Extraction du bitartrate par lavage.
— Une fois distillé, le marc ressuyé est placé dans des
récipients en bois. On l’arrose très copieusement d’eau chaude ; on laisse
macérer ainsi vingt à trente minutes ; l’eau est ensuite évacuée dans des
bassins de repos où par refroidissement elle laisse déposer des cristaux de
tartre.
Le marc ainsi traité n’est pas complètement débarrassé du
bitartrate de potasse qu’il renfermait ; on recommence cette opération, et
les eaux ainsi obtenues, peu riches en produit tartrique, sont de nouveau
chauffées et resservent au traitement d’un marc frais.
Au bout de trois ou quatre opérations de ce genre, les eaux
sont pratiquement inutilisables à cause des mucilages qui les encombrent. Avant
de les rejeter, il faudra les épuiser complètement, car elles renferment encore
3 grammes de bitartrate de potasse par litre. Pour arriver à ce résultat, on
commence à les acidifier, puis on les neutralise à la chaux et on recueille
ainsi l’acide tartrique sous forme de tartrate de chaux.
Extraction du bitartrate par décoction.
— C’est le procédé utilisé en Italie et portant, pour
cette raison, le nom de procédé napolitain qui utilise l’appareil à distiller.
Cette méthode porte sur des marcs non distillés, que l’on distille de manière à
récupérer l’alcool ; quant au bitartrate de potasse, on le retrouve dans
les flegmes et dans les produits de guerre.
Ce procédé nécessite une quantité d’eau relativement
importante, malgré l’utilisation des eaux mères ayant servi à une opération
précédente. Dans la pratique, on estime qu’il faut environ 50 litres d’eau pour
100 kilogrammes de marc. Le liquide renfermant le bitartrate de potasse est
traité par barbotage d’air chaud ; on coagule ainsi les matières
mucilagineuses qui rendaient la cristallisation difficile. Cette
cristallisation est activée et facilitée, en divisant le liquide le plus
possible, de manière à le refroidir et l’aérer.
Extraction de l’acide tartrique total.
— Cette extraction est basée sur l’action des acides
forts tels que l’acide sulfurique ou chlorhydrique sur les combinaisons d’acides
organiques faibles, tels que ceux de l’acide tartrique. Il existe une seconde
méthode basée sur l’action des bases telles que le carbonate de sodium, sur les
composés tartriques, donnant des sels de potassium et de sodium. Enfin une
troisième méthode consiste à soumettre les marcs à l’action dissolvante de l’acide
sulfureux.
Extraction par les acides forts.
— Si on met en contact un acide fort tel que l’acide
chlorhydrique avec une combinaison (sel) d’un acide faible tel que l’acide
tartrique, il y a décomposition du sel organique ; l’acide fort s’empare
de la base ou du métal de la combinaison organique, tandis que l’acide
organique est libéré.
Voici d’ailleurs les réactions telles qu’elles se passent
avec l’acide chlorhydrique et avec l’acide sulfurique :
Le principe dont nous venons de donner un aperçu peut être
appliqué à chaud ou à froid. Le traitement à chaud, trop onéreux, est
actuellement abandonné. Le traitement à froid peut être appliqué, soit sur des
marcs pressés, soit sur des marcs distillés. Quand l’opération porte sur ces
derniers, les résultats obtenus sont meilleurs au point de vue rendement en
alcool, car, pendant les lavages et surtout les brassages, il y a des pertes d’alcool
importantes.
Les marcs sont d’abord émiettés, puis entassés dans des
cuves en bois ou en sidéro-ciment, mais portant un revêtement de bitume pour
éviter l’attaque de l’acide (2 à 4 p. 100).Ces cuves sont établies en
batterie et en communication par le haut avec le bas des voisines. La
circulation du liquide se fera dans chaque cuve de haut en bas, et cela par
suite de sa densité. La neutralisation, de ces liquides se fait par le
carbonate de chaux sous forme de lait. La quantité de carbonate de chaux que l’on
doit employer est déterminée au préalable par analyse ; ce moyen est
beaucoup plus précis que l’emploi d’un indicateur de coloration, tel que le
papier de tournesol ou le rouge congo. Une fois cette neutralisation de l’acide
tartrique faite, le liquide est mis au repos, les cristaux de tartrate de chaux
ne tardent pas à se déposer. Le liquide boueux qui se trouve au fond est envoyé
dans des essoreuses où, par force centrifuge, liquide et tartrate sont séparés.
Le tartrate de calcium ainsi obtenu est séché, puis ensaché.
H. PAU,
Ingénieur agricole M., Professeur d’agriculture, Expert des tribunaux.
(1) Voir no 594.
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