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MICHEL MOHR'S
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Les chroniques du 06/11/2003 au 18/04/2004 sont ici.
 


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Petit mot dans le livre d'or
Email à Michel Mohr
ICQ 21340010

 
 
     
 
L'histoire qui déchire
18/04/2004 : 15:50

A n'importe quel moment une partie de nous peut s'éveiller. Je m'en suis aperçu Samedi sur le coup de 8 heures alors que la lumière se fit dans ma chambre baignant dans une obscurité si opaque que l'office des HLM de Paris aurait pu y élire domicile.
A ce propos il est étonnant de constater que le jour on ouvre les volets pour laisser entrer la lumière alors qu'en pleine nuit on ne les ouvre jamais pour laisser entrer la pénombre. Peut-être parce que la pénombre est déjà à l'intérieur. En chacun de nous.
Bref, le réveil fut des plus simples. Mais pas le lever. Car celui-ci fut impossible. Comme si on m'avait cloué au lit, non pas avec une forte fièvre mais plutôt avec une épée en plein milieu des deux dernières cotes qui me restent avant les organes de transit, étapes obligées allant dans le sens de la nature. Cependant ne croyez pas qu'en j'en fis tout un plat. Calmement, il me fallut faire le tour de la situation, immobile sur le dos. Impossible de me tourner sur la droite, la douleur me terrassant comme un obus de mortier s'écrasant sur la plage protégée par ma ceinture abdominale. Je fus aussi gauche de l'autre coté. Quant au plan consistant à soulever ma carcasse pour me remettre à flots sur la terre ferme, il tomba à l'eau dès le premier mouvement.
Bon Dieu. La sentence me pendait au nez comme la goutte. Ma première idée fut d'attendre une ou deux semaines dans cette position afin que la douleur disparaisse. Mais à tous les coups la logistique ne suivrait pas. Ni mon besoin présent d'aller soulager un organe vessiculaire dont la simple évocation anatomique suffit à ébranler mes convictions de maîtrise de mon corps, celui-ci se transformant peu à peu en véritable bombe atomique. Encore que, la pression augmentant en moi sous l'effet de la distillation et de la panique, je crus un moment qu'il me serait possible d'atteindre directement le WC depuis ma position horizontale pour peu que ma maîtrise de la balistique soit au rendez-vous. Seulement voilà, je ne connaissais pas l'évolution des coefficients de marée qui affleurait alors le haut de l'échelle, expression pas de bon goût s'il en est. De plus toutes les portes étaient fermées. Celle de la chambre et celle des toilettes. On ne pense jamais à tout au moment de se coucher. On se dit juste que demain sera un autre jour et on a bien raison. Sauf que dans ces moments de solitude infinie, je me dis qu'on est trop cons d'avoir raison.
Donc il ne servait à rien d'attendre plus longtemps un hypothétique sauvetage de la noyade qui s'annonçait plus implosive que plausible.
Je mis bien dix bonnes minutes pour réussir à me glisser tant mal que mal au bord du lit en me laissant tomber grâce à un mouvement de balancier à base de bras, jambes et tête propre à faire concurrence à n'importe quel numéro de trapéziste venu de Moscou, le filet en moins. Et croyez-moi, dix minutes c'est long. Surtout que tant qu'elles ne sont pas passées on ne sait pas combien de temps elles vont durer. On n'est même pas sûr qu'elles seront dix. C'est dire.
Car c'est la fin des temps qui permet de mettre fin à l'éternité. Ou de la débuter.

 

Le point de l'Histoire
16/04/2004 : 15:00

Si la nature humaine avait un tant soit peu de persistance, de consistance et de fondamentaux, il devrait être possible de dégager de toutes ces années d'évolution, de tous ces siècles de révolutions, de toutes ces successions de grandeurs et de décadences, quelques constantes intemporelles, quelques lignes directrices indiquant la tendance, bonne ou mauvaise.
Eh bien je ne vois pas.
Je ne comprends pas le sens de l'histoire. Certes, l'histoire est en marche et reste sans fin.
Mais quand même.
Tant de vies. Tant de morts (en fait autant que de vies moins un delta dont nous faisons momentanément parti et moins les immortels, clandestins des temps modernes s'il en est).
Et tout cela pour quoi ?
Si en plus il y avait des points communs entre les époques, je me dirais qu'il y a peut-être une suite logique.
Mais quel est le rapport entre les tranchées de 14-18, la conquête spatiale et les Tchin-tchin d'Afflelou ?
A part constater que la folie de l'homme n'a pas de limites, pléonasme qui tout en ne disant rien veut tout dire, je reste sans voix.
Alors ?
Alors je note que les préoccupations de l'Homme ne font qu'évoluer, se transformant au grès des époques pour au bout du compte continuer à fleurir sur nos existences, comme un rosier puisant sa force du peu de fumier dont il dispose.
Comme si la vie devait se rattacher à quelque chose de sombre, sans quoi elle perdrait de son éclat.
Car quoi ! Quel est le rapport entre l'Australopithèque spongiforme du pré-n'importe quoi et l'Humanoïde urbain du prés-de-ses-sous ?
Le premier était obnubilé par la survie, chassant le mammouth avec des pics en bois car il avait les crocs.
Le second n'a plus d'obnubilation, préférant se dissiper dans les allées du Mammouth à la recherche de quelques comestibles et de simples cure-dents qui finiront d'assurer la survie de ses crocs.
A part le fait de tenter de perpétuer l'espèce (jusqu'à quand cette folie continuera t-elle ?), je ne vois aucune caractéristique fondamentale résistant au temps qui passe.
C'est dire si tout cela ne veut rien dire !

 

Le vertige du bas
01/04/2004 : 23:15

Ce matin je ne sais toujours pas si un lapin a tué un chasseur. Non, ça je ne le sais pas. Mais ce que je peux néanmoins affirmer, c'est qu'en France on a effectivement des idées. Par contre je ne dis pas qu'elles sont toutes forcément bonnes. Je dis simplement qu'on a des idées. Pas forcément simples. Du genre de celles qu'on continue à mettre en balance avec le pétrole, comparaison qui m'a toujours surprise puisqu'à chaque coin de rue de notre pays, qui remporte chaque année le premier prix de la francofolie, fleurissent des pompes regorgeant du liquide nourricier qui fait avancer les choses à défaut de faire avancer le débat. Sauf s'il est dans le coffre. Ou dans la boite à gants.
Mais je sens que nous nous égarons une fois de plus sur les routes qui accompagnent notre voyage du début jusqu'à la fin. Filons droit dès maintenant sur le chemin sinueux qui nous mène vers notre destinée, frais de péages en sus. Je disais donc que ce matin, en allant au client comme certains vont aux supplices (vu le tarif journalier il peut bien y en avoir plusieurs), j'ai doublé une camionnette qui arborait fièrement les couleurs de son propriétaire, à savoir une société dont la raison d'être, très loin d'être sociale, se résume en quelques mots peints sur la carrosserie. Un message concis et qui annonce la couleur du plus haut qu'il peut : 'Photos aériennes prises du sol'.
Des photos aériennes prises du sol ?
En premier approche je dirais que le concept m'échappe. Puis en poussant le raisonnement un peu plus loin tout en faisant fi des clichés, je trouve que c'est très fort comme concept commercial tant la concurrence doit être limitée. Voire nulle.
Certes.
Mais pour ce qui est de passer à un stade industriel, il va falloir se retrousser les manches puisque la paire requise n'est pas celle dont on dispose. Puisque c'en est une autre. Car comment mettre en oeuvre une idée aussi aérienne sans voler au ras des pâquerettes ?
Je vous le demande.
Eh bien la solution est toute simple. Je suis allé voir le site internet de cette société et c'est beau. Oui, c'est beau. Comme un sous-marin qui coule. Comme un mois d'Octobre rouge. Car tout est là : le périscope. Installé dans un camion. Un périscope de 15 mètres qui permet à partir du sol de se voir mais par au-dessus.
Moi quand j'ai vu la petite cheminée sur le haut de la camionnette, j'ai cru que c'était l'appendice d'un four à pizza permettant d'évacuer les fumées. L'outil d'un vendeur itinérant de 4 fromages fondus au feu de bois.
Ben non.
Plutôt un équipement de pointe qui permet de prendre du recul en plus des photos.
La France, les idées, le premier avril, je trouve ça beau. Et en plus ce n'est pas une blague.

 

Troubles oculaires
25/03/2004 : 21:05

Ce soir j'écrirais bien une chronique. Seulement je ne vois pas sur quelle proie jeter mon dévolu. Je pourrais une fois de plus me sacrifier pour l'expérience en faisant de l'auto-nombrilisme centré sur moi-même. Mais trop c'est trop. A force de ne voir que ce que je regarde, j'en viens à douter qu'il puisse exister autre chose que je ne verrais pas.
Vous voyez un peu le problème ?
La question posée à cet instant précis est la suivante : 'A force de prendre du recul, ne suis-je pas en train de m'éloigner ?'
Au début cette démarche avait un sens puisqu'à l'époque il n'y avait rien à voir. Ou plutôt disons que ce que je cherchais était enterré si profondément que la poussière accumulée pendant ces décennies m'empêchait de le voir.
Arrêtant de faire la sourde oreille aux images intérieures dont mes rêves regorgent, cessant de fuir à grandes enjambées ce que je suis et qui me poursuit partout avec parfois plusieurs moi(s) d'avance, j'ai retrouvé peu à peu ma vision de près. Mon regard sur moi-même. Celui qu'on peut jeter, qui ne va jamais très loin et qu'on peut facilement récupérer sans risquer l'énucléation.
M'approcher ainsi de ce que je n'avais encore jamais vu. Tout cela me semble à présent si clair. Tout cela me semble pourtant si loin de moi.
C'est bizarre de se dire que toutes les cartes ont peut-être été distribuées et que la partie pourrait commencer.
Pourrait.
Voilà, tout cela pour dire que je ne sais pas de quoi parler ce soir.
J'aurais pu faire comme pour mes dernières photos, me passer de commentaires. Mais autant l'exercice peut-être parlant concernant des images, autant il me semble muet au niveau d'une chronique.
Une chronique vouée au silence. Comme un cri intérieur dont le corps se fait l'écho.

 

Les smoking troubles
16/03/2004 : 20:45

Je suis à présent formel : les gens qui fument ont de sérieux problèmes.
J'avoue qu'à la première taf ce constat peut paraître assez fumeux. Soit. Mais sachez qu'il se base sur une analyse statistique des plus sérieuses que j'ai moi-même effectuée à partir de quatre individus échantillonnés de façon pas trop représentative de la population.
Et comme plus personne ne s'identifie aux moyennes imposées par les probables mathématiciens de l'INSEE, j'affirme que mon procédé en vaut largement un autre.
Ben oui.
Il est clair que de nos jours plus personne ne se reconnaît dans les conclusions d'enquêtes en tous genres qu'on nous assène tous les quatre matins de la semaine des quatre Jeudis.
Exemple : prenez deux personnes. Placez en une au dessus et une en dessous. De quoi ? Qu'importe, la démonstration fonctionne avec tout et n'importe quoi. Donc en moyenne, on peut dire que tout le monde se situe au niveau de référence. Alors qu'en réalité personne n'y est.
Bon ben en résumé c'est ça les statistiques : à partir de données qui nous sont propres nous nous retrouvons à un endroit où nous ne sommes pas.
Bref, revenons à mon étude.
J'en entends déjà certains qui se gaussent en arguant que le problème principal du fumeur c'est la cigarette. Je leur rétorquerais que cela prouve que mon introduction conclusive (ou conclusion introductrice) a un réel fondement que personne ne peut contredire, même pas ses détracteurs.
Un bon point pour moi.
D'autres me diront que ceux qui ne fument pas ont aussi des problèmes.
Et alors ? Tous ces malheureux essayant de fuir leur condition de tourmentés, ne feraient-ils pas mieux de se fuméifier les poumons, de se cavernéifier les cordes vocales et d'aspirer à autre chose que leur condition de non-fumeurs ? Hein ? Je vous le demande.
Pour en finir je dirai que parmi ces quatre personnes je n'en ai pas diagnostiqué une seule saine de corps et d'esprit selon mon référentiel qui relègue le tas haut au niveau du tas bas. Enfin, disons que pour le corps j'ai encore quelques doutes car j'attends le plus tard possible les rapports d'autopsies. Mais pour l'esprit la tergiversation n'est plus permise. Et le plus amusant c'est que le constat n'a aucun rapport avec la cigarette. Mis à part le fait que ces quatre personnes fument. CQFD.

 

A contre-courant
09/03/2004 : 23:20

Les bonnes nouvelles surgissent comme les coquillages lors d'une marée basse.
C'est ce que je me suis dit ce matin à l'écoute de France Info, la radio qu'il me faut. D'habitude je tombe toujours sur le créneau du jardinier fou qui bute à tout va ou de la rubrique 'quelle époque épique', ce qui fait qu'au final je ne sais rien des vraies informations dont tout rapport avec une quelconque réalité ne serait qu'une coïncidence fortuite.
En l'occurrence j'ai assisté à l'interview d'un gars qui avait battu le record du monde effectué en sens inverse et en bateau.
En sens inverse ?
Je connaissais une polonaise qui était inversée mais elle ne faisait que du calcul. Y compris au petit déjeuner.
Non, sans blague, qu'est-ce que cela veut dire 'en sens inverse' dans l'eau ?
De suite je me suis imaginé le navigateur faisant le trajet en marche arrière, jetant par intermittence, histoire d'assurer le spectacle, des coups d'oeil inquiets par dessus son épaule droite. Ou gauche. Le tout dans le but de garder le cap. Horn ou pas.
En sens inverse ?
Il y aurait donc un sens dans l'eau ? Peut-être celui du courant. Mais comme chaque le sait le courant est alternatif et n'a donc aucun sens. Enfin disons un sens unique qui est le même une fois sur deux, bien qu'en moyenne cela ressemble plutôt à du surplace. Ce qui n'est pas très positif si on souhaite boucler un tour du monde, aussi inversé soit-il.
Mais bon Dieu, en sens inverse de quoi ?
Sûrement des autres blaireaux qui ont décidé de le faire dans le bon sens, à savoir dans le sens inverse de ceux qui le font de façon inversée.
Encore un gus qui s'est cru malin en allant contre le sens commun, celui qu'on ne remet jamais en cause puisqu'à priori c'est le bon.
Et tout ça pour quoi ?
Pour se retrouver au même endroit qu'au départ. Avec ceux partis dans l'autre sens.
Enfin une conclusion qui tombe sous le sens.

 

I comme Icare
07/03/2004 : 20:35

J'hésite.
J'hésite à vous raconter une nouvelle anecdote tendant à ne rien prouver mais seulement à rappeler qu'à n'importe quel moment, c'est-à-dire à chaque instant, se produisent des événements complètement normaux qui malheureusement n'étonnent plus grand monde.
J'hésite entre exploiter à nouveau cette matière première que la vie m'offre et dont je ne sais que faire, et vous resservir une énième version obscure relatant mon ressenti personnel par rapport aux liens anormaux que j'entretiens avec moi-même.
J'hésite entre mon côté dynamique et mon côté statique. Entre l'ombre et la lumière. Entre le soleil et les ténèbres. Entre tout et rien.
Comme si je n'avais qu'à choisir. Comme si je pouvais choisir.
Alors que non.
Je ne choisis rien. Et pourquoi ? Parce qu'il n'y a rien à choisir. Parce qu'il n'y a pas de choix.
Voilà pour l'un des deux versants.
Pour l'autre je n'ai pas grand chose à raconter. "Comme à chaque fois !" me direz vous. Et vous avez raison. A cet instant précis de ma chronique je m'aperçois avec stupéfaction qu'en faisant les questions et les réponses j'obtiens beaucoup plus facilement l'assentiment de la majorité silencieuse qui s'exprime à travers mon choix.
"Ben, rétorqueriez-vous, je croyais qu'il n'y avait pas de choix ? Que celui-ci n'existait pas ?".
Certes. Mais je parlais de mes choix.
Car j'ai toujours la liberté de choisir pour vous.
J'exerce ma liberté au dépend de la votre en quelque sorte, puisqu'en choisissant à votre place vous n'avez plus à le faire.
Mais, cela voudrait dire que notre liberté dépendrait des autres ?
Que je ne suis libre que parce que vous êtes là ?
La démonstration est peut-être alambiquée mais avouez que le constat est surprenant.
Ce mélange des genres, cette confrontation, cette hésitation de début de ligne me montre enfin la voie d'une vérité qui n'existe encore qu'à l'état embryonnaire. Et comme l'Etat, c'est moi...
C'est tellement lumineux que ça en devient aveuglant.
Toujours les extrêmes...

 

Du pareil au même
25/02/2004 : 19:55

Certains ne manquent pas d'air. Et dans l'hypothèse où ce manque soufflerait le vent de la révolte, je conseillerais les susdites personnes d'aller le prendre. D'une part parce qu'on n'est jamais aussi bien servis que par soi-même et d'autre part parce que moins on en manque et plus l'aération peut avoir d'effets bénéfiques.
Ceci dit je ne me berce pas d'illusions car ceux qui brassent du vent ne peuvent pas manquer d'air. Directement du producteur au consommateur, rien ne se perd. Le plus court chemin pour être direct sans s'encombrer des détails. Tel est le credo des gens qui assurent.
Et donc de mon assureur.
Suivant un cyclique pseudo-aléatoire conforme à une logique qui lui est propre, je reçois à chaque fois qu'il m'est envoyé un courrier me permettant d'élire les délégués régionaux qui administrent la caisse d'assurances dont l'objectif est d'assurer ma caisse.
Soit.
Jusqu'à présent j'étais toujours circonspect face à ces élections pour la simple et bonne raison qu'il n'y a qu'une seule liste. Avec des noms qu'on ne peut pas rayer sous peine de nullité. Du coup j'avais bien remarqué qu'ils ne se donnaient pas la peine d'élaborer un programme électoral plein de promesses prophétiques. Même en faisant preuve d'amabilité, le constat est le même depuis toutes ces années : à quoi cela me sert-il de voter ? Si je vote, la liste passe avec 100%, c'est sûr. Et si je ne vote pas elle atteindra péniblement un petit 100%, sous réserve de trouver au moins un blaireau d'assuré (dont les candidats font en plus parti) prêt à faire ce qu'on lui dit tout en assumant les conséquences de ses actes, qui sont en gros les mêmes que celles des non-actes des abstentionnistes.
Bref, le procédé m'avait toujours étonné. Pourquoi voter pour Ginette Pinjon et Marcel Lacaze que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Sûrement des gens dévoués, mais à quelles causes ? Sans parler des conséquences, toute franchise mise à part...
Mais bon, lorsque les mystères insondables de la nature humaine commencent à me donner le vertige, j'avoue être à deux doigts d'abandonner la lutte.
Sauf que cette année ils ont changé leur formule. Pas en ce qui concerne la liste unique, un procédé qui continue apparemment à remporter tous les suffrages. Non. Juste un message choc dans la lettre accompagnatrice sensée motiver l'électeur moyennement dubitatif, à savoir :
"Vous en connaissez beaucoup des entreprises où le conseil d'administration est élu démocratiquement par ses clients ?"
Ben non. Sauf bien sûr si on décrète à l'unanimité qu'il suffit de pouvoir voter pour s'auto-proclamer en démocratie. En ce qui me concerne j'ai des doutes. Des scores à la 100% j'aime pas trop beaucoup ça.
J'ai la désagréable sensation qu'on cherche à me forcer la main, à m'utiliser comme le bras armé qu'on glisse dans l'urne au risque de m'en mordre les doigts.
Et la mention "Bien sûr le vote est confidentiel" me laisse encore plus pantois.
Si je vote on sait forcément pour qui. Par contre si je ne vote pas on le sait aussi.
Vous parlez d'une confidentialité !

 

Aller vers le passé
19/02/2004 : 22:35

"Les blagues les plus courtes sont les meilleures".
Soit. Si maintenant je pose comme postulats le fait que toutes mes chroniques ne sont qu'une vaste plaisanterie et que mes productions quotidiennes les plus récentes se réduisent à leur plus simple expression, j'en arrive à la conclusion que ces dernières semaines étaient de par le fait les meilleures de ma période noire.
Le sommet de mon art. La farce ultime. Que dis-je : le top de la crème renversée !
Seulement voilà.
Les visites des lecteurs ne cessent pas de continuer.
Les gens du voyage qui se sont perdus sur les autoroutes de l'information jusqu'à se retrouver dans l'impasse MMPPesque réagissent.
Y aurait-il donc une vie après le trépas ?
Suis-je donc le seul à avoir apprécié à sa juste valeur ces sommets de profondeurs, ce mutisme si parlant, ces absences si présentes ?
Faut-il donc rompre le silence pour faire taire les non-dits ?
Faut-il que je continue à chercher les bons mots afin de mieux combattre les mauvais maux ?
Peu importe, je me rends compte à présent que la perfection n'intéresse plus personne. Que les meilleures performances sont peut-être celles qui durent mais que ce ne sont pas de celles-là dont on se souvient.
On se souvient du temps où les choses étaient différentes. Surtout parce que si elles sont encore identiques, il n'est pas nécessaire de se les rappeler vu que le présent se charge alors de s'en souvenir pour nous.
Car la question est là : tout cela n'est-il qu'un souvenir ? Ou pas ?

 

Le bail aux corneilles
01/02/2004 : 17:25

S'il ne me fallait retenir qu'un seul enseignement de toutes ces années, je dirais tout simplement que les profondeurs de l'Être n'ont aucune limite. A chaque fois que j'étais persuadé d'avoir touché le fond de moi-même, le sol s'est dérobé sous mes pieds, m'entraînant à des profondeurs insondables.
A présent je réalise que tout ce qui m'entoure n'est qu'un film qui repasse une nouvelle fois sous mes yeux. Une rediffusion à l'identique dans laquelle je ne tiens plus aucun rôle et dans laquelle je ne veux même plus postuler si le scénario n'évolue pas.
Je connais trop bien cette histoire. Elle est mienne. Et c'est mon film. Ce qu'il y a de nouveau c'est que je me suis extirpé de cette mauvaise comédie dramatique à tendances thrilleuses.
Je sais à présent de quoi je suis fait.
Et je suis fait.
Les choses paraissent des fois si simples qu'elles finissent pas ne plus avoir de sens ni d'intérêt, me plongeant dans l'instant qui s'écoule, me noyant sous le flot inconsistant de ma vérité primitive.
L'insomnie m'a amené là où je n'étais jamais allé. Un être éveillé aux frontières absentes qui séparent normalement la conscience de l'oubli. Une sensibilité au temps, aux émotions, à l'existence. Ne plus avoir de répit, même allongé sur les plages horaires dédiées à cet effet. Vivre en deux mois plus qu'en trente ans. Sentir mon coeur battre pour la première fois. Tellement fort que cela en devient insupportable. Ce martèlement continu qui menace à chaque instant d'ébranler tout l'édifice. Ce martèlement qui résonne dans un corps vide de tout. Comme une voix sortie de nulle part et qui s'amplifie à chaque fois qu'elle rencontre un mur dans cet appartement vide dont je suis le locataire.
Que la raison quitte mon âme.
Les flots de ma tristesse ont noyé mes dernières convictions.
Je ne sais pas ce qui va résulter de tout cela. Je ne sais pas si c'est mieux ou pire qu'avant.
C'est juste différent. Très différent. Très différent et très dur.

 

Un certain doute
25/01/2004 : 21:50

"
Etre persuadé de quoi que ce soit est un exploit inouï, presque miraculeux.
"
E.M. Cioran

 

Insomnia
14/01/2004 : 22:20

"
Toute pensée dérive d'une sensation contrariée.
"
E.M. Cioran

 

Noël Père
04/01/2004 : 14:30

On nous avait déjà bassiné avec l'annuaire inversé.
On nous avait déjà incité à noter de façon inversée, en version polonaise dans le texte.
Eh bien hier je fus le témoin de la dernière tentative d'inversion, la première de l'année 2004, à savoir : le Père Noël inversé.
A l'âge où la retraite n'est maintenant plus atteinte, le brave Papy, croulant sous les commandes lors de la période des fêtes eut vite fait de mettre sur pieds tout un réseau de franchisés se chargeant de livrer les cadeaux en temps et en heure au client, roi de la fête s'il en est. Même si ce dernier n'a plus de cheminée, de chaussures sous le sapin et voire plus de sapin du tout dans certains cas, le manque de tout rendant la tache noëlistique de plus en plus ardue.
Les boules.
Ainsi en mettant à contribution les plus ou moins grandes surfaces, il faut avouer (et donc à moitié pardonner) que chacun y trouve son compte, y compris le Père Noël qui doit toucher un sacré paquet de royalties. De quoi lui permettre de conserver les rênes de cette vaste entreprise mondialement universelle.
Seulement le 3 janvier, l'heure est au bilan et à son dépôt. Impossible par exemple de faire un achat en moins de 2 heures dans la filiale locale nommée Carrefour. Impossible compte-tenu du flot de personnes attendant aux caisses afin de refourguer au fournisseur originel ce que lui-même avait amené dans le caddie quelques jours auparavant, le traîneau tournant beaucoup moins bien dans les allées fruits et légumes. Enfin c'est la supposition qui s'imposa à moi tant je suis persuadé qu'il est impossible à des gens normalement constitués d'acheter autant de produits que ceux que je vis. Par contre je suis sûr qu'il doit être tout à fait possible de les vendre.
Mais que va donc faire le Père Noël de tous ces retours ? J'ai dans l'idée qu'il n'en fera rien et qu'il va laisser les autres régler le problème. Sinon, quel est l'intérêt de sous-traiter ? Je vous le demande.

 

La conscience des sens
24/12/2003 : 00:10

C'est dingue le temps supplémentaire dont on dispose lorsqu'on ne dort que 4 à 5 heures par nuit.
Enfin, lorsque je dis 'on', je veux surtout parler de moi puisque ceux qui ne dorment déjà que 2 à 3 heures ne verront dans ce constat qu'une perte de temps supplémentaire jeté dans le puits sans fond de l'oisiveté.
Pour me situer sur l'échelle qui monte jusqu'au repos éternel, je dirai que la situation actuelle correspond à la demi-dose qui m'est habituellement prescrite.
Alors pourquoi cet état d'éveil exacerbé ? Pourquoi quitter de façon aussi prématurée les bras d'une Morphée sûrement adepte du culturisme pour supporter le poids des ans en plus du mien ?
Eh bien sachez que cet état de fait ne s'est pas présenté tout seul un beau matin, ni même au cours d'une nuit noire. Car pour arriver à ces quelques heures de suspension temporelle volées au chronomètre du stade de l'éveil (juste à droite après les vestiaires), j'avoue travailler toute la journée sans relâche. Heureusement que les fabricants de potions permettant de trouver le repos momentané se sont penchés sur le panier de la Tisanière pour y déverser des tombereaux d'herbes promptes à assommer le consommateur, le tout conditionné en paquets de 25 sachets. En l'occurrence j'attaque dès 7 heures du matin par un produit appelé 'Nuit calme'. Puis s'ensuit une journée cadencée par le rythme des heures qui passent sans arrêt jusqu'au terminus ou tout le monde ne descend malheureusement pas, ainsi que par les descentes de tasses.
Maintenant que j'en suis à deux paquets par jour je ne vois pas bien comment va évoluer la situation. Je pense déjà à me coller les sachets de tisane à même la peau, suivant en cela un programme de désaccoutumance dont les effets primaires pourraient fort bien me faire passer des nuits noires en pleines nuits blanches.
En tout cas il n'est pas question d'abandonner le traitement car je suis sûr d'une chose : c'est dingue le temps supplémentaire dont on disposerait si on ne dormait plus.

 

L'inactivité à l'épreuve du feu de l'action
17/12/2003 : 19:30

L'entreprise s'articule autour de plusieurs axes parmi lesquels l'éloge de la performance, la passion de l'excellence, la motivation des forces vives et autres phénomènes sensés toucher la masse des travailleurs afin de ne pas la couler.
Mais la réalité est souvent différente de celle qu'elle devrait être. Ce constat m'amène donc à la conclusion que la réalité vraie est en partie une émanation plus ou moins directe de l'imaginaire, de l'absurde, puisant sa source au-delà du réel théorique afin d'être imprévisible et informelle.
Vous me suivez ?
Bon, le mieux est encore de prendre un exemple concret dont toute ressemblance avec des événements réels ou pas serait totalement fortuite.
Prenez une affaire rondement menée dans laquelle chaque membre de l'équipe sait ce qu'il a à faire. En clair chacun sait également ce qu'il n'a pas à faire et sait précisément qu'on ne compte pas sur lui pour un certain nombre d'actions.
Bon.
Prenez maintenant un blaireau de l'équipe qui, prenant de l'avance sur son planning personnel finit par ne plus rien avoir à faire. Par conséquent il est fort probable qu'il soit en train de ne pas faire quelque chose qu'initialement une autre personne avait à sa charge.
Pour être précis j'ajouterais qu'il y a une chance sur deux : soit c'est le cas, soit ce n'est pas le cas. Vous imaginez aisément la rivalité naissante entre celui qui avait prévu de ne pas faire le truc et celui qui ne le fait pas à sa place. C'est un coup à casser une cohésion d'équipe, à foutre en l'air une stratégie participative fondée sur l'inaction et à semer la zizanie puisqu'au fond plus personne ne sait ce qu'il n'a pas à faire. Ce qui revient à dire que plus personne ne sait ce qu'il a à faire.
Ben oui, faut être logique. Si on ne sait pas ce qu'on n'a pas à faire, on n'est pas prêt de savoir ce qu'il faut faire pour bien faire. Ben oui.
D'un autre côté l'heure est au partage et je suis sûr que ce qu'on ne fait pas à 5 peut très bien ne pas se faire à 6. D'accord cela demande un minimum d'organisation. Par exemple si quelqu'un prend de l'avance sur ce qu'il n'a pas à faire, il faut rapidement réestimer le temps restant à passer sur les activités à ne pas faire afin de voir s'il ne serait pas possible de venir en aide à un collègue qui mettrait plus de temps pour ne rien faire. Histoire de dépanner.
Sinon le risque est de devoir payer des pénalités d'avance. Mais comme cela n'est jamais arrivé, j'en déduis que nous sommes plus forts dans les prévisions d'inactivités que l'inverse. Quoique. Dans les imprévisions d'activités on doit être pas mal non plus.
Non, ben, en fait oubliez tout ce que je vous ai dit. La réalité c'est qu'on est au top.

 

Exode 20:1 à 17
08/12/2003 : 20:35

Je constate avec un certain amusement que beaucoup de lecteurs continuent avec enthousiasme et persévérance à ne pas me lire. La chaîne du froid ayant rompu le lien entre le producteur et le consommateur, force est de constater que cela peut devenir une activité à plein temps. Car je vous le demande : aurons nous assez de temps pour ne pas faire tout ce que nous ne ferons pas ?
Dans l'absolu la question peut paraître vide de sens, remplissant par là-même le seau de la dérision qui menace de déborder à chaque instant pour un peu que chacun y mette du sien.
Rome ne s'est pas faite en un jour. Du coup combien de jours ne faudra t-il pas pour ne pas en faire plus ?
Je sais, cela ne veut rien dire et je ne comprends pas plus que vous les élucubrations alphabétiques qui se succèdent sous l'impulsion de mes doigts qui semblent avoir accédé à un niveau d'autonomie encore jamais atteint. Sauf peut-être par le doigt de Dieu, celui qui grava dans le marbre les 10 commandements au plus grand effroi du manucure en chef assis à la gauche du divin, la place de droite étant réservée à la famille proche.
Et dans ces commandements qu'il serait de nos jours plus opportun de renommer 'recommandations', 'conseils' ou 'rappels immémoriaux' je viens d'en repérer un, le quatrième pour être précis, que tout le monde semble avoir oublié depuis peu. Comme beaucoup d'autres d'ailleurs. Loin de moi l'idée de prêcher la bonne parole pour tenter de vous convertir à d'autres lectures. Vous risqueriez de ne pas revenir. Mais quand le quotidien nous amène à la frontière du réel, pourquoi ne pas prendre l'ouvrage de référence en la matière afin de continuer le voyage un peu plus loin ? La Bible n'est-elle pas au fond la carte Michelin des terres inconnues ?
Dieu, ce n'est quand même pas rien, a écrit "Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier". Et il a ajouté pour les blaireaux qui pensaient pouvoir se souvenir et sanctifier tout en travaillant, une phrase passée à l'as et en bas de page, inaugurant par là-même les astérisques et les passations de contrats foireux : "Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage.".
En gros : le Dimanche on ne travaille pas.
Qui qu'a pas travaillé Dimanche ? Hein ? C'est qui ? Tous ces magasins ouverts afin de préparer la fête de la naissance du fiston. C'est le monde à l'envers. L'oeuf et la poule n'ont plus qu'à se rhabiller. S'il était resté mort le Christ se serait retourné dans sa tombe. Sans les mains. C'est sûr.
Ou pas car j'avoue avoir une autre explication. Nos rendements étant ce qu'ils sont, je pense que nous ne réussissons plus à faire tout notre travail en six jours. Du coup, faut aussi mettre le paquet le Dimanche. Pour pouvoir le mettre sous le sapin le 25.

 

Today is a good day
02/12/2003 : 23:08

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Après certaines nuits, on devrait changer de nom, puisque aussi bien on n'est plus le même.
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E.M. Cioran

 

La division complémentaire
21/11/2003 : 22:40

Si je compare la situation actuelle à celle des années 2001-2002 plutôt riches en délire scripturaux et autres âneries chroniques, je dois bien reconnaître que je n'écris quasiment plus. D'ailleurs le lecteur averti, qui n'en vaut pas deux au compteur d'affluence, perdu dans le méandre de ces pages subliminallement blanches l'aura sûrement remarqué.
D'un autre côté comme il n'y a rien à lire, le non-lecteur devrait être également au courant de la forfaiture, s'adonnant par la même occasion à son passe-temps favori.
Tel que je le vois, tout le monde doit à présent être informé du tarissement de la source de laquelle aucune richesse exploitable n'est pourtant jamais sortie. Constat érigé en production hollywoodienne puisque comme aurait pu le dire Clint Eastwood dans "Le bon, La Brute et Le Truand" : 'Le monde se divise en deux catégories : les lecteurs et les non-lecteurs'. Le genre de logique impitoyable qui ne peut rester lettre morte bien longtemps.
Les non-dits étant souvent plus éloquents que les mots, qu'en est-il exactement de l'écriture ?
La non-chronique n'aurait-elle pas plus d'impact qu'une invective truculemment jettée en pature à la vindicte populaire ?
Une non-chronique quotidienne ne deviendrait-elle pas au bout de quelques temps une non-chronique chronique, s'unissant dans cette association improbable à son antithèse pour nous donner une vague idée de l'infini ?
Car le monde ne se divise t'il pas en deux catégories : les chroniques et les non-chroniques ?
Une question anachronique que la réalité scientifique ne pourra jamais élucider puisque je vois mal ce qu'une datation au carbone 14 d'une non-chronique pourrait bien donner.
Cependant le but de cette chronique, inconnu s'il en est mais frisant la sortie de route à chaque passage à la ligne, n'est pas de vous exposer une théorie de plus tendant à prouver que ne rien faire c'est tout faire. Non puisque la pratique de la non-chronique récursive exposée ci-dessus l'a déjà clairement prouvé.
Je voulais juste vous parler de l'action et de la non-action. Du fait d'agir et de ne pas agir. De la différence entre les deux ainsi que de leur grande similitude.
Je reporterai donc l'exposé à plus tard.
Ou jamais puisque le monde se divise en deux catégories : ce qu'on fait et ce qu'on aurait dû faire.

 

L'achat gagnant
12/11/2003 : 22:20

Houdini en personne, celui qui perpétua la tradition dans la droite ligne de la contorsion à travers les ans, le grand Houdini disais-je se serait retourné dans sa tombe à la seule évocation de la scène dont je fus ce soir le témoin.
Cela se passa sur une nationale fort pourvue en attractions diverses du style tir à toutes heures, alors que je ne cherchais pas un raccourci que du coup je n'ai pas trouvé. Cela a commencé par un Conforama que mon véhicule dépassa et par une autre voiture qui dudit magasin s'éloigna. C'est alors que j'ai jeté le coup d'oeil dans le rétro me permettant de faire le point sur la situation, ainsi que d'en tirer les causes que je m'en vais vous exposer.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas le pays où la vie est moins chère, je précise qu'en ce lieu vous pouvez acheter des lits, encore que normalement un seul fasse l'affaire.
Par contre les deux occupants de la voiture susmentionnée l'avaient eux très bien compris car, tant qu'à faire le voyage, ils ne se sont pas décidés pour un matelas pneumatique, du genre qui se range dans la boite à gants et qui vous donne l'impression de dormir sur une chambre à air de pneu de camion, valve incluse. Non, l'heure étant à la démesure c'est un modèle biplace qui fut retenu. Au moment de charger le matelas dans la R19 sans break, sans galerie sur le toit mais avec banquette arrière rabattable, il fut décidé à l'unanimité de l'évidence que le plan d'actions serait le suivant : on ouvre le coffre, on bourre un max et quand tout est dedans on referme le coffre sous peine d'étaler son achat à la face du monde et surtout en plein milieu de la chaussée à la première accélération venue.
L'opération, j'en témoigne, fut apparemment menée de mains de maîtres. Celles qui justement se devaient de reprendre le volant en plus de la situation afin de mener le matelas à bon port, le but n'étant pas de dormir à la belle étoile puisqu'en l'occurrence la R19 n'avait pas de toit ouvrant.
Voilà donc ce qui expliqua ma vision du jour, à savoir deux couillons la gueule collée contre le pare-brise en train de faire l'essuie-glace à l'intérieur de la voiture, le matelas en guise d'appui-tête, de serre-tête, de tout ce qu'on veut-tête. Le conducteur à 50% au dessus du volant et le passager en train de refaire sa mise en plis, exploitant en cela au mieux le flux d'air du circuit de désembuage auquel il ne pouvait de toute façon pas se soustraire. Ce qui s'appelle joindre l'utile à l'agréable.
Le pire c'est qu'au premier feu, afin de faire comme si de rien n'était, ils se sont mis à allumer une cigarette, manquant de foutre le feu à leur chargement tout en risquant de se déboîter l'épaule au cours de l'exercice. Sans compter le remplissage du cendrier qui à lui seul relègue Houdini au rang de phénomène de foire.
Le temps passe, les hommes trépassent mais au fond les performances durent. D'ailleurs ne seraient-ce pas les seules qui comptent ?

 

Avertissement
06/11/2003 : 23:00

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Ce qui peut se dire manque de réalité.
N'existe et ne compte que ce qui ne passe pas dans le mot.
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E.M. Cioran