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CAMBODGE

30 et 31 octobre 2006

Le départ ce matin nous provoque un pincement au coeur. Nous avons vraiment beaucoup aimé le Laos. Que trouvera-t-on de l'autre côté de la frontière ?

La frontière, notre van climatisé (réellement cette fois !) y arrive. Perdue dans une forêt de palissandre, c'est plutôt une simple barrière et une cabane de douanier en bois sur une piste caillouteuse qu'un vrai poste frontière. Nous présentons nos passeports et visas et devons donner un dollar en pourboire obligatoire. Bizarre ! Le van nous emmène ensuite jusqu'à Stung Treng où nous attend un bus après que nous ayons traversé encore une fois une rivière en pirogue.

Cela semble très pauvre ici aussi. Dans la campagne, les cabanes au toit de paille sont on ne peut plus rudimentaires : un simple abri sur pilotis. Dans les villes par contre, de nombreuses constructions sont en « dur ».

Nous arrivons à Kratie en fin d'après-midi. Après avoir trouvé une chambre, nous partons flâner sur les bords du Mékong assister au superbe coucher de soleil. Devant une kyrielle de petits restos locaux où chacun a sa spécialité, nous nous installons sur une table au milieu de Cambodgiens amusés. Nous y mangeons pour trois fois rien plein de plats qui nous font envie et qui se révèlent vraiment bons. On tente même une glace maison avec salade de fruits frais inconnus et noix de coco râpée. Excellent...... et même pas malades !!!

Nous partons tôt le lendemain matin en moto explorer les bords du fleuve jusque Sambor à une quarantaine de kilomètres.

Sur une étroite route goudronnée aux nombreux nids de poules, le parcours est enchanteur. Nous traversons d'abord un quartier de grandes maisons sur pilotis en teck bien entretenues, à l'abri du soleil sous les palmiers et les cocotiers. Puis c'est la campagne et les petits hameaux plantés près d'un temple. La vie se déroule sur le bord de la route où les voitures sont rares, mais les vélos et motos très présents. Il faut faire attention en conduisant à éviter une volaille affolée qui traverse toujours juste devant la roue, un chien qui dort au milieu de la chaussée, un groupe d'enfants qui jouent, un énorme nid de poule, une charrette tirée par des zébus, un gros serpent, un vélo qui transporte des dizaines de paniers en osier savamment et joliment accrochés derrière le cycliste qu'on ne voit presque plus, une moto qui transporte toute la famille (on en a compté une avec deux adultes et quatre enfants sur un même engin, bien sûr non casqués !). En freinant pour éviter un trou, Chantal, qui se tient assise derrière moi et qui n'a pas prévu la chose, veut poser en catastrophe le pied par terre. Erreur, en tongs, elle se prend la jambe entre le repose-pied, le moteur chaud et le sol. Résultat : une cheville foulée et quelques larmes de douleur ! C'est vrai qu'à cet endroit la route relève plus d'une piste que d'une nationale !

Pour prendre des photos, nous nous arrêtons souvent. Les gamins sont toujours les premiers arrivés et nous lancent leur hello mister joyeux. Les grandes soeurs et les mamans arrivent peu après. Des conversations gentilles s'engagent dans un anglais rudimentaire. Quelques personnes plus âgées parlent même un peu le français. Puis nous repartons le coeur plein d'émotion avant de nous arrêter de nouveau quelques kilomètres plus loin pour admirer un beau temple cette fois. Et la scène recommence à notre plus grand plaisir : les enfants accourent, suivis des adultes. La journée se passera ainsi, seulement interrompue par la visite de Sambor et de son marché. Dans ce village, nous évoluons vraiment dans le Cambodge profond. Les gens y sont gentils et serviables. Des gamins farceurs rigolent avec nous et nous emmènent jusqu'au marché où une marchande de fruits nous fait bien envie avec ses ananas parfumés. Elle se fait un plaisir de nous inviter à nous asseoir dans son arrière-boutique pour en déguster. Une fois épluchés, elle nous tend à chacun un fruit succulent que nous croquons à pleines dents. Un délice !

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons une nouvelle fois à un même endroit que ce matin discuter avec une jeune fille et ses petites cousines. Elle nous a reconnu lorsqu'elle nous a vu passer et nous ne résistons pas au plaisir de stopper. Elle en est très fière et nous restons là un long moment à parler sur le bord de la route. Elle est heureuse. Nous sommes heureux.

Plus loin, c'est sur un pont au-dessus d'une rivière que nous garons la moto. Le cadre est bucolique. Un paysan amène un petit troupeau de zébus s'abreuver. Sur l'eau, de nombreuses barques vont d'une rive à l'autre pour tendre des filets ou bien les remonter le plus souvent vides. Un jeune homme plonge sous l'eau avec des branchages pour installer ses pièges à escargots d'eau. Un second, armé d'un long bambou en guise de canne à pêche, ramène quelque menu fretin. Une femme étripe ses poissons, tandis qu'une autre lave son linge à quelques mètres de là. Je reste là un long moment à contempler ces scènes de vie de gens simples et j'ai soudain envie que le temps s'arrête. La quiétude m'envahit. Je n'ai plus envie de partir...

Chantal, beaucoup plus réaliste, me tire de ma béatitude en me faisant remarquer que la nuit approchait et qu'il restait encore pas mal de kilomètres jusque Kratie. Elle a raison. Je n'ai aucune envie de rouler de nuit sur cette route déjà pas facile de jour. C'est avec un immense regret que je quitte ce petit pont quelque part non loin de Kampi.....

 

 

Mercredi 1 er novembre 2006

Quatre heures après avoir quitté Kratie, nous arrivons à Kompong Cham . Le bus s'est arrêté n'importe comment et gêne la circulation. Nous sommes à peine descendus qu'une voiture qui veut le doubler malgré tout percute une moto qui arrive en sens inverse. Un gros attroupement se forme aussitôt, ce qui n'empêche aucunement notre car de repartir comme si rien n'était. Un chauffeur de tuk-tuk nous apercevant avec nos sacs approche et nous propose ses services que nous acceptons. L'hôtel que nous avons choisi est aussi sinistre que la ville semble l'être. Nous y déposons malgré tout notre barda et remontons aussitôt avec notre homme dans son beau tuk-tuk, mentionné, se vante-t-il, dans le guide Lonely Planet  !

Nous souhaitons aller dans une plantation d'hévéas. Depuis que j'ai vu le film Indochine avec Catherine Deneuve en propriétaire de plantation, j'ai envie d'aller voir de mes propres yeux ces esthétiques alignements d'arbres qui pleurent leur liquide blanchâtre. Au milieu de la forêt, je peux à loisir observer le latex s'écouler le long d'une entaille sculptée par un saigneur et être recueilli dans une noix de coco évidée et coupée en deux. Notre chauffeur nous emmène ensuite dans une usine à quelques kilomètres de là où nous assistons en catinimi aux différentes phases de fabrication du caoutchouc. Instructif et intéressant.....

De retour en ville, en apéritif, j'ai osé boire un jus de canne à sucre fabriqué devant moi avec un pressoir à main pas des plus récents vu la rouille qui en recouvre certaines parties !...Et, même pas malade !!! Chantal n'en a pas voulu, je me demande pourquoi ! Malgré les nombreux stands de nourriture, nous ne mangerons pas dans la rue ce soir ; l'hygiène générale ne nous y encourage guère. On se contentera d'un restaurant très moyen. Au moins, on ne voit pas les cuisines !!! ... Mais, par contre, on ne peut pas louper les serveuses ! Un peu trop voyantes à mon goût ! Est-ce parce que de nombreuses ONG internationales ont un pied-à-terre ici et que les bénévoles ont certainement quelquefois le blues qu'il y a autant de serveuses dans les restaurants ? En tout cas, elles ont une tendance, disons naturelle, à vous pousser à la consommation... Lugubre, je trouve, nous trouvons cette ville lugubre...

 

 

2 au 8 novembre 2006

L'arrivée à Siem Reap , aux portes d' Angkor , aura frappé nos esprits. Après un trajet sans histoire de cinq heures, le bus aux sièges trop étroits, surchargé de colis de toutes sortes, nous débarque à la station éloignée de plusieurs kilomètres du centre ville. Je devrais plutôt dire : nous lâche dans l'arène avec les fauves. Une armée de rabatteurs en furie attend en effet les clients potentiels, certains n'hésitant pas à monter à l'intérieur du bus choisir leur proie. Je parlerai ici d'agressivité et même d'une certaine violence. On ne peut pas atteindre la soute à bagages sans se faire happer, tirailler par quelqu'un aux yeux de dément. J'aperçois Chantal aux prises avec plusieurs de ces bêtes féroces qui joue des coudes pour se faire un peu de place autour d'elle. C'est une lutte générale. Entre eux déjà, car ils sont beaucoup trop nombreux pour le peu que nous sommes, et entre eux et nous les touristes. Vous devez penser que j'exagère. Pas du tout. Je vous assure que c'est la première fois de ma vie de routard que je vois une telle frénésie pour s'accaparer un client. Ayant réussi, malgré tout, à nous extirper de la horde sauvage, nous filons à pied, les sacs sur les épaules, sur la route nationale qui rejoint Siem Reap. Après quelques centaines de mètres, un chauffeur de tuk-tuk beaucoup plus calme s'arrête à notre hauteur et nous propose ses services. Après nous être mis d'accord sur le prix, il tente, de bonne guerre, de nous imposer des hôtels où il toucherait une commission, mais, devant nos refus et notre insistance, il se pliera de bonne grâce (?) à notre choix. Parce que nous allons rester plusieurs nuits, nous avons choisi, sur le guide, un hôtel un peu plus confortable que d'ordinaire. C'est une jolie guesthouse tenue par une famille chinoise et donc très propre ! La chambre est nickel et la salle de bains semble toute récente. Tout fonctionne (ceux qui ont l'habitude de voyager en Asie me comprennent !). Cela fait des lustres que nous n'en avons pas eu une comme celle-ci. Il y a même une baignoire d'une blancheur immaculée. Ce soir, c'est certain, je me prélasse dans mon bain !!!

Mais, auparavant, nous partons en quête d'un petit resto lui aussi sur le guide dans la catégorie très bon marché . Nous le trouvons caché dans une petite ruelle. Le soleil décline et il fait toujours très chaud. En guise d'apéro et en attendant tranquillement l'heure du dîner, nous prenons chacun une bonne bière pression pour nous désaltérer. Et lorsque nous passons commande d'une soupe à la citrouille et noix de coco, d'un amok au poisson et d'un autre au poulet (les deux mijotés dans du lait de coco et de nombreuses herbes aromatiques..... ouh, la, la !!!) la salle est déjà archi-comble. Nous sommes tombés au bon endroit. C'est sacrément savoureux. Nous avons trouvé notre cantine. Inutile d'aller voir ailleurs...

Levés de bonne heure, un tuk-tuk nous emmène, à une petite dizaine de kilomètres, vers le motif de notre présence ici, comme d'ailleurs la quasi totalité des voyageurs, les temples d'Angkor. Ce patrimoine mondial de l'Humanité s'étend sur une zone immense d'environ 400 km2, mais plus sûrement 3 000 km2 d'après les photos récentes des radars satellites de la Nasa. Elle est couverte en partie par une épaisse végétation tropicale, et abrite une inestimable forêt de temples ouvragés construits entre le IX e et le XIV e siècle. C'est pourquoi un tuk-tuk est indispensable. En vélo, le temps des liaisons serait nettement rallongé et celui des visites trop raccourci. Or, nous avons opté pour le forfait trois journées ; nous n'avons donc pas de temps à perdre.

Nous adorons flâner dans ces ruines absolument magnifiques. Chantal a une nette préférence pour le Bayon et ses deux cents visages de pierre au sourire troublant, et pour ma part, je raffole du Ta Phrom dévoré par la végétation et les racines géantes des fromagers hauts d'une cinquantaine de mètres. Comme beaucoup de férus de cinéma ici, je m'imagine rechercher un fabuleux trésor en compagnie d' Indiana Jones au milieu de ces sculptures moussues. Ou bien, dans la pénombre d'une tour, tomber face-à-face avec les tigres du film de Jean-Jacques Annaud Deux Frères ...

Pendant trois journées entières, nous arpentons ainsi nombre de lieux fascinants et envoûtants sans nous en lasser un seul instant.

Nous pénétrons dans Preah Khan au moment idéal. Il est tôt. Des lambeaux de brume glissent lentement sur les vieilles pierres. Le soleil semble flotter au-dessus de la forêt. La frondaison luxuriante filtre sa lumière encore dorée en faisceaux bien dessinés qui illuminent d'une tâche bien nette les nombreuses sculptures de pierre ornant le vieux temple. Pas un bruit ne vient troubler le silence, sinon le gazouillis des oiseaux. Nous sommes seuls...

Dans un autre temple, nous faisons la connaissance d'un jeune journaliste chinois bien sympathique que nous croiserons de nombreuses fois pendant ces trois journées et qui, à vingt-cinq ans, a déjà fait plusieurs fois le tour de la planète pour son travail. Il est venu, entre autres, couvrir le Tour de France pour un magazine de son pays ! Une autre fois, c'est avec un couple de jeunes Français partis eux aussi voyager un long moment qu'on sympathise... Toutes les journées passées sur ce site seront émaillées de rencontres plaisantes...

Dans trois temples, nous irons deux fois. Une fois le matin et une fois en fin d'après-midi pour la lumière spécifique de ces moments-là : à Angkor Vat parce que c'est le plus connu et l'un des plus beaux, au Bayon pour admirer les visages géants sous des lumières différentes et enfin à Angkor Thom pour son arche sublime dominant un pont aux statues de géants ... Je souhaite à tous ceux qui lisent ces lignes de venir un jour, eux aussi, s'extasier devant tant de splendeur.

Le troisième jour est consacré à la visite de temples beaucoup plus éloignés. Celui qui nous impressionne le plus est le Banteay Srei. Mais nous ne sommes pas les seuls à apprécier ce temple mythique ! On croirait que tous les cars de Siem Reap sont venus vomir leur contingent de touristes étrangers ici ! Heureusement, nous n'avons pas d'horaire à respecter et nous pouvons attendre qu'ils s'en aillent avant d'admirer et apprécier ce petit bijou de grès rose. Assise sur des marches, une gamine compte consciencieusement les billets que lui ont laissé les visiteurs attendris.

Ce qu'il y a d'étonnant sur le site d'Angkor, ce sont les villages disséminés un peu partout dans l'enceinte très étendue de la vieille cité. À quelques pas d'un ensemble de ruines, des paysans cultivent leur riz, ou emmènent paître leurs troupeaux au milieu des vieilles pierres. Des enfants jouent à cache-cache derrière d'antiques statues, tandis que de vieilles femmes conversent, à l'abri du soleil, sous la galerie d'un palais à moitié démoli... Il y a une vraie vie, ce qui confère à ces lieux pourtant protégés leur atmosphère si particulière...

En ce dimanche après-midi, jour de pleine lune, il y a foule sur les bords de la rivière qui traverse Siem Reap. Se déroulent, en effet, les festivités qui marquent le changement du cours d'eau du Tonlé Sap, le plus grand lac du pays, tout proche. Ses eaux vont à partir d'aujourd'hui se déverser dans le Mékong alors qu'en juillet c'est le surplus des eaux du grand fleuve qui alimentent le lac. Ce phénomène hydraulique est unique au monde. Des régates sont organisées en plein centre ville sur la rivière à cette occasion. Comme à Vientiane, les courses opposent deux pirogues, mais celles-ci sont plus petites (seulement vingt-cinq rameurs au lieu de cinquante) et les équipages plus amateurs. Deux pirogues ont d'ailleurs sombré corps et biens sous les quolibets de la foule entassée sur les rives. Dans les rues adjacentes, il règne une atmosphère de kermesse. Nous sommes intrigués par le grand nombre de femmes qui ont le crâne rasé. Nous apprendrons plus tard que ce sont des veuves.

Nous terminons cette journée de fête dans notre restaurant préféré devant des plats toujours aussi bien mijotés.

Notre fidèle chauffeur de tuk-tuk nous attend devant l'hôtel. Cela va faire le quatrième jour qu'il nous promène dans son engin bien briqué. Nous l'aimons bien car c'est un jeune homme discret et efficace. Ce matin, il nous promène sur les bords du Tonlé Sap, paradis des pêcheurs. On dit que c'est l'un des lacs les plus poissonneux du monde. Les villages lacustres se succèdent sur ses berges. Nous nous arrêtons pour partir à la découverte de l'un deux. Posées sur une sorte de gros flotteurs, les habitations peuvent suivre le niveau d'eau variable du lac. Les gamins d'ici vivent nus et passent leur temps dans l'eau à patauger ensemble. Les plus grands d'entre eux s'occupent des plus petits, pendant que les femmes partent en pirogue vaquer à quelque occupation. Les hommes pêchent ou bien proposent leur barque en location aux touristes de passage. Une chose nous amuse : ce sont les canards ou les poules qui vivent sur ces radeaux. On a même vu quelques cochons ! Le radeau-école est amarré au milieu du village et relié à la berge par une longue passerelle en bois un peu branlante. Par contre, pour venir gâcher le tableau, de trop nombreux déchets sont jetés par dessus bord et s'accumulent autour des maisons. Ici aussi, comme pratiquement partout en Asie, le plastique fait ses ravages. Quelques panneaux indiquent pourtant les méfaits de tels gestes mais, apparemment, leurs recommandations ne sont pas suivies par la population souvent illettrée.

Il fait chaud, c'est l'heure de notre noix de coco. Depuis que nous sommes à Siem Reap, nous en buvons une tous les matins. Nous en offrons aussi une à notre chauffeur qui lui, au contraire de nous, arrive à la boire en un seul trait !

En se levant ce matin, nous décidons faire chacun ce qu'il lui plait. Chantal opte pour les boutiques, je choisis Internet.

Malgré le nom de couturiers célèbres sur les étiquettes, ce ne sont pas des boutiques de luxe ! Les copies sont en effet nombreuses ici : vêtements, bijoux, parfums, montres, chaussures, sacs... Chantal, très raisonnable, n'achètera que des sandales... pour moi !!!

Pour ma part, j'ai réussi à transférer les mises à jour de mon site. Les connexions sont correctes. Chantal vient me retrouver en début d'après-midi et grâce à Skype nous pouvons parler et voir les enfants. Rien que pour ça, c'est bien le progrès !

En fin d'après-midi, Marion, une des responsables d'Agrisud au Cambodge avec qui nous avons rendez-vous, nous rejoint à notre hôtel. Elle arrive tout juste de Phnom Penh pour nous faire visiter en sa compagnie les nombreuses réalisations de l'ONG autour de Siem Reap. Agrisud est une entreprise qui lutte contre la pauvreté dans les pays en voie de développement et aide la création de très petites entreprises en leur amenant ses compétences dans le domaine agricole. J'ai déjà eu l'occasion par le passé d'aller visiter certaines réalisations au Niger, dans la région d'Agadez.

C'est en pick-up 4x4 que nous nous enfonçons dans la campagne. Nous sommes cinq : Marion et le technicien local qui doivent s'assurer du bon fonctionnement dans les différentes fermes, le chauffeur et nous deux. C'est ainsi que nous visiterons des exploitations de culture de salades, de champignons, d'orchidées, de légumes, chacune ayant sa spécialité. À chaque fois, nous sommes accueillis par d'adorables paysans qui se font un plaisir de nous montrer les techniques maintenant maîtrisées que leur ont enseignées les agronomes d'Agrisud. Ainsi, une veuve (c'est là que nous apprenons que les femmes veuves ont le crâne rasé) nous révèle tout sur la culture de la pleurote. Ailleurs, c'est un cultivateur de légumes qui nous montre sa maison en construction qu'il peut enfin s'offrir avec le fruit de son travail. Ou encore un autre, fier de nous apprendre qu'il emploie les gens de son village pour l'aider à produire des salades qui seront vendues dans les grands hôtels de luxe et sur les marchés locaux. Toute une économie locale se développe ainsi grâce à l'action compétente de cette ONG. Chantal et moi croyons beaucoup plus dans ce genre d'aide, où les personnes receveuses participent à leur propre sauvetage, qu'à l'aide d'ONG réputées qui, malgré leur louable générosité, se contentent de donner « gratuitement », n'apprennent aux gens qu'à tendre la main et les laissent dans une grande misère lorsqu'ils cessent leurs versements. C'est notre point de vue, mais nous respectons bien évidemment tous ceux qui aident les plus démunis. D'ailleurs, plantées près d'un puits ou d'une pompe, nous pouvons voir, dans les villages, des pancartes de remerciements pour les généreux donateurs. Chacun aide à sa manière et c'est bien ainsi.......

site d'Agrisud : www.agrisud.org

 

9 au 13 novembre 2006

Ce matin, nous déjeunons avec Marion qui dort dans la même guesthouse que nous, et qui nous propose de visiter d'autres sites, mais sur Phnom Penh . Elle peut nous descendre avec son véhicule. C'est sympa de sa part, cela nous fait économiser le prix du trajet et du temps. Mais surtout, nous n'avons pas à retourner dans cette gare routière de sauvages !

Le pick up est bien plus confortable que le bus. Lors d'un arrêt, notre chauffeur nous offre des bananes frites achetées sur le bord de la route. Un régal...

Quatre heures et demie après être partis de Siem Reap , nous sommes arrivés dans la capitale. La circulation est anarchique. D'ailleurs, nous trouvons qu'au Cambodge, les chauffeurs conduisent dangereusement : un peu comme en Chine chacun pour soi, mais avec la vitesse en plus ! Marion nous aide à trouver un hôtel. On en trouve un sympa, non loin du marché central, puis on se donne rendez-vous pour le lendemain matin.

Nous partons sur les rives du Tonlé Sap qui forme désormais une rivière et qui va se jeter à quelques centaines de mètres de là dans le Mékong, ce fleuve qu'on suit depuis des semaines mais dont on n'arrive pas à se lasser.

Il règne une grande animation sur le quai qui longe le cours d'eau. Les expatriés ne le surnomment-ils pas la Croisette  ? Ils sont là, d'ailleurs, assis aux terrasses des bars chics à l'ambiance coloniale. Nous ne résistons pas, nous non plus, à l'attrait d'une bière pression pour étancher notre soif et, bien calés dans nos fauteuils en bambou, regarder les adeptes de tuning parader dans leur véhicule.

On sent qu'on est dans une capitale : les gens ont plus de moyens et les prix pratiqués sont plus élevés, comme partout dans le monde. Malheureusement, il y a également plus de miséreux. Les enfants des rues se battent pour cirer les chaussures d'un client potentiel. Des jeunes femmes mendient auprès des étrangers, un bambin pendu à la poitrine. Des infirmes mutilés, en quête d'un billet, se faufilent comme ils peuvent entre des touristes à peine débarqués de leur bus. Sur le trottoir d'une rue principale peu éclairée, un jeune papa, la maman et les deux jeunes enfants dorment à même le sol....

Le 4x4 d'Agrisud passe nous prendre de bonne heure à notre hôtel. Une grosse journée de visite de fermes nous attend. Là encore, les paysans sont très fiers de nous montrer leurs parcelles parfaitement entretenues. Une femme au geste gracieux arrose les rangs de légumes, tandis que son homme repique les jeunes plants de salade dans des godets. Tout est net, tout est propre. Comme dans leur maison sur pilotis. À l'étage, la pièce principale abrite dans un coin un autel qu'illumine une guirlande clignotante ou des bougies. Des nattes sont étendues sur le plancher et servent de lit. Quelques images de stars locales et internationales découpées dans des magazines ornent le coin réservé aux enfants. Chez les plus aisés, une télé trône par terre au milieu de la pièce. Il n'y a rien d'autre. Ces gens vivent dehors et, pour leur petits travaux, s'abritent du soleil sous leur habitation. Pour nous remercier de les avoir honorés de notre présence, ils nous offrent à boire les noix de coco cueillies pour l'occasion. Chantal se régale de prendre les familles en photo et de leur montrer aussitôt le résultat sur son écran : rires assurés. ... Bon Dieu, que j'aime la simplicité et la sincérité de ces gens !

Le midi, dans un restaurant perdu dans la campagne mais tout près d'un poste de police, délaissant Chantal, Marion et les tous autres, je m'installe, avec leur accord, à la table des policiers. Durant tout leur repas, ils me poseront des questions sur la France !

Nous ne remercierons jamais assez Agrisud pour leur dévouement envers nous. Grâce à eux, nous avons pu découvrir encore plus intimement le Cambodge profond, celui qu'on préfère...

site d'Agrisud : www.agrisud.org

 

Les gens jettent leurs plastiques n'importe où, les rats se repaissent des ordures qui envahissent les trottoirs. Nous sommes revenus à Phnom Penh !.. Le parc du Wat Phnom , pourtant joli avec son jardin et sa pagode, ressemble à un dépotoir. Même les singes qu'il abrite paraissent en mauvaise santé.

Par contre, ce qu'il y a de vraiment joli, c'est la vue que l'on a depuis le quai sur les toits si particuliers du Palais Royal, de la Pagode d'Argent et du musée des Beaux-Arts. Le soir, au soleil couchant, l'élégance de ces toitures se découpe somptueusement dans le ciel rougeoyant. Je conseille la visite du palais et de la pagode très tôt le matin, d'une pour la belle lumière, de deux pour y être relativement tranquille avant que les bus de touristes n'arrivent. Et pour éviter les grosses chaleurs, il suffit de se réfugier au Musée des Beaux-Arts juste après.

Marion, maintenant devenue une copine, nous rejoint en fin d'après-midi et souhaite, pour nous faire plaisir, nous emmener dans un resto typique khmer de l'autre côté du Pont Japonais . Le premier dans lequel nous nous arrêtons nous surprend : nous sommes les seuls, hormis le très nombreux personnel, sous une sorte de grand hangar lugubre où plus d'une centaine de tables sont alignées. Nous quittons les lieux avant même que le personnel n'ait le temps d'arriver jusqu'à nous ! Arrivés au second, il y a toujours aussi peu de monde, c'est aussi démesuré, mais le décor est un peu mieux : il y a des paillotes en plus sur le bord du Tonlé Sap. Nous sommes à peine installés tous les trois sur une grande table ronde que déjà une nuée de serveuses nous propose (nous impose !) de la bière. Nous commandons trois Anchor Beer bien fraîches, et on nous sert, déjà débouchées, trois Angkor Beer , bien plus chères et tièdes. Ça sent le guet-apens. Mon sang ne fait qu'un tour. Je me lève et quitte la table immédiatement, sans me retourner. Les filles, elles aussi se sont levées et me suivent à quelques pas. Évidemment, nous bloquant la sortie, le responsable veut se faire payer des trois bières. Pour une fois, je ne suis très sympa dans mes propos, refuse catégoriquement et force un peu le passage vers la porte. Nous montons vite dans la voiture et déguerpissons de cet endroit sordide... Phnom Penh commence à m'énerver un peu...

Je me sens un peu gêné pour Marion, mais elle nous déniche en fait un superbe petit bar, fréquenté par les jeunes Cambodgiens. Nous en profitons pour assister au coucher de soleil sur la rivière et la ville juste en face tout en dégustant une très bonne Anchor Beer bien fraîche ! Et pour terminer cette journée en beauté, nous allons manger tous les trois un excellent plat de pâtes dans un restaurant italien de la Croisette  !!!

Le soir suivant, c'est dans une école hôtelière que nous allons dîner. Elle recueille des enfants dans la rue et les forme aux métiers du tourisme et de l'hôtellerie. Le cadre est plaisant, les plats y sont délicieux, le service est à la hauteur et d'une incroyable gentillesse et les prix sont d'une impensable douceur. Résultat : c'est toujours bondé. Nous avons donc prévu le coup en réservant juste après notre escapade au marché central.

On trouve absolument tout dans cette grande halle. En fait, c'est la galerie marchande du centre ville avec, dit-on, deux mille stands d'habillement, de bijouterie, d'électroménager, de fleurs, d'alimentation. C'est là que nous achetons les quelques cadeaux de noël qu'on enverra aux enfants.

Dans les rues non loin de là, se tient un autre marché. Au milieu des marchands de légumes, les stands rigolos de cafards et gros vers grillés, de brochettes de scorpions, de scarabées et d'oisillons pas encore nés frits (!) attirent la foule. Bon, ça va bientôt être l'heure d'aller manger ! Chantal est heureuse car elle a réellement faim. Tout en réfléchissant à ce qu'elle va bien pouvoir choisir, elle ne prend pas garde, glisse sur un morceau de fruit pourri et tombe en vrac sur le trottoir !

Il est encore un peu trop tôt pour aller dîner. Nous nous installons donc à la terrasse d'un bar pour qu'elle puisse récupérer un peu car, grimaçante, elle semble avoir vraiment mal. Nous commandons notre bière quasi quotidienne. Les prix sont clairement affichés, mais, au moment de payer, les tarifs ont mystérieusement doublé. On ne connaîtra jamais le pourquoi..... Heureusement, le restaurant Friends de l'école hôtelière est absolument parfait et nous fait oublier tous nos petits malheurs.

Le lendemain matin, c'est à la poste que les problèmes continuent. Au moment de régler le montant d'un colis que nous envoyons en France, on nous annonce un montant trois fois supérieur à celui indiqué juste au-dessus du guichet ! Trop, c'est trop ! Après une réflexion de deux heures devant un café glacé, nous décidons de réserver deux places demain dans le bus pour Bangkok .... Tant pis, nous ne descendrons ni au sud du pays que nous aurions pourtant aimé aller voir, ni sur de delta du Mékong au Vietnam. Trop de petites arnaques en tout genre et trop de sollicitations dans la rue auront eu raison de notre patience....

L'impression générale que nous laissera le Cambodge est pourtant bonne. Il n'y a que dans la capitale que nous ne nous sommes pas bien senti. Même Siem Reap et notre arrivée mémorable nous laissera de bons souvenirs. Mais ici, c'est plus difficile. Peut-être est-ce dû à l'histoire récente : guerre, génocide, terreur. En tout cas, nous ne les avons pas trouvé sympas avec les touristes qu'ils ne prennent vraiment trop souvent que pour un porte-monnaie ambulant.

Nous en avons reparlé quelquefois entre routards. Tous ceux qui sont passés d'abord par le Laos, si attachant, n'ont pas forcément apprécié le pays qu'ils ont visité juste après ! Pour certains, c'est le Vietnam (que personnellement nous avions adoré lors d'un voyage précédent), pour d'autres c'est la Thaïlande. En ce qui nous concerne, c'est le Cambodge, celui qu'on appelait le Pays du Sourire ....

Li ahs....... Au revoir.....

 

carte de notre parcours au Cambodge