1. Orion : la quête.

L'adoubement du paladin Orion par le roi Uhr

- Tu es une insensée.
- Et moi je te dis qu'on peut lui parler. Ce n'est qu'un homme.
- Je n'en suis pas si sûr. C'est un prince, et parmi les meilleurs.
- Pourquoi ne pas tenter notre chance, que risquons-nous ?
- Après tout, pourquoi pas ?
Eloa et Gart s'avancent dans les jardins royaux, en direction de la silhouette qu'ils ont aperçue tout à l'heure.
- Attends ! dit la jeune femme en s’arrêtant soudain.
- Pourquoi ? C'est pourtant ton idée, répond son cousin.
- Ce jardinier, ne lui trouves-tu pas un air bizarre ?
- C'est un jardinier comme les autres, il s'occupe des haies.
- Mais il a une arme sous sa veste !
L'impétueuse Eloa dégaine son épée, et fonce sur le jardinier.

Orion et son précepteur Val sont en grande discussion métaphysique.
- Ainsi vous professez que dans certains cas un chevalier peut accomplir une forfaiture, dit le jeune prince.
- Disons plutôt une ruse.
- Cela revient au même. Ne m'avez vous pas dit que le but n'est pas tout. Si on suit pour cela des moyens contraires à la vertu, on corrompt l'esprit même... Mais qu'est-ce ?
Orion aperçoit de l'agitation derrière la haie.
- On se bat là derrière, il faut que j'y aille !
- Vous n'y pensez pas, vous n'avez même pas d'armure. Val s'interpose de son corps. Il reçoit à cet instant ce qui lui semble être une piqûre d'insecte.
- Du poison ! dit-il en s'affaissant. Prenez garde prince, on en veut à votre vie.
- J'ignore ce qui se passe, mais je sais que dans ces fourrés, on meurt pour moi. Mon honneur exige que je combatte.

Il saute la haie, épée au poing, et découvre Gart et Eloa, en tenue de cadet du roi, aux prises avec trois inconnus revêtus de blouses de jardinier. Le plus proche de lui lâche une tige de bois, une sarbacane songe-t-il avec raison. Puis l'assassin tire une épée de sous sa veste, et s'avance contre lui.

Orion touche son ennemi, mais celui-ci est résistant. Sans armure, le prince ne peut parer le prochain coup. Heureusement Gart et Eloa se défont rapidement de leurs adversaires, et vont à son secours.

Mais le faux jardinier est obstiné, et au mépris de ses blessures, s'acharne contre Orion. Le prince s'effondre, ainsi que son assassin.

Les deux cadets sont désespérés, celui qu'ils venaient solliciter et qu'ils ont essayé de sauver gît là. Eloa déchire sa cape et panse les plaies du jeune homme. Il est âgé d’à peine seize ans, et est beau comme il sied à un prince, les cheveux châtains, le nez droit, le menton volontaire...

Puis arrive le précepteur, qui est également prêtre d'Aana. Sa sainte nature, ainsi que la bienveillance de sa déesse, ont triomphé du poison. Il s'affaire autour du blessé et le soigne promptement.
- Au fait, que faisiez-vous là ? demande le prêtre aux deux jeunes gens.
- Nous venions solliciter l'honneur de faire partie de la garde du prince, répond Eloa.
- Je crois que vous avez gagné ma confiance, dit Orion. Mais je vous propose mieux, soyons désormais amis.

A cet instant arrive Elrik, le grand chambellan du palais.
- Sa majesté a eu vent de votre mésaventure, votre seigneurie, et elle désire vous voir immédiatement.
Orion, malgré ses blessures, suit donc Elrik.
- Vous pouvez venir également, mes nouveaux amis.

Ils entrent dans l'aile royale du palais où sont les appartements du roi. Les salles sont immenses, et richement décorées. Puis ils arrivent dans une salle encore plus grande. Aux murs pendent les oriflammes des plus hauts dignitaires du royaume. A l'extrémité de la pièce trône le roi, sur un fauteuil d'onyx, auquel mènent des marches de marbre blanc. Il porte la couronne, faite d'un or tellement pur qu'il en est blanc, et sertie de vingt rubis et d’autant de diamants d'un éclat sans pareil. Il porte aussi, fait rarissime, Excalibur, l'épée des rois.
- Viens ici mon fils. Tu es arrivé vivant jusqu'à l'âge de seize ans, ta majorité de prince. Viens donc que je fasse de toi un véritable paladin.
- Mon père, votre confiance m’honore, mais en suis-je véritablement digne ? répond Orion en s'agenouillant.
- Cela c'est à Excalibur de le déterminer.
Le roi Uhr, dont la cité porte le même nom, car il en est l'essence même, sort son épée du fourreau. Celle-ci brille de mille feux, et, lorsque le roi adoube le jeune homme, elle reflète d'intenses éclats.
- Te voilà armé chevalier. Si tu n'en avais pas été digne, l'épée t'aurait pétrifié sur place. Viens ça maintenant que je te parle comme un père, et non comme un roi.
- Vois-tu, continue-t-il en descendant les marches, et en passant son bras sur les épaules de son fils. J'ai eu une longue vie. Par magie, elle a été bien plus longue que celle des autres hommes. J'ai eu aussi plusieurs femmes, et beaucoup de fils et de filles. Aucun n'a dépassé vingt ans jusqu'à présent, du fait de mes ennemis, et du fait de la quête dont il faut que je te parle à présent. Je rêve d'avoir un enfant qui me succède, mais la prophétie dit que seul l'être porteur de l'Œil oublié de P'tha saura me succéder. Tu es le plus sage de mes fils, il faut que tu trouves cet Œil avant que je ne m'éteigne.
- Et où le trouverai-je ?
- Il te faudra probablement affronter maints et maints dangers pour cela. Il te faudra être fort, et sûr de ta foi envers ta déesse et envers toi-même. Je te conseillerai de faire tes premières recherches avec tes nouveaux amis, mais je laisse le soin à ton précepteur de t'enseigner tout ceci. Va et soit glorieux. Mon amour t'accompagne. Les affaires du royaume me sollicitent maintenant.

Le roi Uhr s'éloigne par une porte dérobée tandis que le précepteur Val, le prince Orion, Gart et Eloa ressortent du palais par le même chemin qu'ils ont emprunté.
- Combien mon père a-t-il eu de fils avant moi ?
- Vous êtes son trente quatrième enfant, d'après la légende. Voyez-vous, votre père est le paladin le plus noble du continent, et aussi le plus ancien gentilhomme. Il a plus de deux cents ans.
- Et le prince Corn ? demande Eloa.
- C'est un ancien compagnon du roi, anobli au rang de prince. Ils furent amis autrefois, parait-il.
- M'accompagnerez-vous pendant ma quête ?
- Je dois encore m'occuper de vos cadets. De plus, ma seule présence attirerait à coup sûr les assassins.
- Dans quelle direction me conseillez-vous d'aller ?
Val réfléchit longuement, puis :
- Il y a un jeune prêtre, du nom de Gatt, vers le nord, dans la région appelée la Frontière. Il a sûrement besoin de votre aide. Vous pouvez y aller, avec une escorte digne de votre rang, mais suffisamment peu nombreuse pour ne pas attirer l'attention.
- Pourrons-nous en faire partie ? demande Eloa.
- J'allais vous en prier.
- Combien d'enfants ont survécu à l'épreuve de l'épée avant moi ?
- Vous êtes le septième.
- Seulement ?
- L'épreuve, bien qu’apparemment anodine, est très sélective.
- Pourrais-je connaître l'histoire et les malheurs de mes six prédécesseurs ?
- Vous êtes le premier à ma connaissance à demander cela. Ceci montre votre grande sagesse, malgré votre jeune âge. Je vous raconterai ce que je sais, ainsi vous bénéficierez de l'expérience de vos aînés.

Orion passe quatre mois à écouter les vieilles ballades et les conseils de son précepteur. Pendant ce temps les meilleurs armuriers du royaume lui confectionnent une armure, à lui ainsi qu'à ses compagnons.
- Seuls les nains des montagnes pourraient vous en fabriquer une meilleure. Sachez toutefois qu'elle n'est pas magique.
- Il en existe de magiques ? Où puis-je les trouver ?
- Les elfes sont de grands amateurs de magie. Si vous les aidez, peut-être vous en donneront-ils une ?
- Et les épées, comme celle de mon père ?
- Il existe des épées magiques, mais l'épée de votre père est unique. Elle est vivante.
- Y a-t-il d'autres sources de magie que celle des elfes ?
- Bien sûr. Nous allons d'ailleurs vous confier une épée fabriquée par un très vieux mage, aujourd'hui disparu, originaire du royaume. Sa magie est bien faible, mais c'est le même type d'arme que portent les nobles de notre ost.
- Parlez-moi un peu de cette Frontière.
- C'est un pays chaotique fait de collines et de vallées. C'était le haut lieu de résidence de l'ancienne civilisation. Celle qui date d'avant l'âge des ténèbres. Actuellement y vivent des trappeurs, des orques et des trolls. Peut-être l'Œil de P'tha y est-il caché ?
- Et la région contrôlée par le prince Corn ?
- Elle s'étend entre nous et la Frontière. Vous devrez éviter toute provocation en la traversant. Elle est faiblement peuplée, et gouvernée par des vassaux du prince: des magiciens, des guerriers et des prêtres.
- Quelle est sa religion ?
- Il a choisi une religion ténébreuse, probablement affiliée au dieu Lyr.
- C'est le dieu de la nuit et de la mort, n'est ce pas ?
- Je vois que vous avez retenu mes leçons.

Les journées s'écoulent ainsi. Orion pose des questions, et Val lui répond. Aux questions succèdent d'autres questions, et encore, et encore. Val lui répond du mieux qu'il peut. Orion veut tout savoir, car il ne veut pas commettre de fautes. Il n'en commettra pas.

- Il faut également que vous sachiez qu’être adoubé avec l'épée Excalibur vous a conféré certains pouvoirs. Ces pouvoirs vous devez apprendre à les maîtriser. Vous faites désormais partie de l'ordre très fermé des paladins d'Aana.
- Quels sont ces pouvoirs, et, je le devine, quels devoirs impliquent-ils ?
- Vous êtes capable de détecter le Mal ou une action particulièrement malveillante à condition de vous concentrer. Vous êtes immunisés contre la plupart des maladies, et avez le pouvoir de guérir les blessures légères. De plus vous portez en vous une aura de sainteté qui vous protège des monstres invoqués par certains sorciers.
- Peut-on devenir paladin autrement que par le l'adoubement d'Excalibur ?
- En de très rares occasions, Aana, et elle seule, peut accorder ce pouvoir à des mortels.
- Et les devoirs ?
- Vous ne devez jamais vous écarter du chemin de la Loi et du Bien, sous peine de perdre votre statut de paladin, et ce quelle qu'en soit la raison. Vous devez défendre en toute occasion la veuve et l'orphelin, ainsi que la Justice et la Beauté. De plus n'oubliez jamais de prier Aana chaque matin. Mais voici Ziat, votre maître escrimeur.
- Bonjour prince, êtes-vous prêt pour votre leçon ?
- Je suis prêt.

Après une heure de dur entraînement, Ziat donne des conseils à son élève.
- Vous êtes plus fort que la moyenne des gens de votre âge, mais pas exceptionnellement fort pour un guerrier. De plus vous êtes très jeune. Souvenez-vous en et n'engagez pas de combat à la légère. Je vous ai appris ce que je pouvais pour l'instant. Mais il vous faut faire vos propres expériences par vous-même. L'art de la guerre est un long apprentissage.
- Quand pourrez-vous m'en apprendre plus ?
- Lorsque votre bras et votre cœur seront suffisamment solides.

Enfin, par une belle matinée, ils partent : Orion, Eloa, Gart, un jeune prêtre nommé Gil, et un guerrier expérimenté appelé Karnay. Ils traversent incognito les territoires du prince Corn, à cheval, jusqu'au fleuve Tigre, en une quinzaine de jours. Ils passent la ville de Tirlili, puis pénètrent dans la Frontière en longeant le fleuve qui n'est qu'une rivière à cet endroit.

Après deux jours, ils remarquent des troncs d'arbres cassés le long du chemin.
- Quelle créature a pu faire cela ? demande Orion.
- Je l'ignore, les arbres ont été arrachés et projetés. Les traces semblent venir de cette colline sur la gauche, répond Karnay.
- Y allons-nous ? interroge Eloa.
- Il vaudrait mieux d'abord voir Gatt, intervient Gil. Il connaît la région et pourra nous conseiller.
- Ca me semble effectivement plus raisonnable, conclut Orion. Nous reviendrons si besoin est.

Ils arrivent au petit château de Gatt. Il y a trois fermes en construction aux alentours. C'est une petite demeure à un étage avec une cour intérieure, entourée de remparts et d'un fossé. Il y a un pont-levis. Elle est située au croisement de la rivière et d'un de ses affluents, en bordure du grand plateau qui précède le pays des nains. Orion et sa troupe se font connaître. Ils sont chaleureusement accueillis par le propriétaire.
- Les traces que vous avez vues sont celles d'une famille de géants des collines, les renseigne celui-ci.
- Et ils ne vous agressent pas ? demande le paladin.
- Pas jusqu'à présent. Notre principal souci est la venue de soldats du prince Corn. Ils sont arrivés il y a une semaine. J'avais levé le pont-levis. Ils ont demandé à prendre possession du château au nom de leur prince. Je leur ai répondu que je le tenais du roi Uhr. Ils ont alors défié le seigneur de ces lieux en joute. Suivant les conseils d'un ami, je leur ai rétorqué que le maître était absent, et de revenir plus tard, ce qu'ils ont promis de faire.
- Comment êtes-vous entrés en possession de ce château ?
- Il était occupé avant par des orques. Avec une bande de compagnons nous nous en sommes emparés.
- Qui étaient ces compagnons et que sont-ils devenus ?
- Un éclaireur du roi, un magicien et un demi-elfe. Les deux humains sont repartis peu après, pour explorer la région paraît-il. Je ne les ai pas revus depuis. Puis j'ai reçu la visite d'un autre demi-elfe, grand amateur d'histoires, de chansons et de magies. C'est cet ami, qui se dit barde, dont je vous ai parlé. Ensemble, nous avons découvert une pièce secrète de ce château, un bureau bibliothèque rempli de livres et de parchemins. Mon ami, qui comprend un peu les langues anciennes, m'a dit qu'il s'agissait de livres de compte. Mais nous y avons également découvert le véritable secret de ce château. Il faut vous dire qu'au fond de la cave il y a six alcôves, avec des inscriptions magiques sur le mur.
- Que disent-elles ?
- Nous n'avons pu déchiffrer que deux d'entre elles : "Ici commence le territoire du seigneur" ou "démon", suivi d'un mot dont nous ignorons la prononciation.
- Et l'autre ?
- Ce monde prendra fin lorsque les quatre éléments, ou principes, seront réunis, ou assemblés.
- Est-ce là le secret ?
- Attendez. Après avoir déchiffré les livres de compte, nous y avons découvert un mot.
- Lequel ?
- Griffon.
- Pardon ?
- Griffon rouge, pour être plus précis. Ce mot ne vous dit rien, mais il doit s'agir du nom ou du surnom de l'ancien propriétaire de ces lieux. Dit en langue ancienne, avec la prononciation correcte, il déclenche la magie de la cave.
- Qui est ?
- Vous allez voir. Suivez-moi à la cave.

Gatt prend une lanterne et les mène à l'escalier qui descend. Arrivé en bas, il prononce la formule. Dans une gerbe d'étincelles disparaît le mur du fond des deux alcôves centrales. C'est un passage qui donne dans une grotte.

- Ne nous faites pas languir, dites-nous sur quoi donne cette grotte.
- Je l'ignore. Mais si vous voulez nous pouvons l'explorer.
- Je brûle d'impatience, mais une dernière question : que sont devenus vos compagnons demi-elfes ? Je ne les ai pas vus.
- Celui qui lit la magie a découvert un parchemin dans la pièce secrète. Il est reparti peu de temps après.
- Et l'autre ?
- Il est reparti également, en emportant une dague, elle aussi trouvée dans la bibliothèque.
- Si nous nous aventurons dans cette grotte, et si par hasard nous ne revenons pas, ne craignez-vous pas pour l'avenir de vos paysans ?
- Je ne vous l'ai pas encore raconté. Une fois tous mes compagnons partis, je me suis retrouvé seul au château. Je m’interrogeais sur ma mission, et sur ce que je devais faire, lorsqu'un homme est apparu à la porte. Il m'a demandé ce que je faisais là. Je lui ai répondu. Il m'a promis son aide, et quelques jours plus tard sont arrivés ces paysans. Ils déclarent s'installer sur ces terres, pour peu que le château leur procure un refuge en cas d'attaque, ce que j'ai immédiatement accepté, à condition qu'ils suivent le culte d'Aana.
- Quel est précisément votre mission ? interroge toujours Orion.
- Mes supérieurs m'ont chargé, moi ainsi que d'autres novices, d'explorer cette région du monde, afin de répandre la lumière d'Aana, et d'établir des contre-pouvoirs aux hommes du prince Corn. J'ignore ce que sont devenus mes autres condisciples.
- Nous sommes à votre disposition quant à l'accomplissement de votre mission. Que pouvons-nous faire ?
- Je pense que nos paysans sont sous la protection de l'homme mystérieux, qui dit s'appeler l'Egyptien. De ce côté nous n'avons donc rien à craindre pour l'instant. En revanche j'aimerai bien explorer ce passage sur un autre monde. J'ignore quels dangers peuvent en surgir.
- Allons-y.

Ils entrent dans la grotte, qui se révèle être une salle taillée grossièrement dans le roc. Gatt tient la lanterne. Ils découvrent trois autres ouvertures : une à gauche, une à droite et une en face.

- De celle de droite se dégage une odeur particulièrement forte, ne trouvez-vous pas ? demande Karnay.
- On dirait une odeur de musc, en plus âcre, répond Eloa.
- De celle de gauche je sens émaner le Mal, dit Orion avec son don naturel de paladin.
- Je le confirme, ajoute Gatt. J'ai déjà procédé à ce genre de détection avec la magie que m'inspire la déesse.
- Reste le passage central dit Eloa.
- Un instant, et si les deux passages latéraux commencent à dégorger de monstres qui envahissent la région ? Il vaut mieux fermer le passage, propose le prince.
- Je sais comment faire, répond Gatt en prononçant la formule magique. Le mur du fond de la cave réapparaît.
- Et pour ressortir ? demande Gart.
Le prêtre prononce une fois encore la formule, et le mur disparaît de nouveau.
- Ca me semble un mécanisme simple, mais terriblement magique ! déclare Karnay.

Pendant ce temps, Orion s'est approché du passage de gauche. Le Mal en jaillit de façon constante, mais légère. Il demande à Gatt de venir avec sa lanterne. L'ouverture reste d'un noir absolu. Le prêtre avance un peu plus sa lumière, et tous se retrouvent dans le noir. Croyant sa flamme éteinte par un coup de vent, Gatt retire sa lanterne, et celle-ci apparaît de nouveau.
- C'est une zone d'ombre magique, qui annihile toute lumière, déclare-t-il.
- A moins d'un sortilège, nous ne pouvons la combattre avec des moyens naturels, confirme Gil.
- Il vaudrait mieux essayer le passage du milieu. Celui de droite ne m'inspire vraiment pas confiance, dit Karnay.

Ils s'y engagent. Le passage se prolonge sur une centaine de mètres, toujours taillé dans le roc, puis ils voient une ouverture sur la gauche. Ils décident d'aller tout droit. Une centaine de pas plus loin la galerie tourne sur la droite, puis encore à droite. Ils se trouvent à une bifurcation.
- Cela ressemble à un labyrinthe. Tournons toujours sur notre droite, nous finirons bien par trouver une sortie, propose Eloa.
- A moins que la sortie ne se trouve au centre, réplique Orion.
- Je ne suis pas suffisamment élevé dans la hiérarchie cléricale pour pouvoir interroger la déesse sur ce point, dit Gil.
- Ni moi, ajoute Gatt.
- Suivons mon idée. Nous verrons bien si nous revenons sur nos pas, et si nous tournons en rond ou pas, complète Eloa.
Ils décident donc de tourner à droite.

Soudain, Orion, qui ouvre la marche, s'exclame :
- Une aura maléfique devant moi !
Ce sont des êtres griffus, à la peau verdâtre et à moitié décomposée, dotés de grandes canines, qui s'avancent vers eux, mais qui semblent hésiter devant le groupe.
- Des goules ! Votre aura de paladin les repousse pour l'instant, prince. A moi Gatt, faisons-les reculer ! dit Gil en sortant son symbole religieux. Les monstres en sont affectés, et fuient à grande vitesse.
- Ce sont des morts vivants. Leur énergie négative vous paralyse lorsqu'ils réussissent à vous toucher, apprend Gatt aux autres.
- Je les connais déjà, répond Karnay. Ces créatures sont courantes dans les Montagnes de la Peur.
- Continuons ! conclut Orion.
Après un détour à gauche, puis à droite, une bifurcation avec une pente descendante, puis une autre avec une pente montante, Eloa s'interroge :
- Je ne suis plus aussi sûre de moi. C'est un labyrinthe à trois dimensions. Il me faut revoir ma méthode.
- Attention !
Eloa a failli tomber dans une fosse remplie de pieux acérés. Son cousin l'a retenue de justesse.
- Il vaut mieux redoubler de prudence. Je passe devant, dit Orion.
- Laissez-moi cet honneur, répond Karnay. Votre vie est trop précieuse, prince.
- Vous êtes le plus expérimenté dans des combats, Gatt et Gil sont des prêtres, c'est donc moi qui irai ! déclare Gart, et il prend résolument la tête.

Un peu plus loin, un peu plus tard, il est happé par une faux qui surgit du mur. Heureusement il avançait prudemment, et il évite la décapitation dans un réflexe salvateur. Gil soigne ses blessures. Le cadet continue devant.

Finalement, ils arrivent devant une herse, fermée.
- Ca ressemble à une sortie. Tâchons de l'ouvrir.

En s'y mettant tous ensemble, ils y parviennent. Mais au fur et à mesure qu'ils soulèvent la grille, une deuxième s'abaisse, vingt pas plus loin.
- Quelle magie démoniaque. Comment nous en sortir ? se demande Orion.
- Attendez, j'ai une idée ! s'exclame Gatt.

Il prononce la formule magique "griffon rouge" qu'il avait prononcé au début de leur aventure, la seconde herse se relève, et la première s'abaisse derrière le groupe.

- Voici comment le maître des lieux évitait que les goules ne se répandent. C'est ingénieux, dit Eloa.

Ils pénètrent dans une grande salle carrée de dix mètres de côté. Au centre se dresse un trône. Il repose sur une stèle d'un mètre cinquante de haut. Quatre petits escaliers, disposés aux quatre points cardinaux, y mènent. Chacun d'eux est encadré de deux armures sur pied avec épée et bouclier. Il y a quelques squelettes peu engageants par terre. Les aventuriers font le tour de la pièce. Il y a un autre couloir à l'extrémité.
- Ceci a peut-être un rapport avec ma quête. Il faut que j'essaie.

Orion s'avance sur les premières marches qui montent au fauteuil de pierre richement sculpté.

A cet instant des squelettes en armes jaillissent des murs et attaquent les humains. Les deux prêtres ont à peine le temps de brandir leurs symboles. Ils parviennent à repousser un bon nombre de ces monstres, mais il en reste quatre. Orion descend combattre avec ses compagnons. C'est alors que surgissent d'autres créatures.
- Nous ne pouvons les repousser de nouveau, annonce Gil.
- Ils sont trop nombreux ! clame Gatt.
- Je vous en conjure, prince, fuyez !

Ils fuient tous par le passage du fond. Orion et Gatt en premier. Soudain, le paladin sent le sol se dérober sous ses pas. Le prêtre glisse sur la mousse répandue sur le sol. Eloa se retrouve soulevée et entraînée vers l’avant. Elle se recule dans un réflexe. La lanterne disparaît. Ils sont tous dans le noir.
- Et les squelettes ?
- Quelqu'un a-t-il de la lumière ?
- Où est le prince ?
Gil allume sa lanterne. Les squelettes ne les ont pas poursuivis. Gatt et Orion ont disparu.
- Gart, allonge-toi par terre et retiens-moi.
Eloa s'avance à quatre pattes. Elle sent le sol se dérober de nouveau, mais plus lentement car elle progressait prudemment. Elle revient en arrière avec l'aide de son cousin qui la retient par les pieds.
- C'est un mécanisme à bascule. J'étais sur le contrepoids lorsque Gatt et Orion sont passés par la trappe. Je me suis retirée, les précipitant involontairement dans l'abîme. Puis le piège s'est refermé.
- Quelqu'un a-t-il une corde ? demande Karnay. Il faut aller voir ce qui leur est arrivé.
- Je n'en ai pas.
- Ni moi non plus.
- Revenons en arrière et essayons de trouver quelque chose pour ouvrir et bloquer cette maudite trappe.

Ils retournent dans la salle du trône. Il n'y a rien, sinon quelques squelettes brisés de plus par terre. Les autres ne sont plus là. Les armures montent toujours la garde, imperturbables.
- Je ne vois pas de grosse pierre, ni de corde.
- Ce trône a peut-être un pouvoir, qui veut essayer ? demande Gil.
- Si cela peut sauver mon prince, j'y vais, dit Karnay.
Il monte sur les marches.
Les squelettes en arme ressortent des murs.
Il s'assoit sur le trône.
Il disparaît.
Les armures se mettent en mouvement et marchent contre le reste du groupe.
- Fuyons !
Gil essaie de repousser ces monstres. Gart et Eloa courent dans le couloir.
- Saute !
La guerrière retombe à moitié de l'autre côté de la trappe. Son cousin qui la suit n'a pas la même chance et rate son appel. Plutôt que de risquer d'entraîner sa cousine avec lui en s'accrochant à elle, il préfère se laisser tomber.
Eloa se hisse avec peine.
Elle est sauve.
Et seule.

Au bout du couloir elle aperçoit la lanterne de Gil qui est tombée à terre mais ne s'est pas éteinte. Elle continue, à tâtons, car elle n'a pas de torches. Après cent mètres elle croît voir une clarté. A-t-elle la berlue? Mais non, c'est bien une lumière qui rayonne par dessous une porte. Elle la pousse avec précautions. C'est une pièce éclairée par un petit brasero.

Personne.

Il y a une grande table recouverte d'alambics à moitié brisés, de cornues, d'éprouvettes et de fioles de verre, le tout avec une épaisse pellicule de poussières et de toiles d'araignées. Il y a aussi un meuble rempli de tomes vénérables.

Elle va vers la bibliothèque. Mais elle est fort déçue de ne pouvoir lire les mystérieuses inscriptions qui courent le long des pages des livres. Puis elle s’intéresse aux fioles sur la table. L'une d'elle est bleue, avec des fumées blanches. Dans l'autre, elle distingue une forme noire évoluant dans un liquide, comme un petit poisson. Les deux récipients sont hermétiquement fermés à la cire. Elle débouche la potion bleue, hume les fumées, et s'écroule... C'est un poison !

Karnay se retrouve assis sur un autre trône, identique au premier, mais la pièce est différente. Il est dans une grande salle, avec des fenêtres élevées, des bancs et des fresques le long des murs.

Mais ce qu'il remarque, c'est surtout l'orque prosterné à ses pieds, tandis qu'un second sort précipitamment.

Le guerrier saisit son épée, son bouclier, et sort à son tour. Il se retrouve à l'air libre, il y a un autre bâtiment en face de lui, un passage à droite qui le contourne, et un passage à gauche qui mène à une petite cour bordée de remparts. Il choisit de pousser la porte devant lui.

Il y a des orques, qui s'éloignent de lui d'un air inquiet. Il y a une meurtrière dans le mur. Il regarde : encore d'autres orques ! Il se retourne. Les humanoïdes au faciès porcin l'encerclent.

Survient une de ces créatures, à la taille plus imposante que les autres, probablement leur chef. Il s'incline légèrement devant Karnay, puis grommelle quelque chose qui ressemble à une question, d'après l'intonation.
- Pardon, je ne vous comprends pas, répond le guerrier poliment.
Le chef repose sa question, un peu plus durement.
- Aucun de vous ne parle le langage humain ?
Le chef fait alors un signe, et les orques attaquent Karnay. Malgré sa défense héroïque : cinq orques tombent, il est submergé par le nombre, percé par des épées et des piques.

Gatt et Orion tombent, d'abord en chute libre, puis ils heurtent les parois. Ils descendent le long d'un toboggan, en tentant en vain de s'accrocher. Après un temps qui leur semble interminable, ils atterrissent dans une fosse, en provoquant une grande gerbe d'éclaboussure, car il y a un bon pied d'eau croupie.

Le prêtre a eu la présence d'esprit de garder sa lanterne à la main. Celle-ci est miraculeusement intacte. Il la rallume avec peine, car tout est détrempé. Les murs sont faits de pierres assemblées. Il y a un escalier qui monte. Le passage est fermé par une grille.
- Il faut tenter de sortir d'ici. L'endroit ne me plaît guère, dit Orion en ramassant ses armes.
Soudain il sent quelque chose bouger sous son pied.
- Attention. Il y a une créature ici !

Une forme sombre, d'un noir luisant, émerge. Elle est gigantesque, un mètre de large. Elle s'élève du sol de plus de deux mètres, puis s'abat sur le prince en projetant un jet de salive.
- De l'acide ! A moi Gatt! crie celui-ci en frappant le monstre. Je brûle !
Le combat se poursuit. Rongé par l'acide, le bouclier du paladin est inutilisable. Il est touché une nouvelle fois. Le prêtre vient à sa rescousse, et, d'un coup de fléau, abat la créature.

L'armure d'Orion est percée de toute part.
- Heureusement que votre épée est magique, dit le prêtre. Elle a pu résister. Mais mon arme s'est rompue sur le coup.

A cet instant déboule Gart, la tête la première.
- Je suis content de vous revoir vivant, prince, déclare-t-il en se relevant.
- Moi aussi, et les autres ?
- J'ignore ce qu'ils sont devenus. Je crois avoir vu succomber Gil. Karnay a disparu. Eloa est peut-être sauve.
- Il nous faut nous débrouiller par nous-mêmes, j'en ai peur, dit Gatt.
- Tâchons de trouver la sortie.
- Attendez que je vous soigne prince.

Pendant que le prêtre présente son symbole sacré au dessus des brûlures d'Orion, le cadet force les barreaux de la grille fermée à clef.
- Voilà, nous pouvons sortir.
- Il vaudrait mieux se reposer un peu avant que d'affronter de nouveaux dangers, dit Gatt. Je n'ai plus de sorts. Par chance j'avais pris un peu de nourriture.
- Explorons d'abord cette fange. Je veux éviter toute nouvelle surprise, répond le paladin.

Gart et lui fouillent l'eau saumâtre de la pointe de leurs épées. Ils découvrent que la bête faisait plus de trois mètres de long, et seulement quelques centimètres d'épaisseur, ce qui lui permettait de se tapir dans l'eau. Ils trouvent aussi un vieux squelette, habillé d'une cotte de maille rongée par l'acide.
- J'aimerai bien qu'il y ait un bouclier.
- Et moi un fléau.

Mais ils ne découvrent qu'une épée, dans un remarquable état de conservation malgré l'eau et l'acide.
- Elle doit être magique pour avoir si bien résisté.

Ils l'examinent, mais aucun d'eux ne reconnaît le symbole dont est marqué le pommeau.
- Prends-la, Gart. Elle te sera peut-être utile.

Ils explorent le reste de la fosse, mais ne découvrent rien de plus. Puis chacun à tour de rôle monte la garde, tandis que les deux autres essaient de s'allonger dans l'escalier pour se reposer un peu. Ils éteignent la lanterne pour économiser l'huile de lampe. Enfin, après un temps qui leur semble suffisant, Orion et Gatt prient Aana à ce qu'il leur paraît être le petit matin...

Eloa reprend conscience au bout d'un temps indéterminé. Elle est très faible. Elle examine maintenant la fiole où nage quelque chose. Elle croit entendre une petite voix : "Libère-moi, s’il te plaît libère-moi." Elle débouche le récipient. Une grosse fumée s'en échappe. "Enfin!" tonne une grosse voix...

Orion, Gatt et Gart montent prudemment l'escalier. Ils arrivent sur un palier. Il y a un grand couloir avec d'autres passages qui descendent.
- Probablement d'autres culs-de-basse-fosse. Prenons l'escalier qui monte et hâtons-nous vers la sortie, décide le paladin.

Ils continuent donc, et débouchent dans une salle un peu plus vaste. Il y a des paillasses, des coffres, des quartiers de viande crue accrochés au plafond, et surtout une porte qui donne sur le jour.
- La sortie !
C'est alors que rentrent les deux ogres...

Eloa n'en croit pas ses oreilles :
- Je suis un djinn, le grand djinn Pukha, lui a dit la fumée noire qui prend la forme de la partie supérieure d'un athlète de bonne taille. Tu m'as libérée, et selon la tradition je peux exaucer trois souhaits magiques. Puis je serai délivré de toutes obligations envers toi.
- Je souhaite... euh... devenir magicienne !
- Ton souhait est réalisé. Tu es maintenant une magicienne.
- Mais je ne vois pas la différence.
- Tout d'abord tu dois te débarrasser de ton armure, car la magie s’accommode mal de ces écrans de protection.
- Aide-moi à l’ôter.
- Bien maîtresse.
Et d'un claquement de doigt le grand djinn Pukha fait tomber l'armure d'Eloa.
- C'est là ton deuxième souhait. Il t'en reste un.
- Où as-tu entendu que c'était là mon deuxième souhait ? Je n'ai pas dit "je souhaite".
- C'est exact. Tu m'as dupé. Je serai plus méfiant à l'avenir.
- Maintenant où sont mes pouvoirs ?
- Est-ce là ton deuxième souhait ?
- Non, mais si tu ne coopères pas, nous n'arriverons à rien.
- C'est bon. Prends un de ces petits prismes de cristal sur la table. Regarde à travers, et prononce la formule magique que tu sens affleurer au bord de ton esprit. Tu es capable de lire les écritures magiques que tu ne pouvais pas lire auparavant.
Eloa, avide, s'avance vers la bibliothèque...

Gatt reste le seul debout. Le combat a été épique. Gart et Orion se sont défaits de leurs adversaires. Mais dans un dernier élan, ceux-ci les ont mis hors de combat. Le prêtre soigne ses amis, puis, avant qu'ils ne reprennent conscience, fouille les lieux. Il a le temps de découvrir quelque menu trésor, et trois potions, juste le temps avant que ne rentrent les autres ogres...

- Pukha ! Au secours ! Je ne lis plus rien !
- C'est que ton sortilège est expiré.
- Mais je n'arrive pas à me souvenir de la formule magique !
- C'est que tu n'es qu'une magicienne du premier cercle, et que tu ne peux retenir et utiliser qu'un sort par jour.
- Pourquoi ne suis-je pas d'un cercle supérieur ?
- Est-ce là ton deuxième souhait ?
- Non. Voilà mon deuxième souhait...
Elle prend sous son bras les quatre tomes magiques qu'elle a repérés, et de l'autre main elle tient la fiole du djinn.
- ...Je souhaite que nous : c'est à dire toi, moi, le prince Orion, mon cousin Gart, les prêtres Gil et Gatt, ainsi que le guerrier Karnay, nous retrouvions tous sains et saufs dans le château de Gatt.
Et ainsi fut fait, sur un simple claquement de doigts du grand djinn Pukha.

Ils se retrouvent dans la salle à manger du manoir, Gatt se précipite à la cave.
- Il me semble avoir été tué par des orques, qui m'a ressuscité ? demande Karnay.
- Et moi par je ne sais quoi au juste, dit Gil.
Orion et Gart ne disent rien, et contemplent la grande forme noire à côté d'Eloa.
- Et quel sera votre troisième souhait, maîtresse ?
- Ca va. Le passage est toujours fermé, déclare Gatt en remontant.
- Je le garde pour plus tard, répond la cadette au djinn.
- C'est bon. Rappelez-moi quand vous serez décidée, dit celui-ci en rentrant dans sa fiole.
- Eloa, peux-tu nous expliquer ce qui se passe et qui est cet être étrange ? demande Orion.
- Tout d'abord, appelez-moi magicienne Eloa !
- Eloa ! Un peu de respect pour notre prince ! s'indigne Gart.
- Laissez, intervient le paladin. Au fait, magicienne Eloa, nous avons là quelques objets dont nous aimerions savoir s'ils sont magiques ou non. Peux-tu les examiner ?
- C'est que... il me faudrait un peu de temps. Je ne suis pas tout à fait experte et...
- Il lui faudra même beaucoup de temps, à moins que je ne l'aide !
- Magicien ! Toujours là au bon moment ! s'exclame Gatt devant l'Egyptien qui se tient debout devant la porte.
- Bonjour mon ami. Alors, vous vous êtes décidés à explorer cette cave? Et qu'y avez-vous trouvé ?
- Je laisse la parole à Eloa, pardon, à la magicienne Eloa. C'est elle qui en a le plus vu.

Et l'apprentie magicienne, très impressionnée par la prestance de l'Egyptien, lui raconte leur aventure.
- C'est intéressant. Mais dites-moi, Gatt, pourquoi ne pas avoir confié le secret de la cave à mon apprenti Carali ?
- Il n'est pas resté suffisamment longtemps. De plus je me méfiais de la prêtresse de Mara qui l'accompagnait.
- Il se peut pourtant que vous en ayez besoin un jour. Dis-moi, Eloa, me montreras-tu tes nouveaux livres de magie, ou préfères-tu te débrouiller seule ?
- J'ai tout à apprendre d'un magicien de votre renommée, et je ne désire rien moins qu'être votre humble élève.
- Fort bien. Puis il ajoute en se retournant : A nous deux, prince. J'ai ouï votre réputation, et je suis heureux de vous rencontrer.
- Je commence pourtant à peine dans la vie.
- Je parle de votre réputation future. Ma magie me permet de lire quelque peu dans les méandres de l'avenir. Pour votre quête, je vous conseille de rechercher le druide de la forêt elfique.
- Le druide de la forêt elfique ?
- Tout à fait.
- Je sais que les druides sont les prêtres d'une religion aujourd'hui disparue. Ils doivent être plusieurs à subsister. Duquel parlez-vous?
- Votre sagesse m'impressionne. A vous de deviner la réponse. Mais vous le reconnaîtrez quand vous le rencontrerez.

A cet instant sonne un cor à l'extérieur. Gatt va voir, et revient après quelques minutes.
- Ce sont les hommes du prince Corn. Ils reviennent proposer leur joute, sinon ils font le siège du château.
- J'y vais, dit Karnay.
- Faites excuse, mais c'est à moi d'y aller, répond Orion.
- N'en faites rien votre seigneurie. C'est un piège, et je suis le plus apte à en sortir.
- Mais vous êtes aussi le plus indispensable en cas d'attaque du château.
L'Egyptien, après quelques instants de réflexion, prend la parole.
- Je pense que le prince pourrait y aller seul, à condition de prendre la potion rose que vous avez trouvé chez les ogres. Elle vous donnera la vaillance nécessaire.

Le lendemain, donc, après la prière matinale et la bénédiction des prêtres, Orion s’apprête au combat. Il saisit sa lance, monte son cheval, boit la potion. L'ennemi l'attend au pied des murs.

Les trois premières passes ne donnent ni vainqueur ni vaincu. A la quatrième toutefois, le champion du prince Corn, qui monte un cheval de guerre alors que le paladin ne monte qu'un cheval léger, prend l'avantage et désarçonne son adversaire. Orion se relève et tire alors son épée magique.
- En avez-vous assez ? Ou dois-je continuer ? lui demande son adversaire.
- Continuons !

Le guerrier reste à cheval et le charge. Plus agile, notre héros évite les coups et démonte son ennemi. Le combat se poursuit à pied, sans merci.

A la fin, non sans avoir puisé dans les dernières ressources que lui a données la potion, Orion est vainqueur. Son adversaire demande grâce. Les prêtres des deux camps se précipitent pour soigner les blessés.

Les hommes du prince Corn jurent une trêve d'un an. Ils jurent aussi de revenir dans un an.

L'Egyptien fait promettre aux vainqueurs de ne pas mentionner son aide.

Ainsi se terminent les premières aventures d'Orion, le paladin.

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