Dès que toute trace de végétation a disparu, il est fréquent
de voir, dans les jardins fruitiers et les vergers, des masses noires,
ratatinées, restant suspendues dans le branchage. Ce sont des fruits
momifiés : pommes, poires, prunes, cerises, pêches, abricots, etc.,
lesquels, petit à petit, se sont desséchés à la suite des atteintes de la
maladie du rot brun provoquée par un champignon inférieur, le monilia.
En général, les fruits sains ne facilitent pas la
germination des spores de cette prolifique cryptogame. Par contre, tous ceux
qui ont reçu quelque blessure, même légère, résultant d’un heurt quelconque,
d’un froissement prolongé, d’une piqûre de guêpe, d’un coup de bec d’oiseau,
s’y prêtent à merveille. La plupart de ceux donnant asile à la chenille du
carpocapse, le fameux ver des fruits, n’y échappent guère.
D’abord, autour de la plaie ou du trou de déjections du
« ver », une boursouflure se manifeste ; l’épiderme et la chair
avoisinants brunissent. À mesure que le cercle de cette altération prend de
l’ampleur, des pustules blanc sale gravitent autour de lui en couronnes plus ou
moins concentriques. Finalement, la pourriture s’accentue, le fruit se trouve
garni de ces granulations, appareils sporifères du champignon ; il tombe à
terre ou reste accroché à son support.
Aucun de ces anormaux ne doit rester en place, car chacun
d’eux, copieux réceptacle de spores, deviendrait le centre d’un foyer
d’infection capable de contaminer, non seulement tout votre verger, mais ceux
du voisinage, s’ils ne le sont déjà. Ne l’oublions pas, la ténuité de ces
germes morbides est telle que le moindre vent les emporte de tous côtés et les
insectes ailés, les oiseaux s’en mêlent en leurs déplacements. La prudence
commande de les recueillir et de les faire disparaître par le feu.
Les badigeonnages, lessivages, pulvérisations aux bouillies
cupriques et autres, pratiqués pendant la période hivernale, ont
considérablement réduit les chances d’un nouveau développement du monilia, mais
ce n’est pas suffisant. Bon nombre de spores en sortiront indemnes ;
aussi, pour enrayer leur germination, des traitements printaniers s’imposent.
Pour ce, nous allons encore faire appel aux sels de cuivre,
à la populaire bouillie bordelaise et agirons en conséquence suivant que nous
aurons affaire aux arbres à fruits à pépins ou aux arbres porteurs de fruits à
noyau. Dans les deux cas, mais en des temps un peu différents, la formule
suivante nous donnera satisfaction le plus souvent :
eau douce sulfate de cuivre chaux |
100 litres ; lkg,500 ; 1kg,500. |
Traitement des arbres à fruits à pépins.
— Les boutons floraux, d’abord en masse
compacte, s’espacent ; les bifurcations des pédoncules s’accentuent (fig. 1) ;
n’attendons pas que les corolles s’épanouissent pour pulvériser la mixture sur
tout le branchage et les corymbes. Cette opération, qu’il sera bon de
renouveler après la défloraison, vaudra aussi pour se garer, et du rot brun, et
de la tavelure. S’assurer toujours que la bouillie est bien neutre.
Traitement des arbres à fruits à noyau.
— Le moment propice au traitement est celui du
gonflement caractéristique des boutons floraux ; bien avant leur velléité
d’épanouissement par conséquent (fig. 2). Toute application doit cesser
aussitôt l’apparition des feuilles, pour éviter de funestes brûlures.
La cloque du pêcher.
— La cloque, la vraie, non pas les boursouflures
provoquées par les succions de pucerons ou d’acariens, est une maladie
cryptogamique causée par l’Exoascus deformans. Au printemps, les
feuilles se crispent, s’ondulent, s’épaississent. Par la suite, devenues
cassantes, elles se décolent, varient du vert pâle au rose clair ; leur
face supérieure se couvre d’un duvet blanchâtre. La susdite formule, appliquée
au moment du débourrement des boutons, produira toute son efficacité si les
traitements d’hiver à la bouillie bordelaise ont été pratiqués (fig. 3).
Coryneum ou criblure des feuilles.
— Commune sur les feuilles de pêchers, cerisiers, moins
fréquente sur celles des pruniers et abricotiers, cette maladie se révèle par
les caractères suivants : sur les feuilles et les jeunes pousses,
s’imprègnent d’abord de légères taches rouges ou rosées ; ces dernières, à
texture cassante, s’étendent, passent au rouge foncé, presque noir. Les fruits
se fendillent et se dessèchent sous les parties tachées (fig. 4).
Le premier traitement se fait en automne, la chute
des feuilles effectuée ; les autres, car plusieurs sont nécessaires,
s’échelonnent dans le cours de la végétation. Même formule à employer, mais
n’en user que discrètement s’il s’agit du pêcher, où, d’ordinaire, les
pulvérisations contre la cloque nous en dispensent.
O. FOUCHER.
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