En ces tristes temps de guerre, le problème de
l’alimentation arrive à se peser, pour bien des familles, avec une acuité
parfois angoissante.
C’est alors que l’élevage, sous toutes ses formes, commence
à retenir l’attention. Presque tous ceux qui peuvent disposer d’un emplacement
envisagent l’installation, qui d’un poulailler, qui d’un clapier. Mais ces deux
solutions exigent, pour une réalisation intéressante, un certain espace, ou
tout au moins un certain isolement.
Pour ceux qui ne peuvent, par manque de place, entreprendre
l’élevage des lapins ou des poules, il reste la grande ressource des pigeons.
j’ai déjà indiqué, dans les précédents numéros du Chasseur
Français, la possibilité d’installer un petit pigeonnier de rapport sans
grands frais et, pour eux, je puis leur recommander tout spécialement une race
de pigeons qui a, depuis longtemps, fait ses preuves au point de vue rusticité
et rendement ; je veux parler du Carneau.
C’est un pigeon de taille moyenne, d’une très belle couleur
rouge brique dont le berceau est la Flandre française, d’où son nom de Carneau
du Nord.
Pigeon de ferme par excellence, car, s’il sait
trouver au loin sa nourriture, il s’accommode volontiers de la réclusion.
Entretenu dans de bonnes conditions de nourriture et d’hygiène, le Carneau peut
rapporter de neuf à dix paires de jeunes par an.
D’une présentation agréable, en raison de son joli plumage
caractéristique, il joint l’agréable à l’utile.
Le Carneau est un Mondain moyen pesant de 500 à 600 grammes,
ayant la tête allongée, étroite et lisse. Les yeux, d’un beau rouge orangé,
sont cernés d’un mince filet de chair jaunâtre.
Le cou est assez court, la poitrine large et bien descendue
comme pour tous les pigeons bien en chair ; les ailes bien serrées doivent
s’arrêter à 3 ou 4 centimètres de l’extrémité de la queue sur laquelle elles
reposent, mais sans se croiser. La queue, portée en prolongement du corps, est
serrée et terminée en carré ; elle ne doit jamais toucher terre.
Les jambes assez fortes et plutôt courtes, sont assez
écartées, ce qui donne à l’oiseau un aplomb remarquable.
Les tarses sont nus, de même que les doigts. Leur couleur
est d’un beau rouge carmin. Les ongles sont blanc rosé, de même que le bec qui
ne doit présenter aucune tache foncée à son extrémité.
La plus belle variété de Carneau est le rouge uni sans trace
bleuâtre au croupion. Il existe d’autres variétés : rouges à épaulettes,
c’est-à-dire avec une grappe de petites plumes blanches aux épaules. Ces
derniers, quelquefois, ont le croupion également blanc ; jaunes unis et
jaunes à épaulettes. Les plus appréciés sont certainement les rouges
unis ; mais, quel que soit son plumage, le Carneau est incontestablement
le roi des pigeons de rapport.
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