Le pingouin macroptère est, de tous les oiseaux plongeurs,
le plus connu et le plus répandu sur les côtes françaises où il est fort
abondant.
Il y arrive pendant les périodes de migrations, y
séjourne l’hiver et y niche souvent, sur toutes nos côtes, même en
Méditerranée, car nous en avons souvent rencontré dans le golfe du Lion et près
des îles qui bordent la côte de Marseille à Nice, pendant les mois d’été.
Les points les plus fréquentés par les pingouins sont les
aiguilles d’Étretat et les côtes du département de la Manche, près de
Cherbourg.
Cet oiseau vit là en bandes très nombreuses.
Il n’est pas sauvage et se laisse facilement approcher.
Il entre même facilement dans les ports, et le mouvement de
la navigation, si actif qu’il soit, ne le gêne pas. L’hiver passé, nous en
vîmes tuer un à coup de revolver par un matelot d’un torpilleur amarré dans un
bassin. L’oiseau se contentait de plonger à chaque coup et ressortait à
quelques mètres à peine du tireur.
En mer, il est facile d’en tuer un certain nombre. Il faut
avoir un bateau léger et mené par un ou deux vigoureux rameurs. Dès qu’on en
voit un vol sur l’eau, on se dirige sur eux. Si la mer est un peu houleuse, ils
se laissent plus facilement approcher ; quelquefois alors, ils prennent
leur essor, et il est facile de les tirer, car ils tombent assez bien sous un
coup bien chargé, au lieu que, sur l’eau, ils sont très immergés.
Lorsqu’on les poursuit en bateau, il n’est pas rare de les
voir ressortir à portée de la main ; mais ils replongent aussitôt, en
piquant droit vers le fond. Les pêcheurs assurent qu’ils peuvent ainsi jusqu’à
quarante brasses ; mais on nous croira facilement si nous disons que nous
n’avons jamais contrôlé le fait.
Cette poursuite des pingouins est fort amusante ; c’est
alors qu’il faut faire force de rames, lorsqu’un oiseau vient de plonger, pour
tâcher de le devancer, et d’arriver près de l’endroit où on pense qu’il doit
ressortir, d’après la direction qu’il a prise ; mais, bien souvent, on se
trompe, et l’on est tout étonné de le voir ressortir en s’ébrouant, du côté
opposé à celui où on le cherchait.
C’est un sport excellent, car il exige de bons bras, un coup
d’œil prompt, un tir rapide, et surtout le pied et le cœur marins, car, nous l’avons
dit, c’est avec un peu de clapotis qu’on a le plus de chances de faire ample
moisson.
Le plumage du pingouin est bien simple : blanc et noir,
noir à la tête, au cou, sur les épaules, les ailes, le dos et la queue, blanc à
la poitrine, au ventre et à l’abdomen, mais ce blanc est d’une pureté, d’un
éclat incomparables. Aussi, on peut très agréablement utiliser les peaux de ces
oiseaux en les faisant préparer et en les disposant en petits tapis de table,
en dessous de lampes, que l’on borde avec leurs pattes.
Le pingouin est un bon petit animal tranquille, vivant en
troupes quelquefois fort nombreuses, disons même innombrables ; il n’est
pas très remuant et reste même des heures entières immobile sur son rocher,
contemplant la mer et ne plongeant que pour saisir un petit poisson.
Pour le chasseur de mer, pour celui qui veut user des
cartouches coûte que coûte, c’est un gibier excellent, car il entretient toutes
les facultés du chasseur. Mais tout est là, car il n’est réellement pas
mangeable.
J.-B. S.
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