1. Leprechaun.

- Qu'avez-vous donc dit à ma fille ? Depuis qu'elle vous a vu, elle ne parle plus que de voyages.
- Je lui ai dit que ses mauvais rêves venaient de son angoisse d'être recluse.
- Avant elle était douce et calme. Ses cauchemars ne dérangeaient qu'elle. Maintenant elle nous fait une vie impossible. Vous me faites l'effet d'un charlatan. Je vais vous poursuivre en justice.
- Mais...
Trop tard. Le marchand sort en claquant la porte, au grand dam de Carali.
- Ainsi tu t'es fait interprète des rêves ? lui demande l'Egyptien, qui se tenait coi dans un fauteuil.
- Maître ! Je ne savais pas que vous étiez là. Que voulez-vous, pendant vos absences, il faut bien que je survive. J'ai eu l'idée de monter cette activité en me souvenant de mes premières aventures.
- Mais tu as oublié que si le sortilège te permet de comprendre les langages inconnus, comme les rêves, il ne te permet pas de les parler. Et donc tes révélations, loin d'apaiser la personne concernée, peuvent produire des effets incontrôlables. Mais qu'as-tu?
- Bon sang ! J'ai dit à la femme du bourgmestre que ses insomnies venaient de son désir d'amour.
Soudain s'élèvent dans la rue les cris d'une foule qui monte.
- A mort le sorcier !
- Pendons-le !
Carali regarde à la fenêtre.
- C'est le bourgmestre et ses gens. Ils se dirigent par ici. Au secours, maître, sauvez-moi !
L'Egyptien déroule une corde, prononce une formule magique, et la corde se dresse toute seule.
- Grimpe !
- Mais...
- Fais ce que je te dis.
L'apprenti magicien se saisit de son précieux livre de magie, puis monte. Au sommet de la corde il découvre une petite pièce magique et invisible.
- Remonte la corde maintenant. Tu redescendras quand ce sera fini.
La foule arrive, et brise la porte.
- Où est-il ?
- Qui ?
- Le sorcier.
- Je ne sais pas. Je venais le consulter, répond l'Egyptien.
- On va tout casser !
- Ouais !
Les villageois défoncent le bureau, pulvérisent le divan et les sièges, retournent le lit qui était caché derrière un paravent, jettent les papiers et les livres par la fenêtre et les brûlent. Enfin ils partent...

Carali redescend de sa cachette.
- Mon logis ! Ils ont tout saccagé ! Pourquoi n'êtes vous pas intervenu ?
- Que cela te serve de leçon. Mais trêve de plaisanterie. Je suis ici parce que j'ai besoin de toi.
- Allez-vous me confier une mission ?
- Oui. Il s'agit de capturer un leprechaun, et de me le ramener vivant.
- Et où le trouverai-je ?
- Vers l'est, près de la forêt elfique. Il y a une région où ils abondent.
- Il me faudra traverser toute la Frontière. Ce sera périlleux.
- Aussi je t'ai trouvé de l'aide. Viens avec moi.

Ils sortent et vont à la roulotte, que l'Egyptien a ramenée ici, à la ville de Tirlili. Dedans Carali reconnaît Cordi le voleur, en compagnie de deux jeunes femmes en cottes de maille, qu'il ne connaît pas encore.
- Ils me doivent un service. Je les ai délivrés des geôles municipales. Tiens, prends ma dague. Tu la reconnais, je pense. Elle peut te servir à l'occasion.
- Comment allons-nous faire pour capturer un leprechaun ?
Mais la question reste sans réponse, l'Egyptien a déjà disparu.

- Alors tu t'es finalement fait prendre, toi ? demande Carali à Cordi peu après.
- J'étais venu voir le juge pour qu'il nous accorde un petit privilège.
- Et alors ?
- Je lui ai demandé de libérer quelques prisonniers.
- Pour quoi faire ?
- Afin de constituer le noyau de ma guilde des voleurs.
- A-t-il accepté ?
- Oui, en échange d'une partie des bénéfices. Il nous a fixé un second rendez-vous plus discret. Mais là nous avons été pris par le guet, et inculpés de tentative de corruption et association de malfaiteurs.
- Le juge était donc intègre.
- Ou le pourcentage offert n'était pas assez important.
- Tu as donc fait du cachot.
- Mais je n'ai pas tout à fait perdu mon temps. J'y ai rencontré un vieux prisonnier aveugle, qui m'en a appris plus en une semaine sur l'art de surprendre silencieusement ses ennemis par-derrière qu'Eldig en un an. Puis l'Egyptien est venu. Il a convaincu le juge de nous relâcher sur parole et a payé la caution.
- Mais tu ne m'as pas encore présenté tes amies.
- Je répare cet oubli sur-le-champ. Voici Alexe, farouche guerrière, et Diane, prêtresse de Fafir et élue de mon cœur.

Ils partent le jour même. A la sortie de la ville, ils croisent une troupe du prince Corn.
- Halte ! Où allez-vous?
- Sur la Frontière.
- Qu'allez-vous y faire ?
- Chasser.
- Vous n'avez pas l'air de chasseurs. Avez-vous payé la taxe ?
- Quelle taxe ?
- La taxe sur le droit de chasse. Sinon je me vois dans l'obligation de vous arrêter pour vous mettre en prison, à moins que vous ne déboursiez immédiatement l’impôt, plus l'amende.
- Oh non ! Ca ne va pas recommencer! s'exclame Diane. C'est noir, ça pue et c'est plein de bestioles répugnantes.
Carali prononce la formule magique que lui avait apprise Elinoëe, puis parle au sergent en ces termes :
- Excusez-nous, noble représentant de la loi. Nous ne savions pas qu'il fallait s'acquitter d'une taxe. Pour l'heure nous n'avons pas d'argent. Mais nous vous paierons à la première occasion venue.
- C'est bon pour cette fois. Mais que je ne vous y reprenne plus !
Le charme a fonctionné.

Ils entrent dans la Frontière, puis Carali les guide jusqu’à la ferme du vieux ranger.
- La région n'est plus sûre depuis quelque temps, leur dit-il. Faites attention.
- Merci du conseil. Savez-vous comment on capture un leprechaun ?
- Ils sont amateurs de pièces d'or, je crois.

Au "Rendez-vous des deux rivières", Cordi achète de quoi fabriquer des pièges et chausse-trappes, puis ils repartent.

Tout se passe sans incident, mais une nuit, ils sont attaqués par des orques, toujours aussi agressifs. Mais ils ignorent à qui ils ont affaire. Grâce au sortilège de sommeil de Carali, et aux épées de Cordi et Alexe, nos héros en viennent assez facilement à bout.

Mais quatre jours plus tard, ils trouvent trois ogres féroces sur leur chemin. Ceci est autrement plus périlleux.

Le magicien réussit à en endormir un. Le voleur affronte le deuxième, tandis Qu'Alexe et Diane font face au troisième, qui est aussi le plus fort. Il met la guerrière hors de combat, et blesse la prêtresse, qui se retire. Puis il s'en prend à Carali. Heureusement celui-ci gardait prudemment un deuxième sort de sommeil en réserve, et l'endort à son tour.
- A toi Cordi, tue-moi cet ogrillon !
- Je voudrais t'y voir. Ce n'est pas si facile que cela ! répond le voleur, qui utilise toute son adresse pour éviter les coups. Ha ! Ca y est !
Profitant d'une ouverture, il plonge l'épée dans le cœur de son adversaire. Puis, tandis que Diane soigne les blessures de ses compagnons, il tranche la gorge des ogres endormis.
- Sans rancune les gars, dit-il comme oraison funèbre. Pensez à tous les petits enfants que vous avez déjà dévorés.
- Il vaudrait mieux que tu passes devant à l'avenir, lui dit Diane. Tu pourrais nous prévenir des dangers.
- Pour que je me retrouve tout seul face à des monstres ?
- Avec ton habileté, tu passeras inaperçu.
- Trêve de compliments. Je ne passe pas devant. C'est trop risqué.
- Songe aussi que tu peux trouver un trésor avant nous.
- Sur ces chemins, ça m'étonnerait.
- Ou rencontrer une jeune et jolie nymphe, ajoute Alexe, qui commence à bien le connaître.
- A la réflexion, je pense qu'il vaut effectivement mieux que je passe devant, pour la sécurité du groupe.

Mais ils ne rencontrent personne. Ils arrivent enfin dans la région où habitent les leprechauns. Là ils disposent des pièges un peu partout, en mettant des pièces d'or comme appât. Une semaine s'écoule, sans résultat.
- Peut-être n'y a-t-il pas suffisamment de pièces d'or, réfléchit Carali tout haut. Cordi, rajoute en donc !
Le voleur s'exécute en maugréant, il n'aime pas dépenser son or.
- Ma bourse ! On me l'a volée ! s'exclame-t-il soudain en portant la main à sa ceinture.
- Tu l'as peut-être perdue, dit Diane. Etourdi comme tu es !
- Non. La lanière a été tranchée.
- Voler un voleur, c'est le comble, commente Alexe.
- Qu’allons-nous faire ? se plaint Carali. Cela fait bientôt un mois que nous sommes partis, et nous n'avons toujours pas de résultat.

Ils désespèrent, lorsqu'ils voient des elfes s'avancer vers eux.
- Bonjour. Que faites-vous là ?
- Nous cherchons des leprechauns.
- Vous ne risquez pas d'y arriver en vous y prenant de cette manière. Essayez donc avec du vin. Ils en sont très amateurs.

Ils redescendent dans le sud. Au premier village venu ils en achètent, avec les maigres ressources qui leur restent. Puis ils reviennent au pays des leprechauns. Là ils laissent pendre chaque soir une outre des à une branche basse d'un arbre, près de leur campement, tandis que, chacun à tour de rôle, ils guettent cachés dans l'ombre.

Enfin, après des jours et des jours interminables, Cordi voit l'outre se pencher, le bouchon sauter magiquement, et le vin se déverser et disparaître. Il attend. Au bout d'un certain temps, voici qu'apparaît le leprechaun. C'est un petit lutin rondouillard de deux pouces, avec une barbe blanche, un habit et un chapeau vert. Il s'écarte du camp en titubant, visiblement ivre. Le voleur s'élance.
- Ca y est ! J'en tiens un ! Réveillez-vous !
Ses compagnons accourent précipitamment, puis ils mettent le leprechaun dans une cage.

Le lendemain, fiers de leur prise, ils repartent.

Mais Cordi, curieux, soulève un pan du tissu qui recouvre la cage pour observer le prisonnier.
- Mais où est-il ? Je ne le vois plus.
Incrédule, il ouvre la cage et passe la main pour chercher à l'intérieur.
- Non ! Ne fais pas ça ! crie Carali.
Trop tard. Le lutin se sauve en courant par l'ouverture. Puis il disparaît à leur vue.
- Imbécile ! Il s'était juste rendu invisible! Tu es tombé dans le panneau. Tout est à recommencer par ta faute.
- Excusez-moi. Je n'y avais pas pensé. Nous n'avons qu'à lui refaire le même coup avec du vin.
- Quel vin ? Tu as tout bu hier soir pour fêter la victoire !
- Et puis il va se méfier maintenant !
Ils invectivent tous le malheureux Cordi, lorsqu'apparaissent des elfes rigolards.
- Vous nous avez bien fait rire ! dit l'un.
- Si vous voulez un leprechaun, pourquoi ne prenez-vous pas celui qui a été capturé par l'ogre ? demande un autre.
- Un ogre ? Un seul ? Cela ne nous fait pas peur ! Où est-il ? interroge le voleur, plein d'espoir.
- Hé ! Attention ! Ce n'est pas un ogre ordinaire. Celui là est magicien. Il peut voler et se rendre invisible à volonté, et il est plus malin.
- Dans la situation où nous sommes, nous n'avons plus qu'à essayer, dit Carali. Pouvez-vous nous conduire à sa tanière ?
- A votre guise. Mais nous vous aurons prévenus.

Les elfes les guident jusqu'à proximité d'une petite colline dans les bois. A son flanc ils distinguent l'ouverture d'une grotte.
- Voilà, c'est là. Bonne chance !
- Merci.
Les elfes les abandonnent à leur sort. Ils décident de rester caché dans les broussailles, en attendant la sortie de l'ogre.

Au bout de trois jours, il apparaît enfin. Il est énorme, mesure trois mètres, a une large épée, des canines inférieures proéminentes et une corne sur le front. Il est très laid.

Il s'arrête sur le pas de son repaire et scrute les environs. Cordi se fait le plus petit possible. Puis l'ogre prend son envol et disparaît dans les airs. Le voleur se hâte d'aller prévenir ses amis, et ils vont explorer la grotte.

Après quelques pas, ils se retrouvent devant une lourde porte.
- Elle est fermée à clef, et est trop grosse pour être enfoncée ! rage Alexe.
- Laissez-moi faire, répond Cordi.
Il farfouille dans la serrure avec une pince, puis, avec habileté, il crochète la serrure.
- Reste là et fait le guet, dit Diane à la guerrière.
- D'accord. Compte sur moi.

Ils entrent dans la demeure de l'ogre. Elle est constituée d’un ensemble complexe de multiples pièces meublées. Ils la fouillent méthodiquement.
- J'ai trouvé une bourse de pierres précieuses ! dit le voleur au bout d'un certain temps. Qu'y a-t-il dans ces coffres ?
- J'ai trouvé des parchemins magiques. Voyons voir...
- J'ai trouvé le leprechaun ! Victoire ! s'exclame Diane.
Il est dans une petite cage dorée.
- Etes-vous venus me délivrer ?
- Tout doux, mon bon ami. Nous devons d'abord t’amener chez quelqu'un.
- Ho !
Cordi a ouvert un coffre. Il a failli défaillir. Le meuble est rempli de pièces d'or.
- Et les autres sont pleins aussi. Nous sommes riches !
- J'ai aussi trouvé une potion, et une hache de jet, ajoute Carali. Cette dernière est peut-être magique.
- Elle intéressera sûrement Alexe.
A ce propos revient la guerrière, en compagnie d'un vieil homme à la longue barbe blanche.
- Que fais-tu ici ? Tu devais faire le guet !
- Ce noble personnage se propose de nous aider. Nos ennuis sont finis.
- C'est l'ogre ! Il vous a trompés ! crie le leprechaun.
Le vieillard se métamorphose. Sa silhouette prend de l'ampleur. Les traits du monstre apparaissent.
- Vous n'êtes qu'une misérable vermine qui ose me défier chez moi ! Je vais vous écraser !

Diane réagit promptement. Elle lance un sort de lumière qui éblouit l'ogre. Mais celui-ci a également des pouvoirs. Il crée une zone de ténèbres qui vient annuler la lumière magique.
- A mon tour ! Vous allez voir !
Il lance un charme de sommeil. Heureusement seule Alexe est affectée et s’endort. Pendant ce temps Carali lit un des parchemins qu'il a trouvés. Grâce à lui, Cordi et Diane voient leurs mouvements s'accélérer et leur vitesse se multiplier par deux. Ils combattent l'ogre de toutes leurs énergies.

La créature se défend et les blesse, mais elle est submergée sous les attaques. Hélas, au moment où la victoire semblait proche, l'ogre se transforme en un nuage éthéré, qui est bientôt emporté par les courants d'air.
- Formidable ton parchemin ! dit le voleur. Mais Il n'y a pas d'effets secondaires au moins ? Je me sens tout drôle.
- C'est que... cela t'a fait vieillir d'un an, répond le magicien
- Quoi ? Un an de ma vie perdu !
- Ce n'est qu'une petite année de rien du tout...
- Cessez de vous disputer vous deux, intervient la prêtresse. L'ogre peut revenir d'un moment à l'autre. Réveillons Alexe et filons d'ici en vitesse.
- Nous ne pouvons laisser le trésor ici, se plaint Cordi.
- Ta vie vaut bien un trésor, ne crois-tu pas ? lui répond son amie.
- Venant de toi, le compliment me touche profondément.

Ils quittent les lieux précipitamment. Carali tient la cage du leprechaun. Diane et Alexe discutent en arrière-garde.
- Pourquoi avoir tué l'ogre ? Il avait l'air si aimable sous ses dehors de patriarche. Je suis sûre qu'on le calomnie à tort.
- Il t'a charmée. C'est pourquoi tu réagis ainsi, sinon tu te serais méfiée.

Mais l'ogre a pu soigner ses blessures, car il a un don de régénération semblable à un troll. Il les a pourchassés en volant invisible, et soudain il atterrit et apparaît devant eux.
- Je voulais épargner le leprechaun, mais vous êtes allés trop loin ! Je vais vous tuer !
- Au secours ! crie le lutin dans sa cage. Il va nous refroidir !
Carali sort sa dague, mais seules en sortent quelques flammèches.
- Ca me parait un peu juste, pense-t-il.
Le monstre ouvre la bouche et souffle. Un vent glacial en sort. Un vent à vous pétrifier les os. L’apprenti magicien croit sa dernière heure arrivée. Il se recroqueville sous le froid. Mais rien d'autre ne se passe. L'ogre est incrédule.
- Vous avez déjoué mon sort ! Voyons si vous résistez à mon épée.

Il s'élance. Carali n'a que sa dague pour se protéger. Le coup le fait tomber à terre. Mais l'arme de son adversaire a rebondi contre un obstacle invisible, et une onde de choc est venue frapper l’ogre en retour.
- Un bouclier de feu ! s'exclame celui-ci en découvrant les petites flammèches qui sortent de la dague et entourent Carali maintenant. Voilà pourquoi vous avez pu résister à mon souffle !

A cet instant, Cordi, qui était parti devant pour éclairer le chemin, revient le plus silencieusement possible, et le frappe dans le dos d’un coup bien ajusté. L'ogre est gravement blessé, mais pas tout à fait mort. Dans une dernière tentative de s’échapper de nouveau, il se rend invisible. Heureusement le voleur, au jugé, le frappe encore et l'achève avant qu'il ne puisse s'envoler.
- Cette fois ci c'est fini, je crois, déclare le vainqueur en posant triomphalement un pied sur le corps énorme de sa victime.
- Ca y est, je suis enfin délivré ! exulte le leprechaun. Il ne pourra plus me persécuter !
- Pourquoi t'avait-il capturé ? lui demande Carali.
- Je lui avais dérobé une pierre précieuse, répond le lutin.
- Tous ça pour une seule pierre précieuse ?
- C'est une pierre magique. Si vous me libérez, je vous la donne.
- Donnes la moi d'abord, et je te libère ensuite.
- Non !
- Très bien. Nous t'emmenons avec nous.
- C'est bon, j'accepte. La voici.
Le leprechaun sort un diamant de sa poche.
- Comment ? Elle était sur toi ?
- L'ogre n'a jamais pensé à me fouiller.
Carali la prend.
- Je ne sens rien. Que fait-elle?
- Si tu la portes suffisamment longtemps, elle te rendra plus malin.
- Je me sens déjà plus malin, et je vais te garder prisonnier.
- Oh non ! Tu avais promis!

Ils repartent vers l'ouest. Au détour du chemin, ils retrouvent les elfes.
- Nous vous félicitons pour votre victoire.
- Vos renseignements ont été précieux. Nous avons ce que nous voulons. Maintenant nous rentrons chez nous.
- S'il vous plaît, ne faites pas de mal au leprechaun. C'est un gentil compagnon sous ses dehors espiègles.
- Nous ferons de notre mieux. Mais la décision finale ne nous appartient pas.

Le printemps est bien entamé. La Nature reprend vie. Ils croisent du gibier, et des ours sortis de leur hibernation, qu'ils évitent avec soin. Arrivé près du village, ils sont arrêtés par un groupe de hors-la-loi.
- Halte ! Donnez-nous votre argent ! Qu'avez-vous dans cette cage?
- Rien pour vous ! Arrière manants ! s'écrie Cordi en tirant son épée.
Carali endort magiquement la moitié des brigands. Le combat commence. Nos héros ont rapidement le dessus, sans que le magicien n'ait besoin d'utiliser un deuxième sortilège.

Au "Rendez-vous des deux rivières", ils sont félicités.
- Ces bandits ne cessent de nous harceler depuis des lunes. Leurs rangs grossissent de plus en plus de déserteurs depuis la défaite du prince Corn dans la forêt elfique.

Ils reviennent finalement à Tirlili. Là ils retrouvent l'Egyptien dans sa roulotte. Le magicien savait qu'ils reviendraient cette journée même et les attendait. Il fait quelques passes magiques, puis ouvre la cage du leprechaun et lui parle.
- Gentil leprechaun, me laisseras-tu prendre un poil de ta barbe en échange de ta liberté ?
- Un poil de ma barbe ! Vous n'allez pas me l'arracher au moins ?
- Non.
- Je consens.
L'Egyptien sort une petite paire de ciseau de sa manche, puis lui coupe un poil de barbe.
- Nous avons fait tout cela pour un poil de barbe ? s'indigne Cordi.
- Et oui ! Mais ce n'est pas un poil ordinaire. C'est un poil de barbe de leprechaun, indispensable pour la confection de certaines potions magiques.
- Et maintenant ? Comment vais-je rentrer chez moi ? demande le lutin.
- En échange du diamant que tu caches dans ta poche, je te ramènerai chez toi.
- C'est cher payé.
- Réfléchis. Tu auras tout le trésor de l'ogre pour toi tout seul.
- C'est d'accord.
Il lui donne le diamant. L'Egyptien fait une passe magique au-dessus de la tête du lutin, et celui-ci disparaît dans une gerbe d'étincelles.
- Comment se fait-il qu'il possédait un deuxième diamant ? s'étonne Carali.
- Veux-tu regarder la pierre qu'il t'a déjà donnée ?
L'apprenti regarde dans sa bourse, et, ô surprise, ne trouve qu'un petit caillou.
- C'était une illusion ! Le leprechaun m'a berné comme un débutant.
- Tu as bien essayé de le tromper toi aussi. Tiens, je crois que tu en as plus besoin que moi, dit le maître en tendant la pierre précieuse à son élève.
- Pouvez-vous m'en expliquer les propriétés ?
- Cette gemme rend les gens plus intelligents. Mais elle ne marche qu'une fois tous les cinquante ans. Comme elle entrait justement dans une nouvelle période, l'ogre y tenait farouchement, et était prêt à tout pour la récupérer. Mais il savait le leprechaun malin, et comptait sur la faim pour le faire parler. Je te la donne, car j'ai déjà profité d'une pierre semblable dans le passé, et quelqu’un ne peut bénéficier qu'une seule fois dans sa vie de cette magie. Garde-la sur toi.
- Au fait maître, je me sens maintenant capable d'apprendre de nouveaux sorts. Quand m'en enseignerez-vous d'autres?
- Peux-tu me montrer le deuxième parchemin que tu as trouvé chez l'ogre ? Nous allons l'étudier ensemble, futur magicien du troisième cercle.

Quant à Cordi, grâce à la bourse de pierres précieuses, il a su convaincre le juge de libérer quelques mauvais chenapans qui encombraient ses prisons, sans oublier le maître voleur dont il a si bien su tirer parti des leçons en réussissant à surprendre l’ogre par-derrière à l’ultime instant. Il peut maintenant fonder sa guilde. Il envoie Alexe dans les Iles Anciennes prévenir Nadia et Viale qu'elles peuvent venir.

C'est le début de l'été.

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