Nous laissons derrière nous le gros mamelon de l'Artzamendi, sur lequel nous distinguons les radars très caractéristiques avec la grosse boule blanche et descendons précautionneusement sur les roches plates rendues glissantes par la pluie. Heureusement que nous ne sommes pas montés par là, il y aurait eu bien davantage de défections de la part des amateurs de littérature. La pluie persiste une vingtaine de minutes, puis cesse. Des rayons de soleil s'insinuent à travers les nuages et illuminent des pans de vallées entiers, faisant chatoyer les couleurs. Les odeurs de terre humide, de champignon et de feuilles mortes émanent du sol couvert de mousses, de bruyère aux fleurs roses ou mauves et d'ajoncs aux fleurs d'un jaune lumineux. Nous croisons un chasseur, plutôt jeune, qui monte d'un pas rapide : "- Que chassez-vous ? - Le sanglier, vous faites comme si vous ne m'aviez pas vu !". J'entends le commentaire d'un connaisseur qui indique que certains chasseurs utilisent des armes interdites (trop puissantes ?) et que ce serait peut-être le cas justement de celui que nous venons de voir.
Nous arrivons en vue de Bidarray. Comme dans tout village basque, nous apercevons de loin l'église et le fronton. La mairie est installée dans une ancienne maison individuelle dont les propriétaires avaient fait construire sur le côté un trinquet privé. Celle-ci a donc la particularité d'avoir des fenêtres qui donnent sur l'intérieur, les occupants de la maison pouvaient ainsi assister confortablement aux parties de pelote de leurs proches, famille ou amis. J'étais toujours passée devant sans y pénétrer, je profite de l'heure du goûter pour le visiter (les organisateurs ont pensé à acheter au spécialiste du village d'excellents gâteaux basques "onctueux à l'intérieur et craquants à l'extérieur, au délicieux goût d'amande").
Je
donne ici quelques informations sur la pelote basque et le trinquet issues
du site "http://membres.lycos.fr/pelotebasque/page3.html". La
pelote basque est issue du jeu de paume (sport national français
au XVIème siècle). Quand la pratique du jeu de paume se perdit
au début du XVIIème siècle, il survécut au Pays
basque (d'où le nom de Pelote basque) et de nombreux jeux dérivés
se développèrent. Aujourd'hui de nombreuses villes et villages
du Sud Ouest ont leur fronton. Le véritable premier match fut joué
en 1875. En ces temps là, les balles pouvaient atteindre le kilogramme.
Les
joueurs à main nue soufraient souvent d'hématomes. En 1857,
le jeune Gantchiki Dithurbide âgé de 14 ans eut l'idée
d'utiliser un panier de forme allongée et peu profond employé
habituellement pour les fruits et légumes et appelé "chistera".
Peu après, l'invention de la balle en caoutchouc révolutionna
la pelote ainsi que beaucoup d'autres sports de raquettes comme par exemple
le tennis. Puis la pelote connut de nouveaux changements avec l'apparition
de nouveaux jeux et particulièrement les jeux indirects.
Le
joueur Basque Chiquito d'Eibar s'expatria en Argentine pour enseigner la
technique du chistera aux Argentins. L'Amérique du Sud, la Californie,
la Floride, la Havane et Cuba sont les régions où la Cesta
Punta (grand chistéra) a pris le dessus. En plus de ces pays, il
y a aussi des pratiquants de pelote basque en Irlande, en Belgique, en Suisse,
en Italie, en Indonésie, aux Philippines, en Egypte et au Maroc.
La fédération française de pelote basque fut fondée
en 1921. Les premiers championnats du monde se déroulèrent
à San Sebastian (Pays Basque Espagnol) en 1952. Aux Jeux Olympiques,
la pelote a figuré 3 fois en sport de démonstration : 1924,
1968, 1992.
La pelote basque se joue sur plusieurs sortes de terrains. Tout d'abord, le Fronton Place Libre, que l'on trouve dans tous les villages et villes du Pays Basque et des Landes. La cancha (surface de jeu) du Fronton Place Libre varie entre 35 m et 120 m. Le Jaï-Alaï est un fronton qui abrite une cancha de 56 m de long ; il est plutôt réservé à la pratique de la Cesta Punta (grand chistera). Le Fronton Mur à Gauche comporte une cancha de 36 m de long et 3 murs dont le fameux mur à gauche. Le Trinquet est un fronton couvert qui abrite une cancha de 28.5 m de long, entourée de 4 murs dont l'un est surmonté d'un filet supérieur et d'une galerie où le public et les juges peuvent s'installer. Cette galerie, protégée par un filet, fait partie du jeu : si la balle heurte ce filet directement ou après un rebond, le point va à l'équipe qui l'a lancée. Certaines balles peuvent frôler les 240 km/h.
Randonnée littéraire : | "Les
mots en chemin" |
19 Octobre
2003 |