Christian RICORDEAU

 

10e période de l'histoire de l'art

- artistes né(e)s entre 1955 et 1987 -

 

 

retour au début de la 10e période ou retour à la liste des périodes

 

 

2- L’ émergence du nouveau cycle en architecture

 

(la première et la dernière étape dans chacune des 4 filières)

 

Comme pour les arts plastiques nous n'allons considérer que la première et la dernière étape de chaque filière, et en s'abstenant aussi d'envisager les effets plastiques caractéristiques de chaque étape. Pour retrouver les architectes des trois étapes intermédiaires et une analyse des effets plastiques à chaque étape, on pourra consulter le chapitre 12.2 du texte complet. De la même façon, pour chaque étape nous envisagerons systématiquement deux exemples, le premier correspondant à une expression analytique et le second à une expression synthétique, mais pour simplifier nous ne justifierons pas la différence entre ces deux modes d'expression.

En architecture, il est plus commode et plus facilement compréhensible de parler de « bâtiment » que de « produit fabriqué », c'est donc ce terme de bâtiment qui sera le plus souvent utilisé, mais il faudra se souvenir qu'il vaudra pour la notion de produit-fabriqué. On prévient aussi que c'est sa réalité technique, structurelle, sa décomposition en divers bâtiments, ou encore sa répartition des espaces qui correspondra à la notion de bâtiment, et pour sa part la notion d'intention correspondra souvent à « l'intention plastique », donc aux formes adoptées, et parfois à une intention fonctionnelle. Il va de soi que c'est aussi l'architecte qui décide de la structuration du bâti, mais il faudra s'efforcer de la distinguer de l'intention plastique ou fonctionnelle manifestée par le même ou la même architecte.

 

 

L'évolution dans la 1re filière, dans laquelle PF et i sont tous les deux du type 1+1 :

 

À la première étape de la 1re filière, pour un premier exemple nous allons au Japon. Cette période d'émergence nous y emmènera d'ailleurs souvent. Peut-être cela résulte-t-il de l'acceptation plus facile que dans d'autres pays de formes d'architecture innovantes, mais cela tient aussi probablement à des habitudes de vie qui s'accommodent plus facilement qu'ailleurs des dispositions quelque peu contraignantes qu'implique la structuration de type 1+1 du bâtiment, ou qu'implique l'intention plastique de son architecte. Ainsi, pour la première étape, nous allons voir un bâtiment dont l'intérieur est complètement exposé aux intempéries, et un autre dont plusieurs pièces intérieures sont séparées les unes des autres par des surfaces en terre battue envahies par la végétation.

 

 



 

Ryue Nishizawa : Teshima Art Museum, Japon

(vue intérieure et vue extérieure

du bâtiment principal - livré en 2010)

 

Source des images : https://histoiredelartai2.wordpress.com/2017/11/27/la-goute-qui-deborde-sur-la-nature/

 

 

Nous commençons avec le Teshima Art Museum construit en 2010 par l'architecte japonais Ryue Nishizawa (né en 1966) sur l'île de Teshima. Il se compose d'un sol bétonné et d'une coque bétonnée largement ouverte de quelques trous qui laissent librement entrer les intempéries à l'intérieur même du bâtiment : le vent, la pluie, le froid, etc. Il faut préciser qu'il ne s'agit pas d'un musée usuel contenant des sculptures ou des tableaux qui pourraient être endommagés, mais d'un musée qui contient une seule œuvre d'art : une installation de l’artiste Rei Naito intitulée « Matrix », laquelle consiste en un écoulement d'eau sur le sol qui se déplace de façon hasardeuse en grosses gouttes, tantôt isolées et tantôt se regroupant diversement. Les conditions météorologiques ne sont donc pas de nature à dégrader une telle œuvre, seulement à en modifier quelque peu l'apparence et le fonctionnement.

Ce bâtiment a été construit selon une technique qui relève du type 1+1 du fait de la façon dont se raccordent le sol et la coque du toit. En effet, si l'enveloppement sol/plafond avait été continu et visiblement décomposable en plusieurs parties distinctes, par exemple un sol auquel se raccorderait un mur périphérique auquel se raccorderait un plafond, on aurait pu ressentir que cet enveloppement était à la fois un, puisque continu, et multiple, puisque décomposé en plusieurs parties. Ici, le remarquable est que le sol et le plafond ne se prolongent pas mutuellement mais viennent se rejoindre en se tangentant, comme si cette rencontre avait lieu très loin, même à l'infini si l'on prend au sérieux cet effet de tangence. Dans ces conditions, plutôt que d'avoir un volume fermé par une enveloppe continue, on a un volume qui n'est que le résultat de l'addition d'un toit qui vient se poser en +1 au-dessus d'un sol. Quant à l'intention formelle qu'a eue l'architecte concernant ce bâtiment, il est clair qu'elle a été d'ouvrir son toit par un large trou pour y faire pénétrer l'extérieur, puis de l'ouvrir par un autre large trou, et donc de répéter 1+1 fois son intention. Ces trous sont éloignés l'un de l'autre et ont des tailles très différentes, ce qui garantit que l'on ne pourra pas les lire comme un couple de trous semblables, et donc selon une lecture du type 1/x.

L'architecture étant à la fois un produit fabriqué et le résultat de l'intention de l'architecte, la notion de produit-fabriqué et la notion d'intention sont nécessairement en relation dès la première étape. Ici, cette relation se manifeste par le fait que l'intention de l'architecte a été de percer à plusieurs reprises la coque qui sert structurellement de couverture au bâtiment, et parce qu'il s'agit de caractéristiques qui ne vaudront que pour la première étape, on doit en noter deux aspects qui se modifieront au fil des étapes :

 - l'intention ne se manifeste que sur une petite partie du bâtiment : bien que constituant presque la moitié du bâtiment, le sol n'est pas du tout concerné par les percements, et la coque elle-même n'est percée qu'en de rares endroits. Aux étapes ultérieures, l'intention s'emparera de façon de plus en plus systématique de l'ensemble de l'apparence du bâtiment ;

 - il n'y a encore aucune coordination entre la façon dont le bâtiment est structuré et la façon dont l'intention se manifeste : ici, cela n'aurait fondamentalement rien changé à cette architecture si les ouvertures faites dans sa coque l'avaient été à un autre endroit quelconque de sa surface. Là aussi, au fil des étapes, la façon dont l'intention formelle de l'architecte se manifeste sera de moins en moins indépendante de la structuration du bâtiment.

 


 

SANAA : Rolex Learning Center à Lausanne, Suisse (terminé en 2010)

 

Sources des images : https://www.dezeen.com/2010/02/17/rolex-learning-center-by-sanaa/ et https://cricursa.com/en/p177/rolex-learning-centre---epfl


 

 

En complément du même exemple, le Rolex Learning Center de Lausanne, également terminé en 2010 et également conçu par Ryue Nishizawa, mais cette fois dans le cadre de l'agence SANAA où il est associé à l'architecte japonaise Kazuyo Sejima (née en 1956).

Cette fois, les larges trous qui affectent des soulèvements du bâtiment ne sont pas préjudiciables pour son usage intérieur puisqu'ils concernent des cours à caractère extérieur, mais on retrouve la même disposition de principe puisque les soulèvements du plafond affecté par ces trous prennent ici aussi la forme d'une coque allant tangenter le sol très loin. Et comme pour le musée l'intention de trouer une surélévation de la coque ne concerne qu'une partie de la toiture, tandis que l'on comprend bien que cela n'aurait pas changé grand-chose à cette architecture si l'emplacement des trous avait été différents.

 

 


                 

 

 



 

Junya Ishigami : maison pour un couple à Tokyo

Sources des images : https://www.boumbang.com/junya-ishigami/

 

https://www.pinterest.fr/pin/481251910167151944/ , https://www.pinterest.fr/pin/834362268437207294/ et

https://www.pinterest.fr/pin/476537204295328867/

 

 

Comme second exemple pour la première étape de la 1re filière, un bâtiment également conçu par un architecte japonais, cette fois Junya Ishigami (né en 1974). Il s'agit d'une maison individuelle construite à Tokyo pour un jeune couple. Des plantes, mais aussi des arbres, ont été installés en pleine terre à l'intérieur même de la maison. Pour aller du séjour à la cuisine, ou pour aller du séjour à la salle d'eau et au sanitaire situé dans un petit bâtiment annexe, il faut franchir une petite surface de terre battue, ce qui vaut aussi pour accéder à l'escalier qui mène à la terrasse en étage. Pour ne pas avoir à marcher sur la terre battue, des « pas japonais » ont été installés.

La présence de terre battue plantée de végétaux à l'intérieur même de la maison empêche que son intériorité ne forme une continuité habitée, puisqu'elle l'interrompt à multiples reprises en divisant l'intérieur du bâtiment en 1+1 îlots séparés par des séquences à caractère d'espace extérieur végétal : un coin cuisine + un séjour + un bloc sanitaire + une terrasse à l'étage. Voilà pour ce qui concerne l'organisation structurelle du bâtiment. Quant à l'intention plastique de l'architecte, elle a consisté à faire s'interpénétrer en ondulant l'espace naturel en terre battue et l'espace utilisé pour préparer la cuisine et pour prendre les repas, ce qui s'est traduit par 1+1 ondulations de la limite entre le sol de la cuisine et le sol en terre battue, spécialement du côté de la table où l'espace végétal pénètre profondément à l'intérieur du sol habité, laissant cette table assez isolée au milieu d'une sorte de presqu'île entourée de tous côtés par de la terre battue. Comme ces ondulations ne s'intègrent pas dans une forme globale que l'on pourrait commodément repérer, elles s'ajoutent en 1+1.

De même qu'au musée de Teshima, l'intention de l'architecte ne concerne qu'une partie du bâtiment : tout le bâtiment est bien concerné par la division en lieux qui s'ajoutent en 1+1 car séparés par des espaces végétalisés, mais seule une partie restreinte de ce bâtiment est concernée par l'intention de faire s'interpénétrer l'espace humain et l'espace végétal au moyen d'une frontière ondulante.

 

 

Pour la cinquième et dernière étape de la 1re filière, nous allons d'abord en Chine pour la Chaoyang Park Plaza livrée à Pékin en 2017 par l'agence MAD Architects de l'architecte chinois Ma Yansong (né en 1975).

 



 

Ma Yansong (MAD Architects) : Chaoyang Park Plaza à Pékin (2017)

À gauche, vue de la maquette

À droite, vue des bâtiments réalisés depuis le carrefour

 

Sources des images : https://www.designboom.com/architecture/mad-works-ma-yansong-architects-monograph-book-12-16-2016/ et https://www.dezeen.com/2017/09/08/chaoyang-plaza-mad-architects-photographed-khoo-guo-jie/

 

 

 

L'une des intentions plastiques de l'architecte a consisté à revêtir tous les bâtiments d'un matériau noir brillant qui les regroupe en ensemble unitaire. Si l'on se réfère à l'unité donnée par cette couleur noire brillante, chaque bâtiment en est une partie bien distinctive relevant d'une lecture 1/x : un ensemble à l'unité visuelle bien repérable constitué de x parties distinctes. Cela correspond à l'évolution finale propre à cette 1re filière : à sa dernière étape ce n'est plus seulement une partie mais la totalité du bâtiment ou du groupe de bâtiments qui peut désormais se lire en 1/x.

Toutefois, on est toujours dans cette 1re filière, car si l'on néglige le coloris noir brillant qui réunit tous les bâtiments, on doit constater qu'ils s'ajoutent structurellement en 1+1 blocs autonomes les uns à côté des autres sans se réunir une grande forme commune. Ainsi, dans un coin on a deux tours très hautes qui se décomposent en tranches arrondies variées mais qui affirment toutes leur verticalité, dans un autre coin on a un empilement de plateaux très horizontaux dont les formes s'arrondissent localement de façon irrégulière, dans un autre coin encore on a un gros bloc aux flancs verticaux lisses qui se terminent par une courte jupe oblique en partie basse, un gros bloc qui subit des retraits en gradins à l'une de ses extrémités et qui se fait coiffer par des formes accusant leur horizontalité, ailleurs encore on a une forme dont la façade s'incline pour s'arrondir à son sommet et qui est échancrée par de larges loggias horizontales, etc. Non seulement ces différents blocs s'ajoutent en 1+1 sans construire ensemble un plus grand bâtiment, mais il est clair que l'architecte a manifesté 1+1 intentions différentes concernant la forme à leur donner et qu'il les a affectées chaque fois à un bâtiment différent : ici des verticales, là des horizontales, là du massif, là de la pente, etc., et cela sans que son intention plastique ne se manifeste par l'affirmation d'une forme globale qui aurait pu rassembler ces diverses formes dans une lecture unitaire.

En résumé, on a donc ici des corps de bâtiment qui s'ajoutent en 1+1 et des intentions concernant leur forme qui se lisent aussi en 1+1, et comme par-dessus ces dispositions, on a aussi une intention générale de mise en couleur uniforme qui permet que l'ensemble de ces blocs et l'ensemble de leurs formes soient également lus en 1/x, ce qui met donc en complète relation l'organisation structurelle du bâtiment et l'intention plastique qui s'y manifeste, ce qui est bien le but que devait atteindre cette filière au moment de son évolution finale.

 

 


 

Ci-dessus, FR-EE / Fernando Romero : projet pour le Musée d'Art latino-américain à Miami, USA

 

Ci-dessous, FR-EE / Fernando Romero : proposition pour une galerie du design à Mexico (2013)

 

Sources des images : https://www.archdaily.com/574602/fr-ee-fernando-romero-enterprise-reveals-latin-american-art-museum-for-miami/547f6ad5e58ece4f80000074-fr-ee_fernando_romero_laam_07-jpg   https://www.archdaily.com/474438/archivo-a-cultural-exoskeleton-for-mexico-city-by-zeller-and-moye




Vincent Callebaut: Asian Cairns, projet pour Shenzhen

 

Source de l'image : https://vincent.callebaut.org/zoom/
projects/130104_asiancairns/asiancairns_pl006

 

Studio Gang : tour One Hundred à St Louis aux USA

 

Source de l'image : https://www.stlmag.com/design/studio-gang%E2%80%99s-one-hundred/

 

Comme deuxième exemple de la cinquième étape de la 1re filière, plusieurs projets de bâtiments plus ou moins générés de la même façon : de l'architecte mexicain Fernando Romero (né en 1971 et fondateurs de l'agence FR-EE), d'une part son projet pour le Musée d'Art latino-américain prévu à Miami, d'autre part sa proposition de 2013 pour une galerie du design à Mexico ; de l'architecte belge Vincent Callebaut (né en 1977), sa proposition « Asian Cairns » de 2013 pour la ville de Shenzhen en Chine ; et enfin, de l'architecte états-unienne Jeanne Gang (née en 1964 et exerçant dans le cadre du Studio Gang), la tour One Hundred livrée en 2020 à St Louis aux USA.

Ces bâtiments partagent certaines dispositions. D'une part, ils sont formés par la répétition de formes semblables, plateaux anguleux ou arrondis chez Fernando Romero, formes de galets enveloppés d'une résille à grandes mailles et surmontés de végétations chez Vincent Callebaut, formes plissées en éventails s'ouvrant vers le haut chez Jeanne Gang. L'utilisation d'une même forme répétée n'est toutefois pas suffisante pour que leur répétition soit uniquement lue en 1/x. Une autre disposition commune à ces quatre projets vient faire la différence : toutes ces formes semblables se répètent en s'alignant les unes au-dessus des autres, et c'est leur alignement qui permet une lecture simultanée en 1+1 et en 1/x :

 - cet alignement permet en effet la lecture d'un empilement de 1+1 formes élémentaires semblables, car chacune peut se lire isolément et ne faisant rien de commun avec ses voisines. Ainsi, les plateaux arrondis ou anguleux de Fernando Romero se succèdent les uns au-dessus des autres sans avoir aucune partie de leur forme qui soit tangente ou liée de quelque façon avec celle du dessous ou celle du dessus ; les galets de Vincent Callebaut ont des formes fermées et ils s'entassent simplement les uns sur les autres ; enfin, la forme plissée en éventail ouvert vers le haut de chaque étage de la tour de Jeanne Gang implique que l'étage suivant démarre après un fort recul de façade par rapport à l'étage précédent, de telle sorte que sa forme ne semble pas suivre la forme de l'étage du dessous mais démarrer comme « à neuf » après lui.

 - mais cet alignement permet aussi le passage privilégié et commode de la lecture d'une forme à la lecture de la suivante, et donc de lire l'empilement comme une suite unitaire de multiples formes semblables, ce qui relève d'une lecture en 1/x.

 

 

L'évolution dans la 2e filière, dans laquelle PF et i sont tous les deux du type 1/x :

 

Dans la première filière, il a fallu cinq étapes pour faire passer la structure du bâtiment et l'intention plastique de l'architecte du type 1+1 au type 1/x afin qu'elles puissent être mises en relation dans le cadre d'une unité globale. Dans la deuxième filière, on démarre directement avec ces deux aspects relevant du type 1/x. Le problème, cette fois, est que le caractère 1/x du bâti n'a aucune relation avec l'aspect 1/x de l'intention plastique de l'architecte, cela par différence avec la 1re filière où une telle relation était au moins établie sur une partie du bâtiment à la première étape. En l'absence de toute relation entre les deux notions à la première étape de la 2e filière, nécessairement elles s'y confrontent d'abord comme en face-à-face, et le cheminement des étapes suivantes leur servira d'abord à se croiser quelque peu, puis à s'accompagner de plus en plus systématiquement pour que leur fusion finisse par envahir l'ensemble du bâtiment, sans toutefois que ne disparaisse le caractère 1/x propre à chacune.

 

 


 

Studio Velocity : « Maison/Forêt dans la ville » à Toyokawa, Japon (2012)

Source des images : http://www.studiovelocity.jp/works/029-2012-matinimoriwotukuruie/works-matinimoriwotukuruie.html

 


 

 



 

Comme premier exemple de la première étape de la 2e filière, une maison individuelle que leurs architectes japonais, Kenturo Kuihara et Miho Iwatsuki (tous deux nés en 1977 et exerçant dans le cadre du Studio Velocity), ont appelée « Maison/Forêt dans la ville ». Elle se situe à Toyokawa au Japon et a été livrée en 2012.

Cette maison a la forme d'un cube dont les faces latérales se creusent, et chacune des alvéoles ainsi formées est envahie par des arbres. Un bâtiment compact dont la masse construite est régulièrement répartie en quatre pointes et creusée de quatre cours, cela lui donne certainement un caractère 1/x. Quant à elle, l'intention des architectes a été visiblement de mettre en scène le plus fortement possible le face-à-face entre ce bâtiment, donc ses habitants, et la végétation. Lorsque les arbres auront poussé et qu'ils formeront une petite forêt continue cernant la maison, cette rencontre des habitants avec la végétation relèvera également d'une intention à la fois une et multiple car, pour satisfaire l'unique intention de ressentir la présence et la puissance de la végétation, le bâtiment se creuse à plusieurs reprises pour lui faire de la place, il ouvre de multiples et larges baies vers elle, notamment dans les angles pour mieux ressentir comment il pénètre profondément vers son intérieur, et il avance même un balcon très loin de son volume pour mieux la ressentir de tous côtés.

On peut donc dire que l'intention, ici portée par la végétation qu'il faut observer et pénétrer, est en relation avec le bâtiment dès la première étape de la 2e filière puisque le bâtiment a précisément été construit de façon à mettre en valeur cette relation, mais à ce stade cette relation a une limite : la végétation qui porte l'intention et le bâtiment construit sont ici radicalement face-à-face. Or, si un face-à-face est certainement une forme de relation, c'est une relation particulière puisque les deux parties y restent complètement étrangères l'une pour l'autre, c'est donc à ce stade une sorte de relation minimale. Ce sera l'objet des étapes ultérieures de cette filière que de l'amplifier progressivement, en faisant d'abord en sorte que la notion d'intention traverse et croise tout le bâtiment, puis qu'elle s'associe à lui le plus complètement possible.

 

 


 

SANAA : Musée d'art contemporain du XXIe siècle de Kanazawa (2004)

 

Sources des images : https://www.wikiwand.com/fr/Mus%C3%A9e_d%27art_

contemporain_du_XXIe_si%C3%A8cle_de_Kanazawa  et

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Interior,_21st_Century_Museum_of_Contemporary_Art.jpg


 

Comme second exemple de la première étape de la 2e filière, le Musée d'art contemporain du XXIe siècle ouvert en 2004 à Kanazawa, au Japon, dont les concepteurs ont été les architectes japonais du cabinet SANAA dont nous avions examiné le Rolex Learning Center de Lausanne à l'occasion de la 1re filière.

Ce bâtiment se présente structurellement comme une sorte de galette horizontale, vitrée en continu sur sa périphérie et offrant ainsi un vis-à-vis continu entre l'intérieur du bâtiment et le paysage végétal alentour. Comme dans l'exemple précédent, l'intention des architectes a donc été d'établir une confrontation en face-à-face entre le bâtiment et son environnement végétal. Pour mettre en jeu cette relation, cette fois le bâtiment ne se creuse pas mais il se manifeste par une paroi vitrée la plus invisible possible, car en effet on ne constate aucun point porteur en façade, ni même aucune menuiserie apparente pour tenir le vitrage, ni en partie haute, ni en partie basse. N'apparaissent que les limites latérales de chaque morceau de vitrage, et l'on se doute que si cela avait été techniquement possible le vitrage aurait été parfaitement continu sur tout le périmètre du bâtiment. Une chose par contre se perçoit bien : la limite du bâtiment lui-même, son sol et son plafond s'interrompant simultanément selon une courbe continue, une courbe en deçà de laquelle on est dans le bâtiment et au-delà de laquelle se situe l'environnement végétal que les architectes ont donc eu l'intention de nous faire contempler dans un face-à-face le plus parfait possible.

Tout en étant de forme parfaitement circulaire, et donc unitaire, le bâtiment est structurellement divisé en multiples lieux internes, relevant ainsi du type 1/x. L'environnement paysager est continu et fait le tour du bâtiment, ce qui implique un aspect unitaire qui s'accompagne de la mise en valeur de multiples arbres remarquables isolés les uns des autres, ce qui lui permet de relever également du type 1/x. On peut aussi faire valoir que les fines lignes verticales qui séparent chaque élément de vitrage participent à la perception du caractère 1/x du bâtiment à l'endroit même de son vis-à-vis avec son environnement, et aussi à la perception du caractère 1/x de cet environnement puisqu'il apparaît ainsi comme un paysage continu divisé en multiples sections. Bâtiment 1/x et intention concernant un paysage 1/x, on est dans la 2e filière.

 

 

 


SANAA : intérieur du Rolex Learning Center à Lausanne, Suisse (terminé en 2010)

 

Source de l'image : https://www.andreaflak.de/epfl-rolex-learning-center-lausanne/

 

 

En complément  au second exemple de la première étape de la 2e filière, on revient rapidement sur le Rolex Learning Center, cette fois pour en examiner la disposition intérieure. Comme pour le musée de Kanazawa, toutes les périphéries de ce bâtiment sont réalisées au moyen d'un vitrage continu sans aucune retombée de poutre et sans aucune allège en partie basse, ce qui recrée la situation de face-à-face direct et complet entre l'intérieur du bâtiment et son environnement.

Par différence avec le musée, on peut toutefois signaler que le caractère 1/x de la structure du bâtiment et le caractère 1/x de l'intention de le mettre directement en face et en continuité avec son environnement y sont plus accusés : le volume intérieur forme en effet une grande unité parfaitement continue sans aucun cloisonnement opaque, et cette unité est visiblement divisée en espaces bien différenciés les uns des autres par les pentes et les creux que forment simultanément le sol et le plafond qui évoluent de concert, et aussi par les étranglements ou les élargissements impliqués par la présence des diverses grandes trouées qui percent verticalement le volume du bâtiment ; quant à l'extérieur, il est également ressenti comme une unité continue qui environne de tous côtés l'intérieur du bâtiment, mais il se divise ici entre un extérieur que l'on aperçoit d'un côté et un extérieur que l'on aperçoit de l'autre côté.

 

 

Comme premier exemple de la dernière étape de la 2e filière, on retrouve l'architecte Ma Yansong de MAD Architects avec un immense bâtiment d'habitation à Beihai qu'il justifie en disant qu'il a la forme de fausses collines telles qu'on en voit dans les montagnes chinoises. En 2015, seule une partie du bâtiment était réalisée. On s'intéressera à son aspect côté plage, sachant que l'autre façade est découpée en fortes cannelures ainsi qu'on le devine sur la photographie aérienne, cette façade arrière relevant de la 4e filière.

 



 

 

Ma Yansong (MAD Architects) : Fausses Collines à Beihai en Chine

(à gauche projet d'ensemble, à droite, réalisation partielle en 2015)

 

 

Sources des images : https://welcometochina.com.au/modern-architecture-tourism-in-china-5939.html

et https://divisare.com/projects/309052-mad-architects-xia-zhi-fake-hills-beihai-china

 


 

 

Le caractère unitaire et continu de la structure du bâtiment ne fait pas de doute puisqu'il est fait d'une longue surface divisée de façon uniforme par une grille en maçonnerie. Cette grille résulte du croisement de multiples horizontales et de multiples verticales, elle est systématiquement obturée par des vitrages sombres et parsemée de multiples saillies de balcons, principalement rassemblées autour des grands percements qui trouent la façade, comme pour amortir la brutalité de ceux-ci. Ne serait-ce que pour cet aspect de sa surface, le bâtiment relève donc du type 1/x. Mais il se caractérise aussi par les grandes vagues de sa crête qui, en s'associant aux arches ouvertes en sa partie basse dont les sommets coïncident avec les creux de ces vagues, le divisent en unités bien repérables mais liées entre elles dans l'unité globale de la forme du bâtiment, ce qui relève également du type 1/x. Comme le bâti les intentions plastiques sont du type 1/x puisqu'elles se confondent étroitement à ses caractéristiques : en partie courante, on repère l'intention de proposer une trame de surface régulière, seulement diversifiée par des effets de reliefs qui se concentrent autour des grands percements de la façade, tandis qu'au niveau de la forme globale du bâtiment on repère l'intention de donner à sa découpe l'allure de vagues ondulantes variées qui pourraient rappeler l'aspect irrégulier de montagnes irrégulièrement érodées.

Sur le principe, il est utile de bien distinguer la structure du bâti et l'intention plastique de l'architecte, même si elles sont étroitement associées : en partie courante, le bâti correspond à une trame maçonnée régulièrement trouée par des vitrages et l'intention consiste à procurer une surface régulière ; à l'échelle globale, le bâti est lu continu et divisé en tronçons par des étranglements hauts et bas synchronisés, et l'intention consiste à donner l'allure de vagues irrégulières à cette division en tronçons. Cette confusion du bâti avec l'intention, et la généralisation de cette confusion à l'ensemble du bâtiment, résultent de l'état de la relation entre la structuration du bâti et l'intention plastique à la dernière étape de la 2e filière. La face-à-face brutal de la première étape entre la structure du bâti et l'intention plastique s'est donc transformé comme il convenait en leur accompagnement mutuel systématique à la dernière étape.

 

 

 


Studio Gang : tour Mira, Folsom Street à San Francisco, USA (dessin du projet)

 

Source de l'image : https://www.dezeen.com/2018/08/20/mira-skyscraper-san-francisco-studio-gang-twisting-bay-windows/

 

 

Comme second exemple de la dernière étape de la 2e filière, nous retrouvons le Studio Gang avec la « tour Mira » livrée en 2020 à San Francisco aux USA. Elle se caractérise par la division de ses façades en cordons verticaux bien séparés les uns des autres et qui se tordent en hélice tout le long de leur parcours.

Le caractère uniforme de la structuration de sa peau extérieure divisée en multiples colonnes correspond à une expression du type 1/x, et la même chose peut être dite pour chaque colonne prise individuellement puisque, bien que traitée de façon très unitaire du bas en haut, elle se divise en multiples portions de torsions successives. L'intention plastique de l'architecte correspond évidemment à cet effet de torsion et, puisque l'on est à la dernière étape de la 2e filière, cette intention est complètement fusionnée avec la structuration du bâti et partage donc avec lui le type 1/x.

 

 

L'évolution dans la 3e filière, dans laquelle PF est du type 1/x et i du type 1+1 :

 

La 3e filière vise à mettre progressivement en relation la structuration du bâtiment qui relève du type 1/x avec des intentions plastiques relevant du type 1+1. Pour le bâtiment, son type 1/x implique qu'il devra toujours apparaître comme une entité compacte et unifiée, tandis que le type 1+1 des intentions plastiques tendra à le distordre pour satisfaire différentes intentions incompatibles entre elles.

Comme premier exemple de la première étape de la 3e filière, nous retrouvons Junya Ishigami pour un projet de maison à l'intention d'un collectionneur d'art, prévue pour être construite au Chili et dont on ne dispose que de vues de la maquette qui date de 2014.

 



 

Junya Ishigami : maquette d'un projet de maison pour un collectionneur d'art au Chili

(la toiture a été enlevée pour la vue depuis le dessus - 2014)

 

Source des images :  https://www.archdaily.com/533159/japanese-and-chilean-architects-

collaborate-on-proposals-for-the-ochoalcubo-project/53d8149bc07a80d971000202-japa

nese-and-chilean-architects-collaborate-on-proposals-for-the-ochoalcubo-project-image

 

 

Cette maison a l'allure d'une large assiette creuse recouverte d'un toit plat (ôté pour la vue aérienne de la maquette). L'intention de l'architecte a été de faire en sorte que toute la lumière et toutes les vues soient procurées au moyen de larges échancrures dans le sol du bâtiment, certaines remontant un peu toutefois sur le bas de ses bords. On peut comparer cette disposition au musée de Teshima de Ryue Nishizawa qui a servi à introduire l'analyse de la première étape de la 1re filière : comme dans ce musée, de larges ouvertures servent à apporter la lumière et des vues variées sur le paysage, comme dans ce musée elles sont variées et pour cette raison ne forment pas un groupe unifié mais une suite de vues qui s'ajoutent pour correspondre à 1+1 intentions de vues sur le paysage, et outre la diversité de leurs formes, la variété de leurs situations empêche aussi de ressentir qu'elles puissent former un groupe, car l'une sert de trémie d'escalier, une autre d'observatoire plongeant sur le sommet d'une petite colline, une autre d'observatoire donnant une vue à la fois plongeante et lointaine sur un autre flanc de cette colline, et une autre encore offre une vue panoramique sur le lointain dans une tout autre direction.

Par différence toutefois avec le musée de Teshima, les trouées ne sont pas limitées à une seule partie du bâtiment mais elles sont répandues sur toute sa surface, ce qui montre que la 3e filière ne commence pas, comme la 1re, par une relation limitée dans son étendue entre la structure du bâtiment et l'intention de l'architecte concernant l'organisation des vues. Par différence aussi, le bâtiment n'est pas formé par la réunion en 1+1 d'un sol et d'un toit se posant l'un sur l'autre très loin à la périphérie du bâtiment, il est cette fois formé par un sol qui remonte en arrondi sur toute sa périphérie pour bien montrer l'unité du creux intérieur qu'il génère. Divers cloisonnements divisent ce creux en parties distinctes mais, la plupart du temps, sans gêner sa continuité périphérique, et sans jamais gêner la continuité de sa partie centrale. La structuration du bâtiment relève donc du type 1/x, ce qui est spécialement évident quand on regarde le bâtiment depuis l'extérieur, sa forme compacte unitaire n'étant divisée que par les multiples trous qui l'affectent sans rompre sa continuité d'ensemble.

La variété des trouées faites dans la surface du bâtiment pour correspondre à la variété des intentions de vues sur le paysage n'affecte que sa surface, précisément, et elle ne l'affecte en outre que discrètement. Cette caractéristique résume l'état de la relation entre l'intention de l'architecte et la structuration du bâtiment à la première étape de la 3e filière : l'intention s'affirme de façon encore modeste et en ne concernant que l'enveloppe du bâtiment, que sa surface extérieure.

 

 

 


SANAA : New Museum Contemporary Art à New-York (2007)

 

Source de l'image : https://www.archilovers.com/projects/4587/new-museum-contemporary-art.html

 

 

Pour un deuxième exemple de la première étape de la 3e filière nous retrouvons le cabinet SANAA des architectes japonais Ryue Nishizawa et Kazuyo Sejima, cette fois pour le New Museum Contemporary Art qu'ils ont livré en 2007 à New-York.

Ce bâtiment se présente comme une suite continue d'étages recouverts d'un même matériau blanchâtre, à peine modifié en partie basse de chaque étage par une bande plus lumineuse correspondant à l'éclairage des pièces situées derrière ou au reflet de la lumière venant de la terrasse du dessous. D'un étage à l'autre, de petits reculs de façade ou de modestes décrochements latéraux divisent cette grande unité continue en multiples portions bien repérables visuellement. Ces caractéristiques donnent à la structuration du bâti le type 1/x d'une grande unité divisée en multiples parties. L'intention plastique des architectes a été de reculer légèrement de la rue chacun des étages, jamais de la même ampleur et sans que l'on puisse relever une logique globale quelconque à cette variété des reculs, et aussi de les déporter latéralement, parfois d'un côté, parfois de l'autre, l'un se produisant même à mi-hauteur d'un étage, sans non plus que l'on puisse relever une logique globale quelconque à cette variété des déports latéraux. On peut enfin évoquer l'intention de superposer en partie basse trois niveaux de même hauteur et de modifier la hauteur des deux corps de bâtiment au-dessus, d'abord par un très grand surhaussement puis par un surhaussement plus modeste, et toujours sans que l'on puisse saisir une logique d'ensemble à ces modifications. Bref, il apparaît que l'intention a été d'effectuer 1+1 reculs sur rue sans relation les uns avec les autres, 1+1 déports latéraux sans relation les uns avec les autres, et de définir 1+1 hauteurs d'étages différentes sans relation les unes avec les autres. L'intention plastique relève donc du type 1+1.

Comme dans l'exemple précédent l'intention se cantonne à l'enveloppe du bâtiment, et sa conséquence est encore discrète puisqu'il s'agit seulement de décaler et de modifier légèrement la position et la hauteur des étages empilés.

 




 

SANAA : magasin Dior de Tokyo (2003 - vue générale et vues de détail depuis l'extérieur et l'intérieur)

Sources des images : http://projects.archiexpo.fr/project-2232.html et https://www.pinterest.fr/pin/347340189997289774/

 

Dernier exemple pour la première étape, toujours avec SANAA et cette fois avec son traitement translucide de la façade de l'immeuble Dior construit en 2003 à Tokyo. Cette façade comporte en fait une double peau : un vitrage extérieur transparent et un vitrage intérieur en verre plissé translucide à l'allure de rideau. Le résultat est une paroi quelque peu laiteuse, que l'on ne parvient pas bien à localiser, ni même à saisir visuellement.

La répartition structurelle en deux couches et les multiples ondulations de la couche intérieure de ces façades relèvent du type 1/x. L'intention plastique, elle, a trait au caractère translucide des façades, lequel implique en fait deux intentions différentes qui se cumulent : faire une paroi transparente à la lumière, ce qui vaut pour ses deux couches, et faire une paroi opaque à la vue, ce qui ne concerne que la couche interne et ses ondulations. Dans cette disposition, la paroi intérieure avec ses plissements et son aspect translucide vient ainsi défaire la simple transparence lisse de la paroi extérieure, elle ajoute donc en +1 une opacité et un effet d'ondulations qu'elle ne partage pas avec cette dernière. L'effet global qui en résulte est que les deux parties de la paroi ne sont donc pas fusionnées mais restent deux parois étrangères qui s'additionnent en 1+1 l'une derrière l'autre : une tranche de transparence limpide, puis une tranche de translucide plissé.

Comme dans les exemples précédents on retrouve le caractère limité de l'impact du caractère 1+1 de l'intention qui se contente ici de troubler le caractère 1/x de la séparation structurelle des deux tranches de la paroi vitrée.

 

 

À la cinquième et dernière étape de la troisième filière s'opère la réconciliation entre le caractère 1+1 des intentions plastiques et le caractère 1/x de la structuration du bâti : elles ont trouvé un moyen de se mettre parfaitement en relation malgré la divergence de leurs types.

 

 


Plasma Studio : immeuble à Sesto, Italie (2012)

 

Source de l'image : https://www.plasmastudio.com/en/project/dolomitenblick-36

 

 

Le premier exemple pour rendre compte de leur mariage sera l'immeuble d'habitation construit en 2012 à Sesto, en Italie, par l'agence d'architecture Plasma Studio, fondée par l'Argentine Eva Castro (née en 1969) et par l'Allemand Holger Kehne (né en 1970).

Le caractère multiple de la structure du bâtiment est clairement affirmé par sa division en balcons régulièrement superposés et séparés les uns des autres par un franc vide. Pour donner au bâti un type 1/x, ce caractère multiple est complété par l'aspect unitaire dû à l'unicité du matériau en ardoise qui recouvre la façade des balcons et à l'unicité du matériau en bois qui recouvre leurs plafonds. Cet aspect unitaire est évidemment renforcé par la grande saignée oblique qui relie en continu le haut et le bas du bâtiment, et qui se prolonge même dans les murs de soutènement du terrain situés sous l'immeuble. Même si les plans qui génèrent cette saignée sont cassés en arrivant au soubassement, leurs arêtes obliques sont toujours continues, ce qui vaut aussi pour les arêtes d'extrémité des balcons successifs. L'intention plastique des architectes a porté sur la forme des ondulations horizontales des balcons et de la toiture. Certes, verticalement leurs plis successifs s'arrangent pour générer la saignée oblique continue de la partie centrale, mais dans le sens horizontal ils forment une suite de plis dont l'angle, la longueur et l'inclinaison par rapport à la verticale se modifient d'un étage à l'autre, et cela sans que l'on puisse distinguer un rythme quelconque qui donnerait une allure unitaire à ces ondulations. Si ces plis participent dans le sens vertical au caractère 1/x du bâtiment, dans le sens horizontal ils construisent donc à chaque étage une succession de 1+1 plis plus ou moins longs, plus ou moins inclinés et formant des angles plus ou moins serrés.

La participation simultanée de ces 1+1 plis horizontaux à l'effet de saignée qui contribue au caractère 1/x du bâti est une façon, à la dernière étape de la 3e filière, de concilier le type 1/x du bâti et le type 1+1 des intentions plastiques qu'il porte, car cette participation permet de les lire dans un sens comme 1+1 plis autonomes se succédant horizontalement, et dans le sens croisé comme s'alignant pour former la grande saignée oblique au type 1/x. Cette faculté de lire les intentions architecturales aussi bien en 1+1 qu'associées au caractère 1/x de la structuration du bâti est très exactement ce que l'on devait obtenir à la dernière étape de la 10e période pour pouvoir passer à la suivante.

 

 

 


FR-EE / Fernando Romero : Musée Soumaya à Mexico (2011)

 

Source de l'image : https://homesthetics.net/impressive-steel-building-museo-soumaya-granada-mexico-free-fernando-romero-enterprise/

 

 

Pour terminer cette 3e filière, deux exemples assez similaires de sa dernière étape.

D'abord, le Musée Soumaya de Mexico livré en 2011 par l'architecte mexicain Fernando Romero. Sa forme extérieure se présente comme une enveloppe complètement aveugle qui se tortille dans tous les sens tout en générant au total un volume très compact. Cet aspect compact, continu, massif, mais simultanément divisé en portions de surface qui se déforment vers de multiples directions, donne à la structuration du bâti un évident caractère 1/x. Quant à elle, l'intention plastique de l'architecte a consisté à procurer à cette surface des déformations partout différentes : ici fortement creusée, là moins creusée mais plus fortement tordue, ailleurs plutôt en saillie, etc. Au total, on ne peut lire aucune régularité dans leur évolution et on ne peut les lire que comme 1+1 déformations qui se succèdent comme au hasard les unes après les autres.

Bien sûr, comme on l'a dit, on peut aussi ressentir que ces déformations génèrent de multiples creux et de multiples excroissances qui participent du caractère 1/x de ce bâtiment compact à la surface continue, et c'est précisément ce qui montre que l'on est arrivé à la dernière étape, celle où l'intention plastique peut se lire aussi bien en 1+1 qu'en 1/x, car malgré un caractère 1+1 préservé elle a trouvé ici le moyen de se marier avec le caractère 1/x du bâti.

 

 

 


MAD : Absolute Towers, à Mississauga, Ontario, Canada (2012)

 

Source de l'image : https://www.archdaily.mx/mx/02-221167/absolute-towers-mad-architects

 

 

Sur un principe très similaire au musée Soumaya, les deux « Absolute Towers » livrées en 2012 à Mississauga, au Canada, par le Chinois Ma Yansong de MAD Architects.

Chaque tour est bien compacte et se divise en multiples étages bien séparés les uns des autres par des débords de balcons continus sur tout leur périmètre, ce qui procure à la structuration du bâti un caractère 1/x. Les déformations qui font onduler ces tours correspondent évidemment à l'intention plastique de l'architecte, et comme elles ne disposent d'aucune régularité elles s'ajoutent en 1+1 du bas jusqu'en haut de chaque tour et d'une tour à l'autre. Toutefois, ces contorsions peuvent aussi bien apparaître comme une façon de diviser le volume de chaque tour en grandes régions distinctes, le caractère 1/x alors induit pour ce volume s'ajoutant au caractère 1/x de plus petite échelle procuré par sa division en multiples étages. Comme il en allait pour le musée Soumaya de Mexico, les 1+1 ondulations du bâtiment concilient ainsi leur caractère 1+1 avec l'aspect 1/x du bâti.

 

 

L'évolution dans la 4e filière, dans laquelle PF est du type 1+1 et i du type 1/x :

 

Dans la 4e filière, l'intention que l'architecte rend spécialement visible relève du type 1/x tandis que le bâtiment se décompose structurellement en parties autonomes les unes des autres et s'ajoutant en 1+1. Dans la 3e filière, le caractère 1/x donnait au bâtiment un aspect unitaire et compact que le type 1+1 de l'intention plastique tendait à chahuter, à distordre, maintenant c'est donc au tour de l'intention de permettre une lecture unitaire du bâtiment malgré sa décomposition en morceaux indépendants les uns des autres, d'ailleurs souvent très écartés les uns des autres.

 


 

Studio Velocity : maison à Aichi, Japon (2019)

 

Source des images : https://www.archdaily.com/936283/house-surrounded-by-hedges-studio-velocity



 

 

Comme premier exemple de la première étape de la 4e filière, une vaste maison individuelle conçue par l'agence japonaise Studio Velocity, construite en 2019 à Aichi, au Japon.

La particularité du bâti de cette maison est que les sols, les cloisonnements et les toitures forment trois ensembles distincts évoluant chacun séparément des autres, chacun étant également discontinu et ne manifestant aucune régularité : sols, volumes cloisonnés et toitures s'ajoutent donc en 1+1 et, à l'intérieur de chacun de ces ensembles, ses différents éléments s'ajoutent en 1+1 parties autonomes. Sur le plan, on voit en effet les sols en parquet formant des « blobs » orangés irréguliers et non jointifs entre eux, les sols en béton formant d'autres « blobs » gris également irréguliers en taille et non jointifs, la partie couverte du bâtiment (limite en pointillés) comprenant pour partie des sols végétalisés aux limites irrégulières et non jointifs entre eux, auxquels il faut ajouter les végétaux situés dans des bassines ou dans des bacs installés sur les parties de sols en béton ou en parquet. Les volumes cloisonnés forment eux aussi des unités aux tailles très variées et bien indépendantes les unes des autres, chacune en forme de boîte parallélépipédique munie de son propre toit. Ces boîtes sont reliées par un vaste volume qui est fermé en périphérie par des vitrages continus, volume vitré qui ne coïncide ni avec les limites des sols parquetés (parfois en retrait et parfois allant au-delà de ce volume), ni avec les surfaces de toiture qui sont toujours en débord, parfois très importants, sur ce volume vitré dont les vitrages viennent se raccorder à la sous-face de la toiture. Quant à cette toiture, elle est faite d'éléments séparés nettement disjoints, situés à des hauteurs différentes, aux pentes différentes et aux sens de pente différents.

La structuration du bâti est donc clairement faite de 1+1 ensembles distincts assurant séparément et sans aucune coordination les fonctions de sol, d'enveloppe et de toiture, chacun de ces ensembles étant lui-même obtenu par 1+1 éléments distincts bien autonomes les uns des autres. Malgré l'absence complète d'unité et de continuité du bâti, l'intention des architectes a toutefois été de coordonner les éléments bâtis disparates pour qu'ils procurent une continuité aux différents aspects de la vie de la famille qui habite cette maison, répartissant ses différents usages dans des lieux à la fois bien distincts et réunis dans une même continuité globalement fonctionnelle : là une chambre, ailleurs une autre chambre, ailleurs encore une cuisine et à proximité un lieu pour prendre les repas, ailleurs des pièces pour la toilette, etc. Et même si les sols, les cloisonnements et les toitures sont disjoints, tous les usages principaux de l'habitation peuvent se faire en continuité dans un volume fermé, muni d'un sol circulable et à l'abri d'une toiture. L'intention concernant l'usage de la maison est donc du type 1/x : une unité d'habitation continue divisée en multiples lieux. Le traitement plastique des espaces contribue aussi à ce caractère 1/x du fait de l'uniformité d'aspect, notamment de couleur, des différents sols en béton, des différents sols en parquet, des différents cloisonnements, des différentes menuiseries vitrées et des différents éléments de toiture.

À cette première étape, l'incompatibilité entre le caractère 1+1 du bâti et 1/x de l'intention est résolue par l'autonomie entre les dispositions du bâti et les dispositions concernées par l'intention. Ainsi, la répartition des différents usages se déroule dans le bâtiment indépendamment de ses dispositions physiques, et la continuité des usages voulue par l'intention est horizontale tandis que les discontinuités du bâti se lisent plutôt verticalement : le plan des sols ne correspond pas à celui des cloisonnements implantés au-dessus, qui ne correspond pas lui-même au plan des toitures encore au-dessus. Et tandis que l'intention des architectes s'affirme notamment par l'unité des matériaux et de leurs coloris, l'aspect 1+1 du bâti est procuré par l'autonomie de dispositions purement spatiales : l'étendue et la nature du sol, la position et la nature des cloisonnements, le morcellement physique de la couverture.

 

 


 

Ryue Nishizawa : maison Moriyama à Tokyo (2005)

Maquette d'ensemble et vue d'une cour intérieure

 

 

Sources des images : https://www.deviantart.com/akikumiko/art/Moriyama-House-1-260009489

et https://www.pinterest.at/pin/335307134726305716/

 

 


 

Pour un second exemple de la première étape de la 4e filière, nous restons au Japon où nous retrouvons l'architecte Ryue Nishizawa dont nous avons envisagé le musée de Teshima dans le cadre de la 1e filière. La maison Moriyama qu'il a livrée en 2005 à Tokyo a maintenant une réputation internationale. Elle est due à son bâti qui n'est pas continu mais morcelé en une dizaine de plots complètement séparés les uns des autres. Il faut toutefois relativiser l'inconvénient pour l'usage de ce morcellement puisque six de ces plots sont loués à des locataires différents, mais il n'en reste pas moins que le propriétaire, Monsieur Moriyama, occupe lui-même quatre plots séparés et que leur usage implique qu'il sorte parfois à l'extérieur pour passer de l'un à l'autre, notamment pour utiliser sa salle de douches qui occupe un plot indépendant. Outre l'usage au quotidien des placettes et des ruelles qui séparent les divers plots, la terrasse du bloc le plus central est accessible par un escalier et sert de salle de réception commune pour des festivités occasionnelles.

Structurellement, ces blocs sont franchement séparés les uns des autres, et puisqu'ils ne se regroupent pas dans une grande forme d'ensemble lisible qui les unirait, ils s'ajoutent seulement en 1+1 les uns à côté des autres. Leur commune forme parallélépipédique, la couleur blanche qui les unifie ainsi que l'usage d'un même type d'ouvertures carrées ou rectangulaires, relèvent de l'intention de faire de cet ensemble de blocs disparates un îlot d'habitation cohérent destiné à la vie quotidienne de son propriétaire et de ses locataires. Cette intention d'usage en groupe d'un même îlot d'habitation plastiquement unifié, lequel îlot est divisé en multiples usages réparties dans ces multiples plots, relève du type 1/x.

Comme dans l'exemple analytique précédent, ce sont des aspects étrangers à la décomposition physique en blocs séparés autonomes qui les mettent en relation : l'uniformité de leur style et l'unité fonctionnelle de leur usage en habitat « presque communautaire ».

 

 


Ryue Nishizawa : Maison et Jardin à Tokyo (2011)

 

Source de l'image : https://www.yellowtrace.com.au/outdoor-rooms/garden-house-tokyo-by-ryue-nishizawa-sanaa-photo-iwan-baan-yellowtrace-33/

 

 

Dans la maison Moriyama, Ryue Nishizawa a exploré la décomposition horizontale d'un bâtiment en 1+1 plots séparés. Dans la maison que nous examinons maintenant et qu'il a aussi livrée à Tokyo, cette fois en 2011, il a exploré la décomposition verticale d'une même habitation en étages indépendants qui s'ajoutent en 1+1 étages les uns au-dessus des autres. C'est sur une parcelle de 4 m de large qu'il a construit sur cinq niveaux cette maison qui ne possède aucune enveloppe extérieure pour la regrouper dans un même volume, et la différence d'aspect et de disposition entre ces différents niveaux contribue à les faire ressentir structurellement comme 1+1 étages sans relation apparente entre eux. Il s'agit pourtant d'une seule et même habitation, et la présence abondante de plantes à chacun de ces niveaux indique que l'intention est bien ici de faire une seule habitation divisée en multiples étages, et donc que l'intention fonctionnelle est du type 1/x.

Comme dans l'exemple précédent, l'absence d'enveloppe continue génère probablement des restrictions d'usage pendant l'hiver, ce qui renforce l'impression que le caractère 1+1 de cet empilement d'étages contraste délibérément avec l'intention d'en faire un appartement continu utilisé par une même famille. Et comme dans les exemples précédents, on voit qu'à la première étape de la 4e filière, la mise en relation des différentes parties du bâtiment coupé en 1+1 parties est obtenue par des dispositions qui sont étrangères à la disposition qui sert à réaliser cette division. Ici, ce qui permet cette mise en relation est l'empilement exact des étages l'un sur l'autre, la généralisation d'une forte végétation, et l'organisation fonctionnelle qui permet que le bâtiment serve d'appartement à une même famille.

 

 

À la cinquième et dernière étape de la 4e filière, l'intention permet enfin de façon très directe une lecture 1/x de parties de bâtiments qui s'ajoutent pourtant les unes aux autres en 1+1.

 


 

Ma Yansong (MAD Architects) : Shan Shui City (2013)

 

Source des images : https://www.designboom.com/architecture/mad-architects-shan-shui-city-guiyang-china/


 

 

Comme premier exemple de la dernière étape de la 4e filière, on revient une dernière fois en Chine avec l'architecte Ma Yansong de MAD Architects pour son projet de 2013 de Shan Shui City qu'il a dénommé « la ville des montagnes et de l'eau ».

Dans ce projet, les immeubles combinent une décomposition en tranches verticales bien décalées les unes des autres et l'affirmation de divers plateaux horizontaux qui correspondent aux planchers. De façon générale la décomposition en tranches verticales est la plus visible, toutefois, à la rencontre entre deux bâtiments séparés, les planchers se rejoignent d'un bâtiment à l'autre et accusent alors l'autonomie des formes horizontales dont certaines sont l'occasion de créer un bassin dont l'eau chute en rideau de cascade jusqu'au pied du bâtiment. Cette confrontation entre un registre de formes horizontales et un registre de formes verticales ne génère aucune fusion de ces deux registres qui ne peuvent être lus qu'en 1+1 puisqu'on ne peut pas lire simultanément les tranches horizontales et les tranches verticales. D'autant que chacun de ces deux registres engendre un motif qui lui est propre, celui des planchers qui génèrent un volume continu qui se devine à quelque distance à l'arrière les tranches verticales des façades, et celui de ces tranches verticales qui forment un rideau s'écartant de place en place pour laisser dépasser les tranches horizontales de planchers qui viennent alors en balcon.

Pourtant, même si dans le détail on ne peut jamais lire en même temps les tranches horizontales des planchers et les ondulations des tranches verticales, on voit bien que l'intention plastique de l'architecte a été de combiner ces deux registres de formes pour qu'ils engendrent globalement un paysage ressemblant à des montagnes artificielles peuplées de canyons, de végétations et de cascades, un paysage qui évoque celui de certaines montagnes chinoises formées de très hauts massifs arrondis par l'érosion. Sous cet aspect, encastrés l'un dans l'autre, le registre des planchers horizontaux et le registre des lamelles verticales ondulantes appartiennent donc également à une grande forme globale, et ces deux registres associés dans une même forme globale correspondent alors à une lecture en 1/x, et cela d'autant plus facilement que chacun de ces registres se divise lui-même en multiples formes parallèles, soit horizontales, soit verticales, et donc que chacun est en lui-même un ensemble de formes du type 1/x.

Le caractère 1+1 de la structuration du bâtiment est donc désormais en relation directe et complète avec le caractère 1/x de l'intention plastique de l'architecte, ce qui est bien ce qu'on devait attendre de la dernière étape de la 10e période.

 

 


 

Studio Gang : Vista Tower à Chicago, USA (2020 – vues du projet)

 

Source des images : http://studiogang.com/project/vista-tower


 

 

Pour un second exemple de la dernière étape de la 4e filière, on retrouve Jeanne Gang pour un groupe de trois tours livré en 2020 à Chicago et qui reçoit le nom générique de « Vista Tower ».

Implantées les unes à côté des autres, de hauteurs très différentes et leurs ondulations ne se synchronisant pas pour évoluer côte à côte afin de procurer une lecture commune bien lisible de leurs rythmes, elles ne se regroupent pas dans une grande forme d'ensemble dont chacune ne serait qu'une partie et forment donc structurellement un groupe de 1+1+1 tours s'élevant vers le ciel séparément les unes des autres. Toutefois, même si l'ondulation de leurs façades ne se fait pas selon un rythme commun mais en complet déphasage, elle n'en constitue pas moins un thème plastique qu'elles partagent et qui les distingue visuellement de leur entourage. C'était évidemment l'intention plastique que l'architecte a voulu affirmer, et cette intention de faire onduler plusieurs tours côte à côte permet par conséquent que leur groupe puisse aussi se lire en 1/x, cela d'autant plus facilement que, prise isolément, chaque tour exhibe de multiples ondulations et peut donc individuellement être lue en 1/x.

On a donc ici une disposition plastique, celle de l'ondulation verticale des façades, qui est à la fois ce qui permet de lire l'ensemble en 1/x parce qu'il est généralisé à toutes les tours, et ce qui permet de les lire seulement ajoutées en 1+1 les unes à côté des autres du fait du déphasage de leurs ondulations, les parties creuses de l'une correspondant aux parties saillantes de sa voisine.

 

 

Avant de passer à la période suivante, on résume rapidement l'évolution de l'architecture dans chacune des quatre filières de la période qui a vu l'émergence du couple bâtiment-fabriqué/intention :

 - dans la 1re filière, le bâti et l'intention étaient tous les deux du type 1+1 et correspondaient donc à des accumulations d'unités très indépendantes les unes des autres, ce qui ne permettait pas de mettre commodément en relation les deux notions. À la cinquième et dernière étape, on a vu que les 1+1 parties du bâtiment et les 1+1 intentions correspondantes réussissaient à se faire lire simultanément en 1/x, trouvant ainsi le moyen de se mettre en relation malgré leurs types 1+1.

 - dans la 2e filière, le bâti et l'intention étaient tous les deux du type 1/x, mais selon des modes de regroupement autonomes l'un de l'autre. À la première étape, faute d'être en relation les deux notions se faisaient face, étrangères l'une pour l'autre. Au fil des étapes elles ont progressivement trouvé le moyen de s'accorder et de fusionner, et donc de se mettre en parfaite relation mutuelle.

 - dans la 3e filière, le bâti était du type 1/x et donc unitaire, tandis que le caractère 1+1 décousu des intentions de l'architecte se heurtait à la cohérence compacte du bâti. À la dernière étape, les 1+1 intentions ont réussi à se faire passer pour les multiples aspects du type 1/x du bâti, ce qui impliquait alors une mise en relation parfaitement réussie des intentions avec les divisions du bâti.

 - enfin, dans la 4e filière, nous venons de voir à l'inverse que c'était le caractère 1/x de l'intention qui permettait de tenir regroupées les différentes parties du bâtiment qui tendaient à se disperser du fait de son type structurellement 1+1. À la dernière étape, la lecture 1+1 du bâti se synchronisait avec la lecture en 1/x de ce même bâti correspondant à l'intention plastique de l'architecte, ce qui encore une fois impliquait une mise en relation aboutie de la structuration du bâtiment avec l'intention plastique de l'architecte.

 

(dernière version de ce texte : 2 février 2023) - Suite : 11e période