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Au jardin d’agrément

Bonnes plantes pour appartement

Si l’on veut bien s’astreindre à leur donner quelques soins, on peut maintenir en appartement, pendant un temps plus ou moins long, un certain nombre de plantes. Celles que l’on apprécie surtout, pendant la mauvaise saison, sont comprises dans la catégorie des plantes vertes.

À vrai dire, le milieu dans lequel se trouvent placées ces plantes ne leur est guère favorable. Dans les appartements, en effet, l’éclairage est bien souvent insuffisant, la température est assez sujette à variations, et la poussière abondante. Il ne faut donc pas s’étonner si leur santé décline rapidement et si la plupart d’entre elles n’ont pas une grande longévité.

Il est possible d’atténuer quelque peu les inconvénients qui résultent, pour les plantes, du séjour en appartement. Certaines pratiques peuvent y concourir. Ce sont :

    1° L’arrosage judicieusement appliqué.

    — Les plantes d’appartement, en effet, périssent fort souvent par un excès d’humidité aux racines résultant, dans la majorité des cas, d’arrosages donnés sans discernement et, en tous cas, trop fréquemment ;

    2° Le bon choix de l’emplacement,

    — consistant à placer les plantes dans la partie la mieux éclairée de l’appartement, afin de favoriser la formation de la chlorophylle dans les feuilles ; à les éloigner, en même temps, des appareils de chauffage, quels qu’ils soient ;

    3° L’humidification de l’air de l’appartement,

    — au moyen d’eau placée dans des récipients disposés sur les calorifères ou les radiateurs. Cette eau s’évapore lentement, donnant à l’air trop sec la moiteur indispensable à la bonne vie des plantes ;

    4° Le lavage périodique des feuilles à surface lisse,

    — à l’aide d’une éponge douce imbibée d’eau pure, exempte de calcaire et placée d’avance dans l’appartement pour en prendre la température ;

    5° La préservation des courants d’air froid,

    — qui sont souvent provoqués par l’ouverture simultanée de plusieurs portes.

Un certain nombre de plantes vertes sont plus particulièrement recommandables, à la fois par leur élégance et par une constitution robuste qui leur permet de résister plus longtemps que d’autres. Ce sont, parmi les Palmiers :

Le Kentia Forsteriana, jolie plante à feuilles composées de larges et belles folioles linéaires, effilées au sommet, d’un beau vert foncé, qui est souvent cultivée par potées de trois ou quatre plantes, dont une plus élevée occupe le milieu du pot ;

Le Phœnix reclinata, à feuilles gracieusement arquées et réfléchies, à port penché, qui, en jeune sujet, est l’un des plus beaux dattiers actuellement cultivés ;

Le Phœnix Rœbelenii, autre dattier nain dont les feuilles ont des divisions étroites et qui ne le cède en rien au précédent comme valeur décorative ;

Le Phœnix tenuis, espèce à port gracile et à folioles encore plus fines, également très recherchée pour l’appartement ;

Le Cocos Weddeliana, palmier de petite taille, mais de grande élégance, à tige grêle, à feuilles arquées et finement piennées, dont les jeunes exemplaires, cultivés en petits pots, se prêtent mieux que tous autres à la garniture des surtouts et des corbeilles d’appartement auxquels ils donnent une grande légèreté ;

Le Jubæa spectabilis, très rustique, magnifique plante assez semblable à un Phœnix, que l’on peut utiliser aux garnitures d’appartement en hiver et aussi employer à la décoration du jardin en été ;

Le Livistona ou Corypha australis, autre palmier robuste, à feuilles en éventail, très grandes et profondément divisées, moins gracieux sans doute que le Kentia Forsteriana, mais plus endurant, et, de ce fait, plus indiqué pour décorer, par exemple, un vestibule où les courants d’air sont davantage à redouter.

Parmi les Fougères de serre, un certain nombre se comportent bien en appartement. Parmi les plus ornementales, on peut citer :

Le Pteris cretica Wimsettii, à frondes fort allongées, à pinnules étroites, à la fois décorative et résistante ;

Le Pteris tremula, à feuilles plusieurs fois divisées, pourvues d’un fort pétiole de couleur brune ;

Le Pteris Ouvrardii cristata, à frondes également arquées, à pinnules terminées en crête, d’aspect bien particulier ;

Le Nephrolepis tuberosa compacta, fougère vigoureuse dont les frondes dressées forment une belle touffe, extrêmement décorative, présentant de nombreux stolons rigides munis de tubercules qui, s’enracinant autour de la plante-mère, en augmentent beaucoup l’importance ;

Le Polypode doré (Polypodium aureum), à feuilles pennées d’un beau vert glauque à pétiole brun rougeâtre clair, à port tout à fait compact ;

L’Adiantum cuneatum, qui forme de larges touffes, abondamment feuillues et d’une grande élégance.

À côté de ces plantes éminemment décoratives, il en existe d’autres, que l’on trouve chez tous les amateurs et qui sont capables de résister, même dans nos vestibules. Nous nommerons : le Phœnix dactylifera, au port robuste, mais un peu dépourvu d’élégance; le Caoutchouc (Ficus elastica), aux belles et larges feuilles luisantes ; l’Araucaria excelsa, gentil petit sapin à branches disposées par étages ; le Clivia ou Imantophyllum, au feuillage vert sombre et aux grandes fleurs orangées ; enfin l’Aspidistra, qui forme de belles et larges touffes de grandes feuilles d’une rusticité à toute épreuve.

Ces dernières plantes, peuvent, pour ainsi dire, séjourner d’une façon continue en appartement, tandis qu’il n’en va pas tout à fait de même pour la plupart des palmiers et des fougères que nous avons cités au début de cet article. Ceux-ci ont besoin, après quelques mois, et même, pour certains, quelques semaines de séjour en appartement, d’être replacés dans une serre où ils pourront se remettre et développer de nouvelles feuilles. Il ne faut pas négliger cette précaution et, dès qu’une plante a l’air de décliner, il faut, sans retard, si l’on ne dispose pas de serre, la faire passer chez un horticulteur qui lui donnera les soins nécessaires à son rétablissement.

Les plantes herbacées à fleurs, venant de serre ou de plein air, ne résistent pas fort longtemps en appartement. Aussi est-on obligé de les y apporter au moment de la floraison. Celle-ci achevée, on s’empresse de les rendre à leur milieu, c’est-à-dire, suivant le cas, à la serre ou au jardin.

Quelques plantes bulbeuses, cependant, sont couramment amenées à fleurir en appartement. Telles sont les jacinthes, tulipes et crocus, dont nous avons, dans les précédents articles, indiqué le mode de culture.

Parmi les plantes à fleurs les plus à la mode actuellement sont les Cyclamens de Perse, très recherchés pendant l’automne et l’hiver; les Azalées de l’Inde, qu’on trouve chez les fleuristes entre décembre et mai ; les Bruyères, très décoratives elles aussi ; les Bégonias tubéreux hybrides, dont la floraison est de longue durée, les fleurs de coloris très variés et très brillants ; les Pélargoniums à grandes fleurs, qu’on utilise surtout au printemps, de même que les Hortensias aux magnifiques ombelles, roses, blanches ou bleues ; l’Hoteia du Japon, aux jolies grappes de fleurs argentées ou rosées se détachant bien sur le vert du feuillage, etc., etc.

La plupart de ces plantes sont assez résistantes en appartement où l’emploi à en faire varie cependant beaucoup suivant leur aptitude décorative.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°596 Février 1940 Page 100