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Dimanche 27 août 2006
Hier, vendredi, nous étions le 25 août, et c'était l'anniversaire de Chantal que nous avons fêté avec une grosse glace et du chocolat de chez Ghirardelli (eh oui, elle mérite bien ça, à son âge !) avant de nous rendre à l'aéroport en fin de soirée.
Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais j'ai dit hier vendredi 25 alors que l'en-tête du chapitre est dimanche 27 août !
Essayons d'être clairs. L'embarquement pour la Chine a lieu le 25 à 23 heures 30 locales, il fait nuit depuis déjà longtemps. Nous voyageons de nuit durant tout le trajet et nous arrivons (sans escale donc) à 5 heures 30 locales à Hong Kong juste pour le lever du jour, mais nous sommes déjà le 27 août ! Nous n'avons pas vu passer la journée du samedi 26 !!! Nous avons, en effet, survolé le fameux méridien 180° qui marque le changement de date. À cause de cet épisode, nous allons mettre une bonne semaine à ne pas nous tromper sur les jours !
Nous laissons nos passeports à l'aéroport pour l'obtention de nos visas chinois. Nous les reprendrons dûment tamponnés trois jours plus tard à notre départ pour Pékin.
Nous voici donc débarqués à Hong Kong. Pour moi, ce n'est pas encore la Chine. Cela ressemble trop aux standards des grandes villes du monde. Ce qu'il y a de surprenant, hormis cette moiteur à laquelle nous ne sommes pas encore habitués, c'est la foule, compacte, jeune, fourmillante, déambulant aux pieds de ces hauts gratte-ciel d'architecture ultramoderne coincés entre la montagne et un bras de mer.
Il serait dommage de venir ici et ne pas s'adonner au shopping. Lors d'une petite balade dès notre arrivée de l'aéroport, un photographe chinois, rencontré le long du vieux port où encore quelques vieilles jonques habitées sont amarrées, me permet d'essayer son objectif sur mon D200. Me voyant convaincu, il me donne l'adresse de la boutique où il l'acheté. Comme par hasard (!) un peu plus tard, nous nous retrouvons près du magasin (ouvert le dimanche ; de toute manière, en Chine, tout est ouvert sept jours sur sept). Et, après avoir longuement discuté du prix avec le vendeur, je ressors avec un superbe Nikon 70-200 ! Mon sac photo, en permanence sur dos, redevient d'un seul coup plus lourd. Mais, je m'en fiche, je vais pouvoir enfin refaire les photos dont j'ai envie.
Après un souper dans un petit resto sympa, nous rentrons dans ce qui restera le plus mauvais qualité-prix de tout notre voyage : une toute petite chambre simplissime dans un vieil immeuble du centre ville, mais horriblement chère pour le confort fourni. Et, dire que demain matin, nous passerons devant la très belle auberge de jeunesse que nous n'avions pas réussi à trouver lors de notre arrivée !
28 et 29 août 2006
Réveillés de très bonne heure à cause du décalage horaire, nous quittons avec joie cette cellule qui nous sert de piaule.
Grâce au métro, moderne et très propre, nous passons sous le bras de mer pour rejoindre Kowloon et les quartiers populaires. De l' Avenue of Stars (l'équivalent asiatique du boulevard étoilé hollywoodien), la vue sur l'île de Hong Kong et sur la City avec sa tour Two International Finance Center haute de 420 mètres. est superbe.
Plus loin, nous tombons sur une longue avenue rectiligne, et où abondent les commerces et leurs enseignes lumineuses qui cachent les façades un peu délabrées des immeubles. Nous pénétrons dans notre premier marché asiatique de ce voyage. Les légumes et les fruits foisonnent sur les étals, mais c'est le rayon de la poissonnerie qui nous impressionne le plus. Bon, Brigitte B., saute les quelques lignes suivantes, tu risques d'être choquée.... !
Nous avons déjà vu auparavant, au Vietnam entre autres, les poissons vendus vivants ... mais entiers ! Ici, les marchands lèvent la chair des filets de manière à garder la bête, ou du moins ce qu'il en reste, animée... Quel n'est pas notre effarement lorsque nous tombons sur un squelette qui a gardé sa queue encore remuante, sa tête dont la bouche et les ouies s'ouvrent et de se ferment, et sa tripaille au milieu de laquelle nous pouvons apercevoir le coeur continuer de battre ! Sur le stand voisin, d'autres poissons, eux aussi toujours vivants, posés sur le ventre les nageoires écartées, à qui il manque carrément tout le dessus du dos, sont proposés à la vente !! Les premières coutumes alimentaires chinoises nous ébranlent un peu !!!
Après avoir arpenté les rues de Kowloo , nous décidons de repasser sur l'île de Hong Kong pour assister à la tombée de la nuit depuis Victoria Peak qui domine la ville et la baie. Pour nous rendre à la station du funiculaire, nous traversons auparavant le quartier Central planté de très hautes tours rivalisant d'audace architecturale qui abritent, le plus souvent, le siège de grandes compagnies mondiales de la finance et de l'assurance.
Parvenus au sommet du pic, nous ignorons le centre touristico-commercial et préférons aller longer la crête sur quelques centaines de mètres. De nombreux belvédères y sont aménagés et permettent une vue extraordinaire sur la ville et sur la baie où sillonnent de nombreux navires. Au crépuscule, les lumières de la forêt d'immeubles scintillent parant ainsi la cité d'un diadème étincelant.
Il fait totalement nuit lorsque nous reprenons le funiculaire. Nous conseillons à tout le monde de redescendre à cette heure, la vision que l'on a, bien calé sur son siège, étant surprenante : les immeubles éclairés semblent réellement être inclinés à quarante-cinq degrés !
Quelque stations de métro plus tard, nous nous promenons de nouveau sur Avenue of Stars et contemplons, au niveau de la mer cette fois, la féerie des jeux de lumières multicolores sur la City.
Une journée de marche dans la chaleur éprouvante nous a creusé l'appétit. C'est donc après un bon repas et bien fatigués que nous rejoignons une dernière fois notre lugubre cellule.
Tôt le matin, nous partons à la recherche de croissants dans une sorte de petite boulangerie que nous avons repérée la veille. Mais où ? Dans notre quartier, toutes les rues se ressemblent. En fin de compte, nous achetons dans une superette deux sandwiches et deux cakes que nous allons déguster dans le parc d'à côté !
Chargés de tout notre barda, nous partons attendre le bus pour l'aéroport. Encore eût-il fallu que nous fussions à la bonne station !! Après nous être renseignés auprès de nombreuses personnes d'avis différents et avoir fait la moyenne de tous les résultats obtenus, nous optons, un peu dans la panique en voyant l'heure tourner si vite, pour un autre arrêt à quelques centaines de mètres de là. Un bus direct nous y attend. Nous poussons tous les deux un grand ouf de soulagement !
Et c'est après la récupération de nos passeports, un vol sans histoire et un long trajet en taxi que nous arrivons à Pékin vers 22 heures dans une auberge de jeunesse près de la Cité Interdite, au milieu des hutongs, ces ruelles de la vieille ville.
30, 31 août et 1er septembre 2006
Nous allons rester six jours à Pékin (que de nombreux Français commencent d'ailleurs à appeler Beijing comme maintenant la plupart des étrangers) et déjà le séjour commence plutôt bien. Jugez-en par vous-même !
Attablés à prendre notre copieux petit-déjeuner dans une grande salle, au buffet de la très propre et moderne auberge, nous voyons arriver une jeune fille toute mignonne et toute souriante devant nous. Hébétés l'espace d'un instant, nous reconnaissons Sabine, une copine de Rennes qui travaille dans la même galerie marchande que nous et qui se trouve à Pékin pour y apprendre le chinois. Tous les trois trouvons incroyable le fait de se retrouver ainsi à l'autre bout de la planète, absolument par hasard. Quand on vous dit que le monde est tout petit !! Elle doit partir suivre ses cours, mais nous nous donnons rendez-vous pour la fin d'après-midi. Génial !
C'est avec une grande émotion que nous arrivons sur la place Tian'Anmen , la plus grande esplanade du monde, qui fut le théâtre des manifestations sanglantes de mai 1989. Une longue file de gens simples, souvent venus de très loin, attend sagement de pouvoir pénétrer à l'intérieur du mausolée du Président Mao. Nous laissons ces Chinois tout à leur dévotion pour pénétrer dans un lieu dans lequel je rêve de mettre les pieds depuis que j'ai vu le film Le Dernier Empereur pour la première fois : la Cité Interdite .
Après la traditionnelle photo devant l'immense portrait de Mao, nous entrons, excités, dans la résidence impériale. Tout y est parfaitement harmonieux : une cour, un pont de pierre, un palais, un jardin..... Il y a tant de choses à voir que la foule des visiteurs paraît dispersée dans cette immensité. Nous allons y flâner de palais en palais, de cour en cour, de porte en porte six heures durant, sans jamais nous y ennuyer un seul instant.
Sabine nous ayant rejoints, nous partons pour le Marché de la Soie faire un ou deux petits achats. Difficile, en effet, de résister à l'achat impulsif devant l'abondance de petites babioles made in China : une montre pour Chantal et un sweat-shirt pour moi. Sabine, quant à elle, se fait faire un costume en soie sur mesure.
Nous mangeons, non loin de là, une fondue chinoise dans une petite gargote où les nombreux aquariums à côté de moi se vident au fur et à mesure que le boui-boui se remplit et que la soirée avance.
Le lendemain matin, nous nous rendons au Temple du Ciel. Avant d'y arriver, nous traversons un parc où les anciens se retrouvent pour pratiquer toutes sortes d'activités : danse, tai-chi, musique, chant, calligraphie à l'eau sur le sol des allées couvertes, et une multitude de jeux dont nous ne connaissions pas l'existence auparavant. Devant leur insistance à nous en faire essayer quelques-uns, nous nous exécutons avec plaisir et les faisons bien rire ! Mais je suis devenu, sous leurs applaudissements, imbattable au lancer d'anneau mou à rattraper avec la tête !
Depuis notre arrivée le rapport qui s'établit entre les gens et nous est formidable. Dès qu'ils nous aperçoivent, des groupes de jeunes garçons et de jeunes filles viennent nous parler en anglais pour pratiquer, avec une fierté à peine dissimulée, cette langue internationale qu'ils sont la première génération à avoir apprise. Ils sont habillés et coiffés très mode, ce qui donne à Chantal l'envie d'aller se faire couper les cheveux.
Dans une rue (une avenue, devrai-je dire, tant les rues principales sont larges dans cette ville très étendue), non loin de notre auberge de jeunesse, elle dégote un salon assez sympa et nickel où les employés sont très surpris de voir entrer une étrangère. Un massage de tête de trente minutes, un shampoing en position assise, une coupe et un séchage plus tard, elle ressort toute belle du salon. Les coiffeurs, chacun leur tour, veulent être pris en photo avec elle et tous sont sur le pas de la porte pour la remercier et la saluer une dernière fois. Voilà encore un moment privilégié à noter dans le carnet des bons souvenirs !
Pendant ce temps-là, je retourne une nouvelle fois à la Cité Interdite prendre quelques photos tant la lumière de cette fin d'après-midi est belle.
Après une courte nuit, nous nous levons à 4 heures pour aller prendre un bus place Tian'Anmen qui nous emmènera à la Grande Muraille. Nous restons d'abord bloqués une bonne demi-heure devant une des entrées latérales de la Cité Interdite à attendre le lever du soleil, le lever des couleurs par la garde militaire et enfin l'ouverture de l'enceinte impériale que nous devons traverser. Lorsque nous arrivons à l'extrémité opposée de Tian'Anmen le premier bus est déjà parti et le suivant ne démarrera que lorsqu'il sera complet. Nous renonçons et retournons à l'hôtel prendre un consistant petit-déjeuner et organiser notre journée de demain vers la Grande Muraille avec l'agence de l'AJ (auberge de jeunesse). C'est plus sûr !!! Il n'est que 9 heures, nous avons déjà au moins sept ou huit kilomètres dans les jambes !
Le trajet en taxi pour le Palais d'été dure plus d'une heure, mais le prix demandé est vraiment peu élevé. Là encore, nous marchons beaucoup dans cet immense parc. Les palais y sont magnifiques, mais seule une petite partie de la longue allée couverte est ouverte au public, l'autre étant en rénovation avant les Jeux Olympiques de 2008. Vu la chaleur, Chantal et moi craquons pour un cône de crème glacée... mais, personnellement, je n'aurai pas dû !!! Il va falloir bientôt que je trouve des toilettes en urgence !! Et les toilettes publiques chinoises, c'est quelque chose ! Cela a été et restera de toute notre année à parcourir le monde la seule fois où je serai dérangé l'espace de quelques heures...
Le soir, nous allons pourtant dîner dans un restaurant réputé pour son canard laqué et nous nous sommes bien régalés tous les deux !
Samedi 2 septembre 2006
Nous mettrons quatre longues heures avant d'atteindre Jingshanling.
« Celui qui n'a pas gravi la Grande Muraille n'est pas un brave » raconte un célèbre proverbe. Soit ! Nous ferons donc une randonnée de dix kilomètres sur les remparts les plus célèbres de la planète.
Déjà, la montée du sentier qui mène au pied de la muraille nous essouffle pas mal et met nos mollets à contribution. Puis par un escalier rustique, nous atteignons enfin le chemin de ronde. La vue qui s'étend alors devant nous est grandiose. Les adjectifs me manquent pour qualifier ce site unique au monde. Avant d'attaquer la rando, nous restons là à contempler le spectacle de ce long et haut mur entrecoupé de tours de guets et qui épouse parfaitement la crête des montagnes.
Je crois deviner que notre parcours passera quelque part là-haut au sommet de ce piton qui semble si loin. Je n'ose pas le dire à Chantal !
La marche commence gentiment sur une section rénovée. Cela ressemble beaucoup à une balade sur nos remparts malouins. Ça grimpe un peu, mais pas trop et les premières tours de guet sont très photogéniques. Après un bon kilomètre, nous nous retrouvons sur la partie non refaite et cela devient carrément d'une beauté sauvage. La montée, elle aussi, devient sauvage ! Il fait chaud et nous nous arrêtons maintenant dans chaque tour prendre le frais et récupérer, pendant quelques minutes, de nos efforts.
Parfois, la grimpette est rendue difficile par la dégradation des remparts.Des femmes mongoles sont là pour proposer à Chantal de l'aider dans les passages délicats. Dans une des tours nous rattrapons (eh oui, il y en a qui souffrent encore plus que nous !) un petit groupe de jeunes gens étrangers qui font aussi la randonnée. Il y a là une Espagnole, un Israélien, une Suédoise, un Néo-zélandais, un Hollandais. Nous nous joignons à eux pour le reste de la marche ; quoique fort joli, le chemin nous paraîtra ainsi plus court.
Je me retourne pour regarder Chantal. Malgré sa souffrance, parce que je suis certain qu 'elle a mal dans toutes les parties de son corps, elle semble heureuse, encadrée par ses deux femmes mongoles. Quand la marche devient trop pénible, elle s'arrête alors et contemple avec une certaine fierté ce qu'elle vient de gravir.
De quel côté que l'on se tourne, la muraille déroule sans fin son long ruban de briques et de pierres dans un paysage d'une beauté vertigineuse.
Nous apprenons, dans une des tours, que nous venons d'effectuer la moitié de notre parcours ! J'entends alors Chantal, dégoulinante de sueur, rougie par l'effort, pousser un grand « hein ? ». Elle se croyait tout près du but ! Tout le monde rigole et l'encourage !
Nous sommes tous surpris, dans notre petit groupe, de rencontrer si peu de monde sur cette partie de la muraille. C'est vrai qu'elle est la partie visitable la plus éloignée de Pékin, la masse touristique préférant s'arrêter à Badaling, beaucoup plus proche de la capitale.Tant mieux pour nous qui pouvons ainsi profiter du lieu en toute tranquillité...
Une fois la mi-chemin dépassée, nous attaquons, à notre grande joie, la partie en descente, vers Simatai. Quelques passages délicats ralentissent encore notre progression. Avant d'arriver à un petit pont franchissant une rivière, nous restons observer quelques instants des ouvriers qui travaillent à la réfection d'un pan de mur écroulé.
Sitôt le pont traversé, une dernière terrible montée achève de nous briser !
Avant l'ultime petite descente vers le village, un marchand rigolo nous vend des bières bien fraîches. Un peu plus bas, c'est une descente en tyrolienne au-dessus d'un lac que nous propose un jeune homme. Nous utilisons tous ce moyen pour rejoindre le parking où nous attend notre bus... et retrouver Chantal qui, elle, a préféré terminer à pied cette journée qu'elle considère encore aujourd'hui comme la plus marquante de son voyage. Grandiose, a-t-elle noté dans son carnet !!! Et je suis tout à fait d'accord avec elle.
Malgré la conduite, disons un peu sauvage elle aussi, de notre chauffeur sur le chemin du retour vers Pékin, l'ambiance dans le car a été des plus calmes !!!
3 et 4 septembre 2006
Nous savourons avec délice la grasse matinée de ce matin. En nous levant, nous sommes surpris tous les deux de ne pas avoir plus mal que ça aux jambes ! Nous sommes, il est vrai, bien entraînés maintenant, après trois mois de vagabondage.
Nous consacrons une partie de la journée à une promenade tranquille dans le quartier autour de l'hôtel. Une des choses surprenantes à Beijing est la distance entre chaque croisement de rues : il faut compter environ cinq cents mètres. Lorsque nous nous baladons, un plan à la main, et que nous voyons l'adresse vers laquelle nous nous dirigeons au troisième croisement à droite puis deuxième à gauche, cela parait peu sur la carte mais, en réalité, le trajet fera au moins cinq kilomètres aller-retour ! Et croyez-moi, on sait de quoi on vous parle !!!
Ce soir, nous mangeons avec Sabine et David, un Français rencontré à l'A.J., dans un restaurant japonais et terminons la soirée agréablement dans un bar branché caché dans une vieille maison traditionnelle d'un hutong non loin de la Tour du Tambour.
Après une nouvelle nuit de récupération, nous voici au parc Behai, lieu de promenade réputé. Ici aussi, la danse attire d'anciens Chinois qui y mettent beaucoup de coeur. L'ambiance qui règne est bon enfant et de nombreux jeunes viennent se prendre en photo avec nous.
Dans cette ville très propre où des balayeurs efficaces traquent le moindre papier ou la moindre feuille morte sur les trottoirs et dans les lieux publics, les gens semblent gais. Nous nous y sentons en totale sécurité... jusqu'au moment où nous devons traverser une rue ! En Chine, chacun conduit pour soi : si j'ai envie de passer malgré le feu rouge, je passe, si je dois tourner à droite et que je vais bloquer la circulation, je tourne malgré tout ! Et tant pis pour les autres. Notre bus est resté bloqué de cette manière derrière un véhicule dont le chauffeur n'a jamais voulu reculer d'un centimètre, juste pour ne pas perdre la face. Des policiers ont dû intervenir pour l'obliger, au bout de dix bonnes minutes, à se ranger un peu plus loin et ainsi nous laisser passer ! Pour traverser, c'est la même chose : il suffit de s'engager dans ce méli-mélo de voitures et de vélos et de s'imposer. Les premières fois, cela nous semble périlleux, mais après quelques jours nous n'y faisons plus attention.
Les autorités locales ont éludé le problème en interdisant, tout simplement, pendant la durée des Jeux Olympiques, la circulation des voitures particulières !!!
Pour conclure agréablement ce séjour pékinois, nous allons au théâtre assister au spectacle du célébrissime Opéra de Pékin . Avant la représentation, j'ai l'occasion de passer une petite heure avec les artistes dans la salle de maquillage à les regarder se farder avec une dextérité qui touche au grand art.
5 et 6 septembre 2006
Un taxi nous emmène de l'A.J. vers l'aéroport par l'un des huit périphériques de la mégapole. Des quartiers entiers de barres d'immeubles neufs défilent devant nos yeux. C'est pourtant avec un certain blues que nous quittons cette ville que nous avons trouvé tous les deux très attachante.
Quelques heures plus tard, notre bel avion de la China Southern Airlines se pose sur la piste de Guilin, cernée de ces pics karstiques qui attirent tant les voyageurs.
Je suis surpris de trouver une si grande agglomération. Je m'imaginais une petite cité toute calme nichée au milieu des pains de sucre au bord d'un petit cours d'eau : grossière erreur ! Les cars de touristes, surtout asiatiques, s'agglutinent autour des endroits les plus connus et encombrent encore un peu plus les rues de cette grouillante cité. L'accès aux berges de la rivière est désormais payant, les restaurants de style « grande brasserie » abondent. Il est vrai que Guilin est aujourd'hui une des villes chinoises les plus visitées. Nous dégotons pourtant un restaurant assez sympa où nous tentons un grand plat de poisson au chou, assez épicé mais délicieux, qui nous laissera durant quelques heures la bouche en feu !
Le lendemain, nous demandons à un taxi de nous conduire à la Colline des couleurs accumulées (la poésie des noms chinois me fera toujours sourire !). Le chauffeur préfère pour sa part nous arrêter au Pic de la beauté solitaire en nous faisant croire que c'est là notre destination. Déjà quelques vendeuses de tickets de visite encerclent la voiture. Mais depuis plus d'une semaine que nous sommes en Chine, nous avons déjà appris à reconnaître quelques idéogrammes et nous savons que nous ne sommes pas au bon endroit. Un léger haussement de ton de notre part ne changeant rien à la chose, nous préférons descendre du véhicule en refusant de lui régler sa course. Bon, en nous enfonçant d'un pas rapide dans les petites rues pour lui échapper, je dois avouer que nous ne sommes pas très fiers de ce que nous venons de faire. Mais, au moins, j'espère que la prochaine fois que cet individu fera monter d'autres touristes étrangers dans son taxi, ils les emmènera, sans rechigner, à l'endroit qu'ils lui auront indiqué. Non mais !!!!!!
En fin de journée, nous rejoignons notre auberge de jeunesse sympa et décidons de partir le lendemain matin en bus pour Yangshuo.
7 au 12 septembre 2006
Ce matin, un taxi nous emmène à la station de bus. Là est notre premier vrai contact avec la langue et l'écriture chinoise. Jusqu'à maintenant nous avons toujours eu affaire à des personnes qui connaissaient un peu l'anglais. Au guichet de la station, lorsque nous demandons un ticket pour Yangshuo, l'homme nous regarde ahuri comme si nous étions des extraterrestres. Heureusement dans notre guide le nom de la ville est écrit en chinois. Nous le lui montrons et un grand sourire illumine alors son visage. Il nous délivre le sésame et nous indique, dans un chinois certainement parfait et, heureusement, à l'aide de grands gestes, l'endroit où le bus s'arrêtera nous prendre ! Nous voilà complètement rassurés : nous pouvons nous débrouiller même en ne pouvant ni nous exprimer ni comprendre un traître mot de ce qu'on nous dit. Nous pouvons donc aller tranquillisés plus en avant dans notre parcours en Chine.
L'auberge de jeunesse se trouve dans la rue principale et la plus animée de la ville. Nous n'y resterons qu'une seule nuit, à cause du bruit. Nous trouverons, un peu plus loin et à l'écart de l'agitation, une merveilleuse petite pension tenue par une jeune fille toujours souriante mais ne parlant pas un seul mot autre qu'en chinois.
Yangshuo est vraiment un joli endroit, même si le tourisme de masse commence à y faire ses dégâts. Heureusement, l'ambiance est terriblement sympa. Les jeunes trentenaires chinois qui gagnent aujourd'hui bien leur vie dépensent leur argent sans compter. Il en résulte une atmosphère joyeuse et communicative dans laquelle les voyageurs étrangers comme nous sont chaleureusement invités à participer.
Mais il y des endroits beaucoup plus calmes et reposants. Pour cela, il suffit de descendre sur les rives de la rivière et d'y faire une balade en radeau de bambous, surtout en fin d'après-midi. Le paysage, tel celui des estampes chinoises bien connues, est sublime avec ses pitons rocheux se découpant dans un ciel rougeoyant. À la tombée de la nuit, quelques pêcheurs au cormoran exécutent leur travail devant de nombreuses barques louées à l'occasion par des touristes avides de clichés typiques.
Pour atteindre Xingping, à une heure de là, nous prenons un petit bus local. De retour d'une bien agréable croisière sur la rivière Li, nous restons discuter, dans le vieux bourg, avec de jeunes étudiantes en art peignant les scènes de vie qui se déroulent dans ces ruelles si paisibles et si photogéniques.
La balade que nous effectuons en vélo électrique à travers les rizières et les villages environnants est très enrichissante, même si la conduite fantaisiste chinoise la rend un peu risquée. Ici, comme à Pékin, chacun conduit pour soi et se moque totalement des autres ! Mais nous sommes désormais habitués et cela nous choque moins.
Fuli est un beau village au charme désuet. La vraie vie est là, à quelques mètres seulement derrière la route qui sert de rue principale. Les anciens restent garder les vieilles maisons traditionnelles tandis qu'enfants et petits-enfants travaillent dans les rizières ou dans une des nombreuses briqueteries du coin.
Mais c'est avant tout le marché et l'animation des grands jours qui nous font nous arrêter ici.. Des femmes étalent leurs fruits et légumes à même le sol, juste devant les coiffeurs qui officient en plein milieu de la foule. Un peu à l'écart, mais dehors tout de même, sur des fauteuils de fortune, les dentistes arrachent les dents gâtées à tout-va avec un matériel dont l'hygiène paraît plus que douteuse. Pour vous passer un mal de dents, rien de tel que de rester quelques instants regarder les patients grimacer. Ça ne coûte pas un centime et je vous jure que vous êtes guéri immédiatement. Terriblement efficace !!
Sous les halles, les bouchers et les poissonniers déballent leurs produits à l'abri du soleil. Les mouches, nombreuses et consciencieuses, prennent bien soin de vérifier si tous les morceaux présentés sont propres à la consommation ! Un petit ventilateur trafiqué, qui fait tournoyer un simple fil de fer garni à son extrémité d'un morceau de sac plastique, arrive pourtant à en chasser quelques-unes. Plus loin, un gamin agite un éventail au-dessus du poisson et parvient à les écarter pour quelques instants.
Devant un étal de viande, nous restons pétrifiés. Nous venons d'identifier deux cuisseaux entiers de chien avec la longue queue dépouillée. L'extrémité des pattes ne nous laisse aucun doute : nous reconnaissons les ongles et les coussinets si caractéristiques des canidés. Bon, il va désormais falloir faire attention à la viande que nous mangerons !
Dans le centre de Yangshuo, nous avons pourtant réussi à dénicher un resto très sympa spécialisé dans le canard à la bière et le canard à l'orange. La qualité des plats, le prix dérisoire, la gentillesse et le sourire des serveuses en ont fait notre cantine préférée. Tous les soirs nous revenons avec un réel plaisir nous y rassasier et reprendre un peu de forces.
Avant de partir pour l'étape suivante, nous passons de nouveau une journée à naviguer sur les radeaux de bambous et à nous promener en vélo dans la campagne pour nous mettre, une dernière fois, plein les yeux de ce décor époustouflant.
Cette région restera longtemps gravée dans nos mémoires.
13 et 14 septembre 2006
Nous quittons Yangshuo et ses pics karstiques pour Longji et ses rizières en terrasses. Cinq heures et demie de bus plus tard, nous arrivons en pleine montagne au pied des parcelles. Le village se situe beaucoup plus haut, mais nous devons y grimper à pied. Des femmes Yao nous aident à porter nos sacs à dos moyennant un petit billet. Notre pension se trouve être, évidemment, une des habitations situées le plus haut dans la montagne. Mais la récompense est à hauteur de nos efforts : la vue sur les cultures depuis notre chambre est absolument magnifique. À cette période de l'année, le riz est haut et pas loin d'être moissonné. Pour voir les rizières en eau, il faut venir en février.
Un chemin de pierres plates serpente entre les terrasses vieilles d'au moins 700 ans. Certains points de vue sont aménagés pour accueillir les visiteurs de plus en plus nombreux. Ceux-ci viennent ici uniquement pour admirer les champs qui dévalent à perte de vue en dessinant un gigantesque escalier auquel s'accrochent des nuages remontant de la vallée.
Sur les sentiers, des groupes de femmes en tenue Yao, jupe noire et veste rose soutenu, tentent, parfois avec succès, de gagner quelque argent en dénouant leur chevelure qui tombe alors jusqu'au sol !
En ce qui concerne la nourriture, dans les ruelles tortueuses du village, d'anciennes personnes font cuire dans les flammes des morceaux de bambou emplis de riz, maïs et viande fumée. Nous refusons catégoriquement de connaître l'origine de la viande, car on sait que, par ici, ils mangent du rat et nous ne voulons pas être dégoûtés ! La dégustation de ce mets s'avère savoureuse. Bien meilleure en tout cas que celle des petits-déjeuners servis dans les gargotes ou dans les hôtels. Il faudrait, en effet, se plier à la coutume locale : une bonne soupe et plat de riz. Mais, au lever du lit, nous n'y arrivons pas ! Il nous faudra nous satisfaire avec un nescafé sans goût, un soda fluo et un petit gâteau en miettes. Bof, bof !
15 et 16 septembre 2006
Après une courte nuit de sommeil dans notre pension tout en bois et qui craque de partout dès que quelqu'un pose le pied par terre, nous dévalons les sacs sur le dos le sentier, moitié pavés, moitié terre, qui nous ramène au parking des bus cinq cent mètres plus bas.
Un premier petit bus poussif nous emmène à Longsheng d'où nous prenons un autre bus jusqu'à Sanjiang. La route est en complète construction, mais cela n'empêche absolument pas la circulation. Nous nous ferons secouer durant plus de quatre heures, dans la chaleur et la poussière, dans ce car sans vitres qui se prend pour un 4x4 ! Un tuk-tuk au moteur usé termine ce trajet pénible jusque Chengyang.
Mais il faut avouer que le lieu est largement à hauteur de nos espoirs.
Plusieurs petits villages Dong sont regroupés dans la vallée où coule une petite rivière paisible au milieu des rizières. De magnifiques ponts du Vent et de la Pluie en bois (protection contre les intempéries et siège de l'autel des esprits locaux) jalonnent le cours d'eau et marquent ainsi l'entrée des villages.
L'architecture dong est si spécifique que des architectes du monde entier viennent y étudier le savoir-faire es-construction des autochtones. Les imposantes maisons sont en effet posées sur de simples pierres, puis montées tel un casse-tête (ne dit-on pas : casse-tête chinois !) où les poutres s'enchevêtrent de telle manière qu'elles se consolident naturellement entre elles. Chantal et moi avons tenté d'y comprendre quelques subtilités, mais nous avons vite renoncé tant le problème était trop complexe pour nous ! En tout cas, le résultat obtenu est admirable. Par contre, à l'intérieur, il n'y a rien, ou presque. Les meubles n'existent pas. De simples clous font office de rangement. On y accroche absolument tout : un vêtement, une casserole, un calendrier. Toute la famille dort à même le plancher. À l'étage en dessous, c'est-à-dire au rez-de-chaussée, vivent les animaux : canards, cochons.
En dépit de son relatif isolement, la région, avec ses villages tout en bois et ses fameux ponts couverts, commence à attirer les visiteurs aussi bien chinois qu'étrangers. Malgré tout, les infrastructures hôtelières restent, encore pour l'instant, peu développées.
Notre pension tenue par une brave famille locale fait face au plus joli pont du Vent et de la Pluie du coin. Nous sommes les deux seuls touristes de Chengyang. Nous en profitons pleinement pour nous mêler à la population. Lorsque s'achève la journée, les anciens se retrouvent sur la place du village devant la magnifique tour du Tambour (leur autre spécialité) ou sur le pont couvert à papoter entre eux tout en surveillant la culotte fendue des jeunes enfants (les couches n'existent pas). Les plus audacieux, la plupart du temps ce sont les hommes, acceptent le raisin que nous leur offrons en espérant engager une conversation toute en gestes et mimiques pour arriver à nous faire comprendre. En général, une complicité s'installe très vite et tout se termine gaiement dans les rires.
Lors de notre arrivée dans un des villages, un groupe de femmes en tenue dong nous convie à la répétition de chants traditionnels. Elle a lieu devant une tour du Tambour impressionnante avec ses quinze toits superposés ! Quel plaisir immense de se retrouver là tous les deux, au milieu de ces femmes à la voix aiguë mais mélodieuse, interrompant leur chant pour mieux souffler dans de tarabiscotés instruments en bambou, juste le jour de notre anniversaire de mariage ! Nous fêterons ça plus tard dans la journée devant une bière bien fraîche dégustée à la terrasse d'un petit hôtel à peine terminé, non loin de notre pension.
17 au 19 septembre 2006
Pour une fois, l'ambiance dans le bus qui nous emmène à Zhaoxing dans le Guizhou est électrique. Trois hommes montés en cours de route se mettent à haranguer les voyageurs. Une fois de plus, nous sommes les seuls étrangers du bus. Nous apercevant, nous comprenons vite, à leur regard, qu'ils veulent nous faire jouer à un jeu de cartes pour de l'argent. Nous feignons de les ignorer totalement. Ils se rabattent alors sur les locaux et ce qui devait arriver arrive. Un jeune couple apparemment sans beaucoup de revenus perd sa mise et une bagarre générale éclate. Le chauffeur stoppe brutalement son bus sur le côté de la route et les antagonistes poursuivent le combat à l'extérieur au milieu des cris perçants des femmes ! Une demi-heure plus tard, le bus repart sans les trois hommes montés en cours de route qui ont réussi à s'échapper avec tout l'argent des joueurs du car ! Nous sommes pratiquement les seuls à qui ils n'ont rien réussi à prendre. Ouf ! ... Le reste du trajet est assez impressionnant. Ce ne sont que pleurs et gémissements ! Cet épisode a rendu le trajet moins monotone, mais une expérience comme celle-ci ne doit pas être renouvelée trop souvent. Notre petit coeur ne le supporterait pas, car il faut avouer que nous n'étions pas si rassurés que ça !!!
L'arrivée dans la vallée de Zhaoxing après une jolie descente au milieu des rizières en terrasse met fin à ce trajet agité dans tous les sens du terme : agité à cause de l'épisode de la bagarre et agité à cause de l'état de la route empruntée. Comme dans beaucoup d'endroits retirés en Chine (au moins dans cette partie) de nouvelles voies de communication sont en construction ou en réfection totale. Pour ce faire, des pans entiers de montagnes sont arasés à la main et au marteau piqueur par une légion de cantonniers pour tracer ou élargir les routes. La circulation n'étant pas interrompue pendant les travaux, je vous laisse imaginer la quantité de poussière soulevée par le trafic.
Zhaoxing est un paisible village de montagne au fond d'une vallée dont tous les espaces cultivables sont occupés par les rizières. À cette époque de l'année, c'est la récolte. Partout dans les champs, des nuées d'hommes et de femmes s'activent. Certains fauchent les épis à la machette pendant que d'autres les rassemblent en bottes avant de les battre soit à la main, soit à l'aide d'une batteuse actionnée avec les pieds. Une fois en sac, le riz est redescendu à dos d'homme par des sentiers dallés qui serpentent à travers les rizières jusqu'au village, puis est étalé souvent à même le sol pour le sécher. Les rares véhicules se font alors un plaisir à rouler dessus, ce qui aide à séparer le grain de sa coque !
Les rues et les placettes sont donc envahies par le riz, ce qui donne au village des allures encore plus moyenâgeuses qu'à l'accoutumée. Un gros ruisseau canalisé le traverse de part en part. Sur les balcons en bois des maisons le longeant, toutes sortes de choses sont mises à sécher : des gerbes de riz, des feuilles de tabac, des piments, du coton, mais aussi des pans de tissu tout frais teintés à l'indigo, des vêtements et bien d'autres choses encore.
Dans le ruisseau un groupe de femmes se lave les cheveux tout en jacassant, une fillette d'environ six ans fait consciencieusement sa petite lessive. À quelques mètres de là, une femme vide un poulet aux petites cuisses et aux longues pattes, un homme se soulage en lâchant un pet sonore tandis qu'un autre lave à grande eau le chien qu'il vient de tuer avant de le découper en petits morceaux.
Assis sur un petit pont du Vent et de la Pluie, nous restons un long moment à contempler et à savourer cette vie paisible mais tellement différente de celle que l'on connaît chez nous. Bien sûr, certaines scènes peuvent paraître choquantes à nos yeux d'européens, mais nous nous refusons à juger ces gens avec nos principes trop bien calibrés. Nous aimons la simplicité de ces paysans toujours prêts à partager avec nous quelques instants de convivialité. Pour exemple, lors d'un repas pris dans un des seuls petits restos de la région, un groupe d'une dizaine de jeunes s'installe près de nous et commande avec le dîner une bouteille d'alcool de riz. Eh bien, pour saluer notre présence à Zhaoxing, ils m'offrent (Chantal décline sagement l'offre !), chacun leur tour, un verre d'alcool en lançant un toast que tout le monde présent reprend en choeur ! Je ne vous raconte pas dans quel état je me suis couché mais, malgré mon mal de crâne, je ne regrette absolument pas ce moment de grande fraternité !
Après une nuit de récupération et une fois les vapeurs d'alcool dissipées, nous décidons de partir tôt, avant les grandes chaleurs de la journée, pour randonner dans les environs à travers les rizières en terrasse. Nous discutons du prix avec un paysan du coin pour le trajet par la route goudronnée jusqu'en haut de la montagne. Une fois d'accord, il nous emmène avec son engin qui ressemble à un petit tracteur articulé jusqu'au village niché près du sommet. Nos fesses, posées à même la carrosserie ondulée, n'apprécient que moyennement le parcours ! Et c'est avec une grande joie que nous entamons, à pied, notre descente à travers forêt, villages ancestraux et rizières.
Les paysans sont déjà dans les champs à récolter ou à battre le riz. En chemin, nous croisons des ribambelles d'enfants se rendant à l'école. Tous nous saluent d'un hello retentissant puis éclatent de rire en nous dévisageant. Il est vrai que nous portons un bermuda et un t-shirt sans manches, ce qui intrigue pas mal les gens d'ici ! Dans les villages, nous nous arrêtons prendre le frais à l'ombre de la tour du Tambour locale tout en regardant les femmes remplir leurs seaux à la fontaine. Une vieille femme ridée et édentée, en tenue traditionnelle, tente de découper avec son vieux couteau rouillé et apparemment mal aiguisé un demi porc posé sur le sol poussiéreux. Deux vieillards que les années et les travaux dans les champs ont littéralement plié en deux fument ce qui semble être une pipe, les yeux dans le vague. Près d'eux, une jeune fille pianote sur son mobile et répond à un SMS. Voilà qui nous ramène brutalement au troisième millénaire. D'ailleurs, en regardant autour de nous, de nombreuses antennes paraboliques ornent les toits des vieilles maisons en bois. C'est le paradoxe de la Chine d'aujourd'hui où le plus ancien côtoie le plus actuel.
De retour dans notre hôtel, Chantal demande les toilettes. Elles se trouvent au rez-de-chaussée. Elle en revient quelques instants plus tard elle aussi pliée en deux, mais de rire, et me raconte. C'est en fait une pièce avec cinq trous séparés par une simple cloison qui n'arrive même pas jusqu'au sol, et surtout sans porte. Deux femmes occupaient deux des trous et papotaient entre elles tout en satisfaisant leurs besoins naturels. Chantal ne tenant plus et passant outre sa pudeur a pris, elle aussi, possession d'un des trous ! Mais je vous jure qu'elle n'a pas traîné trop longtemps dans cette drôle de pièce !!!
Ce petit séjour d'à peine trois jours à Zhaoxing aura particulièrement marqué nos esprits et se révèlera, avec le recul, être une des étapes les plus marquantes de notre virée mondiale. Peut-être tout simplement parce qu'elle est encore pour le moment un peu à l'écart des circuits touristiques. Mais pour combien de temps encore ?
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