Quand un bateau est mis à l’eau, il prend une position d’équilibre
invariable, si aucune cause extérieure n’intervient. Le niveau de l’eau sur le
pourtour de la coque détermine ce qu’on appelle la ligne de flottaison.
Dans cette position, le bateau est soumis à l’action de deux forces verticales
et opposées : la pesanteur, égale au poids du corps, et la poussée
hydrostatique, égale au poids du liquide déplacé. Cette poussée peut être
considérée comme appliquée au centre de gravité de la partie immergée. Donc,
quand un bateau flotte, la poussée, c’est-à-dire le poids du volume d’eau
déplacé, est égale au poids total du bateau. On appelle déplacement le
poids du volume d’eau déplacé, donc, par conséquent, le poids total du bateau.
Le déplacement se mesure en tonnes ou tonneaux de 1.000 kilos, unités à
ne pas confondre avec les tonneaux de jauge, qui expriment un volume en mètres
cubes. La hauteur du pont au-dessus de la flottaison est le franc-bord.
Dans les caractéristiques des yachts, on donne généralement deux mesures du
franc-bord, l’une prise à l’avant, l’autre à l’arrière. On appelle réserve
de flottabilité le volume du yacht au-dessus de la flottaison.
Nous avons vu que la force qui représente la poussée
est appliquée au centre de gravité du volume immergé. La force représentant le
poids a son point d’application au centre de gravité de l’ensemble du bateau.
Pour que ces deux forces puissent agir suivant une même verticale, il faut donc
que les deux centres de gravité se trouvent eux-mêmes sur cette verticale. Si
ces conditions n’étaient pas réalisées, le yacht ne serait pas dans ses
lignes. La ligne de flottaison dessinée sur les plans par l’architecte ne
correspondrait pas à la flottaison réelle, et les qualités du bateau en
seraient compromises. C’est ce qui se produit quand un bateau a été mal calculé
(fig. 1). Dans ce cas, on ne peut déplacer le centre C qui dépend des
formes de carène, mais on peut déplacer le centre de gravité total G, en
augmentant l’importance du lest vers l’avant ou vers l’arrière. Mais on
augmente d’autant le poids total, ce qui peut nuire aux qualités de marche et
de tenue à la mer. Ce que nous venons de voir pour le plan longitudinal peut
également se produire dans le plan transversal.
Ainsi, le yacht à flot tend naturellement vers l’équilibre.
Celui-ci est atteint lorsque le centre de poussée se trouve sur la verticale du
centre de gravité général. Cette tendance que possède un bateau de se redresser
lorsqu’il s’est incliné sous l’influence d’une force quelconque est ce qu’on
appelle la stabilité.
Le couple formé par les deux forces est appelé couple de
redressement quand sa valeur est positive, c’est-à-dire lorsque ces
deux forces sont combinées pour amener le redressement du bateau. Le couple de
redressement est dit négatif, quand la pesanteur et la poussée s’unissent
pour faire incliner le yacht davantage et produire son renversement.
La résistance au mouvement d’oscillation longitudinal, au
coup de tangage, est la stabilité longitudinale par opposition à la
résistance au coup de roulis qui est la stabilité transversale.
Supposons un bateau, dans lequel le centre de gravité G est
placé très haut par suite d’un poids excessif du gréement.
Quand le centre de gravité G, se trouve sur la
verticale du centre de poussée C (fig. 2), il y a équilibre. Si le navire
gite, c’est-à-dire s’incline sur un bord, le centre G reste toujours immobile,
mais, le volume immergé ayant varié, le centre de poussée se trouve déplacé du
côté de la gite en C’ (fig. 3). Le poids et la poussée forment un couple
de redressement. Mais, si la gite augmente, il arrive un moment où les deux
centres se trouvent sur la même verticale : les deux forces se font
équilibre ; le yacht reste incliné dans une position critique
(fig. 4). Si l’inclinaison augmente, le couple de redressement va devenir
un couple de chavirement. L’on voit de suite le danger d’un centre de gravité
trop élevé au-dessus de la flottaison (fig. 5). Le point M, de rencontre
entre la verticale CP’, élevée au centre de poussée et l’axe de symétrie du
navire, s’appelle le métacentre. Il y a autant de métacentres que d’inclinaisons,
puisque le point C se déplace avec la gite. Donc, pour que la stabilité soit
positive, c’est-à-dire pour que le bateau se redresse, il faut que le métacentre
soit toujours placé au-dessus du centre de gravité. On y parvient, soit en
augmentant la largeur du bateau, ce qui déporte davantage le centre de poussée
sur le côté pendant la gite et élève le métacentre, soit en lestant le fond du
bateau, ce qui abaisse le centre de gravité G. Dans le premier cas, on a une stabilité
de forme ; dans l’autre, une stabilité de poids. Cette
distinction nous amènera, dans une prochaine causerie, à la comparaison de deux
bateaux extrêmes, l’un plat et large, l’autre étroit et profond.
A. PIERRE.
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