Sous le vocable assommoir, il faut entendre tous les engins
rustiques confectionnés par le piégeur lui-même, et dont le but est de tuer l’animal
qu’on attire sur place au moyen d’un appât. Ces assommoirs sont tantôt perchés
sur les arbres, tantôt placés à faible hauteur du sol, tantôt enfin posés
directement sur le sol. Presque tous possèdent un système de détente basé sur
le principe du 4 chiffre. Ce nom de 4 chiffre vient de l’ensemble du dispositif
qui affecte plus ou moins la forme d’un chiffre 4, mais qui, malgré son nom, ne
comporte que 3 bâtonnets encochés. Le nombre de combinaisons possibles de
disposition de ces trois bâtonnets dépasse la formule mathématique des
combinaisons ! Chaque province de France a son 4 chiffre régional doté d’un
nom patois. Quant aux assommoirs proprement dits, ils figurent dans les
recueils les plus anciens : ce sont des engins qui n’ont que peu évolué.
On les retrouve encore actuellement chez toutes les peuplades primitives vivant
à l’état sauvage à la surface du globe, chaque tribu s’ingéniant à les
perfectionner et à les adapter à ses besoins, selon la taille des animaux
convoités. En France, ils sont surtout répandus dans l’Est et le Sud-Est. Il
est vrai qu’en de telles régions la neige ne reste point étrangère à leur emploi
tout indiqué en pareil temps. Cependant il ne faudrait pas exagérer leur valeur
à ce point de vue, car un piège bien placé, bien abrité, fera le même travail.
De plus, le système du 4 chiffre n’est pas exempt de gonflement ou de gel, d’où
blocage partiel ou total de la détente ou, au contraire, relâchement et détente
à vide. Quoi qu’il en soit, il faut considérer que la détente d’un assommoir
est plus lente que celle d’un piège de plusieurs dixièmes de seconde. Or, ces
quelques fractions de seconde suffisent souvent amplement à un animal léger et
nerveux tel que la fouine pour lui permettre de dégager la zone mortelle !
Chose qu’un piège sérieux et bien choisi ne lui permettrait pas. Dans le cas
des assommoirs perchés, l’animal étant en équilibre sur une perche, on a plus
de chance de l’avoir malgré ce retard dans la détente ; mais, à mon avis,
le piège reste roi. Les Américains et les Canadiens qui sont des piégeurs
professionnels le savent bien et ne considèrent les assommoirs que comme un
supplément à leur ligne de traque. Il faut de plus faire entrer en ligne de
compte la maniabilité des pièges, leur faible encombrement, le peu de temps
perdu à leur pose, et leur possibilité d’être tendus en tous lieux (même
dépourvus de végétation). Je me garderai de faire entrer en jeu la question « humanitaire »
qui à mon avis n’a aucun rôle à jouer ici, tout piégeur consciencieux se
faisant un devoir de visiter ses pièges à la première heure du jour d’une part,
et, d’autre part, il est difficile de faire la part d’humanité dans ce qui
touche les animaux nuisibles, ce qui cependant, ne saurait admettre la
sauvagerie.
A. CHAIGNEAU.
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