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L'histoire qui déchire |
18/04/2004 : 15:50
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A n'importe quel moment une partie de nous peut s'éveiller.
Je m'en suis aperçu Samedi sur le coup de 8 heures alors
que la lumière se fit dans ma chambre baignant dans une
obscurité si opaque que l'office des HLM de Paris aurait
pu y élire domicile.
A ce propos il est étonnant de constater que le jour on
ouvre les volets pour laisser entrer la lumière alors qu'en
pleine nuit on ne les ouvre jamais pour laisser entrer la pénombre.
Peut-être parce que la pénombre est déjà
à l'intérieur. En chacun de nous.
Bref, le réveil fut des plus simples. Mais pas le lever.
Car celui-ci fut impossible. Comme si on m'avait cloué
au lit, non pas avec une forte fièvre mais plutôt
avec une épée en plein milieu des deux dernières
cotes qui me restent avant les organes de transit, étapes
obligées allant dans le sens de la nature. Cependant ne
croyez pas qu'en j'en fis tout un plat. Calmement, il me fallut
faire le tour de la situation, immobile sur le dos. Impossible
de me tourner sur la droite, la douleur me terrassant comme un
obus de mortier s'écrasant sur la plage protégée
par ma ceinture abdominale. Je fus aussi gauche de l'autre coté.
Quant au plan consistant à soulever ma carcasse pour me
remettre à flots sur la terre ferme, il tomba à
l'eau dès le premier mouvement.
Bon Dieu. La sentence me pendait au nez comme la goutte. Ma première
idée fut d'attendre une ou deux semaines dans cette position
afin que la douleur disparaisse. Mais à tous les coups
la logistique ne suivrait pas. Ni mon besoin présent d'aller
soulager un organe vessiculaire dont la simple évocation
anatomique suffit à ébranler mes convictions de
maîtrise de mon corps, celui-ci se transformant peu à
peu en véritable bombe atomique. Encore que, la pression
augmentant en moi sous l'effet de la distillation et de la panique,
je crus un moment qu'il me serait possible d'atteindre directement
le WC depuis ma position horizontale pour peu que ma maîtrise
de la balistique soit au rendez-vous. Seulement voilà,
je ne connaissais pas l'évolution des coefficients de marée
qui affleurait alors le haut de l'échelle, expression pas
de bon goût s'il en est. De plus toutes les portes étaient
fermées. Celle de la chambre et celle des toilettes. On
ne pense jamais à tout au moment de se coucher. On se dit
juste que demain sera un autre jour et on a bien raison. Sauf
que dans ces moments de solitude infinie, je me dis qu'on est
trop cons d'avoir raison.
Donc il ne servait à rien d'attendre plus longtemps un
hypothétique sauvetage de la noyade qui s'annonçait
plus implosive que plausible.
Je mis bien dix bonnes minutes pour réussir à me
glisser tant mal que mal au bord du lit en me laissant tomber
grâce à un mouvement de balancier à base de
bras, jambes et tête propre à faire concurrence à
n'importe quel numéro de trapéziste venu de Moscou,
le filet en moins. Et croyez-moi, dix minutes c'est long. Surtout
que tant qu'elles ne sont pas passées on ne sait pas combien
de temps elles vont durer. On n'est même pas sûr qu'elles
seront dix. C'est dire.
Car c'est la fin des temps qui permet de mettre fin à l'éternité.
Ou de la débuter.
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Le point de l'Histoire |
16/04/2004 : 15:00
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Si la nature humaine avait un tant soit peu de persistance, de
consistance et de fondamentaux, il devrait être possible
de dégager de toutes ces années d'évolution,
de tous ces siècles de révolutions, de toutes ces
successions de grandeurs et de décadences, quelques constantes
intemporelles, quelques lignes directrices indiquant la tendance,
bonne ou mauvaise.
Eh bien je ne vois pas.
Je ne comprends pas le sens de l'histoire. Certes, l'histoire
est en marche et reste sans fin.
Mais quand même.
Tant de vies. Tant de morts (en fait autant que de vies moins
un delta dont nous faisons momentanément parti et moins
les immortels, clandestins des temps modernes s'il en est).
Et tout cela pour quoi ?
Si en plus il y avait des points communs entre les époques,
je me dirais qu'il y a peut-être une suite logique.
Mais quel est le rapport entre les tranchées de 14-18,
la conquête spatiale et les Tchin-tchin d'Afflelou ?
A part constater que la folie de l'homme n'a pas de limites, pléonasme
qui tout en ne disant rien veut tout dire, je reste sans voix.
Alors ?
Alors je note que les préoccupations de l'Homme ne font
qu'évoluer, se transformant au grès des époques
pour au bout du compte continuer à fleurir sur nos existences,
comme un rosier puisant sa force du peu de fumier dont il dispose.
Comme si la vie devait se rattacher à quelque chose de
sombre, sans quoi elle perdrait de son éclat.
Car quoi ! Quel est le rapport entre l'Australopithèque
spongiforme du pré-n'importe quoi et l'Humanoïde urbain
du prés-de-ses-sous ?
Le premier était obnubilé par la survie, chassant
le mammouth avec des pics en bois car il avait les crocs.
Le second n'a plus d'obnubilation, préférant se
dissiper dans les allées du Mammouth à la recherche
de quelques comestibles et de simples cure-dents qui finiront
d'assurer la survie de ses crocs.
A part le fait de tenter de perpétuer l'espèce (jusqu'à
quand cette folie continuera t-elle ?), je ne vois aucune caractéristique
fondamentale résistant au temps qui passe.
C'est dire si tout cela ne veut rien dire !
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Le vertige du bas |
01/04/2004 : 23:15
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Ce matin je ne sais toujours pas si un lapin a tué un
chasseur. Non, ça je ne le sais pas. Mais ce que je peux
néanmoins affirmer, c'est qu'en France on a effectivement
des idées. Par contre je ne dis pas qu'elles sont toutes
forcément bonnes. Je dis simplement qu'on a des idées.
Pas forcément simples. Du genre de celles qu'on continue
à mettre en balance avec le pétrole, comparaison
qui m'a toujours surprise puisqu'à chaque coin de rue de
notre pays, qui remporte chaque année le premier prix de
la francofolie, fleurissent des pompes regorgeant du liquide nourricier
qui fait avancer les choses à défaut de faire avancer
le débat. Sauf s'il est dans le coffre. Ou dans la boite
à gants.
Mais je sens que nous nous égarons une fois de plus sur
les routes qui accompagnent notre voyage du début jusqu'à
la fin. Filons droit dès maintenant sur le chemin sinueux
qui nous mène vers notre destinée, frais de péages
en sus. Je disais donc que ce matin, en allant au client comme
certains vont aux supplices (vu le tarif journalier il peut bien
y en avoir plusieurs), j'ai doublé une camionnette qui
arborait fièrement les couleurs de son propriétaire,
à savoir une société dont la raison d'être,
très loin d'être sociale, se résume en quelques
mots peints sur la carrosserie. Un message concis et qui annonce
la couleur du plus haut qu'il peut : 'Photos aériennes
prises du sol'.
Des photos aériennes prises du sol ?
En premier approche je dirais que le concept m'échappe.
Puis en poussant le raisonnement un peu plus loin tout en faisant
fi des clichés, je trouve que c'est très fort comme
concept commercial tant la concurrence doit être limitée.
Voire nulle.
Certes.
Mais pour ce qui est de passer à un stade industriel, il
va falloir se retrousser les manches puisque la paire requise
n'est pas celle dont on dispose. Puisque c'en est une autre. Car
comment mettre en oeuvre une idée aussi aérienne
sans voler au ras des pâquerettes ?
Je vous le demande.
Eh bien la solution est toute simple. Je suis allé voir
le site internet de cette société et c'est beau.
Oui, c'est beau. Comme un sous-marin qui coule. Comme un mois
d'Octobre rouge. Car tout est là : le périscope.
Installé dans un camion. Un périscope de 15 mètres
qui permet à partir du sol de se voir mais par au-dessus.
Moi quand j'ai vu la petite cheminée sur le haut de la
camionnette, j'ai cru que c'était l'appendice d'un four
à pizza permettant d'évacuer les fumées.
L'outil d'un vendeur itinérant de 4 fromages fondus au
feu de bois.
Ben non.
Plutôt un équipement
de pointe qui permet de prendre du recul en plus des photos.
La France, les idées, le premier avril, je trouve ça
beau. Et en plus ce n'est pas une blague.
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Troubles oculaires |
25/03/2004 : 21:05
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Ce soir j'écrirais bien une chronique. Seulement je ne
vois pas sur quelle proie jeter mon dévolu. Je pourrais
une fois de plus me sacrifier pour l'expérience en faisant
de l'auto-nombrilisme centré sur moi-même. Mais trop
c'est trop. A force de ne voir que ce que je regarde, j'en viens
à douter qu'il puisse exister autre chose que je ne verrais
pas.
Vous voyez un peu le problème ?
La question posée à cet instant précis est
la suivante : 'A force de prendre du recul, ne suis-je pas en
train de m'éloigner ?'
Au début cette démarche avait un sens puisqu'à
l'époque il n'y avait rien à voir. Ou plutôt
disons que ce que je cherchais était enterré si
profondément que la poussière accumulée pendant
ces décennies m'empêchait de le voir.
Arrêtant de faire la sourde oreille aux images intérieures
dont mes rêves regorgent, cessant de fuir à grandes
enjambées ce que je suis et qui me poursuit partout avec
parfois plusieurs moi(s) d'avance, j'ai retrouvé peu à
peu ma vision de près. Mon regard sur moi-même. Celui
qu'on peut jeter, qui ne va jamais très loin et qu'on peut
facilement récupérer sans risquer l'énucléation.
M'approcher ainsi de ce que je n'avais encore jamais vu. Tout
cela me semble à présent si clair. Tout cela me
semble pourtant si loin de moi.
C'est bizarre de se dire que toutes les cartes ont peut-être
été distribuées et que la partie pourrait
commencer.
Pourrait.
Voilà, tout cela pour dire que je ne sais pas de quoi parler
ce soir.
J'aurais pu faire comme pour mes dernières photos, me passer
de commentaires. Mais autant l'exercice peut-être parlant
concernant des images, autant il me semble muet au niveau d'une
chronique.
Une chronique vouée au silence. Comme un cri intérieur
dont le corps se fait l'écho.
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Les smoking troubles |
16/03/2004 : 20:45
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Je suis à présent formel : les gens qui fument
ont de sérieux problèmes.
J'avoue qu'à la première taf ce constat peut paraître
assez fumeux. Soit. Mais sachez qu'il se base sur une analyse
statistique des plus sérieuses que j'ai moi-même
effectuée à partir de quatre individus échantillonnés
de façon pas trop représentative de la population.
Et comme plus personne ne s'identifie aux moyennes imposées
par les probables mathématiciens de l'INSEE, j'affirme
que mon procédé en vaut largement un autre.
Ben oui.
Il est clair que de nos jours plus personne ne se reconnaît
dans les conclusions d'enquêtes en tous genres qu'on nous
assène tous les quatre matins de la semaine des quatre
Jeudis.
Exemple : prenez deux personnes. Placez en une au dessus et une
en dessous. De quoi ? Qu'importe, la démonstration fonctionne
avec tout et n'importe quoi. Donc en moyenne, on peut dire que
tout le monde se situe au niveau de référence. Alors
qu'en réalité personne n'y est.
Bon ben en résumé c'est ça les statistiques
: à partir de données qui nous sont propres nous
nous retrouvons à un endroit où nous ne sommes pas.
Bref, revenons à mon étude.
J'en entends déjà certains qui se gaussent en arguant
que le problème principal du fumeur c'est la cigarette.
Je leur rétorquerais que cela prouve que mon introduction
conclusive (ou conclusion introductrice) a un réel fondement
que personne ne peut contredire, même pas ses détracteurs.
Un bon point pour moi.
D'autres me diront que ceux qui ne fument pas ont aussi des problèmes.
Et alors ? Tous ces malheureux essayant de fuir leur condition
de tourmentés, ne feraient-ils pas mieux de se fuméifier
les poumons, de se cavernéifier les cordes vocales et d'aspirer
à autre chose que leur condition de non-fumeurs ? Hein
? Je vous le demande.
Pour en finir je dirai que parmi ces quatre personnes je n'en
ai pas diagnostiqué une seule saine de corps et d'esprit
selon mon référentiel qui relègue le tas
haut au niveau du tas bas. Enfin, disons que pour le corps j'ai
encore quelques doutes car j'attends le plus tard possible les
rapports d'autopsies. Mais pour l'esprit la tergiversation n'est
plus permise. Et le plus amusant c'est que le constat n'a aucun
rapport avec la cigarette. Mis à part le fait que ces quatre
personnes fument. CQFD.
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A contre-courant |
09/03/2004 : 23:20
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Les bonnes nouvelles surgissent comme les coquillages lors d'une
marée basse.
C'est ce que je me suis dit ce matin à l'écoute
de France Info, la radio qu'il me faut. D'habitude je tombe toujours
sur le créneau du jardinier fou qui bute à tout
va ou de la rubrique 'quelle époque épique', ce
qui fait qu'au final je ne sais rien des vraies informations dont
tout rapport avec une quelconque réalité ne serait
qu'une coïncidence fortuite.
En l'occurrence j'ai assisté à l'interview d'un
gars qui avait battu le record du monde effectué en sens
inverse et en bateau.
En sens inverse ?
Je connaissais une polonaise qui était inversée
mais elle ne faisait que du calcul. Y compris au petit déjeuner.
Non, sans blague, qu'est-ce que cela veut dire 'en sens inverse'
dans l'eau ?
De suite je me suis imaginé le navigateur faisant le trajet
en marche arrière, jetant par intermittence, histoire d'assurer
le spectacle, des coups d'oeil inquiets par dessus son épaule
droite. Ou gauche. Le tout dans le but de garder le cap. Horn
ou pas.
En sens inverse ?
Il y aurait donc un sens dans l'eau ? Peut-être celui du
courant. Mais comme chaque le sait le courant est alternatif et
n'a donc aucun sens. Enfin disons un sens unique qui est le même
une fois sur deux, bien qu'en moyenne cela ressemble plutôt
à du surplace. Ce qui n'est pas très positif si
on souhaite boucler un tour du monde, aussi inversé soit-il.
Mais bon Dieu, en sens inverse de quoi ?
Sûrement des autres blaireaux qui ont décidé
de le faire dans le bon sens, à savoir dans le sens inverse
de ceux qui le font de façon inversée.
Encore un gus qui s'est cru malin en allant contre le sens commun,
celui qu'on ne remet jamais en cause puisqu'à priori c'est
le bon.
Et tout ça pour quoi ?
Pour se retrouver au même endroit qu'au départ. Avec
ceux partis dans l'autre sens.
Enfin une conclusion qui tombe sous le sens.
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I comme Icare |
07/03/2004 : 20:35
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J'hésite.
J'hésite à vous raconter une nouvelle anecdote tendant
à ne rien prouver mais seulement à rappeler qu'à
n'importe quel moment, c'est-à-dire à chaque instant,
se produisent des événements complètement
normaux qui malheureusement n'étonnent plus grand monde.
J'hésite entre exploiter à nouveau cette matière
première que la vie m'offre et dont je ne sais que faire,
et vous resservir une énième version obscure relatant
mon ressenti personnel par rapport aux liens anormaux que j'entretiens
avec moi-même.
J'hésite entre mon côté dynamique et mon côté
statique. Entre l'ombre et la lumière. Entre le soleil
et les ténèbres. Entre tout et rien.
Comme si je n'avais qu'à choisir. Comme si je pouvais choisir.
Alors que non.
Je ne choisis rien. Et pourquoi ? Parce qu'il n'y a rien à
choisir. Parce qu'il n'y a pas de choix.
Voilà pour l'un des deux versants.
Pour l'autre je n'ai pas grand chose à raconter. "Comme
à chaque fois !" me direz vous. Et vous avez raison.
A cet instant précis de ma chronique je m'aperçois
avec stupéfaction qu'en faisant les questions et les réponses
j'obtiens beaucoup plus facilement l'assentiment de la majorité
silencieuse qui s'exprime à travers mon choix.
"Ben, rétorqueriez-vous, je croyais qu'il n'y avait
pas de choix ? Que celui-ci n'existait pas ?".
Certes. Mais je parlais de mes choix.
Car j'ai toujours la liberté de choisir pour vous.
J'exerce ma liberté au dépend de la votre en quelque
sorte, puisqu'en choisissant à votre place vous n'avez
plus à le faire.
Mais, cela voudrait dire que notre liberté dépendrait
des autres ?
Que je ne suis libre que parce que vous êtes là ?
La démonstration est peut-être alambiquée
mais avouez que le constat est surprenant.
Ce mélange des genres, cette confrontation, cette hésitation
de début de ligne me montre enfin la voie d'une vérité
qui n'existe encore qu'à l'état embryonnaire. Et
comme l'Etat, c'est moi...
C'est tellement lumineux que ça en devient aveuglant.
Toujours les extrêmes...
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Du pareil au même |
25/02/2004 : 19:55
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Certains ne manquent pas d'air. Et dans l'hypothèse où
ce manque soufflerait le vent de la révolte, je conseillerais
les susdites personnes d'aller le prendre. D'une part parce qu'on
n'est jamais aussi bien servis que par soi-même et d'autre
part parce que moins on en manque et plus l'aération peut
avoir d'effets bénéfiques.
Ceci dit je ne me berce pas d'illusions car ceux qui brassent
du vent ne peuvent pas manquer d'air. Directement du producteur
au consommateur, rien ne se perd. Le plus court chemin pour être
direct sans s'encombrer des détails. Tel est le credo des
gens qui assurent.
Et donc de mon assureur.
Suivant un cyclique pseudo-aléatoire conforme à
une logique qui lui est propre, je reçois à chaque
fois qu'il m'est envoyé un courrier me permettant d'élire
les délégués régionaux qui administrent
la caisse d'assurances dont l'objectif est d'assurer ma caisse.
Soit.
Jusqu'à présent j'étais toujours circonspect
face à ces élections pour la simple et bonne raison
qu'il n'y a qu'une seule liste. Avec des noms qu'on ne peut pas
rayer sous peine de nullité. Du coup j'avais bien remarqué
qu'ils ne se donnaient pas la peine d'élaborer un programme
électoral plein de promesses prophétiques. Même
en faisant preuve d'amabilité, le constat est le même
depuis toutes ces années : à quoi cela me sert-il
de voter ? Si je vote, la liste passe avec 100%, c'est sûr.
Et si je ne vote pas elle atteindra péniblement un petit
100%, sous réserve de trouver au moins un blaireau d'assuré
(dont les candidats font en plus parti) prêt à faire
ce qu'on lui dit tout en assumant les conséquences de ses
actes, qui sont en gros les mêmes que celles des non-actes
des abstentionnistes.
Bref, le procédé m'avait toujours étonné.
Pourquoi voter pour Ginette Pinjon et Marcel Lacaze que je ne
connais ni d'Eve ni d'Adam. Sûrement des gens dévoués,
mais à quelles causes ? Sans parler des conséquences,
toute franchise mise à part...
Mais bon, lorsque les mystères insondables de la nature
humaine commencent à me donner le vertige, j'avoue être
à deux doigts d'abandonner la lutte.
Sauf que cette année ils ont changé leur formule.
Pas en ce qui concerne la liste unique, un procédé
qui continue apparemment à remporter tous les suffrages.
Non. Juste un message choc dans la lettre accompagnatrice sensée
motiver l'électeur moyennement dubitatif, à savoir
:
"Vous en connaissez beaucoup des entreprises où le
conseil d'administration est élu démocratiquement
par ses clients ?"
Ben non. Sauf bien sûr si on décrète à
l'unanimité qu'il suffit de pouvoir voter pour s'auto-proclamer
en démocratie. En ce qui me concerne j'ai des doutes. Des
scores à la 100% j'aime pas trop beaucoup ça.
J'ai la désagréable sensation qu'on cherche à
me forcer la main, à m'utiliser comme le bras armé
qu'on glisse dans l'urne au risque de m'en mordre les doigts.
Et la mention "Bien sûr le vote est confidentiel"
me laisse encore plus pantois.
Si je vote on sait forcément pour qui. Par contre si je
ne vote pas on le sait aussi.
Vous parlez d'une confidentialité !
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Aller vers le passé |
19/02/2004 : 22:35
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"Les blagues les plus courtes sont les meilleures".
Soit. Si maintenant je pose comme postulats le fait que toutes
mes chroniques ne sont qu'une vaste plaisanterie et que mes productions
quotidiennes les plus récentes se réduisent à
leur plus simple expression, j'en arrive à la conclusion
que ces dernières semaines étaient de par le fait
les meilleures de ma période noire.
Le sommet de mon art. La farce ultime. Que dis-je : le top de
la crème renversée !
Seulement voilà.
Les visites des lecteurs ne cessent pas de continuer.
Les gens du voyage qui se sont perdus sur les autoroutes de l'information
jusqu'à se retrouver dans l'impasse MMPPesque réagissent.
Y aurait-il donc une vie après le trépas ?
Suis-je donc le seul à avoir apprécié à
sa juste valeur ces sommets de profondeurs, ce mutisme si parlant,
ces absences si présentes ?
Faut-il donc rompre le silence pour faire taire les non-dits ?
Faut-il que je continue à chercher les bons mots afin de
mieux combattre les mauvais maux ?
Peu importe, je me rends compte à présent que la
perfection n'intéresse plus personne. Que les meilleures
performances sont peut-être celles qui durent mais que ce
ne sont pas de celles-là dont on se souvient.
On se souvient du temps où les choses étaient différentes.
Surtout parce que si elles sont encore identiques, il n'est pas
nécessaire de se les rappeler vu que le présent
se charge alors de s'en souvenir pour nous.
Car la question est là : tout cela n'est-il qu'un souvenir
? Ou pas ?
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Le bail aux corneilles |
01/02/2004 : 17:25
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S'il ne me fallait retenir qu'un seul enseignement de toutes
ces années, je dirais tout simplement que les profondeurs
de l'Être n'ont aucune limite. A chaque fois que j'étais
persuadé d'avoir touché le fond de moi-même,
le sol s'est dérobé sous mes pieds, m'entraînant
à des profondeurs insondables.
A présent je réalise que tout ce qui m'entoure n'est
qu'un film qui repasse une nouvelle fois sous mes yeux. Une rediffusion
à l'identique dans laquelle je ne tiens plus aucun rôle
et dans laquelle je ne veux même plus postuler si le scénario
n'évolue pas.
Je connais trop bien cette histoire. Elle est mienne. Et c'est
mon film. Ce qu'il y a de nouveau c'est que je me suis extirpé
de cette mauvaise comédie dramatique à tendances
thrilleuses.
Je sais à présent de quoi je suis fait.
Et je suis fait.
Les choses paraissent des fois si simples qu'elles finissent pas
ne plus avoir de sens ni d'intérêt, me plongeant
dans l'instant qui s'écoule, me noyant sous le flot inconsistant
de ma vérité primitive.
L'insomnie m'a amené là où je n'étais
jamais allé. Un être éveillé aux frontières
absentes qui séparent normalement la conscience de l'oubli.
Une sensibilité au temps, aux émotions, à
l'existence. Ne plus avoir de répit, même allongé
sur les plages horaires dédiées à cet effet.
Vivre en deux mois plus qu'en trente ans. Sentir mon coeur battre
pour la première fois. Tellement fort que cela en devient
insupportable. Ce martèlement continu qui menace à
chaque instant d'ébranler tout l'édifice. Ce martèlement
qui résonne dans un corps vide de tout. Comme une voix
sortie de nulle part et qui s'amplifie à chaque fois qu'elle
rencontre un mur dans cet appartement vide dont je suis le locataire.
Que la raison quitte mon âme.
Les flots de ma tristesse ont noyé mes dernières
convictions.
Je ne sais pas ce qui va résulter de tout cela. Je ne sais
pas si c'est mieux ou pire qu'avant.
C'est juste différent. Très différent. Très
différent et très dur.
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Un certain doute |
25/01/2004 : 21:50
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"
Etre persuadé de quoi que ce soit est un exploit inouï,
presque miraculeux.
"
E.M. Cioran
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Insomnia |
14/01/2004 : 22:20
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"
Toute pensée dérive d'une sensation contrariée.
"
E.M. Cioran
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Noël Père |
04/01/2004 : 14:30
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On nous avait déjà bassiné avec l'annuaire
inversé.
On nous avait déjà incité à noter
de façon inversée, en version polonaise dans le
texte.
Eh bien hier je fus le témoin de la dernière tentative
d'inversion, la première de l'année 2004, à
savoir : le Père Noël inversé.
A l'âge où la retraite n'est maintenant plus atteinte,
le brave Papy, croulant sous les commandes lors de la période
des fêtes eut vite fait de mettre sur pieds tout un réseau
de franchisés se chargeant de livrer les cadeaux en temps
et en heure au client, roi de la fête s'il en est. Même
si ce dernier n'a plus de cheminée, de chaussures sous
le sapin et voire plus de sapin du tout dans certains cas, le
manque de tout rendant la tache noëlistique de plus en plus
ardue.
Les boules.
Ainsi en mettant à contribution les plus ou moins grandes
surfaces, il faut avouer (et donc à moitié pardonner)
que chacun y trouve son compte, y compris le Père Noël
qui doit toucher un sacré paquet de royalties. De quoi
lui permettre de conserver les rênes de cette vaste entreprise
mondialement universelle.
Seulement le 3 janvier, l'heure est au bilan et à son dépôt.
Impossible par exemple de faire un achat en moins de 2 heures
dans la filiale locale nommée Carrefour. Impossible compte-tenu
du flot de personnes attendant aux caisses afin de refourguer
au fournisseur originel ce que lui-même avait amené
dans le caddie quelques jours auparavant, le traîneau tournant
beaucoup moins bien dans les allées fruits et légumes.
Enfin c'est la supposition qui s'imposa à moi tant je suis
persuadé qu'il est impossible à des gens normalement
constitués d'acheter autant de produits que ceux que je
vis. Par contre je suis sûr qu'il doit être tout à
fait possible de les vendre.
Mais que va donc faire le Père Noël de tous ces retours
? J'ai dans l'idée qu'il n'en fera rien et qu'il va laisser
les autres régler le problème. Sinon, quel est l'intérêt
de sous-traiter ? Je vous le demande.
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La conscience des sens |
24/12/2003 : 00:10
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C'est dingue le temps supplémentaire dont on dispose lorsqu'on
ne dort que 4 à 5 heures par nuit.
Enfin, lorsque je dis 'on', je veux surtout parler de moi puisque
ceux qui ne dorment déjà que 2 à 3 heures
ne verront dans ce constat qu'une perte de temps supplémentaire
jeté dans le puits sans fond de l'oisiveté.
Pour me situer sur l'échelle qui monte jusqu'au repos éternel,
je dirai que la situation actuelle correspond à la demi-dose
qui m'est habituellement prescrite.
Alors pourquoi cet état d'éveil exacerbé
? Pourquoi quitter de façon aussi prématurée
les bras d'une Morphée sûrement adepte du culturisme
pour supporter le poids des ans en plus du mien ?
Eh bien sachez que cet état de fait ne s'est pas présenté
tout seul un beau matin, ni même au cours d'une nuit noire.
Car pour arriver à ces quelques heures de suspension temporelle
volées au chronomètre du stade de l'éveil
(juste à droite après les vestiaires), j'avoue travailler
toute la journée sans relâche. Heureusement que les
fabricants de potions permettant de trouver le repos momentané
se sont penchés sur le panier de la Tisanière pour
y déverser des tombereaux d'herbes promptes à assommer
le consommateur, le tout conditionné en paquets de 25 sachets.
En l'occurrence j'attaque dès 7 heures du matin par un
produit appelé 'Nuit calme'. Puis s'ensuit une journée
cadencée par le rythme des heures qui passent sans arrêt
jusqu'au terminus ou tout le monde ne descend malheureusement
pas, ainsi que par les descentes de tasses.
Maintenant que j'en suis à deux paquets par jour je ne
vois pas bien comment va évoluer la situation. Je pense
déjà à me coller les sachets de tisane à
même la peau, suivant en cela un programme de désaccoutumance
dont les effets primaires pourraient fort bien me faire passer
des nuits noires en pleines nuits blanches.
En tout cas il n'est pas question d'abandonner le traitement car
je suis sûr d'une chose : c'est dingue le temps supplémentaire
dont on disposerait si on ne dormait plus.
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L'inactivité à l'épreuve du
feu de l'action |
17/12/2003 : 19:30
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L'entreprise s'articule autour de plusieurs axes parmi lesquels
l'éloge de la performance, la passion de l'excellence,
la motivation des forces vives et autres phénomènes
sensés toucher la masse des travailleurs afin de ne pas
la couler.
Mais la réalité est souvent différente de
celle qu'elle devrait être. Ce constat m'amène donc
à la conclusion que la réalité vraie est
en partie une émanation plus ou moins directe de l'imaginaire,
de l'absurde, puisant sa source au-delà du réel
théorique afin d'être imprévisible et informelle.
Vous me suivez ?
Bon, le mieux est encore de prendre un exemple concret dont toute
ressemblance avec des événements réels ou
pas serait totalement fortuite.
Prenez une affaire rondement menée dans laquelle chaque
membre de l'équipe sait ce qu'il a à faire. En clair
chacun sait également ce qu'il n'a pas à faire et
sait précisément qu'on ne compte pas sur lui pour
un certain nombre d'actions.
Bon.
Prenez maintenant un blaireau de l'équipe qui, prenant
de l'avance sur son planning personnel finit par ne plus rien
avoir à faire. Par conséquent il est fort probable
qu'il soit en train de ne pas faire quelque chose qu'initialement
une autre personne avait à sa charge.
Pour être précis j'ajouterais qu'il y a une chance
sur deux : soit c'est le cas, soit ce n'est pas le cas. Vous imaginez
aisément la rivalité naissante entre celui qui avait
prévu de ne pas faire le truc et celui qui ne le fait pas
à sa place. C'est un coup à casser une cohésion
d'équipe, à foutre en l'air une stratégie
participative fondée sur l'inaction et à semer la
zizanie puisqu'au fond plus personne ne sait ce qu'il n'a pas
à faire. Ce qui revient à dire que plus personne
ne sait ce qu'il a à faire.
Ben oui, faut être logique. Si on ne sait pas ce qu'on n'a
pas à faire, on n'est pas prêt de savoir ce qu'il
faut faire pour bien faire. Ben oui.
D'un autre côté l'heure est au partage et je suis
sûr que ce qu'on ne fait pas à 5 peut très
bien ne pas se faire à 6. D'accord cela demande un minimum
d'organisation. Par exemple si quelqu'un prend de l'avance sur
ce qu'il n'a pas à faire, il faut rapidement réestimer
le temps restant à passer sur les activités à
ne pas faire afin de voir s'il ne serait pas possible de venir
en aide à un collègue qui mettrait plus de temps
pour ne rien faire. Histoire de dépanner.
Sinon le risque est de devoir payer des pénalités
d'avance. Mais comme cela n'est jamais arrivé, j'en déduis
que nous sommes plus forts dans les prévisions d'inactivités
que l'inverse. Quoique. Dans les imprévisions d'activités
on doit être pas mal non plus.
Non, ben, en fait oubliez tout ce que je vous ai dit. La réalité
c'est qu'on est au top.
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Exode 20:1 à 17 |
08/12/2003 : 20:35
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Je constate avec un certain amusement que beaucoup de lecteurs
continuent avec enthousiasme et persévérance à
ne pas me lire. La chaîne du froid ayant rompu le lien entre
le producteur et le consommateur, force est de constater que cela
peut devenir une activité à plein temps. Car je
vous le demande : aurons nous assez de temps pour ne pas faire
tout ce que nous ne ferons pas ?
Dans l'absolu la question peut paraître vide de sens, remplissant
par là-même le seau de la dérision qui menace
de déborder à chaque instant pour un peu que chacun
y mette du sien.
Rome ne s'est pas faite en un jour. Du coup combien de jours ne
faudra t-il pas pour ne pas en faire plus ?
Je sais, cela ne veut rien dire et je ne comprends pas plus que
vous les élucubrations alphabétiques qui se succèdent
sous l'impulsion de mes doigts qui semblent avoir accédé
à un niveau d'autonomie encore jamais atteint. Sauf peut-être
par le doigt de Dieu, celui qui grava dans le marbre les 10 commandements
au plus grand effroi du manucure en chef assis à la gauche
du divin, la place de droite étant réservée
à la famille proche.
Et dans ces commandements qu'il serait de nos jours plus opportun
de renommer 'recommandations', 'conseils' ou 'rappels immémoriaux'
je viens d'en repérer un, le quatrième pour être
précis, que tout le monde semble avoir oublié depuis
peu. Comme beaucoup d'autres d'ailleurs. Loin de moi l'idée
de prêcher la bonne parole pour tenter de vous convertir
à d'autres lectures. Vous risqueriez de ne pas revenir.
Mais quand le quotidien nous amène à la frontière
du réel, pourquoi ne pas prendre l'ouvrage de référence
en la matière afin de continuer le voyage un peu plus loin
? La Bible n'est-elle pas au fond la carte Michelin des terres
inconnues ?
Dieu, ce n'est quand même pas rien, a écrit "Souviens-toi
du jour du repos, pour le sanctifier". Et il a ajouté
pour les blaireaux qui pensaient pouvoir se souvenir et sanctifier
tout en travaillant, une phrase passée à l'as et
en bas de page, inaugurant par là-même les astérisques
et les passations de contrats foireux : "Tu travailleras
six jours, et tu feras tout ton ouvrage.".
En gros : le Dimanche on ne travaille pas.
Qui qu'a pas travaillé Dimanche ? Hein ? C'est qui ? Tous
ces magasins ouverts afin de préparer la fête de
la naissance du fiston. C'est le monde à l'envers. L'oeuf
et la poule n'ont plus qu'à se rhabiller. S'il était
resté mort le Christ se serait retourné dans sa
tombe. Sans les mains. C'est sûr.
Ou pas car j'avoue avoir une autre explication. Nos rendements
étant ce qu'ils sont, je pense que nous ne réussissons
plus à faire tout notre travail en six jours. Du coup,
faut aussi mettre le paquet le Dimanche. Pour pouvoir le mettre
sous le sapin le 25.
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Today is a good day |
02/12/2003 : 23:08
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"
Après certaines nuits, on devrait changer de nom, puisque
aussi bien on n'est plus le même.
"
E.M. Cioran
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La division complémentaire |
21/11/2003 : 22:40
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Si je compare la situation actuelle à celle des années
2001-2002 plutôt riches en délire scripturaux et
autres âneries chroniques, je dois bien reconnaître
que je n'écris quasiment plus. D'ailleurs le lecteur averti,
qui n'en vaut pas deux au compteur d'affluence, perdu dans le
méandre de ces pages subliminallement blanches l'aura sûrement
remarqué.
D'un autre côté comme il n'y a rien à lire,
le non-lecteur devrait être également au courant
de la forfaiture, s'adonnant par la même occasion à
son passe-temps favori.
Tel que je le vois, tout le monde doit à présent
être informé du tarissement de la source de laquelle
aucune richesse exploitable n'est pourtant jamais sortie. Constat
érigé en production hollywoodienne puisque comme
aurait pu le dire Clint Eastwood dans "Le bon, La Brute et
Le Truand" : 'Le monde se divise en deux catégories
: les lecteurs et les non-lecteurs'. Le genre de logique impitoyable
qui ne peut rester lettre morte bien longtemps.
Les non-dits étant souvent plus éloquents que les
mots, qu'en est-il exactement de l'écriture ?
La non-chronique n'aurait-elle pas plus d'impact qu'une invective
truculemment jettée en pature à la vindicte populaire
?
Une non-chronique quotidienne ne deviendrait-elle pas au bout
de quelques temps une non-chronique chronique, s'unissant dans
cette association improbable à son antithèse pour
nous donner une vague idée de l'infini ?
Car le monde ne se divise t'il pas en deux catégories :
les chroniques et les non-chroniques ?
Une question anachronique que la réalité scientifique
ne pourra jamais élucider puisque je vois mal ce qu'une
datation au carbone 14 d'une non-chronique pourrait bien donner.
Cependant le but de cette chronique, inconnu s'il en est mais
frisant la sortie de route à chaque passage à la
ligne, n'est pas de vous exposer une théorie de plus tendant
à prouver que ne rien faire c'est tout faire. Non puisque
la pratique de la non-chronique récursive exposée
ci-dessus l'a déjà clairement prouvé.
Je voulais juste vous parler de l'action et de la non-action.
Du fait d'agir et de ne pas agir. De la différence entre
les deux ainsi que de leur grande similitude.
Je reporterai donc l'exposé à plus tard.
Ou jamais puisque le monde se divise en deux catégories
: ce qu'on fait et ce qu'on aurait dû faire.
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L'achat gagnant |
12/11/2003 : 22:20
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Houdini en personne, celui qui perpétua la tradition dans
la droite ligne de la contorsion à travers les ans, le
grand Houdini disais-je se serait retourné dans sa tombe
à la seule évocation de la scène dont je
fus ce soir le témoin.
Cela se passa sur une nationale fort pourvue en attractions diverses
du style tir à toutes heures, alors que je ne cherchais
pas un raccourci que du coup je n'ai pas trouvé. Cela a
commencé par un Conforama que mon véhicule dépassa
et par une autre voiture qui dudit magasin s'éloigna. C'est
alors que j'ai jeté le coup d'oeil dans le rétro
me permettant de faire le point sur la situation, ainsi que d'en
tirer les causes que je m'en vais vous exposer.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas le pays où la
vie est moins chère, je précise qu'en ce lieu vous
pouvez acheter des lits, encore que normalement un seul fasse
l'affaire.
Par contre les deux occupants de la voiture susmentionnée
l'avaient eux très bien compris car, tant qu'à faire
le voyage, ils ne se sont pas décidés pour un matelas
pneumatique, du genre qui se range dans la boite à gants
et qui vous donne l'impression de dormir sur une chambre à
air de pneu de camion, valve incluse. Non, l'heure étant
à la démesure c'est un modèle biplace qui
fut retenu. Au moment de charger le matelas dans la R19 sans break,
sans galerie sur le toit mais avec banquette arrière rabattable,
il fut décidé à l'unanimité de l'évidence
que le plan d'actions serait le suivant : on ouvre le coffre,
on bourre un max et quand tout est dedans on referme le coffre
sous peine d'étaler son achat à la face du monde
et surtout en plein milieu de la chaussée à la première
accélération venue.
L'opération, j'en témoigne, fut apparemment menée
de mains de maîtres. Celles qui justement se devaient de
reprendre le volant en plus de la situation afin de mener le matelas
à bon port, le but n'étant pas de dormir à
la belle étoile puisqu'en l'occurrence la R19 n'avait pas
de toit ouvrant.
Voilà donc ce qui expliqua ma vision du jour, à
savoir deux couillons la gueule collée contre le pare-brise
en train de faire l'essuie-glace à l'intérieur de
la voiture, le matelas en guise d'appui-tête, de serre-tête,
de tout ce qu'on veut-tête. Le conducteur à 50% au
dessus du volant et le passager en train de refaire sa mise en
plis, exploitant en cela au mieux le flux d'air du circuit de
désembuage auquel il ne pouvait de toute façon pas
se soustraire. Ce qui s'appelle joindre l'utile à l'agréable.
Le pire c'est qu'au premier feu, afin de faire comme si de rien
n'était, ils se sont mis à allumer une cigarette,
manquant de foutre le feu à leur chargement tout en risquant
de se déboîter l'épaule au cours de l'exercice.
Sans compter le remplissage du cendrier qui à lui seul
relègue Houdini au rang de phénomène de foire.
Le temps passe, les hommes trépassent mais au fond les
performances durent. D'ailleurs ne seraient-ce pas les seules
qui comptent ?
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Avertissement |
06/11/2003 : 23:00
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Ce qui peut se dire manque de réalité.
N'existe et ne compte que ce qui ne passe pas dans le mot.
"
E.M. Cioran
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