ?
Bon d'accord, le risque était faible, voire nul.
Mais mathématiquement la probabilité était d'une chance sur deux : soit tout allait péter, soit non.
Evacuant les lieux avec un tournevis je partis en virée nocturne afin de relever les compteurs et de m'assurer si oui ou non j'étais entré dans la société de consommation par compteur interposé.
En fait, finissant sûrement une journée commencée dans le gaz, le préposé aux relevés a bien fait son travail. Il a effectivement relevé les factures jusqu'à un niveau encore jamais atteint par un célibataire en milieu urbain. Ayant confondu un 0 avec un 3, il m'affubla du record de consommation du palier, reléguant du même coup mes voisins au rang de petits péteux de bas étages.
Une erreur qui allait faire du bruit.

 

La montée des eaux
26/08/2003 : 23:05

Plus rien ne sera jamais comme avant.
Dans un sens cela m'arrange plutôt puisque je ne suis pas vraiment demandeur d'une continuité temporelle à laquelle l'éternité toute entière ne saurait échapper. A la limite si j'avais le choix je préférerais même que la rupture soit à l'ordre du jour.
Et justement, j'ai le choix.
Alors qu'est-ce que je fais pour que ce soit différent ?
Me voilà au bout de ces quelques lignes arrivé à la contradiction flagrante que ma façon de vivre ne parvient pas à prendre en défaut.
Je vis dans un No man's land, pris entre deux eaux, à l'abri de tous les courants dangereux mais exposé aux effets de bords qui me font faire du surplace tout en me secouant méchamment.
Choisis ton camp.
Quel camp ?
Changer pour changer n'a pas de sens. Vouloir m'éloigner d'une chose a pour seul effet de focaliser un peu plus mon attention sur celle-ci et de renforcer le lien qui m'attache à elle. Regarder ailleurs et se fixer un but, voilà sûrement la meilleure solution. Ne pas quitter le négatif mais aller vers le positif. Faire le plus avec le moins. Pas sans.
Seulement je suis en manque d'indicateurs internes qui permettraient de me guider sur le chemin du changement.
J'ai des certitudes sur ce que je ne suis pas.
Je n'en ai pas sur ce que je suis.
Et je continue à me focaliser sur mes certitudes. Parce qu'une certitude c'est toujours rassurant.
Me voilà bien rassuré.

 

L'état des lieux
21/08/2003 : 21:50

J'ai enfin terminé de manger tous les plats cuisinés périmés qui fleurissaient dans mon frigo, conséquence d'une période caniculaire pendant laquelle je n'étais pas très chaud pour utiliser le four. Inversant le fameux adage africain qui dit que "la date de péremption c'est pour les blancs", j'ai franchi la limite sans limites tout en revenant à chaque fois à mon point de départ. A savoir devant le duplex à quatre étages de chez Faure qui a élu domicile dans la cuisine et d'où j'ai encore dû déloger un habitant séquestré depuis la nuit des temps dans le noir quasi permanent.
Oui je l'avoue : j'ai voyagé au-delà des interdits, ne respectant plus les consignes d'une société de consommation qui pousse la limite le plus près possible de nous, histoire de nous obliger à renouveler le plus rapidement possible le stock de vendus.
Mais je n'ai pas suivi le chemin tout tracé qui passe quotidiennement par l'ouverture de la porte du congélo. J'ai fait tout cela calmement, à mon rythme et en ne respectant rien.
Et maintenant le frigo est vide. J'ai mangé pour mieux reculer et me voici à la dernière extrémité. Je vais devoir vivre pour manger vu que l'inverse n'est plus possible faute de combattants.
Bon, je ne dis pas qu'il ne reste pas un petit suisse ou deux collés l'un à l'autre et complètement terrorisés derrière l'ampoule du frigo. Soit. Mais je n'ose pas les attaquer. Parce que comme l'année ne figure pas dans les indications de dates de péremption, j'ai des doutes. Alors dans le doute je vais les laisser mariner encore un ou deux ans, comme ça je serai sûr de pouvoir les jeter.

 

Noir profond
18/08/2003 : 22:20

Je suis comme une bouteille d'Orangina. Je cherche à secouer la pulpe qui se trouve au fond de moi.
Pour retrouver le sédiment originel sur lequel j'ai tout bâti.
Pour le comprendre, l'améliorer, le changer.
Je cherche à revenir à mes concepts primitifs afin d'y détecter les erreurs et les corriger.
En vain.
Certes j'arrive à les atteindre, à les appréhender. Une fois de plus.
Et comme à chaque fois je réalise que l'opération n'a pas de sens. Que mes fondations sont noires, inconsistantes et incompatibles de tout changement profond. Un changement auquel je n'ai d'ailleurs jamais vraiment cru et que je ne me donne même pas la peine d'entreprendre.
Je ne vis pas dans un rêve mais dans un cauchemar permanent.
Et aujourd'hui, une fois de plus, j'ouvre les yeux.
Mon rêve est mon cauchemar.
Je ne crois en rien. Ni en moi, ni aux autres, ni en ce que je fais, ni en ce que je ferai.
Le temps n'a pas de sens et je n'en attends rien.
Je continue ainsi. C'est tout.

 

Des pressions
12/08/2003 : 23:25

Le temps avance trop vite. Au contraire de la température qui elle recule trop lentement. Voilà maintenant cinq jours qu'aucune chronique n'est sortie de la fournaise de mes pensées, elles-mêmes anesthésiées comme après une sieste dans la neige qui finit par se transformer en repos éternellement glacial. Cinq malheureux jours et voilà que je me mets la pression, souhaitant fournir au plus vite à des consommateurs sans modération ce produit si fortement nocif qui ne respecte aucune des théories homéopathiques et qui attend avec impatience les premiers effets de la fonte des glaces.
D'ordinaire je ne suis pas contre un peu de pression, surtout sur le coup de 20 heures. Et si le flocon bleu apparaît dans le coin en haut à gauche en plein mois d'août, défiant en cela tous les principes de Météo France et de madame Soleil réunis, c'est que l'affaire se présente au mieux. Surtout pour moi.
Mais là trop c'est trop.
Je suis envahi par la pression sous toutes ses formes, de la consommable à la trop forte. Et je cède. Mon frigo peut en témoigner. Il est la dernière entité à m'avoir vu comme en plein jour.

 

Le réchauffement de la cuisine
07/08/2003 : 19:15

Ne vous inquiétez pas car ce soir je vais mettre le paquet. Par contre ce qui m'ennuie c'est que je ne sais pas trop où le mettre. J'ai pourtant une petite idée mais je ne peux me résoudre à l'impensable. Je suis en train de vous parler d'une activité déjà suffisamment pénible en temps normal (c'est le cas de le dire) et qui consiste à me faire à manger. Par ces températures au-delà du thermomètre, il est clair que la raison me dicte de manger quelque chose de frais, genre une bière ou deux agrémentées de jambon, tomates et fromage, le tout flanqué dans une demie baguette. A part la bière bien évidemment. Sauf si c'est une 25cl auquel cas, je ne dis pas, l'expérience peut se tenter.
Bref, la recherche de l'équilibre permettant de conserver la chaleur ambiante sans en perdre une miette.
Seulement à l'époque où j'ai fait mes dernières courses, je ne savais pas que le temps allait partir en vrille, ce qui fait que se trimballent dans mon frigo des plats frais dont la date de péremption est dorénavant atteinte. Or comme je ne vais pas manger un parmentier de poisson comme un Miko, il va falloir que je le réchauffe. Au four. A 210°c. Alors j'hésite. Déjà que je me bats toute la nuit pour perdre des degrés comme d'autres les kilos, je me demande s'il est opportun de faire péter le 210°c dans la cuisine. Je risque l'auto-combustion spontanée, sans compter l'effet de serre avec Myself dans le rôle de l'enserré. Bien sûr certains diront que je n'ai qu'à utiliser le micro-ondes. Ouais. Je vois que tout le monde n'a pas la fibre cuisinistique. Parce que le parmentier, excusez-moi du peu mais il faut qu'il soit grillé dessus, sinon ce n'est pas bon. Et avec les micro-ondes ça ne sera pas possible car ces phénomènes invisibles sont beaucoup trop petits pour chauffer suffisamment fort tout en cramant la couche de fromage. C'est scientifique, personne n'y peut rien.
D'un autre côté je ne mange pas les choses parce qu'elles sont bonnes. Alors banco pour le micro. Si ça peut m'aider à survivre un jour de plus tout en joignant l'utile à l'agréable...

 

44.7° : c'est chaud mais c'est pas grave
06/08/2003 : 19:35

Nous allons tous mourir.
Bon je sais le scoop est largement éventé mais j'aime vous rappeler la seule réalité incontournable, avec la naissance, à laquelle nous sommes tous obligés de nous soumettre, qu'on soit partant ou non pour cette grande aventure sans fin. Pourquoi ce rappel à l'ordre naturel des choses ? Pour rien. Aujourd'hui c'est cadeau et ne cherchez pas plus loin ce qui nous pend au bout du nez.
Alors puisque telle est la vérité vraie, pourquoi continuer à faire des projets, à rêver son avenir et à tirer des plans sur la comète ?
Déjà il faudrait préciser l'astre en question parce que si c'est Halley que vous visez je vous dis tout de suite que ce n'est pas la peine de s'exciter car elle ne repassera pas avant 2061. Et puis un plan de quoi ? Si c'est le plan de Paris intra-muros, excusez-moi mais je ne vois pas trop l'intérêt de la manip, à moins de vouloir se déboîter l'épaule pour sortir le plan de la stratosphère.
Non, croyez-moi tout cela ne tient pas debout et la seule position stable à laquelle nous tendons est celle dont on ne se relèvera plus.
Mais est-il possible de ne pas penser à demain ? De ne pas s'imaginer que ce dont nous rêvons est à portée de mains et de calendrier ?
Remarquez si c'est possible je préférerais que mes rêves ne deviennent pas réalité sinon je me prépare des journées blanches plutôt agitées.
Alors pourquoi avoir besoin d'idéal ? Pourquoi ne suis-je pas satisfait de ce qui est ? Et au fait, de quoi ne suis-je pas content ? Quels sont les vrais problèmes qui me restent à régler ? Au fond, qu'est-ce que je veux ?
Je n'en sais strictement rien mais je sens bien qu'il doit y avoir quelque chose là-dessous.
Continuer à ignorer ce que je ne sais pas est-il un moyen pour supporter ce que je sais ?
Quel sens tout cela a t-il donc ? Sûrement le mauvais sens. Près de chez moi.

 

43.6° le soir
05/08/2003 : 21:40

Du moment que les restrictions sur les liquides ne concernent pas la boisson spirituelle de l'effort brassée par des moines avec de grandes pagaies, je dis qu'il y a de l'espoir et que la situation peut encore largement se dégrader.
En vérité je vous le demande : comment sait-on que le pire est atteint ? Si elles apprenaient que demain leur quotidien se dégradera, combien de personnes seraient heureuses de revivre le même jour daté d'aujourd'hui afin de rester dans la situation dont elles se plaignent peut-être ?
Bon d'accord je n'en sais rien. D'une part parce qu'appliquant le jeune adage 'chacun sa merde' je ne me mêlerai pas de la vie privée des autres, et d'autre part parce que comme je viens juste de me poser la question je me retrouve tout seul comme un con à devoir intuiter une réponse. Et si possible avant la fin de cette chronique.
Eh bien justement on ne sait pas. Jamais. Et c'est ça qui est dommage. Ou rassurant. Parce que moi par exemple si je savais que demain ce sera pire, est-ce que du coup je serais plus content aujourd'hui ? Et d'un autre coté ne pas le savoir me rend-il maintenant plus heureux ou plus malheureux ?
Une fois de plus je ne sais pas.
Je crois que la solution est de ne pas se poser la question et de ne pas se lancer dans des comparaisons hasardeuses qui prennent toujours la tournure souhaitée. Il est en effet toujours possible de faire dire n'importe quoi de tout, et inversement. Alors... alors pourquoi ces blaireaux de la météo persistent-ils en nous affirmant que demain sera pire ? Pourquoi ?
Est-ce que cela nous amène une impression de fraîcheur pour ce soir ?

 

42.7° le purin !
04/08/2003 : 19:20

Je suis content de ne plus être en vacances. Parce que si c'est pour larvasser au fond du canapé tout en buvant des bières et en évitant le moindre mouvement susceptible d'élever la température interne ou externe, sachez que je peux très bien le faire en rentrant du boulot. Cela me laisse encore quelques heures d'entraînement par jour qui suffiront largement à parfaire mon beer-elbow, mal des temps modernes s'il en est.
Et quand je pense qu'il y en a qui n'ont pas la climatisation dans leur voiture. C'est un coup à se briser la chaîne du froid, à auto-dégorger de l'eau toute la journée pour finir dans le lot des invendables dont personne ne veut. Ah non, très peu pour moi ! En plus cela fait maintenant une bonne dizaine d'années que la clim est seulement à un franc de plus. Un franc. De nos jours qu'est-ce qu'on peut avoir d'autre pour un franc ? Ben rien. Il n'y a que la clim. Alors pourquoi ? Pourquoi ?
Quant à ceux qui rabâchent sans cesse pour expliquer l'inexplicable qu'il n'y a plus de saisons, je les prierai d'aller faire un petit tour dehors pour vérifier le phénomène et pour constater si en ce moment c'est plutôt l'hiver ou pas. Même les yeux fermés je suis sûr que l'erreur est impossible.
Les thermomètres vont finir par exploser, signant de leur sang la bonne nouvelle d'un été triomphant des aléas économiques, du dossier des retraites qui va de l'avant et de la couche d'apprêt qu'il faut mettre avant sous peine de grande déconvenue en matière chromatique.
Oui, c'est l'été et il fait chaud.
Et alors ?
C'est fait pour, non ?

 

La coupe révolutionnaire
26/07/2003 : 23:35

Il faut de temps en temps prendre du recul par rapport aux événements. Cela permet d'en tirer de riches enseignements sur la nature humaine et ses dérivés.
De plus lorsque l'action se déroule dans un monde parallèle, qui en réalité et malgré tout ce qu'on peut entendre sur le sujet ne se trouve qu'à 40 kilomètres de Paris, le temps d'incubation dépasse largement le mois révolu.
Cependant tout finit par converger un jour ou l'autre. Et dans le cas présent c'est plutôt un jour comme aujourd'hui. Alors même que j'allais une fois de plus laisser ma page immaculée de noir sécher dans les ténèbres environnantes, voilà que je reçois un mail des acteurs principaux de cette soirée dont je commençais à douter de l'existence réelle tant les faits associés furent propres à décontenancer un banlieusard avec un nom aussi commun que le mien. Et dans ce message électronique, respectant en cela une coutume devenue familière depuis l'invention de la MMPP, mes amis me demandent où se trouve la chronique afférente à l'événement en question, à savoir leur mariage. Et tout me revient en mémoire, plus clairement qu'une journée sans éclipse.
Pour commencer il faut que je vous dise que j'étais invité. Je ne sais pas par quel miracle je me suis retrouvé là, avec mon forfait intégral 'église+cocktail+dîner' en poche, mais ce dont je suis sûr c'est que je ne suis pas passé par les mêmes épreuves de sélection que les autres convives. Apparemment pour pouvoir assister au casting il fallait au bas mot un patronyme possédant au moins deux particules. Obligé. Et plus il y en a et moins ça gène. Et moins il y a de gène aussi, en particulier chez les vieux de la noblesse (ou assimilé) qui chassaient le toast comme le célibataire la belette (et je ne dis pas ça pour moi). Une leçon de savoir vivre appliquée à la quête de la nourriture non spirituelle.
Et puis aussi un lointain cousin qui tenta d'expliquer son lien de parenté avec la mariée en sciant l'arbre généalogique dans lequel il était visiblement assis. En résumé son vice aïeul avait épousé une De La Haute au 18ième siècle tout en réussissant à garder la tête sur les épaules, épreuve reine des temps anciens au cours de laquelle une palanquée de fêlés, partis bille en tête, réussirent à toucher le fond du panier sans les mains. Et la mariée de s'exclamer un tonitruant 'Ah oui !' dont je ne sais encore s'il était le signe d'une révélation ou juste une marque de politesse.
C'est aussi lors de cette soirée qu'une personne m'a dit que j'écrivais super bien alors qu'elle ne m'avait jamais lu et qu'une autre ne se souvenait de moi que comme celui qui a un site alors que c'était la cinquième fois que je la voyais. D'ailleurs vous n'avez qu'à lire la chronique du 29/06/2003 si vous ne me croyez pas.
Des tranches de vie qui ne font pas partie de mon pain quotidien mais qui sont aussi nourrissantes sur la nature humaine qu'un épisode de la Quatrième Dimension, la couleur en plus.