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Les calculs de la vessie

Quand on lit un traité de médecine, on trouve au sujet des calculs vésicaux un tel ensemble de symptômes, tellement nets, que le moins expert ne doive s’y tromper. Le malade se plaint de douleurs dans le bas-ventre, et ces douleurs, disparaissant presque complètement dans le repos, s’exacerbent lors des mouvements, plus particulièrement lors des trajets en voiture, surtout si celles-ci sont mal suspendues comme la plupart des autobus. Si le malade ajoutait que son jet d’urine s’arrêtait parfois brusquement au cours de la miction, qu’il avait observé de temps à autre quelques gouttes de sang à la fin de cette dernière, le diagnostic était fait, et il n’y avait plus qu’à le confirmer par quelques explorations sur lesquelles on va revenir.

Le malheur est que cet ensemble de symptômes si démonstratifs n’est pas toujours réalisé et qu’un très grand nombre de calculs vésicaux restent méconnus, c’est le cas principalement lorsque le calcul se trouve enchâssé dans un diverticule de la vessie. Il ne se traduit alors que par des douleurs souvent vagues et par des signes de cystite.

Il n’existe pas de cystites « primitives » ; l’inflammation de la vessie est toujours consécutive à une autre affection et pour les spécialistes, comme le professeur Marion ne cesse de le répéter : c’est un axiome qu’une cystite, surtout une cystite rebelle, en dehors de la blennorragie, commande un examen minutieux de la vessie.

Pour cet examen, on ne connaissait autrefois qu’un seul instrument, l’explorateur métallique, muni d’un manche creux, qui résonnait au contact d’un corps dur ; cet instrument aveugle n’a plus aujourd’hui que des indications très limitées ; il est avantageusement remplacé par la cystoscopie et la radiographie qui doivent, obligatoirement, se compléter, l’une et l’autre de ces méthodes étant affligées de causes d’erreur.

Le cystoscope est un instrument, en forme de sonde, muni d’un système d’éclairage et d’un jeu de prismes qui permet de voir l’intérieur de la vessie, d’y déceler les anomalies et les corps étrangers ; mais certains points de la cavité échappent à sa vision, lorsque la vessie possède des diverticules par exemple ; il ne donne pas non plus de renseignements très exacts sur la grosseur des calculs, ceux-ci paraissant d’autant plus gros qu’ils sont plus près de l’objectif, ni sur leur consistance. La radiographie permet mieux d’estimer le volume des calculs, les montre même quand ils sont logés dans un diverticule ; elle doit toujours être pratiquée après évacuation complète. Ses inconvénients sont que certains calculs sont presque transparents aux rayons X et que diverses concrétions calcaires, situées en dehors de la vessie, peuvent se projeter sur elle, et c’est ici que l’examen clinique reprend ses droits pour interpréter le cliché.

L’homme et surtout le vieillard est plus sujet que la femme aux calculs de la vessie ; ils ne sont cependant pas exceptionnels chez l’enfant où ils se traduisent souvent par une incontinence d’urine.

Ces calculs peuvent provenir du rein et s’accroître dans la vessie, ou naître sur place autour d’un petit amas de microbes ou d’un caillot de sang ; ils s’incrustent de sels calcaires, phosphatiques, oxaliques ou uriques, qui se déposent en couches concentriques, en en augmentant progressivement le volume qui peut atteindre celui du poing ; leur forme, généralement ovoïde, peut être irrégulière, à facettes, avec des pointes ; ce qui est plus important au point de vue du traitement est leur composition, c’est-à-dire leur consistance, les calculs d’oxalates et d’urates étant les plus durs, ceux à base de phosphates les plus friables.

La stagnation de l’urine dans la vessie est une condition de leur formation : c’est ce qui explique qu’ils sont particulièrement fréquents chez les prostatiques qui présentent un bas-fond vésical ne se vidant jamais.

Une fois reconnu, le calcul doit être enlevé et, selon le cas, on s’adressera à la lithotritie ou à la taille.

La lithotritie est la méthode la plus bénigne ; pour pouvoir être pratiquée, il faut que l’urètre laisse pénétrer l’instrument, que la vessie ne soit pas trop irritable, que le calcul soit unique, pas trop gros et surtout assez friable pour pouvoir être broyé entre les mors de l’instrument.

Si ces conditions ne sont pas réunies, si la vessie présente des diverticules, il faudra se résigner à faire une cystotomie, une taille à ciel ouvert ; de plus, si le malade présente une hypertrophie de la prostate, il lui faudra faire enlever celle-ci, sous peine de voir indéfiniment récidiver ses calculs.

Dr GOTTSCHALK.

Le Chasseur Français N°595 Janvier 1940 Page 54