— Répercussion de la politique sur la
cynégétique : qu’est-il advenu, depuis l’annexion de la Tchécoslovaquie,
des plus belles chasses d’Europe, et vraisemblablement du monde, ou pour parler
avec plus d’exactitude, des plus beaux territoires à battues de perdreaux et de
faisans ?
De l’avis des grands fusils autrichiens et hongrois
spécialistes en la matière, les comtes Czernin, Draskovick, Mittrovsky, qui,
d’autre part, illustrent les annales des grands tirs aux pigeons européens, les
plus beaux tableaux de chasse enregistrés dans ces pays favorisés que sont, ou
plutôt qu’étaient les anciens empires centraux, ont été réalisés prés de Nové-Zamky
— actuellement Neuhausel — à cent kilomètres de Presbourg-Bratislava,
en Moravie, sur quelque vingt mille hectares de terres qui appartenaient au
comte Karolyi.
On peut dire que s’y donnèrent les plus belles battues qui
se pussent voir en deux tranches de six jours chacune, la première fin novembre
généralement, la seconde dans la première quinzaine de décembre. C’est,
judicieusement choisi, le moment où les oiseaux ont le plus de défense et où le
sport donne son maximum d’intérêt.
Voici le résultat des battues de l’hiver 1938. Il m’a été
communiqué par le comte Mittrovsky qui était — et non le moindre — un
des neuf fusils présents à ce véritable festival de la chasse. À noter que des
Américains ont tenté plusieurs fois de s’y faire inviter, moyennant versement
d’une somme très respectable en dollars.
Vingt mille pièces à neuf fusils en six jours de chasse ...
Cela laisse rêveur. C’est cependant d’une authenticité absolue. Il s’agit là
seulement de la deuxième meilleure année. Il fut fait davantage six ou sept ans
en-deçà. Le record aurait néanmoins été battu si les perdreaux avaient mieux
réussi.
Date |
Fusils |
Lièvres |
Lapins |
Faisans |
Perdrix |
Totaux |
2-12-38 3-12-38 4-12-38 5-12-38 6-12-38 7-12-38 |
9 = = = = = |
2.147 2.064 2.747 1.532 1.984 1.627 |
1 |
462 901 1.343 887 413 1.345 |
378 609 974 509 384 387 |
2.967 3.574 5.064 2.928 2.782 3.359 |
|
9 |
12.101 |
1 |
5.351 |
3.241 |
20.694 |
Ce qui paraît le plus curieux dans ce tableau
extraordinaire, c’est la présence timide de l’unique lapin. On peut en conclure
que le comte Karolyi n’avait pas à payer à ses tenanciers de dégâts de lapins.
Mais, comme dégâts de lièvres, si la législation tchécoslovaque les acceptait,
ça devait se poser un peu là ...
J.L.
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