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LAOS

Samedi 7 octobre 2006

Bonjour le Laos.

Ne venons de quitter un pays majeur, la Chine, sans contrôle des bagages de cabine ! C'est vrai qu'il y avait très peu de monde à l'aéroport, mais c'était tout de même un vol international. Après avoir montré nos passeports, plus personne ne nous a demandé quoi que ce soit. Pas même de passer sous un portique de sécurité ou bien de montrer nos bagages à main. Le mien consiste en un sac-à-dos assez volumineux où se trouve tout mon matériel photo et informatique. Celui de Chantal, un peu moins gros, contient nos guides de voyage et quelques autres babioles. Nous aurions pu y cacher n'importe quoi. Et malgré tout, pas une seule fois nous n'avons été contrôlés !! Nous ne sommes plus habitués de nos jours à tant de mansuétude dans les zones aéroportuaires...

Partis de Kunming sous la pluie et nous arrivons à Vientiane sous un ciel gris et menaçant. Par contre, il y fait très lourd. Une fois nos visas en poche (en fait, beaucoup moins chers que le tarif indiqué en Chine), nous rejoignons en taxi, avec un couple d'Américains tout juste en retraite et rencontrés quelques instants auparavant au comptoir des douanes, le centre de la capitale laotienne située sur les rives du Mékong.

Nous avons beaucoup de chance. La fête de la fin de saison des pluies a lieu ce week-end. Elle a débuté hier et se termine demain avec des régates sur le fleuve.

Une fois notre logement dans un hôtel tout simple trouvé, nous partons à l'assaut des rues de la capitale, de plus en plus peuplées au fur et à mesure que nous approchons du Mékong. L'ambiance est bon enfant. De nombreux temples jalonnent notre parcours. Certains d'entre eux sont squattés par des stands de barbecue, de loterie, de chamboule-tout et autres jeux de kermesse. Une grosse averse survient et c'est avec de l'eau jusqu'aux chevilles que nous marchons maintenant. Heureusement que nous avons nos tongs dans les pieds et non nos tennis. D'ailleurs ici, absolument tout le monde porte ces claquettes en guise de chaussures. Nous venons de comprendre pourquoi....

Nous trouvons avec nos amis américains un restaurant populaire où la nourriture est parfumée (c'est ce qui nous fait renter) et bonne. Après nous être régalés, nous rentrons gentiment vers notre hôtel nous reposer d'une journée de voyage toujours fatigante.

 

 

8, 9 et 10 octobre 2006

Notre pension ne faisant pas les repas, nous partons tous les deux (les Américains ont pris la direction de Luang Prabang), en quête d'un endroit où prendre le petit-déjeuner. Les rues sont calmes, mais, près du Mékong, sont envahies par les déchets et les sacs plastique de la veille. La fête continue encore aujourd'hui, ce qui va assurément contribuer à aggraver l'état de saleté.

Parlons-en des rues ! Une des artères principales qui traverse le centre ville est en réfection et la poussière vole haut au passage des nombreuses motos. Dans une rue adjacente, c'est l'herbe qui pousse le long des trottoirs défoncés. D'ailleurs, nous n'avons absolument pas l'impression de nous balader dans une capitale, seulement dans une petite sous-préfecture provinciale. Il n'y a pas de buildings, uniquement des vieilles demeures coloniales au charme fané qui résistent tant bien que mal aux années, et des maisons plus modernes en béton mais pratiquement jamais terminées.

Une fois notre petit-déjeuner, cher et pas terrible avalé, et avant d'aller voir les festivités sur le fleuve cet après-midi, nous nous rendons au Wat Sisaket situé non loin du centre. Pour ce faire, il nous faut passer devant le Palais présidentiel et la célèbre Lane Xang, imitation laotienne de notre avenue des Champs-Élysées.

Un arc de triomphe, le Patuxai, un peu comme le nôtre, mais en béton et décoré de la mythologie locale, domine la large avenue peu encombrée par la circulation et fait face au Palais. C'est en traversant la rue que deux jeunes gens nous saluent. Ce sont deux jeunes Français, Timothée et Ben, qui voyagent pour la première fois. Nous restons parler avec eux sur le trottoir un long moment. Ils arrivent du sud du pays et nous donnent plein de petits tuyaux. Encore des jeunes hyper sympas.

Le Wat Sisaket trône au milieu d'un jardin bien planté. Quelques moines que notre présence a tiré de leur torpeur viennent vers nous pour converser. À notre grand étonnement, certains d'entre eux parlent français, sûrement les réminiscences de la présence française en Indochine. On trouve en effet à Vientiane des rues au nom bien français, et surtout deux choses qui nous font énormément plaisir : des boulangeries avec de la vraie baguette et des vrais croissants, et de la Vache qui rit  !!!

Il est temps maintenant de rejoindre les rives du Mékong où les courses de bateaux ont dû commencer tant les hourras de la foule s'intensifient au fur et à mesure que nous nous approchons. Une grosse averse ponctue notre arrivée dans la foule des supporters. Chantal préfère rester un peu en arrière, à l'abri dans un temple, tandis que, pour ma part, je me faufile dans la foule stoïque, cherchant à approcher au plus près les rameurs. Et le spectacle en vaut la chandelle. Chaque pirogue embarque cinquante rameurs en tenues et foulards fluo qui, dans un mouvement d'ensemble parfait pour les meilleurs, plongent leur pagaie en cadence dans les tourbillons ocres du fleuve. Chacune des embarcations représente ou un quartier de Vientiane ou une ville du pays. Un speaker hurle ses encouragements dans la sono poussée à son maximum.

La pluie a maintenant stoppé, j'ai les pieds dans la gadoue et n'arrête pas de mitrailler de mon objectif les scènes de liesse de la foule. Certains viennent m'offrir une cigarette (dommage que je ne fume plus) pour échanger quelques mots d'anglais. L'ambiance est réellement sympa. Je sens que je vais bien me plaire dans ce pays. Un moine rencontré au temple ce matin, ne nous a-t-il pas dit que nous étions très chanceux d'être arrivés pendant les fêtes et, qui plus est, durant la pleine lune. Bon augure...

Je cherche Chantal dans la foule. Elle se tient beaucoup plus haut sur la berge, tout près des stands des marchands ambulants qui ont de nouveau déballé depuis l'arrêt de la pluie. Tous ceux que les régates n'intéressent pas (ce sont souvent les ados) s'agglutinent autour des stands où les animateurs font gagner des téléphones portables. Les plus petits, eux, participent à des jeux d'où ils repartent tout contents avec des cahiers à colorier. Quant aux adultes, ils préfèrent se replier vers les stands de loterie d'où ils ont une grande chance de repartir avec un petit quelque chose du genre bouteille de soda ou paquet de cigarettes.

 

Durant la journée, nous sommes passés devant un restaurant, le Lotus , qui nous a fait bien envie. Après une bonne douche pour nous décrotter, nous décidons d'y manger ce soir. L'accueil que nous réservent les jeunes serveurs est des plus sympathiques et le menu proposé pantagruélique. Durant tout notre séjour ici, que ce soit maintenant ou lorsque nous reviendrons dans quelques temps de Luang Prabang, nous ne rechercherons plus d'autre cantine tellement nous avons trouvé celle-là excellente. Et qui, pour ne rien gâcher, pratique des prix plus que doux. Figure dans le Top 5 des meilleurs tables de notre tour du monde ! Je ne peux résister au plaisir de vous faire envie : un litre de bière pression bien fraîche et deux menus avec spring rolls , salade de boeuf parfumé aux herbes, curry de poulet à la noix de coco, poisson papillote, riz à volonté et apple pie avec glace vanille pour seulement 91000 Kips, soit 9 dollars. Alors pourquoi chercher ailleurs quelque chose d'un peu moins cher et de beaucoup moins bien ?!!! En décrivant le menu, j'en ai de nouveau les papilles qui s'agitent !!!

Ce matin, vers six heures, c'est la pluie qui nous réveille. Il tombe des cordes. Je ne regrette pas du tout d'avoir pris l'avion pour venir de Chine. Nous n'aurions probablement pas pu passer en bus sans s'enliser souvent sur les pistes boueuses. Dans la buanderie qui jouxte notre chambre, toute la famille est en train de commencer sa journée de travail. Et pour bien débuter, tous se raclent profondément la gorge pour ramener LE crachat, celui qui va libérer les bronches. Mais ils ne l'ont apparemment pas trouvé, car les raclements sonores durent, ce qui a le don de nous faire lever pour ne plus les entendre !

Il pleut encore beaucoup et nous décidons d'aller déjeuner dans un café branché où je vais pouvoir mettre mon site à jour. La liaison wifi est fiable, ce qui amène beaucoup de voyageurs avec leur portable. Tous ont le nez sur leur écran et tapotent le clavier en dégustant un expresso fumant (un vrai, avec la mousse !).

Une fois l'averse arrêtée, nous louons des vélos et partons faire un tour au marché situé pas très loin du Patuxai, l'arc de triomphe en béton. Ce sont plein de stands bas sous lesquels il faut marcher courbé. On y trouve absolument de tout. Lessive, vêtements, viande, DVD, bijoux, poisson, savon, légumes se côtoient sur les étals des stands. La marchande (car ce sont des femmes qui gèrent le commerce) s'occupe de ses clients assise sur la table qui sert de présentoir, au milieu de ses produits. Et lorsque nous nous approchons, c'est toujours avec un grand sourire que nous sommes accueillis, même si nous n'achetons rien. Je trouve des DVD vierges pour graver mes photos et quelques babioles indispensables comme une brosse à ongles ou un petit paquet de lessive facile à glisser dans le sac.

Comme nous avons des vélos, nous en profitons pour visiter d'autres temples, plus éloignés, avant de revenir dîner au Lotus Restaurant !

Dans notre chambre nous n'avons pas besoin de mettre le réveil à sonner. Dès les premières lueurs du jour, nos voisins buandiers se chargent de nous tirer du sommeil avec leurs crachats, et, croyez-nous, cela marche mieux qu'une sonnerie !

Les festivités de la fin de la saison des pluies sont maintenant terminées....... et il ne pleut plus !!! Le boulot de Mr Météo a plutôt l'air facile dans ce pays ! On ne le sait pas encore, mais nous n'aurons plus une seule goutte de pluie durant trois mois, jusqu'à Singapour !!! Le ciel bleu au rendez-vous, j'en profite pour louer une moto et nous balader, à une bonne trentaine de kilomètres de là, au Bouddha Park. C'est la première fois depuis qu'on est partis que nous remontons sur une moto. Et c'est avec un grand plaisir que nous arrivons à bon port, d'une part parce que la route était pas mal défoncée et que nos fesses sont encore un peu tendres, et d'autre part parce que la circulation, quoique peu rapide, est anarchique et les queues de poissons trop fréquentes !

La promenade au milieu des statues en béton érigées par un moine dans les années 1950 qui voulait réunir le bouddhisme et l'hindouisme est reposante. Je m'amuse avec des moines à l'intérieur d'une citrouille géante. Nous faisons aussi la connaissance de deux américaines qui vivent à Calcutta et qui nous y invitent lors de notre futur passage en Inde.

De retour à Vientiane en début de soirée, nous éclatons de rire en nous regardant : nous sommes noirs ou plus exactement marron foncé (comme les locaux quoi !). La poussière soulevée par les véhicules et la fumée épaisse et noire de leurs gaz d'échappement ont eu raison de notre couleur naturelle ! En attendant de nous doucher, nous allons réserver pour demain des billets de bus vers Luang Prabang.

 

 

10 au 16 octobre 2006

Un tuk-tuk vient nous chercher tôt à l'hôtel (nos réveille-voisins ont encore bien rempli leur fonction ce matin) pour nous emmener à la station de bus située à la sortie de la ville.

Nous avons choisi une formule VIP, légèrement plus chère que certaines autres compagnies. Pour plus de confort aussi, mais d'abord pour la sécurité. Nous n'allons pas regretter notre choix, car, en plus, le bus est bien joli avec ses petits rideaux de dentelles pendus aux fenêtres et ses icônes peintes dans la cabine du chauffeur !

Après peine le trajet entamé, un steward passe, comme dans les avions, distribuer des bouteilles d'eau fraîche et des sachets de gâteaux ! Ils offrent même le journal à ceux qui le désirent...

Après cinq heures de route, à peu près à mi-chemin, l'excellent chauffeur nous arrête dans un petit village devant une bicoque qui sert de restaurant. Nos repas sont en effet compris dans le prix. C'est local, mais ça nous fait du bien....

Les régions traversées deviennent franchement jolies plus on approche du but. C'est bien vert et vallonné pour ne pas dire montagneux. Les villages traversés sont pauvres et les gens se regroupent autour du point d'eau pour y faire leur toilette avant la tombée de la nuit. Dans certains endroits, l'électricité n'a pas l'air d'être encore arrivée puisque des lampes à huile ou à pétrole sont allumées dans les maisons.

Le soleil a disparu depuis longtemps lorsque nous arrivons à Luang Prabang. Et c'est dans la nuit noire que nous partons en tuk-tuk en quête d'un hébergement. Peu après, nous nous retrouvons dans une belle chambre avec frigo, télé et table dehors d'un petit hôtel bien calme situé près d'un temple. On a de la chance.

Pas de réveille-voisins ici, seulement le gong du temple d'à côté. Lorsque nous prenons notre café dehors sur notre table, l'épais brouillard est déjà en train de se dissiper révélant un ciel éclatant.  

Le site est exceptionnel, enchâssé dans une vallée entre le fleuve Mékong qui charrie aujourd'hui des dizaines et des dizaines d'arbres arrachés en amont et la rivière Nam Khane beaucoup plus calme. Classée par l'Unesco depuis décembre 1995, la ville à taille humaine abrite un grand très grand nombre de temples parmi les plus beaux du pays et un palais. Elle fut, en effet, cité royale jusqu'en 1975. C'est dire la richesse culturelle du lieu.

Il y a des touristes bien sûr, mais moins que je ne pensais et surtout pas de cars. Nous n'avons rencontré en tout et pour tout qu'un seul groupe, des Français qui plus est. Par contre, la complète indifférence entre les voyageurs, surtout les jeunes, nous énerve un peu. Nous ne sommes pas habitués à cela. Jusqu'à maintenant on se saluait entre nous au minimum par un clin d'oeil complice. Ici, pratiquement rien de tout cela. Peut-être est-ce dû à la jeunesse des routards venus au Laos, souvent à cause du coût peu élevé de la vie locale, pour qui c'est le premier voyage et qui ne connaissent pas encore les règles. Malgré tout, cela nous paraît choquant de ne pas au moins se saluer. Tant pis.......

La visite de l'ancien Palais Royal, aujourd'hui transformé en musée, nous occupe un long moment. En fin de journée, pour la lumière, nous nous dirigeons tranquillement au bout de la ville en longeant le fleuve vers le Wat Xieng Thong construit au 16 ème siècle et réputé être le plus joli.

Cinq heures du matin, le jour se lève à peine sur le Mont Phousi et pourtant nous nous apprêtons déjà à sortir. Il faut que je réveille le gardien pour qu'il nous ouvre les portes de l'hôtel. De là, nous nous lançons à la recherche d'un endroit dans la ville assez joli pour nous y arrêter et contempler la longue procession des bonzes en robe safran venus collecter leur nourriture quotidienne, principalement du riz cuit. L'aumône est ici considérée comme un devoir, et c'est avec une respectueuse déférence que les donneurs, à genoux et tête baissée, font leurs offrandes.

Pour nous, simples voyeurs, le spectacle de ce défilé silencieux est d'une beauté presque surnaturelle, la tunique orange des moines en file indienne tranchant délicieusement avec la lumière bleutée et un peu brumeuse du petit matin. Vision paisible et terriblement belle à laquelle quelques touristes peu informés sur ce rituel religieux veulent malheureusement participer en offrant, eux aussi, un petit quelque chose.

Pour nous remettre de cette belle et douce émotion, nous partons en quête d'un endroit où prendre notre petit-déjeuner. C'est ainsi que nous tombons sur la Scandinavian Bakery où l'une des formules propose, entre plein d'autres bonnes choses, de gros croissants odorants et encore chauds. Séduits, nous y reviendrons tous les matins nous régaler !

Une fois les déjeuners avalés, il n'est pas encore huit heures, et nous décidons de partir en bateau jusqu'aux grottes de Pak Ou à trente-cinq kilomètres de là. Le bateau se faufile habilement à contre-courant au milieu des troncs arrachés par les pluies diluviennes des jours précédents. Après une halte dans un village « typique » spécialiste de la fabrication du whisky lao et où s'arrêtent tous les bateaux de touristes qui remontent le fleuve, nous arrivons, après deux bonnes heures de belle navigation, aux fameuses grottes. Nichées dans la falaise, au pied du Mékong, elles abriteraient, dit-on, plus de six mille statues de Bouddha. On ne les a pas comptées, mais nous pouvons certifier qu'elles sont innombrables et de toutes tailles. Les bâtons d'encens que les fidèles font brûler dégagent un léger voile de fumée et donnent à ce lieu de pèlerinage un certain côté théâtral.

Le retour vers Luang Prabang s'effectue beaucoup plus rapidement, dans le sens du courant cette fois.

Avant de grimper sur le Mont Phousi, nous achetons une bonne baguette de pain et ...... une boite de Vache qui rit  pour nous faire des sandwiches et admirer le coucher de soleil sur le fleuve et la ville ! Nous ne sommes pas les seuls, là-haut. Tous les étrangers dans le coin ont dû s'y donner rendez-vous, et nous amusons tout le monde à confectionner puis à dévorer nos sandwiches !!!

Le lendemain, nous allons directement au marché qui se tient dans les petites rues d'un quartier du centre, les anciennes halles étant démolies et les nouvelles en attente de construction ! Chantal a envie de s'acheter des chaussures. Elle hésite entre les blanches ou les noires. Je tranche la question en lui offrant les deux paires d'un seul coup, ce qui ne lui est encore jamais arrivé en presque trente ans de vie commune avec moi ! Mais pour deux dollars les deux paires de tongs, je ne vais tout de même pas chipoter !!! .... Royal, je me trouve royal !!!

Un moment, pour nous mettre à l'abri du soleil de plomb, nous restons regarder des joueurs de pétanque. Nos fonctionnaires coloniaux ont laissé des traces de leur passage ! Les parties sont acharnées et font l'objet de paris discrets et certainement pas très légaux. La tension se ressent sur le visage des spectateurs passionnés. Sous un arbre un peu plus loin, ce sont des enfants en tenue d'écolier qui disputent une partie tout autant disputée que celle des grands. Installés tout près de là sur des chaises branlantes, deux vieux papys jouent aux dames avec des capsules de bière en guise de jetons.

Au Laos, la vie s'écoule paisiblement, sans heurts. Lorsque nous sommes arrivés à Vientiane, il a fallu que nous attrapions le rythme local, très lent, chose pas si aisée que cela en fait. Mais depuis que nous sommes à Luang Prabang, nous parvenons à prendre le temps et apprécions encore plus le charme que ce pays exerce sur nous.

Je ne m'énerve même pas lorsque, comme cet après-midi, les coupures de courant m'empêchent de recharger les batteries de mon appareil photo. Zen, je suis devenu zen ! Impensable !

En m'asseyant dans un centre internet près de notre hôtel, je ne savais pas que j'allais rencontrer quelqu'un qui deviendra un copain. J'étais là à essayer de transférer vainement des photos vers mon site quand quelqu'un à côté de moi me donne en français la solution ! C'est Hervé, un gars de Saint-Nazaire, parti de Loire-Atlantique en vélo plus de deux ans et demi auparavant et qui fait un tour du monde complet en passant par tous les caps mythiques du globe. Nous continuons de nous raconter chacun notre aventure pendant le restant de la journée et une bonne partie de la soirée. Nous nous rencontrerons encore demain. Une fois notre voyage terminé, nous nous reverrons chez nous à Rennes une année plus tard, Hervé étant rentré en France de Malaisie à cause du décès de son papa.

Pour notre dernier jour à Luang Prabang, nous avons prévu de nous rendre à la maison du patrimoine rencontrer le représentant local d'Agrisud qui doit nous emmener visiter des sites agricoles mis en place par l'ONG française. Mais nous ne pourrons pas nous y rendre, la montée subite des eaux de la rivière et du fleuve ayant submergé les jardins en terrasse plantés sur les berges dans l'enceinte même de la ville. Dommage......

Nous irons malgré tout nous promener de l'autre côté du fleuve découvrir une rive accessible uniquement par bateau, donc peu fréquentée, et où se cachent de jolis villages encore intacts.   

Un merveilleux coucher de soleil sur les rives du Mékong conclura en beauté notre séjour à Luang Prabang où Auguste Pavie, un dinannais comme moi, fut vice-consul de France en 1887.

 

 

17 au 20 octobre 2006

Nous faisons le chemin inverse cette fois. Nous repartons vers Vientiane avec la même compagnie de bus et dans les mêmes conditions. Le voyage est toujours aussi agréable et dure toute la journée.

Nous avons choisi de ne pas nous arrêter à Vang Vieng car nous avons déjà beaucoup vu ce genre de paysages que ce soit au Vietnam avec le Ha long terrestre il y a deux ans ou plus récemment en Chine du côté de Guilin. Les deux sites sont magnifiques et j'ai peur d'être un peu déçu avec celui-ci. Un an après, je regrette de ne pas l'avoir fait.

À Vientiane, nous avons repris nos habitudes : même hôtel et même restaurant. Seul l'endroit des petits-déjeuners a changé. Puisqu'il y a ici aussi une Scandinavian Bakery comme à Luang Prabang nous y allons.

Après avoir loué une moto, nous nous rendons à l'ambassade du Cambodge faire nos visas ayant lu un peu partout qu'on ne pourrait peut-être pas le faire en tant que voyageur individuel à la frontière lao-cambodgienne. Pendant la fabrication des visas, nous squattons, pour le prix d'une bière, une piscine d'hôtel pendant deux bonnes heures tout près de Patuxai : le bonheur absolu. Après avoir récupéré nos visas, nous nous rendons pour la seconde fois au monument le plus connu de Vientiane : le Wat That Luang . C'est le monument religieux le plus important du Laos. Le moment que je considère le plus opportun pour venir l'admirer est celui où le temple, totalement recouvert d'or, reçoit la lumière orangée du soleil couchant. Paradoxalement, nous sommes pratiquement les seuls visiteurs à savourer cet instant. Vision et souvenir sublimissimes....

Le lendemain, c'est en vélo que nous partons longer les berges du Mékong. Hormis dans le centre ville où les rues bordant le fleuve sont goudronnées, c'est sur des chemins de terre un peu défoncés que le parcours se poursuit. Nous traversons des villages qui constituent ce qu'il conviendrait d'appeler chez nous la banlieue. Mais ce n'est pas non plus un bidonville. Seulement des regroupements de petites maisons ou parfois cabanes dans lesquelles on peut distinguer de minces matelas étendus sur le sol. Les gens vivent dehors : ils cuisinent dehors, mangent dehors, travaillent dehors.

Après avoir atteint les limites de la ville, nous faisons demi-tour et nous arrêtons dans un bar local installé dangereusement au-dessus du fleuve pour admirer un superbe coucher de soleil. C'est dur parfois la vie !!!

 

 

 

21 et 22 octobre 2006

Après quelques petits achats indispensables, l'envoi d'un colis postal, l'adieu à nos petits serveurs du Lotus Restaurant, nous prenons un bus de nuit VIP très confortable qui va nous descendre à Paksé dans le sud du pays. Chantal et moi dormons bien, calés commodément dans nos sièges couchettes.

Paksé nous semble être une ville triste. Même les temples ne sont pas jolis. Ce n'est pas grave, je vais aller réserver un bateau pour Champassak. Pas de bol, les liaisons sont interrompues. Personne ne peut nous donner d'explication valable.

Après avoir tourné en rond sur les bords du Mékong et dans un centre ville un peu déserté nous allons dîner dans un rare resto ouvert du coin. C'est un restaurant tenu par une famille indienne et où pas mal de routards viennent. Nous y retrouvons une de nos deux américaines vivant en Inde rencontrée au Bouddha Park. Nous nous racontons nos aventures laotiennes avant de rejoindre notre hôtel tout simple.

Après une nuit de sommeil dans un bon lit, nous sommes d'attaque pour partir en moto visiter le plateau des Bolovens. Lorsque nous sommes en moto, c'est Chantal, assise derrière moi, qui porte mon sac photo sur son dos. En balade, c'est-à-dire, sans l'ordinateur ni les petites babioles, le sac ne pèse plus que six kilos (!). Ce sac, je le porte en permanence. Mais en moto, c'est Chantal qui s'y colle et pas forcément de bonne grâce ! Je ne la renseigne donc absolument pas sur ce que nous allons voir aujourd'hui. Le loueur nous a gracieusement donné une carte mal imprimée et succincte de la région. Mais elle suffira pour faire ce que j'ai prévu.

Nous voilà donc partis, nos casseroles (nos casques !) sur la tête, à travers une magnifique région. Nous nous arrêtons admirer la cascade la plus haute du Laos, d'autres chutes d'eau toute aussi impressionnantes. Lorsque nous traversons des villages, nous faisons une halte s'il y a un marché. Les étals y sont encore plus impressionnants que dans les villes. Ici, des grenouilles frites et fendues en deux ; là, de gros criquets frits et embrochés sur une baguette de bois ; là-bas, plein d'autres insectes et vers bien gras eux aussi en brochette... En ce qui nous concerne, même si les autochtones ont l'air de s'en délecter, nous n'achèterons que de vulgaires bananes et de l'eau !

Là où ça se corse, c'est lorsque le goudron s'arrête pour laisser place à une piste tracée dans la forêt et complètement défoncée. J'étudie ma carte et me rend vite compte que je me suis paumé. Grâce à ma boussole, je sais que je vais dans la bonne direction, mais rien n'indique que je dois être sur une piste. Chantal, pas très rassurée, commence à trouver le sac un peu lourd !

Nous évoluons maintenant dans des lieux très retirés où le passage d'un étranger doit être très rare. Dans les hameaux où nous nous arrêtons pour reposer un peu nos fessiers meurtris, les enfants tout nu arrivent toujours en premier en nous demandant des stylos (des touristes doivent tout de même passer par là de temps en temps !), suivis quelques instants plus tard des femmes elles aussi torse nu. Nous avons l'impression de nous retrouver au coeur des documentaires vus à la télé, dans ces civilisations si lointaines, alors que nous venons de quitter le goudron il y a simplement une dizaine de kilomètres.

Nous resterions des heures avec ces gens, mais, je ne l'ai pas dit à Chantal, nous sommes à une bonne centaine de kilomètres de Champassak que j'aimerais rejoindre avant la nuit. La piste est tellement défoncée que, par moments, c'est vraiment du moto-cross que je fais. Chantal a du mal à tenir son équilibre derrière moi. Elle veut trop regarder la piste, et déséquilibre ainsi la moto. Au bout d'une bonne vingtaine de kilomètres, je retrouve avec plaisir et le bitume et mon orientation. Une cascade répertoriée sur la carte est devant nos yeux. Je sais maintenant qu'il ne nous reste plus que quatre-vingt-cinq kilomètres à faire.

Le réservoir de la moto est vide et c'est avec un peu de chance que nous trouvons un particulier qui nous fait le plein avec son tuyau et son entonnoir alors que le moteur commence à tousser. Nous nous arrêterons encore une ou deux fois au grand dam de Chantal qui en a plus qu'assez du sac sur les épaules. En plus, en descendant de la moto, elle se brûle le mollet au tuyau d'échappement. Il va être temps qu'on arrive !

La nuit vient tout juste de tomber lorsque nous atteignons Paksé après une mémorable découverte du plateau des Bolovens : environ 215 kilomètres m'indique le compteur de notre valeureuse bécane.

 

 

23 et 24 octobre 2006

Après notre petit-déjeuner (hummm...les pancakes à la banane !) au resto indien, un tuk-tuk nous emmène devant un grand marché où une nuée d'autres tuk-tuks attendent. Après renégociation, nous voilà partis pour Champassak. Il nous faudra prendre un bac à un embarcadère, qui ressemble beaucoup à celui du film de J.J. Annaud L'Amant , et traverser le Mékong pour y arriver.

C'est à Champassak que nous trouvons le logement le moins cher de tout notre voyage. Pour un bungalow comprenant une chambre avec grand lit, ventilo et moustiquaire, une salle de bain avec eau chaude et toilettes, une petite terrasse et thé à volonté nous payons deux dollars la nuit pour nous deux ! C'est assez rustique, mais propre. En plus, le patron est charmant. Il faudrait être fou pour dépenser plus !!

Il fait très chaud et nous restons à l'abri allongés sur le lit sous le ventilo. J'en profite pour trier mes photos et mettre à jour mon site sur l'ordinateur afin de pouvoir le transférer plus tard. Chantal quant à elle remplit inlassablement ses grilles de Sodoku. C'est une championne maintenant ! Nous ne sortons de notre chambre qu'en fin d'après-midi pour partir à la découverte de ce village paisible qui s'étire en longueur sur la rive du fleuve. En cours de promenade, nous lions connaissance avec un couple de jeunes Belges, Audrey et Pascal, avec qui nous allons passer la soirée et manger sur une terrasse en bois aménagée carrément au-dessus de l'eau.

Au lever du soleil, nous louons des vélos et partons à huit kilomètres de là visiter le site archéologique le plus important du Laos. La température est encore douce et la lumière magnifique. En chemin, nous nous arrêtons dans les hameaux regarder les groupes d'enfants espiègles se diriger vers l'école. Les adultes, eux, se rendent sur leur lieu de travail dans les champs à pieds ou en vélo. Pas un bruit ne vient troubler cette quiétude, si ce n'est celui des sonnettes de vélo ou des rires d'enfant. Rien que de repenser à ce moment, j'en ai la chair de poule tellement c'était beau.

Une heure après être partis de Champassak, nous arrivons au Vat Phou. Nous avons musardé en chemin, mais nous ne le regrettons absolument pas, tant ça valait la peine. Il fait déjà chaud lorsque nous parvenons aux ruines du palais. Les escaliers qui montent au sanctuaire sont bordés de frangipaniers aux fleurs odorantes. Nous sommes en train de grimper lorsque qu'un léger bruit sourd me fait me retourner. C'est un serpent long d'environ deux mètres qui vient littéralement de se jeter sur un gecko qui, lui, guettait son moustique. Nous restons là de longues minutes à étudier la manière dont le reptile s'y prend pour tuer sa proie. Patiemment, il maintient la tête du petit animal dans sa gueule tout l'enserrant avec son corps jusqu'à l'étouffement. Une fois mort, le serpent va rapidement se faufiler dans une anfractuosité toute proche pour, nous pensons, y manger tranquillement son trophée.

Nous sommes pratiquement à la fin de notre visite, lorsque nous croisons Audrey et Pascal qui arrivent seulement maintenant. Il est près de onze heures et il fait désormais très chaud.

Nous reprenons malgré tout nos vélos pour retourner à Champassak où nous arriverons en sueur. Mais, auparavant, je me suis arrêté sur le bord de la route acheter une douzaine de bananes à une marchande ambulante. Nous les mangeons de bon appétit en buvant un thé sur notre petite terrasse. Ça creuse le vélo !!!

Comme hier, nous passons l'après-midi à l'abri dans notre chambre avant d'en sortir pour admirer le coucher de soleil et aller dîner en compagnie de Audrey, Pascal et d'un Français qui, lui, en est à la dernière semaine de son tour du monde.

 

 

25 au 29 octobre 2006

Nous nous levons de bonne heure pour pouvoir prendre le bac et rejoindre l'île de Khong plus au Sud.

Un tuk-tuk nous emmène à l'embarcadère où une pirogue à moteur nous fait traverser le fleuve dont la largeur à cet endroit ne doit pas être très loin du kilomètre. Après vingt minutes d'attente, un autre tuk-tuk nous conduit au carrefour de la grand-route à quatre kilomètres du débarcadère. Après une nouvelle attente de plus d'une demi-heure, un véhicule déjà plein arrive. C'est un genre de gros tuk-tuk ou de fourgon climatisé (c'est-à-dire ouvert à tous vents !) dans lequel les passagers s'installent comme ils peuvent à l'arrière. On nous pousse dedans (plus qu'on y monte) avec nos sacs. Nous parvenons malgré tout à nous asseoir sur un banc central en ferraille. Nous sommes entre trente et trente-cinq personnes tassées les unes contre les autres, plus les marchandises posées un peu partout. Certains se tiennent debout sur le pare-choc arrière. Chantal a un morceau de métal qui lui rentre dans les genoux à chaque saccade du véhicule, autrement dit en permanence. En ce qui me concerne, je suis en position foetale, la pointe des fesses sur la barre de fer, les pieds sur les sacs et les genoux sous le menton. On étouffe de chaud, mais, heureusement, une bâche nous protège du soleil. Nous voilà partis pour deux heures et demie d'un voyage mémorable. Nous nous arrêtons de temps en temps pour que d'autres passagers revenant du marché avec des tonnes de marchandises puissent monter (si, si ... ça paraît irréel, mais ils l'ont fait !). Un vieux papy complètement coincé a résisté le plus longtemps qu'il a pu, mais, n'y tenant plus, a fait stopper l'ORNI (Objet Roulant Non Identifié !) pour s'en extirper avec grande difficulté et continuer son chemin à pied !

Après quelques autres arrêts pour ravitaillement (des brochettes de criquets que nos voisins engloutissent en un instant), nous arrivons enfin à l'embarcadère. Descendus pour nous dégourdir les jambes (c'est un euphémisme), nous traversons une nouvelle fois le Mékong pour atteindre enfin l'île de Khong. Le fourgon dans lequel nous sommes remontés un peu moins nombreux mettra encore une heure et demie avant d'atteindre le village où nous souhaitons nous arrêter. L'île n'est pourtant si grande que ça, mais il aura fallu auparavant déposer toutes les autres personnes devant chez elles et décharger les nombreux sacs et colis empilés et dans la cabine et sur la galerie au-dessus de nos têtes ! Lorsqu'il nous dépose enfin, cela fait plus de quatre heures que le gros tuk-tuk tape-cul nous trimbale !!!

Nous n'en avons pas terminé pour autant, car nous voilà, chargés de nos sacs, à chercher un endroit pour dormir. De trop nombreuses (!) centaines de mètres plus loin, la chance nous sourit. Pour quatre dollars la nuit, petits-déjeuners compris, l'immense chambre que nous venons de louer est située au rez-de-chaussée d'une élégante maison traditionnelle en teck. Un adorable vieux monsieur qui parle très bien le français en est le propriétaire et le tenancier. Je sens déjà qu'on va bien se plaire ici.

Dans le village, il y quelques restaurants. Nous en choisissons un au hasard, car tous ont l'air de servir la même chose. Pour nous deux et pour six dollars nous prenons des spring rolls , des légumes sautés, un lap de poisson, un poisson au barbecue, du riz et deux Beerlao bien fraîches. C'est rassasiés que nous regagnons notre jolie guesthouse dans la nuit noire.

Il est huit heures et demie lorsque nous montons dans la pirogue qui va nous emmener sur l'île de Khône. À ces latitudes, seulement deux heures après s'être levé, le soleil est déjà haut dans le ciel et commence à brûler. La navigation est agréable. Le niveau d'eau est à son maximum, mais le courant quoique assez fort ne charrie plus de troncs d'arbres. L'embarcation longe les rives. Dans chacun des villages devant lesquels nous passons, les petits accourent à toute allure nous saluer en agitant la main. D'autres, à peine plus âgés et sous le regard complice des mamans, se jettent, du haut des arbres accrochés à la berge, dans les eaux tumultueuses, juste pour nous épater. Impossible qu'il n'y ait jamais d'accidents... Au milieu du fleuve parsemé d'îlots, un pêcheur, debout dans sa barque, jette son filet d'un geste théâtral mille fois répété. Peut-être ramènera-t-il un de ces énormes spécimens que l'on trouve parfois sur les marchés du coin ?

Le bateau nous débarque sur l'île de Det, elle-même reliée à l'île de Khône par un ancien pont de chemin de fer. Toute la journée nous pédalons tranquillement sur ces deux îles, admirant au passage quelques vieilles maisons coloniales et nous arrêtant, bien évidemment, un long moment aux chutes de Li Phi (appelées aussi Somphamit). En ce moment, elles sont impressionnantes, le fort débit étant dû aux pluies diluviennes des semaines passées. Le cadre est grandiose avec tous ces rochers battus par les flots boueux. Un des nombreux méandres abrite une jolie plage de sable noir que surplombe la forêt tropicale. C'est à cet endroit, paraît-il, que viennent s'échouer les cadavres quand il y en a ! Coup de bol, aujourd'hui, il n'y en a pas !

À contre-courant cette fois, nous mettons deux bonnes heures pour rejoindre, juste au coucher de soleil, notre île de Khong.

Les petits-déjeuners sont bons, copieux et servis sur la grande terrasse en teck du premier étage. Il y fait tellement bon que nous y restons une grande partie de la journée. Pendant que Chantal bouquine ou fait ses grilles de Sodoku (la reine, je vous dis... elle est devenue la reine du Sodoku !), je décharge mes cartes, trie puis légende un minimum mes photos pour pouvoir les retrouver plus aisément une fois de retour en France. Ce n'est qu'en fin de journée que nous allons nous balader dans le village et déguster une bière avant d'aller dîner.

Bien reposés après une nuit de profond sommeil, nous louons une moto pour faire le tour de l'île, la plus grande du Mékong. Nous ferons la petite boucle le matin et la grande l'après-midi. Dans les champs, les travaux vont bon train. Des enfants à pied ou en vélo mènent des troupeaux de canards à la baguette. Des buffles se rafraîchissent dans des mares en maintenant juste les yeux et les narines hors de l'eau pour se protéger des mouches.

Les gens d'ici sont pauvres, pour ne pas dire très pauvres, mais d'une gentillesse extrême. Un exemple : en remontant sur la moto après nous être arrêtés prendre des photos, je m'aperçois que j'ai le pneu avant crevé. Catastrophe ! Le village le plus proche est à cinq ou six kilomètres de là. Je n'ai pas encore fait dix pas en poussant mon engin qu'un homme nous appelle d'une cabane sur pilotis qu'on croyait inhabitée. Il examine le pneu, repart et revient quelques instants plus tard avec tout le matériel pour réparer. Il a démonté la roue, sorti la chambre à air, cherché le trou dans un seau d'eau, râpé le caoutchouc, mis de colle, déposé la rustine, posé dessus quelques minutes une sorte de charbon ardent qu'il a eu un mal fou à allumer, remonté la roue et enfin regonflé le pneu avant d'aller rouler quelques mètres pour voir si tout allait bien. Lorsque je lui demande combien je lui dois, il ne réclame que l'équivalent de quarante centimes d'euro. Pour une fois, nous laissons bien plus tant la gentillesse et le professionnalisme de ce monsieur l'ont mérité.

Et nous repartons fringants. Quelques kilomètres plus loin, c'est la panne sèche !!! Le moteur cale ..... à l'entrée d'un village ! Nous n'avons que quelques dizaines de mètres à pousser pour trouver de l'essence. On peut dire que nous sommes vernis aujourd'hui......

Nous terminons la journée dans les rizières à photographier les personnes qui y travaillent et rentrons avec le coucher de soleil, à dix-sept heures trente. À dix-huit heures, il fait nuit noire.

Nous en profitons pour aller réserver deux tickets pour le passage de la frontière.

C'est notre dernier jour au Laos. Nous partons demain matin. Nous remercions vivement le propriétaire de notre pension pour son accueil. D'ailleurs, nous pouvons dire avec le recul que Khang Khong Villa aura été le meilleur qualité-prix-gentillesse de notre voyage.

Ce pays laissera des traces dans nos coeurs pour longtemps. J'ai envie d'appeler cet ancien royaume du « Million d'éléphants » le Grand Charmeur ... C'est vrai, il a fallu que nous adoptions le même rythme que les gens pour être totalement séduits. C'est ce qu'on a fait et le charme a opéré...

La kone Laos...   Khop tchaï laï laï !.................. Au revoir le Laos, merci beaucoup !

 

carte de notre parcours au Laos

 

 

photos,alain diveu,